28 décembre 2021

Nous nous sommes tant aimés! (1974) de Ettore Scola

Titre original : « C’eravamo tanto amati »

Nous nous sommes tant aimés! (C'eravamo tanto amati)Italie, 1944. Gianni, Nicola et Antonio se lient d’amitié alors qu’ils ont pris le maquis pour combattre les Allemands. Lorsque sonne l’heure de la libération, un monde nouveau s’offre à eux. Militants fervents, pleins de rêves et d’illusions, les voici prêts à faire la révolution. Mais ils vont avoir des parcours très différents…
Nous nous sommes tant aimés! est un film italien réalisé par Ettore Scola. Il en a écrit le scénario, particulièrement brillant, avec le fameux duo Age et Scarpelli. Il s’agit du constat amer de l’échec des idéaux d’une génération : « Nous voulions changer le monde, mais le monde nous a changés ! » se lamente Nicola. Le récit est habilement construit autour de trois personnages qui symbolisent trois attitudes différentes (l’intellectuel égocentrique, l’arriviste compromis, l’homme simple qui subit mais ne renonce pas). Un personnage féminin, également en perte d’illusions, les relie entre eux. Le propos de Scola est terriblement pessimiste puisque le seul des trois qui s’en tire assez bien est très candide, même un peu simplet. Tous les trois (quatre avec la femme) ont le sentiment d’avoir gâché leur vie. Malgré cette noirceur de propos, le film est amusant, mêlant comédie, engagement politique et drame comme seul le cinéma italien parvient à le faire. Sur ce plan, Nous nous sommes tant aimés! est proche de la perfection. De plus, Ettore Scola s’amuse avec de petits effets visuels ou narratifs, pas toujours parfaitement intégrés au récit mais qui renforcent l’aspect comédie. Le film nous offre aussi une mise en abyme du cinéma avec, en prime, une scène reconstituée du tournage de La Dolce Vita avec Fellini et Mastroianni apparaissant dans leur propre rôle. Cette scène, presque irréelle, symbolise la part de rêve qu’apporte le cinéma. L’interprétation est de tout premier ordre, y compris dans les seconds rôles (Aldo Fabrizi campe un industriel sans scrupule de façon  remarquable). Le film connut un grand succès.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Nino Manfredi, Vittorio Gassman, Stefania Sandrelli, Stefano Satta Flores, Giovanna Ralli, Aldo Fabrizi
Voir la fiche du film et la filmographie de Ettore Scola sur le site IMDB.

Voir les autres films de Ettore Scola chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Ettore Scola

 Nous nous sommes tant aimés! (C'eravamo tanto amati)Stefano Satta Flores, Vittorio Gassman et Nino Manfredi
dans Nous nous sommes tant aimés! (C’eravamo tanto amati) de Ettore Scola.

Remarques :
* Le film est dédié à Vittorio de Sica qui est décédé alors que le film était en cours de montage. Il en avait toutefois vu une copie de travail. La scène où il apparaît dans le film est un document enregistré par Ettore Scola lors d’une manifestation où De Sica s’exprimait face à des enfants.
* Le premier projet de scénario ne comportait qu’un personnage qui s’enthousiasmait pour Le Voleur de bicyclette et dont l’obsession était de rencontrer De Sica pour le suivre. De Sica jouait son propre rôle et trouvait toujours en face de lui ce grillon bavard qui le suivait, le réprimandait, le persécutait…
(Propos rapportés par Jean A. Gili dans Le Cinéma italien tome 1, éd. 10/18, 1978 et repris dans son merveilleux ouvrage Le Cinéma italien, éd. de la Martinière, 2011)

9 mars 2018

Mesdames et messieurs bonsoir (1976) de Luigi Comencini, Nanni Loy, Luigi Magni, Mario Monicelli et Ettore Scola

Titre original : « Signore e signori, buonanotte »

