21 janvier 2016

Plein soleil (1960) de René Clément

Plein soleilLe jeune Tom Ripley est payé par un milliardaire américain pour convaincre son fils, qui mène une vie oisive et dépensière en Italie, de rentrer chez lui. Il devient son ami et accepte apparemment de subir ses sautes d’humeur et ses humiliations. En réalité, il envie sa vie facile, sa fiancée, son argent…
Plein soleil est adapté d’un roman de Patricia Highsmith Monsieur Ripley. Pour en écrire l’adaptation, René Clément travaille avec Paul Gégauff, très lié à la Nouvelle Vague dont l’influence est assez nette sur le film, ne serait-ce que dans les scènes extérieures, souvent tournées in-situ. L’histoire s’attarde d’ailleurs autant sur la langueur des personnages et les corps bronzés par le soleil que sur l’intrigue policière elle-même. Plein soleil Les images d’Henri Decae sont très belles, magnifiées par le décor naturel de l’île d’Ischia (au large de Naples). Alain Delon, alors âgé de 24 ans à peine, y fait une remarquable prestation, son charme naturel rendant son personnage complexe : d’haïssable, il devient séduisant et l’histoire devient ainsi assez troublante. Le film va vraiment lancer sa carrière. Plein soleil est un très beau film de René Clément mais il ne fait pas l’unanimité : ses détracteurs lui reprochent d’être trop accès sur le magnétisme des comédiens et une mise en retrait de l’intrigue. Le film me semble plutôt à considérer comme un ensemble, un très bel ensemble.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Maurice Ronet, Marie Laforêt
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Remarques :
* Romy Schneider fait une petite apparition au début du film. L’actrice (déjà très célèbre) a ainsi une courte scène avec son fiancé, Alain Delon.
* Autre adaptation :
Le Talentueux Mr Ripley (The Talented Mr. Ripley) d’Anthony Minghella (1999)

Plein soleil
Maurice Ronet, Marie Laforêt et Alain Delon dans Plein soleil de René Clément.

19 janvier 2016

Meurtre au soleil (1982) de Guy Hamilton

Titre original : « Evil Under the Sun »

Meurtre au soleilChargé de retrouver un diamant de grande valeur, Hercule Poirot se retrouve dans un hôtel de luxe sur une île de l’Adriatique. C’est là que séjourne l’actrice Arlena Marshall à qui un milliardaire avait donné le bijou… Librement adapté par Anthony Shaffer du roman Evil Under the Sun, Meurtre au soleil permet de se replonger dans l’atmosphère si séduisante des histoires d’Agatha Christie. Et, comme souvent dans les productions anglaises, la qualité de l’interprétation y est excellente. Hélas, l’histoire semble avoir pâti de cette réécriture totale. La mise en place est interminable, le meurtre promis n’apparaissant qu’à la moitié du film, et lorsque l’on connait le fin mot de l’histoire, celle-ci paraît totalement improbable. Peter Ustinov appuie fortement le côté débonnaire de son personnage, Diana Riggs (ici dans l’une de ses rares apparitions au cinéma) est assez éblouissante dans son rôle de star égocentriste et Maggie Smith fait également une belle prestation en sémillante hôtelière. Meurtre au soleil est loin d’être aussi convaincant que Mort sur le Nil (1978) auquel il est censé faire suite.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Peter Ustinov, Diana Rigg, Jane Birkin, Nicholas Clay, Maggie Smith, Roddy McDowall, James Mason, Colin Blakely
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Remarque :
* Guy Hamilton est surtout connu pour avoir tourné plusieurs films de la série des James Bond : Goldfinger (1964) et plusieurs autres dans les années 70.
* Le film a été tourné à Majorque.

Meurtre au soleil
Nicholas Clay et Diana Riggs dans Meurtre au soleil de Guy Hamilton

Autre adaptation du même roman :
Agatha Christie’s Poirot – Evil Under the Sun de Brian Farnham (2002) pour la télévision (dans le cadre d’une série).

