26 mai 2016

Interstellar (2014) de Christopher Nolan

InterstellarDans un futur proche, la Terre connaît une grave crise alimentaire. Cooper, un ancien pilote de la NASA, devenu agriculteur par nécessité, découvre grâce à l’intervention d’une intelligence extérieure inconnue l’existence d’un centre de recherches secret. Leur but est d’envoyer des humains chercher une planète à coloniser pour assurer la survie de l’espèce humaine… Interstellar est un film de science-fiction où la physique tient une place d’importance. C’est une belle extrapolation de différentes théories et spéculations scientifiques sur la nature de l’espace, du temps et de la gravité. Kip Thorne a été consultant sur le projet. Kip Thorne est un physicien théoricien américain connu pour être non seulement un grand vulgarisateur de la relativité générale mais aussi pour ses recherches. Il est par exemple un grand défenseur de la possibilité d’existence des fameux « trous de vers » (wormholes) imaginés par Einstein et bien connus des amateurs de science-fiction. Sans parler du mysticisme sous-jacent, le film n’est pas sans incohérences qui peuvent même paraître des absurdités. La volonté de pimenter le récit en est certainement la cause ; l’insertion du personnage interprété par Matt Damon relève sans doute de la même démarche (on est là proche du grand guignol…) Mais il y a tout de même suffisamment de bases pour que le film soit à classer dans les films de science-fiction les plus proches de la science, noble famille où 2001 trône en maître. Les représentations (d’un trou de ver, d’un trou noir, d’un espace à plus de trois dimensions) et les réflexions/extrapolations sur la gravitation et le temps qu’il nous propose sont plus qu’intéressantes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Michael Caine, Jessica Chastain, Matt Damon, Ellen Burstyn
Voir la fiche du film et la filmographie de Christopher Nolan sur le site IMDB.

Voir les autres films de Christopher Nolan chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Interstellar

Interstellar
Anne Hathaway et Matthew McConaughey dans Interstellar de Christopher Nolan.

Interstellar
Il peut sembler assez absurde d’envisager aller vivre sur une planète si proche d’un trou noir (à moins d’être grand amateur de barbecue) …

Interstellar
… mais le plus intéressant ici est la représentation du trou noir : Kip Thorne aurait fourni aux animateurs une série d’équations complexes qui ont été introduites dans le logiciel de modélisation. Selon la production, le résultat aurait sidéré le chercheur. Cette représentation d’un trou noir (plus exactement de la déformation de l’espace qui l’entoure) pourrait en effet être la plus réaliste qui soit. Le physicien Jean-Pierre Luminet a toutefois fait remarquer que cette représentation ne tient pas compte de l’effet Doppler : la partie la plus proche de nous s’éloigne rapidement alors que la partie la plus éloignée se rapproche de nous ce qui devrait donner d’importantes différences de luminosité et de couleur.

Interstellar
Pas facile de représenter un cube à quatre dimensions (on appelle cela un tesseract)… Plutôt que d’utiliser uniquement des images de synthèse, Christopher Nolan a opté pour la construction d’un gigantesque décor, ce qui donne une indéniable « consistance » à l’ensemble. Le résultat est très intéressant, et bien entendu très déroutant. (Photo de tournage)

25 mai 2016

L’Ange bleu (1930) de Josef von Sternberg

Titre original : « Der blaue Engel »

L'ange bleuDans une petite ville d’Allemagne, un professeur âgé découvre que ses élèves fréquentent le cabaret L’ange bleu où se produit la fameuse Lola. Il décide d’aller sur place pour se plaindre mais tombe sous le charme de la chanteuse… Adapté d’un roman d’Heinrich Mann, L’Ange bleu est le premier film de Josef von Sternberg avec Marlene Dietrich. C’est aussi le premier film allemand parlant. Cette histoire de déchéance sociale par attirance sexuelle est superbement mise en images par von Sternberg qui transforme le cabaret en un monde à part, assez tourbillonnant, avec de nombreux personnages secondaires. Eclairages et décors génèrent une atmosphère prenante, très allemande, proche du Kammerspiel (1).  Si le film est bien entendu connu pour avoir lancé Marlene Dietrich à la face du monde, il est aussi illuminé par la performance d’Emil Jannings, très grand acteur alors très connu et que Sternberg avait déjà dirigé à Hollywood (2). Son jeu très expressif peut dérouter le spectateur moderne mais il a une forte présence et une belle palette de sentiments. Il personnifie à lui seul la petite bourgeoisie sous toutes ses formes. Face à lui, Marlene Dietrich se montre enjôleuse et même aguicheuse avec, elle aussi, une très forte présence à l’écran. Sa pose sur le tonneau attirant sa jambe vers elle est devenue une icône qui a traversé le temps. L’Ange bleu n’a pas la sophistication des films suivants de von Sternberg avec Marlene Dietrich, mais ce caractère un peu brut lui permet justement de conserver presque toute sa force évocatrice aujourd’hui.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Emil Jannings, Marlene Dietrich, Kurt Gerron
Voir la fiche du film et la filmographie de Josef von Sternberg sur le site IMDB.