Mesdames et messieurs bonsoirDans le spartiate studio du journal télévisé 3TG, le journaliste Paolo Fiume (Marcello Mastroianni) lit les nouvelles du jour que son assistante lui apporte et introduit les différents reportages…
Signore e signori, buonanotte est une œuvre collective produite par la Cooperativa 15 Maggio qui rassemble un bon nombre d’acteurs et d’auteurs de la comédie italienne (1). Le plateau de cette satire de la télévision est donc prestigieux. Le propos est de dénoncer la corruption dans la politique et de pointer plusieurs travers de la société italienne : le travail des enfants, la mainmise de la Mafia, l’hypocrisie d’une politique nataliste, les luttes de pouvoirs au Vatican, etc. Un programme chargé ! L’humour ne donne pas dans la finesse, l’angle choisi est celui de l’exagération. Le manque d’homogénéité est un peu perturbant. Comme trop souvent dans les films à sketches, la réussite est inégale. Les séquences ne sont pas attribuées, donc on ne sait qui a écrit ou réalisé quoi. Le meilleur sketch est à mes yeux celui sur l’élection du pape qui est une petite merveille d’écriture. On peut saluer le caractère provocateur du film mais le bilan d’ensemble reste toutefois plutôt décevant.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Senta Berger, Adolfo Celi, Vittorio Gassman, Nino Manfredi, Marcello Mastroianni, Ugo Tognazzi, Andréa Ferréol
Voir la fiche du film sur le site IMDB.

(1) Cooperativa 15 Maggio (Coopérative du 15 mai) = Age & Scarpelli, Ugo Pirro, Ettore Scola, Luigi Magni, Leonardo Benvenuti, Luigi Comencini, Ruggero Maccari, Mario Monicelli, Nanni Loy, Piero De Bernardi, Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Marcello Mastroianni, Nino Manfredi, Aldolfo Celi et Santa Berger.

Mesdames et messieurs, bonsoir
Marcello Mastroianni dans Mesdames et messieurs bonsoir de Luigi Comencini, Nanni Loy, Luigi Magni, Mario Monicelli et Ettore Scola dans un débat avec quatres édiles napolitains (de toute évidence, quatre mafiosi qui se sont bien engraissés sur la bête).

Remarques :
* Les télévisions privées n’étant pas encore apparues à cette époque, c’est donc une critique de la télévision publique. Les journaux télévisés des deux chaines publiques s’appelaient alors TG1 et TG2. La troisième chaîne de télévision publique italienne Rai 3 n’a été créée qu’en 1979 et son journal télévisé a alors naturellement pris pour nom TG3 (TG = Telegiornale).

* Les reportages (sketches) :
– L’enlèvement d’un grand patron qui fait appel à ses travailleurs pour payer l’énorme rançon demandée.
– Interview d’un ministre corrompu qui assume son attitude en évoquant la loi du plus fort.
– Une publicité d’un père heureux sur son vélo avec son fils qui passe la frontière pour aller mettre ses économies en Suisse (il s’agit de la parodie d’une célèbre publicité télévisée italienne d’une compagnie d’assurance bien connue)
– Une classe d’anglais farfelue tenue en fait par deux agents secrets qui en profitent pour assassiner une personnalité.
– Une fiction « La bombe » qui voit un poste de police évacué pour un tic-tac non identifié.
– Un jeune garçon napolitain qui doit s’occuper de ses huit frères et sœurs miséreux, juste après que sa mère a été récompensée par un évêque du grand prix de la fertilité.
– L’entretien avec un sociologue qui dit le plus sérieusement du monde vouloir résoudre le problème de la surpopulation en mangeant les enfants pauvres.
– Débat avec quatre politiciens napolitains de la Mafia qui tiennent la ville.
– La tragédie d’un général qui se suicide après que ses médailles sont tombées dans les toilettes.
– Un reportage sur le travail des enfants.
– Une fiction où l’on voit un inspecteur de police qui part arrêter un « gros bonnet » et finit par devenir son valet de chambre. (Absent de la version raccourcie)
– La rubrique « Le personnage du jour », dédiée à un retraité pauvre qui démontre sa capacité à bien vivre avec la somme 32.000 lires par mois (16 euros).
– Un épisode du jeu le « Disgraciomètre » où le gagnant est celui qui a subi un malheur le plus absurde qui soit. (Absent de la version raccourcie)
– Une série télévisée historique, « Le Saint-Siège », sur les luttes d’influence lors de l’élection d’un nouveau pape (inspiré de de la lutte entre Sixte V et Pie V à la fin du XVIe siècle)(Ce sketch aurait été réalisé par Luigi Magni).
– La rentrée de la Cour d’Appel avec un président et des magistrats vraiment décrépits qui finissent par danser la tarentelle.