11 janvier 2016

Psychose (1960) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Psycho »

PsychoseMarion Crane est insatisfaite de son sort : elle a un amant avec lequel elle ne peut vivre faute d’argent. Elle agit impulsivement lorsqu’elle a l’occasion de voler une très grosse somme d’argent à son patron : elle s’en empare et s’enfuit en voiture… Psychose est le film le plus connu d’Alfred Hitchcock et pourtant il a été conçu comme un film presque expérimental, avec un budget proche d’un téléfilm. L’histoire en elle-même, tirée d’un roman de Robert Bloch inspiré d’un fait divers, n’est pas des plus passionnantes qui soient ; si elle a attiré Hitchcock, c’est parce qu’il y voyait un beau support pour jouer avec le spectateur qu’il entraîne constamment sur de fausses pistes. La mise en place laisse prévoir un certain type de film et au moment où l’on croit deviner la suite, Hitchcock surprend tout le monde par une scène aussi inattendue que contraire aux règles narratives classiques. Devenue la plus célèbre du cinéma, elle n’a plus évidemment l’effet de surprise qu’elle produisait à sa sortie sur les spectateurs et c’est un peu dommage, mais même lorsque que l’on connait le film, on peut admirer le talent d’Hitchcock pour nous induire en erreur, nous dérouter jusqu’à nous terrifier. Tout est calculé dans ce but, il détourne notre attention avec un détail pour mieux nous tromper sur l’essentiel. Sur ce point, il est bien le maitre absolu. Et comme il le dit lui-même, ce n’est pas grâce à son contenu ou à son interprétation que Psychose est un film si remarquable, c’est la façon de construire cette histoire et de la raconter qui a amené le public à réagir de façon émotionnelle.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anthony Perkins, Janet Leigh, Vera Miles, John Gavin, Martin Balsam
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Remarques :
* Le budget de Psychose a été de 800 000 dollars soit l’équivalent de trois épisodes moyens de télévision, financé en grande partie par Hitchcock lui-même car personne n’y croyait. La Paramount refusa même de prêter ses studios et Hitchcock le tournera dans les studios Revue chez Universal.
* La scène de la douche compte 70 plans en 45 secondes, ce qui est totalement inhabituel chez Hitchcock qui excelle dans les plans longs. Il semble que Saul Bass ait (fortement ?) contribué à sa conception.
* Dans ses entretiens avec Truffaut, Hitchcock détaille comment, dans la scène où Bates descend sa mère à la cave, il parvient à placer la caméra très haut, ayant attiré notre attention sur le dialogue. Aussi efficace qu’étonnant.
* Hitchcock cameo : À la 6e minute, lorsque Marion Crane arrive à son bureau, on le voit de trois-quarts se tenir dehors sur le trottoir, coiffé d’un chapeau de cow-boy.

Psychose
Janet Leigh en route vers le Bates Motel dans Psychose de Alfred Hitchcock

10 octobre 2015

La Nuit du carrefour (1932) de Jean Renoir

La Nuit du carrefourUn diamantaire belge est retrouvé mort par balle dans le garage d’une villa située à un carrefour assez isolé au nord de Paris. Il n’y a là que trois maisons. Le commissaire Maigret commence par interroger l’occupant de la villa qui est le premier à être suspecté… Situé dans la filmographie de Jean Renoir entre La Chienne et Boudu, cette adaptation d’un roman de Simenon (l’une des premières) paraît plus mineure mais ne manque pas de personnalité. Jean Renoir a su y insuffler une atmosphère nonchalante mais aussi inquiétante et brumeuse. Parfois très sombres, la plupart des scènes se déroulent la nuit, y compris une poursuite automobile en caméra subjective. Pierre Renoir, frère du cinéaste, fait un Maigret très crédible. L’intrigue n’est pas des plus limpides : Jean Mitry a raconté qu’il avait égaré deux bobines entre le laboratoire et la salle de montage, ce qui peut expliquer cela. Des erreurs de la script et des difficultés techniques ont également été évoquées. La nuit du carrefour est une affaire bien ténébreuse…
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Pierre Renoir, Georges Térof, Winna Winifried, Georges Koudria
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La Nuit du carrefour
Lucie Vallat, Pierre Renoir et Dignimont dans La Nuit du carrefour de Jean Renoir.

