1 février 2019

Wind River (2017) de Taylor Sheridan

Wind RiverMarqué par la mort de sa fille, Cory Lambert est pisteur dans la réserve indienne de Wind River, perdue dans l’immensité sauvage du Wyoming. Un jour, il trouve le corps d’une adolescente dans une région déserte. Le FBI envoie sur les lieux une jeune agente inexpérimentée, Jane Banner. Elle engage Cory pour l’aider dans sa tâche…
Remarqué pour avoir écrit le scénario de Sicario, Taylor Sheridan passe de façon assez brillante à la réalisation. Inspiré de faits réels, son Wind River offre plusieurs niveaux de lecture. C’est tout d’abord un polar, assez sordide, dans les paysages enneigés du Wyoming qui se résout de façon musclée. C’est aussi un film intimiste qui parle de la douleur occasionnée par la perte d’un être cher et de la façon d’y survivre. Enfin, c’est un témoignage sur cette sensation de délaissement des habitants des réserves indiennes. La phrase qui clôt le film est tristement significative : « le FBI ne tient pas de statistiques sur les disparitions de jeunes femmes d’origine amérindienne ». Taylor Sheridan a tourné son film sur place en décors naturels. La photographie est superbe. Wind River est un très beau film, empreint d’un grand humanisme.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jeremy Renner, Elizabeth Olsen, Kelsey Asbille, Graham Greene
Voir la fiche du film et la filmographie de Taylor Sheridan sur le site IMDB.

Wind River
Elizabeth Olsen dans Wind River de Taylor Sheridan.

Wind River
Jeremy Renner dans Wind River de Taylor Sheridan.

Remarque :
Wind River est le dernier volet de la trilogie centrée sur la « frontière américaine moderne » que Taylor Sheridan a amorcée avec Sicario (écrit par Taylor Sheridan et réalisé par Denis Villeneuve en 2015) puis poursuivie avec Comancheria (écrit par Taylor Sheridan et réalisé par David Mackenzie en 2016).

Wind River
Elizabeth Olsen et Graham Greene dans Wind River de Taylor Sheridan.

19 mai 2018

Jeremiah Johnson (1972) de Sydney Pollack

Jeremiah JohnsonDans les années 1850, un déserteur de la guerre avec le Mexique décide de fuir la civilisation pour aller vivre une vie de trappeur dans les hauteurs des montagnes Rocheuses…
Jeremiah Johnson met en scène une partie de la vie de John Johnson, personnage légendaire de l’Ouest américain autour duquel courent plusieurs histoires comme en témoigne son surnom « Johnson le mangeur-de-foie » (1). Comme il le fait souvent, Sydney Pollack aborde cette histoire d’abord de façon réaliste, décrivant les premières difficultés auquel se heurte l’apprenti-mountain man. Mais peu à peu, sans vraiment que le spectateur s’en rende vraiment compte, il glisse vers l’insolite et la légende. Le cinéaste laisse la fin ouverte. Le récit est un assemblage de moments, sans trame narrative forte. Il n’y a qu’assez peu de dialogues, à tel point que Pollack s’amusait à l’appeler son « film muet ». Comme dans Little Big Man, sorti deux ans plus tôt, les indiens sont décrits de façon plutôt neutre, avec leurs rites et leurs coutumes, mais sans complaisance toutefois. Robert Redford, barbu comme il l’a rarement été, semble très à l’aise dans son rôle ; il fait une admirable composition de ce personnage légendaire. La photographie est superbe. Le film a été tourné en Utah, région que Robert Redford connait particulièrement bien : le tournage s’est d’ailleurs déroulé en bonne partie sur des terres lui appartenant. Jeremiah Johnson connut un très grand succès.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Redford, Will Geer, Delle Bolton, Josh Albee, Stefan Gierasch
Voir la fiche du film et la filmographie de Sydney Pollack sur le site IMDB.

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Voir les livres sur Sydney Pollack

Remarques :
* Le scénario est basé sur les livres :
1. Crow Killer: The Saga of Liver-Eating Johnson de Raymond Thorp et Robert Bunker
2. Mountain Man de Vardis Fisher

* Le montage fut particulièrement long et dura plusieurs mois.
* La chanson du générique est chantée par Tim McIntire.

Jeremiah Johnson
Stefan Gierasch et Robert Redford dans Jeremiah Johnson de Sydney Pollack.