* Durée :
Film complet = 118 minutes,
Version raccourcie (moins 2 sketches) = 105 minutes

* Ne pas confondre avec :
Ces messieurs dames (Signore & signori, 1966) de Pietro Germi, autre film à sketches (plus réussi).

12 janvier 2017

La Terrasse (1980) de Ettore Scola

Titre original : « La terrazza »

La TerrasseUne réception sur La Terrasse d’un appartement romain où se retrouvent une vingtaine de personnes. Beaucoup travaillent dans le domaine de la culture. Nous suivons successivement cinq d’entre eux sur les jours qui suivent cette soirée… On ne pourra pas accuser Ettore Scola d’avoir choisi la facilité. Si La Terrasse se présente comme une comédie à sketches, le film est en réalité une profonde réflexion sur l’évolution d’une génération d’intellectuels qui sombre dans le désenchantement en avançant en âge. Et si Scola a réuni une belle brochette d’acteurs très connus, il les a utilisés à contre-emploi prenant ainsi le risque de désarçonner le public tout en se mettant à dos la critique n’appréciant guère ce miroir qu’il leur tend. Ses personnages sont en proie au doute sur ce qu’ils ont fait au cours de leur existence ce qui génère chez eux un fort sentiment d’insatisfaction. Des problèmes amoureux viennent se greffer, car trois de ces cinquantenaires sont mariés ou s’amourachent avec des femmes trentenaires, ce qui met encore plus en évidence leur âge au lieu de le gommer. Ettore Scola montre une grande perfection dans la mise en place de cet ensemble où les personnages se croisent et s’entrecroisent, grâce à la minutie du scénario qu’il a élaboré avec Age et Scarpelli, ces deux grands de la comédie. L’ensemble n’est d’ailleurs pas sans humour mais La Terrasse est avant tout remarquable par l’acuité et la profondeur de son observation et par la réflexion qu’il occasionne chez nous. Son propos est assez atemporel.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Ugo Tognazzi, Jean-Louis Trintignant, Marcello Mastroianni, Stefania Sandrelli, Serge Reggiani, Marie Trintignant
Voir la fiche du film et la filmographie de Ettore Scola sur le site IMDB.

Voir les autres films de Ettore Scola chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Ettore Scola

Remarque :
De façon amusante, pour les cinq personnages principaux, trois acteurs sont nés la même année : Gassman, Tognazzi, Raggiani (1922, soit 58 ans), puis viennent Mastroianni (1924, 56 ans) et Trintignant (1930, 50 ans).

La Terrasse
Marcello Mastroianni, Jean-Louis Trintignant, Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman dans La Terrasse de Ettore Scola.

