2 février 2020

Baby Driver (2017) de Edgar Wright

Baby DriverEn matière de conduite rapide, Baby est un expert. Les écouteurs de son baladeur vissés dans les oreilles, il réalise des prouesses pour permettre à un gang de braqueurs d’échapper à ses poursuivants. Mais c’est quand il désire raccrocher que les choses vont devenir plus difficiles…
Baby Driver est écrit et réalisé par le britannique Edgar Wright, un projet qu’il a mûri depuis plus de vingt ans. Si le fond de l’histoire n’est pas franchement original, la forme l’est beaucoup plus. Centré sur un personnage taciturne mais brillant, le film baigne dans une atmosphère très détendue, légère même. C’est donc plutôt une comédie et les personnages sont particulièrement caricaturaux pour apporter une certaine dérision. La musique tient une très grande place ; omniprésente dans les spectaculaires scènes d’action, elle apporte une grande énergie à l’ensemble. Assez différent des autres films du genre, Baby Driver est un excellent divertissement. Gros succès en salles.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ansel Elgort, Kevin Spacey, Jon Bernthal, Eiza González, Lily James, Jon Hamm
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Baby DriverAnsel Elgort dans Baby Driver de Edgar Wright.

Baby DriverJon Bernthal, Eiza Gonzalez, Ansel Elgort et Jon Hamm dans Baby Driver de Edgar Wright.

15 décembre 2016

Looking for Richard (1996) de Al Pacino

Looking for RichardSous une forme proche d’un documentaire, Looking for Richard nous plonge dans le processus créatif d’une adaptation moderne de la pièce de Shakespeare Richard III. Avec chewing-gum et casquette à l’envers, le très américain Al Pacino cherche comment rendre la pièce plus accessible à un public large, comment trouver une approche nouvelle de l’œuvre, comment transmettre sa signification. La forme est originale puisqu’elle juxtapose des scènes de répétition ou de réflexion sur les directions à donner avec des scènes de la pièce jouée en costumes dans divers décors, sautant de l’un à l’autre avec vivacité. Globalement, le film suit le déroulement de la pièce. Le travail de montage paraît donc remarquable, surtout lorsque l’on sait que Pacino avait accumulé près de 80 heures de rushes sur quelque trois années (le projet fut fréquemment interrompu du fait des engagements de l’acteur). Accompagné de son metteur en scène Frederic Kimball, Pacino s’est même rendu en Angleterre, interviewé des acteurs anglais et des grands spécialistes de William Shakespeare. L’ensemble est assez intéressant mais on peut se demander si les desseins pédagogiques sont atteints car l’intensité de la pièce n’est pas totalement perceptible du fait de l’inévitable fragmentation. L’interprétation de la pièce est assez appuyée, beaucoup semblant surjouer quelque peu (c’est particulièrement net pour Penelope Allen, la reine). Al Pacino en revanche est souvent splendide en Richard III. Entre autres, la scène où il se déclare à Lady Anne (Winona Ryder) est assez forte. Il ne peut toutefois faire oublier Laurence Olivier…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Al Pacino, Alec Baldwin, Kevin Spacey, Estelle Parsons, Winona Ryder
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Remarques :
* Grand acteur de théâtre, Al Pacino tient en très haute estime l’oeuvre de Shakespeare. Il avait déjà interprété Richard III sur les planches dans les années soixante-dix et animé des séminaires sur le sujet. Ce film est un projet très personnel.
* Parmi les acteurs anglais shakespeariens interviewés, on remarque : Vanessa Redgrave, John Gielgud, Kenneth Branagh, Rosemary Harris, Derek Jacobi et le metteur en scène Peter Brook.

Looking for Richard
Al Pacino met en scène et joue Richard III dans  Looking for Richard.

Les adaptations de Richard III au cinéma :
Richard III (1912) de André Calmette et James Keane avec Frederick Warde. En 1996, une copie en bon état de ce film précédemment inconnu a été découverte. Sa durée de 55 mn en fait l’un des tous premiers longs métrages.
Richard III (1955) de et avec Laurence Olivier, la version la plus remarquable.
Richard III (1995) de Richard Loncraine avec Ian McKellen, où la pièce est transposée au XXe siècle, dans une Angleterre fictive sous régime fasciste dans les années 1930.
Richard III (2008) de Scott Anderson avec Scott Anderson

29 juillet 2015

Seven (1995) de David Fincher

Titre original : « Se7en »

SevenA sept jours de prendre sa retraite, le détective William Somerset (Morgan Freeman) accueille son remplaçant le jeune David Mills (Brad Pitt). Les deux détectives vont se trouver confrontés à une série de crimes assez atroces… A partir d’une base ultra classique (le vieux détective qui agit avec sa tête en tandem forcé avec un jeune impulsif), David Fincher nous entraîne sur des terres plutôt inconnues avec un thriller de haute virtuosité, autant sur le scénario (signé Andrew Kevin Walker) que sur la mise en scène et le montage. L’enquête devient rapidement un jeu de piste morbide et le suspense culmine dans la séquence finale, assez incroyable (sans être totalement inoubliable puisque, personnellement, je ne m’en souvenais plus, ce qui fut toutefois un avantage…) On peut toutefois regretter que toute cette virtuosité, ces écarts par rapports aux lourdes normes hollywoodiennes soient au service du glauque et du sordide : je ne dirais pas que la vision de Seven est une partie de plaisir… La complaisance mêlée de fascination de Fincher pour son tueur peut également laisser un peu perplexe. Morgan Freeman est comme toujours solide dans son interprétation, ce qui est loin d’être le cas de celle de Brad Pitt ; Fincher aurait-il cultivé cette différence de qualité pour appuyer l’écart entre les deux détectives ? Seven fut un très grand succès et jouit toujours d’une très forte aura.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Morgan Freeman, Brad Pitt, Gwyneth Paltrow, Kevin Spacey
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Seven
Morgan Freeman et Brad Pitt dans Seven de David Fincher

