23 mars 2024

Kasaba (1997) de Nuri Bilge Ceylan

KasabaDans les années 1970, dans une petite ville reculée d’Anatolie, deux enfants rejoignent leur famille au retour de l’école…
Kasaba est un film turc écrit et réalisé par Nuri Bilge Ceylan, son premier long métrage. Il s’agit de l’adaptation d’une histoire écrite par Emin Ceylan, sœur du cinéaste, inspirée des souvenirs de leur enfance commune. Le cinéaste fit appel à son entourage proche pour interpréter la quasi-totalité des rôles principaux (hormis les deux enfants) et tourna en équipe réduite, au rythme des saisons. Avant même d’être cinéaste, Nuri Bilge Ceylan était photographe et cela se sent dans toute la première moitié du film : presque sans paroles, chaque plan est magistralement composé et l’on a l’impression de voir une expo-photo animée. Ses « photos » nous montrent la réalité d’un tout petit village isolé et pauvre. Hélas, il poursuit ensuite avec une longue de discussions (ou plutôt une série de monologues) entre les membres d’une famille autour d’un feu de camp, avec une nette divergence de vues entre les trois générations et beaucoup d’amertume, de regrets et de nostalgie. On retrouve le poids de la tradition opposé à l’érudition ou à l’espoir d’évasion. A cette époque, Ceylan était, de son propre aveu, « pas très doué pour faire parler les personnages ». En revanche, on ne peut qu’admirer son talent à photographier la nature.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Mehmet Emin Toprak, Muzaffer Özdemir
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Mehmet Emin Toprak (à gauche) dans Kasaba de Nuri Bilge Ceylan.

12 septembre 2022

Mustang (2015) de Deniz Gamze Ergüven

MustangDans un petit village turc, cinq sœurs vivent dans un environnement strict. Orphelines, elles sont élevées par leur grand-mère et leur oncle qui finissent par les séquestrer pour s’assurer qu’elles restent vierges. Des mariages forcés se préparent…
Mustang est un film dramatique franco-turc réalisé par Deniz Gamze Ergüven, son premier long métrage. Elle met en scène cinq jeunes filles turques défendant avec fougue leur joie de vivre et leur liberté. La réalisatrice parvient à montrer l’absurdité du conservatisme au sujet de la place des femmes dans la société turque, un conservatisme qui fait aujourd’hui un retour en force. Dans son récit, elle a évité de jouer la carte de la victimisation pour se concentrer sur la vitalité des jeunes filles. Elle crée ainsi un fort contraste avec le monde archaïque des adultes et leurs mariages arrangés, leur obsession de la virginité. De plus, elle a choisi cinq jeunes filles très belles pour rendre leur enfermement encore plus frappant. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2015, Mustang a été bien reçu par la critique et le public.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Günes Sensoy, Doga Zeynep Doguslu, Tugba Sunguroglu, Elit Iscan, Ilayda Akdogan, Nihal G. Koldas, Ayberk Pekcan
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MustangTugba Sunguroglu, Elit Iscan, Doga Zeynep Doguslu, Ilayda Akdogan et Günes Sensoy dans Mustang de Deniz Gamze Ergüven.

17 mars 2021

Qui a tué Lady Winsley? (2019) de Hiner Saleem

Titre original : « Lady Winsley »

Qui a tué Lady Winsley? (Lady Winsley)Sur une petite île de Turquie, une romancière américaine est assassinée. L’inspecteur Fergan arrive d’Istanbul pour mener l’enquête…
Qui a tué Lady Winsley? est une comédie policière franco-belgo-turque réalisée par Hiner Saleem, réalisateur irakien d’origine kurde réfugié en France depuis quarante ans. Sous les couverts d’une enquête dans le style d’Agatha Christie, le film est surtout une peinture sociale de ce coin de Turquie, avec le poids des familles, la pesanteur de la respectabilité, le conservatisme et aussi la haine envers les Kurdes. L’art du cinéaste est de présenter tout cela avec humour, les habitants se donnent surtout des postures qui permettent de garder la face et la bêtise fait le reste. Il n’est pas certain que la réalité soit aussi accommodante toutefois. L’intrigue policière en elle-même est simple mais réserve quelques surprises. Un film intelligemment fait.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Mehmet Kurtulus, Ezgi Mola, Ergun Kuyucu
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Qui a tué Lady Winsley? (Lady Winsley)Senay Gürler et Mehmet Kurtulus dans Qui a tué Lady Winsley? (Lady Winsley) de Hiner Saleem.

