23 novembre 2021

Dans la peau de John Malkovich (1999) de Spike Jonze

Titre original : « Being John Malkovich »

Dans la peau de John Malkovich (Being John Malkovich)Craig Schwartz est marionnettiste de rue, mais ne parvient pas à vivre de son art. Lotte, son épouse, s’intéresse beaucoup plus à ses animaux qu’à lui. Devant leurs difficultés financières, il trouve un emploi à l’étage sept et demi du building Mertin-Flemmer. En classant des dossiers, il va faire une découverte inattendue…
Après avoir réalisé quelques clips, Spike Jonze a surpris tout le monde avec Dans la peau de John Malkovich, son premier long métrage. C’est l’un des films les plus originaux qui soient, si original que le scénario, signé Charlie Kaufman, a eu bien du mal à trouver preneur. Les idées, tout à fait surréalistes, sont fort bien exploitées, puisque que l’on peut noter quatre utilisations très différentes du « passage » selon les personnages. Il y a beaucoup d’humour et les dialogues ne sont pas en reste. John Cusak et Cameron Diaz sont méconnaissables et John Malkovich a accepté de jouer avec sa propre personne sans craindre la dérision, avec pour apothéose une scène d’anthologie. Un petit bijou.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: John Cusack, Cameron Diaz, Catherine Keener, John Malkovich
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Dans la peau de John Malkovich (Being John Malkovich)Catherine Keener et John Cusack dans Dans la peau de John Malkovich (Being John Malkovich) de Spike Jonze.

22 mars 2017

Maps to the Stars (2014) de David Cronenberg

Maps to the StarsHollywood est la ville des stars. A 13 ans, Benjie l’est déjà. Son père est un auteur à succès et coach de célébrités ; il aide ainsi l’actrice Havana Segrand à donner un nouveau souffle à sa carrière… Sur un scénario de Bruce Wagner, David Cronenberg nous présente un portrait plutôt acide de cette faune hollywoodienne génératrice de névroses, où la célébrité est l’unique credo. Ce monde en apparence idyllique est en réalité souvent cauchemardesque. Certes, le sujet a déjà été traité (et, il faut bien le reconnaître, plus brillamment) mais le scénario est intelligemment déroulé : après un début plutôt difficile à suivre, les liens entre certains personnages se précisent peu à peu. La situation apparaît alors de plus en plus terrifiante. Cette vision d’une société autant malsaine que décadente est certainement assez excessive, certainement outrée, noire sans aucun doute. Julianne Moore est assez étonnante. David Cronenberg avait ce projet depuis 2004. Il a eu beaucoup de mal à trouver un financement.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Julianne Moore, Mia Wasikowska, John Cusack, Evan Bird, Robert Pattinson
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Maps to the stars
Mia Wasikowska dans Maps to the Stars de David Cronenberg.

maps to the stars
Julianne Moore dans Maps to the Stars de David Cronenberg.

12 février 2017

La Ligne rouge (1998) de Terrence Malick

Titre original : « The Thin Red Line »

La Ligne rougeEn 1942, à Guadalcanal, les américains attaquent l’île tenue par les japonais. Dans un paysage paradisiaque, les soldats vont se livrer une bataille sanglante… La Ligne rouge marque le retour de Terrence Malick qui signe son troisième long métrage exactement vingt ans après son deuxième (Les Moissons du ciel, 1978). Et il ne déçoit pas : La Ligne rouge est un film sur la guerre doté d’une dimension philosophique vraiment inhabituelle. Cette profonde réflexion sur la relation de l’homme à la nature, de l’homme à la violence, de l’homme à la mort est entrecoupée de scènes d’actions aussi réalistes que violentes, où le spectateur entrevoit l’enfer qu’ont vécu les soldats engagés. La forme est enthousiasmante avec une photographie signée John Toll faisant une part belle à la Nature et des scènes semi-oniriques d’une beauté inouïe (telle la scène de la balançoire). Les monologues intérieurs des personnages sont un moyen élégant d’enrichir le propos. Il n’y a pas vraiment un personnage au premier plan, il y en a plusieurs et la distribution est assez éblouissante. La Ligne rouge est un grand film.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Sean Penn, Nick Nolte, Jim Caviezel, Elias Koteas, Ben Chaplin, John Cusack, Adrien Brody, John C. Reilly, Woody Harrelson, John Travolta, George Clooney
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The Thin red line

The Thin Red Line
Sean Penn, Nick Nolte et Elias Koteas dans La Ligne rouge de Terrence Malick.