(1) ATTENTION : cette petite note contient des spoilers. Ne pas lire avant de voir le film.
Le surnom « mangeur de foie » vient d’une légende qui affirme qu’il découpait et mangeait le foie de chaque indien de la tribu des Crow qu’il a tué. Johnson aurait fait perdurer la légende afin de semer la peur chez les Crow : selon certaines croyances indiennes, le foie est un organe nécessaire pour la vie après la mort (dixit Wikipedia). Cette guerre personnelle contre les indiens Crow a débuté après le meurtre de sa femme par un Crow (sans raison particulière et non pas en représailles comme décrit dans le film). La légende dit qu’il aurait ainsi tué plus de 300 Crow en 25 ans avant de faire enfin la paix avec eux. John Johnson a fini shérif d’une petite bourgade du Montana.

* Robert Redford a tourné dans sept films de Sydney Pollack :
1. This property is Condemned (Propriété interdite, 1967)
2. Jeremiah Johnson (1972)
3. The Way We Were (Nos plus belles années, 1973)
4. Three Days of the Condor (Les 3 jours du Condor, 1975)
5. The Electric Horseman (Le Cavalier électrique, 1979)
6. Out of Africa (1985)
7. Havana (1991)

4 juin 2017

Les Horizons perdus (1937) de Frank Capra

Titre original : « Lost Horizon »

Les horizons perdusDans une ville frontière chinoise en guerre, le diplomate et écrivain anglais Robert Conway assure l’évacuation de ses compatriotes. Son avion est détourné vers une destination mystérieuse et s’écrase dans les montagnes du Tibet. Les cinq survivants sont secourus et conduits dans la cité de Sangri-La, un paradis caché entre les montagnes… Lost Horizon est un film très étonnant, un projet ambitieux de la Columbia qui témoigne de la grande confiance d’Harry Cohn (patron du studio) envers Frank Capra. En ces années où les craintes d’une guerre ne cessaient de croitre, Capra choisit de nous parler d’un monde idéal où toute agressivité ou compétition a laissé la place à un bonheur universel. Il transforme le roman de James Hilton paru en 1933 en une fable philosophique. Sa vision est assez utopique, il n’explore pas vraiment le sujet, il semble plus chercher à convaincre et à nous entrainer dans sa vision très optimiste. Il émet toutefois des réflexions intéressantes. Les personnages sont assez typés (on peut se demander quel est l’intérêt d’avoir rendu le personnage du frère si primaire et antipathique). Les décors, extérieurs et intérieurs, sont grandioses, d’une superbe architecture art-déco. Le film divise les spécialistes de Capra qui estimait, lui, qu’il s’agissait de son meilleur film. Il est en tous cas plutôt atypique dans sa filmographie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ronald Colman, Jane Wyatt, Edward Everett Horton, Thomas Mitchell, Sam Jaffe
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Remarques :
* La version complète de 132 minutes a pu être restaurée en se basant sur une copie complète de la bande son. Après la découverte (en 2014) de scènes perdues, seules six minutes manquent à l’appel ; elles sont remplacées (assez habilement) par des images fixes.
* Les scènes dans la neige furent tournées dans un immense entrepôt frigorifique de 1200 m2. La buée qui sort des acteurs est donc bien réelle.
* Le budget du film fut supérieur à la moitié des investissements globaux de la Columbia pour une année entière.

Lost Horizon
Jane Wyatt et Ronald Colman à Shangri-La dans Les horizons perdus de Frank Capra.

6 mai 2017

Winter Sleep (2014) de Nuri Bilge Ceylan

Titre original : « Kis Uykusu »

Winter SleepComédien à la retraite, Aydin tient un petit hôtel dans le pittoresque village de Cappadoce en Turquie. Il vit là avec sa sœur Necla, divorcée, et sa très jeune femme Nihal, dont il s’est éloigné sentimentalement. Il se réfugie dans son bureau où il aime écrire de petits textes pour le journal local… Le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan a écrit Winter Sleep avec son épouse Ebru Ceylan, en s’inspirant (une nouvelle fois) de plusieurs nouvelles de Tchekhov. Il s’agit d’un long huis-clos (ou quasi-huis clos) qui tente d’analyser la nature de relations humaines qui reposent sur des déséquilibres et des rancoeurs. C’est au travers de longs dialogues que les rapports d’Aydin d’abord avec sa sœur puis avec sa femme nous sont dévoilés peu à peu, des dialogues qui nous permettent de connaitre ces personnages avec une certaine profondeur et nous donnent les éléments pour en faire une analyse psychologique selon son propre ressenti. Par facilité, on peut bien entendu qualifier tout cela de « bergmanien » mais Nuri Bilge Ceylan a su développer un style qui lui est propre : il y a une certaine impression de douceur dans son cinéma, la photographie est assez belle et, une de fois de plus, nous avons l’impression d’être comme hors du temps. On peut trouver le propos assez pessimiste, toutefois. Palme d’or à Cannes en 2014.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Haluk Bilginer, Melisa Sözen, Demet Akbag
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Winter sleep
Le village de Cappadoce en Turquie dans Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan.

