1 octobre 2022

A nos amours. (1983) de Maurice Pialat

À nos amoursSuzanne a seize ans. En vacances sur la Côte d’Azur, elle repousse Luc, le garçon qui est amoureux d’elle, puis se donne à un Américain inconnu sur la plage. De retour à Paris, elle multiplie les aventures amoureuses…
A nos amours. est un film français réalisé par Maurice Pialat. Il en a coécrit le scénario avec sa compagne Arlette Langmann. Le film a révélé Sandrine Bonnaire, jeune actrice de 15 ans qui n’avait fait auparavant que de la figuration. Le film offre une vision désespérée de l’adolescence et de l’amour à travers le prisme Pialat : la force des sentiments est privilégiée à la narration (qui peut présenter des ellipses brutales), la mise en scène reste brute, les dialogues sont partiellement improvisés, quelques scènes (par exemple le retour inopiné du père pendant le repas) sont même non écrites et totalement improvisées. Pialat pousse tout le monde à bout, ses personnages et ses acteurs, les scènes de dispute sont difficiles à regarder. On peut déceler une certaine misogynie. Pialat interprète lui-même le rôle du père, avec un lien père-fille passablement ambigu qui met mal à l’aise. Le film a connu un très grand succès et dans la filmographie de Pialat, c’est certainement le film qui a eu la plus grande influence sur d’autres cinéastes. Sa vision n’est pas pour autant une partie de plaisir…

Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sandrine Bonnaire, Dominique Besnehard, Evelyne Ker, Cyril Collard, Christophe Odent
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À nos amoursSandrine Bonnaire et Maurice Pialat  dans À nos amours de Maurice Pialat.

À nos amoursSandrine Bonnaire, Evelyne Ker et Dominique Besnehard dans À nos amours de Maurice Pialat.

11 octobre 2020

Les Amours d’une blonde (1965) de Milos Forman

Titre original : « Lásky jedné plavovlásky »

Les amours d'une blonde (Lásky jedné plavovlásky)Zruc, Tchécoslovaquie, années 1960 : l’un des responsables d’une usine de fabrication de chaussures, dont le personnel est très majoritairement jeune et féminin, convainc la hiérarchie militaire d’organiser des manœuvres dans les environs. Son intention est d’organiser des bals pour que ses ouvrières rencontrent des hommes. Peu intéressée par les militaires présents, Andula fait la connaissance du jeune pianiste de l’orchestre et en tombe amoureuse…
Les Amours d’une blonde est le second long métrage de Miloš Forman. Le réalisateur tchécoslovaque de 32 ans dresse un portrait de la jeunesse de son pays natal. S’éloignant du discours officiel, il nous la montre de façon très réaliste, empêtrée dans les conventions sociales, le poids de la famille et le machisme. C’est aussi un portrait social. Il est ainsi très étonnant de voir l’organisation de cette usine : les jeunes filles vivent dans un internat et le responsable veut leur faire rencontrer des hommes afin qu’elles travaillent mieux et que l’usine puisse ainsi atteindre ses quotas de production. Trait caractéristique du cinéaste, surtout dans sa période tchécoslovaque, il utilise largement l’humour et la dérision, y compris dans les scènes plus dramatiques, le meilleur exemple étant la scène chez les parents du jeune homme. En fait, l’humour est présent dans presque toutes les scènes ce qui donne une certaine légèreté à l’ensemble sans en affaiblir le propos. Le film a été très remarqué dans les pays occidentaux à sa sortie.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Hana Brejchová, Vladimír Pucholt, Vladimír Mensík
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Les amours d'une blonde (Lásky jedné plavovlásky)Hana Brejchová dans Les amours d’une blonde (Lásky jedné plavovlásky) de Milos Forman.

