2 novembre 2014

La Blonde et moi (1956) de Frank Tashlin

Titre original : « The Girl Can’t Help It »

La blonde et moiTom Miller, un impresario sur le retour, est contacté par un ex-caïd des machines de jeux qui lui demande de faire de sa nouvelle protégée une vedette du show-biz… Fort de succès de Sept ans de réflexion, la Fox décide de reprendre l’idée de mettre l’acteur Tom Ewell face une à bombe sexuelle. Cette fois, ce sera Jayne Mansfield dont la carrière avait besoin d’être lancée. Le scénario est très réduit, heureusement relevé par une bonne dose d’humour. Mais ce n’est pas pour ses gags que le film a acquis avec le temps une belle notoriété : désirant profiter du succès fulgurant du rock’n’roll juste naissant (tout en s’en moquant un peu, semble t-il), les producteurs ont décidé d’en faire aussi (et même surtout) un film musical. C’est ainsi que l’on peut voir notamment Gene Vincent, Little Richard, Eddie Cochran, Fats Domino ou encore Les Platters jouer leur morceau emblématique, ce qui rend The Girl Can’t Help It vraiment unique, lui conférant même un caractère de document historique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tom Ewell, Jayne Mansfield, Edmond O’Brien, Henry Jones
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Tashlin sur le site IMDB.
Voir les autres films de Frank Tashlin chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Il faut aussi mentionner la présence de Julie London qui apparaît ici, certes dans un style différent, interprétant son célèbre Cry Me a River. Rappelons qu’elle a été la première à chanter ce morceau composé par son camarade d’école Arthur Hamilton. Il est ensuite devenu rapidement un standard du jazz.
* Paul McCartney a raconté que John Lennon et lui avaient mis des moustaches pour aller voir le film, car ils étaient sous la limite d’âge, et que le film les avaient beaucoup marqués, musicalement parlant.
* Certaines rumeurs ont mentionné la présence de Bill Haley mais ce n’est pas le cas : le chanteur en costume rouge qui lui ressemble un peu est en réalité Eddie Fontaine.

Morceaux :
« The Girl Can’t Help It » – Little Richard
« Tempo’s Tempo » – Nino Tempo
« My Idea of Love » – Johnny Olenn
« I Ain’t Gonna Cry No More » – Johnny Olenn
« Ready Teddy » – Little Richard
« She’s Got It » – Little Richard
« Cool It Baby » – Eddie Fontaine
« Cinnamon Sinner » – Teddy Randazzo and the Three Chuckles
« Spread the Word » – Abbey Lincoln
« Cry Me a River » – Julie London
« Be-Bop-A-Lula » – Gene Vincent and His Blue Caps
« Twenty Flight Rock » – Eddie Cochran
« Rock Around the Rockpile » – Edmond O’Brien; Ray Anthony and his Orchestra
« Rockin’ Is Our Business » – The Treniers
« Big Band Boogie » – Ray Anthony and his Orchestra
« Blue Monday » – Fats Domino
« You’ll Never, Never Know » – The Platters
« Ev’ry Time (It Happens) » – Eileen Wilson (lip-synched by Jayne Mansfield)
« Giddy Up a Ding Dong » – Freddy Bell & The Bell-Boys

The Girl Can't Help it

1 novembre 2014

Bardelys le magnifique (1926) de King Vidor

Titre original : « Bardelys the Magnificent »

Bardelys le magnifiqueSous le règne de Louis XIII, le vicomte de Bardelys est surnommé le Magnifique à cause de ses nombreuses conquêtes féminines. Son grand rival, Chatellerault, le met au défi de conquérir le coeur de la belle Roxalanne de Lavedan qui vient de l’éconduire… De temps à autre, un film que l’on croyait perdu à tout jamais refait miraculeusement surface. Ce fut le cas pour ce film muet de King Vidor retrouvé en France en 2006 pour être ensuite restauré par le magicien Serge Bromberg. Seule la troisième des neuf bobines manquait à l’appel, soit environ quelque dix minutes qui ont été remplacées par des images fixes et des explications. King Vidor venait d’enchainer deux grandes productions (La Grande Parade et La Bohème). Selon ses propres dires, Bardelys le magnifique était une tentative de donner à John Gilbert un rôle à la Douglas Fairbanks. Force est de constater que, sur ce point, l’essai n’est pas tout à fait concluant, John Gilbert manquant de flamboyance et de panache. Bardelys le magnifique Les scènes d’action manquent quelque peu de rythme. Le film n’en est pas moins intéressant et plaisant, le scénario basé sur un roman de Rafael Sabatini nous réservant de belles surprises. La fin est assez brillante. Une scène est remarquable et a beaucoup marqué ceux qui ont vu le film à l’époque, celle où Eleanor Boardman et John Gilbert sont dans une barque qui glisse sur l’eau à travers les branches de saules pleureurs qui forment une voute et qui viennent caresser leur visage(1). (film muet)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Gilbert, Eleanor Boardman, Roy D’Arcy
Voir la fiche du film et la filmographie de King Vidor sur le site IMDB.

