15 avril 2020

La Belle Saison (2015) de Catherine Corsini

La Belle saison1971. Delphine, fille de paysans, monte à Paris pour s’émanciper du carcan familial et gagner son indépendance financière. Elle rencontre Carole qui vit activement les débuts du féminisme…
Catherine Corsini a écrit La Belle Saison avec l’aide de Laurette Polmanss. C’est à la fois une histoire d’amour-passion et un hommage au féminisme des années 70 (1). La réalisatrice parvient à mêler habilement les deux, sans effets dramatiques et surtout en évitant tous les stéréotypes, ce qui est vraiment remarquable. Et les scènes de nudité ne tombent jamais dans le voyeurisme. Le film est porté par ses deux actrices : Izïa Higelin est remarquable, montrant beaucoup de force apparente tout en cachant ses incertitudes et Cécile de France déborde de vie. Les films sur l’homosexualité féminine sont assez rares et La Belle Saison est probablement le plus beau.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Cécile de France, Izïa Higelin, Noémie Lvovsky, Kévin Azaïs, Benjamin Bellecour
Voir la fiche du film et la filmographie de Catherine Corsini sur le site IMDB.
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(1) Les prénoms des deux personnages principaux sont des allusions à deux figures féministes de l’époque, la comédienne Delphine Seyrig et la cinéaste Carole Roussopoulos.

La Belle saisonIzïa Higelin et Cécile de France dans La Belle saison de Catherine Corsini.

28 novembre 2019

Un peuple et son roi (2018) de Pierre Schoeller

Un peuple et son roiDe la prise de la Bastille en 1789 à l’exécution de Louis XVI en 1793, les trois premières années de la Révolution française vécues par un petit groupe d’hommes et de femmes du peuple de Paris…
Ecrit et réalisé par Pierre Schoeller, Un peuple et son roi nous laisse sur des impressions mitigées. On ne peut que saluer l’approche très originale de cette phase de notre Histoire : point de grand souffle épique, ni de grandes figures historiques au premier plan, le cinéaste a choisi de montrer l’implication du peuple dans les changements, le développement d’une conscience politique portée par l’enthousiasme de pouvoir tout réinventer. Inévitablement, il n’évite pas le travers d’idéaliser son petit groupe de personnages et c’est certainement le premier reproche que l’on puisse faire au film, le second étant la forme en elle-même, trop présente, trop proche d’un spectacle, architecturé comme une suite de tableaux. Historiquement parlant, le cinéaste s’appuie sur de solides recherches. Il met en avant certains aspects moins connus, comme l’importance du rôle des femmes. Le plus intéressant, à mes yeux, se situe dans les débats au sein de la toute nouvelle Assemblée nationale, des scènes hélas trop courtes mais où l’on entrevoit l’intensité des batailles d’idées(1). Un peuple et son roi est un film audacieux, qui bénéficie d’une solide interprétation ; il semble hélas avoir été mal reçu par le public.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gaspard Ulliel, Adèle Haenel, Olivier Gourmet, Louis Garrel, Izïa Higelin, Noémie Lvovsky, Céline Sallette, Denis Lavant
Voir la fiche du film et la filmographie de Pierre Schoeller sur le site IMDB.
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(1) Le cinéaste affirme n’avoir aucunement réécrit les discours prononcés dans les scènes de l’Assemblée nationale ; en revanche, on peut lui reprocher un montage trop évident, ce sont des bribes de discours, ce qui gêne la perception de la formation des idées.

Un peuple et son roiAdèle Haenel et Gaspard Ulliel dans Un peuple et son roi de Pierre Schoeller.

Un peuple et son roiDenis Lavant (Marat) et Niels Schneider (Saint-Just) dans Un peuple et son roi de Pierre Schoeller.

13 juin 2019

Rodin (2017) de Jacques Doillon

RodinAuguste Rodin reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l’Etat pour la porte d’entrée du musée des arts décoratifs qui devait ouvrir en 1882. Il vient d’accepter une nouvelle élève, la jeune Camille Claudel, qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse…
Il eut été décevant que Jacques Doillon se plie au format moderne du biopic, genre aujourd’hui extrêmement codifié et sans originalité. Heureusement, ce n’est pas le cas, il fait fi de ces ennuyeuses conventions et cherche plutôt à nous faire entrer dans la tête du sculpteur grâce à un scénario qu’il a écrit. Il ne suit pas une trame narrative continue mais décrit des moments sans se soucier de toujours les lier entre eux : les ellipses sont parfois aussi importantes que soudaines. Il s’attache plus particulièrement à suivre la relation tumultueuse de Rodin avec Camille Claudel, sa relation avec les femmes en général et imagine (1) son cheminement créatif pour La Porte de l’Enfer et pour la « dérangeante » statue de Balzac qu’il ne parviendrait jamais à faire vraiment accepter. Le tournage a été réalisé en partie dans la demeure de Rodin à Meudon. Vincent Lindon s’est beaucoup investi dans son personnage et le rend très crédible. La photographie est un peu terne, marquée par un éclairage faible. Le son est assez mauvais (sous-titres fortement recommandés). Le film de Jacques Doillon a été très bien reçu par la critique mais très mal par le public qui a été probablement désarçonné par son caractère atypique.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vincent Lindon, Izïa Higelin, Séverine Caneele, Bernard Verley
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(1) Il n’existe pas de témoignages directs sur la façon dont Rodin créait et travaillait. Jacques Doillon reprend toutefois certaines théories : par exemple, la légende veut que Camille Claudel ait modelé les mains de Pierre de Wissant pour la sculpture Les Bourgeois de Calais.

Rodin
Vincent Lindon et Izïa Higelin dans Rodin de Jacques Doillon.

Rodin
Vincent Lindon dans Rodin de Jacques Doillon.

Rodin
Vincent Lindon et Anne Cécile Quivogne (… et Balzac) dans Rodin de Jacques Doillon (Rodin aurait fait poser une femme enceinte pour l’une de ses études sur Balzac).

 

Précédente évocation de la relation entre Camille Claudel et Auguste Rodin :
Camille Claudel de Bruno Nuytten (1988) avec Isabelle Adjani et Gérard Depardieu

et sur la fin de vie de Camille Claudel :
Camille Claudel 1915 de Bruno Dumont avec Juliette Binoche