Winter sleep
Haluk Bilginer et Demet Akbag (la soeur) dans Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan.

Winter sleep
Haluk Bilginer et Melisa Sözen (l’épouse) dans Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan.

12 août 2015

Help! (1965) de Richard Lester

Au secours!Une mystérieuse secte orientale découvre qu’une bague sacrée portée par une jeune femme destinée à être sacrifié a disparu. Or cette bague est au doigt de Ringo (1). Le grand prêtre et ses acolytes vont tout faire pour la récupérer… Après le succès de A Hard Day’s Night, Richard Lester et les Beatles bénéficient d’un budget plus important pour tourner Help!, en couleurs et doté d’un scénario plus élaboré. L’histoire est totalement farfelue, tout à fait dans l’esprit de l’humour british nonsense. Il prend la forme d’une satire des films de James Bond et les Beatles ont cité Duck Soup des Marx Brothers en influence. Il y a de belles et nombreuses trouvailles assez enthousiasmantes dans les pièges qui sont dressés pour capturer Ringo (le plus beau est à mes yeux le dirigeable et les pas… il fallait oser) : beaucoup d’inventivité. Comme souvent dans ce style d’humour, les transitions entre les scènes ne sont pas travaillées mais cela importe peu : cela permet d’avoir des lieux très différents, et d’avoir par exemple la célèbre séquence dans la neige. Les morceaux sont bien intégrés, montrant à chaque fois les Beatles jouant avec leurs instruments. Ce sont les sept morceaux de la face A de l’album Help! qui sortira quelques jours après le film, album qui est assez fondamental dans leur évolution. Ce deuxième film des Beatles est incontestablement plus travaillé que le premier. Certains le trouvent moins spontané. D’autres, comme moi, prennent autant (sinon plus) de plaisir à le revoir.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: George Harrison, John Lennon, Paul McCartney, Ringo Starr, Leo McKern, Eleanor Bron, Roy Kinnear
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Help!
John Lennon et Paul McCartney (jouant You’ve Got to Hide Your Love Away) dans Help! de Richard Lester

Remarques :
* Certains critiques ont mentionné l’influence du Goon Show, une émission radiophonique de la BBC des années cinquante où a notamment officié Peter Sellers.
* L’humour fait souvent penser à celui des Monty Python (dont le Circus est rappelons-le postérieur). Il y a quelques gags qui sont vraiment très proches.
* Beaucoup plus tard, les Beatles ont avoué avoir « beaucoup fumé » pendant le tournage (« A hell of a lot of pot was being smoked while we were making the film ») notamment lors du tournage dans les Alpes (autrichiennes).
* A l’occasion du cinquantième anniversaire de la sortie du film, un livre de photos de tournage du film Help! va sortir prochainement (15 septembre 2015) chez Rizzoli.

Help!

(1) Rappelons que Ringo aimait porter de grosses bagues ce qui lui a valu le surnom de Ringo (ring = bague en anglais).

20 décembre 2013

Nightfall (1957) de Jacques Tourneur

NightfallJames Vanning entre dans un bar et y fait la rencontre de Marie Gardner mais, à la sortie, deux hommes le recherchent et le conduisent dans un lieu isolé pour le faire parler… Nightfall est adapté d’un roman policier de David Goodis. L’histoire, finalement assez simple, est très bien amenée car elle ne se dévoile que peu à peu. On peut faire le parallèle avec Out of the Past que Tourneur a réalisé presque dix ans plus tôt car le héros est lui aussi victime de son passé et la construction comporte plusieurs flashbacks. Aldo Ray n’est toutefois pas Robert Mitchum mais, si son interprétation est plus simple, elle est aussi plus naturelle et apporte une forte authenticité à l’ensemble. Le film est tourné en noir et blanc et, de manière assez inhabituelle pour un film noir, comporte de nombreuses scènes en extérieurs, dans la neige qui plus est. Certains plans sont assez remarquables, le plus beau étant indéniablement le face à face des deux malfrats par la fenêtre de la cabane, l’un des plus beaux exemples de « cadre dans le cadre » qui soient. Nightfall est un film certes peu spectaculaire mais joliment tourné, sans temps mort, assez prenant. Nightfall n’est jamais sorti dans les salles en France. Il est, assez injustement, l’un des films les moins connus de Jacques Tourneur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Aldo Ray, Brian Keith, Anne Bancroft, James Gregory, Frank Albertson, Rudy Bond, Jocelyn Brando
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Voir l’analyse du film par François-Olivier Lefèvre sur le site DVD Classik

Remarques :
* Avant de tourner Pulp Fiction, Quentin Tarantino a montré Nightfall à Bruce Willis en lui recommandant de s’inspirer d’Aldo Ray pour interpréter son personnage.
* Les scènes dans la neige peuvent nous faire penser à Fargo. Les Frères Coen ont certainement vu Nightfall avant de tourner leur film.
* Jocelyn Brando (qui interprète la femme de l’enquêteur) est la sœur aînée de Marlon Bando.