24 août 2015

Prête à tout (1995) de Gus Van Sant

Titre original : « To Die For »

Prête à toutSuzanne Stone est une jeune femme qui sait exactement ce qu’elle veut : être présentatrice de télévision. Elle montre une grande détermination pour atteindre son but, bien décidée à balayer tout ce qui se trouvera en travers de sa route… Adapté d’un roman de Joyce Maynard (lui-même basé sur une histoire vraie), Prête à tout a beau être une oeuvre de commande pour Gus Van Sant, elle ne manque pas d’attraits. Cette comédie noire sur l’arrivisme et le rêve américain est assez surprenante par sa construction : elle a le mérite d’être originale mais le défaut de nous indiquer d’emblée le dénouement. Presque tout le film est un flashback, raconté à la façon d’un reportage-enquête ; certains plans ne feront sens qu’à la fin toutefois. Prête à tout sera un révélateur pour Nicole Kidman qui est particulièrement mise en valeur : l’actrice, qui était auparavant surtout vue comme la femme de Tom Cruise, va à partir de ce film devenir une actrice de premier plan. Extrêmement photogénique, elle a ici une présence à l’écran rare et Gus Van Sant ne se prive pas de la filmer en très gros plan. On remarquera aussi le petit rôle tenu par le réalisateur David Cronenberg (l’homme avec lequel elle a rendez-vous au lac à la fin du film).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nicole Kidman, Matt Dillon, Joaquin Phoenix, Casey Affleck, Illeana Douglas, Alison Folland
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Prête à tout
Nicole Kidman dans Prête à tout de Gus Van Sant.

 

28 mai 2015

Agent secret (1936) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Sabotage »
Titre U.S.A. : « The Woman Alone »

Agent secretLondres est soudainement plongé dans le noir à la suite d’un acte de sabotage de la centrale électrique. Un enquêteur de Scotland Yard surveille le directeur d’un cinéma… Sabotage (Agent secret) est adapté du roman de Joseph Conrad The Secret Agent, titre qui ne pouvait pas être utilisé puisque Hitchcock venait d’achever un autre film portant ce titre. Bien qu’il ait été très mal reçu à l’époque, c’est un très bon film où le cinéaste s’attache à créer un suspense qui se révèle assez fort. Comme le film précédent d’Hitchcock, Sabotage est handicapé par le choix des acteurs : John Loder en policier est assez terne (Hitchcock voulait Robert Donat qui n’a pu se libérer), Oscar Homolka est trop sympathique et le couple qu’il forme avec Sylvia Sydney n’est pas crédible. Mais ce n’est pas à cause de l’interprétation si le film a été si mal reçu. [Attention, la suite de ce commentaire va révéler un point important, arrêtez-ici votre lecture si vous comptez regarder le film prochainement.] Ce que le public n’a pas pardonné au cinéaste, c’est de faire mourir le jeune garçon après avoir construit un suspense très fort autour de lui : « C’est une très grave erreur de ma part » analyse le cinéaste a posteriori (1). Il s’agissait pourtant d’un élément très réaliste et c’est, bien entendu, une réaction très naïve de la part du public de vouloir que les personnages qu’il a pris en affection soient toujours sauvés in extremis. Toujours est-il que cela a scellé le destin du film. Une autre scène très forte est celle du repas : Sylvia Sydney, Oskar Homolka et… le couteau. Là, c’est du grand art, et accessoirement un superbe exemple de la manipulation du cinéma car cette scène, par sa construction, son montage et surtout la formidable utilisation d’un objet, le couteau, transforme finalement un meurtre en demi-suicide… Sabotage est donc un film intéressant à plus d’un titre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sylvia Sidney, Oskar Homolka, John Loder
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Sabotage d'Alfred Hitchcock
Sylvia Sydney dans Agent secret (Sabotage) de Alfred Hitchcock

Remarques :
* En visionnant Sabotage aujourd’hui, il est difficile de ne pas penser aux attentats de Londres de 2005 où une bombe a explosé de façon similaire dans un bus. A noter que dans le film d’Hitchcock, les motivations ne sont pas clairement identifiées : les commanditaires des attentats veulent déstabiliser la société par la peur mais le cinéaste ne les rattache à aucun mouvement politique.