22 avril 2020

Sibel (2018) de Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti

SibelSibel, 25 ans, vit avec son père et sa sœur dans un village isolé des montagnes au nord-est de la Turquie. Sibel est muette mais communique grâce à la langue sifflée ancestrale de la région. Rejetée par les autres habitants, elle traque sans relâche un loup qui rôderait dans la forêt voisine, objet de fantasmes et de craintes des femmes du village. C’est là que sa route croise un fugitif. Blessé, menaçant et vulnérable, il pose, pour la première fois, un regard neuf sur elle…
La cinéaste turque Çagla Zencirci et le français Guillaume Giovanetti (qui sont en couple dans la vraie vie) ont ensemble écrit le scénario de Sibel. Leur point de départ a été leur intérêt pour la langue sifflée ; ils se sont rendus sur place pour rencontrer les habitants et imaginer une histoire à partir de leurs récits. Sibel est un plaidoyer pour le droit à la différence et met en lumière le difficile parcours de cette jeune femme vers son émancipation. Les traditions sociales ancestrales, notamment sur le mariage, forment un lourd carcan alimenté par les femmes elles-mêmes qui se jugent et se surveillent entre elles. C’est une histoire originale et forte. La prestation de Damla Sönmez, qui a mis six mois à apprendre la langue sifflée, est remarquable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Damla Sönmez, Erkan Kolçak Köstendil, Emin Gürsoy, Elit Iscan, Meral Çetinkaya
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Remarques :
* Le langage sifflé est un mode de communication consistant à siffler au lieu de parler, répandu dans le monde entier mais limité à des environnements où les sifflements sont plus efficaces que la parole ordinaire (montagnes et forêts denses, principalement). On connaît environ 70 populations qui pratiquent actuellement le langage sifflé. Chacun de ces langages n’est pas une langue indépendante mais une extension de la langue locale. (Extrait de Wikipédia)
* Le prologue du film est extrait d’un documentaire français des années 60, avec des villageois scannés aux rayons X pour analyser leur langage sifflé.
* Sibel ne comporte aucune musique. Ce choix s’est imposé au montage, précise le couple-réalisateur.

SibelDamla Sönmez dans Sibel de Guillaume Giovanetti et Çagla Zencirci.

SibelDamla Sönmez, Emin Gürsoy et Elit Iscan dans Sibel de Guillaume Giovanetti, Çagla Zencirci.

3 septembre 2019

Le Poirier sauvage (2018) de Nuri Bilge Ceylan

Titre original : « Ahlat Agaci »

Le Poirier sauvageSinan vient de terminer des études qui le destinent à être instituteur, avenir qu’il envisage sans enthousiasme. Il a écrit un livre qu’il aimerait voir publié mais cela demande de l’argent. Son père est couvert de dettes à cause de son ancienne passion pour le jeu et cela le désespère…
Nuri Bilge Ceylan et sa femme Ebru Ceylan ont écrit le scénario en se basant sur les souvenirs d’un ami, Akin Aksu, qui a lui aussi participé à l’écriture. Cette histoire aborde plusieurs thèmes. Le jeune Sinan se sent différent des autres habitants de son village et aspire à une autre vie que celles qu’il peut voir autour de lui. Mais, ne pouvant concrétiser ses espoirs, il s’enferme dans une semi solitude avant de s’apercevoir qu’elle est la même que celle de son père qu’il méprise. Il est donc question d’affirmation, d’acceptation sociale, d’héritage avec des digressions sur la modernité, le dogme religieux, la place de la femme. Le propos de Nuri Bilge Ceylan est loin d’être direct ou concis. Ce film de 3 heures se présente sous la forme de longs dialogues filmés en plans-séquences, qui reformulent souvent la même idée plutôt que l’explorer. Le réalisateur aime aussi déstabiliser le spectateur par des ellipses inattendues ou même le lancer sur de fausses pistes (en mêlant rêve et réalité). La photographie est travaillée, assez belle et parfois très belle. Le Poirier sauvage a été particulièrement louangé par la critique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Dogu Demirkol, Murat Cemcir, Bennu Yildirimlar, Hazar Ergüçlü
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Remarque :
* Akin Atsu, qui a co-écrit le scénario, interprète le rôle d’un des deux imams, celui qui parle beaucoup.

Le Poirier sauvageDogu Demirkol (le fils) et Murat Cemcir (le père) dans Le Poirier sauvage de Nuri Bilge Ceylan.

Le Poirier sauvageAhmet Rifat Sungar dans Le Poirier sauvage de Nuri Bilge Ceylan.

