23 avril 2016

Que la bête meure (1969) de Claude Chabrol

Que la bête meurePour venger la mort de son enfant, un homme se met à la recherche du chauffard qui l’a percuté sur une petite route de Bretagne. Il est déterminé, il le recherche pour le tuer et n’a pas l’intention d’abandonner avant de l’avoir trouvé… Que la bête meure est au départ un roman de Nicholas Blake. L’adaptation est signée Claude Chabrol et Paul Gégauff. C’est un film intense où Chabrol approche la perfection. Cela lui a valu d’être comparé à Hitchcock et à Fritz Lang, le premier pour l’habileté dans le dosage des éléments qui génère une tension croissante et le second pour le portrait du Mal et pour la réflexion induite sur la culpabilité. La détermination froide de son justicier et l’animalité de la « bête » qu’il va débusquer forment un antagonisme absolu. L’être abject personnifié par Jean Yanne symbolise aussi un style de vie archaïque ; il accumule tout ce qu’il y a de plus détestable. On aimerait pouvoir parler de caricature mais, hélas, ce n’en est pas vraiment une. Par sa réflexion sur les traits du caractère humain, par les sentiments contradictoires qu’il génère en nous, Que la bête meure va plus loin que la simple critique de la bourgeoise poujadiste de province dans laquelle on cantonne trop souvent Claude Chabrol ;  les pulsions parricides du fils lui donneraient même un petit air de tragédie grecque…
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Michel Duchaussoy, Caroline Cellier, Jean Yanne
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Remarque :
* L’inspecteur de police est interprété par Maurice Pialat, l’une de ses rares apparitions en tant qu’acteur. Pialat venait de réaliser son premier long métrage, L’Enfance nue, l’année précédente.

Que la bête meure
Caroline Cellier et Michel Duchaussoy dans Que la bête meure de Claude Chabrol.

Que la bête meure
Michel Duchaussoy et Jean Yanne dans Que la bête meure de Claude Chabrol.

3 avril 2016

Le Crabe-Tambour (1977) de Pierre Schoendoerffer

Le Crabe-TambourSur un bâtiment de la Marine Nationale chargé de porter assistance aux bateaux de pêche français près de Terre-Neuve, un commandant et son médecin-capitaine évoque un homme qu’ils ont bien connu, surnommé Crabe-Tambour, un officier qu’ils ont connu en Indochine et qui a eu ensuite un parcours trouble… Pour écrire son roman Le Crabe-Tambour qui a servi de base à ce film, Pierre Schoendoerffer s’est inspiré de la vie de Pierre Guillaume, un officier de marine condamné pour avoir participé au putsch d’Alger en 1961 et pour être passé ensuite du côté de l’OAS. Le film se présente comme une suite de discussions, d’évocation de souvenirs illustrés de flashbacks. Le propos de ces officiers est marqué par la désillusion, la nostalgie, mais aussi une froide lucidité qui génère le sentiment d’être mis de côté et dépassé. Pierre Schoendoerffer se montre en totale empathie avec eux et ne porte aucun jugement, aucune condamnation sur leurs dérives. En choisissant le très photogénique Jacques Perrin pour incarner le personnage principal et en lui plaçant comme compagnon inséparable un chat noir, il fait même de son personnage central une figure mythique voire christique, la personnification d’un idéal. Tout cela est un peu gênant et, aussi, un peu ennuyeux. Le plus beau reste les images de mer déchaînée et le réalisme des scènes de vie à bord, c’est toujours ce genre de scènes que Schoendoerffer réussit le mieux, d’autant plus que Raoul Coutard est derrière la caméra. Le film connut un beau succès, salué par trois Césars.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean Rochefort, Claude Rich, Jacques Perrin, Aurore Clément, Jacques Dufilho
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Le Crabe-Tambour
Jean Rochefort et Claude Rich dans Le Crabe-Tambour de Pierre Schoendoerffer.

