18 février 2015

Themroc (1973) de Claude Faraldo

ThemrocA la suite d’un incident avec son patron, un ouvrier qui mène une vie monotone se révolte et rentre chez lui en rugissant comme un animal. Il casse les murs pour transformer sa chambre en tanière sous l’oeil surpris des voisins… Tout comme L’An 01, sorti presque simultanément, Themroc est à replacer dans le courant contestataire post-68, section « on arrête tout ! » Claude Faraldo va ici beaucoup plus loin que dans son film précédent Bof Anatomie d’un livreur puisque, pour combattre l’aliénation de l’homme par la société, il propose une régression, un retour aux pulsions élémentaires et animales que l’homme, débarrassé de toutes les entraves dressées par les normes sociales, va pouvoir assouvir librement. On peut ainsi voir Themroc comme un conte philosophique, même si la réflexion n’est pas poussée très loin car le propos est plutôt dominé par le plaisir jubilatoire de pouvoir tout casser. Passé les premières minutes bien longues (destinées à nous montrer à quel point sa vie d’ouvrier est monotone…), Themroc est une farce joyeuse, surprenante et unique en son genre. Il n’y aucun texte compréhensible, même les « gens normaux » s’expriment dans un charabia impénétrable comme pour nous placer, nous spectateurs, hors de cette société très policée. Michel Piccoli, acteur emblématique en ce début des années soixante dix, nous montre une fois de plus qu’il peut tout jouer. Claude Faraldo l’a entouré de Béatrice Romand et de toute l’équipe du Café de la Gare, donnant à chacun plusieurs rôles, parfois dans la même scène ! Inceste et cannibalisme, ajoutés au propos passablement anarchisant, lui valurent une interdiction aux moins de 18 ans.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Michel Piccoli, Béatrice Romand, Romain Bouteille, Coluche, Patrick Dewaere, Francesca Romana Coluzzi, Miou-Miou
Voir la fiche du film et la filmographie de Claude Faraldo sur le site IMDB.

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Remarque :
Themroc a été primé au Festival international du film fantastique d’Avoriaz 1973 : prix spécial du jury pour le film et prix d’interprétation masculine pour Michel Piccoli.

Themroc de Claude Faraldo
Themroc de Claude faraldoBéatrice Romand, Claude Piccoli et Marilù Tolo dans Themroc de Claude Faraldo.

17 février 2015

Les Anges du péché (1943) de Robert Bresson

Les anges du péchéAnne-Marie quitte sa famille bourgeoise pour rejoindre le couvent des dominicaines de Béthanie qui recueille des jeunes femmes à leur sortie de prison. Anne-Marie se voue à cette nouvelle mission avec une ardeur qui va bouleverser la vie de la congrégation… Ce premier film de Robert Bresson, Les Anges du péché, a longtemps été difficile à voir avant d’être parfaitement restauré. Il a été réalisé pendant l’Occupation et tranche assez nettement avec la production de l’époque, ne serait-ce que par son sujet. Bresson en a écrit le scénario en s’inspirant d’un livre écrit par le père Lelong que lui a conseillé son ami le père Bruckberger, conseiller sur le tournage. Les dialogues sont signés Jean Giraudoux dont la notoriété a joué un grand rôle dans l’aboutissement du projet. Même s’il se déroule presque entièrement dans un couvent, Les Anges du péché n’est pas tant un film sur la religion mais plutôt sur la quête d’absolu. Le chemin que la jeune Anne-Marie emprunte est celui d’une dévotion totale, plus dans la recherche d’un accomplissement personnel que par altruisme. La jeune femme en quête de rédemption qu’elle veut sauver devient même un obstacle à ses yeux, au même titre que les règles pourtant très strictes de la communauté. Bresson ne porte pas de jugement mais a le talent de montrer l’enchainement des mécanismes, les chemins suivis. Il montre beaucoup mais de façon non ostentatoire, dans une mise en scène très limpide.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Renée Faure, Jany Holt, Sylvie, Mila Parély, Marie-Hélène Dasté, Yolande Laffon, Louis Seigner
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Bresson sur le site IMDB.

