Nombre de films présentés : 26
31 juillet 2021
Blog cinéma, commentaires de films ... (anciennement films.blog.lemonde.fr)
31 juillet 2021
Nombre de films présentés : 26
30 juillet 2021
Le commissariat central de Roubaix est dirigé par Daoud, homme au tempérament calme. D’origine nord-africaine, Daoud a grandi dans cette ville qu’il connaît parfaitement mais il a perdu tout contact avec ses proches. Les affaires courantes se succèdent jusqu’à un incendie volontaire qui va révéler plus important que prévu…
Roubaix, une lumière est un film très atypique dans la filmographie d’Arnaud Desplechin. Oubliant pour une fois les intellectuels en crise, il s’inspire ici d’un fait divers survenu à Roubaix en mai 2002 : l’assassinat d’une dame âgée dans une courée. Ce fait divers avait été l’objet d’un documentaire de Mosco Boucault en 2008, Roubaix, commissariat central, affaires courantes. C’est ce documentaire qui avait impressionné durablement Arnaud Desplechin, lui-même originaire de Roubaix. En s’en inspirant, le cinéaste parvient à dresser un très beau quadruple portrait avec une histoire puissante, fortement ancrée dans la réalité mais sans aucun misérabilisme. Roschdy Zem fait une superbe prestation, donnant une force et une profondeur peu communes à son personnage de commissaire. Il faut aussi saluer les interprétations de Léa Seydoux et de Sara Forestier, très justes. Roubaix, une lumière est un film doté d’une belle personnalité.
Elle:
Lui :
Acteurs: Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier, Antoine Reinartz
Voir la fiche du film et la filmographie de Arnaud Desplechin sur le site IMDB.
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Léa Seydoux et Roschdy Zem dans Roubaix, une lumière de Arnaud Desplechin.
29 juillet 2021
En pleine réunion, un industriel est interrompu par un coup de fil personnel urgent. Sa jeune maitresse l’informe qu’elle vient de retrouver son bébé assassiné dans son appartement. Désemparée, elle va chercher refuge chez un ancien amant. Quand la police arrive sur les lieux, la mère est tout de suite soupçonnée du crime…
Le Dernier Témoin est un film allemand réalisé par Wolfgang Staudte. Il est basé sur un livre de Maximilian Vernberg qui mettait en cause le fonctionnement de la justice allemande de l’époque, critiquant les enquêtes préliminaires expéditives, les conditions primitives de la détention provisoire et les partis-pris moraux des tribunaux. Son livre ne trouvera un éditeur qu’après son adaptation en film. Les scénaristes Robert A. Stemmle et Thomas Keck ont créé un scénario pour illustrer le propos. Nous assistons aux interrogatoires qui ne ménagent guère les suspects, puis à l’enquête de l’avocat de la défense. L’ensemble est prenant même si l’on peut être déçu après la projection de réaliser qu’il est entaché de nombreuses incohérences. Toutefois, le but initial de critiquer le système judiciaire allemand est bien atteint. Le film a connu un certain succès en Allemagne à sa sortie.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Martin Held, Hanns Lothar, Ellen Schwiers, Jürgen Goslar, Adelheid Seeck
Voir la fiche du film et la filmographie de Wolfgang Staudte sur le site IMDB.
Ellen Schwiers (au centre) dans Le Dernier Témoin (Der letzte Zeuge) de Wolfgang Staudte.
28 juillet 2021
À peine arrivé à New York, Clark Kellogg, jeune étudiant en cinéma, se fait détrousser par un faux chauffeur de taxi qui, une fois rattrapé, lui promet de trouver en dédommagement un super boulot chez Carmine Sabatini, parfait sosie du mafieux du Parrain. Celui-ci lui confie une mission qui se révèle assez insolite…
The Freshman est une comédie policière écrite et réalisée par Andrew Bergman. Il s’agit d’une parodie des films de Mafia où Marlon Brando himself se moque de son personnage du Parrain (avec la bénédiction de la Paramount). Le scénario est assez farfelu. Il débute très bien et faiblit quelque peu ensuite mais l’ensemble reste amusant et se regarde sans déplaisir. A l’époque, Matthew Broderick était une étoile montante, très demandée, mais hélas la suite de sa carrière a été assez inégale.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Marlon Brando, Matthew Broderick, Bruno Kirby, Penelope Ann Miller, Frank Whaley
Voir la fiche du film et la filmographie de Andrew Bergman sur le site IMDB.