5 mai 2016

Les Monstres (1963) de Dino Risi

Titre original : « I mostri »

Les monstresLes monstres est une série de 19 sketches qui illustrent, sur le ton de la comédie, les défauts et travers de la nature humaine. Comme dans (presque) tous les films à sketches, certains paraissent plus faibles que d’autres. Il faut accepter ce principe car, sinon on ne peut dépasser le stade de dire que « l’ensemble est inégal ». On pourrait bien entendu reprocher la profusion de sketches et la voir comme la conséquence d’une certaine paresse structurelle. En fait, cette profusion permet aux auteurs de frapper tous azimuts : personne n’est épargné, les puissants et les riches sont autant fustigés que les plus pauvres. Elle permet aussi de montrer les multiples formes du mensonge et de l’hypocrisie (on peut citer aussi le cynisme, le machisme, la liste est longue…) Ce sont des croquis, de durées très diverses, allant de 45 secondes à plus de 15 minutes, toujours très incisifs, soulignant à grands traits l’ironie des situations. Ugo Tognazzi et Vittorio Gassman sont les deux piliers de cette brochette de portraits ; ils nous font un véritable récital, Gassman montrant ses talents de déguisement (y compris en femme). Les Monstres est un film plus fort qu’il ne paraît : sur le coup, il peut paraître un peu anodin mais, plus on y repense après coup, plus il apparaît riche et juste dans les visions qu’il nous propose. En outre, le propos n’est nullement connoté « années soixante » car pratiquement toutes ces visions sont toujours aussi actuelles. Avec Le Fanfaron du même Dino Risi, Les Monstres est l’un des premiers grands films de la comédie italienne, genre qui va durer à son meilleur une bonne dizaine d’années. Il est l’illustration de sa puissance, de son caractère subversif et aussi de sa portée sociologique qui la fait dépasser largement le cadre du simple divertissement.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman, Marino Masé, Marisa Merlini, Michèle Mercier, Ugo Attanasio
Voir la fiche du film et la filmographie de Dino Risi sur le site IMDB.

Voir les autres films de Dino Risi chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Dino Risi

Remarques :
* Ont contribué à l’écriture du scénario : Age et Scarpelli, Elio Petri, Dino Risi, Ettore Scola, Ruggero Maccari… que des grands noms du cinéma italien.
* Un vingtième sketch a été coupé dans les versions visibles en France.
* Le film a eu une suite : Les Nouveaux Monstres de Mario Monicelli et Dino Risi (1977) avec Vittorio Gassman, Ornella Muti et Alberto Sordi

 

Les Monstres
Ricky Tognazzi et Ugo Tognazzi dans le premier sketch de Les monstres de Dino Risi (Ricky est aussi le fils d’Ugo dans la vraie vie, il est aujourd’hui acteur et metteur en scène).

Les 19 sketches :
(A ne lire qu’après avoir vu le film car les descriptions ci-dessous peuvent dévoiler en partie le punch final. Il n’y a d’ailleurs aucun intérêt à lire cette liste avant de voir le film. Cette liste permet seulement de repenser après coup à la finalité des sketches, de mieux voir leur force et de mesurer à quel point l’ensemble forme un tout.)

1. La bonne éducation (7′) avec Ugo Tognazzi
Un père inculque à son jeune fils des principes moraux franchement douteux.

2. Le monstre (1′) avec Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi
Deux policiers se mettent en avant devant les photographes avec le monstrueux assassin qu’ils viennent d’arrêter. On peut se demander lequel est le plus monstrueux des trois…

3. Comme un père (7′) avec Ugo Tognazzi et Lando Buzzanca
Un homme frappe à la porte d’un ami en pleine nuit. Il s’inquiète car son épouse rentre tard le soir. Il la soupçonne de le tromper…

4. Rapt (5′) avec Vittorio Gassman et Maria Mannelli
Une vieille dame terrorisée est littéralement enlevée pour participer à un tournage de cinéma.

5. Le pauvre soldat (9′) avec Ugo Tognazzi
Un soldat apprend que sa soeur a été assassinée. Il se dit inconsolable mais va profiter de la situation…

6. Une vie de chien (3′) avec Vittorio Gassman
Un homme très pauvre ment à sa famille sur la façon dont il remplit ses journées.

