23 octobre 2022

Portrait de femme (1996) de Jane Campion

Titre original : « The Portrait of a Lady »

Portrait de femme (The Portrait of a Lady) Aux alentours de 1876, l’américaine Isabelle Archer est invitée par sa tante maternelle à visiter l’Europe. Son séjour débute à Gardencourt, en Angleterre, chez son oncle. Elle y rencontre son cousin Ralph Touchett, malade, mais aimable compagnon de conversation, et un voisin de la famille, Lord Warburton, qui s’intéresse aussitôt à elle…
Portrait de femme est un film américano-britannique réalisé par la néo-zélandaise Jane Campion, adaptation du roman éponyme de l’américain Henry James, paru en 1881. Ce n’est pas un roman facile à transposer au cinéma car James lui-même reconnaissait le manque de situations dramaturgiques de son récit. Jane Campion l’adapte d’une façon qui a été jugée académique avec une héroïne assez distante. De façon habituelle pour Jane Campion, son personnage féminin central n’est pas fort, Isabel se laisse berner facilement et reste  idéaliste. Si l’ensemble manque un peu de force, la réalisation est fort belle et la distribution remarquable.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nicole Kidman, John Malkovich, Barbara Hershey, Mary-Louise Parker, Martin Donovan, Shelley Winters, Richard E. Grant, Shelley Duvall, Christian Bale, Viggo Mortensen, Valentina Cervi, John Gielgud
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Portrait de femme (The Portrait of a Lady)Nicole Kidman dans Portrait de femme (The Portrait of a Lady) de Jane Campion.

Remarque :
* Contrairement au roman, l’épilogue du film reste ouvert. On ne sait vraiment ce qu’Isabel va faire, ce qui gomme un peu le pessimisme du récit.

7 août 2018

Nashville (1975) de Robert Altman

NashvilleLa capitale de la country music accueille la chanteuse vedette Barbara Jean de retour de convalescence, tandis que la journaliste Opal tente de faire un reportage et que John Triplette cherche à engager des chanteurs pour un meeting politique, etc…
Sur un scénario de Joan Tewkesbury, Robert Altman a réalisé une grande fresque où il poursuit son analyse de la civilisation américaine. Il en étudie les mythologies modernes avec un regard neutre, sans forcer le trait, sans tomber dans la caricature. La construction chorale est remarquable : ce ne sont pas moins de 24 personnages que nous suivons  durant cinq jours, des personnages dont les parcours se croisent et s’entrecroisent. La structure peut dérouter quelque peu en début de film mais, rapidement, on apprécie de sauter d’un personnage à l’autre. Cela donne une extraordinaire richesse à l’ensemble. L’interprétation est brillante dans ce film parfaitement maitrisé de bout en bout.
Elle: 3 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Keith Carradine, Geraldine Chaplin, Shelley Duvall, Scott Glenn, Jeff Goldblum, Barbara Harris, Lily Tomlin, Michael Murphy, Ned Beatty, Karen Black
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Remarque :
* La chanson I’m easy écrite et chantée par Keith Carradine a connu un très grand succès et a été couverte de prix.

Nashville
Keith Carradine dans Nashville de Robert Altman.

Nashville
Dave Peel et Géraldine Chaplin dans Nashville de Robert Altman.

Nashville
Ronee Blakley dans Nashville de Robert Altman.

7 novembre 2017

John McCabe (1971) de Robert Altman

Titre original : « McCabe & Mrs. Miller »

John McCabeArrivé dans une petite bourgade minière du nord de l’Ouest américain, un joueur professionnel itinérant décide d’ouvrir un bordel. Il s’associe avec une prostituée pour la gérer… Librement adapté d’un roman d’Edmund Naughton, John McCabe est souvent cité comme l’un des meilleurs représentants du genre que l’on nomme (un peu pompeusement) « le western crépusculaire » des années soixante-dix (les anglo-saxons emploient plus justement le terme « western révisionniste ») : point de soleil brûlant encore moins de désert… la végétation est abondante, il pleut sans arrêt, il fait froid et même la neige (non prévue au scénario) s’installe. Point de héros, ni de noble cause à défendre… rien ni personne n’est reluisant. L’individualisme règne en maître et cette difficile période de transition où la Loi n’existait pas encore est décrite crûment et sans fard (1). John McCabe est un film qui a beaucoup de style avec la musique plaintive de Leonard Cohen dont les paroles collent si bien au propos du film qu’elles sembleraient presque composées spécialement pour lui et la photographie de Vilmos Zsigmond, expert de l’exploitation de la lumière naturelle, qui utilise des filtres jaune-bruns pour créer une atmosphère très prégnante. A mes yeux, la forme très stylée de John McCabe enchante plus que le fond que je dois avouer avoir trouvé un peu ennuyeux.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Warren Beatty, Julie Christie, Shelley Duvall, Keith Carradine
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Remarques :
* Robert Altman a décrit son film comme un « anti-western ».
* Warren Beatty et Julie Christie vivaient ensemble à cette époque et avaient un fort désir de jouer ensemble.
* John McCabe utilise trois chansons de Leonard Cohen : « The Stranger Song », « Sisters of Mercy » et « Winter Lady ».