15 février 2018

Bons baisers de Russie (1963) de Terence Young

Titre original : « From Russia with Love »

Bons baisers de RussieL’organisation criminelle Spectre projette de mettre la main sur une machine de déchiffrement soviétique. Pour ce faire, elle entend se servir des services secrets britanniques en leur faisant croire qu’une employée de l’ambassade soviétique à Istanbul est prête à leur livrer la machine…
Dès les premiers signes de succès de Dr. No, la décision est prise de mettre en chantier un second film avec l’agent secret 007. Le choix se porte naturellement sur le roman le plus vendu de la série écrite par Ian Fleming, Bons baisers de Russie, l’un des dix livres préférés du président Kennedy (!) Le film est incontestablement plus abouti, avec moins de maladresses mais a perdu son côté « diamant brut ». Les péripéties sont nombreuses et mouvementées, avec beaucoup de lieux différents, ce qui bizarrement n’empêche pas certaines longueurs. Après l’exotisme des tropiques, c’est l’exotisme oriental qui sert d’attrait (nous avons même droit à une (interminable) danse du ventre). Les gadgets commencent à apparaitre. L’ensemble semble pencher vers le style Hitchcock, à la fois par le suspense de la poursuite et aussi par le style « beauté froide » de la James Bond girl Daniela Bianchi. Bons baisers de Russie est considéré comme l’un des meilleurs de la série par certains amateurs.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sean Connery, Daniela Bianchi, Pedro Armendáriz, Robert Shaw, Bernard Lee, Eunice Gayson
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Bons baisers de Russie
Sean Connery et Daniela Bianchi dans Bons baisers de Russie de Terence Young.

Bons Baisers de Russie
Sean Connery pénétrant dans votre chambre vêtu d’une seule serviette de bain… L’image avait de quoi affoler la gent féminine de l’époque et promût Sean Connery au rang des sex-symbols.  Sean Connery et Daniela Bianchi dans Bons baisers de Russie de Terence Young.

Bons Baisers de Russie
Robert Shaw est un méchant difficile à vaincre dans Bons baisers de Russie de Terence Young.

6 mai 2017

Winter Sleep (2014) de Nuri Bilge Ceylan

Titre original : « Kis Uykusu »

Winter SleepComédien à la retraite, Aydin tient un petit hôtel dans le pittoresque village de Cappadoce en Turquie. Il vit là avec sa sœur Necla, divorcée, et sa très jeune femme Nihal, dont il s’est éloigné sentimentalement. Il se réfugie dans son bureau où il aime écrire de petits textes pour le journal local… Le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan a écrit Winter Sleep avec son épouse Ebru Ceylan, en s’inspirant (une nouvelle fois) de plusieurs nouvelles de Tchekhov. Il s’agit d’un long huis-clos (ou quasi-huis clos) qui tente d’analyser la nature de relations humaines qui reposent sur des déséquilibres et des rancoeurs. C’est au travers de longs dialogues que les rapports d’Aydin d’abord avec sa sœur puis avec sa femme nous sont dévoilés peu à peu, des dialogues qui nous permettent de connaitre ces personnages avec une certaine profondeur et nous donnent les éléments pour en faire une analyse psychologique selon son propre ressenti. Par facilité, on peut bien entendu qualifier tout cela de « bergmanien » mais Nuri Bilge Ceylan a su développer un style qui lui est propre : il y a une certaine impression de douceur dans son cinéma, la photographie est assez belle et, une de fois de plus, nous avons l’impression d’être comme hors du temps. On peut trouver le propos assez pessimiste, toutefois. Palme d’or à Cannes en 2014.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Haluk Bilginer, Melisa Sözen, Demet Akbag
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Winter sleep
Le village de Cappadoce en Turquie dans Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan.

Winter sleep
Haluk Bilginer et Demet Akbag (la soeur) dans Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan.

Winter sleep
Haluk Bilginer et Melisa Sözen (l’épouse) dans Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan.

