16 septembre 2023

Under the Silver Lake (2018) de David Robert Mitchell

Under the Silver LakeSam, un jeune homme apathique et oisif, fait la connaissance de sa nouvelle voisine, Sarah. Il en tombe aussitôt sous le charme. Lorsque celle-ci disparaît subitement dès le lendemain, Sam décide de partir à sa recherche et entreprend une enquête des plus surréalistes aux abords de la ville de Los Angeles…
Under the Silver Lake est un film américain écrit et réalisé par David Robert Mitchell. Le récit exploite les croyances du type « il y a des messages cachés et codés que seuls certains initiés peuvent voir ». Le réalisateur semble vouloir marcher sur les traces de David Lynch et tente de créer une atmosphère à la Mulholland Drive. Hélas, il s’attache plus à nous montrer le plus grand échantillon possible d’illuminés et de complotistes qu’à mettre en place des pistes éventuelles pour l’avancée de « l’enquête ». On se lasse assez rapidement de cet étalage. La forme est plaisante mais le film est truffé de références à des films, cela peut raviver notre intérêt, mais là aussi il y en a trop. L’ensemble est nébuleux à souhait et pas très intéressant. La critique (française du moins) a montré un enthousiasme étonnant, que le public ne semble pas avoir partagé.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Andrew Garfield, Riley Keough, Callie Hernandez, Topher Grace
Voir la fiche du film et la filmographie de David Robert Mitchell sur le site IMDB.
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Andrew Garfield dans Under the Silver Lake de David Robert Mitchell.

20 juin 2021

Voyage à Yoshino (2018) de Naomi Kawase

Titre original : « Vision »

Voyage à Yoshino (Vision)Dans la forêt de Yoshino vit Tomo, garde forestier taciturne. Il habite à proximité de la vieille Aki, aveugle. Tous deux vivent simplement, en symbiose avec cette forêt. Un jour, ils voient arriver une Française, Jeanne, à la recherche d’une plante médicinale nommée « Vision ». Cette plante, qui n’apparaît que tous les 997 ans, serait apte à guérir l’homme de tous ses maux…
Après deux films tournés dans des décors urbains (Les Délices de Tokyo et Vers la lumière), Naomi Kawase revient à son sujet de prédilection, la nature. La réalisatrice japonaise a une vision mystique de la nature :
« La forêt a un pouvoir mystique et mystérieux. Lorsque l’on y pénètre, on peut perdre tout repère temporel et glisser vers le passé. […] J’ai voulu observer une nouvelle fois ce que nous apprend le fait d’être plongé dans la nature. Comme dans mes oeuvres précédentes, j’ai souhaité saisir les choses que l’on enfouit, perdues au fond de notre mémoire.»
Hélas, le propos est très simpliste, plus ésotérique que métaphysique ; la réalisatrice montre un attrait pour les sciences occultes et les pouvoirs cachés qui culmine dans un épilogue « explicatif » assez délirant. Il n’y a finalement que peu de contenu mais les images de nature sont très belles.
Elle: 1 étoile
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Juliette Binoche, Masatoshi Nagase, Takanori Iwata
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Remarque :
* La forêt de Yoshino (au centre-sud du Japon, à 50 kms d’Osaka) est un parc national japonais. Le parc a été créé en 1936 et couvre une surface de 597 km2. Son nom fait référence au Mont Yoshino, connu pour la floraison de ses cerisiers et qui fait partie des sites sacrés et chemins de pèlerinage dans les monts Kii, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Voyage à Yoshino (Vision)Takanori Iwata dans Voyage à Yoshino (Vision) de Naomi Kawase.