Le crabe-Tambour
Jacques Perrin dans Le Crabe-Tambour de Pierre Schoendoerffer.

14 mars 2016

Femmes d’un été (1958) de Gianni Franciolini

Titre original : « Racconti d’estate »

Femmes d'un étéDans une station balnéaire huppée sur la côte italienne en plein été, nous suivons plusieurs personnages assez divers… Gianni Franciolini est un réalisateur italien assez peu connu qui a réalisé une petite vingtaine de films entre 1939 et 1959, notamment des comédies de moeurs. Femmes d’un été est l’avant-dernier d’entre eux. L’histoire est écrite par Alberto Moravia et parmi les scénaristes on remarque quelques grands noms comme Sergio Amidei et Rodolfo Sonego, ou encore René Barjavel. Le titre laisse penser à une comédie mais, s’il y a bien des notes d’humour avec quelques personnages secondaires, il s’agit plutôt d’une étude de moeurs avec des portraits très variés de femmes mais aussi d’hommes. Ce n’est pas un film à sketches, c’est plutôt ce que l’on appelle aujourd’hui un film choral puisque l’on saute d’un personnage à l’autre pour y revenir ensuite. Moravia a écrit un texte assez riche sur le thème de la séduction : tous ses personnages séduisent, volontairement ou involontairement, ou cherchent à séduire. Il nous en offre ainsi de multiples variations, depuis la séduction tapageuse d’une bimbo en quête d’un riche mari jusqu’à la séduction qui survient sans que l’on s’y attende, en passant par la séduction forcée, la séduction intéressée, la séduction naïve, etc. Le film est ainsi plus profond qu’il ne paraît, cette intensité se manifestant de façon évidente lorsque que le couple Michèle Morgan / Marcello Mastroianni entre en scène à la moitié du film. Parfaitement écrit, Femmes d’un été mérite d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Alberto Sordi, Michèle Morgan, Marcello Mastroianni, Sylva Koscina, Gabriele Ferzetti, Dorian Gray, Franca Marzi
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Racconti d'estate
Dorian Gray dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

Racconti d'estate
Dany Carrel et Alberto Sordi dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

Femmes d'un été
Sylva Koscina et Gabriele Ferzetti dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

Racconti d'estate
Michèle Morgan et Marcello Mastroianni dans Femmes d’un été de Gianni Franciolini.

29 février 2016

Braquages (2001) de David Mamet

Titre original : Heist

BraquagesJoe (Gene Hackman) est un spécialiste du braquage, un vieux briscard qui échafaude des plans assez brillants pour mettre la main sur un butin avec une petite équipe très efficace. Il désire prendre sa retraite mais son commanditaire (Danny DeVito) lui impose de faire un coup supplémentaire… David Mamet écrit et mis en scène Braquages. Le cambriolage d’une bijouterie au début du film évoque les grands films de braquage des années cinquante. La suite déroule un scénario minutieusement écrit avec de très nombreux twists et autres faux-semblants et des dialogues assez relevés. A 70 ans, Gene Hackman est toujours assez séduisant, il peut ainsi convoler avec une femme qui a exactement la moitié de son âge sans que cela paraisse trop improbable. Braquages est un bon divertissement qui nous tient en haleine. Par rapport aux autres films hollywoodiens du même genre, il a l’avantage de paraître moins formaté.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gene Hackman, Danny DeVito, Delroy Lindo, Sam Rockwell, Rebecca Pidgeon
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braquages-large
Gene Hackman suivi par Danny DeVito et Sam Rockwell dans Braquages de David Mamet.