Marlon Brando, Penelope Ann Miller, Bruno Kirby et Matthew Broderick dans Premiers pas dans la Mafia (The Freshman) de Andrew Bergman.
Homonyme :
The Freshman (Vive le sport!) de Fred C. Newmeyer et Sam Taylor (1925) avec Harold Lloyd.
27 juillet 2021
Coline, pigiste pour un magazine féminin, est envoyée au fin fond des Pyrénées interviewer Simon, un artiste un peu sauvage qui aurait vu lui apparaître le fantôme de sa mère à l’instant de sa mort. Interview qu’elle est d’autant plus curieuse de faire que sa voisine, la belle Azar, prétend, elle aussi, avoir vu pareillement son père. Simon tente de séduire Coline, qui lui résiste…
Les Envoûtés est un film français réalisé par Pascal Bonitzer, assez librement inspiré de la nouvelle Les Amis des amis d’Henry James. Précisons d’emblée que si cette nouvelle, et donc le film, peuvent être classées dans le genre fantastique, c’est principalement la psychologie des personnages qui est au centre du récit et non les effets du genre. Hélas, le film de Pascal Bonitzer ne parvient pas à convaincre. Le cinéaste a visiblement cherché à créer une atmosphère étrange sans y parvenir vraiment. Même le titre paraît artificiel ou, au moins, inapproprié (1). Le scénario se montre plutôt tortueux, à l’instar du dédale de sentiments de ses deux personnages principaux. L’ensemble manque franchement de clarté. Les thèmes explorés sont (du moins me semble t-il) ceux de l’absence et de la jalousie incontrôlée, celle qui peut engendrer une certaine paranoïa.
Elle:
Lui :
Acteurs: Sara Giraudeau, Nicolas Duvauchelle, Nicolas Maury, Anabel Lopez, Josiane Balasko
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Voir les autres films de Pascal Bonitzer chroniqués sur ce blog…
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(1) Pour la question sur le sens du titre, le dossier de presse donne la réponse : « Pascal Bonitzer a eu l’idée de faire Les Envoûtés il y a longtemps. Il avait d’abord tenté d’adapter le roman de jeunesse de Witold Gombrowicz, intitulé en français Les Envoûtés (dont il a ensuite repris le titre pour son film), qui est centré sur une histoire à demi sérieuse de maison hantée. »
En bref, le titre était celui d’un projet abandonné… Ce n’est donc pas étonnant qu’il paraisse si inapproprié (car personne n’est « envouté » à proprement parler dans cette histoire).
Sara Giraudeau et Nicolas Duvauchelle dans Les envoûtés de Pascal Bonitzer.
26 juillet 2021
Chaque jour à Bombay, près de 200 000 gamelles (dabba) préparées à la maison sont livrées par les dabbawallahs sur leur lieu de travail aux employés de bureau. Ila Singh, une jeune femme au foyer tente de reconquérir son mari qui la délaisse en lui confectionnant des repas merveilleux. Le repas est livré par erreur à Saajan Fernandes, un comptable solitaire ennuyé de devoir partir prochainement à la retraite…
The Lunchbox est le premier long métrage du réalisateur trentenaire indien Ritesh Batra. Il en a écrit le scénario qui est particulièrement original. Il a su trouver un subtil équilibre entre drame et comédie, et aussi sortir des sentiers battus pour nous dresser un portrait de la société indienne moderne. Son histoire a sur ce plan d’indéniables qualités, elle procède par petites touches, délicates et subtiles. La condition féminine au sein de la classe moyenne, la densité de la population, le poids de la religion font partie des thèmes abordés. A noter que le cinéaste a pris soin de s’affranchir du carcan du système de castes (lire ci-dessous). En outre, dans sa mise en scène, Ritesh Batra se montre remarquable par l’utilisation d’objets ou de sons pour ses raccords. Une belle réussite.