Voir les autres films de King Vidor chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur King Vidor

Remarques :
* Bardelys le magnifique est le premier ou le second où John Wayne apparaît, plus en tant que cascadeur qu’acteur : il est l’un des gardes.
* Un extrait du film figure dans Show People (Mirages) de King Vidor (1928). Ce fut longtemps, le seul extrait connu de Bardelys le magnifique.

(1) King Vidor reprendra l’idée pour une des scènes de Salomon et la reine de Saba (1959), son ultime long métrage.

Bardelys le magnifiqueJohn Gilbert et Eleanor Boardman dans Bardelys le magnifique (Bardelys the Magnificent) de King Vidor.

31 octobre 2014

Sommaire d’octobre 2014

La Voie lactéeLe Fantôme de la libertéLivre : Panorama impertinent du cinéma françaisMy Childhood / My Ain Folks / My Way HomeLe Bel AntonioPrends l'oseille et tire-toi!Maris et femmesLivre : Dictionnaire du cinéma fantastique et de science-fiction

La Voie lactée

(1969) de Luis Buñuel

Le Fantôme de la liberté

(1974) de Luis Buñuel

Livre : Panorama impertinent du cinéma français

(2014) de Pierre Bas

My Childhood / My Ain Folks / My Way Home

(1972-1978) de Bill Douglas

Le Bel Antonio

(1960) de Mauro Bolognini

Prends l’oseille et tire-toi!

(1969) de Woody Allen

Maris et femmes

(1992) de Woody Allen

Livre : Dictionnaire du cinéma fantastique et de science-fiction

(2014) de Frank Lafond

Mr. Smith au sénatL'Opinion publiqueLa Femme du dimancheSamson et DalilaLe bonheur est pour demainL'homme qui en savait tropLe Charme discret de la bourgeoisieJeune et innocent

Mr. Smith au sénat

(1939) de Frank Capra

L’Opinion publique

(1923) de Charles Chaplin

La Femme du dimanche

(1975) de Luigi Comencini

Samson et Dalila

(1949) de Cecil B. DeMille

Le bonheur est pour demain

(1961) de Henri Fabiani

L’homme qui en savait trop

(1934) de Alfred Hitchcock

Le Charme discret de la bourgeoisie

(1972) de Luis Buñuel

Jeune et innocent

(1937) de Alfred Hitchcock

La machine à explorer le tempsGueule d'amourBasic InstinctThe OffenceLa Vieille Dame indigneUne nuit inoubliableFlesh and BoneLes adieux à la reine

La machine à explorer le temps

(1960) de George Pal

Gueule d’amour

(1937) de Jean Grémillon

Basic Instinct

(1992) de Paul Verhoeven

The Offence

(1972) de Sidney Lumet

La Vieille Dame indigne

(1965) de René Allio

Une nuit inoubliable

(1942) de Richard Wallace

Flesh and Bone

(1993) de Steve Kloves

Les adieux à la reine

(2012) de Benoît Jacquot

La Sonate à KreutzerLa ballade des sans-espoirsLivre : Dictionnaire du cinéma italienPepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier

La Sonate à Kreutzer

(1956) de Eric Rohmer

La ballade des sans-espoirs

(1961) de John Cassavetes

Livre : Dictionnaire du cinéma italien

(2014) de Mathias Sabourdin

Pepi, Luci, Bom et les autres filles du quartier

(1980) de Pedro Almodóvar

Nombre de billets : 28

30 octobre 2014

La Voie lactée (1969) de Luis Buñuel

La voie lactéeA l’époque actuelle, deux pèlerins se rendent à pied de Paris à Saint-Jacques-de-Compostelle (1). En chemin, ils font de nombreuses rencontres inattendues… Ecrit par Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière, La Voie lactée est un film d’une grande audace : comment faire un film plutôt amusant, et en même temps profond, sur un sujet aussi rébarbatif que l’hérésie et les querelles dogmatiques dans la religion catholique tout au long de son histoire ? Par sa forme, il surprend le spectateur car Buñuel et Carrière s’affranchissent des contraintes de temps et d’espace : on peut, au détour d’un chemin, rencontrer un personnage d’une autre époque, même le Christ lui-même.

