28 mars 2017

Propriété privée (1960) de Leslie Stevens

Titre original : « Private Property »

Propriété privéeSur la côte californienne, deux jeunes hommes désoeuvrés volent des boissons dans une station-service avant d’obliger un automobiliste à les prendre en stop. Ils le forcent à suivre la voiture d’une belle femme que l’un des deux veut séduire pour son ami… Récemment retrouvé, Private Property est un film indépendant produit avec très peu de moyens (60 000 dollars), tourné en dix jours dans la maison-même du réalisateur Leslie Stevens, avec sa femme dans le rôle principal féminin. Précédemment auteur de pièces à Broadway, Stevens s’est lié avec l’attaché de presse Stanley Colbert pour monter cette production. Le scénario, écrit par Stevens, n’est pas vraiment remarquable et, encore moins, subtil. Il est en revanche assez angoissant, ou plutôt, génère un certain mal à l’aise. Profitant du relâchement de la censure, il exploite un certain attrait pour le voyeurisme et utilise largement le mythe de la femme délaissée par son mari et donc prête à se jeter dans les bras du premier inconnu (le titre paraît vraiment lourd de sens… et l’affiche ne donne pas non plus dans la subtilité). Corey Allen se révèle excellent acteur mais le plus remarquable dans ce film est sans doute du côté de la photographie : par le hasard des rencontres, c’est le vétéran Ted McCord qui s’est retrouvé derrière la caméra et l’image est d’une perfection tout à fait inhabituelle pour une production de ce niveau. Le film a été très peu exploité aux Etats-Unis à l’époque mais a connu un petit succès en Europe, porté par la Nouvelle Vague.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Kate Manx, Corey Allen, Warren Oates
Voir la fiche du film et la filmographie de Leslie Stevens sur le site IMDB.

Remarques :
* Private Property est le premier film de Leslie Stevens qui a ensuite surtout œuvré à la télévision dans le domaine de la science-fiction : il sera notamment le créateur de la série The Outer Limits (Au-delà du réel).
* Pour donner un ordre d’idées  : 60 000 dollars, c’est le niveau des productions des « séries Z » d’Ed Wood.

Private Property
Warren Oates dans Propriété privée de Leslie Stevens.

25 octobre 2014

Le Bel Antonio (1960) de Mauro Bolognini

Titre original : « Il bell’Antonio »

Le bel AntonioAntonio Magnano est de retour chez ses parents à Catane en Sicile, avec une solide réputation de coureur de jupons acquise à Rome. A la grande satisfaction de ses parents, il épouse en grandes pompes Barbara Puglisi, fille de bonne famille, qu’il trouve très belle. A ses yeux, elle a un visage d’ange. Au bout d’une année, il apparaît que la jeune épouse est toujours vierge… Le Bel Antonio est originellement un roman de Vitaliano Brancati qui est ici adapté librement pour le cinéma par Pier Paolo Pasolini, ici scénariste (1). Utilisant le thème de l’impuissance, Pasolini et Bolognini dressent une critique d’une société archaïque et hypocrite, basée sur le patriarcat et l’omniprésence de la famille. La mise en scène de Bolognini est remarquable avec une photographie aux superbes contrastes signée Armando Nannuzzi. Mastroianni fait une très belle interprétation tout en douleur contenue et donne une image christique de son personnage, impression renforcée par le superbe plan final, ce reflet du visage de Mastroianni dans la vitre qui évoque le suaire de Turin.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marcello Mastroianni, Claudia Cardinale, Pierre Brasseur, Rina Morelli, Tomas Milian
Voir la fiche du film et la filmographie de Mauro Bolognini sur le site IMDB.
Voir l’analyse du film sur le site DVD Classik

Voir les autres films de Mauro Bolognini chroniqués sur ce blog…

(1) Le Bel Antonio marque la dernière collaboration de Mauro Bolognini avec Pier Paolo Pasolini qui va se consacrer ensuite à la réalisation. Pour Mauro Bolognini, cette séparation sera également un tournant dans son parcours.

Le Bel Antonio (Il bell'Antonio)Claudia Cardinale et Marcello Mastroianni dans Le Bel Antonio (Il bell’Antonio) de Mauro Bolognini.

5 mars 2013

Amours dans la neige (1968) de Yoshishige Yoshida

Titre original : « Juhyô no yoromeki »

Amours dans la neigeDans le nord du Japon, en plein hiver, Yuriko va passer un dernier week-end avec son compagnon ; ils sont sur le point de rompre. Le week-end prend une tout autre tournure lorsque Yuriko annonce qu’elle est enceinte. Lui ne désire plus rompre mais Yuriko préfère appeler son ancien petit ami pour l’accompagner à la clinique faire les tests… Kijû Yoshida a écrit lui-même le scénario d’Amours dans la neige avec son scénariste d’alors Toshiro Ishido. Il s’agit à nouveau d’un triangle amoureux, certes, mais dans un cadre totalement différent : l’ancien petit ami était impuissant au moment de sa relation avec Yuriko. Lorsque son rival apprend cela, il est persuadé d’avoir l’avantage. Yoshida met donc en relief cette certitude qu’ont les hommes de la suprématie de l’amour physique sur l’amour tout court et montre la stupidité de cette assurance. C’est un propos assez peu courant et même assez courageux ; le sujet est d’ailleurs assez atemporel. De son côté, la femme, même si elle semble hésiter constamment, sait en réalité depuis le début ce qu’elle veut et le film est aussi un plaidoyer pour son libre arbitre. La photographie en noir et blanc est superbe avec une belle utilisation des paysages très enneigés de l’île d’Hokkaidō. La neige est vraiment très épaisse. Certains plans sont vraiment de toute beauté, tel ce plan d’une usine avec une longue bande de fumée horizontale au sol au premier plan. Et Mariko Okada est toujours aussi belle…!
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Mariko Okada, Isao Kimura, Yukio Ninagawa
Voir la fiche du film et la filmographie de Yoshishige Yoshida sur le site IMDB.

Voir les autres films de Yoshishige Yoshida chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Rappelons que Kijû Yoshida et Mariko Okada sont mari et femme depuis 1964 et on comprend aisément le désir de Yoshida de mettre Mariko Okada en valeur. Et il parvient remarquablement bien !