19 juin 2019

Drôles de locataires (1930) de James Parrott

Titre original : « Another Fine Mess »

Drôles de locatairesPoursuivis par la police, deux vagabonds se réfugient sans le vouloir dans une grande demeure qui a été proposée à la location. Justement, un couple fortuné se présente pour la louer et, en les voyant, pense avoir affaire au maitre de maison et à son valet…
Ce court métrage de 29 minutes fait partie des premiers parlants de Laurel et Hardy. C’est en réalité le remake de leur muet Duck Soup de 1927 (aucun lien avec le Duck Soup des Marx Brothers) qui fut leur troisième film en tant que duo. L’histoire est basée sur un sketch écrit par le père de Stan Laurel. L’humour y est très bien dosé, sans aucune lourdeur, y compris lorsque Stan Laurel se travestit pour jouer la bonne de maison Agnes. Le passage au parlant du duo se fait sans problème : l’humour sait utiliser les dialogues pour dépasser le simple slapstick. Assez singulièrement, le film est doté d’un prologue où deux jeunes filles en uniforme d’ouvreuse de cinéma délivrent oralement le générique.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy
Voir la fiche du film et la filmographie de James Parrott sur le site IMDB.

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Drôles de locatairesStan Laurel, Oliver Hardy, Charles K. Gerrard et Thelma Todd dans Drôles de locataires de James Parrott.

18 juin 2019

Tora! Tora! Tora! (1970) de Richard Fleischer, Kinji Fukasaku et Toshio Masuda

Tora! Tora! Tora!Après l’immense succès de son Jour le plus long, Darryl F. Zanuck voulut poursuivre les grandes reconstitutions de la Seconde Guerre mondiale avec l’attaque de Pearl Harbor. Le budget fut encore plus important (1) et la production demanda trois années de préparation et presque un an de tournage.
De façon assez surprenante, Zanuck finit par adopter un point de vue très équilibré qui traite convenablement chacun des deux parties en présence. Il met en évidence la léthargie de l’état-major américain et laisse une belle place à la préparation de l’attaque, vue du côté japonais.
Kurosawa était initialement pressenti pour tourner toutes les scènes japonaises mais le réalisateur fut remercié peu après le début du tournage pour être remplacé par les moins expérimentés Kinji Fukasaku (scènes d’action) et Toshio Masuda (autres scènes japonaises). Si aucune des scènes tournées par Kurosawa ne figurent dans la version finale, le scénario reste co-signé par son scénariste habituel, Ryûzô Kikushima. L’absence totale de navires japonais de l’époque en état de naviguer et d’avions japonais en état de voler ne facilita guère la production. Le récit est globalement proche de la réalité historique et l’attaque en elle-même est assez spectaculaire. Le film connut un grand succès au Japon mais l’accueil aux Etats Unis (et en Europe) fut bien plus mitigé.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Martin Balsam, Sô Yamamura, Jason Robards, Joseph Cotten, Tatsuya Mihashi, E.G. Marshall, Takahiro Tamura, James Whitmore, Eijirô Tôno, Wesley Addy
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Fleischer sur le site IMDB.

Tora! Tora! Tora!
Sô Yamamura dans Tora! Tora! Tora! de Richard Fleischer, Kinji Fukasaku et Toshio Masuda.

Tora! Tora! Tora!
George Macready et Joseph Cotten dans Tora! Tora! Tora! de Richard Fleischer, Kinji Fukasaku et Toshio Masuda.

Tora! Tora! Tora!

 

(1) Tora! Tora! Tora! fut la deuxième plus coûteuse production américaine des années soixante juste après Cléopâtre (1963), à égalité avec Hello Dolly (1969).