Sur le fond, qualifier le film d’anticlérical est très réducteur, d’ailleurs il ne l’est pas vraiment. Le propos de Buñuel va beaucoup plus loin que cela : ses questionnements portent sur la notion de dogme. Sur sa formation d’abord : lorsque l’on formalise une croyance en dogme, le réel et le rationnel s’échappent, les « mystères » apparaissent et, avec eux, les interprétations différentes et donc les querelles, celles qui poussent au fanatisme. Et ensuite, sur la façon dont une doctrine peut se nourrir de ses déviations : elle en sort souvent renforcée. Au delà de la religion, catholique en l’occurrence, Buñuel parle de tous les dogmes : dans une courte scène, on voit un groupe de partisans anarcho-marxistes (ils ont un drapeau bicolore, rouge et noir) venir de façon froide et décidée fusiller le pape… Il semble ainsi nous dire : « Attention, je vous parle de religion mais tout ce que je dis s’applique tout aussi bien à une idéologie politique » (2).

Le propos de Buñuel n’est pas destructeur, il questionne. Il n’apporte pas de réponses, il laisse la place au doute comme en témoigne la scène finale de la « guérison » des aveugles. Sont-ils guéris ou pas ? On ne le saura pas. Faut-il y voir là un certain respect du mystère (sur lequel se construisent les croyances et les doctrines) ou encore un refus de la rationalisation ? Peut-être… Comme on le voit, il y a là beaucoup de matière à réflexion. La Voie lactée est certainement l’un des films les plus profondément philosophiques de Luis Buñuel.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Paul Frankeur, Laurent Terzieff, Alain Cuny, Edith Scob, François Maistre, Michel Piccoli, Pierre Clémenti
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(1) La Voie lactée était autrefois utilisée comme point de repère par les pèlerins se dirigeant vers Saint-Jacques de Compostelle, à tel point qu’elle était désignée dans plusieurs pays d’Europe sous le nom de Chemin de saint Jacques. Quand elle est haute dans le ciel, la Voie lactée suit en effet un axe allant du nord-est au sud-ouest. Autrefois, elle était en outre bien plus visible qu’aujourd’hui car il n’y avait pas tous les éclairages publics actuels.

(2) Dans son autobiographie, Buñuel cite également l’idéologie artistique… Cela peut surprendre mais il faut se souvenir que Buñuel a été l’une des grandes figures des surréalistes qui, il faut bien le reconnaitre, donnaient souvent dans l’intransigeance. Dans le cinéma, on pourrait également citer l’exemple des « jeunes turcs » des Cahiers du Cinéma qui déclaraient certains réalisateurs comme « hérétiques »…
Pour revenir à ce parallèle religion / idéologie marxiste, rappelons que nous sommes en pleine époque Mai 68 : l’écriture a été faite juste avant Mai 68 mais le tournage s’est déroulé pendant et juste après.

Homonyme :
The Milky Way (Soupe au lait, titre fr DVD = La Voie lactée) de Leo McCarey (1936) avec Harold LLoyd.

La Voie lactée (1969) de Luis Buñuel
Laurent Terzieff et Paul Frankeur dans La Voie lactée de Luis Buñuel (1969)

