20 octobre 2019

Invasion (2017) de Kiyoshi Kurosawa

Titre original : « Yocho »

Invasion (Yocho)La jeune Etsuko remarque des changements de comportement chez son mari, qui semble pensif et éteint. Son patron a lui aussi un comportement bizarre mais c’est chez son amie que la modification est la plus spectaculaire : sans raison, elle est terrorisée à la seule vue de son père avec qui elle vit depuis plusieurs années à tel point qu’elle doit être hospitalisée…
Basé sur une pièce de théâtre bien connue au Japon de Tomohiro Maekawa, Invasion reprend, avec des personnages différents, le thème déjà développé dans Avant que nous disparaissions (2017), le film précédent de Kiyoshi Kurosawa (qui, rappelons-le, n’a aucun lien avec Akira Kurosawa). L’idée de départ a déjà été utilisée à de nombreuses reprises dans la science-fiction classique ; le film est donc plus remarquable par sa forme. A l’heure où science-fiction au cinéma est synonyme d’effets spéciaux, Kiyoshi Kurosawa n’en utilise aucun. Il crée une atmosphère forte, pleine d’interrogations et d’incertitudes, qui capture toute notre attention. Il est en revanche moins convaincant quand il semble vouloir glisser vers l’horreur (ce qu’il ne fait heureusement pas). Tout le récit est vu à travers les yeux candides d’Etsuko, jeune femme simple à première vue qui se révèle étonnante par la suite. Invasion a visiblement été tourné avec peu de moyens mais ne manque pas d’intérêt.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kaho, Shôta Sometani, Masahiro Higashide, Ren Osugi
Voir la fiche du film et la filmographie de Kiyoshi Kurosawa sur le site IMDB.
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Remarques :
* Invasion a tout d’abord été conçu pour la chaîne de télévision japonaise WOWOW. Cette série initialement découpée en 5 épisodes a été remontée pour être distribuée en un film de 140 minutes.
* Kiyoshi Kurosawa décrit le récit comme un hommage aux films de science-fiction des années 1950. On peut effectivement penser au grand classique L’Invasion des profanateurs de sépultures (Invasion of the Body Snatchers, 1956) de Don Siegel.

Invasion (Yocho)Kaho dans Invasion (Yocho) de Kiyoshi Kurosawa.

Invasion (Yocho)Kaho, Masahiro Higashide et (au premier plan) Shôta Sometani dans Invasion (Yocho) de Kiyoshi Kurosawa.

28 octobre 2015

La Guerre des mondes (1953) de Byron Haskin

Titre original : « The War of the Worlds »

La Guerre des mondesLeur planète devenant inhospitalière, les martiens ont décidé d’envahir la Terre. Intrigués par la chute d’un météore, les habitants d’un petit village de Californie le voient s’ouvrir pour livrer passage à des machines qui détruisent tout sur leur passage… Même s’il faut mentionner la très remarquée adaptation radiophonique d’Orson Welles en 1938 qui sema la panique tant elle était réaliste, La Guerre des mondes de Byron Haskin (produite par George Pal) est la première grande adaptation du célèbre roman de H.G. Wells. Elle diffère du livre sur de nombreux points mais en reste fidèle à l’esprit ; la différence la plus discutable est l’inclusion d’une dimension religieuse, en montrant la fin comme une intervention divine. Le scénario est finalement très simple mais le film tire toute son intensité de l’utilisation intelligente d’effets spéciaux très spectaculaires pour l’époque, effets qui dévorèrent les trois-quarts de l’important budget du film, et du choix judicieux de ne montrer qu’à peine les martiens. La tension n’en est que plus forte. Vu aujourd’hui, le film conserve son impact même si les effets spéciaux ne peuvent nous subjuguer autant. La Guerre des mondes reste l’un des grands films de science-fiction des années cinquante.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gene Barry, Ann Robinson, Les Tremayne
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La Guerre des mondes
La Guerre des mondesAnn Robinson et Gene Barry dans La Guerre des mondes de Byron Haskin

Remarques :
* Les machines martiennes étaient prévues au départ pour être des tripodes comme dans le livre de Wells mais il fut impossible d’imaginer leur marche. Il fut donc décidé d’opter pour des machines volantes. Elles sont remarquablement dessinées.

* Les machines martiennes ont été réalisées en cuivre et à l’échelle réelle, ce qui accroit leur effet à l’image (les esprits chagrins feront toutefois remarquer que certains des nombreux câbles utilisés pour les soutenir restent visibles à l’écran).

* En ce début des années cinquante où la paranoïa anticommuniste était à son maximum, le thème d’une invasion extraterrestre se voyait doté d’un impact accru. Le caractère de métaphore est obligatoirement présent mais il paraît tout de même moins net que dans d’autres films.

