4 mars 2015

Le Choc des mondes (1951) de Rudolph Maté

Titre original : « When Worlds Collide »

Le choc des mondesDes astronomes viennent de découvrir qu’un astre accompagné de ses planètes se dirige à grande vitesse vers la Terre qui sera détruite par collision. Ils ne sont d’abord pas pris au sérieux mais parviennent à entreprendre la construction d’une fusée qui pourra transporter une quarantaine de passagers vers une planète qui semble habitable… Dès 1934, Cecil B. DeMille avait manifesté l’intention d’adapter ce roman de Philip Wylie et Edwin Balmer. Paramount ressort le projet après le succès de Destination Moon (1950) déjà produit par George Pal. Bien évidemment, le film pourra sembler vieillot aux yeux actuels mais les effets spéciaux n’en étaient pas moins assez remarquables pour l’époque : maquettes, utilisation d’images réelles pour simuler les catastrophes, décors créés et toiles peintes. Le Choc des mondes fut récompensé par un Oscar pour les effets spéciaux de Gordon Jennings. Le scénario, sans être puissant, est bien équilibré avec une (inévitable) histoire d’amour qui ne prend pas trop de place. On peut être amusé par les références bibliques un peu appuyées qui entourent cette nouvelle Arche de Noé. Le Choc des mondes est à ranger parmi les films fondateurs de la science-fiction des années cinquante au cinéma. Il devait être suivi d’une suite qui ne vit jamais le jour.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Richard Derr, Barbara Rush, Peter Hansen
Voir la fiche du film et la filmographie de Rudolph Maté sur le site IMDB.

 

Le Choc des mondes (1951) de Rudolph Maté
La fusée en construction sur sa rampe de lancement (When Worlds collide)

Remarques :
* Rudolph Maté fut le chef-opérateur de Dreyer (sur La passion de Jeanne d’Arc et Vampyr notamment) et aussi de Hitchcock.
* Les décors de la planète sont de Chesley Bonestell qui créera certains décors de La Guerre des mondes (1953) et de La Conquête de l’espace (1955).
* Le livre de Philip Wylie et Edwin Balmer fut édité en 1933. Ils lui donnèrent une suite : After Worlds collide (1934).
* Un remake est en cours de production.

Le Choc des mondes (1951) de Rudolph Maté

3 mars 2015

Païsa (1946) de Roberto Rossellini

Titre original : « Paisà »

PaïsaSix sketches dans l’Italie en guerre entre l’été 1943 et le printemps 1945. 1) En Sicile, lors du débarquement de juillet 1943, une petite troupe de soldats américains se fait guider par une jeune fille qui sera accusée à tort. 2) A Naples, un gamin vole les chaussures d’un soldat américain. Lorsqu’il retrouve l’enfant, il entreprend de le ramener à ses parents mais découvre qu’il est orphelin et vit dans une misère la plus totale. 3) A Rome, une jeune fille devenue prostituée ramasse un soldat américain saoul et reconnait celui qu’elle avait accueilli six plus tôt et qui avait promis de venir la chercher. 4) A Florence, en pleine bataille pour la libération de la ville, une infirmière anglaise cherche à rejoindre le chef des partisans avec qui elle avait eu une aventure avant la guerre. 5) Dans l’Apennin du Nord, trois aumôniers militaires américains sont accueillis pour la nuit dans un couvent franciscain. Lorsque les moines réalisent que l’un est protestant et l’autre juif, ils décident de jeuner pour obtenir leur conversion. 6) Dans le delta du Pô, des partisans en petit nombre et quelques parachutistes alliés se battent désespérément contre les Allemands dans les marais… En suivant la progression des Alliés, du sud au nord, les six sketches de Païsa nous dressent un portrait de l’Italie se libérant du joug allemand, un portrait d’un réalisme presque documentaire et présentant la situation du peuple italien sous de nombreuses facettes. Tourné peu de temps après les évènements qu’il relate, au milieu du grouillement des rues encore emplies de soldats alliés et des décombres, Païsa est plus qu’un témoignage, c’est une réflexion sur l’avenir de son pays et des hommes qui le composent. Le plus étonnant, c’est le recul dont fait preuve Rossellini alors que ces évènements n’ont que quelques mois, que l’avenir est totalement incertain. La vision qu’il nous propose semble être à la fois de l’intérieur et de l’extérieur. Rome, ville ouverte était une vision à l’échelle d’une ville, Paisa est à l’échelle d’un pays.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Maria Michi, Harriet Medin, William Tubbs
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Païsa (1946) de Roberto Rossellini

Remarques :
* Coscénariste et assistant sur le tournage de Païsa, Federico Fellini raconte : « Je crois avoir appris de Rossellini ­ un apprentissage jamais traduit en paroles, jamais exprimé, jamais transformé en programme ­ la possibilité de marcher en équilibre au milieu des conditions les plus hostiles, les plus opposées, et en même temps la capacité naturelle de tourner à son propre avantage ces adversités, de les transformer en un sentiment, en des valeurs émotionnelles, en un point de vue. »

* Rome, ville ouverte (1945), Paisa (1946) et Allemagne année zéro (1947) forment ce que l’on appelle « la trilogie néoréaliste de Rossellini ».