Elle:
Lui :
Acteurs: Irrfan Khan, Nimrat Kaur, Nawazuddin Siddiqui
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Remarques :
* L’université de Harvard a réellement étudié le principe de livraison qui utilise un système de couleurs (la plupart des livreurs sont illettrés). Ils en ont conclu que seulement un repas sur un million était livré à la mauvaise personne.
* A propos des castes : Dans le film, le personnage central se nomme Fernandes, nom remontant aux colonisateurs portugais et porté par plusieurs ministres indiens (dont le ministre de la Défense). Ce veuf visite la tombe de son épouse dans un cimetière chrétien. Le personnage est ainsi hors caste. Ce n’est pas innocent dans le contexte de l’Inde actuelle. La jeune cuisinière porte tika et sari, signant son origine hindoue. Le remplaçant présumé de Fernandes se nomme Shaikh, un nom à priori musulman. Celui-ci épouse une femme elle-même hors des règles de sa caste. Tous ces détails sont des jalons qui vont à contre-courant d’une perception de la société par caste, d’autant que la livraison des repas est également un moyen de permettre de manger en respectant les prescriptions de sa caste. (Source Wikipédia… et un article bien documenté sur disons.fr)
Nimrat Kaur dans The Lunchbox de Ritesh Batra.
Irrfan Khan dans The Lunchbox de Ritesh Batra.
25 juillet 2021
Des trombes d’eau s’abattent sur Singapour. C’est la mousson. Les nuages s’amoncellent aussi dans le cœur de Ling, professeur de chinois dans un lycée de garçons. Sa vie professionnelle est peu épanouissante et son mari, avec qui elle tente depuis plusieurs années d’avoir un enfant, de plus en plus fuyant. Une amitié inattendue va briser sa solitude…
Wet Season est le second long métrage du réalisateur singapourien Anthony Chen (après Ilo Ilo en 2013). Il en a écrit le scénario et il filme son héroïne avec beaucoup de douceur et de pudeur, ce qui rend le film très agréable à regarder. Pour une meilleure compréhension, il est important de savoir que les Singapouriens regardent les chinois avec une certaine dose de mépris. La professeure, originaire de Malaisie et enseignant le chinois, ressent donc ce sentiment de n’être pleinement acceptée nulle part. Elle n’a qu’une petite connivence, muette toutefois, avec son beau-père handicapé qui, lui, est né en Chine. Ces éléments ne sont pas clairement perceptibles à priori. Mais, même sans cela, Wet Season nous touche par sa grande délicatesse.
Elle:
Lui :
Acteurs: Yann Yann Yeo, Koh Jia Ler, Christopher Ming-Shun Lee, Yang Shi Bin
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Koh Jia Ler et Yann Yann Yeo dans Wet Season de Anthony Chen.
24 juillet 2021
Après avoir craqué nerveusement à l’assassinat de sa femme, un agent de la CIA sort enfin de la maison de santé où il a séjourné. Il reprend le travail mais, après avoir reçu un avertissement crypté en hébreu, en vient à penser que le gouvernement veut le tuer…
Les premiers films de Jonathan Demme (le réalisateur du Silence des agneaux) sont assez méconnus, la plupart n’ayant pas été distribué en France à l’époque. Ce Last Embrace est le cinquième. David Shaber en a écrit le scénario d’après le roman The 13th Man de Murray Teigh Bloom. Le film se situe dans la pure veine hitchcockienne. On ne peut dire que le film soit vraiment remarquable mais l’intrigue est assez prenante car assez mystérieuse. L’interprétation de Roy Scheider est honnête. La musique est signée Miklós Rózsa. Last Embrace se regarde sans déplaisir mais n’en est pas moins oubliable.
Elle: –
Lui :
Acteurs: Roy Scheider, Janet Margolin, Sam Levene, Christopher Walken
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Voir les autres films de Jonathan Demme chroniqués sur ce blog…
John Glover, Roy Scheider et Janet Margolin dans Meurtres en cascade (Last Embrace) de Jonathan Demme.