* Cameo d’Alfred Hitchcock (difficile à repérer et incertain) : Juste au moment où la lumière revient (8’50), au premier plan de l’attroupement devant le cinéma, Hitchcock passe très rapidement au premier plan en regardant en l’air. (Nota : Le cameo listé par Wikipédia français ne correspond à aucune scène de la version que j’ai vue)

* Ne pas confondre :
Secret Agent (titre français : Quatre de l’espionnage) d’Alfred Hitchcock (UK 1936)
Sabotage (titre français : Agent secret) d’Alfred Hitchcock (UK 1936)
Saboteur (Titre français : Cinquième colonne) d’Alfred Hitchcock (USA 1942)

Sabotage d'Alfred Hitchcock
Desmond Tester, le jeune garçon dans Agent secret (Sabotage) de Alfred Hitchcock

(1) « Il y a une très grave erreur de ma part : le petit garçon qui porte la bombe. Quand un personnage promène une bombe sans le savoir comme un simple paquet, vous créez par rapport au public un très fort suspense. Tout au long de ce trajet, le personnage du garçon est devenu beaucoup trop sympathique pour le public qui, ensuite, ne m’a pas pardonné de le faire mourir lorsque la bombe explose. » (Hitchcock / Truffaut, Ramsay 1983, p. 88)
Lorsque Hitchcock parle ensuite d’une variante possible, François Truffaut a une remarque intéressante : « C’est très délicat de faire mourir un enfant dans un film ; on frôle l’abus de pouvoir du cinéma. » Hitchcock approuve.

Sabotage d'Alfred Hitchcock
Oskar Homolka et Sylvia Sydney dans Agent secret (Sabotage) de Alfred Hitchcock avec (hors champ)… le couteau.

27 avril 2015

New York Confidential (1955) de Russell Rouse

New York confidentielCharlie Lupo est à la tête de la branche new-yorkaise du syndicat du crime. Il fait venir le tueur Nick Magellan de Chicago pour une mission et, impressionné par sa classe et son efficacité, décide de la garder à ses côtés… Après qu’une commission d’enquête (Kefauver hearings, 1950-51) eut révélé à des millions de spectateurs médusés l’omniprésence de la Mafia dans tous les rouages de la société américaine, un certain nombre de films virent le jour sur ce sujet (1). New York Confidential est l’un des plus remarquables d’entre eux. Il est librement inspiré d’un best-seller du même nom signé Jack Lait et Lee Mortimer. Il nous montre le fonctionnement de l’organisation criminelle avec ses règles et ses processus de décision. Contrairement au cinéma des années trente, les hommes qui la dirigent ne sont pas montrés comme des caïds risque-tout mais comme des hommes d’affaires, qui ont un bureau, une secrétaire et même une famille qui cause des soucis. Mais le personnage central de New York Confidential n’est l’un de ces patrons du crime mais son bras droit remarquablement interprété par Richard Conte, stylé et séduisant en apparence mais implacable tueur quand il s’agit de régler les problèmes. Finalement, New York Confidential est un étonnant précurseur, vingt ans auparavant, du Parrain de Coppola.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Broderick Crawford, Richard Conte, Marilyn Maxwell, Anne Bancroft, Mike Mazurki
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New York Confidential
Richard Conte  est un tueur stylé dans New York confidentiel de Russell Rouse

New York Confidential
Broderick Crawford  est l’un des chefs de la Mafia dans New York confidentiel de Russell Rouse, 20 ans avant Marlon Brando…

Remarque :
* Le terme « Mafia » n’est à aucun moment prononcé dans le film qui utilise le terme « Syndicat » ou « l’Organisation ».