2 mars 2020

Tout en haut du monde (2015) de Rémi Chayé

Tout en haut du monde1892, Saint-Pétersbourg. Sacha, une jeune fille de l’aristocratie russe, admire son grand-père, l’explorateur Oloukine, disparu lors de sa dernière expédition à la conquête du Pôle Nord. Lorsque sa réputation est ternie par un odieux conseiller du tsar, la jeune Sacha décide de partir vers le Grand Nord à la recherche du magnifique bateau qu’il avait conçu, le Davaï…
Sur une idée originale de la scénariste Claire Paoletti, complétée avec l’aide Patricia Valeix et Fabrice de Costil, Tout en haut du monde est un beau et exaltant récit à la Jules Verne. L’obstination de cette intrépide jeune fille nous la rend très sympathique et le scénario longuement mûri est une perfection d’équilibre. L’univers picaresque nous enveloppe avec douceur. C’est un dessin animé en aplats de couleurs, entièrement fait sur ordinateur, dont la simplicité de l’animation est largement compensée par une belle harmonie des couleurs. Un vrai bonheur visuel. Le charme agit rapidement.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Christa Théret, Féodor Atkine
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 Tout en haut du mondeTout en haut du monde de Rémi Chayé.

 Tout en haut du mondeTout en haut du monde de Rémi Chayé.

 Tout en haut du mondeTout en haut du monde de Rémi Chayé.

30 janvier 2020

Fortuna (2018) de Germinal Roaux

FortunaUne communauté de religieux catholiques dans un monastère isolé des Alpes suisses accueille temporairement des réfugiés de plusieurs nationalités. Parmi eux, Fortuna est une jeune Ethiopienne de 14 ans qui a perdu ses parents dans une tempête pendant la traversée. Elle rencontre Kabir, un jeune Africain…
Fortuna est écrit et réalisé par le cinéaste suisse Germinal Roaux ; il s’agit de son second long métrage. Son histoire prend la forme d’une fable qui met en relief la difficulté de venir en aide autant que l’on pourrait le souhaiter. Cette situation provoque des questionnements même au sein de la petite communauté de chanoines, écartelés entre leurs convictions religieuses et la complexité des problèmes pratiques qui les détournent de leur vocation première. Le rythme lent donne l’apparence d’un récit méditatif. L’image est un noir et blanc très stylé où les rares éléments du paysage apparaissent en net contraste avec les grandes nappes de neige.  Fortuna est l’un des derniers films de Bruno Gantz.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kidist Siyum, Bruno Ganz, Patrick d’Assumçao, Yoann Blanc
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FortunaKidist Siyum dans Fortuna de Germinal Roaux.

FortunaKidist Siyum et Yoann Blanc dans Fortuna de Germinal Roaux.

FortunaLe monastère (en réalité l’Hospice du Simplon) de Fortuna de Germinal Roaux.

22 septembre 2019

La Jeune fille sans mains (2016) de Sébastien Laudenbach

La Jeune fille sans mainsUn meunier très pauvre est tenté par le diable qui fait jaillir de l’or de sa rivière asséchée. En contrepartie, il doit lui donner sa fille et, devant le refus de celle-ci, lui ordonne de lui couper les mains. Le meunier obéit mais la jeune fille parvient tout de même à s’échapper…
Même si cela paraît difficile à croire, cette histoire épouvantable est bien un conte des frères Grimm. Ce n’est pas l’un des plus célèbres, on comprend aisément pourquoi : les parents ne se précipitent pas pour le raconter à leurs jeunes bambins (le bambin va certainement dormir mais le parent traumatisé est assuré de passer une nuit blanche…) Le thème de La Jeune fille sans mains est principalement celui du passage à l’âge adulte, celui de prendre en main son destin (la formule n’est sans doute pas la plus appropriée ici… désolé) malgré les handicaps et les vilénies. Le plus remarquable dans ce film d’animation est son traitement, assez unique en son genre : Sébastien Laudenbach a dessiné au pinceau sur du papier chaque image, sans faire de line-test (test de l’animation) poussé. Le dessin est stylisé avec souvent seulement quelques traits pour suggérer une forme, objets et personnages étant transparents. Le résultat est étrange et aérien. Il atténue la cruauté du récit qui, je dois l’avouer, m’a mis assez mal à l’aise (car la suite est tout aussi épouvantable que le début… mais cela finit bien, ouf !)
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Anaïs Demoustier
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La Jeune fille sans mainsLa Jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach.

La Jeune fille sans mainsLa Jeune fille sans mains (ici elle est endormie) de Sébastien Laudenbach.

La Jeune fille sans mainsLa Jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach.

