20 février 2022

Panic Room (2002) de David Fincher

Panic RoomMeg Altman et sa fille emménagent dans une grande maison que son ancien propriétaire décédé avait équipée d’une Panic Room. Il s’agit d’une pièce sécurisée, destinée à servir de refuge en cas d’agression extérieure. Dès la première nuit, trois malfrats pénètrent dans la maison endormie. Meg surprend les intrus sur les caméras et parvient à se réfugier avec sa fille dans la pièce blindée. Mais elles ignorent encore ce que les cambrioleurs viennent chercher…
Panic Room est un film américain écrit par David Koepp (écrivain que l’on retrouve aux génériques de Jurassic Park, Mission: Impossible et Spider-Man) et réalisé par David Fincher. Il s’agit d’un film à suspense, assez intense, et violent (surtout dans sa dernière partie). C’est un bel exercice de style, en premier sur le plan du scénario. L’idée de départ est vraiment brillante mais pêche un peu par le manque de développements possibles. Le récit montre toutefois quelques beaux rebondissements. A noter qu’hormis quelques plans au début, tout se déroule à l’intérieur de la maison. C’est un exercice de style aussi dans sa forme. Ancien réalisateur de clips et de pubs, David Fincher s’attache à rendre l’ensemble spectaculaire et il y parvient. Certains plans montrent une grande virtuosité, notamment dans les mouvements de caméra. Une séquence notamment (décrite ci-dessous) est vraiment ahurissante et le plus remarquable est que cette virtuosité n’est pas gratuite : la séquence en question a nous fait ressentir physiquement la taille de la maison et a alimenté notre angoisse face au danger. Panic Room n’est donc pas qu’un exercice de style et il est suffisamment original pour rester dans nos mémoires. Gros succès à sa sortie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jodie Foster, Kristen Stewart, Forest Whitaker, Dwight Yoakam, Jared Leto, Patrick Bauchau
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Remarque :
* Le plan-séquence le plus spectaculaire est situé à 00:15 et dure presque 3 minutes. Voir sur YouTube. Il est remarquable par son large mouvement de caméra qui nous fait passer par des endroits impossibles : si l’on ne remarque pas immédiatement que le premier mouvement arrière nous fait passer entre les barreaux d’une balustrade, il est impossible de ne pas remarquer un peu plus loin que l’on entre dans une serrure et que l’on passe ensuite par l’intérieur de l’anse d’une cafetière…
Il s’agit bien entendu d’un faux plan-séquence. Le plan a été filmé par petits bouts qui ont été ensuite raccordés entre eux par l’ordinateur qui en outre a stabilisé le mouvement. De plus, certains éléments, par exemple la balustrade et la cafetière, ont été ajoutés en synthèse. Le résultat est superbe.

Panic RoomKristen Stewart et Jodie Foster dans Panic Room de David Fincher.

8 novembre 2019

The Game (1997) de David Fincher

The GameNicholas Van Orton, homme d’affaires puissant, reçoit le jour de son anniversaire un étrange cadeau de la part de son frère. Il s’agit d’un bon d’admission, émis par une société de services, pour un jeu mystérieux. Sa curiosité le pousse à accepter. Très vite, sa vie va se trouver entièrement bousculée…
The Game est un film assez angoissant qui nous met face à toute une série d’évènements inattendus. Le scénario se déroule admirablement et la forte tension qui s’installe assez rapidement en début de film ne cesse de croître ensuite. Nous allons de surprises en surprises à un rythme parfaitement maitrisé. Toutefois, la fin du film nous laisse un goût un peu amer car, plus que le personnage principal, c’est nous, spectateurs, qui sommes manipulés du début à la fin et ce, au mépris de toute vraisemblance de l’histoire. Certes, la société de services qui organise le jeu peut être vue comme une allégorie du cinéma mais cette mise en abyme n’est pas très fertile à mes yeux : après tout, manipuler ainsi le spectateur est une entreprise facile pour un cinéaste. The Game reste donc un film d’action surprenant, divertissant… mais assez stressant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michael Douglas, Sean Penn, Deborah Kara Unger, James Rebhorn, Carroll Baker, Armin Mueller-Stahl
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Remarque :
* En anglais, le mot « game » signifie « jeu »… mais il signifie aussi « gibier ».

