3 novembre 2015

Volga en flammes (1934) de Viktor Tourjansky

Volga en flammesDans la Russie tzariste du XIXe siècle, le jeune lieutenant Orloff est nommé dans une lointaine garnison sur les bords de la Volga. En route, il sauve la vie d’un homme lors d’une tempête de neige. Arrivé à destination, il tombe instantanément amoureux de la fille du colonel, ce qui lui vaut l’inimitié durable du lieutenant Schalin, son ancien prétendant. Mais une menace bien plus importante pèse sur la garnison… Avec la vogue de l’exotisme dans le cinéma des années trente, il était logique que Victor Tourjansky, l’un des pionniers du cinéma russe venu se réfugier en France à la Révolution, réalise quelques films nous plongeant au coeur de la Russie. Il a effectivement tous les atouts pour bien en restituer toute l’atmosphère. Il adapte en premier la célèbre nouvelle de Pouchkine, La Fille du Capitaine, assez fidèlement même si le déroulement du scénario paraît quelque peu perfectible. De belles scènes d’extérieurs dans la neige, les chants mélancoliques donnent effectivement une belle atmosphère très russe (du moins à nos yeux d’occidentaux). Les acteurs principaux français sont nettement moins crédibles mais font une adéquate prestation. Danielle Darrieux (à 17 ans, déjà dans son septième film) est encore assez insignifiante ; elle n’a pas cette présence à l’écran qu’elle saura développer ensuite. Volga en flammes était un film assez rare mais a été récemment brillamment restauré.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Albert Préjean, Valéry Inkijinoff, Danielle Darrieux, Raymond Rouleau, Henri Marchand
Voir la fiche du film et la filmographie de Viktor Tourjansky sur le site IMDB.

Volga en flammes
La scène d’ouverture de Volga en flammes de Viktor Tourjansky.

Volga en flammes
Danielle Darrieux et Albert Préjean dans Volga en flammes de Viktor Tourjansky.

22 décembre 2012

La dame de pique (1965) de Léonard Keigel

La dame de piqueA la cour de Louis XVI à la veille de la Révolution, la comtesse russe Anna Fedotovna joueuse invétérée, est proche de la ruine. Un mystérieux comte lui révèle une martingale permettant de gagner à coup sûr, mais qu’elle ne doit employer qu’une seule fois et surtout ne révéler à personne. Une promesse que la comtesse aura bien du mal à tenir… La belle nouvelle de Pouchkine, La dame de pique, a été adaptée plusieurs fois au cinéma. Son climat étrange, à la frontière du fantastique, s’y prête bien. L’adaptation en a été ici écrite par Julien Green et son fils adoptif Eric Jourdan. Le film brille surtout par sa belle reconstitution dans une atmosphère russe hivernale. Le jeu des acteurs est hélas assez rigide, austère même, avec des personnages qui semblent manquer de présence et de sentiments. La dame de pique marque le retour à l’écran de Dita Parlo, actrice d’origine allemande, bien connue pour avoir joué notamment dans L’Atalante de Jean Vigo. Sa carrière avait été stoppée par la Seconde Guerre mondiale. C’est hélas sa dernière apparition au cinéma.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Dita Parlo, Michel Subor, Simone Bach, André Charpak, Jean Négroni
Voir la fiche du film et la filmographie de Léonard Keigel sur le site IMDB.

Remarque :
Le film vient d’être réédité en DVD par Les Documents Cinématographiques.

Principales adaptations de la nouvelle de Pouchkine :
La Dame de Pique de Yakov Protazanov (1916) avec Ivan Mosjoukine
La Dame de Pique de Fyodor Otsep (1937) avec Marguerite Moreno
La Reine des Cartes (Queen of Spades) de Thorold Dickinson (1949) avec Edith Evans et Anton Walbrook
Pikovaya Dama de Roman Tikhomirov (1960) avec Oleg Strizhenov
La Dame de Pique de Léonard Keigel (1965) avec Dita Parlo
+ de nombreuses adaptations pour la télévision.

29 août 2010

La dame de pique (1916) de Yakov Protazanov

Titre original : « Pikovaya dama »

Pikovaya damaLui :
Bien qu’il ait hélas laissé peu de traces, le cinéma russe a bien existé avant le cinéma soviétique (1). Yakov Protazanov, spécialiste des adaptations de chefs-d’œuvre littéraires russes, est l’un des réalisateurs les plus importants de la période tzariste. Ici, c’est l’adaptation d’une nouvelle de Pouchkine La Dame de Pique : un jeune officier tente par tous les moyens d’obtenir d’une vieille comtesse un secret qui lui permettrait de gagner à coup sûr au jeu. Cet officier, c’est Ivan Mosjoukine, acteur russe très célèbre (2), qui joue ici beaucoup avec son regard (largement surligné de noir). Si son jeu reste encore un peu trop chargé d’emphase par moments, il manifeste une très forte présence à l’écran. Il est indéniablement le pivot central de cette production assez ambitieuse qui a utilisé une cinquantaine de figurants pour certaines scènes. On notera également quelques effets spéciaux d’incrustation à la toute fin par double-exposition de la pellicule. Rare rescapé du cinéma russe, La Dame de Pique est intéressant ne serait-ce que pour son aspect historique.
Note : 2 étoiles

Acteurs: Ivan Mosjoukine, Vera Orlova, Elizaveta Cheboueva, Tatiana Douvan
Voir la fiche du film et la filmographie de Yakov Protazanov sur le site IMDB.

Voir les autres films de Yakov Protazanov chroniqués sur ce blog…

(1) Le premier film russe connu est de 1908. On peut dater les débuts du cinéma soviétique au 27 août 1919, date à laquelle Lénine a signé le décret de nationalisation du cinéma. Les débuts du cinéma soviétique furent difficiles par manque de moyens. L’un des premiers grands films du nouveau régime sera Aelita (1924) du même Protazanov… revenu en Union Soviétique après avoir d’abord émigré en France juste après la Révolution.
(2) Après avoir tourné près de 50 films en Russie jusqu’en 1918, Ivan Mosjoukine émigrera en France où il continuera à tourner. Il a réalisé un remarquable film avant-gardiste : Le Brasier Ardent (1923).

Autres adaptations de la nouvelle de Pouchkine :
La Dame de Pique de Fyodor Otsep (1937) avec Marguerite Moreno
La Reine des Cartes (Queen of Spades) de Thorold Dickinson (1949) avec Edith Evans et Anton Walbrook
Pikovaya Dama de Roman Tikhomirov (1960) avec Oleg Strizhenov
La Dame de Pique de Léonard Keigel (1965) avec Dita Parlo
+ de nombreuses adaptations pour la télévision.