(1) Beaucoup ont vu aussi dans John McCabe une critique de la concentration économique en sociétés mais, s’il peut sembler probable que ce fut dans les intentions du réalisateur, la démonstration n’est pas (du moins à mes yeux) vraiment probante.

John McCabe
Warren Beatty et Julie Christie dans John McCabe de Robert Altman.

Tournage de John McCabe
Warren Beatty, Vilmos Zsigmond et Robert Altman sur le tournage de John McCabe de Robert Altman.

12 février 2013

Shining (1980) de Stanley Kubrick

Titre original : « The Shining »

ShiningUn ex-professeur qui essaie d’écrire un roman est embauché pour garder un vaste hôtel isolé dans les montagnes du Colorado pendant les longs mois d’hiver. Avec sa femme et son jeune fils, ils vont rester seuls pendant de nombreux mois dans cette immense demeure qui reste marquée par son passé…… Adaptation d’un roman de Stephen King, Shining est l’un des films les plus effrayants qui soient, l’irruption de la folie meurtrière chez un écrivain en panne d’inspiration sous l’influence de phénomènes plutôt surnaturels. Kubrick ne se conforme à aucun moment aux règles classiques du genre de l’épouvante pour livrer un film très créatif et totalement inégalé, un film qui peut être abordé et interprété de multiples manières. Dans sa forme, Shining est une merveille : tourné presque entièrement à la Steadycam, procédé alors très nouveau, le film regorge de plans audacieux, de travelings inoubliables comme ces plans où l’on suit le petit garçon qui pédale à toute allure sur son tricycle. Stanley Kubrick utilise merveilleusement le dédale des interminables couloirs, l’immensité des pièces et l’atmosphère de cette vaste bâtisse du début du siècle. La minutie et le perfectionnisme légendaire du réalisateur transparaît dans chacune des scènes. Shining est un film à nul autre pareil.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Shelley Duvall, Danny Lloyd
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Remarques :
Shining* La version initiale et complète dure 146 minutes. Après quelques jours d’exploitation, Kubrick a coupé la scène finale (un happy end qui montrait Wendy et Danny à l’hôpital pour nous faire savoir qu’ils étaient sauvés) et ramené ainsi la durée à 142 minutes. Pour la sortie en Europe, des coupes furent faites par le réalisateur pour faire une version de 115 minutes ; les coupes portent surtout sur Tony, l’ami imaginaire du garçon et sur l’explication de ses pouvoirs.

* L’hôtel qui a servi pour le tournage des extérieurs est le Timberline Lodge sur la montagne Mt Hood dans l’Oregon, hôtel qui, lui, reste ouvert pendant l’hiver…! Les intérieurs ont été tournés en studios en Angleterre.

* Stephen King a précisé que le titre The Shining lui avait été inspiré par les paroles d’Instant Karma de John Lennon (« We all shine on…… »)

Diane Arbus - Jumelles identiques (Roselle, New Jersey, 1967)* L’image des deux fillettes est très directement inspirée (on pourrait même dire, copiée) de la célèbre photographie de Diane Arbus : « Jumelles identiques (Roselle, New Jersey, 1967) »

* Stanley Kubrick avait pris soin que Danny Lloyd (âgé de 6 ans) ne se rende pas compte du contenu réel du film. L’enfant pensait jouer dans un film classique. Danny Lloyd n’a vu une version expurgée qu’à l’âge de 13 ans et n’a pu voir le film en entier qu’à l’âge de 17 ans.

* Le proverbe « All work and no play makes Jack a dull boy », bêtement traduit par « Un tien vaut mieux que deux tu l’auras », signifie en réalité « à toujours travailler sans pouvoir s’amuser, les enfants s’abrutissent », ce qui donne un sens ironique et plus monstrueux à la scène.