Païsa (1946) de Roberto Rossellini
Gar Moore et Maria Michi dans la troisième séquence de Païsa de Roberto Rossellini

2 mars 2015

Un crime dans la tête (1962) de John Frankenheimer

Titre original : « The Manchurian Candidate »

Un crime dans la têtePendant la Guerre de Corée, un petit groupe de soldats américains est capturé l’ennemi. Après être rentré au pays sous les honneurs, le major Marco est en proie à un malaise permanent alimenté par ses cauchemars récurrent : il se voit face à des militaires russes et chinois qui lui ont fait subir un lavage de cerveaux élaboré ce qui leur permet d’avoir sur lui un contrôle à distance… The Manchurian Candidate est adapté d’un roman de Richard Condon. C’est une histoire assez extravagante qu’il faut la replacer dans son contexte de 1962, c’est-à-dire en pleine Guerre Froide qui alimentait les fantasmes les plus fous. Mais on finit par y croire grâce aux talents de mise en scène de Frankenheimer : le montage est assez remarquable (la scène du cauchemar est franchement exceptionnelle dans son montage), les mouvements de caméra et les angles de prise de vue sont très travaillés. Le réalisateur utilise en outre des focales courtes pour accentuer l’impression de rêve (cauchemar) éveillé. Il instaure finalement un climat surréaliste et anxiogène qu’il appuie encore en introduisant le personnage d’Eugenie (Janet Leigh) dont on ne parvient pas à deviner les motivations. Côté acteurs, Sinatra est égal à lui-même, c’est-à-dire mauvais, mais Angela Lansbury et Laurence Harvey (la mère et le fils) font tous deux une prestation superbe.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Frank Sinatra, Laurence Harvey, Janet Leigh, Angela Lansbury, James Gregory
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Un crime dans la tête (1962) de John Frankenheimer
Malgré une différence d’âge de seulement trois années entre les deux acteurs, Angela Lansbury et Laurence Harvey sont mère et fils dans Un crime dans la tête (The Manchurian Candidate) de John Frankenheimer.

Remarques :
* The Manchurian Candidate est sorti sur les écrans un an avant l’assassinat du Président Kennedy (qui avait d’ailleurs donné son aval au film).
* La rumeur qui affirme que le film a été plus ou moins retiré de la circulation sous l’accusation d’avoir inspiré Lee Harvey Oswald serait totalement fausse.
* Dans la scène où il montre le jeu de cartes à son ami, Sinatra est franchement flou. Ce n’était pas un effet intentionnel mais accidentel. Frankenheimer a dû se résoudre à utiliser ce plan qui était celui où Sinatra était le meilleur (il était toujours très difficile de faire rejouer une scène à Sinatra).
* Remake :
Un crime dans la tête (The Manchurian Candidate) de Jonathan Demme (2004) avec Denzel Washington, Liev Schreiber et Meryl Streep.

1 mars 2015

The Unsuspected (1947) de Michael Curtiz

Titre français : « Le crime était presque parfait »

Ne pas confondre ce film avec celui d’Alfred Hitchcock : Le crime était presque parfait (1954). A part le titre français, ils n’ont rien en commun.

Le crime était presque parfaitLa secrétaire de Victor Grandison, animateur d’une série criminelle à la radio, est retrouvée pendue dans la maison de son patron. Par ailleurs, Grandison a deux nièces dont l’une est en voyage à l’étranger. On la dit morte dans l’incendie du bateau qui la transportait. Un homme se présente au domicile comme étant son mari… L’histoire de The Unsuspected est adaptée d’un roman de Charlotte Armstrong (1). Elle est un peu complexe du fait du nombre de personnages mais les évènements s’enchaînent plutôt bien, même si on pourra objecter que l’ensemble n’est pas toujours très crédible. Michael Curtiz se livre avec son chef opérateur Woody Bredell (qui venait d’achever le tournage de Les Tueurs de Siodmack) à de nombreuses recherches sur l’éclairage, les ombres, les reflets qui rendent le film assez remarquable par son style. Les seconds rôles masculins sont un peu faibles, défaut qui est bien contrebalancé par la présence de Claude Rains et par les rôles féminins, tous très bien tenus. The Unsuspected est un film noir à découvrir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Joan Caulfield, Claude Rains, Audrey Totter, Constance Bennett, Hurd Hatfield, Fred Clark
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The Unsuspected (1947) de Michael Curtiz
Audrey Totter et Ted North dans The Unsuspected de Michael Curtiz