Roy Scheider dans Meurtres en cascade (Last Embrace) de Jonathan Demme.
Plan qui annonce une scène très hitchcockienne : un train va traverser cette gare à pleine vitesse, une tentative de meurtre est en préparation… On imaginerait bien Hitchcock en train de lire son journal sur la gauche…
Meurtres en cascade (Last Embrace) de Jonathan Demme.
23 juillet 2021
Benni est une petite fille de neuf ans, agressive, ne pouvant rester longtemps dans une famille d’accueil ou dans un centre spécialisé. Madame Bafané, des services sociaux, la confie à Micha, un éducateur qui a travaillé avec des garçons délinquants…
Benni est écrit et réalisé par la cinéaste allemande Nora Fingscheidt. Elle dit avoir eu depuis longtemps l’idée de faire un film sur une petite fille « sauvage » car elle était elle-même ainsi quand elle était enfant. Le film lui a demandé quatre années de recherches et d’écriture. D’emblée, on est frappé par la violence de la fillette et le film se reçoit comme un coup de poing. Hormis l’évocation d’un traumatisme ancien, ce n’est pas l’origine de cette attitude qui est l’objet du récit mais la difficulté à prendre en charge de tels cas extrêmes lorsque les parents, en l’occurrence la mère, sont totalement dépassés et ont jeté l’éponge. Le film tire sa puissance de son authenticité, due certainement à la qualité du travail de documentation de la cinéaste mais aussi au jeu extraordinaire de la très jeune actrice Hélena Zengel : malgré son visage angélique, elle fait vraiment peur lorsqu’elle part en crise, nous sommes loin de la crise d’enfant gâté. Albrecht Schuch fait également une belle prestation. Le film est un peu trop long, plutôt dur mais doté d’une indéniable puissance.
Elle:
Lui :
Acteurs: Helena Zengel, Albrecht Schuch, Gabriela Maria Schmeide, Lisa Hagmeister
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Helena Zengel dans Benni (Systemsprenger) de Nora Fingscheidt.
Helena Zengel et Albrecht Schuch dans Benni (Systemsprenger) de Nora Fingscheidt.
21 juillet 2021
Dans un hôtel situé au bord du fleuve Han, près de Séoul, un poète sexagénaire fait venir ses deux fils. Il désire renouer des liens distendus car il affirme sentir qu’il va mourir. Dans le même hôtel, une jeune femme reçoit une amie qui tente de la consoler d’une rupture amoureuse…
Hotel by the River est écrit et réalisé par le sud-coréen Hong Sang-soo. C’est un film assez surprenant par son cheminement et sa forme. Les personnages sont assez désorientés et le cinéaste calque sa mise en scène et sa photographie sur leur état d’esprit avec des mouvements ou des mises au point en apparence maladroites. Il utilise merveilleusement la neige et une certaine lenteur pour créer une douceur onirique. On a souvent l’impression d’être en dehors du monde, entre le ciel et la terre. Les personnages sont en questionnement existentiel, résultat de difficultés de rapport aux autres dans le cadre d’une relation amoureuse ou simplement filiale. Sous une forme de fable poétique, le fond du propos est tout de même assez noir mais Hotel by the River est un beau film.
Elle:
Lui :
Acteurs: Ki Joo-bong, Kwon Hae-hyo, Kim Min-hee, Song Seon-mi, Yoo Joon-Sang
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Remarque :
* Très modestement, Hong Sang-soo se définit comme « un cinéaste qui n’est ni grand public, ni auteur mais qui fait ce qu’il peut » (définition qu’il met dans la bouche d’un de ses personnages à propos du fils cinéaste.
Ki Joo-bong, Kim Min-hee et Song Seon-mi dans Hotel by the River (Gangbyeon hotel) de Hong Sang-soo.
Ki Joo-bong, Yoo Joon-Sang et Kwon Hae-hyo dans Hotel by the River (Gangbyeon hotel) de Hong Sang-soo.
Kim Min-hee et Song Seon-mi dans Hotel by the River (Gangbyeon hotel) de Hong Sang-soo.