20 septembre 2015

Salomon et la reine de Saba (1959) de King Vidor

Titre original : « Solomon and Sheba »

Salomon et la reine de SabaFils de David, le pacifique Salomon hérite de la gouvernance de la Terre d’Israël au grand dam de son frère, le guerrier Adonias. Grand ennemi d’Israël, le pharaon d’Egypte accepte la proposition de la reine de Saba : celle-ci se propose d’aller séduire Salomon pour mieux connaitre ses faiblesses et permettre ainsi de l’anéantir… Salomon et la reine de Saba est un grand péplum qui puise son inspiration dans des évènements décrits dans la Bible. Le tournage, effectué en Espagne, fut marqué par le décès prématuré de Tyrone Power (44 ans), acteur principal et coproducteur, qui succomba à la suite d’une crise cardiaque sur le plateau. La production imposa pour le remplacer Yul Brynner qui était alors considéré comme le grand spécialiste des rôles de roi. King Vidor affirme lui-même que Brynner n’a pas compris la complexité du personnage et ses rapports avec l’acteur furent tendus. Le retournage des scènes fut donc difficile. Yul Brynner a effectivement une froideur et rigidité dans son jeu qui ne conviennent pas. Malgré cela, Salomon et la reine de Saba reste un beau spectacle, à classer parmi les grands péplums des années cinquante et soixante. Les scènes d’extérieurs et de batailles sont assez spectaculaires et la grande sensualité de Gina Lollobrigida, dans des robes particulièrement ajustées qui la mettent si bien en valeur, marque le film. On retrouve ici cet érotisme latent si particulier aux péplums. Malgré un mauvais accueil critique, Salomon et la reine de Saba connut un beau succès populaire. Ce sera le dernier long métrage de King Vidor.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Yul Brynner, Gina Lollobrigida, George Sanders, Marisa Pavan, David Farrar
Voir la fiche du film et la filmographie de King Vidor sur le site IMDB.

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Salomon et la reine de SabaMarisa Pavan (debout), Yul Brynner et Gina Lollobrigida dans Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

Salomon et la reine de SabaGeorge Sanders et Gina Lollobrigida dans Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

Salomon et la reine de SabaBelle illustration de l’érotisme latent aux limites de la permissivité de l’époque : Gina Lollobrigida dans Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

Salomon et la reine de SabaPhoto de la version avec Tyrone Power : Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

Salomon et la reine de SabaLa même scène telle qu’elle figure dans le film, tournée à nouveau avec Yul Brynner : Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

Remarque :
* King Vidor explique dans ses mémoires qu’il a voulu refaire la célèbre scène de la barque de son Bardelys Le Magnifique (1926) : la reine et Salomon glissent en barque sous les branches d’un saule pleureur qui tombent jusqu’à toucher l’eau. Il n’a pas tout a fait réussi car la perruque de Gina Lollobrigida et la fausse barbe de Yul Brynner s’accrochaient dans les branches qui durent finalement être coupées ! (King Vidor, La Grande Parade, éditions J.C. Lattès 1981, page 236)
Il est amusant de revoir la scène en sachant cela : alors que dans le film de 1926, les branches venaient caresser langoureusement le visage des deux amants, ici ils passent leur temps à écarter les branches qui arrivent sur eux…

Salomon et la reine de SabaGina Lollobrigida et Yul Brynner dans Salomon et la reine de Saba de King Vidor.

1 novembre 2014

Bardelys le magnifique (1926) de King Vidor

Titre original : « Bardelys the Magnificent »

Bardelys le magnifiqueSous le règne de Louis XIII, le vicomte de Bardelys est surnommé le Magnifique à cause de ses nombreuses conquêtes féminines. Son grand rival, Chatellerault, le met au défi de conquérir le coeur de la belle Roxalanne de Lavedan qui vient de l’éconduire… De temps à autre, un film que l’on croyait perdu à tout jamais refait miraculeusement surface. Ce fut le cas pour ce film muet de King Vidor retrouvé en France en 2006 pour être ensuite restauré par le magicien Serge Bromberg. Seule la troisième des neuf bobines manquait à l’appel, soit environ quelque dix minutes qui ont été remplacées par des images fixes et des explications. King Vidor venait d’enchainer deux grandes productions (La Grande Parade et La Bohème). Selon ses propres dires, Bardelys le magnifique était une tentative de donner à John Gilbert un rôle à la Douglas Fairbanks. Force est de constater que, sur ce point, l’essai n’est pas tout à fait concluant, John Gilbert manquant de flamboyance et de panache. Bardelys le magnifique Les scènes d’action manquent quelque peu de rythme. Le film n’en est pas moins intéressant et plaisant, le scénario basé sur un roman de Rafael Sabatini nous réservant de belles surprises. La fin est assez brillante. Une scène est remarquable et a beaucoup marqué ceux qui ont vu le film à l’époque, celle où Eleanor Boardman et John Gilbert sont dans une barque qui glisse sur l’eau à travers les branches de saules pleureurs qui forment une voute et qui viennent caresser leur visage(1). (film muet)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Gilbert, Eleanor Boardman, Roy D’Arcy
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Remarques :
* Bardelys le magnifique est le premier ou le second où John Wayne apparaît, plus en tant que cascadeur qu’acteur : il est l’un des gardes.
* Un extrait du film figure dans Show People (Mirages) de King Vidor (1928). Ce fut longtemps, le seul extrait connu de Bardelys le magnifique.