Voir les autres films de Josef von Sternberg chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Josef von Sternberg

(1) Le Kammerspiel (ou Kammerspiel film, en français film de chambre) est un courant de l’histoire du théâtre et du cinéma allemand des années 1920. Issu des travaux du metteur en scène de théâtre Max Reinhardt, le Kammerspiel respecte le principe des trois unités : unité de lieu, unité de temps, unité d’action. Le Kammerspiel est un naturalisme intimiste et social qui s’oppose seulement en partie à l’expressionnisme.

(2) Après une belle carrière en Allemagne (sous la direction notamment de Lubitsch, Murnau, Wiene, Paul Leni, Arthur Robison), Emil Jannings avait traversé l’Atlantique pour poursuivre sa carrière à Hollywood où il fut oscarisé (pour The Last Command de Josef von Sternberg, 1928 et pour The Way of All Flesh de Victor Fleming, 1927) mais l’avènement du parlant l’obligea à renter en Allemagne car son accent germanique était trop prononcé. Il termina sa carrière en Allemagne, tournant plusieurs films (notamment historiques) sous le régime nazi.

L'ange Bleu
Marlene Dietrich dans L’Ange bleu de Josef von Sternberg chantant son célèbre « Ich bin von Kopf bis Fuss auf Liebe eingestellt… » (De la tête aux pieds, je suis faite pour l’amour, c’est là mon univers sinon il n’y a rien.)

L'ange bleu
Marlene Dietrich et Emil Jannings dans L’Ange bleu de Josef von Sternberg.

L'ange bleu
Josef von Sternberg et Emil Jannings sur le tournage de L’Ange bleu de Josef von Sternberg.

23 mai 2016

Ed Wood (1994) de Tim Burton

Ed WoodDans les années cinquante, Ed Wood cherche à percer dans l’industrie du cinéma à Hollywood. Il parvient à réaliser de façon expéditive un premier film sur un transsexuel. Il rencontre par hasard l’acteur vieillissant Bela Lugosi et décide de le faire tourner à nouveau… Tim Burton rend hommage à Ed Wood qui est passé à la postérité pour être sacré « le plus mauvais réalisateur de tous les temps ». Il se concentre sur sa relation avec Bela Lugosi et nous dresse le portrait assez complaisant d’un doux dingue persuadé de faire un cinéma de haute qualité et prenant pour modèle Citizen Kane. Contrairement à toute attente, Tim Burton n’exploite pas le zeste de folie du personnage, ni même d’éventuelles souffrances internes. Il le fait toutefois pour l’autre personnage central, Bela Lugosi personnifié par un Martin Landau absolument remarquable dans son interprétation, rendant ainsi un témoignage émouvant des dernières années de la vie de cet acteur remarquable. Tous les éléments, aussi loufoques qu’ils puissent paraître, sont authentiques. Le récit est tout d’abord intéressant mais se révèle répétitif et un peu ennuyeux par la suite. Il reste alors à se délecter de la forme, un très beau noir et blanc et un montage assez vif à l’image de son personnage principal. Le film est tenu généralement en haute estime.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Johnny Depp, Martin Landau, Sarah Jessica Parker, Patricia Arquette, Jeffrey Jones, Bill Murray
Voir la fiche du film et la filmographie de Tim Burton sur le site IMDB.

Voir les autres films de Tim Burton chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Tim Burton

Remarques :
* Le budget de Plan 9 from Outer Space fut effectivement de 60 000 dollars ( = 500 000 dollars d’aujourd’hui), ce qui était très faible : la plupart des séries B de l’époque avaient un budget compris entre 200 000 et 400 000 dollars. De ce fait, on parle plus de « série Z » pour qualifier les films d’Ed Wood.