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Les Anges du péché (1943) de Robert Bresson
(de g. à d.) Renée Faure, Marie-Hélène Dasté & Sylvie dans Les Anges du péché de Robert Bresson.

15 février 2015

Les Fraises sauvages (1957) de Ingmar Bergman

Titre original : « Smultronstället »

Les fraises sauvagesLe professeur Borg, âgé de 78 ans, doit recevoir un prix couronnant ses cinquante années en tant de docteur. Il se rend en voiture à l’Université de Lund avec sa belle-fille Marianne. Pendant le trajet, il revit certains éléments de son passé… Ecrit et réalisé par Ingmar Bergman, Les Fraises sauvages fait partie des oeuvres les plus profondes du cinéma. Cet homme qui se sent proche de la mort porte un regard sur sa vie, à la fois par introspection et par le regard des autres, ce qui génère en lui une foule de sentiments variés, parfois contradictoires, qui le désorientent. La forme est aussi enthousiasmante que le fond car Bergman fait preuve d’une remarquable limpidité et d’une grande simplicité dans sa mise en scène ; rien n’est appuyé et pourtant tout est fort. En 1957, Bergman avait déjà une vingtaine de films à son actif mais il n’avait pas encore quarante ans : tant de maturité dans son cinéma et dans son propos qui aborde de nombreux aspects fondamentaux de la vie est assez exceptionnel. C’est d’autant plus étonnant que l’on sait qu’il y a souvent, dans ses films, une certaine identification de Bergman avec son personnage principal. Ce n’est pas un film sombre et amer, comme en témoigne la très belle fin ; la lucidité de son propos le place au-delà de cette simple problématique. Ce n’est pas non plus un film sur la mort, c’est bien plus un film sur la vie, sur ce qui la constitue, sur l’essence-même du passé. Comme j’ai pu personnellement le constater, Les Fraises sauvages est un film que l’on peut voir plusieurs fois, à des moments différents de notre vie, et ressentir différemment. Sa profondeur le permet.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Victor Sjöström, Bibi Andersson, Ingrid Thulin, Gunnar Björnstrand, Max von Sydow
Voir la fiche du film et la filmographie de Ingmar Bergman sur le site IMDB.

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Les Fraises sauvages d'Ingmar Bergman
Ingrid Thulin et Victor Sjöström dans Les Fraises sauvages d’Ingmar Bergman

Remarques :
* Victor Sjöström avait exactement l’âge de son personnage. Rappelons que Victor Sjöström est l’un des plus grands cinéastes du cinéma muet et, à ce titre, l’un des maîtres de Bergman. Ses films sont hélas assez difficiles à voir aujourd’hui. D’abord en Suède, puis à Hollywood entre 1924 et 1930 où il réalisa de grands films (notamment avec Lilian Gish) qui n’eurent jamais le succès qu’ils méritaient, ce cinéaste a toujours fait preuve d’un grand lyrisme dans ses réalisations mais aussi d’inventivité (voir sa filmographie sur IMDB). Les Fraises sauvages est son dernier film en tant qu’acteur puisqu’il est décédé deux ans plus tard.
* La première scène de rêve au début du film est un hommage au très beau film de Victor Sjöström La Charrette fantôme (1921).

14 février 2015

Les Combattants (2014) de Thomas Cailley

Les combattantsDans le sud-ouest de la France, Arnaud rencontre Madeleine, aussi belle que cassante, bloc de muscles tendus et de prophéties catastrophiques. Il ne s’attend à rien ; elle se prépare au pire. Jusqu’où la suivre alors qu’elle ne lui a rien demandé? … Les Combattants est le premier long métrage de Thomas Cailley. C’est une histoire assez simple mais originale et même surprenante, grâce à deux personnages principaux assez forts. Le personnage de Madeleine est plutôt inattendu et Arnaud se retrouve autant déconcerté qu’attiré par elle. Adèle Haenel et Kévin Azaïs font tous deux une remarquable composition, parvenant à exprimer une vaste palette de sentiments sur un fond de touchante naïveté. Adèle Haenel est particulièrement étonnante. L’ensemble est bien équilibré par humour habilement distillé par petites touches. Les Combattants est un premier film vraiment réussi pour Thomas Cailley.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Adèle Haenel, Kévin Azaïs, Antoine Laurent, Brigitte Roüan
Voir la fiche du film et la filmographie de Thomas Cailley sur le site IMDB.
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Les Combattants
Adèle Haenel et Kévin Azaïs, étonnants interprètes du film Les Combattants de Thomas Cailley.