2 avril 2016

Intrigues en Orient (1943) de Raoul Walsh

Titre original : « Background to Danger »

Intrigues en OrientPendant la Seconde Guerre mondiale, un espion nazi tente d’assassiner l’ambassadeur allemand en Turquie en laissant croire que les coupables sont des russes. Son but est de pousser la Turquie qui est restée neutre à se mettre sous protection allemande. Son plan ayant échoué, il va tenter autre chose… Intrigues en Orient est adapté d’un roman d’Eric Ambler adapté par le grand scénariste W.R. Burnett. Le film fait partie des « petits » Raoul Walsh, le réalisateur avouant dans ses mémoires l’avoir « expédié ». C’est un de ces films destinés à renforcer le sentiment patriotique des américains. Il est néanmoins très bien fait et très prenant, la tension monte graduellement et on ne s’ennuie pas une seconde. Nous retrouvons face à face Sydney Greenstreet et Peter Lorre, tandem que la Warner a utilisé plusieurs fois, avec bonheur le plus souvent, au début de la décennie quarante. Tout laisse à penser que le studio tentait là de retrouver le succès qu’avait eu Casablanca. C’est George Raft qui, cette fois, interprète l’américain intrépide, déterminé et sans peur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: George Raft, Brenda Marshall, Sydney Greenstreet, Peter Lorre, Osa Massen
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Background to danger
George Raft et Osa Massen dans Intrigues en Orient de Raoul Walsh.

Background to danger
Peter Lorre, Brenda Marshall et George Raft dans Intrigues en Orient de Raoul Walsh.

Background to danger
George Raft et Sydney Greenstreet dans Intrigues en Orient de Raoul Walsh.

23 novembre 2015

L’Esclave blanche (1939) de Marc Sorkin

L'esclave blancheJeune femme émancipée, Mireille vient d’épouser un diplomate turc et rentre avec lui dans son pays. Elle découvre alors les règles sociales et la place de la femme qui doit vivre soumise et cachée. Elle va tout faire pour les bousculer… L’Esclave blanche est presque l’unique réalisation de Marc Sorkin (1) qui fut précédemment, et depuis 1924, l’assistant de G.W. Pabst que l’on retrouve ici superviseur artistique. S’inscrivant dans la vogue de l’exotisme des années trente, l’histoire joue sur le choc des cultures mais reste très conventionnelle, très simple et sans subtilité, truffée de clichés. Viviane Romance est à la fois très belle et très crédible ; on ne peut hélas en dire autant de John Lodge, assez gauche dans son interprétation. Marcel Dalio, en sultan, force sans doute un peu trop le côté blasé de son personnage, semblant toujours à la limite de verser dans le comique, mais son interprétation finalement assez riche constitue l’aspect le plus réjouissant de l’ensemble. Les éclairages sont assez travaillés. Film assez rare, L’Esclave blanche est une curiosité.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Viviane Romance, John Lodge, Marcel Dalio, Sylvie, Mila Parély, Roger Blin, Saturnin Fabre
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L'esclave blanche
John Lodge et Viviane Romance dans L’esclave blanche de Marc Sorkin
(non, la photo n’est pas à l’envers… le logo de la SNCF est ainsi dans le film)

(1) Il faut mentionner aussi Cette nuit-là (1933) qu’il a co-réalisé avec Pabst.

10 juillet 2014

Derrière la colline (2012) de Emin Alper

Titre original : « Tepenin ardi »

Derrière la collineAu pied de collines rocheuses, Faik mène une vie de fermier solitaire avec son métayer et sa femme. A son fils et ses petits-enfants venus en visite, il parle du danger des nomades qui traversent la région et font paitre leur troupeau de chèvres sur ses terres. La menace est là, invisible… Derrière la colline est le premier film écrit et réalisé par le cinéaste turc Emin Alper. Le film est avant tout une allégorie de la Turquie d’aujourd’hui (1), allégorie qui prend une belle ampleur par ses décors immenses où la nature semble former un cirque naturel. Ce que l’on craint, l’ennemi, est au delà des collines, hors du champ visuel. Son importance est exagérée, les craintes se s’autoalimentent par des conflits internes tus, des maladresses, voire des hallucinations. L’issue de cette escalade est inévitable. Avec une belle lenteur, Emin Alper sait créer une atmosphère, un climat basé sur la suggestion, un peu oppressant parfois, une sorte de huis clos en plein air. Derrière la colline est un film assez atypique. La beauté et la force de cette allégorie le rendent assez enthousiasmant.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tamer Levent, Reha Özcan, Mehmet Ozgur, Berk Hakman
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(1) La Turquie d’aujourd’hui est « empoisonné par la paranoïa et la suspicion », déplore le metteur en scène. « Ici, je parle de la Turquie dont le climat politique est basé sur ce même besoin de se créer un ennemi. Que ce soit les Kurdes ou un soi-disant complot international sans compter d’innombrables conflits internes. Chez nous, les débats ne peuvent jamais être raisonnables. Car les théories du complot sabrent les fondations de tout débat politique », ajoute le réalisateur.