7. La journée d’un parlementaire (12′) avec Ugo Tognazzi
Un député, qui mène ostensiblement une vie exemplaire et monacale, couvre une affaire de corruption.

8. Sur le sable (2′) avec Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi
Le machisme à l’oeuvre sur la plage peut cacher autre chose… (à mes yeux, c’est le plus bizarre dans son propos.)

9. Le témoin volontaire (12′) avec Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi
Un homme décide de témoigner contre un accusé au grand dam de l’avocat de la défense qui va le discréditer.

10. Les deux orphelins (3′) avec Vittorio Gassman et Daniele Vargas
Un homme pauvre exploite l’infirmité d’un aveugle pour solliciter la générosité des passants et fait en sorte qu’il ne soit pas soigné.

11. L’embuscade (2′) avec Ugo Tognazzi
Un policier use de stratagèmes pour verbaliser devant un kiosque à journaux.

12. La victime (9′) avec Vittorio Gassman et Rika Dialyna
Pour rompre avec sa maitresse, un homme joue la victime et s’arrange pour que la demande de rupture vienne d’elle.

13. Vernissage (4′) avec Ugo Tognazzi
Après avoir pris possession de sa première auto (qui va obliger sa famille à se serrer la ceinture), un homme n’a qu’une hâte : aller voir les prostituées.

14. La Muse (5′) avec Vittorio Gassman et Jacques Herlin
Une jurée littéraire s’arrange pour faire primer un jeune écrivain sans talent afin de coucher avec lui.

15. On oublie vite (2′) avec Ugo Tognazzi
Au cinéma, face à une scène d’exécution sommaire de partisans pendant la guerre, un homme parle à sa femme de la beauté du petit mur derrière les exécutés : il veut faire le même chez lui.

16. La rue est à tout le monde (45″) avec Vittorio Gassman
Traversant sur un passage clouté, un homme invective les automobilistes qui roulent trop vite à son goût. Il monte ensuite dans sa voiture et roule comme un forcené, manquant de peu d’écraser les piétons qui traversent.

17. L’opium du peuple (8′) avec Ugo Tognazzi et Michèle Mercier
Pendant que son mari est vissé devant la télévision, une femme couche avec son amant dans la pièce à côté, laissant la porte ouverte pour entendre l’annonce de fin des programmes.

18. Le Testament de Saint François (3′) avec Vittorio Gassman
Avant une intervention télévisée, un homme maniaque de son apparence fait d’incessantes demandes de retouches au maquilleur. C’est en fait un ecclésiastique qui fait une émission sur le message de Saint François d’Assises, prônant l’humilité et le mépris des choses matérielles.

19. Le noble art (17′) avec Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi
Afin de gagner quelques sous, un boxeur à la retraite use d’arguments fallacieux pour convaincre un de ses anciens amis simple d’esprit de remonter sur le ring, pour un combat soit-disant gagné d’avance.

Sketch coupé en France (en 2e position dans le film) :
La recommandation avec Vittorio Gassman
Un acteur célèbre recommande un collègue peu connu puis finit par le torpiller car il porte la poisse (sketch non vu, ce résumé est celui de Jacques Lourcelles).