The Unsuspected (1947) de Michael Curtiz
Plongée vertigineuse et travail sur les éclairages… Joan Caulfield dans The Unsuspected de Michael Curtiz

(1) A noter que Claude Chabrol a adapté deux romans de Charlotte Armstrong : La Rupture (1970) et Merci pour le chocolat (2000).

28 février 2015

Sommaire de février 2015

Sous surveillanceLa Vengeance du docteur JoyceFisher King ? Le Roi pêcheurRome, ville ouverteZeligLe convoi de la peurLe Salaire de la peurLa Femme à abattre

Sous surveillance

(2012) de Robert Redford

La Vengeance du docteur Joyce

(1947) de Lawrence Huntington

Fisher King ? Le Roi pêcheur

(1991) de Terry Gilliam

Rome, ville ouverte

(1945) de Roberto Rossellini

Zelig

(1983) de Woody Allen

Le convoi de la peur

(1977) de William Friedkin

Le Salaire de la peur

(1953) de Henri-Georges Clouzot

La Femme à abattre

(1951) de Bretaigne Windust et Raoul Walsh

Contes de l'au-delà ? Le cinéma de M. Night ShyamalanThemrocLes Anges du péchéLes Fraises sauvagesLes CombattantsOthelloCésarFanny

Le cinéma de M. Night Shyamalan

(2015) Livre de Hugues Derolez

Themroc

(1973) de Claude Faraldo

Les Anges du péché

(1943) de Robert Bresson

Les Fraises sauvages

(1957) de Ingmar Bergman

Les Combattants

(2014) de Thomas Cailley

Othello

(1952) de Orson Welles

César

(1936) de Marcel Pagnol

Fanny

(1932) de Marc Allégret

MariusTirez la langue, mademoiselleExodusLe Fil du rasoirAmatorAnna et les loupsMoanaNanouk l'Esquimau

Marius

(1931) de Alexander Korda

Tirez la langue, mademoiselle

(2013) de Axelle Ropert

Exodus

(1960) de Otto Preminger

Le Fil du rasoir

(1946) de Edmund Goulding

Amator

(1979) de Krzysztof Kieslowski

Anna et les loups

(1972) de Carlos Saura

Moana

(1926) de Robert Flaherty

Nanouk l’Esquimau

(1922) de Robert Flaherty

Nombre de billets : 24

27 février 2015

Sous surveillance (2012) de Robert Redford

Titre original : « The Company You Keep »

Sous surveillanceUn paisible avocat se retrouve rattrapé par son passé de militant activiste : dans les années soixante-dix, il a été membre d’un groupe radical qui s’est sinistrement illustré par des attentats… Adapté d’un roman de Neil Gordon, Sous surveillance est le neuvième long métrage réalisé par Robert Redford. On aurait aimé être plus enchantés mais il se dégage de l’ensemble une impression de vieux héros fatigué. Le sujet n’arrange pas les choses puisqu’il s’agit justement de militants extrémistes qui s’interrogent sur leur engagement d’il y a quarante ans. Ce pourrait d’ailleurs être un sujet si Robert Redford avait choisi de le traiter, mais le film reste au niveau d’un thriller basé sur une traque un peu poussive. Le film se regarde sans déplaisir toutefois, grâce à un beau plateau d’acteurs. Shia LaBeouf en jeune journaliste gonflé et opiniâtre, dans un style qui n’est pas sans rappeler Robert Redford dans Les Hommes du Président, permet de faire baisser un peu la moyenne d’âge.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Redford, Shia LaBeouf, Julie Christie, Susan Sarandon, Nick Nolte, Chris Cooper, Terrence Howard, Stanley Tucci, Richard Jenkins, Anna Kendrick, Brendan Gleeson, Brit Marling
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Sous surveillance de Robert Redford
Robert Redford et Richard Jenkins dans Sous surveillance.