* Plan 9 from Outer Space est le film le plus célèbre d’Ed Wood depuis qu’un critique américain l’a qualifié dans les années 80 de « plus mauvais film de tous les temps » ce qui lui a valu une notoriété immédiate et d’être vu par de très nombreux spectateurs (c’est effectivement très mauvais).

Ed Wood
Martin Landau et Johnny Depp dans Ed Wood de Tim Burton.

Glen of Glenda - Ed Wood
Dolores Fuller et Ed Wood dans Glen or Glenda d’Ed Wood (1953).

Ed Wood
La même scène reconstituée par Tim Burton : Sarah Jessica Parker et Johny Depp dans Ed Wood de Tim Burton (1994).

Plan 9 from outer space
Matériel publicitaire pour le film Plan 9 from Outer Space d’Ed Wood (tourné en 1956, sorti en 1959).

22 mai 2016

C’était demain (1979) de Nicholas Meyer

Titre original : « Time After Time »

C'était demainLondres 1893. Lorsque H.G. Wells réunit ses amis pour leur exposer sa machine à voyager dans le temps, il est loin de s’imaginer que l’un de ses hôtes n’est autre que Jack l’Éventreur. Il ne l’apprend que lorsque la police vient sonner à sa porte pour fouiller la maison. Trop tard ! Le criminel s’est échappé en utilisant la machine… Mettre H.G. Wells et Jack l’Éventreur dans la même histoire et les envoyer tous les deux dans le futur, il fallait oser ! Nicholas Meyer n’en était pas à son coup d’essai puisque son roman précédent réunissait Sherlock Holmes et Sigmund Freud, une histoire portée à l’écran par Herbert Ross en 1976 sans vraiment convaincre (1). Nicholas Meyer décide donc de passer cette fois derrière la caméra pour les faire les choses lui-même. Et il a eu raison car, aussi saugrenu que puisse paraître le synopsis, l’histoire fonctionne à merveille, en grande partie grâce à un savant dosage des différents éléments. Science-fiction, intrigue policière et humour se mêlent harmonieusement dans cette fantaisie servie par une belle interprétation. L’humour issu du décalage temporel, celui du gentleman anglais de l’ère victorienne parachuté dans le San Francisco des années soixante-dix, fonctionne par petites touches. C’était demain est une belle variation du roman de H.G. Wells sur le voyage dans le temps.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Malcolm McDowell, David Warner, Mary Steenburgen
Voir la fiche du film et la filmographie de Nicholas Meyer sur le site IMDB.

Remarques :
* Malcolm McDowell et Mary Steenburgen sont tombés amoureux l’un de l’autre pendant le tournage et se mariés l’année suivante.
* La jeune femme Shirley est interprétée par Patti d’Arbanville (oui, la Lady d’Arbanville de Cat Stevens).
* Cindy Lauper a eu l’idée de son Time after Time  en voyant le titre de ce film sur un programme TV.

(1) Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express (The Seven-Per-Cent Solution) de Herbert Ross (1976) avec Alan Arkin et Vanessa Redgrave.

Time after Time
Mary Steenburgen et Malcolm McDowell dans C’était demain de Nicholas Meyer.

21 mai 2016

Soupçons (1941) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Suspicion »

SoupçonsDans un train, une jeune femme plutôt timide fait la connaissance d’un séduisant dandy. Elle le revoit peu après lors d’une partie de chasse et, bien qu’il ait mauvaise réputation, se sent de plus en plus attirée par lui… Suspicion est le quatrième film américain d’Hitchcock, le premier qu’il tourne avec Cary Grant. Il s’agit de l’adaptation d’un roman d’Anthony Berkeley Cox. Il est impossible de parler de ce film sans évoquer la fin. [Attention, ne lisez pas ce qui suit si vous avez l’intention de voir prochainement le film]. La fin de Suspicion a été beaucoup commentée puisqu’elle diffère du livre et parce qu’Hitchcock a raconté qu’il en avait prévu une autre où Cary Grant était bel et bien coupable. Cette fin aurait été refusée par la RKO qui ne voulait pas qu’une de ses vedettes les plus prometteuses soit un assassin. Il y a sans doute un peu de vrai mais on peut s’interroger si le film n’aurait pas été bien plus banal avec cette fin. Avec la fin gentille que nous connaissons, le film prend une toute autre dimension et s’inscrit pleinement dans la « vague psychologique » des années quarante : la montée d’un sentiment de suspicion par l’interprétation d’indices insignifiants qui emmène la jeune femme jusqu’aux portes du délire paranoïaque. Hitchcock, on le sait, adore mettre les spectateurs sur de fausses pistes, toute l’histoire est ainsi vue du côté de la jeune femme pour que nous partagions ses doutes. Cette volonté de nous tromper est très nette dans la scène la plus célèbre du film, celle du verre de lait : pour focaliser notre attention sur le verre, il met Cary Grant en ombre chinoise et éclaire le verre de lait de l’intérieur (il a fait placer une lampe dans le liquide). Il paraît donc peu probable qu’Hitchcock ait réellement envisagé de terminer avec un Cary Grant coupable ; l’histoire n’aurait alors aucun intérêt. En revanche, même si elle est remarquablement bien filmée, il est indéniable que la fin est un peu faible, la révélation finale n’est pas un choc, loin de là.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Joan Fontaine, Cedric Hardwicke, Nigel Bruce
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred Hitchcock sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alfred Hitchcock chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Alfred Hitchcock