* Remake :
La Guerre des mondes (The War of the Worlds) de Steven Spielberg (2005) avec Tom Cruise.

21 juillet 2015

Mars Attacks! (1996) de Tim Burton

Mars Attacks!Les martiens arrivent en grand nombre dans leurs soucoupes volantes à proximité de la Terre. Le président des Etats-Unis pense qu’ils viennent en paix. Contact est pris pour accueillir une délégation dans le désert du Nevada… Mars Attacks! est une comédie satirique de Tim Burton. Il reprend les codes des films de science-fiction des années cinquante pour les détourner et nous surprendre : ses martiens sont aussi sanguinaires que facétieux. Il reprend en partie l’esthétisme de ces années-là, notamment pour les soucoupes et les armes, et le mélange à un style de dessin animé pour les martiens et les animations. Rien n’est sérieux ici et Jack Nicholson semble beaucoup s’amuser dans un double rôle, le second paraissant bien inutile. Il y a d’ailleurs une inflation de personnages qui ne semblent pas tous très nécessaires. Globalement, le film parait assez impersonnel, il faut vraiment chercher la patte de Tim Burton et l’ensemble tourne un peu en rond malgré de bons moments. Ceci dit, le thème du péril extra-terrestre a rarement été traité avec tant d’humour et de loufoquerie.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jack Nicholson, Glenn Close, Annette Bening, Pierce Brosnan, Danny DeVito, Lukas Haas, Martin Short, Sarah Jessica Parker, Michael J. Fox, Rod Steiger, Natalie Portman
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Mars Attacks!
Les martiens facétieux de Mars Attacks! de Tim Burton

 

10 novembre 2014

Les Russes arrivent, les Russes arrivent (1966) de Norman Jewison

Titre original : « The Russians Are Coming the Russians Are Coming »

Les Russes arrivent, les Russes arriventVenu observer la côte d’un peu trop près, un sous-marin soviétique s’échoue sur les bancs de sable d’une petite île proche des côtes américaines. Un petit groupe est chargé d’aller à terre pour mettre la main sur un bateau puissant qui leur permettrait de se dégager. Croyant à une invasion, la population est prise de panique…
Adapté d’un roman de Nathaniel Benchley par William Rose, Les Russes arrivent, les Russes arrivent est une comédie qui joue sur la peur engendrée par la Guerre froide. Rien n’est sérieux ici, les situations sont aussi inattendues que délirantes, l’hystérie est très contagieuse. Côté acteur, c’est Alan Arkin qui est le plus étonnant en lieutenant russe dépassé par les évènements. Le film connut un franc succès à l’époque.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Carl Reiner, Eva Marie Saint, Alan Arkin, Brian Keith, Paul Ford, Theodore Bikel, John Phillip Law
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Remarques :
* Carl Reiner, qui interprète l’écrivain, est alors lui-même scénariste et futur réalisateur (Les cadavres ne portent pas de costard, L’Homme aux deux cerveaux, etc.)
* Le monteur est Hal Ashby, futur réalisateur d’Harold et Maude, En route pour la gloire, Bienvenue Mister Chance, etc.
* William Rose, qui a signé l’adaptation, est également l’auteur du scénario du fleuron de la comédie britannique, The Ladykillers (1955).

Les Russes arrivent, les Russes arrivent

3 avril 2013

1941 (1979) de Steven Spielberg

1941Quelques jours après l’attaque japonaise sur Pearl Harbour, l’Amérique craint une attaque surprise de sous-marins japonais visant cette fois directement le sol des Etats Unis. A Los Angeles, la mise en place d’une surveillance des côtes et les préparatifs de défense tourne à l’hystérie collective parmi la population et les militaires ne sont pas en reste… Robert Zemeckis et Bob Gale (futurs auteurs de la série Retour vers le futur) sont partis de faits réels pour créer un film totalement délirant. L’histoire de 1941 assemble un très grand nombre de personnages, tous plus loufoques les uns que les autres, formant un ensemble qui semble partir dans tous les sens et qui exprime parfaitement la confusion et l’hystérie du moment. La linéarité et la cohérence n’ont pas lieu d’être, le seul objectif à atteindre étant visiblement l’humour, un humour débridé, appuyé et irrespectueux. Le film comporte de nombreuses scènes d’anthologie. Le patriotisme et l’armée sont particulièrement malmenés (1) et on peut penser que la mauvaise cote du film auprès du public est en partie dû à cet irrespect. Steven Spielberg a réussi à assembler un beau plateau d’acteurs, certains comme John Belushi ayant été un peu difficiles à contrôler, mais l’ensemble reste parfaitement maitrisé avec une mise en scène assez spectaculaire. 1941 est un film assez unique, l’un des plus loufoques et des plus irrespectueux qui soient sortis d’Hollywood.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Dan Aykroyd, Ned Beatty, John Belushi, Lorraine Gary, Murray Hamilton, Christopher Lee, Tim Matheson, Toshirô Mifune, Warren Oates, Robert Stack, Treat Williams, Nancy Allen, John Candy
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Remarques :
* La durée du film 1941 est de 146 minutes mais Columbia et Universal réduisirent sa longueur de la version commerciale à 118 minutes. C’est la version longue qui a été vue ici.
* Bien que souvent présenté ainsi, 1941 ne fut pas à proprement parler un échec commercial : l’exploitation a couvert très largement les frais. Mais ce ne fut pas un succès comparable aux autres films de Spielberg et surtout, 1941 est un film profondément malaimé.