21 janvier 2016

Plein soleil (1960) de René Clément

Plein soleilLe jeune Tom Ripley est payé par un milliardaire américain pour convaincre son fils, qui mène une vie oisive et dépensière en Italie, de rentrer chez lui. Il devient son ami et accepte apparemment de subir ses sautes d’humeur et ses humiliations. En réalité, il envie sa vie facile, sa fiancée, son argent…
Plein soleil est adapté d’un roman de Patricia Highsmith Monsieur Ripley. Pour en écrire l’adaptation, René Clément travaille avec Paul Gégauff, très lié à la Nouvelle Vague dont l’influence est assez nette sur le film, ne serait-ce que dans les scènes extérieures, souvent tournées in-situ. L’histoire s’attarde d’ailleurs autant sur la langueur des personnages et les corps bronzés par le soleil que sur l’intrigue policière elle-même. Plein soleil Les images d’Henri Decae sont très belles, magnifiées par le décor naturel de l’île d’Ischia (au large de Naples). Alain Delon, alors âgé de 24 ans à peine, y fait une remarquable prestation, son charme naturel rendant son personnage complexe : d’haïssable, il devient séduisant et l’histoire devient ainsi assez troublante. Le film va vraiment lancer sa carrière. Plein soleil est un très beau film de René Clément mais il ne fait pas l’unanimité : ses détracteurs lui reprochent d’être trop accès sur le magnétisme des comédiens et une mise en retrait de l’intrigue. Le film me semble plutôt à considérer comme un ensemble, un très bel ensemble.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alain Delon, Maurice Ronet, Marie Laforêt
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Remarques :
* Romy Schneider fait une petite apparition au début du film. L’actrice (déjà très célèbre) a ainsi une courte scène avec son fiancé, Alain Delon.
* Autre adaptation :
Le Talentueux Mr Ripley (The Talented Mr. Ripley) d’Anthony Minghella (1999)

Plein soleil
Maurice Ronet, Marie Laforêt et Alain Delon dans Plein soleil de René Clément.

19 janvier 2016

Meurtre au soleil (1982) de Guy Hamilton

Titre original : « Evil Under the Sun »

Meurtre au soleilChargé de retrouver un diamant de grande valeur, Hercule Poirot se retrouve dans un hôtel de luxe sur une île de l’Adriatique. C’est là que séjourne l’actrice Arlena Marshall à qui un milliardaire avait donné le bijou… Librement adapté par Anthony Shaffer du roman Evil Under the Sun, Meurtre au soleil permet de se replonger dans l’atmosphère si séduisante des histoires d’Agatha Christie. Et, comme souvent dans les productions anglaises, la qualité de l’interprétation y est excellente. Hélas, l’histoire semble avoir pâti de cette réécriture totale. La mise en place est interminable, le meurtre promis n’apparaissant qu’à la moitié du film, et lorsque l’on connait le fin mot de l’histoire, celle-ci paraît totalement improbable. Peter Ustinov appuie fortement le côté débonnaire de son personnage, Diana Riggs (ici dans l’une de ses rares apparitions au cinéma) est assez éblouissante dans son rôle de star égocentriste et Maggie Smith fait également une belle prestation en sémillante hôtelière. Meurtre au soleil est loin d’être aussi convaincant que Mort sur le Nil (1978) auquel il est censé faire suite.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Peter Ustinov, Diana Rigg, Jane Birkin, Nicholas Clay, Maggie Smith, Roddy McDowall, James Mason, Colin Blakely
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Remarque :
* Guy Hamilton est surtout connu pour avoir tourné plusieurs films de la série des James Bond : Goldfinger (1964) et plusieurs autres dans les années 70.
* Le film a été tourné à Majorque.

Meurtre au soleil
Nicholas Clay et Diana Riggs dans Meurtre au soleil de Guy Hamilton

Autre adaptation du même roman :
Agatha Christie’s Poirot – Evil Under the Sun de Brian Farnham (2002) pour la télévision (dans le cadre d’une série).

