29 juin 2022

Zoulou (1964) de Cy Endfield

Titre original : « Zulu »

Zoulou (Zulu)1879. Au lendemain de la cinglante défaite anglaise d’Isandhlwana en Afrique du Sud, une centaine de Tuniques rouges se préparent à défendre une ferme faisant office de mission et d’hôpital à Rorke’s Drift sur le point d’être attaquée par 4 000 guerriers Zoulous. Le commandant est un officier du Génie chargé de construire un pont secondé par un jeune officier sans expérience…
Zoulou est un film de guerre britannique réalisé par l’américain Cyril R. Endfield. Il retrace un épisode de la guerre anglo-Zouloue (1879) qui fut marquée par batailles particulièrement sanglantes. Cy Endfield en a écrit le scénario avec John Prebble, journaliste et historien. Le propos est assez équilibré, sans excès de patriotisme ni de mépris des africains. La stratégie des Zoulous est montrée comme étant particulièrement élaborée. En acteur/producteur qui n’a jamais caché ses convictions socialistes et pacifistes, Stanley Baker a veillé à l’orientation générale du récit. Le film est très spectaculaire par son ampleur : les paysages sont somptueux et les scènes avec plus de 500 figurants  spectaculaires (1). Les chants de guerre zoulous sont aussi superbes qu’impresionnants. Le principal défaut du film est sa longueur, par exemple la scène de cérémonie qui ouvre le film paraît interminable. C’est le premier grand rôle pour Michael Caine (2). Le succès en Grande Bretagne fut immense. Il est en revanche assez peu connu en France. En Afrique du Sud sous Apartheid, le film fut interdit de projection aux populations noires.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Stanley Baker, Jack Hawkins, Ulla Jacobsson, James Booth, Michael Caine, Nigel Green
Voir la fiche du film et la filmographie de Cy Endfield sur le site IMDB.

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Remarque :
* Le chef Mangosuthu Buthelezi, alors chef de la nation Zoulou, a joué son arrière-grand-père, Cetawayo (scène d’ouverture).
* La narration en voix-off est dite par Richard Burton (grand ami de Stanley Baker).
* En 1979, Cyril R. Endfield a consacré un autre film aux événements qui se sont déroulés lors de la bataille d’Isandhlwana (la veille des événements de Rorke’s Drift) : L’Ultime Attaque (Zulu Dawn) avec Burt Lancaster et Peter O’Toole. Film de qualité moindre et plus discutable.

(1) Des astuces nous donnent l’impression que les figurants sont même plus nombreux : par exemple, lorsque le guerriers Zoulous forment une ligne sur la crête des collines environnantes, plusieurs boucliers étaient attachés ensemble avec seulement un figurant à chaque extrémité.
(2) Michael Caine a dit récemment qu’il eut de la chance que le réalisateur fut américain parce qu’un réalisateur anglais n’aurait jamais confié le rôle à Cockney (londonien) comme lui.

Zoulou (Zulu)Stanley Baker, Ulla Jacobsson et Michael Caine dans Zoulou (Zulu) de Cy Endfield.

Zoulou (Zulu)

1 août 2017

Gunga Din (1939) de George Stevens

Gunga DinA la frontière nord de l’Inde, aux alentours de 1880, l’armée britannique est harcelée par les Thugs qui sabotent leurs installations et pillent les villages. Trois sergents, bagarreurs et amis de longue date, sont chargés d’aller les attaquer avec un petit détachement au sein duquel figure un porteur d’eau indien appelé Gunga Din… Avec l’intention de reproduire l’énorme succès des Trois Lanciers du Bengale (Paramount, 1935), la RKO acquiert dès 1936 les droits sur le poème de Kipling, Gunga Din. L’histoire de base a été écrite par Ben Hecht et Charles MacArthur. Le film est empreint de ce colonialisme primaire caractéristique des années trente mais ce n’est pas pour cette raison qu’il déçoit. Tout d’abord, le mélange de genres paraît bien mal dosé : de l’aventure, des batailles et un humour sans finesse. Les acteurs, visiblement en roue libre, cabotinent et sont hilares y compris dans les situations les plus dramatiques, ce qui leur enlève toute intensité. Ensuite, Georges Stevens n’est indéniablement pas très l’aise dans le film de guerre (ce sera sa seule incursion dans le genre) et l’ensemble manque de rythme et de caractère épique. Enfin faire passer Cary Grant pour un anglais semble possible (après tout, il l’est… ou, au moins, l’était) mais pour Victor McLaglen, c’est franchement « mission impossible » (et pourtant il l’est aussi!) et le film n’essaie même pas : tous ces « britanniques » font très américains. Le mauvais goût culmine avec l’apparition de Kipling dans l’épilogue (la famille de l’écrivain a obtenu que la scène soit retirée dans certaines versions). Le succès fut très important et, bizarrement, le film continue d’être tenu en assez haute estime aujourd’hui.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Victor McLaglen, Douglas Fairbanks Jr., Sam Jaffe, Eduardo Ciannelli, Joan Fontaine
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Gunga Din
Cary Grant, Victor McLaglen et Douglas Fairbanks Jr. dans Gunga Din de George Stevens.

