21 août 2021

Un jeu risqué (1955) de Jacques Tourneur

Titre original : « Wichita »

Un jeu risqué (Wichita)Wyatt Earp arrive à Wichita (Kansas), une petite bourgade de l’Ouest américain où il a l’intention de monter une petite affaire. Alors qu’il dépose son argent à la banque, il est pris dans un hold-up et neutralise les bandits. Les notables de la ville veulent le nommer shérif. Il refuse tout d’abord…
Le personnage de Wyatt Earp fait partie des légendes de l’Ouest américain et a inspiré de nombreux films hollywoodiens. S’il est en premier connu pour sa participation à la fusillade d’O.K. Corral, c’est d’un épisode du début de sa vie dont le scénario de Wichita s’est librement inspiré. Le thème est celui de l’instauration de la Loi dans ces bourgades éloignées dont la croissance était très rapide. Comme les fauteurs de troubles sont ceux qui font marcher les affaires en venant en ville dépenser leur argent, les notables sont indécis. Les personnages de Wichita changent ainsi plusieurs fois de bord face aux mesures drastiques mises en place par le nouveau shérif. Si le récit s’éloigne de la réalité historique à propos de Wyatt Earp (1), il rend bien compte des problèmes récurrents de ces villes nouvelles qui poussaient comme des champignons. Joel McCrea est bien âgé pour le rôle (Wyatt Earp avait alors 26 ans, Joel Mc Crea est proche de 50) mais exprime une grande droiture et une rigueur certaine. Jacques Tourneur utilise merveilleusement bien le Cinémascope, le très beau plan où son personnage principal apparait au somment d’une colline lointaine est resté célèbre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Joel McCrea, Vera Miles, Lloyd Bridges, Wallace Ford, Peter Graves, Keith Larsen
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Tourneur sur le site IMDB.

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(1) Selon Wikipédia, « Wyatt Earp fut accusé de plusieurs délits tels que vol de chevaux ou encore détournement de fonds lorsqu’il exerçait la profession d’agent de police dans la ville de Wichita au Kansas, où il était chargé de la collecte des taxes. Il chercha avidement à devenir shérif, couverture idéale pour ses activités illégales, et lui permettant d’être armé dans des villes frontalières où il était interdit de porter une arme. »

 Un jeu risqué (Wichita)Wallace Ford et Joel McCrea dans Un jeu risqué (Wichita) de Jacques Tourneur.

7 janvier 2019

A vingt-trois pas du mystère (1956) de Henry Hathaway

Titre original : « 23 Paces to Baker Street »

À vingt-trois pas du mystèreCélèbre dramaturge américain vivant à Londres, Phillip Hannon est aveugle à la suite d’un accident mais s’efforce de vivre normalement malgré ce handicap. Un jour où il s’est rendu seul au pub, son ouïe fine lui permet d’entendre partiellement une conversation de l’autre côté de la cloison : un homme et une femme semblent planifier un enlèvement…
Le scénario de À vingt-trois pas du mystère est basé sur le roman La Nurse qui disparut de Philip MacDonald. L’élément le plus astucieux, le fait de faire mener l’enquête par un aveugle, a été ajouté par le scénariste Nigel Balchin. C’est un ajout très habile qui rend l’histoire assez remarquable. Elle nous intrigue et sait nous surprendre par des développements inattendus. La trame n’est pas sans évoquer celle de Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock. Henry Hathaway montre une fois de plus son talent, la réalisation est de bonne facture et il sait donner un excellent rythme qui nous tient en haleine.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Van Johnson, Vera Miles, Cecil Parker, Patricia Laffan, Maurice Denham
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Remarques :
* Le titre original est un évident hommage à Sherlock Holmes. Le scénariste a tout de même réussi à la placer dans la bouche de Van Johnson (… de façon un peu parachutée tout de même).
* Ce film américain a été tourné en partie (extérieurs) en Angleterre. Une loi fiscale anglaise incitait alors les studios américains à réinvestir localement les bénéfices tirés de l’exploitation des films en Grande-Bretagne.

23 paces to Baker Street
Vera Miles, Van Johnson et Cecil Parker dans À vingt-trois pas du mystère de Henry Hathaway.