14 janvier 2016

Le Bateau sur l’herbe (1971) de Gérard Brach

Le Bateau sur l'herbeOliver, aidé par son ami David, construit un bateau dans le parc de la grande demeure de sa mère, toujours absente et entourée de gigolos lors de ses rares apparitions. Ils rêvent de partir tous les deux pour l’Île de Pâques. Mais, alors que le bateau est presque terminé, David rencontre Eléonore dont il s’éprend… Si on le connait surtout en tant que scénariste (de Polanski notamment), Gérard Brach a réalisé deux longs métrages, La Maison (1970) avec Michel Simon et Patti d’Arbanville (oui, celle de Cat Stevens) et Le bateau sur l’herbe. Rien n’est conventionnel dans cette histoire, les personnages sont à la limite de l’improbable, hors du temps. L’excentricité du lunaire Oliver est tout en contraste avec le pragmatisme de son ami David et cette opposition nous vaut quelques situations assez finement écrites. L’interprétation est plus inégale, allant du meilleur (Claude Jade en jeune ingénue) au pire (Valentina Cortese en mère frivole). L’atmosphère globale n’est pas sans rappeler celle de certains films de Polanski, sans en avoir le flamboiement toutefois. Si le film ne manque pas de charme, il laisse tout de même sur une petite impression d’insatisfaction.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Claude Jade, Jean-Pierre Cassel, John McEnery, Valentina Cortese, Paul Préboist
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Remarques :
* Le scénario est cosigné par Gérard Brach, Roman Polanski et Suzanne Schiffman.
* L’acteur anglais John McEnery joue en français avec un accent prononcé, certes, mais surtout une belle aisance.

Le bateau sur l'herbe
Jean-Pierre Cassel, Claude Jade et John McEnery dans Le Bateau sur l’herbe de Gérard Brach.

2 janvier 2016

La Vie aquatique (2004) de Wes Anderson

Titre original : « The Life Aquatic with Steve Zissou »

La Vie aquatiqueSteve Zissou est à la tête d’une équipe océanographique qui parcourt les mers à bord du Belafonte, un bateau bien aménagé mais quelque peu vieillissant. Il part pour une grande expédition : retrouver le requin-jaguar qui a dévoré l’un des membres de son équipe… Les films de Wes Anderson sont toujours surprenants. Ses personnages agissent comme des adultes qui n’auraient jamais véritablement grandis, aux réactions aussi spontanées qu’inconséquentes, ce qui les rend attachants. Ici, son traitement d’une relation père/fils compliquée est aussi original qu’intéressant. Malgré les nombreux bons moments, Wes Anderson a toutefois le défaut de trop forcer le trait et l’ensemble passe de loufoque à artificiel (à mes yeux, du moins, car la limite entre les deux est finalement assez subjective). Wes Anderson a souhaité dédier son film à la mémoire du commandant Cousteau, décédé en 1997, dont il reprend son célèbre bonnet rouge.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Bill Murray, Owen Wilson, Cate Blanchett, Anjelica Huston, Willem Dafoe, Jeff Goldblum
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Life Aquatic
Anjelica Houston, Bill Murray et Cate Blanchett dans La Vie aquatique de Wes Anderson.

La vie aquatique
Bill Murray, Wes Anderson et Cate Blanchett sur le tournage de La Vie aquatique de Wes Anderson.

8 octobre 2015

Partie de campagne (1936) de Jean Renoir

Partie de campagneUn dimanche de l’été 1860, M. Dufour, commerçant parisien, emmène sa belle-mère, sa femme, sa fille et son commis et futur gendre à la campagne. Ils s’arrêtent au bord d’une rivière dans une petite auberge pour y déjeuner et, espèrent-ils, y pêcher… Adaptation d’une nouvelle de Guy de Maupassant, Partie de campagne a beau être un film inachevé (1), il n’en est pas moins un très beau film de Jean Renoir, d’une grande fraîcheur spontanée et très poétique. C’est certainement le film où sa filiation avec Pierre-Auguste Renoir est la plus manifeste : il tourne sur les rives du Loing, haut-lieu de l’impressionnisme et l’atmosphère évoque très fortement certains tableaux de son père. Certaines scènes, celle de la balançoire notamment, en sont étonnamment proches. Il y a chez le père et chez le fils une même glorification de la nature qui contraste ici avec les structures sociales qui sclérosent l’humain. L’harmonie de la nature semble s’être transmise au film, où tout semble à sa place avec une justesse instinctive de jeu. Le caractère inachevé du film est surtout perceptible dans le dénouement : survenant de façon abrupte, il devient d’autant plus terrible, d’une tristesse infinie. Le film a récemment été restauré ce qui nous permet d’en profiter encore plus pleinement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sylvia Bataille, Georges D’Arnoux, Jane Marken, André Gabriello, Jacques B. Brunius
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Partie de campagne
Sylvia Bataille et Georges Darnoux dans Partie de campagne de Jean Renoir.
Partie de campagne
Sylvia Bataille dans Partie de campagne de Jean Renoir.
Auguste Renoir
La Promenade et La Balançoire, deux tableaux de Pierre-Auguste Renoir.