24 janvier 2020

Au-delà du réel (1980) de Ken Russell

Titre original : « Altered States »

Au-delà du réel (Altered States)Un chercheur anthropologue à l’Université Cornell étudie les niveaux de conscience avec ses étudiants tout en participant lui-même aux expériences. Il s’immerge pendant plusieurs heures dans un caisson d’isolation sensorielle, pendant que son adjoint enregistre et contrôle son activité cérébrale par électroencéphalographie. Il vit alors des hallucinations par lesquelles il veut retrouver la « réelle essence de l’homme »…
Altered States est inspiré d’un roman de Paddy Chayefsky, écrit pour être adapté au cinéma. Le film devait être réalisé par Arthur Penn mais, après une dispute avec l’auteur, c’est l’anglais Ken Russell qui en hérita. Il se brouilla lui aussi avec l’auteur qui finit par demander que son vrai nom soit retiré du générique. Le contenu est un salmigondis ésotérique avec une pointe de religiosité mais il se prête bien aux délires visuels de Ken Russell qui nous gratifie de belles scènes oniriques, hallucinatoires, cosmiques. Représenter un humain transformé en énergie cosmique n’est, par exemple, pas un problème pour lui. Ses incursions dans le domaine de l’épouvante ou dans la romance sont bien moins convaincantes. L’ensemble m’a plutôt déçu cette fois alors que je l’avais bien plus apprécié auparavant.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: William Hurt, Blair Brown, Bob Balaban, Charles Haid
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Remarques :
* Au-delà du réel (Outer Limits) est aussi le titre d’une série télévisée américaine (série dans l’esprit de Twilight Zone, La Quatrième Dimension) de 49 épisodes de 52 minutes, en noir et blanc, créée par Leslie Stevens et diffusée du 16 septembre 1963 au 16 janvier 1965 sur le réseau ABC (en France à partir de 1972 sur la première chaîne et rediffusée dans les années 1980 dans le cadre de l’émission Temps X des frères Bogdanoff). Cette série avait un épisode (saison 2 épisode 4) sur un thème assez proche : Plus fort que l’homme (Expanding human) d’après un scénario signé Francis Cockrell.
* Premier long métrage de William Hurt.

Au-delà du réel (Altered States)Bob Balaban et William Hurt dans Au-delà du réel (Altered States) de Ken Russell.

8 janvier 2017

Computer Chess (2013) de Andrew Bujalski

Computer ChessAu début des années quatre-vingt, un tournoi de logiciels d’échecs est organisé dans un motel californien. Le vainqueur devra affrontera un grand maitre international humain… Se présentant sous l’apparence d’un documentaire d’époque, Computer Chess est un film indépendant américain hors du commun. Andrew Bujalski a cherché à recréer l’ambiance du monde de la programmation informatique des années quatre-vingt, lorsque de petites équipes commençaient à mettre un pied dans l’intelligence artificielle. L’image noir et blanc évoque plutôt 1970 que 1980 (la caméra Sony AVC-3260 utilisée date d’ailleurs de 1969, une petite caméra portable très particulière en ce sens qu’elle utilisait un tube sous vide). Andrew Bujalski n’échappe pas aux stéréotypes : les informaticiens sont des nerds à grosses lunettes, mal dans leur peau ou un peu fêlés, employant un jargon incompréhensible au plus grand nombre et suffisamment décalés pour être réceptifs à tous les bonimenteurs mystiques qui passent à proximité. Les propos qu’ils tiennent eux-mêmes relève plus de l’ésotérisme que de l’informatique : ils ont tendance à considérer que l’ordinateur a un comportement autonome (alors que, surtout à cette époque, seul un non-informaticien peut avoir cette approche). Ainsi, sur le fond, l’exploration du concept d’intelligence artificielle reste très superficielle. Andrew Bujalski est né en 1977 et n’a donc pas vécu cette époque ce qui peut expliquer qu’il reste sur des clichés, certes très répandus. Son film est néanmoins pittoresque.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Wiley Wiggins, Patrick Riester, Myles Paige
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Remarque :
* Les sous-titres français sont amusants pour un informaticien : dans les rares moments où les dialogues parlent d’informatique pure, cela  donne des résultats étonnants (par exemple, l’effet Garbage In, Garbage Out (GIGO pour les intimes) devient une question de « recyclage des déchets » dans les sous-titres).

Computer chess
Wiley Wiggins et Patrick Riester dans Computer Chess de Andrew Bujalski.