6 mars 2016

Le Faux Coupable (1956) de Alfred Hitchcock

Titre original : « The Wrong Man »

Le Faux coupableChristopher Emmanuel Balestrero est musicien, il tient la contrebasse dans un club new-yorkais plutôt huppé, et arrive tout juste à faire vivre sa petite famille. Il est reconnu à tort comme étant l’auteur de hold-up chez les commerçants de son quartier… Le Faux Coupable est basé sur un authentique fait divers. De façon inhabituelle pour lui, Alfred Hitchcock s’est efforcé de rester le plus près possible de la vérité, utilisant des décors réels, allant jusqu’à filmer certaines scènes de prison dans une véritable prison. Il raconte les faits vus, non pas par les yeux de l’un des enquêteurs, mais par les yeux de l’homme faussement accusé, ce qui est un parti-pris original. Il modifie un peu les faits pour augmenter la tension mais son principal défaut est certainement d’avoir trop centré le milieu de film sur le personnage de la femme ce qui casse la montée de cette tension. L’ensemble est très froid. Henry Fonda est bien entendu l’un des plus grands acteurs qui soient mais il est ici plus impénétrable et glacial que jamais. Par ailleurs, faut-il penser (comme François Truffaut dans ses entretiens avec Hitchcock) que le style du maître du suspense ne peut s’adapter à un tel récit de faits réels ?
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Henry Fonda, Vera Miles, Anthony Quayle
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Remarques :
* Caméo : La scène où Alfred Hitchcock a fait son habituelle apparition a été coupée au montage par lui-même. Il apparaissait en arrière plan quand Henry Fonda regarde les courses hippiques sur son journal dans le café (voir la 3e photo ci-dessous).
* Alfred Hitchcock apparait tout de même en ombre chinoise dans l’introduction. C’est d’ailleurs sa seule apparition parlante dans un de ses films (en revanche, il apparaît et parle abondamment dans nombre de ses « teasers » plein d’humour).

The Wrong Man
Vera Miles, Henry Fonda et Anthony Quayle dans Le Faux coupable de Alfred Hitchcock.

The Wrong Man
Ce plan, avec la tête d’Henry Fonda au dessus de la grille,  est l’une des belles trouvailles d’Alfred Hitchcock.

The Wrong Man
Même si la scène a été coupée au montage, ce plan avec le cameo d’Hitchcock a servi comme matériel publicitaire.

11 janvier 2016

Psychose (1960) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Psycho »

PsychoseMarion Crane est insatisfaite de son sort : elle a un amant avec lequel elle ne peut vivre faute d’argent. Elle agit impulsivement lorsqu’elle a l’occasion de voler une très grosse somme d’argent à son patron : elle s’en empare et s’enfuit en voiture… Psychose est le film le plus connu d’Alfred Hitchcock et pourtant il a été conçu comme un film presque expérimental, avec un budget proche d’un téléfilm. L’histoire en elle-même, tirée d’un roman de Robert Bloch inspiré d’un fait divers, n’est pas des plus passionnantes qui soient ; si elle a attiré Hitchcock, c’est parce qu’il y voyait un beau support pour jouer avec le spectateur qu’il entraîne constamment sur de fausses pistes. La mise en place laisse prévoir un certain type de film et au moment où l’on croit deviner la suite, Hitchcock surprend tout le monde par une scène aussi inattendue que contraire aux règles narratives classiques. Devenue la plus célèbre du cinéma, elle n’a plus évidemment l’effet de surprise qu’elle produisait à sa sortie sur les spectateurs et c’est un peu dommage, mais même lorsque que l’on connait le film, on peut admirer le talent d’Hitchcock pour nous induire en erreur, nous dérouter jusqu’à nous terrifier. Tout est calculé dans ce but, il détourne notre attention avec un détail pour mieux nous tromper sur l’essentiel. Sur ce point, il est bien le maitre absolu. Et comme il le dit lui-même, ce n’est pas grâce à son contenu ou à son interprétation que Psychose est un film si remarquable, c’est la façon de construire cette histoire et de la raconter qui a amené le public à réagir de façon émotionnelle.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anthony Perkins, Janet Leigh, Vera Miles, John Gavin, Martin Balsam
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Remarques :
* Le budget de Psychose a été de 800 000 dollars soit l’équivalent de trois épisodes moyens de télévision, financé en grande partie par Hitchcock lui-même car personne n’y croyait. La Paramount refusa même de prêter ses studios et Hitchcock le tournera dans les studios Revue chez Universal.
* La scène de la douche compte 70 plans en 45 secondes, ce qui est totalement inhabituel chez Hitchcock qui excelle dans les plans longs. Il semble que Saul Bass ait (fortement ?) contribué à sa conception.
* Dans ses entretiens avec Truffaut, Hitchcock détaille comment, dans la scène où Bates descend sa mère à la cave, il parvient à placer la caméra très haut, ayant attiré notre attention sur le dialogue. Aussi efficace qu’étonnant.
* Hitchcock cameo : À la 6e minute, lorsque Marion Crane arrive à son bureau, on le voit de trois-quarts se tenir dehors sur le trottoir, coiffé d’un chapeau de cow-boy.

Psychose
Janet Leigh en route vers le Bates Motel dans Psychose de Alfred Hitchcock