(1) King Vidor reprendra l’idée pour une des scènes de Salomon et la reine de Saba (1959), son ultime long métrage.

Bardelys le magnifiqueJohn Gilbert et Eleanor Boardman dans Bardelys le magnifique (Bardelys the Magnificent) de King Vidor.

27 février 2014

Guerre et paix (1956) de King Vidor

Titre original : « War and Peace »

Guerre et paixLe livre La Guerre et la Paix de Léon Tolstoï résume dix années de l’histoire de la Russie, de la Bataille d’Austerlitz à l’incendie de Moscou. Adapter au cinéma ce monument de la littérature russe est une véritable gageure, une entreprise évidemment vouée à l’échec dès le départ. Lorsque cette adaptation émane d’Hollywood, on a encore plus de raisons d’être inquiet. Pourtant, le résultat n’est pas catastrophique, loin de là, studieuse et appliquée sans aucun doute mais jamais vraiment ridicule. King Vidor parvient à lui donner une belle ampleur. Dotées de très nombreux figurants, les scènes de bataille sont grandioses, époustouflantes même. Cet aspect spectaculaire est le plus réussi du film. En revanche, King Vidor ne parvient absolument pas à restituer la profondeur du roman de Tolstoï. D’une part, et cela paraît inévitable, de nombreux personnages sont simplifiés, même Bézoukhov (et pourtant King Vidor affirme dans ses mémoires qu’il s’agissait du personnage duquel il se sentait le plus proche), ou même supprimés, et d’autre part, la distribution n’est pas des plus heureuses. Audrey Hepburn est une Natacha parfaite au début de l’histoire quand il s’agit de courir partout et de papillonner mais lorsque son personnage se complexifie avec le temps, l’actrice montre très nettement ses limites. Henry Fonda n’a pas ce défaut mais il ne semble pas avoir été passionné(1) et il est tout de même assez âgé pour le rôle de Bézoukhov ; Mel Ferrer est, quant à lui, assez rigide et, malgré toute l’estime que l’on peut avoir pour l’acteur, on peut se demander ce que vient faire Vittorio Gassman en Kouragine (heureusement, son personnage est fortement réduit). En revanche, Herbert Lom campe un Napoléon qui semble plus vrai que nature. Les quelque 3h28 de la version intégrale passent néanmoins assez rapidement. A défaut d’y trouver cette fameuse « âme russe » ou un début de dimension philosophique, ce Guerre et paix de King Vidor est un beau spectacle.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Audrey Hepburn, Henry Fonda, Mel Ferrer, Vittorio Gassman, Herbert Lom, Oskar Homolka, Anita Ekberg
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Remarques :
* King Vidor dit avoir pensé très tôt à Audrey Hepburn pour interpréter Natacha et à Peter Ustinov pour le rôle de Pierre Bézoukhov mais les studios refusèrent ce dernier car il leur paraissait trop âgé pour avoir une idylle avec Audrey Hepburn (à noter qu’Henri Fonda, qui fut finalement choisi, a tout de même 15 ans de plus qu’Ustinov… mais il est vrai qu’il est autrement plus séduisant).
* Le rôle de Pierre fut proposé à Marlon Brando mais l’acteur refusa car il ne voulait pas tourner avec Audrey Hepburn…
* Le film a été tourné en Italie, à Rome.
* Vers la fin du film, la file interminable de soldats napoléoniens dans la neige fait penser à la scène équivalente de La Grande Parade (1925), le premier grand film de King Vidor.

Autres adaptations :
Voyna i mir du russe Vladimir Gardine (1915), film perdu
Guerre et paix (Voyna i mir) de Sergei Bondartchouk (1966), film de 6h40 (7h25 à l’origine), une belle et fidèle adaptation qui a en outre l’avantage d’avoir été tournée par un russe.

Et sur un registre satirique :
Guerre et Amour (Love and Death) de Woody Allen (1975)

16 février 2007

La grande parade (1925) de King Vidor

Titre original : « The big parade »

La grande paradeLui :
(Film muet) Lassé de tourner des films ayant une durée de vie éphémère, King Vidor était désireux de réaliser un grand film sur la guerre, un film qui mette en scène un jeune américain ordinaire se retrouvant pris dans un engrenage qui le dépasse et sur lequel il n’a pas de prise. Il bénéficia de moyens importants pour réaliser son projet et certaines scènes sont assez marquantes, comme cette colonne de camions militaires sur une ligne droite à perte de vue, la scène des adieux avec Mélisande qui s’accroche au camion qui emporte son bien-aimé et bien entendu les scènes de batailles qui font preuve d’un réalisme saisissant, surtout pour l’époque. Si le film est presque en deux volets (et il ne faut pas oublier qu’à cette époque les films longs étaient coupés par un entracte), l’amour puis la guerre, c’est le rapprochement des deux qui en fait un grand film profondément humaniste. La grande parade fut un énorme succès, hissant ses deux acteurs principaux au rang de stars.
Note : 4 étoiles

Acteurs: John Gilbert, Renée Adorée
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