13 février 2015

Othello (1952) de Orson Welles

Ou : « The Tragedy of Othello: The Moor of Venice »

OthelloA Venise, le Maure Othello, général victorieux, épouse Desdémone malgré la ferme opposition du père de la jeune fille. Envoyé à Chypre pour combattre les turcs, Othello est victime du complot de son lieutenant Iago : il insinue que sa jeune épouse le trompe avec Cassio, un autre de ses lieutenants… Othello est la deuxième des trois adaptations de Shakespeare par Orson Welles (1). Le tournage fut difficile et compliqué, principalement par manque d’argent ; il s’étala sur trois années. Orson Welles utilise merveilleusement les décors extérieurs d’une forteresse en bord de mer et multiplie les cadrages audacieux qu’il monte le plus souvent en plans très courts. De la pièce, Welles a fait une adaptation sélective : il a réduit le texte de Shakespeare sans le dénaturer, restant fidèle à l’esprit. Les acteurs ont tous un jeu parfait. L’interprétation d’Orson Welles est magnifique, à la fois puissante et sobre. Othello d’Orson Welles est considéré par beaucoup comme l’une des meilleures adaptations de Shakespeare à l’écran.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Orson Welles, Micheál MacLiammóir, Robert Coote, Suzanne Cloutier, Michael Laurence
Voir la fiche du film et la filmographie de Orson Welles sur le site IMDB.
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Voir les livres sur Orson Welles
Voir le livre Macbeth-Othello sorti chez Carlotta…

Othello d'Orson Welles
Orson Welles (Othello) et Micheál MacLiammóir (le fourbe Iago)

Remarques :
* L’acteur Micheál MacLiammóir (Iago dans le film) a tenu un journal pendant le tournage qu’il a ensuite publié sous le titre Put Money in thy Purse.
* Orson Welles a tourné un documentaire en 1978 pour la télévision allemande : Filming Othello. Ce film de 80 minutes ne contient pas de document d’époque sur le tournage, il s’agit d’une série de réflexions de Welles à postériori sur le tournage d’Othello et sur le cinéma, avec des discussions avec Micheál MacLiammóir (Iago) et Hilton Edwards (Brabantio).
* Les décors sont l’oeuvre du grand chef-décorateur français Alexandre Trauner.

* Principales autres adaptations d’Othello :
Othello de l’allemand Dimitri Buchowetzki (1922) avec Emil Jannings
Othello du russe Serge Youtkevitch (1956) avec Serge Bondartchouk
Othello de l’anglais Stuart Burge (1965) avec Laurence Olivier
Otello de Franco Zeffirelli (1986), l’opéra de Verdi avec Placido Domingo.
Othello d’Oliver Parker (1995) avec Laurence Fishburne
Othello 2003 (« O ») de Tim Blake Nelson (2001), version rajeunie…
Othello de Mikael Kreuzriegler (annoncé pour 2015)

Et aussi :
Othello (A Double Life) de George Cukor (1948) qui, malgré son titre français, n’est pas une adaptation de la pièce de Shakespeare mais une histoire qui a pour personnage principal un acteur jouant Othello au théâtre.

(1) Orson Welles a également adapté Macbeth en 1948 et Falstaff en 1965.