28 juillet 2018

Je la connaissais bien (1965) de Antonio Pietrangeli

Titre original : « Io la conoscevo bene »
Autre titre français : « L’amour tel qu’il est »

Je la connaissais bienJeune provinciale venue à Rome, Adriana fait divers petits métiers mais rêve d’être une actrice. Elle multiplie les aventures sans lendemain…
Ecrit avec le tandem Ruggero Maccari et Ettore Scola, Je la connaissais bien nous dresse le portrait d’une jeune femme qui semble à peine sortie de l’adolescence et qui reste très ingénue malgré son grand pouvoir d’attraction sur les hommes. Sa candeur va se heurter au machisme de la société italienne. d’Antonio Pietrangeli nous place très près de son héroïne à laquelle Stefania Sandrelli donne vie avec beaucoup de naturel et de sensualité. De temps à autre, elle semble nous prendre à témoin par des regards-caméra furtifs. Pietrangeli multiplie les longs travellings, s’attarde sur certains éléments, pratique des ellipses inattendues mais subtiles. Tout ceci donne une beauté formelle au film qui semble nous envelopper. A noter, un beau petit rôle pour Ugo Tognazzi qui nous gratifie d’un incroyable numéro de claquettes! Je la connaissais bien sera le dernier long métrage achevé d’Antonio Pietrangeli.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Stefania Sandrelli, Mario Adorf, Jean-Claude Brialy, Nino Manfredi, Ugo Tognazzi
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Je la connaissais bien
Stefania Sandrelli dans Je la connaissais bien de Antonio Pietrangeli.

2 avril 2017

Manon (1949) de Henri-Georges Clouzot

ManonEn juin 1944 en Normandie, le jeune FFI Robert Desgrieux tombe amoureux de Manon, condamnée par la rumeur publique. Ils fuient ensemble à Paris pour retrouver le frère de Manon qui fait des petits trafics sur le marché noir… Ce Manon d’Henri-Georges Clouzot n’est pas la première adaptation au cinéma du roman de l’Abbé Prévost Manon Lescaut (7 volumes rédigés entre 1727 et 1731) mais, avec l’aide de Jean Ferry, il l’a transposé pour la première fois à l’époque moderne, en l’occurrence la période de l’après-guerre. Cela reste une histoire d’amour fou mais témoigne aussi des troubles de son époque et de l’amoralisme des trafics. Il y a ainsi un contraste appuyé entre les ignominies du monde et la naïveté (ou l’aveuglement) de l’amour : « Rien n’est sale quand on s’aime » croit Manon. Le parallèle a souvent été fait avec Loulou de Pabst : c’est vrai sur le plan de l’amour fou qui peut nous conduire à faire des choses contraires à notre volonté, vrai aussi sur le petit scandale créé par l’amoralité du film, mais plutôt moins sur le personnage de la jeune femme, celui incarné par Louise Brooks paraissait plus réfléchi. Cela ne l’empêche pas d’être assez complexe. L’écrivain de cinéma Ado Kyrou a bien décrit Manon : « Dans une totale ignorance du mal, dans une instinctive négation du « péché », elle cherche désespérément à être femme tout en réalisant l’amour fou avec l’homme qu’elle aime. » A peine âgée de 20 ans, Cécile Aubry incarne son personnage avec beaucoup de candeur. Elle ne fera pas une grande carrière par la suite : son nom est probablement aujourd’hui plus connu de tous comme auteur de Belle et Sébastien. Manon est le premier grand rôle pour Michel Auclair, assez brillant dans son interprétation, un acteur que l’on posait alors en rival potentiel de Gérard Philipe. Le film d’Henri-Georges Clouzot est admirablement mis en scène. Le cinéaste alterne des moments de grande virtuosité (la scène du train bondé par exemple) avec des scènes à la fois tragiques et lyriques, et même audacieuses : cette scène finale où Desgrieux transporte sa Manon d’une façon si particulière dans le désert est assez inouïe, presque christique.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Serge Reggiani, Michel Auclair, Cécile Aubry, Andrex, Raymond Souplex, André Valmy, Henri Vilbert
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Manon
Michel Auclair et Cécile Aubry dans Manon de Henri-Georges Clouzot.

Remarques :
* Le second du navire est interprété par le jeune Michel Bouquet (sa 3e apparition à l’écran).
* Première apparition à l’écran pour Rosy Varte : elle est la maitresse de Serge Reggiani.