29 octobre 2014

Le Fantôme de la liberté (1974) de Luis Buñuel

Le fantôme de la libertéDes condamnés à mort qui crient « Vive les chaînes » au moment d’être fusillés (1)… dès la scène du générique, le ton est donné : la logique et les conventions vont être bien malmenées dans Le Fantôme de la liberté et Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière sont ici allés encore plus loin que dans Le Charme discret de la bourgeoisie. La structure est inhabituelle : selon le principe des « cadavres exquis » des surréalistes, chacune des petites histoires qui composent le film est reliée à la suivante par un personnage ou une situation qui nous emmènent sur un thème totalement différent. Buñuel nous surprend sans arrêt, il retourne les usages, prend des directions inattendues. Il chamboule nos certitudes, nous faisant prendre parfois un énorme recul sur ce que nous voyons. On peut ainsi dire que le film a une dimension philosophique dans le sens où il nous fait voir de façon nouvelle des évènements ou des comportements les plus anodins, il bouscule ce que nous tenons pour acquis. L’humour, quant à lui, est toujours présent. Aujourd’hui comme il y a quarante ans, Le Fantôme de la liberté est un petit bijou.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Monica Vitti, Jean-Claude Brialy, Paul Frankeur, Michael Lonsdale, François Maistre, Michel Piccoli, Claude Piéplu, Jean Rochefort, Julien Bertheau, Marie-France Pisier, Adolfo Celi
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Remarques :
* La Voie lactée, Le Charme discret de la bourgeoisie et  Le fantôme de la liberté forment une trilogie surréaliste. Buñuel préfère le terme de triptyque, « comme au Moyen Âge » ajoute t-il. « Les même thèmes, quelquefois même les mêmes phrases se retrouvent dans les trois films. Ils parlent de la recherche de la vérité, qu’il faut fuir dès que l’on croit l’avoir trouvée, du rituel social implacable. Ils parlent de la recherche indispensable, du hasard, de la morale personnelle, du mystère qu’il faut respecter. » (Extrait de l’autobiographie de Luis Buñuel « Mon dernier soupir »)

* Cameo : Au tout début du film, Luis Buñuel est l’un des quatre fusillés : le moine portant une barbe. A sa gauche, l’homme avec un bandeau sur le front est son producteur Serge Silberman.

(1) Luis Buñuel précise dans son autobiographie que cette scène est authentique : par haine des idées libérales introduites par Napoléon, le peuple espagnol criait « Vive les chaînes » au retour des Bourbons.
A noter que ces exécutions sont le sujet du tableau de Goya Tres de Mayo dont une reproduction ouvre le film.

Le Fantôme de la liberté (1974) de Luis Buñuel
La maitresse de maison (Alix Mahieux) place les invités à table…
Les rituels de notre société sont malmenés : ici, on défèque tout en discutant et on s’absente discrètement quelques minutes pour aller manger dans la cuisine.
(avec Marie-France Pisier, Jean Rougerie, …)

28 octobre 2014

Livre : Panorama impertinent du cinéma français (2014)

de Pierre Bas – Editions Vendémiaire – 664 pages (2 volumes en coffret) – 16 €

Panorama impertinent du cinéma français Scénariste de formation, Pierre Bas s’est mis en tête de dresser une typologie du cinéma français. En étudiant les fondements de plusieurs centaines de films, il est ainsi parvenu à définir 20 genres différents qu’il nomme et caractérise, non sans humour : le premier, par exemple est le « film pique-nique » dont le leitmotiv est « la campagne est la mère patrie de chaque Français ». Il y a aussi le « film bonne conscience », le film « France d’autrefois », etc. Dans chacun de ces genres, il donne une description et une analyse de chaque film, et fait même des regroupements en quelques sous-familles. Il aborde et juge les films essentiellement sur le plan du scénario. Il sait faire  preuve d’humour surtout lorsqu’il a la dent dure…

Ce Panorama impertinent du cinéma français couvre principalement les films sortis ces trente dernières années. Il est étonnamment assez complet en matière de films marquants. La démarche de Pierre Bas est intéressante car elle nous propose un chemin à la fois amusant et édifiant pour porter un regard nouveau sur notre cinéma national. Et, au-delà de la mise en évidence des ressors scénaristiques et des buts recherchés par les scénaristes ou producteurs, cette démarche a également un intérêt sociologique puisqu’elle nous renvoie l’image de notre propre société.

Voir la fiche du livre sur Livres-cinema.info
Le livre sur le site de l’éditeur
Le livre sur Amazon
ou en Librairies sur Price minister…

Remarque :
La première édition est parue en 2012 sous le titre « Je vous trouve très conformiste » (Editions Vendémiaire, 413 pages, 26 €). La présente édition au format poche a été complétée avec notamment les films sortis depuis cette date.

