15 avril 2015

Broadway Danny Rose (1984) de Woody Allen

Broadway Danny RoseDans un restaurant de New York, à la fin d’un repas, des artistes de cabaret se racontent des histoires sur les gens du métier. La discussion se centre sur Danny Rose, un impresario qui se dévouait corps et âmes pour ses artistes, des tocards ou des laissés pour compte. L’un d’entre eux, le crooner de seconde zone Lou Casanova semblait soudain profiter d’une vague nostalgique mais celui-ci avait alors une liaison avec une jeune femme, Tina, qui fréquentait la pègre… Dans la filmographie de Woody Allen, Broadway Danny Rose s’inscrit dans une série de films nostalgiques ou, du moins, se situant dans le passé (1). Le film est pour le cinéaste l’occasion de rendre hommage aux petits, aux obscurs qui font le métier, parfois avec une totale abnégation mais une inébranlable force de conviction. L’histoire est totalement rocambolesque et assez amusante. Broadway Danny Rose ne fait pas vraiment partie des meilleurs films de Woody Allen, le plus remarquable étant probablement l’extraordinaire prestation de Mia Farrow, que l’on n’imaginait pas pouvoir interpréter avec tant d’aisance une blonde un peu vulgaire à la voix haut-perchée. Elle montre indéniablement toute la versatilité de son talent.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Mia Farrow
Voir la fiche du film et la filmographie de Woody Allen sur le site IMDB.

Voir les autres films de Woody Allen chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Woody Allen

Broadway Danny Rose (1984) de Woody Allen
Remarques :
* Mia Farrow porte des lunettes de soleil dans tout le film. On ne voit ses yeux que brièvement, quand elle se regarde dans la glace de la salle de bains par exemple. Woody Allen a dit avoir craint qu’elle ne puisse être crédible en « poule italienne » (« italian broad ») si l’on voyait ses yeux.

* Le film est presque atemporel car il est bien difficile de situer l’histoire racontée dans le temps ; la mention de l’atterrissage sur le Lune la situerait à la toute fin des années soixante.

* Le chanteur Lou Casanova est jouée par un authentique chanteur-crooner : Nick Apollo Forte. Woody Allen dit avoir eu beaucoup de mal à le faire jouer juste, ses scènes nécessitant parfois 40 prises. Il n’a tourné aucun autre film…

Broadway Danny Rose (1984) de Woody Allen

* Assis à la table du restaurant, les personnes qui évoquent leurs souvenirs sont de véritables artistes de music-hall. Celui qui raconte l’histoire de Danny Rose est Milton Berle (3e en partant de la gauche). On notera la présence dans le groupe de Jack Rollins (2è en partant de la droite), le producteur de Woody Allen, dont on connait si bien le nom puisqu’il ouvre tous les génériques de ses films (il a également un petit rôle dans Stardust Memories). A noter que Jack Rollins est né le 23 mars 1915, il vient donc d’avoir 100 ans… et continue de coproduire les films du cinéaste !

 

Broadway Danny Rose (1984) de Woody Allen
Woody Allen et Mia Farrow dans Broadway Danny Rose de Woody Allen

(1) Comédie érotique d’une nuit d’été (1982), Zelig (1983), Broadway Danny Rose (1984), La Rose Pourpre du Caire (1985), Radio Days (1987). Ces cinq films se suivent, hormis le fait que Hannah et ses soeurs (1986) s’intercale entre les deux derniers.

2 novembre 2014

La Blonde et moi (1956) de Frank Tashlin

Titre original : « The Girl Can’t Help It »

La blonde et moiTom Miller, un impresario sur le retour, est contacté par un ex-caïd des machines de jeux qui lui demande de faire de sa nouvelle protégée une vedette du show-biz… Fort de succès de Sept ans de réflexion, la Fox décide de reprendre l’idée de mettre l’acteur Tom Ewell face une à bombe sexuelle. Cette fois, ce sera Jayne Mansfield dont la carrière avait besoin d’être lancée. Le scénario est très réduit, heureusement relevé par une bonne dose d’humour. Mais ce n’est pas pour ses gags que le film a acquis avec le temps une belle notoriété : désirant profiter du succès fulgurant du rock’n’roll juste naissant (tout en s’en moquant un peu, semble t-il), les producteurs ont décidé d’en faire aussi (et même surtout) un film musical. C’est ainsi que l’on peut voir notamment Gene Vincent, Little Richard, Eddie Cochran, Fats Domino ou encore Les Platters jouer leur morceau emblématique, ce qui rend The Girl Can’t Help It vraiment unique, lui conférant même un caractère de document historique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tom Ewell, Jayne Mansfield, Edmond O’Brien, Henry Jones
Voir la fiche du film et la filmographie de Frank Tashlin sur le site IMDB.
Voir les autres films de Frank Tashlin chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Il faut aussi mentionner la présence de Julie London qui apparaît ici, certes dans un style différent, interprétant son célèbre Cry Me a River. Rappelons qu’elle a été la première à chanter ce morceau composé par son camarade d’école Arthur Hamilton. Il est ensuite devenu rapidement un standard du jazz.
* Paul McCartney a raconté que John Lennon et lui avaient mis des moustaches pour aller voir le film, car ils étaient sous la limite d’âge, et que le film les avaient beaucoup marqués, musicalement parlant.
* Certaines rumeurs ont mentionné la présence de Bill Haley mais ce n’est pas le cas : le chanteur en costume rouge qui lui ressemble un peu est en réalité Eddie Fontaine.