The GameMichael Douglas dans The Game de David Fincher.

The GameMichael Douglas et Deborah Kara Unger dans The Game de David Fincher.

24 juillet 2018

L’étrange histoire de Benjamin Button (2008) de David Fincher

Titre original : « The Curious Case of Benjamin Button »

L'étrange histoire de Benjamin ButtonAlors que l’ouragan Katrina s’approche de la Nouvelle-Orleans, Daisy est dans son lit d’hôpital, sur le point de mourir. Elle demande à sa fille de lui lire le journal de Benjamin Button. La narration commence en 1918 lorsque Benjamin est né avec les déformations physiques d’un vieil homme…
Inspirée de la nouvelle homonyme de F. Scott Fitzgerald, L’étrange histoire de Benjamin Button repose sur l’idée originale d’une vie « à l’envers » : que se passerait-il pour une personne qui naîtrait vieux pour ensuite rajeunir au lieu de vieillir ? A la fois par son contenu et par le ton général, le film de David Fincher fait furieusement penser à Forrest Gump, ce qui n’est guère étonnant puisque le scénario est du même Eric Roth. On retrouve ici la même philosophie simpliste, la narration est parsemée de « maximes de vie » qui offrent au spectateur une vision faussement sécurisée de la vie. Tout cela est très hollywoodien, un feel-good movie fait pour plaire et qui plaît puisque le succès fut au rendez-vous. Comme il se doit, les effets spéciaux et maquillages furent nombreux et particulièrement couteux. Le film est long (2h45), trop long mais reste plaisant.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Cate Blanchett, Brad Pitt, Julia Ormond, Faune Chambers Watkins, Jason Flemyng, Tilda Swinton, Jared Harris, Elias Koteas
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Benjamin Button
Brad Pitt et Cate Blanchett dans L’étrange histoire de Benjamin Button de David Fincher.

Benjamin Button
Brad Pitt et Tilda Swinton dans L’étrange histoire de Benjamin Button de David Fincher.

22 décembre 2016

Gone Girl (2014) de David Fincher

Gone GirlNick Dunne signale la disparition de sa femme Amy, auteur connue de livres pour enfants. Les médias s’emparent de l’affaire, des zones d’ombre apparaissent. Une affaire qui va devenir de plus en plus étrange… Gone Girl est l’adaptation de l’excellent roman homonyme de Gillian Flynn (Les Apparences en français). Le film est très fidèle au livre, ce qui n’est guère étonnant quand on sait que c’est l’auteure elle-même qui en a écrit l’adaptation. C’est indéniablement le scénario qui fait la force de ce thriller. L’apport de David Fincher semble plus mineur mais il sait trouver le ton juste avec une réalisation simple, sans esbroufe, servie par la bonne interprétation de Ben Affleck. L’histoire met à mal l’image du couple parfait, fustige les médias, met en relief les défauts d’une société trop souvent basée sur les apparences. Comme dans le livre, la fin (ou devrais-je dire l’absence de fin ?) est surprenante ; elle n’en est que plus terrifiante.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ben Affleck, Rosamund Pike, Neil Patrick Harris, Tyler Perry, Carrie Coon, Kim Dickens
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Remarques :
Gone Girl est le premier long métrage tourné avec des caméras numériques 6K. (En vidéo, les termes 2K, 4K, 6K, 8K indiquent la largeur en nombre de pixels avec K=1024 : la caméra utilisée ici capte des images en 6144 x 3160 soit presque 20M de pixels. On estime généralement que le 35mm classique équivaut en qualité à 12M de pixels, donc proche du 4K. Au-delà, les différences vont être de plus en plus difficiles à détecter, du moins pour un œil humain.)

