28 juin 2022

Balloon (2019) de Pema Tseden

Titre original : « Qi qiu »

Balloon (Qi qiu)Au cœur des étendues tibétaines, Drolkar et son mari élèvent des brebis, tout en veillant sur leurs trois fils, le maximum autorisé par les autorités chinoises pour les paysans tibétains. Elle se force à s’initier en secret à la contraception, pratique taboue dans cette communauté traditionnelle. La maigre réserve de préservatifs qu’elle se procure au compte-gouttes devient alors son bien le plus précieux…
Balloon est un film chinois écrit et réalisé par Pema Tseden, écrivain, réalisateur et producteur chinois d’origine tibétaine. L’histoire est basée sur une nouvelle qu’il avait écrite au début des années 2000. Elle est centrée sur deux beaux portraits de femmes tibétaines, Drolkar et sa soeur Shangchu devenue nonne à la suite d’une blessure amoureuse. Le récit montre le poids des traditions et de la religion. La mise en scène est assez délicate, sans recherche d’effets faciles avec un regard quasi ethnologique. Pema Tseden a su introduire des éléments dans son histoire pour maintenir notre attention, et aussi placer de petites touches d’humour et même quelques notes poétiques. Il a filmé tout cela au Tibet avec des acteurs non professionnels dans les rôles secondaires. Balloon est un film intéressant qui nous transporte ailleurs, dans un tout autre mode de vie.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sonam Wangmo, Jinpa, Yangshik Tso
Voir la fiche du film et la filmographie de Pema Tseden sur le site IMDB.
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Balloon (Qi qiu)Sonam Wangmo dans Balloon (Qi qiu) de Pema Tseden.

17 mai 2022

Sept ans au Tibet (1997) de Jean-Jacques Annaud

Titre original : « Seven Years in Tibet »

Sept ans au Tibet (Seven Years in Tibet)À l’été 1939, quelques mois avant le début de la Seconde Guerre mondiale, l’alpiniste autrichien Heinrich Harrer fait partie d’une expédition envoyée par le Troisième Reich visant à gravir un sommet inviolé de l’Himalaya. Cette expédition va le mener à se lier d’amitié avec le Dalaï-Lama…
Sept ans au Tibet est une grande production hollywoodienne réalisée par le français Jean-Jacques Annaud. Le scénario est basé sur le récit autobiographique d’Heinrich Harrer publié en 1952. Le film fut mal accueilli car le passé de l’homme venait de refaire surface : des documents montraient qu’il avait été membre des sinistres Chemises brunes dès 1933 puis membre de la SS, ce qu’il avait caché. Or le film de Jean-Jacques Annaud montre un homme dédaignant l’idéologie nazie. De plus, il enjolive la réalité en inventant de toute pièce une rédemption alimenté par le remords d’avoir laissé son fils (en réalité, le récit d’Heinrich Harrer ne mentionne pas une seule fois son fils). Certes, un film n’a pas d’obligation de respecter la vérité historique mais le fait de glorifier ainsi un officier nazi pose problème et Annaud ne semble pas s’être posé beaucoup de questions sur la sincérité de son récit. Par ailleurs, comme pour le Kundun de Scorsese sorti presque simultanément, le film agaça les autorités chinoises et les commentateurs pro-chinois par la présentation de l’invasion du Tibet (la définition officielle est « libération du Tibet »). Le film est un peu long mais la réalisation de Jean-Jacques Annaud est parfaite avec une belle utilisation des décors. Sept ans au Tibet fut tourné principalement en Argentine et au Canada mais le réalisateur révéla deux ans plus tard qu’une équipe avait été secrètement envoyée au Tibet ; vingt minutes de film auraient été utilisées pour être intégrées. Alors que le film de Scorsese, plus centré sur la spiritualité,  fut un désastre financier, le film d’aventures de Jean-Jacques Annaud fut un succès malgré un budget triple.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Brad Pitt, David Thewlis, BD Wong, Mako, Danny Denzongpa, Victor Wong, Ingeborga Dapkunaite, Jamyang Jamtsho Wangchuk
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Jacques Annaud sur le site IMDB.

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Sept ans au Tibet (Seven Years in Tibet)Jamyang Jamtsho Wangchuk et Brad Pitt dans Sept ans au Tibet (Seven Years in Tibet) de Jean-Jacques Annaud.