Morceaux :
« The Girl Can’t Help It » – Little Richard
« Tempo’s Tempo » – Nino Tempo
« My Idea of Love » – Johnny Olenn
« I Ain’t Gonna Cry No More » – Johnny Olenn
« Ready Teddy » – Little Richard
« She’s Got It » – Little Richard
« Cool It Baby » – Eddie Fontaine
« Cinnamon Sinner » – Teddy Randazzo and the Three Chuckles
« Spread the Word » – Abbey Lincoln
« Cry Me a River » – Julie London
« Be-Bop-A-Lula » – Gene Vincent and His Blue Caps
« Twenty Flight Rock » – Eddie Cochran
« Rock Around the Rockpile » – Edmond O’Brien; Ray Anthony and his Orchestra
« Rockin’ Is Our Business » – The Treniers
« Big Band Boogie » – Ray Anthony and his Orchestra
« Blue Monday » – Fats Domino
« You’ll Never, Never Know » – The Platters
« Ev’ry Time (It Happens) » – Eileen Wilson (lip-synched by Jayne Mansfield)
« Giddy Up a Ding Dong » – Freddy Bell & The Bell-Boys

The Girl Can't Help it

4 octobre 2012

Les chaussons rouges (1948) de Michael Powell et Emeric Pressburger

Titre original : « The red shoes »

Les chaussons rougesLe célèbre impresario Lermontov engage un jeune compositeur talentueux et la jeune Victoria Page pour en faire une danseuse étoile. Il crée un ballet inspiré du conte d’Andersen Les chaussons rouges… Auréolés du succès de leurs films précédents, Michael Powell et Emeric Pressburger avaient alors une certaine liberté de choix de leur sujet, heureusement car faire un film sur le ballet et sans acteur connu était une entreprise plutôt osée. De manière plus générale, Les chaussons rouges est un film sur l’Art : le processus de création, on assiste ainsi à la genèse artistique d’un ballet, et aussi ses exigences, son caractère exclusif. Le talent de Powell et Pressburger est d’en avoir fait un grand spectacle en utilisant une vraie danseuse à l’avenir prometteur, Moira Shearer, et en donnant une large place au ballet avec une scène centrale très travaillée qui dure près de vingt minutes. La judicieuse utilisation du Technicolor et de vastes mouvements de caméra ajoutent à la féerie et au caractère fantastique de l’histoire. L’autre point fort du film réside dans le personnage de Lermontov, ce metteur en scène entièrement dévoué à son art, un personnage charismatique, fort et marquant. A sa sortie, Les chaussons rouges connut un immense succès (sauf en Angleterre toutefois) ; au lendemain de la guerre et de ses laideurs, le film apportait une réconfortante vague de beauté.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Anton Walbrook, Moira Shearer, Marius Goring, Léonide Massine
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Powell & Emeric Pressburger sur le site IMDB.

Voir les autres films de Michael Powell chroniqués sur ce blog…
Voir les autres films de Michael Powell et Emeric Pressburger chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Le scénario avait été écrit dès 1937 par Emeric Pressburger qui travaillait alors pour Alexander Korda. L’idée de Michael Powell fut de tourner le film avec de vrais danseurs et d’avoir une longue scène centrale de ballet.
* Michael Powell eut toutes les peines du monde pour convaincre Moira Shearer d’accepter le rôle. La jeune danseuse craignait d’oblitérer ses chances de devenir une grande danseuse (ces craintes se révélèrent être justifiées mais elle fut plutôt victime du succès du film).
* Michael Powell raconte très longuement la production et la réalisation du film Les chaussons rouges dans la première partie de son autobiographie A life in Movies.
* On peut considérer que Les chaussons rouges préfigure ce que seront An American in Paris de Minnelli (1951) et Singing’ in the rain de Stanley Donen (1952).