Remarques :
* Faisant là ses débuts, Luchino Visconti était assistant sur le tournage. Le photographe Henri Cartier-Bresson était deuxième assistant (tout comme pour La vie est à nous et La règle du jeu).

* Les séminaristes de passage sont interprétés par Pierre Lestringuez (l’abbé, le plus âgé), l’écrivain Georges Bataille (mari de Sylvia Bataille), le photographe Henri Cartier-Bresson (celui qui est bouche bée devant la jeune fille). Le quatrième est parfois donné pour être Jacques Becker.

* Le petit garçon du début sur le pont est Alain Renoir, fils de Jean Renoir, le patron du restaurant est bien entendu Jean Renoir et sa femme (ou seulement servante ?) dans le film est sa femme dans la vie, Marguerite Renoir.

(1) Pour des raisons de mésentente, de difficultés financières et de mauvaises conditions météorologiques persistantes, le tournage s’est interrompu. Il n’est sorti qu’en 1946 dans un montage effectué par Marguerite Renoir, la femme de Jean Renoir qui était alors toujours aux Etats-Unis. La version ainsi montée dure 40 minutes. Il était prévue une première partie se déroulant à Paris pour bien mettre en place les personnages.

6 octobre 2015

Et vogue le navire… (1983) de Federico Fellini

Titre original : « E la nave va »

Et vogue le navire...A l’aube de la Première Guerre mondiale, un navire est affrété pour accomplir les dernières volontés d’une grande diva : aller disperser ses cendres au large de la petite île lointaine où elle est née. A bord du navire embarque un groupe hétéroclite composé de personnalités du monde de l’art lyrique et quelques personnes qui l’ont connue… Fellini nous décrit la fin d’un monde, avec des personnages excentriques et légèrement décadents qui accomplissent les rituels désuets et vains d’une vie mondaine de luxe. La scène est irréelle, surannée avec (on n’en attend pas moins de Fellini) une bonne dose d’insolite : un rhinocéros étrangement présent dans la cale prend ainsi une valeur symbolique (1). Seul point d’attache avec la réalité : la présence d’un journaliste (alter ego de Fellini, le cinéaste a d’ailleurs choisi un acteur qui lui ressemble), qui nous commente en direct les évènements avec un détachement assez comique. Fellini nous gratifie d’un début amusant qui joue avec la forme (et l’histoire du cinéma) : le film débute silencieusement en noir et blanc pour passer habilement au son et à la couleur. Même s’il a ses détracteurs, Et vogue le navire… est un film très fellinien, porté par le style et la vision d’un grand auteur.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Freddie Jones, Barbara Jefford, Victor Poletti, Peter Cellier, Elisa Mainardi, Norma West, Paolo Paoloni
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(1) Fellini précise : Le rhinocéros est « un des animaux les plus fascinants de l’univers, une des premières formes de vie, créature insolite, occulte, mystérieusement antique ». Sa présence est d’autant plus symbolique qu’il sera l’un des très rares survivants.

Et vogue le navire... de Fellini
Et vogue le navire… de Federico Fellini