Remarque :
Hitchcock cameo : à la 45e minute, lors d’une scène de rue, on le voit poster une lettre.

Suspicion
Joan Fontaine et Cary Grant, la rencontre dans le train de Soupçons d’Alfred Hitchcock. Le contrôleur est Billy Bevan, l’ex-comique des années vingt d’origine australienne, voir par exemple Circus today sur ce blog…

Soupçons
Cary Grant et le célèbre verre le lait de Soupçons d’Alfred Hitchcock.

20 mai 2016

Les Nuits moscovites (1934) de Alexis Granowsky

Les nuits moscovitesA Moscou, en 1916, le Capitaine Ignatoff est soigné à l’hôpital militaire par l’infirmière Natacha dont il tombe instantanément amoureux. La jeune femme est hélas promise par sa famille à un riche négociant, fournisseur de l’armée, bien plus âgé qu’elle et peu avenant…
Alexis Granowsky (1890-1937) est un réalisateur d’origine russe ; premier film en URSS (1925) qui lui causa quelques soucis avec la censure, puis deux films en Allemagne (1931) et quatre films en France dont Les Nuits moscovites adapté d’une histoire de Pierre Benoît que l’auteur choisira de ne pas publier (déjà, ça s’annonce mal). Le film, il faut bien l’avouer, n’a pas grand-chose pour lui : l’histoire est très banale, il est mal dirigé, mal monté et plombé par un exotisme de pacotille. Malgré l’appui de moult musiques entrainantes tsiganes (dont le russe, c’est bien connu, est gros consommateur), on ne croit pas un seul instant à cette Russie toc et francisée. Et quoi de plus naturel que Tino Rossi habillé en napolitain vienne à Moscou pousser la chansonnette en français accompagné par un orchestre russe…?
L’imprécision de la direction est assez nette dans les scènes à forte figuration et a certainement déteint sur les interprétations : celle d’Annabella est très mauvaise, celle de Pierre Richard-Willm bien moyenne, trop impulsif et finalement inconsistant, seul Harry Baur s’en tire honorablement avec sa truculence habituelle (sauf dans la scène finale où il ne parvient vraiment à rien de bon). Comme toujours, on peut trouver qu’il en fait beaucoup mais il est le seul à donner un peu d’allant à cet ensemble par ailleurs bien terne. Alexis Granowsky le refera tourner pour son ultime film, Tarass Boulba en 1936.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Annabella, Harry Baur, Pierre Richard-Willm
Voir la fiche du film et la filmographie de Alexis Granowsky sur le site IMDB.

Les Nuits moscovites
Annabella et Harry Baur dans Les nuits moscovites de Alexis Granowsky.

19 mai 2016

L’homme-léopard (1943) de Jacques Tourneur

Titre original : « The Leopard Man »

L'homme-léopardLe promoteur de spectacles Jerry Manning emprunte un léopard pour faire de la publicité à sa danseuse favorite. Malheureusement, l’animal s’échappe et demeure impossible à retrouver. Dès la première nuit, une jeune fille est retrouvée morte… Troisième des trois films d’horreur réalisés par Jacques Tourneur pour Val Lewton, L’homme-léopard est, sans aucun doute, le moins intéressant des trois. Le scénario n’est guère cohérent, manquant de ligne directrice et utilisant moins le fantastique que les deux précédents. Les scènes de tension sont très bien réalisées, avec une belle utilisation de la suggestion pour créer l’angoisse, mais pour le reste, il n’y pas d’intrigue ni de travail sur les personnages (à tel point qu’il faut un certain temps pour comprendre qui est le personnage principal de cette histoire). Comme toujours avec Jacques Tourneur, la photographie et surtout l’éclairage sont assez travaillés.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Dennis O’Keefe, Jean Brooks, Isabel Jewell, James Bell
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Tourneur sur le site IMDB.