(1) Pressenti pour le rôle du général, John Wayne aurait non seulement refusé mais aussi tenté de convaincre Spielberg d’abandonner le projet qu’il jugeait antipatriotique. Charlton Heston aurait refusé le rôle pour les mêmes raisons.

6 juillet 2012

Andreï Roublev (1966) de Andreï Tarkovski

Titre original : « Andrey Rublyov »

Andreï RoublevPour évoquer la vie du peintre Andreï Roublev, Tarkovski ne pouvait se baser sur des faits historiques puisque nous ne savons rien de la vie de ce moine russe du XVe siècle. Il s’est donc attaché à retranscrire l’âme du peintre. Il le fait en huit tableaux plus un prologue (1) et un épilogue où le film passe en couleurs pour nous montrer son œuvre (2). Il nous dépeint un Andreï Roublev tourmenté par l’idée de la vengeance du Jugement dernier, refusant ainsi l’image d’un Dieu implacable et même cruel, une idée qui aidait les seigneurs de cette époque à garder les paysans en semi-esclavage. En filigrane, Tarkovski nous fait partager ses propres interrogations sur le rôle de l’artiste sous un régime totalitaire, une lecture qui n’a pas échappé aux autorités et lui valu blocages et interdictions. Pour Andreï Roublev, Dieu ne peut qu’insuffler l’amour et ne peut que s’opposer à la cruauté omniprésente dans cette société du XVe siècle. Le film est superbe aussi dans sa forme, assez proche du cinéma d’Eisenstein. Certaines scènes sont d’une rare ampleur ; de nombreux plans sont superbes. Empreint d’un grand mysticisme, Andreï Roublev est un très beau film, puissant, profond et doté d’une grande énergie. (Film de 3h03)
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Anatoliy Solonitsyn, Ivan Lapikov, Nikolay Grinko, Nikolai Sergeyev
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Remarque :
Andreï Roublev Le scénario a été cosigné par Andreï Tarkovski et Andreï Konchalovsky.

(1) Le prologue reprend l’idée que le ballon à air chaud aurait été inventé en Russie bien avant les frères Montgolfier. Sauf que cette théorie attribue l’invention à Furvin Kryakutnoi en l’an 1731. Tarkovski va donc encore plus loin en créant une invention encore antérieure, au XVe siècle.
(2) Les icones montrées dans l’épilogue ne sont pas toutes d’Andreï Roublev mais datent toutes de son époque.

12 janvier 2012

La dame au manteau d’hermine (1948) de Ernst Lubitsch

Titre original : « That Lady in Ermine »

La dame au manteau d'hermineDans une petite principauté du nord de l’Italie au milieu du XIXe siècle, la comtesse Angelina voit son château envahi par l’armée hongroise. Son ancêtre Francesca descend de son tableau dans le hall pour lui conseiller d’agir comme elle l’avait fait 300 ans plus tôt pour sauver son domaine… La dame au manteau d’hermine est le dernier film d’Ernst Lubitsch qui a succombé à une crise cardiaque pendant le tournage. Le film fut achevé par Otto Preminger. L’histoire est tirée d’une opérette déjà adaptée au cinéma dans les années vingt. Le film n’eut que peu de succès car le traitement paraissait assez suranné à la fin des années quarante. Il reste aujourd’hui assez mal jugé pour les mêmes raisons. S’il est vrai que nous sommes loin des meilleurs films de Lubitsch, La dame au manteau d’hermine comporte de beaux moments, comme cette longue séquence de rêve avec inversion des genres. L’ensemble est assez relevé et se regarde avec plaisir mais on peut trouver qu’un scénario plus étoffé aurait certainement servi le film.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Betty Grable, Douglas Fairbanks Jr., Cesar Romero, Walter Abel, Reginald Gardiner, Harry Davenport
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Remake de :
The Lady in Ermine de James Flood (1927) avec Corinne Griffith