17 juin 2019

The Lost City of Z (2016) de James Gray

The Lost City of ZEn 1906, la Société géographique royale d’Angleterre propose au colonel Percy Fawcett de partir en Amazonie afin de cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie. L’expédition est très périlleuse mais Fawcett accepte espérant se couvrir de gloire et laver l’honneur de sa famille entaché par un père alcoolique. Il va se prendre rapidement de passion pour sa mission…
Ecrit et réalisé par James Gray en se basant sur un livre du journaliste américain David Grann, The Lost City of Z nous raconte l’histoire vraie de Percival Harrison Fawcett, un des plus grands explorateurs du XXe siècle. Si le film fait montre d’un beau et plaisant classicisme dans sa forme, il paraît trop touffu dans son contenu : la vie de l’explorateur étant particulièrement riche, le tort de James Gray (à mes yeux) est probablement d’avoir voulu tout traiter, ce qui nous vaut des sautes brutales. Ces ellipses inopportunes interviennent toujours au moment où l’on commençait à être happé par une scène. C’est donc au pas de charge que nous survolons son histoire, agrémentée ici et là par quelques réflexions sur l’attraction de l’inconnu et la quête d’Absolu. Cela n’empêche pas le film d’être très long.  Si certaines scènes évoquent Fitzcarraldo de Werner Herzog, le film de James Gray semble bien loin d’en avoir la force. Le film a été très bien accueilli par la critique française et assez bien par le public.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charlie Hunnam, Robert Pattinson, Sienna Miller, Tom Holland, Edward Ashley, Angus Macfadyen
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The Lost City of Z
Charlie Hunnam, Robert Pattinson et Edward Ashley dans The Lost City of Z de James Gray.

The Lost City of Z

16 juin 2019

L’étang tragique (1941) de Jean Renoir

Titre original : « Swamp Water »

L'étang tragiqueBen Ragan habite un village en bordure des immenses marais d’Okefenokee, en Géorgie, où il a l’habitude de chasser. Lors d’une expédition solitaire, il y fait la connaissance de Tom Keefer qui s’est réfugié là, après avoir été accusé de meurtre…
Basé sur un roman de Vereen Bell adapté par Dudley Nichols, Swamp Water est le premier film de Jean Renoir aux Etats-Unis. Contre toute attente, notamment celle de la Fox, le cinéaste français fraîchement exilé a choisi une histoire très américaine, probablement car elle lui permettait de mettre en scène des gens simples. Brutalement confronté aux méthodes hollywoodiennes, il eut bien du mal à imposer ses vues face à Darryl F. Zanuck. Renoir voulait tourner en décors naturels en Géorgie alors que Zanuck voulait tout tourner en studio mais, surtout, ce dernier jugeait le réalisateur bien trop lent et trop soucieux de ses mouvements de caméra. Exaspéré par ces différents, Renoir proposa même de démissionner. Malgré tout cela, le résultat est assez remarquable, bien photographié et porté par les excellentes interprétations de Dana Andrews et Walter Brennan.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Walter Brennan, Walter Huston, Anne Baxter, Dana Andrews, Virginia Gilmore, John Carradine
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Remarques :
* Initialement embauché pour assister Renoir sur les problèmes de langue, le producteur Irving Pichel dirigea certaines scènes de marais.
* Jean Renoir ne pouvait percevoir les subtilités dans les inflexions des acteurs et beaucoup critiquèrent l’accent californien d’Ann Baxter, rendue ainsi peu crédible en jeune fille des marais de Géorgie.
* Après ses déboires avec la Fox, Renoir quittera le studio pour aller signer chez Universal.

 

Swamp Water
Dana Andrews et Anne Baxter dans L’étang tragique de Jean Renoir.

Swamp Water
Virginia Gilmore, Walter Huston et Dana Andrews dans L’étang tragique de Jean Renoir.

Remake :
Le même roman de Vereen Bell sera adapté de nouveau en 1952 :
Prisonniers du marais (Lure of the Wilderness) de Jean Negulesco avec Jeffrey Hunter, Jean Peters et Walter Brennan qui reprendra le même rôle.