Remarques :
* Le premier montage de La Ligne rouge durait 6 heures. Au montage final, de nombreuses séquences ont donc été supprimées pour atteindre 2 heures 50, notamment celles avec Mickey Rourke, Gary Oldman, Bill Pullman et Lukas Haas. Le jeune Adrien Brody, qui interprète le personnage central du roman, fut dévasté de voir que son personnage avait été réduit à seulement deux répliques.

* La liste des acteurs ayant désiré apparaitre dans le film est impressionnante, le plus souvent prêts à travailler pour un cachet symbolique.

* Le film est basé sur un roman de James Jones, ancien soldat. Son œuvre a inspiré à plusieurs reprises le cinéma et la télévision, citons notamment Tant qu’il y aura des hommes de Fred Zinnemann (1953) et Comme un torrent de Vincente Minnelli (1958). Le roman The Thin Red Line avait déjà été porté à l’écran :
L’attaque dura sept jours (The Thin Red Line) d’Andrew Marton (1964) avec Keir Dullea, Jack Warden.

* Guadalcanal fait partie des îles Salomon, à l’est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, au nord-est de l’Australie. La bataille de Guadalcanal fût un tournant de la Seconde Guerre mondiale, marquant le passage des Alliés à une stratégie offensive.

* Le titre vient d’un poème de Rudyard Kipling intitulé Tommy ( « tommy » est le surnom familier du fantassin britannique) dans lequel le poète exprime que ce sont avant tout des hommes. L’expression The Thin Red Line (= la mince ligne rouge) fut employée en premier pour surnommer la Bataille de Balaclava (1854) durant la Guerre de Crimée, le rouge étant celui des uniformes de l’armée britannique.

The Thin Red Line
Jim Caviezel dans La Ligne rouge de Terrence Malick.

The Thin Red Line
John Cusack dans La Ligne rouge de Terrence Malick.

24 janvier 2015

Minuit dans le jardin du bien et du mal (1997) de Clint Eastwood

Titre original : « Midnight in the Garden of Good and Evil »

Minuit dans le jardin du bien et du malUn jeune reporter arrive dans une ville du sud des Etats-Unis (Savannah en Géorgie) pour écrire un papier sur une célèbre réception annuelle chez un millionnaire local où est invitée toute la bonne société de la ville… Minuit dans le jardin du bien et du mal est adapté d’un roman de John Berendt, lui-même basé sur des faits et des personnages réels. L’intrigue n’est pas très passionnante mais c’est certainement la possibilité d’une approche plutôt ethnographique qui a attiré Clint Eastwood : l’homosexualité vient ici perturber (gentiment) les assises sociales. Le propos ne va pas très loin mais venant d’Eastwood, cela surprend quelque peu. Le film est plus remarquable par sa forme, d’un très beau classicisme avec une belle photographie et de superbes mouvements de caméra. Il n’est pas interdit de trouver l’ensemble un peu long…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Cusack, Kevin Spacey, Jack Thompson, Jude Law
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Remarques :
* Lady Chablis joue ici son propre rôle.
* La statue que l’on voit sur l’affiche est une sculpture créée par Sylvia Shaw Judson et intitulée Bird Girl. Seulement quatre exemplaires furent réalisés dont un qui fut acheté par une famille de Savannah. Cette statue connut la notoriété lorsqu’elle fut placée sur la couverture du livre de John Berendt.  La statue utilisée dans le film n’est qu’une copie, mal réalisée de surcroît puisque la jeune fille a les pouces tournés vers nous, ce qui est impossible.

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20 novembre 2014

Ombres et brouillard (1991) de Woody Allen

Titre original : « Shadows and Fog »