Gone Girl
Ben Affleck et Rosamund Pike dans Gone Girl de David Fincher.

29 juillet 2015

Seven (1995) de David Fincher

Titre original : « Se7en »

SevenA sept jours de prendre sa retraite, le détective William Somerset (Morgan Freeman) accueille son remplaçant le jeune David Mills (Brad Pitt). Les deux détectives vont se trouver confrontés à une série de crimes assez atroces… A partir d’une base ultra classique (le vieux détective qui agit avec sa tête en tandem forcé avec un jeune impulsif), David Fincher nous entraîne sur des terres plutôt inconnues avec un thriller de haute virtuosité, autant sur le scénario (signé Andrew Kevin Walker) que sur la mise en scène et le montage. L’enquête devient rapidement un jeu de piste morbide et le suspense culmine dans la séquence finale, assez incroyable (sans être totalement inoubliable puisque, personnellement, je ne m’en souvenais plus, ce qui fut toutefois un avantage…) On peut toutefois regretter que toute cette virtuosité, ces écarts par rapports aux lourdes normes hollywoodiennes soient au service du glauque et du sordide : je ne dirais pas que la vision de Seven est une partie de plaisir… La complaisance mêlée de fascination de Fincher pour son tueur peut également laisser un peu perplexe. Morgan Freeman est comme toujours solide dans son interprétation, ce qui est loin d’être le cas de celle de Brad Pitt ; Fincher aurait-il cultivé cette différence de qualité pour appuyer l’écart entre les deux détectives ? Seven fut un très grand succès et jouit toujours d’une très forte aura.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Morgan Freeman, Brad Pitt, Gwyneth Paltrow, Kevin Spacey
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Seven
Morgan Freeman et Brad Pitt dans Seven de David Fincher

Remarque :
* La fin que l’on peut voir dans le film Seven avait d’abord été refusée par les producteurs qui demandèrent à Andrew Kevin Walker d’en écrire une autre. Mais c’est le premier script qui fut, par erreur, donné à David Fincher. Quand New Line Cinema s’aperçut de la bourde et lui donnèrent le script révisé, David Fincher refusa tout net ces changements et reçut l’appui de Brad Pitt dans sa bataille pour imposer ses vues.
Pour lire la version révisée du script… (avec une fin différente. Pour se placer au début de la fin, rechercher dans la page le mot « helicopter » et vous serez dans la scène où l’on voit un hélicoptère pour la première fois, c’est à dire au départ de la voiture avec John Doe).

11 juin 2015

Zodiac (2007) de David Fincher

ZodiacLe 4 juillet 1969, le soir de la fête de l’Indépendance, deux jeunes gens sont assassinés dans leur voiture près de San Francisco. Peu après, les journaux reçoivent une lettre d’un prétendu Zodiac qui revendique le crime et accompagne sa missive d’une énigme. Robert Graysmith, jeune dessinateur du San Francisco Chronicle, se passionne pour l’affaire…
Basé sur le livre du véritable Robert Graysmith, complété par une enquête minutieuse de David Fincher, Zodiac nous fait participer aux recherches pour démasquer ce tueur en série qui a déjoué la police dans les années soixante-dix. C’est un film assez brillant dans son déroulement et sa réalisation, totalement maitrisé de bout en bout, parfaitement dosé, sans effet facile. Tout est centré sur l’enquête, montrée comme un vaste puzzle, une gigantesque énigme à démêler patiemment, ce qui rend le film assez passionnant à suivre. La recherche en elle-même ne devient-elle parfois plus importante que son but ? La fin est un peu frustrante mais il est difficile d’en réclamer une autre puisque c’est celle de la vie réelle…
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jake Gyllenhaal, Mark Ruffalo, Anthony Edwards, Robert Downey Jr., Brian Cox
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Zodiac
Robert Downey Jr. et Jake Gyllenhaal dans Zodiac de David Fincher

Autre adaptation des mêmes faits :
The Zodiac d’Alexander Bulkley (2005) avec Justin Chambers et Robin Tunney, film plus mineur.