15 juin 2019

Jaguar (1955-1967) de Jean Rouch

JaguarTrois jeunes nigériens décident de quitter leur village de brousse durant la saison sèche pour se rendre temporairement en Gold Coast (qui deviendra le Ghana en 1957) dans l’espoir d’y faire fortune. Arrivés là-bas, ils se séparent. L’un travaille au port d’Accra, l’autre devient un Jaguar ( = « jeune homme galant à la tête bien peignée que tout le monde regarde ») exerçant divers petits métiers et tous deux finissent par rejoindre le troisième qui vend diverses choses sur le marché de Kumassi. Ils s’associent pour fonder l’échoppe « Petit à petit, l’oiseau fait son bonnet » avant de rentrer dans leur village…
Alors qu’il est chargé de recherches au CNRS au début des années cinquante, Jean Rouch tourne d’abord des documentaires de format conventionnel avant de tenter une expérience nouvelle avec ce Jaguar. Il propose à trois jeunes nigériens d’inventer une histoire qu’il filmera en décors naturels avec une petite caméra portable, le son étant ajouté par la suite. Jean Rouch se situe ainsi directement dans la ligne initiée par Robert Flaherty avec son Nanouk l’esquimau. La partie voyage est finalement assez courte, plus de la moitié du film prend place dans les villes d’arrivée. Jean Rouch intervient très peu en voix-off, tout le reste est commenté par les trois nigériens eux-mêmes, ils décrivent ce qu’ils sont en train de faire comme s’ils le revivaient. Leurs commentaires sont hauts en couleur (ce sont de véritables moulins à paroles…) et donnent un caractère très décontracté à l’ensemble : le résultat est coloré et sympathique. Sur le fond, Jaguar offre un témoignage sur les mutations de la société africaine. Tourné en 1955, le film n’est sorti qu’en 1967.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Damouré Zika, Lam Ibrahim Dia, Illo Gaoudel
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Remarques :
* Pour en savoir plus sur les difficultés à sortir le film, voir une étude sur le site 1895 (Revue de l’association française de recherche sur l’histoire du cinéma)

* Le film Petit à petit de Jean Rouch peut être vu comme une suite à Jaguar. Le troisième volet devait s’intituler Grand à grand mais n’a pas vu le jour.

Jaguar
(à gauche) Damouré Zika, Illo Gaoudel et Lam Ibrahim Dia dans Jaguar de Jean Rouch.
(à droite) Damouré Zika est un « jaguar » dans Jaguar de Jean Rouch.

 

Ne pas confondre avec :
Le Jaguar de Francis Veber (1996) avec Jean Reno et Patrick Bruel (!)

13 juin 2019

Rodin (2017) de Jacques Doillon

RodinAuguste Rodin reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l’Etat pour la porte d’entrée du musée des arts décoratifs qui devait ouvrir en 1882. Il vient d’accepter une nouvelle élève, la jeune Camille Claudel, qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse…
Il eut été décevant que Jacques Doillon se plie au format moderne du biopic, genre aujourd’hui extrêmement codifié et sans originalité. Heureusement, ce n’est pas le cas, il fait fi de ces ennuyeuses conventions et cherche plutôt à nous faire entrer dans la tête du sculpteur grâce à un scénario qu’il a écrit. Il ne suit pas une trame narrative continue mais décrit des moments sans se soucier de toujours les lier entre eux : les ellipses sont parfois aussi importantes que soudaines. Il s’attache plus particulièrement à suivre la relation tumultueuse de Rodin avec Camille Claudel, sa relation avec les femmes en général et imagine (1) son cheminement créatif pour La Porte de l’Enfer et pour la « dérangeante » statue de Balzac qu’il ne parviendrait jamais à faire vraiment accepter. Le tournage a été réalisé en partie dans la demeure de Rodin à Meudon. Vincent Lindon s’est beaucoup investi dans son personnage et le rend très crédible. La photographie est un peu terne, marquée par un éclairage faible. Le son est assez mauvais (sous-titres fortement recommandés). Le film de Jacques Doillon a été très bien reçu par la critique mais très mal par le public qui a été probablement désarçonné par son caractère atypique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vincent Lindon, Izïa Higelin, Séverine Caneele, Bernard Verley
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(1) Il n’existe pas de témoignages directs sur la façon dont Rodin créait et travaillait. Jacques Doillon reprend toutefois certaines théories : par exemple, la légende veut que Camille Claudel ait modelé les mains de Pierre de Wissant pour la sculpture Les Bourgeois de Calais.

Rodin
Vincent Lindon et Izïa Higelin dans Rodin de Jacques Doillon.

Rodin
Vincent Lindon dans Rodin de Jacques Doillon.