25 mars 2016

Le Bal (1983) de Ettore Scola

Titre original : Ballando ballando

Le BalUne salle de bal française de 1936 à 1980… Il faut reconnaître une certaine originalité à cette adaptation d’un spectacle du Théâtre du Campagnol : un lieu unique, aucune parole prononcée, un même groupe d’acteurs/danseurs (23) à différentes époques. Hélas, le résultat est loin d’être convaincant. Le premier problème est inhérent au fait de filmer un spectacle de danse : la caméra isole les personnages et casse la vision d’ensemble pour laquelle il est conçu. De plus, le jeu outrancier de certains acteurs (tics, mimiques) se justifie sur une scène mais pas face à une caméra où il devient excessif et oblitère toute capacité à émouvoir et même à peindre des sentiments. Le second problème est l’accumulation de stéréotypes sur les époques montrées et sur les comportements sociaux. Ettore Scola nous a habitués à autre chose qu’une observation sociologique si sommaire. Là encore, ce qui peut faire un spectacle de divertissement sur une scène, peut se révéler très pauvre une fois transposé à l’écran. Finalement, l’humour est encore ce qui fonctionne le mieux même si Scola a parfois la main lourde. On peut comprendre que le film ait surpris et même séduit à sa sortie (3 Césars!) mais, trente ans plus tard, il est plus difficile (à mes yeux du moins) de lui trouver de l’intérêt. Le Bal est en tous cas un film unique dans la filmographie du regretté Ettore Scola.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Ettore Scola sur le site IMDB.

Voir les autres films de Ettore Scola chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Ettore Scola

Le Bal

20 janvier 2016

Mort d’Ettore Scola

Gente di RomaJ’ai été particulièrement attristé d’apprendre la mort d’Ettore Scola, un grand monsieur du cinéma italien dont les films ont accompagné ma jeunesse cinéphilique. Il n’avait pas son pareil pour mêler comédie et peinture sociale, ce mélange si particulier qui rend le cinéma italien unique.

Je n’ai hélas que 10 de ses films chroniqués sur ce blog ;  il y en a beaucoup d’autres que j’aimerais revoir…

Voir les films de Ettore Scola chroniqués sur ce blog…

Voir la filmographie de Ettore Scola sur le site imdb.com.

Voir les livres sur Ettore Scola

 

12 juillet 2015

Qu’il est étrange de s’appeler Federico (2013) de Ettore Scola

Titre original : « Che strano chiamarsi Federico »

Qu'il est étrange de s'appeler FedericoÀ l’occasion du vingtième anniversaire de la disparition de Federico Fellini, Ettore Scola le fait revivre en nous racontant leur amitié qui a débuté au lendemain de la guerre au sein du journal satirique Marc’Aurelio. Heureusement, il ne s’agit nullement d’un documentaire classique. Si, dans une première partie, il recrée avec des acteurs l’atmosphère des comités de rédaction du journal satirique, Ettore Scola cherche ensuite à approcher l’esprit du Maestro, par exemple en nous faisant revivre certaines des discussions qu’ils avaient ensemble lors de leurs sorties nocturnes en voiture. Il y a là des propos intéressants. Tourné en partie en noir et blanc et en couleurs, entièrement avec des acteurs (et un narrateur) qui évoluent parfois en transparence sur des décors, le film introduit certains personnages felliniens et mêle parfois des images d’archives. Qu’il est étrange de s’appeler Federico est un bel hommage d’un cinéaste envers un autre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tommaso Lazotti, Maurizio De Santis, Giacomo Lazotti
Voir la fiche du film et la filmographie de Ettore Scola sur le site IMDB.

Voir les autres films de Ettore Scola chroniqués sur ce blog…
Voir les films de Federico Fellini chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Federico Fellini
Voir les livres sur Ettore Scola

Qu'il est étrange de s'appeler Federico
Tommaso Lazotti interprète le jeune Federico Fellini dans Qu’il est étrange de s’appeler Federico de Ettore Scola.

22 juin 2014

La Plus Belle Soirée de ma vie (1972) de Ettore Scola

Titre original : « La più bella serata della mia vita »