Voir les autres films de Jacques Tourneur chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Jacques Tourneur

Les trois films fantastiques/d’horreur réalisés par Jacques Tourneur pour Val Lewton :
1. La Féline (Cat People) (1942)
2. Vaudou (I Walked with a Zombie) (1943)
3. L’homme-léopard (The Leopard-Man) (1943).
Ces trois films étaient des « B-movies ».

L'homme léopard
Jean Brooks et Dennis O’Keefe dans L’homme-léopard de Jacques Tourneur.

18 mai 2016

Mort d’un commis-voyageur (1985) de Volker Schlöndorff

Titre original : « Death of a Salesman »

Mort d'un commis-voyageurReprésentant de commerce, Willy Loman rentre chez lui. A soixante ans, il est fatigué de toutes ces années sur les routes et sa femme lui suggère de demander à son patron un poste plus sédentaire. Willy avait de grands espoirs pour la carrière de son fils Biff mais celui-ci n’a pas encore trouvé sa voie. Il est revenu vivre temporairement chez ses parents. Willy en est mortifié…

Célèbre en son temps et toujours jouée et tenue en haute estime aujourd’hui, la pièce Mort d’un commis-voyageur a été écrite par Arthur Miller en 1949. Elle fut portée une première fois à l’écran en 1951 et Volker Schlöndorff en fit cette nouvelle adaptation pour la télévision américaine CBS quelque trente cinq ans plus tard. Le personnage central en est un homme victime de ses idéaux de réussite sociale, un homme qui se berce d’illusions de réussite facile et d’être devenu « quelqu’un ». Il a transmis son haut niveau d’exigence et son interprétation particulière du rêve américain à ses deux fils mais l’aîné remet en cause le modèle du père à la suite d’un évènement particulier qui lui a ouvert les yeux.

Volker Schlöndorff n’a pas cherché à cacher les origines théâtrales de son film. Il n’a pas non plus cherché à en donner une interprétation personnelle. En grand pratiquant de la Méthode (Actor’s Studio), Dustin Hoffman se régale avec ce genre de rôle qui ouvre la porte à une performance d’acteur. Il a un jeu très riche, il vit son personnage dont les chimères nourrissent d’incessantes explosions verbales, passant de l’exaltation à l’abattement en quelques secondes, paraissant souvent proche de la démence. Face à lui, John Malkovich, ici dans l’un de ses premiers grands rôles, fait une belle prestation, beaucoup plus retenue. Si l’ensemble paraît tout d’abord très séduisant et même fascinant par la profondeur des personnages et la richesse du propos, une certaine lourdeur se fait ensuite quelque peu sentir, notamment du fait du jeu très chargé de Dustin Hoffman. Certes, il s’agit d’un téléfilm et non d’un film mais, venant de Volker Schlöndorff, Mort d’un commis-voyageur ne paraît être qu’une demi-réussite.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dustin Hoffman, Kate Reid, John Malkovich, Stephen Lang, Charles Durning
Voir la fiche du film et la filmographie de Volker Schlöndorff sur le site IMDB.

Voir les autres films de Volker Schlöndorff chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Volker Schlöndorff

Précédente adaptation :
Mort d’un commis-voyageur (Death of a Salesman )de Laslo Benedek (1951) avec Fredric March.

Mort d'un commis-voyageur
Dustin Hoffman et John Malkovich dans Mort d’un commis-voyageur de Volker Schlöndorff.