Rodin
Vincent Lindon et Anne Cécile Quivogne (… et Balzac) dans Rodin de Jacques Doillon (Rodin aurait fait poser une femme enceinte pour l’une de ses études sur Balzac).

 

Précédente évocation de la relation entre Camille Claudel et Auguste Rodin :
Camille Claudel de Bruno Nuytten (1988) avec Isabelle Adjani et Gérard Depardieu

et sur la fin de vie de Camille Claudel :
Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont avec Juliette Binoche

12 juin 2019

Big Eyes (2014) de Tim Burton

Big EyesA la fin des années cinquante, Margaret vient de quitter son mari et arrive à San Francisco avec sa fille. Elle peint des enfants au regard profond et triste, avec de grands yeux, et fait la rencontre d’un peintre du dimanche, peu talentueux mais beau parleur qui l’épouse. Pour mieux vendre les toiles de sa femme, il se fait passer pour leur auteur…

Big Eyes nous raconte l’histoire vraie d’une des plus grandes impostures dans le domaine de l’art. Au début des années soixante, Walter Keane a connu un succès phénoménal et révolutionné le commerce de l’art grâce à ses énigmatiques tableaux représentant des enfants malheureux aux yeux immenses. La vérité n’a éclaté que des années plus tard : toutes ces toiles avaient été peintes par sa femme Margaret. Tim Burton possède une belle collection de ces œuvres dont on peut détecter l’influence sur certains personnages de ses films précédents. Son film nous raconte comment cette femme s’est retrouvée enfermée dans le mensonge de Walter Keane. Le réalisateur souligne la dépendance de Margaret vis-à-vis de son mari, non seulement parce qu’il était un excellent vendeur mais aussi du fait de la position de la femme dans la société de l’époque. Le budget du film fut très réduit (il fut tourné en numérique) mais le résultat est sans faille, parfaitement maitrisé. Côté interprétation, Amy Adams et Christoph Waltz apportent beaucoup de crédibilité à l’ensemble. Bien qu’il se retrouvera certainement classé parmi les œuvres mineures de Tim Burton, voilà un film qui sait éveiller notre intérêt.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Amy Adams, Christoph Waltz, Danny Huston, Krysten Ritter, Jason Schwartzman, Terence Stamp
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Big Eyes
Amy Adams et Madeleine Arthur dans Big Eyes de Tim Burton.

Big Eyes
Christoph Waltz et Fiona Vroom dans Big Eyes de Tim Burton.

Remarque :
* Cameo : La véritable Margaret Keane (87 ans au moment du tournage) fait une apparition dans Big Eyes. Elle est assise sur un banc en arrière-plan, en pleine lecture de la Bible, lors de la scène du Palace of Fine Arts.

Big Eyes
Amy Adams, avec Margaret Keane à l’arrière-plan, dans Big Eyes de Tim Burton.

11 juin 2019

Le Détour (1922) de Cecil B. DeMille

Titre original : « Saturday Night »