27 octobre 2014

My Childhood / My Ain Folks / My Way Home (1972-1978) de Bill Douglas

1. My Childhood (Mon enfance) (48 mn, 1972)
2. My Ain Folks (Ceux de chez moi) (55 mn, 1973)
3. My Way Home (Mon retour) (71 mn, 1978)

Trilogie Bill DouglasDans cette trilogie qu’il a tournée entre 1972 et 1978, l’écossais Bill Douglas raconte son enfance dans un village minier, au lendemain de la guerre, non loin d’Édimbourg. L’histoire commence alors qu’il n’a que sept ans et se poursuit sur une période d’une dizaine d’années environ. Dans une extrême pauvreté, son enfance est profondément triste, faite de brimades, d’arrachement et de solitude. C’est un récit rude, sans édulcoration, réduit à l’essentiel, avec de longs plans. Tout en sachant éviter de tomber dans le misérabilisme, Bill Douglas raconte des scènes qui lui ont laissé un souvenir marquant, se concentrant parfois sur certains objets ; ce n’est donc pas une histoire continue. C’est un « récit émotionnel » dira t-il, description qui peut s’appliquer autant à lui qu’à nous tant il génère en nous des sentiments assez forts. Ce récit nous touche au plus profond de nous-mêmes, il est bien difficile de ne pas éprouver une profonde empathie pour ce jeune garçon. Les deux premiers volets sont particulièrement forts. Bill Douglas a utilisé des acteurs non professionnels ce qui ajoute à l’authenticité.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Stephen Archibald, Hughie Restorick
Voir la fiche du film et la filmographie de Bill Douglas sur le site IMDB.

Remarques :
* Le premier volet de la trilogie a été tourné avec une bourse de 4 500 livres du British Film Institute. Le film ayant obtenu le Lion d’Argent au Festival de Venise en 1972, il trouvera des financements pour les deux volets suivants.

* Après cette trilogie, Bill Douglas (1934-1991) n’a tourné qu’un seul film : Comrades en 1986. Il a été en outre professeur à la National Film and Television School (NFTS).

* Bien qu’il ait tourné en couleurs, Bill Douglas a choisi de le tirer en noir et blanc pour donner une atmosphère empreinte de charbon (un seul passage est en couleurs au début de My Ain Folks, un court extrait d’un film avec Lassie que Jamie voit au cinéma)

25 octobre 2014

Le Bel Antonio (1960) de Mauro Bolognini

Titre original : « Il bell’Antonio »

Le bel AntonioAntonio Magnano est de retour chez ses parents à Catane en Sicile, avec une solide réputation de coureur de jupons acquise à Rome. A la grande satisfaction de ses parents, il épouse en grandes pompes Barbara Puglisi, fille de bonne famille, qu’il trouve très belle. A ses yeux, elle a un visage d’ange. Au bout d’une année, il apparaît que la jeune épouse est toujours vierge… Le Bel Antonio est originellement un roman de Vitaliano Brancati qui est ici adapté librement pour le cinéma par Pier Paolo Pasolini, ici scénariste (1). Utilisant le thème de l’impuissance, Pasolini et Bolognini dressent une critique d’une société archaïque et hypocrite, basée sur le patriarcat et l’omniprésence de la famille. La mise en scène de Bolognini est remarquable avec une photographie aux superbes contrastes signée Armando Nannuzzi. Mastroianni fait une très belle interprétation tout en douleur contenue et donne une image christique de son personnage, impression renforcée par le superbe plan final, ce reflet du visage de Mastroianni dans la vitre qui évoque le suaire de Turin.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Claudia Cardinale, Pierre Brasseur, Rina Morelli, Tomas Milian
Voir la fiche du film et la filmographie de Mauro Bolognini sur le site IMDB.
Voir l’analyse du film sur le site DVD Classik

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(1) Le Bel Antonio marque la dernière collaboration de Mauro Bolognini avec Pier Paolo Pasolini qui va se consacrer ensuite à la réalisation. Pour Mauro Bolognini, cette séparation sera également un tournant dans son parcours.

Le Bel Antonio (Il bell'Antonio)Claudia Cardinale et Marcello Mastroianni dans Le Bel Antonio (Il bell’Antonio) de Mauro Bolognini.