Remarque :
* La fin que l’on peut voir dans le film Seven avait d’abord été refusée par les producteurs qui demandèrent à Andrew Kevin Walker d’en écrire une autre. Mais c’est le premier script qui fut, par erreur, donné à David Fincher. Quand New Line Cinema s’aperçut de la bourde et lui donnèrent le script révisé, David Fincher refusa tout net ces changements et reçut l’appui de Brad Pitt dans sa bataille pour imposer ses vues.
Pour lire la version révisée du script… (avec une fin différente. Pour se placer au début de la fin, rechercher dans la page le mot « helicopter » et vous serez dans la scène où l’on voit un hélicoptère pour la première fois, c’est à dire au départ de la voiture avec John Doe).

27 juillet 2015

Usual Suspects (1995) de Bryan Singer

Titre original : « The Usual Suspects »

Usual SuspectsUne fusillade sur un cargo à quai dans le port de Los Angeles laisse le bateau en flammes et plus de vingt morts. L’un des rares survivants est interrogé par la police. Il raconte que tout a commencé six jours auparavant lorsque cinq suspects ont été arrêtés pour une attaque à main armée qu’il n’avait pas commise… Ecrit par Christopher McQuarrie et réalisé par Bryan Singer (son deuxième long métrage et, sans aucun doute, son plus remarquable), Usual Suspects a fait bouger les codes bien établis du film policier, principalement par sa construction qui est assez admirable ; entremêlant présent et flashback, elle forme un puzzle dont les pièces ne sont dévoilées que progressivement. Le déroulement du scénario nous tient ainsi constamment en haleine. Les personnages sont bien définis et bénéficient d’une interprétation parfaite, dans l’ensemble assez retenue, avec une mention spéciale pour Kevin Spacey et Gabriel Byrne. La musique est parfaitement intégrée et utilisée. Le twist final a beaucoup marqué les esprits : on pourra toujours objecter que Usual Suspects n’est pas le premier film à se terminer ainsi avec un retournement qui surprend le spectateur mais c’est incontestablement après lui que le twist final est devenu une figure obligée du genre.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gabriel Byrne, Kevin Spacey, Benicio Del Toro, Stephen Baldwin, Kevin Pollak, Chazz Palminteri, Pete Postlethwaite
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Usual Sspects
Kevin Spacey dans The Usual Suspects de Bryan Singer

24 janvier 2015

Minuit dans le jardin du bien et du mal (1997) de Clint Eastwood

Titre original : « Midnight in the Garden of Good and Evil »

Minuit dans le jardin du bien et du malUn jeune reporter arrive dans une ville du sud des Etats-Unis (Savannah en Géorgie) pour écrire un papier sur une célèbre réception annuelle chez un millionnaire local où est invitée toute la bonne société de la ville… Minuit dans le jardin du bien et du mal est adapté d’un roman de John Berendt, lui-même basé sur des faits et des personnages réels. L’intrigue n’est pas très passionnante mais c’est certainement la possibilité d’une approche plutôt ethnographique qui a attiré Clint Eastwood : l’homosexualité vient ici perturber (gentiment) les assises sociales. Le propos ne va pas très loin mais venant d’Eastwood, cela surprend quelque peu. Le film est plus remarquable par sa forme, d’un très beau classicisme avec une belle photographie et de superbes mouvements de caméra. Il n’est pas interdit de trouver l’ensemble un peu long…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Cusack, Kevin Spacey, Jack Thompson, Jude Law
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Remarques :
* Lady Chablis joue ici son propre rôle.
* La statue que l’on voit sur l’affiche est une sculpture créée par Sylvia Shaw Judson et intitulée Bird Girl. Seulement quatre exemplaires furent réalisés dont un qui fut acheté par une famille de Savannah. Cette statue connut la notoriété lorsqu’elle fut placée sur la couverture du livre de John Berendt.  La statue utilisée dans le film n’est qu’une copie, mal réalisée de surcroît puisque la jeune fille a les pouces tournés vers nous, ce qui est impossible.

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12 juillet 2013

Margin Call (2011) de J.C. Chandor

Margin CallUne grande compagnie financière réduit ses effectifs. Un analyste senior a juste le temps de glisser une clé USB à l’un de ses jeunes collègues avant d’être escorté hors de l’immeuble. Ce dernier découvre que la formule utilisée pour calculer le risque du produit-phare de la compagnie sous-estime ce risque considérablement, mettant la société en péril… Sur un sujet où il est si facile de tomber dans les poncifs et les facilités, J.C. Chandor adopte un angle assez inattendu puisque c’est une tragédie shakespearienne qu’il met en scène. Il met ainsi en avant le facteur humain plutôt que les mécanismes financiers. Le résultat est étonnant par sa puissance. Ce ne sont pas seulement l’unité de lieu et l’unité de temps (puisque le film se déroule essentiellement sur une nuit) qui donnent au film toute son intensité, c’est aussi son interprétation, J.C. Chandor montrant une belle maitrise de la direction d’acteurs pour un premier long métrage.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Kevin Spacey, Paul Bettany, Jeremy Irons, Zachary Quinto, Penn Badgley, Simon Baker, Demi Moore, Stanley Tucci
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Remarque :
Le père de J.C. Chandor a travaillé pendant 30 ans chez Merrill Lynch. Le réalisateur connait ainsi bien cet univers et, surtout, les personnes qui y travaillent.