La plus belle soirée de ma vieEn déplacement en Suisse, l’italien Alfredo Rossi tombe en panne sur une route isolée et trouve refuge dans un château proche. Le maître des lieux est un comte, magistrat à la retraite qui lui explique qu’avec trois de ses amis, ils occupent leurs soirées à refaire des procès célèbres ou encore à simuler un procès de leurs invités. Et effectivement, lors du dîner, Alfredo se retrouve insidieusement soumis à une série de questions… Basé sur la pièce La Panne du suisse Friedrich Dürrenmatt, La Plus Belle Soirée de ma vie est une fable plaisante qui mêle humour noir et satire sociale avec une petite pointe de fantastique. Ettore Scola joue avec les stéréotypes pour faire une critique assez mordante de l’italien arriviste, hâbleur et dragueur. Le plateau réunit cinq monstres sacrés : face à Alberto Sordi, il place un quatuor de quatre grands acteurs français (hélas doublés). On suit avec délectation la façon dont Sordi passe du statut d’invité à celui d’accusé par une rhétorique assez brillante et quelques déductions audacieuses. Notre propre regard sur lui évolue et change du tout au tout. La Plus Belle Soirée de ma vie est une amusante comédie qui reste injustement méconnue.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Michel Simon, Charles Vanel, Pierre Brasseur, Claude Dauphin, Janet Agren
Voir la fiche du film et la filmographie de Ettore Scola sur le site IMDB.
Voir les autres films de Ettore Scola chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Ettore Scola
Voir le livre de Claude Dauphin sur le tournage …

Remarques :
* Le film n’est sorti en France qu’en 1979 car Ettore Scola voulait que Sordi se double lui-même en français. La version vue ici était en italien.

* La Plus Belle Soirée de ma vie est le dernier film de Pierre Brasseur et l’avant-avant-dernier de Michel Simon. Pierre Brasseur est mort pendant le tournage ce qui obligea à raccourcir le film et à utiliser une doublure dans quelques scènes. Une scène finale devait montrer Simonetta rapportant le sac de l’italien au comte ; elle ne fut pas tournée (ceci dit, la mort de Pierre Brasseur n’est sans doute pas l’unique raison de la suppression de cette fin… car cette scène changerait totalement la « morale » de cette fable, la rabaissant vraiment, et si Scola y avait vraiment tenu, il aurait pu facilement la tourner en l’adaptant).

* Le film a été tourné au château médiéval de Tures (Haut-Adige, Italie du Nord).

7 novembre 2013

La Nuit de Varennes (1982) d’Ettore Scola

La nuit de VarennesEn juin 1791, l’écrivain libertin et chroniqueur de la Révolution Restif de La Bretonne est le témoin involontaire du départ du Palais Royal en pleine nuit d’un carrosse dans lequel a pris place l’une des dames de compagnie de la reine. Intrigué, il décide de le rattraper et découvre que leurs occupants tentent de rejoindre la famille royale en fuite… En s’inspirant d’un roman de Catherine Rihoit, Ettore Scola et son scénariste ont inventé ce trajet de Restif de La Bretonne (Jean-Louis Barrault) de Paris à Varennes en compagnie de l’intellectuel américain Thomas Paine (Harvey Keitel), d’une dame de la cour (Hanna Schygulla), et quelques autres personnages auxquels vient s’adjoindre Casanova (Marcello Mastroianni). C’est un petit microcosme de la société et le temps du trajet est l’occasion de discussions et d’échanges d’idées assez intéressants sur ce monde en pleine transformation. Hélas, le film est gâché par une bande son épouvantable que doublages et bruitages de studio bien trop présents rendent assez agressive. Ettore Scola ne porte pas de jugement tranché même s’il donne l’impression de s’être identifié à ce Casanova vieillissant qui regrette l’insouciance et une certaine douceur de vivre. Très belle fin.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Barrault, Marcello Mastroianni, Hanna Schygulla, Harvey Keitel, Jean-Claude Brialy, Andréa Ferréol, Michel Vitold, Laura Betti, Daniel Gélin, Jean-Louis Trintignant
Voir la fiche du film et la filmographie de Ettore Scola sur le site IMDB.

Voir les autres films de Ettore Scola chroniqués sur ce blog…

Remarque :
La version initiale de La Nuit de Varennes dure 150 minutes. Il existe également une version réduite à 135 minutes et une autre à 122 minutes (c’est cette dernière qui était visionnée ici).