26 février 2015

La Vengeance du docteur Joyce (1947) de Lawrence Huntington

Titre original : « The Upturned Glass »

La vengeance du docteur JoycePour illustrer son cours de psychologie criminelle, un professeur d’université raconte le cas d’un meurtre commis par vengeance, par une personne qu’il dit parfaitement lucide et sain d’esprit, un neurochirurgien de talent … The Upturned Glass est le premier des quelques films britanniques produits par James Mason. Il en a écrit l’histoire avec sa femme Pamela qui joue l’un des rôles principaux (la belle-soeur Kate), une histoire qui s’inscrit dans cette veine psychanalytique de la seconde moitié des années quarante. Elle évoque notamment certains films d’Hitchcock comme Spellbound. La direction de Lawrence Huntington n’est pas spécialement remarquable. S’il n’est un pas un grand film, The Upturned Glass comporte plusieurs originalités qui le rende séduisant : la construction est assez particulière et c’est alors que l’on est persuadé de sa composition qu’elle se révèle tout autre ; le déroulement du scénario est parfait, avec une distanciation élégante ; la fin est inattendue, elle est du genre que l’on ne peut trouver dans les films hollywoodiens. Et, bien entendu, il y a la présence de James Mason dans un rôle qui lui va (on s’en doute puisqu’il l’a écrit) comme un gant. Peu répandu, The Upturned Glass est un film qui ne manque pas de charme.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Mason, Rosamund John, Pamela Mason
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Remarque :
* James Mason a signé le scénario sous le John Monaghan. Pamela Mason apparaît quant à elle sous le nom Pamela Kellino (le nom de son premier mari) qui était alors son nom de scène.

The Upturned Glass
James Mason dans The Upturned Glass (1947)

25 février 2015

Fisher King – Le Roi pêcheur (1991) de Terry Gilliam

Titre original : « The Fisher King »

Fisher King - Le roi pêcheurJack est un animateur de radio populaire pour son franc parler mais très imbu de sa personne. Lorsqu’un déséquilibré prend certains de ses propos désinvoltes comme une incitation à aller tuer sept personnes dans un restaurant, il abandonne tout et se laisse aller. Il rencontre un clochard dans lequel il entrevoit un moyen de se racheter… Pour la première fois, Terry Gilliam n’a pas écrit lui-même le scénario de Fisher King, il est signé par Richard LaGravenese. Le projet était visiblement ambitieux, il est patent que Terry Gilliam désirait réussir à la fois sur le plan artistique et commercial (son film précédent Münchhausen avait été un échec) et mettant sur pied un grand film riche aux connotations fantastiques. Il semble vouloir revisiter le mythe du Graal mais surtout celui de Don Quichotte qui lui permet de nous gratifier de très belles scènes comme celle où il transforme l’immense hall de la Gare centrale de New York en une gigantesque piste de danse. Outre les superbes plans dont Gilliam a le secret (ah, cette plongée vertigineuse sur une limousine noire aux milieu de taxis jaunes), Fisher King est aussi l’occasion de puissantes prestations d’acteur : Robin Williams et Jeff Bridges sont ici dans l’un de leurs meilleurs rôles et on peut en dire autant de Mercedes Ruehl (c’est elle qui gagnera l’Oscar). Le quatrième personnage principal, Lydia (Amanda Plummer), est étonnamment traité comme un personnage de dessin animé, on peut sans doute y voir là certaines intentions commerciales. Elles sont encore plus nettes lors du dénouement, en parfait happy end. Malgré ces petites faiblesses, Fisher King reste un film assez puissant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robin Williams, Jeff Bridges, Mercedes Ruehl, Amanda Plummer
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Fisher King
Robin Williams et Jeff Bridges dans Fisher King de Terry Gilliam.

24 février 2015

Rome, ville ouverte (1945) de Roberto Rossellini

Titre original : « Roma città aperta »

Rome, ville ouverteDans Rome occupée par les Allemands pendant l’hiver 1943-1944, la veuve Pina va se remarier avec Francesco, un jeune typographe qui travaille dans la clandestinité pour la Résistance. Il est en contact avec un de leurs chefs, communiste, et avec le curé du quartier qui leur fournit des faux papiers… Rome, ville ouverte est un film charnière dans l’histoire du cinéma : s’il n’est pas, à proprement parler, le premier film italien à s’inscrire dans le courant néoréaliste (1), il est celui qui a eu le plus grand impact sur son essor. En totale opposition aux films surfaits créés sous Mussolini, période dite des «Téléphones blancs» (2), le néoréalisme est plus proche de la réalité des spectateurs et emploie des acteurs non-professionnels (des « non-acteurs » comme le dira Rossellini, c’est-à-dire faire jouer un boulanger par un boulanger). Tourné peu après les évènements qu’il décrit, Rome, ville ouverte en exprime toute la réalité et le ressenti mais sa force profonde est certainement plus sur le plan de l’humanisme, par ces questionnements qu’il suscite sur la (re)définition d’un être humain.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Aldo Fabrizi, Anna Magnani, Marcello Pagliero
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Rome, ville ouverte
Anna Magnani dans Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini

Remarques :
* Basé en grande partie sur des faits réels, le scénario a été écrit principalement par Sergio Amidei et Roberto Rossellini, avec l’aide additionnelle de Federico Fellini et Alberto Consiglio.
* Rome a été déclarée « ville ouverte » en août 1943 après la destitution et l’arrestation de Mussolini. D’alliés, les allemands se sont alors transformés en occupants.
* Rossellini a tourné avec des moyens de fortune ce qui explique le manque de contraste de l’image.
* Rome, ville ouverte (1945), Paisa (1946) et Allemagne année zéro (1947) forment ce que l’on appelle « la trilogie néoréaliste sur la guerre de Rossellini ».

(1) Chronologiquement parlant, le premier film néoréaliste serait plutôt Les Amants diaboliques (Ossessione) de Luchino Visconti (1943).
(2) La période dite des « Téléphones blancs » (Telefoni bianchi) correspond à la brève période d’euphorie ambiante en Italie qui précédé la Seconde Guerre mondiale. Les films de cette époque mettaient souvent en scène des femmes riches dont les intrigues romantiques se déroulaient en partie au téléphone… Il y avait toujours au moins une scène où l’héroïne était au téléphone, toujours blanc, cette nouvelle couleur pour les téléphones étant alors synonyme de grand luxe.

23 février 2015

Zelig (1983) de Woody Allen

ZeligLe film Zelig se présente comme un (faux) reportage sur un étrange phénomène qui est intervenu à la fin des années 20. Un homme du nom de Leonard Zelig est apparu en diverses circonstances en transformant son apparence et sa personnalité en fonction des personnes qu’il côtoyait : noir au milieu de noirs, parlant comme un docteur au milieu de docteurs. Un véritable homme-caméléon… Zelig est unique en son genre dans la filmographie de Woody Allen. La prouesse technique d’avoir recréé de toutes pièces des archives d’époque parfaitement crédibles a certainement fait passer au second plan le propos de Woody Allen sur le thème de l’identité et du rapport à autrui. Son homme-caméléon désire se fondre dans la masse pour être aimé et, ce faisant, il abandonne son libre-arbitre pour le suivisme ce qui le précipite dans les bras du fascisme. De plus, c’est le premier film où il évoque ouvertement l’antisémitisme, même si c’est de façon très humoristique. Il y a en effet beaucoup d’humour dans les textes mais cela va très vite et arrive sans crier gare. Zelig est bien plus qu’un film atypique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Woody Allen, Mia Farrow
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zelig de Woody Allen

Remarques :
* Contrairement à ce que l’on peut lire ici et là, il n’y a que très peu d’incrustations animées dans Zelig (trois ou quatre d’après Woody Allen lui-même). Toutes les scènes ont en fait été recréées et tournées en utilisant du matériel d’époque, trafiquant l’obturateur pour avoir de belles sautes de film et rayant légèrement la pellicule à la main et lui faisant subir divers mauvais traitements. En revanche, il y a beaucoup d’incrustations sur photographie (tel l’exemple ci-dessus) faites à la main, au ciseau.

* Personnes réelles jouant leur propre rôle et interviewées dans les scènes actuelles : le psychanalyste Bruno Bettelheim, les écrivains Susan Sontag et Saul Bellow, le critique littéraire Irving Howe, l’historien John Morton Blum.

* Liste des personnes réelles apparaissant dans les images d’actualité (photos fixes ou animées) : Max Amann, Josephine Baker, Clara Bow, Fanny Brice, Wilhelm Brückner, James Cagney, Al Capone, Charlie Chaplin, Calvin Coolidge, Marion Davies, Sepp Dietrich, Joe DiMaggio, Marie Dressler, F. Scott Fitzgerald, Lou Gehrig, Joseph Goebbels, Hermann Göring, Harold ‘Red’ Grange, William Randolph Hearst, Rudolf Hess, Adolf Hitler, Bobby Jones, Robert Ley, Charles Lindbergh, Carole Lombard, Adolphe Menjou, Tom Mix, Pope Pius XI, Dolores del Río, Billy Rose, Babe Ruth, Julius Schaub, Gregor Strasser, Julius Streicher, Franz von Epp, Franz Pfeffer von Salomon, Jimmy Walker, and Claire Windsor (liste fournie par IMDB).