12 février 2015

César (1936) de Marcel Pagnol

CésarVingt ans ont passé. Panisse est sur le point de mourir. César est parti chercher le curé pour le confesser. Fanny et son fils Césariot, qui suit de brillantes études, arrivent de la gare. Panisse refuse de dire la vérité à son fils, c’est Fanny qui devra le faire… Troisième volet de la trilogie débutée avec Marius et Fanny, César est le seul à avoir été écrit directement pour le cinéma. Et, cette fois, Marcel Pagnol le dirige lui-même mais, hélas, sans montrer toutes les qualités que l’on pouvait attendre de lui. Certaines scènes, qui devraient être fortes (comme par exemple celle ou Fanny révèle à son fils la vérité), se révèlent finalement bien plates et la grande explication finale de la famille reconstituée apparaît bien maladroite. Le jeu des acteurs est plus retenu et André Fouché a bien du mal à donner une dimension à Césariot qui constitue le point faible du film au lieu d’en être le pivot. Mais le film a l’avantage de clore toute l’histoire, de refermer les plaies laissées ouvertes, de satisfaire l’envie des spectateurs de voir une fin heureuse.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Raimu, Pierre Fresnay, Fernand Charpin, Orane Demazis, André Fouché
Voir la fiche du film et la filmographie de Marcel Pagnol sur le site IMDB.
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César de Marcel Pagnol
André Fouché, Orane Demazis et Charpin dans César de Marcel Pagnol (1936).

Remarques :
* Il existe deux versions de César : une version de 165 minutes exploitée à sa sortie et une de 135 minutes exploitée à partir de 1946. C’est cette dernière que l’on connait aujourd’hui (une copie de la première existe à la Cinémathèque de Toulouse). La seconde version est non seulement écourtée mais contient en outre 20 minutes de séquences qui ne figuraient pas dans la première (essentiellement des scènes se situant avant la mort de Panisse). Les quelque 50 minutes non reprises concernent des scènes qui approfondissent le personnage de Césariot.

* La trilogie de Pagnol :
Marius d’Alexander Korda (1931)
Fanny de Marc Allégret (1932)
César de Marcel Pagnol (1936)

* Remakes :
Fanny de Joshua Logan (1961) avec Leslie Caron, Maurice Chevalier et Charles Boyer, remake des trois films de la trilogie en un seul.
César de Daniel Auteuil (2016 ?), film annoncé.

10 février 2015

Fanny (1932) de Marc Allégret

FannyParti au loin sur un grand voilier marchand, Marius a laissé désemparés son père César et surtout Fanny, toujours amoureuse de lui. Tous deux attendent avec impatience une lettre qui donnerait de ses nouvelles… Pressé de tous bords de donner une suite à Marius, Marcel Pagnol écrit Fanny, le monte au théâtre et le porte rapidement à l’écran. Paramount refuse de produire, arguant que « les suites au cinéma, cela ne marche jamais ». Pagnol s’associe donc avec Roger Richebé. Outre d’avoir Raimu sous contrat, le producteur marseillais était ami de Marc Allégret, réalisateur qui a la qualité précieuse de bien supporter les colères de Raimu. L’histoire de Fanny commence à la seconde-même où s’est terminé Marius et se poursuit sur presque trois années. Le texte de Pagnol est assez remarquable, donnant à Raimu un vrai grand rôle qu’il interprète sans effets inutiles, émouvant, toujours très juste même quand il donne l’impression de se laisser emporter. Du grand Raimu. Orane Demazis, injustement critiquée pour son jeu ou son accent approximatif, est bouleversante par son mélange de tendresse et de désespoir. Dans les quinze dernières minutes, ces deux acteurs font passer une émotion extrêmement forte, ils nous retournent le coeur. Tout comme Marius, Fanny se présente essentiellement comme du théâtre filmé mais cela ne gêne en rien sa force. Ce deuxième volet est bizarrement jugé par certains critiques comme étant le plus faible de la trilogie. Personnellement, je pencherais plutôt pour le contraire.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Raimu, Orane Demazis, Fernand Charpin, Pierre Fresnay
Voir la fiche du film et la filmographie de Marc Allégret sur le site IMDB.
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Fanny (1932) de Marc Allégret
(de g. à dr.) Charpin, Alida Rouffe, Orane Demazis et Raimu dans Fanny de Marcel Pagnol.