24 octobre 2014

Prends l’oseille et tire-toi! (1969) de Woody Allen

Titre original : « Take the Money and Run »

Prends l'oseille et tire-toi!Fort de son succès en tant que scénariste et acteur comique, Woody Allen, âgé de 33 ans, passe à la réalisation pour se mettre lui-même en scène. Il utilise un scénario écrit de longue date avec un ami. Prends l’oseille et tire-toi! raconte l’histoire d’un pilleur de banques parfaitement atypique : malchanceux, maladroit, trouillard, le personnage ne correspond en rien à l’image du gangster. Le film a la forme d’un reportage sérieux avec commentaires en voix-off et témoignages à la clef (les parents n’ont accepté de témoigner qu’à la condition de porter des masques!) Cette forme permet à Woody Allen de placer un très grand nombre de gags, parfois très courts, toujours très inventifs et souvent mémorables (tels le joueur de violoncelle qui tente de suivre une fanfare en train de défiler, le caissier qui n’arrive pas à déchiffrer le mot transmis par le pilleur, le pistolet en savon, les forçats attachés, etc. etc.) Cette structure un peu morcelée est caractéristique de ses premiers films, Prends l'oseille et tire-toi!il faudra attendre Sleepers pour qu’il adopte une structure narrative continue. Avec Prends l’oseille et tire-toi!, Woody Allen se situe pleinement dans l’héritage direct de Chaplin et surtout des Marx Brothers (on notera que le masque utilisé par les parents est un masque de Groucho Marx).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Janet Margolin
Voir la fiche du film et la filmographie de Woody Allen sur le site IMDB.

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Prends l'oseille et tire-toi! (Take the Money and Run)Woody Allen et Janet Margolin dans Prends l’oseille et tire-toi! (Take the Money and Run) de Woody Allen.

23 octobre 2014

Maris et femmes (1992) de Woody Allen

Titre original : « Husbands and Wives »

Maris et femmesJudy et Gabe sont en couple depuis une dizaine d’années. Lorsque Jack et Sally, leurs meilleurs amis, leur annoncent de façon détachée qu’ils ont décidé de se séparer, c’est un véritable choc pour eux… A quelques semaines de sa propre séparation d’avec Mia Farrow, Woody Allen nous livre sa vision de la vie en couple, surtout après le passage du temps. Ce n’est pas, on s’en doute, une vision heureuse mais sans être sombre pour autant. A ses yeux, la vie en couple engendre des frustrations qui prennent du poids avec le temps, frustrations dont il met toutefois un point d’honneur à montrer l’inconsistance et qu’il tourne en dérision. Beaucoup ont trouvé que Mia Farrow n’était vraiment pas montré à son avantage (1) mais on peut en dire autant des autres personnages, le seul personnage épargné étant celui interprété par Woody Allen lui-même ! La construction est habile et plaisante avec cet entrelacs de scènes ponctuées par des interviews (par un psy ? un journaliste ?). L’impression d’être immergé au coeur de ces deux couples est renforcé par le choix technique d’une caméra à l’épaule qui se révèle toutefois franchement pénible : la première scène du film en est même inutilement stressante !
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Mia Farrow, Sydney Pollack, Judy Davis, Juliette Lewis
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Remarques :
* Dans son livre d’entretiens avec Stig Björkman, Woody Allen explique sa démarche :
« J’ai toujours trouvé que l’on perdait un temps fou à faire une belle image, raffinée et précise. Et j’ai fini par penser qu’il serait possible de réaliser des films dont le contenu primerait sur la forme. Je me suis dit : oublions la dolly, travaillons avec la caméra à l’épaule, pour tâcher de filmer ce qu’on peut. Cessons de nous soucier des questions d’étalonnage, de mixage, de privilégier la précision et voyons ce que ça donnera. Ne nous préoccupons pas des raccords, coupons là où ça nous chante, même au risque d’avoir des sautes. Faisons ce qui nous plaît, en ne privilégiant que le contenu du film. Et c’est ce que nous avons fait. »
Dans l’entretien (qui eut lieu en 1993), Woody Allen (tout comme Stig Björkman) est vraiment très satisfait du résultat et se promet de renouveler l’expérience !

* Maris et femmes est le dernier film de Woody Allen avec Mia Farrow, le premier étant Comédie érotique d’une nuit d’été, dix ans auparavant. Ils ont tourné 13 films ensemble. Leur séparation, très médiatisée, profita au film qui bénéficia d’une sortie dans plus de 800 salles aux Etats-Unis, soit la sortie la plus importante jamais accordée à un film de Woody Allen.

(1) Woody Allen a précisé que c’est le rôle de Sally qu’il avait écrit pour Mia Farrow mais que l’actrice avait préféré jouer Judy. On peut la comprendre toutefois car le personnage de la frigide Judy est encore plus malmené par le scénario…

Maris et femmes (Husbands and Wives)Mia Farrow et Woody Allen dans Maris et femmes (Husbands and Wives) de Woody Allen.