8 mai 2022

Kundun (1997) de Martin Scorsese

KundunLe film retrace la jeunesse du dalaï-lama Tenzin Gyatso, depuis sa découverte  à l’âge de deux ans par les moines à la recherche de la 14e réincarnation du dalaï-lama en 1937, jusqu’à son exil en Inde en 1959…
Le scénario de Kundun a été proposé à Martin Scorsese par Melissa Mathison, auteure du scénario d’E.T. et elle-même bouddhiste. Certes le cinéaste est plus réputé pour ses films où la violence tient une grande place, mais Scorsese est aussi attiré depuis toujours par le thème de la spiritualité comme en témoignent La Dernière Tentation du Christ (1988), Kundun (1997) et Silence (2016) dans sa filmographie. Tourné au Maroc, il y a fait venir une distribution entièrement composée de Tibétains, la plupart non-professionnels. Hélas, il ne parvient qu’imparfaitement à restituer la dimension spirituelle de sa gouvernance et le récit donne une trop grande place aux protocoles qui finissent par le rendre un peu ennuyeux. La difficulté d’une recherche de paix intérieure dans une période troublée est néanmoins perceptible. Basé sur l’autobiographie du 14e dalaï-lama et sur la quinzaine d’entretiens qu’il a eus avec la scénariste, le film a toutefois un intérêt historique, avec le récit, sans doute un peu succin, de l’invasion du Tibet par la Chine de Mao Tsé-toung. A sa sortie, le film a irrité les autorités chinoises au grand dam de Disney, producteur du film, qui cherchait alors à s’implanter en Chine. Couteuse production, Kundun fut un retentissant échec commercial.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Tenzin Thuthob Tsarong, Gyurme Tethong, Tulku Jamyang Kunga Tenzin
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KundunTenzin Thuthob Tsarong dans Kundun de Martin Scorsese.

Nota : Le film d’aventures de Jean-Jacques Annaud, Sept ans au Tibet, est sorti la même année.

4 juin 2017

Les Horizons perdus (1937) de Frank Capra

Titre original : « Lost Horizon »

Les horizons perdusDans une ville frontière chinoise en guerre, le diplomate et écrivain anglais Robert Conway assure l’évacuation de ses compatriotes. Son avion est détourné vers une destination mystérieuse et s’écrase dans les montagnes du Tibet. Les cinq survivants sont secourus et conduits dans la cité de Sangri-La, un paradis caché entre les montagnes… Lost Horizon est un film très étonnant, un projet ambitieux de la Columbia qui témoigne de la grande confiance d’Harry Cohn (patron du studio) envers Frank Capra. En ces années où les craintes d’une guerre ne cessaient de croitre, Capra choisit de nous parler d’un monde idéal où toute agressivité ou compétition a laissé la place à un bonheur universel. Il transforme le roman de James Hilton paru en 1933 en une fable philosophique. Sa vision est assez utopique, il n’explore pas vraiment le sujet, il semble plus chercher à convaincre et à nous entrainer dans sa vision très optimiste. Il émet toutefois des réflexions intéressantes. Les personnages sont assez typés (on peut se demander quel est l’intérêt d’avoir rendu le personnage du frère si primaire et antipathique). Les décors, extérieurs et intérieurs, sont grandioses, d’une superbe architecture art-déco. Le film divise les spécialistes de Capra qui estimait, lui, qu’il s’agissait de son meilleur film. Il est en tous cas plutôt atypique dans sa filmographie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ronald Colman, Jane Wyatt, Edward Everett Horton, Thomas Mitchell, Sam Jaffe
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Remarques :
* La version complète de 132 minutes a pu être restaurée en se basant sur une copie complète de la bande son. Après la découverte (en 2014) de scènes perdues, seules six minutes manquent à l’appel ; elles sont remplacées (assez habilement) par des images fixes.
* Les scènes dans la neige furent tournées dans un immense entrepôt frigorifique de 1200 m2. La buée qui sort des acteurs est donc bien réelle.
* Le budget du film fut supérieur à la moitié des investissements globaux de la Columbia pour une année entière.

Lost Horizon
Jane Wyatt et Ronald Colman à Shangri-La dans Les horizons perdus de Frank Capra.

9 juillet 2013

Les Tribulations d’un chinois en Chine (1965) de Philippe de Broca

Les Tribulations d'un chinois en ChineUn jeune milliardaire déprimé va enfin pouvoir connaitre l’incertitude grâce à son conseiller qui lui promet de mettre sa vie en péril… Après le succès phénoménal de L’Homme de Rio, Philippe de Broca est pressé par ses producteurs de continuer dans la veine des films d’aventures mouvementées. Très librement adapté de Jules Verne, Les Tribulations d’un chinois en Chine est une fois de plus plutôt inspiré des aventures de Tintin dont les emprunts sont ici encore plus évidents (le majordome style Nestor, Dupont et Dupond, le Tibet, etc.) Hélas, la magie n’est plus là. Le film enchaine les scènes spectaculaires et exotiques sans vrai lien directeur. La construction de L’Homme de Rio était habile, celle des Tribulations est une simple juxtaposition de péripéties avec un parti-pris de jouer sur les ruptures. Jean-Paul Belmondo commence à faire du Belmondo, il saute et gesticule mais il a perdu sa fraicheur. La présence d’Ursula Andress permet également de parodier James Bond, De Broca allant même jusqu’à reproduire la fameuse scène de Dr. No où l’actrice sort de l’eau en bikini. L’ensemble n’est pas franchement mauvais mais on peut ressentir une certaine lassitude devant cette accumulation de tribulations un peu trop spectaculaires.
Elle: pas d'étoile
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean-Paul Belmondo, Ursula Andress, Jean Rochefort, Maria Pacôme, Mario David, Paul Préboist, Darry Cowl
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