6 octobre 2013

Les Implacables (1955) de Raoul Walsh

Titre original : « The Tall Men »

Les implacablesPeu après la fin de la guerre de Sécession, deux frères arrivent dans les montagnes enneigées du Montana attirés par l’or. Ils kidnappent un homme qui transporte une importante somme d’argent. Il leur propose de l’aider à aller chercher un troupeau de bétail au Texas… Adaptée d’un roman de Heck Allen, l’histoire du western The Tall Men a de quoi surprendre quelque peu en son début : on y voit en effet Clark Gable, que l’on est habitué à voir symboliser la droiture, dans un rôle peu reluisant. La suite lui permettra de montrer sa vraie valeur, de montrer qu’il est un « grand homme ». L’histoire peut sembler ensuite assez conventionnelle mais elle surtout très limpide. Sans grands coups d’éclat, le film montre le grand professionnalisme de Walsh et de son équipe. Les scènes en extérieurs sont assez grandioses avec une remarquable utilisation du CinemaScope. Le réalisme des scènes dans les neiges du Montana est remarquable ; elles ont pourtant été tournées en studio. Le propos du film est de démontrer que l’on peut être ambitieux sans être matérialiste. Le héros est très « walshien », c’est-à-dire d’une grande noblesse de caractère et très chevaleresque : « Il est ce que tout petit garçon rêve de devenir quand il sera un homme et ce que tout homme d’âge mûr aurait voulu devenir » dira de lui son adversaire pour clore le film.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Clark Gable, Jane Russell, Robert Ryan, Cameron Mitchell, Juan García
Voir la fiche du film et la filmographie de Raoul Walsh sur le site IMDB.

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5 mars 2013

Amours dans la neige (1968) de Yoshishige Yoshida

Titre original : « Juhyô no yoromeki »

Amours dans la neigeDans le nord du Japon, en plein hiver, Yuriko va passer un dernier week-end avec son compagnon ; ils sont sur le point de rompre. Le week-end prend une tout autre tournure lorsque Yuriko annonce qu’elle est enceinte. Lui ne désire plus rompre mais Yuriko préfère appeler son ancien petit ami pour l’accompagner à la clinique faire les tests… Kijû Yoshida a écrit lui-même le scénario d’Amours dans la neige avec son scénariste d’alors Toshiro Ishido. Il s’agit à nouveau d’un triangle amoureux, certes, mais dans un cadre totalement différent : l’ancien petit ami était impuissant au moment de sa relation avec Yuriko. Lorsque son rival apprend cela, il est persuadé d’avoir l’avantage. Yoshida met donc en relief cette certitude qu’ont les hommes de la suprématie de l’amour physique sur l’amour tout court et montre la stupidité de cette assurance. C’est un propos assez peu courant et même assez courageux ; le sujet est d’ailleurs assez atemporel. De son côté, la femme, même si elle semble hésiter constamment, sait en réalité depuis le début ce qu’elle veut et le film est aussi un plaidoyer pour son libre arbitre. La photographie en noir et blanc est superbe avec une belle utilisation des paysages très enneigés de l’île d’Hokkaidō. La neige est vraiment très épaisse. Certains plans sont vraiment de toute beauté, tel ce plan d’une usine avec une longue bande de fumée horizontale au sol au premier plan. Et Mariko Okada est toujours aussi belle…!
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Mariko Okada, Isao Kimura, Yukio Ninagawa
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Remarque :
Rappelons que Kijû Yoshida et Mariko Okada sont mari et femme depuis 1964 et on comprend aisément le désir de Yoshida de mettre Mariko Okada en valeur. Et il parvient remarquablement bien !