Remarques :
* Deux autres versions, italienne et allemande, furent tournées ultérieurement :
Fanny de l’italien Mario Almirante (1933)
Der schwarze Walfisch de l’allemand Fritz Wendhausen (1934)

* La trilogie de Pagnol :
Marius d’Alexander Korda (1931)
Fanny de Marc Allégret (1932)
César de Marcel Pagnol (1936)

* Remakes :
Port of Seven Seas de James Whale (1938) avec Wallace Beery, Frank Morgan et Maureen O’Sullivan (inclut Marius et Fanny)
Fanny de Joshua Logan (1961) avec Leslie Caron, Maurice Chevalier et Charles Boyer, remake des trois films de la trilogie en un seul.
Fanny de Daniel Auteuil (2013) avec Daniel Auteuil et Victoire Bélézy.

9 février 2015

Marius (1931) de Alexander Korda

MariusCésar tient le Bar de la Marine sur le Vieux-Port de Marseille. Il est aidé par son fils Marius qui rêve de partir sur l’un de ces grands voiliers qu’il voit partir pour des destinations lointaines aux noms exotiques. Son amie d’enfance Fanny, la fille de la poissonnière, est depuis toujours amoureuse de lui. Elle tente de provoquer sa jalousie en feignant d’accepter les avances du riche Panisse… Marius est le premier volet de la célèbre « trilogie de Pagnol » qui fait presque partie de notre patrimoine national. C’est à l’origine une pièce qui connut un très grand succès sur les planches dès 1929 et Marcel Pagnol, après avoir vu un film parlant à Londres, voulut le porter à l’écran voyant dans le parlant un vecteur idéal pour ses pièces. Tout le monde n’eut pas sa clairvoyance et il se heurta tout d’abord à l’hostilité générale. Le réalisateur hongrois (récemment émigré à Londres) Alexander Korda le tournera sous son contrôle total avec les mêmes acteurs que ceux de la pièce. Les envolées verbales avec force gestes de Raimu et Charpin sont inoubliables et c’est toujours un plaisir de revoir ce film même si, sur le plan cinématographique pur, c’est essentiellement du théâtre filmé.
Elle: 5 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Raimu, Pierre Fresnay, Fernand Charpin, Orane Demazis
Voir la fiche du film et la filmographie de Alexander Korda sur le site IMDB.
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Marius de Marcel Pagnol
Raimu et Pierre Fresnay dans Marius de Marcel Pagnol.

Remarques :
* La célébrissime partie de cartes avait été enlevée de la pièce par Pagnol qui la jugeait finalement trop vulgaire. Ce sont les acteurs eux-mêmes qui l’ont convaincu de la garder.
* Le choix de Pierre Fresnay pour interpréter un fils de la Canebière n’était pas évident : l’acteur est alsacien…
* Deux autres versions, allemande et suédoise, furent tournées en même temps que la française (avec d’autres acteurs et sans intervention de Pagnol) mais n’eurent aucun succès :
Zum goldenen Anker d’Alexander Korda (1931)
Längtan till havet d’Alexandre Korda et John W. Brunius (1931)

* La trilogie de Pagnol :
Marius d’Alexander Korda (1931)
Fanny de Marc Allégret (1932)
César de Marcel Pagnol (1936)

* Remakes :
Port of Seven Seas de James Whale (1938) avec Wallace Beery, Frank Morgan et Maureen O’Sullivan.
Fanny de Joshua Logan (1961) avec Leslie Caron, Maurice Chevalier et Charles Boyer, remake des trois films de la trilogie en un seul.
Marius de Daniel Auteuil (2013) avec Daniel Auteuil et Raphaël Personnaz