Ombres et brouillardLe terne et timoré employé Kleinman est réveillé au beau milieu de la nuit par des voisins qui constituent une milice. Ils veulent traquer l’étrangleur qui sévit les jours de brouillard. Et cette nuit-là, la brume est particulièrement intense… Ombres et brouillard est un film assez atypique dans la filmographie de Woody Allen. C’est la forme que l’on remarque en premier : tourné en noir et blanc, le film est un hommage à l’expressionnisme allemand (Murnau, Pabst, Lang) avec tout un jeu sur les ombres et (beaucoup) de brume (1). Visuellement, le résultat reste toutefois en deçà des maitres dont il s’inspire. Sur le fond, l’idée est de créer un environnement isolé où toutes les traces familières de civilisation ont disparu, dans lequel un « petit homme » (2) se trouve brutalement plongé pour y jouer un rôle qu’il ne connait et ne comprends pas. C’est donc du pur Kafka… Woody Allen parvient à introduire beaucoup d’humour dans cette atmosphère oppressante. Avec ses nombreuses petites touches, son film est totalement imprévisible et sur ce point il est très réussi. Surprenant et même déroutant, le film fut assez diversement accueilli, en général plutôt mal…
Elle: 2 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Mia Farrow, John Malkovich, John Cusack
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Remarques :
* Parmi les acteurs de seconds ou troisièmes rôles : John Malkovich, Jodie Foster, John Cusack, Madonna, Donald Pleasance, Lily Tomlin, Kathy Bates, …
* La musique comporte plusieurs extraits de L’Opéra de quat’sous de Kurt Weill, dans des enregistrements d’époque.
* Shadows and Fog est le dernier film de Woody Allen pour Orion Pictures.
* Si les références aux maitres allemands sont les plus évidentes (Nosferatu de Murnau, La Rue sans joie et Loulou de Pabst, M le Maudit de Lang), Ombres et brouillard comporte également plusieurs références à Bergman (Le Septième Sceau, Le Visage ou encore La Nuit des forains). Nombreux autres clins d’oeil comme le fait de faire tuer Donald Pleasance dans un cul-de-sac (Polanski) (les mots « cul-de » apparaissent même à l’écran).

(1) Ombres et brouillard fut entièrement tourné en studio et, malgré le budget important, tous les décors désirés ne purent être réalisés ce qui poussa à intensifier encore plus le brouillard.
(2) Ein kleiner Mann en allemand… On peut aussi voir dans le nom Kleinman une référence au Josef K. dans Le Procès de Kafka.

Ombres et brouillard de Woody Allen
Le modeste employé Kleiman est réveillé en pleine nuit pour aller tenir un rôle qu’il ne comprend pas…

20 février 2014

Paperboy (2012) de Lee Daniels

Titre original : « The Paperboy »

PaperboyReporter au Miami Times, Ward Jansen revient dans sa ville natale en Floride avec un de ses collègues pour enquêter sur le cas d’un détenu promis à une prochaine exécution pour le meurtre d’un shérif. Avec son jeune frère et la petite amie du détenu, ils cherchent à montrer que l’enquête a été bâclée… Paperboy est adapté d’un roman de Peter Dexter qui s’est inspiré d’un fait divers. Lee Daniels en a fait un thriller poisseux assez racoleur qui joue sur la vulgarité et un côté sulfureux pour attirer l’attention. Le jeune beau gosse Zac Efron passe pratiquement tout le film en sous-vêtements, Nicole Kidman joue une jeune bimbo particulièrement vulgaire, le gentil John Cusack s’amuse à interpréter un véritable primate ; les acteurs se sont certainement beaucoup amusés avec ces rôles à contre-emploi mais le spectateur, lui, a bien du mal à trouver un quelconque intérêt à l’ensemble.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Zac Efron, Matthew McConaughey, Nicole Kidman, John Cusack, David Oyelowo, Scott Glenn
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31 janvier 2013

Coups de feu sur Broadway (1994) de Woody Allen

Titre original : « Bullets Over Broadway »

Coups de feu sur BroadwayDans les années vingt à Broadway, un auteur et metteur en scène peine à trouver un financement pour sa nouvelle pièce. Le seul commanditaire qu’il trouve est un caïd de la pègre qui demande en contrepartie un rôle majeur pour sa petite amie, une danseuse sans talent… Coups de feu sur Broadway est une comédie basée sur le choc de deux mondes qu’à priori tout oppose : le monde du théâtre et les truands. On peut toujours avoir quelques regrets quand Woody Allen ne joue pas lui-même, mais il était assez habile de sa part de laisser le rôle de l’auteur car il l’aurait certainement rendu trop sympathique et trop présent. Ici, le jeu de John Cusack rappelle inévitablement celui de Woody Allen, mais en un peu plus fade ce qui colle parfaitement à l’histoire. Coécrit avec Douglas McGrath (1), le scénario est brillant avec une grande attention portée au détail et beaucoup de subtilité dans les relations de fascination entre l’auteur et deux des personnages. L’humour fonctionne parfaitement et l’homme de main Cheech est un personnage particulièrement réussi et mémorable. Coups de feu sur Broadway est une variation originale et amusante sur les affres de la création.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Cusack, Dianne Wiest, Jennifer Tilly, Chazz Palminteri, Jack Warden
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Remarque :
Woody Allen avait déjà utilisé le milieu des truands dans Broadway Danny Rose (1984), film avec lequel on peut faire certains rapprochements.

(1) Douglas McGrath est ensuite passé à la réalisation avec notamment Emma, l’entremetteuse (1996) d’après Jane Austen, Nicholas Nickleby (2002) d’après Dickens et Scandaleusement célèbre (2006).