Le DétourLes riches héritiers Iris Van Suydam et Richard Prentiss viennent d’annoncer leurs fiançailles, plus par convention sociale que par passion. Mais le sort va en décider autrement : Richard tombe amoureux d’une jeune blanchisseuse et l’épouse. De son côté, Iris se marie avec son chauffeur et, déshéritée par son oncle, part vivre chichement chez son mari. Ces deux couples vont-ils pouvoir surmonter leurs différences sociales ?
Le scénario de Saturday Night a été écrit par l’actrice Jeanie Macpherson dont on retrouve la signature sur bon nombre de films de Cecil B. DeMille. L’histoire met en scène la confrontation de deux classes sociales et développe la théorie que, « tout comme l’huile et l’eau », elles ne peuvent se mélanger. Il ne faut pas sombrer dans la facilité de voir là une théorie plutôt réactionnaire, chacun devant rester dans sa classe sociale, car ce serait oublier que bon nombre des films muets de Cecil B. DeMille (ce sont les moins connus, il est vrai) sont naturalistes avant l’heure. Il décrit avec une relative précision la vie des classes populaires et le film a aujourd’hui une indéniable valeur sociologique, à commencer par le titre (1). De plus, à cette époque, le réalisateur accédait, du fait de sa popularité grandissante, à un autre milieu que le sien et il n’est pas impossible qu’il ressentait lui aussi des difficultés à s’insérer parmi les milieux aisés d’Hollywood. Comme le souligne Luc Moulet dans son étude sur le réalisateur (2), DeMille est l’un des premiers cinéastes à traiter des rapports entre maîtres et serviteurs, thème qui deviendra le sujet favori des plus grands (Murnau, Renoir, Stroheim, Buñuel, Losey, Chabrol, Altman … la liste est longue). Saturday Night est assez admirable par la puissance de son récit, du fait d’une mise en scène précise. Il utilise sans excès des décors parfois spectaculaires (la salle de bains de la riche famille vaut le coup d’œil) et des scènes d’une belle ampleur (l’accident, la soirée Halloween, …) Il est vraiment dommage que ce film soit si mal connu car il nous confirme que Cecil B. DeMille est bien plus qu’un simple faiseur de films historiques.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Leatrice Joy, Conrad Nagel, Edith Roberts, Jack Mower, Julia Faye
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Remarques :
* Lors d’un dîner avec la presse au Club 21 de New York en février 1939, Alfred Hitchcock a fait une liste de ses dix films préférés. Saturday Night y figurait en première position (un autre Cecil B. DeMille était en 4e position : Forbidden Fruit de 1921) (3).
* Edith Roberts évoque Mary Pickford à la fois par son jeu et aussi sa taille : elle est même plus petite que Mary Pickford  (1m52 vs. 1m54).

Saturday NightJack Mower, Edith Roberts et Conrad Nagel dans Saturday Night de Cecil B. DeMille.

Saturday NightJack Mower, Cecil B. DeMille et Leatrice Joy sur le tournage de Saturday Night de Cecil B. DeMille.

 

(1) Dans les milieux populaires, on ne prenait un bain qu’une fois par semaine, le samedi juste avant de sortir pour la soirée alors que dans les milieux plus aisés, on prenait un bain tous les jours.
(2) Cecil B. DeMille, l’empereur du mauve de Luc Moullet (Editions Capricci, 2012)
(3) Liste des 10 films préférés d’Alfred Hitchcock, établie en 1939 :
1. Saturday Night (Le Détour) de Cecil B. DeMille, 1923
2. The Isle of Lost Ships (L’Ile des navires perdus) de Maurice Tourneur, 1923
3. Scaramouche de Rex Ingram, 1923
4. Forbidden Fruit (Le Fruit défendu) de Cecil B. DeMille, 1921
5. Sentimental Tommy de John S. Robertson, 1921
6. The Enchanted Cottage de John S. Robertson, 1924
7. Variétés de E.A. Dupont, 1925
8. The Last Command (Crépuscule de gloire) de Josef von Sternberg, 1928
9. The Gold Rush (La Ruée vers l’or) de Charles Chaplin, 1925
10. I Am a Fugitive from a Chain Gang (Je suis un évadé) de Mervyn LeRoy, 1932
… soit 9 films muets et 1 parlant.

Saturday NightAffiche pour Saturday Night de Cecil B. DeMille.
L’affiche illustre bien les oppositions de classe (regards, vêtements, arrière-plans) et le dessinateur a même ajouté des menottes pour exacerber la confrontation (ou pour symboliser le mariage ?)

9 juin 2019

L’Arnaqueuse (1970) de Peter Hall

Titre original : « Perfect Friday »