12 février 2013

Shining (1980) de Stanley Kubrick

Titre original : « The Shining »

ShiningUn ex-professeur qui essaie d’écrire un roman est embauché pour garder un vaste hôtel isolé dans les montagnes du Colorado pendant les longs mois d’hiver. Avec sa femme et son jeune fils, ils vont rester seuls pendant de nombreux mois dans cette immense demeure qui reste marquée par son passé…… Adaptation d’un roman de Stephen King, Shining est l’un des films les plus effrayants qui soient, l’irruption de la folie meurtrière chez un écrivain en panne d’inspiration sous l’influence de phénomènes plutôt surnaturels. Kubrick ne se conforme à aucun moment aux règles classiques du genre de l’épouvante pour livrer un film très créatif et totalement inégalé, un film qui peut être abordé et interprété de multiples manières. Dans sa forme, Shining est une merveille : tourné presque entièrement à la Steadycam, procédé alors très nouveau, le film regorge de plans audacieux, de travelings inoubliables comme ces plans où l’on suit le petit garçon qui pédale à toute allure sur son tricycle. Stanley Kubrick utilise merveilleusement le dédale des interminables couloirs, l’immensité des pièces et l’atmosphère de cette vaste bâtisse du début du siècle. La minutie et le perfectionnisme légendaire du réalisateur transparaît dans chacune des scènes. Shining est un film à nul autre pareil.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Shelley Duvall, Danny Lloyd
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Remarques :
Shining* La version initiale et complète dure 146 minutes. Après quelques jours d’exploitation, Kubrick a coupé la scène finale (un happy end qui montrait Wendy et Danny à l’hôpital pour nous faire savoir qu’ils étaient sauvés) et ramené ainsi la durée à 142 minutes. Pour la sortie en Europe, des coupes furent faites par le réalisateur pour faire une version de 115 minutes ; les coupes portent surtout sur Tony, l’ami imaginaire du garçon et sur l’explication de ses pouvoirs.

* L’hôtel qui a servi pour le tournage des extérieurs est le Timberline Lodge sur la montagne Mt Hood dans l’Oregon, hôtel qui, lui, reste ouvert pendant l’hiver…! Les intérieurs ont été tournés en studios en Angleterre.

* Stephen King a précisé que le titre The Shining lui avait été inspiré par les paroles d’Instant Karma de John Lennon (« We all shine on…… »)

Diane Arbus - Jumelles identiques (Roselle, New Jersey, 1967)* L’image des deux fillettes est très directement inspirée (on pourrait même dire, copiée) de la célèbre photographie de Diane Arbus : « Jumelles identiques (Roselle, New Jersey, 1967) »

* Stanley Kubrick avait pris soin que Danny Lloyd (âgé de 6 ans) ne se rende pas compte du contenu réel du film. L’enfant pensait jouer dans un film classique. Danny Lloyd n’a vu une version expurgée qu’à l’âge de 13 ans et n’a pu voir le film en entier qu’à l’âge de 17 ans.

* Le proverbe « All work and no play makes Jack a dull boy », bêtement traduit par « Un tien vaut mieux que deux tu l’auras », signifie en réalité « à toujours travailler sans pouvoir s’amuser, les enfants s’abrutissent », ce qui donne un sens ironique et plus monstrueux à la scène.

29 octobre 2012

Goyokin, l’or du shogun (1969) de Hideo Gosha

Titre original : « Goyôkin »

GoyôkinDans le Japon de 1831, le Shogun des Tokugawa tire ses richesses des mines d’or de l’île de Sado. L’or est transporté par un bateau qui longe le territoire du clan des Sabai. Un jour, tous les habitants d’un village de pêcheurs disparaissent… Goyokin est un chanbara (film de samouraï) doté d’une belle personnalité. Il a souvent été comparé aux westerns européens de la même époque car il exprime la fin d’une époque, le désenchantement d’un samouraï qui voit disparaître les grandes valeurs qui ont guidé ses actes (1). On peut aussi trouver certains points communs dans la forme, le fait que ce soit le premier film japonais à utiliser les caméras Panavision, plus légères donc plus maniables, y contribue certainement. Ces nouvelles caméras étaient hélas également dotées d’objectif à focale variable (zoom) dont les utilisations, le plus souvent excessives comme ici, firent tant de dégâts. Goyokin est un film particulièrement bien dosé dans ses combats, intenses sans être trop démonstratifs, et Hideo Gosha fait une utilisation originale des éléments, l’eau, la neige, le feu. Belle interprétation, sobre et tendue.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tatsuya Nakadai, Tetsurô Tanba, Yôko Tsukasa, Ruriko Asaoka
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Remarque :
Goyokin a été refait en western : The Master Gunfighter de Frank Laughlin (1975)

(1) Il a souvent été rapproché du film de Sergio Corbucci Le grand silence (1968) qui se déroule également dans un environnement recouvert de neige et aussi par son propos désenchanté.)