Principales adaptations :
1912 – Manon Lescaut, film français d’Albert Capellani
1926 – Manon Lescaut, film allemand de Arthur Robison avec Lya De Putti
1927 – Le Roman de Manon (When a Man Loves), film d’Alan Crosland avec John Barrymore et Dolores Costello
1940 : Manon Lescaut, film italien de Carmine Gallone avec Alida Valli et Vittorio De Sica
1949 – Manon, film d’Henri-Georges Clouzot
1954 – Les amours de Manon Lescaut, film italien de Mario Costa
1968 – Manon 70, film français de Jean Aurel avec Catherine Deneuve et Sami Frey
+ plusieurs adaptations pour la télévision dont une mini-série française (1978) avec Fanny Cottençon,
et Manon est également un opéra-comique de Jules Massenet.

20 octobre 2016

Lolita (1962) de Stanley Kubrick

LolitaUn professeur cinquantenaire tombe désespérément amoureux de la fille de sa logeuse… La réputation sulfureuse du roman de Nobokov rendait son adaptation délicate. La première difficulté était bien entendu de pouvoir passer la censure et de faire accepter le projet par les ligues de vertu, alors très puissantes. Faire vieillir Lolita de quelques années fut le premier stratagème : au lieu d’avoir 12 ans comme dans le roman, l’actrice Sue Lyon en avait 14 au moment du tournage et en paraissait deux de plus. Il fallut bien aussi mettre en sourdine l’aspect érotique du récit. Mais la difficulté principale était d’avoir suffisamment de talent pour ne pas faire de cette description d’un amour obsessionnel une histoire salace ou sordide. Du talent, Kubrick en a et, tout comme le charme du roman de Nabokov doit beaucoup à la très grande qualité de son écriture, le film Lolita est plus séduisant par le traitement qu’en fait Kubrick. Sa façon de construire ses scènes est assez remarquable. Côté acteurs, il leur a laissé une part d’improvisation et cela augmente d’autant l’authenticité. James Mason a juste ce qu’il faut d’ironie distante et Kubrick accentue le ton sardonique du récit avec le personnage joué par Peter Sellers, dont l’humour peut paraître décalé mais qui participe à l’équilibre global. En quelque sorte, il nous fait prendre du recul. Kubrick est aussi ironique envers l’american way of life avec l’insupportable mère de Lolita, jouée par Shelley Winters. La jeune Sue Lyon est étonnante par son alliance de charme et de complexité, exprimant toute l’ambigüité de son rôle : dès sa première scène, on se demande s’il s’agit d’une ingénue ou d’une manipulatrice. On ne le saura jamais. En revanche, le glissement de James Mason vers la folie est patent et son obsession pour une chose qu’il ne peut posséder finit par nous émouvoir.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: James Mason, Shelley Winters, Sue Lyon, Peter Sellers
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Lolita
Sue Lyon dans Lolita de Stanley Kubrick.

Lolita
James Mason et Sue Lyon dans Lolita de Stanley Kubrick.

Lolita
Marianne Stone et Peter Sellers (au premier plan) écoutent subrepticement James Mason et Sue Lyon (à l’arrière plan) dans Lolita de Stanley Kubrick.

Remarques :
* Kubrick avait demandé à Nabokov d’écrire le scénario et s’en mordit les doigts quand il reçut un manuscrit de 400 pages. Il entreprit alors de le simplifier et de le transformer… Nabokov a estimé que Kubrick n’avait utilisé qu’environ vingt pour cent de son texte tout en s’estimant heureux du résultat.

* Kubrick a beaucoup développé le personnage de Clare Quilty (Peter Sellers) .

* Stanley Kubrick raconte : « L’un des problèmes majeur avec le livre, et avec le film, même dans son adaptation, c’est que le principal intérêt de l’histoire se résume à la question : « Est-ce qu’Humbert va coucher avec Lolita ? » … Pour éviter ce problème dans le film, Nabokov et moi, nous sommes tombés d’accord pour qu’Humbert tue Quilty sans explication dès le début, pour faire en sorte que le public se demande pendant tout le film ce que Quilty avait bien pu faire. » (interview de Joseph Gelmis, 1970)

* A l’origine, Peter Sellers devait se déguiser en femme pour jouer le rôle du psychologue scolaire (il existe une photo de tournage où l’on voit Sellers ainsi déguisé). Mais au dernier moment, Sellers et Kubrick sont tombés d’accord pour dire que ce serait trop exagéré et le personnage du Docteur Zemph fut inventé sur place.