L'arnaqueuseA Londres, Mister Graham (Stanley Baker) est un sous-directeur de banque qui envie ses riches clients et trouve sa vie bien ennuyeuse. Il décide de voler de l’argent dans la chambre forte. Pour cela, il a besoin d’un et d’une complice. Ce seront Lady Britt Doreset (Ursula Andress), aussi dépensière que désargentée, et son mari, un Lord oisif (David Warner)…
Peter Hall (Sir Peter Reginald Frederick Hall) a beaucoup plus marqué le théâtre shakespearien britannique que le cinéma, pour lequel il n’a que peu tourné. Son film le plus marquant est certainement Akenfield (1974), adaptation d’un roman de Ronald Blythe. Perfect Friday est beaucoup plus léger : il s’agit d’une histoire d’escroquerie, qui ne parait pas particulièrement originale (surtout à nos yeux modernes) mais qui repose sur un bon trio d’acteurs. Ils font tous trois une solide prestation. Bien entendu, le film utilise largement les charmes d’Ursula Andress pour rendre l’ensemble plus avenant et plaisant. Le suspense est assez présent dans la dernière partie. On notera l’importance du mensonge dans cette histoire : les personnages se mentent mutuellement à peu près constamment, sans que ce soit caché au spectateur, bien au contraire…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Ursula Andress, Stanley Baker, David Warner
Voir la fiche du film et la filmographie de Peter Hall sur le site IMDB.

Perfect Friday
Ursula Andress et Stanley Baker dans L’arnaqueuse de Peter Hall.

8 juin 2019

Flash Gordon (1980) de Mike Hodges

Flash GordonUn tyran intergalactique, l’empereur Ming de Mongo, met la Terre en grand danger. Le Docteur Zarkov est le seul humain à en avoir conscience et a construit une fusée pour aller à l’origine de la menace. Il force la journaliste Dale Arden et « Flash » Gordon, jeune star de football américain, à être du voyage. A peine arrivé près de Mongo qu’ils sont capturés par Ming…
Flash Gordon est une bande dessinée d’Alex Raymond publiée à partir de 1934 (en France, sous le nom Guy l’Eclair), probablement la plus éclatante réussite de la bande dessinée de science-fiction : son inventivité, ses riches décors en couleurs, son univers futuriste et ses étranges personnages lui assurèrent un succès et une longévité rare. Il fut adapté à l’écran dès les années trente sous forme de serial. Fellini et George Lucas tentèrent d’acquérir les droits mais c’est Dino De Laurentiis qui finit par les acheter et confia la réalisation à l’anglais Mike Hodges. Le budget alloué fut très important (équivalent au second Star Wars par exemple) mais hélas le résultat est bien décevant. Malgré des décors et costumes assez exubérants et faisant preuve d’une belle imagination, la magie n’opère pas. L’histoire est assez simplifiée et le jeu de l’acteur principal Sam Jones, un sportif bellâtre sans expérience d’acteur, est vraiment épouvantable ; il tend à transformer l’ensemble en nanar. Max von Sydow et Ornella Muti sont d’un tout autre niveau mais sont pratiquement les seuls à faire preuve de présence à l’écran. Techniquement, le film utilise beaucoup les incrustations qui sont parfois très visibles, surtout à nos yeux modernes. La musique a été composée et interprétée par la groupe Queen.  Flash Gordon n’eut aucun succès et les suites prévues ne virent jamais le jour.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Sam J. Jones, Melody Anderson, Max von Sydow, Ornella Muti, Timothy Dalton
Voir la fiche du film et la filmographie de Mike Hodges sur le site IMDB.

Voir les autres films de Mike Hodges chroniqués sur ce blog…

Flash Gordon
Sam J. Jones et Ornella Muti dans Flash Gordon de Mike Hodges.

Flash Gordon
Max von Sydow et Peter Wyngarde dans Flash Gordon de Mike Hodges. Le costume de Max von Sydow pesait plus de 35 kgs et il ne pouvait le porter plus de quelques minutes d’affilée.

Flash Gordon

Autres adaptations :
1936 : Flash Gordon de Frederick Stephani et Ray Taylor (245 mn en 13 épisodes) avec Buster Crabbe
1938 : Flash Gordon’s Trip to Mars (Les nouvelles aventures de Flash Gordon) de Ford Beebe et Robert F. Hill (299 mn)
1940 : Flash Gordon Conquers the Universe (Flash Gordon à la conquête de l’univers) de Ford Beebe et Ray Taylor (220 mn)
La bande dessinée a également été adaptée en série TV en 1954-55 : Flash Gordon (produite en Allemagne pour la TV américaine) ainsi qu’en série d’animation à plusieurs reprises (1982, 1986, 1996).
A noter également une parodie mâtinée de pornographie, Flesh Gordon (1974) de Michael Benveniste et Howard Ziehm (film réputé très mauvais).