3 avril 2014

Millénium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes (2011) de David Fincher

Titre original : « The Girl with the Dragon Tattoo »

Millénium: Les hommes qui n'aimaient pas les femmesAffaibli par une affaire où il est accusé de diffamation, un journaliste est contacté par un riche industriel pour faire une enquête sur la disparition de sa nièce vingt cinq auparavant. Il pense qu’elle a été assassinée par un membre de sa propre famille… Le roman de Stieg Larsson, Millenium, véritable phénomène planétaire avec ses 65 millions d’exemplaires vendus, avait déjà été adapté à l’écran par le suédois Niels Arden Oplev en 2009 avant cette version américaine. David Fincher est un cinéaste assez difficile à cerner mais l’on pouvait craindre que le réalisateur multiplie les effets et appuie sur les aspects les plus sordides de l’histoire, mais il n’en est rien. Il est parvenu à trouver un bel équilibre en restant très proche du roman et à bien restituer cette ambiance nordique si particulière sans affaiblir la critique sociale sous-jacente et la présence d’un certain fascisme malsain. L’image est assez belle avec ses couleurs désaturées, la caméra est fluide, le rythme est rapide. Voilà donc un bon thriller qui repose, il est vrai, sur un excellent scénario.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Daniel Craig, Rooney Mara, Christopher Plummer, Stellan Skarsgård
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Autre adaptation :
Millénium de Niels Arden Oplev (2009) avec Michael Nyqvist et Noomi Rapace.

13 novembre 2011

The Social Network (2010) de David Fincher

The Social NetworkThe Social Network nous raconte la création de Facebook et la bataille juridique autour de sa paternité… Le parcours de Mark Zuckerberg est bien entendu assez exceptionnel mais est-ce que cela en fait nécessairement un bon film ? Visiblement non. L’histoire n’est somme toute pas très intéressante, elle est réduite à un agglomérat d’anecdotes, il n’y a aucune tension dramatique. Comme toujours dans ce genre de film, l’ensemble est idéalisé : on met l’accent sur le fait d’avoir une idée de départ et on gomme tous les aspects laborieux de sa mise en place. Et pour bien créer l’image de « petit génie de l’informatique », David Fincher appuie sur le côté asocial de son personnage et joue avec le débit verbal, rapide et sec, plutôt indigeste.  En dehors de miser sur la fascination du succès rapide, on se demande quel est l’intérêt d’avoir réalisé un tel film. A noter que le réalisateur a utilisé de nombreux effets digitaux, notamment un surprenant  « effet miniature » (1) sur une scène de compétition d’aviron : amusant (mais totalement inutile).
Elle: pas d'étoile
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jesse Eisenberg, Andrew Garfield, Justin Timberlake, Max Minghella, Armie Hammer
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Remarques :
Si deux acteurs différents jouent les deux jumeaux Winklevoss, la tête de l’un des acteurs a été incrustée sur l’autre afin d’avoir deux jumeaux parfaits. La neige est, elle aussi, un effet digital tout comme la buée qui sort de la bouche des acteurs.

(1) « L’effet miniature » est obtenu en diminuant artificiellement la profondeur de champ sur un plan très large. Le premier et l’arrière plan sont flous comme ce serait le cas avec un objectif macro et notre cerveau interprète alors l’image vue comme étant celle d’une maquette. C’est étonnant. Cet effet visuel est intégré dans certains appareils photo grand public et même dans certains téléphones, en tant que traitement d’image (on peut le faire à la prise de vue mais cela nécessite un objectif à décentrement ou tilt-shift). Au delà de l’anecdote, il est difficile d’en voir l’intérêt pour le grand écran. Le cinéma nous a d’ailleurs plus habitués à faire l’inverse : filmer une maquette avec une grande profondeur de champ afin de la faire passer pour une scène réelle !
(Pour voir un bel exemple d’effet miniature :
The Sandpit petit clip par Sam O’Hare, fait avec un D3 et un D90!)