(1) On pourrait citer The Captive City (1952) de Robert Wise, Hoodlum Empire (1952) de Joseph Kane ou encore The Turning Point (1952) de William Dieterle pour se limiter à ceux qui s’attachent à montrer le fonctionnement de la Mafia.
Il y en a beaucoup d’autres sur le thème du crime organisé  qui est l’un des sujets principaux de la décennie des années cinquante : The Enforcer de Raoul Walsh (1951), The Mob de Robert Parrish (1951), The Racket de John Cromwell (1952), The Narrow Margin de Richard Fleisher (1952), The Big Combo de Joseph H. Lewis (1955), etc.

21 avril 2015

Témoin à charge (1957) de Billy Wilder

Titre original : « Witness for the Prosecution »

Témoin à chargeA Londres, Sir Wilfred est un brillant avocat qui vient d’échapper à une grave crise cardiaque. Ses médecins lui déconseillent désormais les grandes affaires criminelles. Pourtant, il va accepter de défendre un homme accusé d’avoir tué une riche veuve… Incontestablement à classer parmi les tous meilleurs films de procès, Témoin à charge est adapté du roman homonyme d’Agatha Christie. Le film est particulièrement brillant par son mélange de gravité et de légèreté et par son interprétation hors-pair. Charles Laughton montre là son immense talent, sans jamais forcer le trait, simplement en donnant de l’intensité à chacune des scènes où il apparaît. De façon amusante, le flashback berlinois est un clin d’oeil très appuyé à La Scandaleuse de Berlin (1) où Marlene Dietrich tenait le même rôle. Le déroulement du scénario est habile et nous maintient en constante attention. Témoin à charge plut beaucoup à Agatha Christie qui déclara à sa sortie qu’il s’agissait de la meilleure adaptation d’un de ses romans au cinéma.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Tyrone Power, Marlene Dietrich, Charles Laughton, Elsa Lanchester, John Williams
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Témoin à Charge de Billy Wilder
Charles Laughton est magistral dans Témoin à charge de Billy Wilder
(à l’arrière-plan : John Williams)

Marlene Dietrich dans Témoin à Charge de Billy Wilder
Marlene Dietrich dans Témoin à charge de Billy Wilder

Remarques :
* Elsa Lanchester, qui interprète ici l’infirmière personnelle de l’avocat, était dans la vraie vie la femme de Charles Laughton (de 1929 jusqu’à sa mort en 1962)
* Témoin à charge est le dernier film de Tyrone Power. L’acteur décèdera d’une crise cardiaque l’année suivante à l’âge de 44 ans.
* Si le twist final est aujourd’hui une figure obligée des films policiers et des thrillers, cela l’était moins dans les années cinquante et les studios ont tout fait pour le garder secret : les équipes de tournage et même les acteurs ont travaillé avec des scénarios auxquels manquaient les dix dernières pages. Au moment de tourner la fin, toute l’équipe a dû signer un engagement de non-divulgation. Même la Famille Royale aurait signé un tel document lors d’une projection privée en avant-première.

(1) La Scandaleuse de Berlin de Billy Wilder (1948) avec Marlene Dietrich et Jean Arthur.

19 avril 2015

La Clé de verre (1942) de Stuart Heisler

Titre original : « The Glass Key »