Remake :
Lolita d’Adrian Lyne (1997) avec Jeremy Irons, Dominique Swain, Melanie Griffith

27 février 2016

Pauvres mais beaux (1957) de Dino Risi

Titre original : Poveri ma belli

Pauvres mais beauxRomolo et Salvatore sont voisins et amis depuis toujours. Ils font tout ensemble, y compris draguer les filles après le travail. Mais après avoir fait la connaissance de Giovanna, leur amitié est mise durement à l’épreuve car ils sont tous deux amoureux d’elle… Parmi les premiers films de Dino Risi (il s’agit de son 6e long métrage), Pauvres mais beaux est l’un des plus personnels. Ecrit par une nouvelle génération de scénaristes (le tandem Pasquale Festa Campanile et Massimo Franciosa), il montre un ton nouveau. Avec le recul, on mesure mieux à quel point cette comédie est le reflet d’un profond changement dans la société italienne et annonce la révolution sociale des années soixante. Même s’ils sont pauvres, et le décor pourrait être celui d’un film néoréaliste, ses personnages ne sont pas des victimes des mutations économiques mais bénéficient d’une modernité où l’insouciance retrouve une place prépondérante (1). L’autre élément marquant est le personnage de jeune fille très émancipée et sûre d’elle-même qui, dans un environnement pourtant très machiste, entend choisir son prétendant et n’hésite pas à les mettre en compétition. C’est un personnage de femme très moderne. Mais Pauvres mais beaux est avant tout une comédie avec une bonne dose d’humour. Les dialogues et situations sont savoureux. L’ensemble est très positif. Le film connut un grand succès, à tel point que Dino Risi lui a donné deux suites : Beaux mais pauvres (Belle ma povere, 1957) et Poveri milionari (1959).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marisa Allasio, Maurizio Arena, Renato Salvatori
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Remarques :
* Le film a été tourné directement dans les rues de Rome.
* Marisa Allasio, qui montre à la fois beaucoup de charme et beaucoup de présence à l’écran, n’a pas eu une grande carrière au cinéma. Elle n’a que peu tourné après s’être mariée en 1958 à un comte.

(1) On peut ainsi situer ce film dans la lignée de Dimanche d’Août de Luciano Emmer (1950).

Pauvres mais beaux
Renato Salvatori, Marisa Allasio et Maurizio Arena dans Pauvres mais beaux de Dino Risi (photo publicitaire).

4 juillet 2015

Ames perdues (1977) de Dino Risi

Titre original : « Anima persa »

Âmes perduesLe jeune Tino arrive à Venise pour étudier la peinture. Il réside chez sa tante Elisa qui vit dans une grande demeure avec son mari Fabio, un homme rigide qui a une grande emprise sur elle. Rapidement, Tino se rend compte qu’il y a une autre personne dans la maison et il va peu à peu découvrir un étrange secret… A partir du milieu des années soixante dix, le « roi de la comédie italienne » Dino Risi semble chercher un statut plus respectable, notamment avec des adaptations littéraires comme c’est le cas pour cet Ames perdues basé pour le roman homonyme de Giovanni Arpino. Si le réalisateur ne semble pas parfaitement à son aise dans ce genre de drame psychologique (certains critiques parlent même « d’incertitude stylistique »), il sait créer une atmosphère très particulière et insolite. Ses personnages vivent dans un univers hors du temps d’où suinte une certaine angoisse : « Je commence à m’effacer » nous dit une Catherine Deneuve diaphane dans une maison où la plupart des pièces sont inutilisées. Ces grandes demeures de Venise forment un univers à l’abandon, dont les habitants ne se montrent jamais ; un lent processus de décomposition auquel répond la solitude noire et profonde d’un homme qui ne peut communiquer. Son acteur fétiche Vittorio Gassman est idéal pour ce type de rôle particulièrement schizophrénique et Catherine Deneuve (évidemment doublée en italien) est d’une grande beauté fragile. Ames perdues est un film assez noir que l’on peut considérer dans la lignée de Parfum de femme (1974).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Catherine Deneuve, Danilo Mattei
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Ames perdues
Danilo Mattei dans Âmes perdues de Dino Risi

Ames perdues
Catherine Deneuve dans Âmes perdues de Dino Risi

Ames perdues
Vittorio Gassman dans Âmes perdues de Dino Risi