8 février 2015

Tirez la langue, mademoiselle (2013) de Axelle Ropert

Tirez la langue, mademoiselleBoris et Dimitri Pizarnik sont médecins dans le quartier chinois à Paris. Ils sont frères et c’est ensemble qu’ils pratiquent leur métier, consacrant tout leur temps à leurs patients. Une nuit, ils sont amenés à soigner une petite fille diabétique que sa mère, Judith, élève seule… Ecrit et réalisé par Axelle Ropert, Tirez la langue, mademoiselle est un film assez original. Ses personnages frappent d’emblée : ces deux frères quarantenaires font tout ensemble, habitent l’un en face de l’autre, donnent ensemble leurs consultations ; ils semblent presque interchangeables. Il était inévitable qu’ils tombent amoureux au même moment et de la même femme. Le thème du triangle amoureux prend de ce fait une tonalité nouvelle, d’autant plus que les dialogues ont une plaisante facture littéraire et qu’une place est laissée à la rêverie, au mystère. Les décors parisiens expriment un certain isolement. On peut reprocher des scènes d’ambiance un peu longues, un environnement sonore trop présent et peut-être regretter que les personnages (premiers et seconds rôles) ne soient pas plus approfondis. Même s’il n’est pas parfait, Tirez la langue, mademoiselle est à la fois original et séduisant.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Cédric Kahn, Laurent Stocker, Louise Bourgoin
Voir la fiche du film et la filmographie de Axelle Ropert sur le site IMDB.

Tirez la langue, Mademoiselle
Laurent Stocker et Cédric Kahn sont deux frères dans Tirez la langue, mademoiselle d’Axelle Ropert.

7 février 2015

Exodus (1960) de Otto Preminger

ExodusExodus raconte les évènements qui précèdent la fondation de l’état d’Israël en 1948, depuis l’odyssée du cargo éponyme rempli de réfugiés jusqu’au vote du partage de la Palestine à l’ONU… Adapté d’un roman fleuve de Leon Uris, Exodus a été conçu comme une vaste saga, avec de nombreux personnages et s’étalant sur plus de trois heures. Le scénariste Donald Trumbo a fait un beau travail d’écriture qui donne un bel équilibre entre romance et action politique, même si l’on peut regretter l’emploi de stéréotypes pour générer le lyrisme. Version romancée de faits historiques, Exodus (et notamment son degré d’objectivité) va être diversement apprécié selon le regard que l’on porte sur le conflit qui a suivi ces évènements. Si les sentiments mitigés et embarrassés des anglais sont bien représentés, si l’option de l’action violente est bien montrée comme source de dissensions parmi les juifs et comme futur héritage embarrassant, il faut bien reconnaître que le point de vue arabe n’est jamais montré. Cinématographiquement parlant, Exodus est réussi, bien maitrisé de bout en bout par son réalisateur. Les acteurs font tous une belle prestation, Sal Mineo étant particulièrement remarquable dans un rôle d’homme-enfant. La musique d’Ernest Gold fut oscarisée. Le succès et l’impact du film furent très importants.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Paul Newman, Eva Marie Saint, Ralph Richardson, Lee J. Cobb, Sal Mineo, John Derek, Hugh Griffith, Gregory Ratoff, Jill Haworth, Marius Goring, Alexandra Stewart
Voir la fiche du film et la filmographie de Otto Preminger sur le site IMDB.

Voir les autres films de Otto Preminger chroniqués sur ce blog…

Lire une analyse plus complète sur le site DVDClassiks

Voir les livres sur Otto Preminger

Exodus d'Otto Preminger

Remarques :
* Dans ses mémoires, Otto Preminger raconte comment il a racheté les droits du roman de Leon Uris à la MGM en les convaincant qu’ils risquaient un boycott dans les pays arabes : « Moi, je peux me le permettre car je suis un producteur indépendant. » Une fois en possession des droits, Preminger commença à travailler au scénario avec l’auteur, mais peu satisfait des dialogues, écarta ce dernier pour embaucher Albert Maltz (rapidement jugé trop lent) puis Dalton Trumbo, tous deux alors sur la liste noire établie aux heures les plus sombres du maccarthysme. Preminger mit Donald Trumbo sous son vrai nom au générique, ce qui constituait une première et contribua grandement à la réhabilitation des talents mis sur liste noire qui devint ipso facto lettre morte.

* Autres films relatant les mêmes évènements :
Exodus (Il grido della terra) de l’italien Duilio Coletti (1949)
La Bataille des sables (Sword in the desert) de l’américain George Sherman (1949) avec Dana Andrews
deux films beaucoup moins connus et faits « à chaud ».