La clé de verreHomme politique trouble, Paul Madvig décide de soutenir la candidature à la mairie de Ralph Henry qui veut assainir la ville, rompant ainsi brutalement ses relations avec le patron de maisons de jeux Nick Varda. En réalité, Madvig s’est surtout entichée de la fille de Ralph Henry. Ed Beaumont, le bras droit de Madvig ne voit pas cela d’un bon oeil. Ses craintes se justifient lorsque le fils de Ralph Henry est retrouvé mort dans une ruelle… Comme Le Faucon Maltais, le roman le plus connu des cinéphiles de Dashiell Hammett, La Clé de verre a été porté plusieurs fois à l’écran en moins de dix ans : Frank Tuttle l’avait déjà adapté en 1935 dans une assez bonne version avec George Raft et Edward Arnold. Cette version de 1942 est assez fidèle au roman dans le déroulement de l’histoire, à ceci près qu’elle se concentre sur la relation entre Beaumont et la fille de Henry. Pour la Paramount, l’occasion était trop belle de réunir à nouveau Alan Ladd et Veronica Lake à l’écran, après l’énorme succès de Tueurs à gages quelques mois auparavant, et de jouer sur la tension sexuelle générée par le couple et sur une certaine aura de mystère autour de Veronica Lake. Par rapport au livre, les relations ambigües entre Beaumont et l’homme de main Jeff, fortement teintées d’homosexualité et de sadomasochisme, sont restées (assez bizarrement, du fait de la censure). Sur le fond, le film met le doigt sur la corruption des politiques qui sont aux ordres de la pègre. Au final, on peut donc considérer que cette version de La clé de verre restitue bien l’esprit assez subversif des romans de Dashiell Hammett.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Brian Donlevy, Veronica Lake, Alan Ladd, Richard Denning, Joseph Calleia, William Bendix
Voir la fiche du film et la filmographie de Stuart Heisler sur le site IMDB.

The Glass Key (1942)
Brian Donlevy, Alan Ladd et Veronica Lake dans La clé de verre de Stuart Heisler (photo publicitaire)

Remarque :
* Pendant le tournage, Alan Ladd s’est retrouvé réellement assommé par William Bendix à la suite d’une erreur dans le coup porté par ce dernier. Bendix s’est à tel point confondu en excuses que ce fut le début d’une profonde amitié entre les deux acteurs qui durera jusqu’à leur mort (la même année en 1964).

Autres adaptations :
The Glass Key de frank Tuttle (1935) avec George Raft, Claire Dodd et Edward Arnold
Miller’s crossing des frères Coen (1990) (inspirés de deux romans de Hammett : La Clé de verre et La Moisson rouge)

Veronica Lake
Veronica Lake dans La clé de verre de Stuart Heisler (photo publicitaire)

26 février 2015

La Vengeance du docteur Joyce (1947) de Lawrence Huntington

Titre original : « The Upturned Glass »

La vengeance du docteur JoycePour illustrer son cours de psychologie criminelle, un professeur d’université raconte le cas d’un meurtre commis par vengeance, par une personne qu’il dit parfaitement lucide et sain d’esprit, un neurochirurgien de talent … The Upturned Glass est le premier des quelques films britanniques produits par James Mason. Il en a écrit l’histoire avec sa femme Pamela qui joue l’un des rôles principaux (la belle-soeur Kate), une histoire qui s’inscrit dans cette veine psychanalytique de la seconde moitié des années quarante. Elle évoque notamment certains films d’Hitchcock comme Spellbound. La direction de Lawrence Huntington n’est pas spécialement remarquable. S’il n’est un pas un grand film, The Upturned Glass comporte plusieurs originalités qui le rende séduisant : la construction est assez particulière et c’est alors que l’on est persuadé de sa composition qu’elle se révèle tout autre ; le déroulement du scénario est parfait, avec une distanciation élégante ; la fin est inattendue, elle est du genre que l’on ne peut trouver dans les films hollywoodiens. Et, bien entendu, il y a la présence de James Mason dans un rôle qui lui va (on s’en doute puisqu’il l’a écrit) comme un gant. Peu répandu, The Upturned Glass est un film qui ne manque pas de charme.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Mason, Rosamund John, Pamela Mason
Voir la fiche du film et la filmographie de Lawrence Huntington sur le site IMDB.

Remarque :
* James Mason a signé le scénario sous le John Monaghan. Pamela Mason apparaît quant à elle sous le nom Pamela Kellino (le nom de son premier mari) qui était alors son nom de scène.

The Upturned Glass
James Mason dans The Upturned Glass (1947)