17 mai 2016

Cartouche (1962) de Philippe de Broca

CartoucheA Paris, au début du XVIIIe siècle, le jeune Dominique s’affranchit de la tutelle du chef des voleurs et s’engage dans l’armée sous le nom de Cartouche. Avec deux compères La Douceur et La Taupe, il vole la paie de l’armée et rencontre la jeune et jolie Vénus… Produit par les producteurs de Fanfan la Tulipe, Cartouche est né de l’annulation d’un projet d’adaptation des Trois Mousquetaires (stoppé du fait de l’annonce de la version de Borderie). L’idée est avant tout de faire un grand divertissement et donc la vérité historique n’est pas recherchée : on fait de Cartouche un bandit au grand coeur qui ne vole que les riches et donne tout aux autres. C’est le premier gros budget pour Philippe de Broca qui apporte un style nouveau au film historique, à cheval entre le classicisme de Fanfan la Tulipe et les explorations de la Nouvelle Vague. Il apporte au genre du divertissement historique beaucoup de fantaisie et d’énergie même si on peut regretter que le scénario tourne finalement un peu en rond. La photographie de Christian Matras est de tout premier ordre tout comme le casting, très étoffé. Belmondo a mis un point d’honneur à effectuer toutes ses cascades, particularité qu’il conservera tout au long de sa carrière. Avec la rayonnante Claudia Cardinale, ils forment un couple particulièrement séduisant. Cartouche fut un très grand succès, qui allait marquer durablement la carrière de Philippe de Broca.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Paul Belmondo, Claudia Cardinale, Jess Hahn, Marcel Dalio, Jean Rochefort, Philippe Lemaire, Noël Roquevert, Odile Versois, Jacques Balutin, Pierre Repp
Voir la fiche du film et la filmographie de Philippe de Broca sur le site IMDB.

Voir les autres films de Philippe de Broca chroniqués sur ce blog…

Cartouche
Jean-Paul Belmondo et Claudia Cardinale dans Cartouche de Philippe de Broca.

15 mai 2016

La Belle Ténébreuse (1928) de Fred Niblo

Titre original : « The Mysterious Lady »

La Belle ténébreuseAu début de la Première Guerre mondiale, à Vienne, le capitaine Karl von Raden se retrouve par hasard dans la même loge à l’opéra qu’une femme très belle et mystérieuse. Il la raccompagne chez elle et, bien qu’elle repousse tout d’abord ses avances, ils tombent rapidement amoureux l’un de l’autre… The Mysterious Lady est le treizième film de Greta Garbo qui était alors âgée de 23 ans, le sixième de sa carrière hollywoodienne. Il vient juste après The Divine Woman (1) qui lui valut son surnom de La Divine. C’est un film qui est généralement considéré comme mineur et on se demande bien pourquoi. Certes Greta Garbo n’avait guère envie de le tourner, elle était alors très fatiguée autant physiquement que psychologiquement (2). Le résultat est néanmoins merveilleux. Le film commence comme une pure histoire d’amour pour introduire ensuite une intrigue d’espionnage. Ce mélange d’amour et d’espionnage, avec les dilemmes qui en découlent, n’est pas sans évoquer Mata Hari que Garbo tournera quelques années plus tard. Mais ce n’est pas tant le scénario qui est remarquable. La Belle ténébreuse Greta Garbo est magnifique, toujours très belle, d’une présence phénoménale. La direction de Fred Niblo est d’une grande sensibilité. On notera quelques mouvements de caméra, judicieusement utilisés. La photographie est très belle, signée bien entendu par le talentueux William Daniels (le directeur de la photographie attitré de Greta Garbo). Certaines scènes sont absolument magiques, comme par exemple celle où elle allume les bougies : quelle délicatesse dans l’éclairage, quelle subtilité dans le cadrage pourtant très rapproché, on a l’impression que la caméra caresse son visage! La copie visible aujourd’hui comporte quelques passages détériorés mais ils sont heureusement de courte durée. The Mysterious Lady est un très beau film. (film muet)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, Conrad Nagel, Gustav von Seyffertitz
Voir la fiche du film et la filmographie de Fred Niblo sur le site IMDB.

Voir les autres films de Fred Niblo chroniqués sur ce blog…

(1) The Divine Woman de Victor Sjöström (1928) est hélas un film perdu, du moins dans sa totalité. Seul un fragment de neuf minutes est parvenu jusqu’à nous.
(2) Après The Divine Woman, la MGM avait accordé plusieurs mois de vacances à Greta Garbo, fait extrêmement rare pour une vedette sous contrat et payée à la semaine.

The Mysterious Lady
Conrad Nagel et Greta Garbo dans La Belle ténébreuse de Fred Niblo.

The Mysterious Lady
Greta Garbo et Conrad Nagel  dans La Belle ténébreuse de Fred Niblo (photos publicitaires : celle de gauche est très proche d’une scène du film, celle de droite est posée).