Gunga Din
Cary Grant et Sam Jaffe dans Gunga Din de George Stevens.

Remarques :
* Le projet fut d’abord confié à Howard Hawks mais la RKO mais, après le fiasco de Bringing Up Baby, il sera écarté au profit de Georges Stevens. Hawks était également jugé trop lent (donc couteux) mais, au final, Stevens fut encore plus lent que Hawks et Gunga Din fut alors la production la plus coûteuse pour la RKO.
* William Faulkner aurait travaillé sur le scénario.
* Blake Edwards parodie Gunga Din dans la scène d’ouverture de La Party (1969) avec Peter Sellers grimé en indien comme l’est ici Sam Jaffe.
* Remake :
Les 3 Sergents (Sergeants 3) de John Sturges (1962) avec Frank Sinatra, Dean Martin et Sammy Davis Jr., la même histoire transposée dans l’Ouest américain.

3 avril 2016

Le Crabe-Tambour (1977) de Pierre Schoendoerffer

Le Crabe-TambourSur un bâtiment de la Marine Nationale chargé de porter assistance aux bateaux de pêche français près de Terre-Neuve, un commandant et son médecin-capitaine évoque un homme qu’ils ont bien connu, surnommé Crabe-Tambour, un officier qu’ils ont connu en Indochine et qui a eu ensuite un parcours trouble… Pour écrire son roman Le Crabe-Tambour qui a servi de base à ce film, Pierre Schoendoerffer s’est inspiré de la vie de Pierre Guillaume, un officier de marine condamné pour avoir participé au putsch d’Alger en 1961 et pour être passé ensuite du côté de l’OAS. Le film se présente comme une suite de discussions, d’évocation de souvenirs illustrés de flashbacks. Le propos de ces officiers est marqué par la désillusion, la nostalgie, mais aussi une froide lucidité qui génère le sentiment d’être mis de côté et dépassé. Pierre Schoendoerffer se montre en totale empathie avec eux et ne porte aucun jugement, aucune condamnation sur leurs dérives. En choisissant le très photogénique Jacques Perrin pour incarner le personnage principal et en lui plaçant comme compagnon inséparable un chat noir, il fait même de son personnage central une figure mythique voire christique, la personnification d’un idéal. Tout cela est un peu gênant et, aussi, un peu ennuyeux. Le plus beau reste les images de mer déchaînée et le réalisme des scènes de vie à bord, c’est toujours ce genre de scènes que Schoendoerffer réussit le mieux, d’autant plus que Raoul Coutard est derrière la caméra. Le film connut un beau succès, salué par trois Césars.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jean Rochefort, Claude Rich, Jacques Perrin, Aurore Clément, Jacques Dufilho
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Le Crabe-Tambour
Jean Rochefort et Claude Rich dans Le Crabe-Tambour de Pierre Schoendoerffer.

Le crabe-Tambour
Jacques Perrin dans Le Crabe-Tambour de Pierre Schoendoerffer.

16 juin 2014

La Route impériale (1935) de Marcel L’Herbier

La route impérialeImpliqué malgré lui dans une affaire de trahison dont il sort blanchi, le lieutenant Brent rejoint le régiment de l’armée britannique basé à Bagdad où la Route des Indes est menacée par des rebelles. Il découvre alors que la femme de son colonel est une femme qu’il a beaucoup aimée… Adapté de la pièce de Pierre Frondaie La Maison cernée, déjà portée à l’écran par le suédois Victor Sjöström, La Route impériale est pour Marcel L’Herbier une commande. Il transpose l’histoire de Palestine en Irak, en parfaite résonnance avec la situation géopolitique mondiale de 1935, l’armée britannique se préparant à défendre le Canal de Suez face aux menaces de Mussolini d’envahir l’Ethiopie. Assez prenant, le film est un subtil mélange d’exotisme, de romance et d’héroïsme militaire, un film dans le sillage du succès des Trois Lanciers du Bengale d’Henry Hathaway l’année précédente. Reflet de son époque, le film offre bien entendu  une vision très colonialiste des soulèvements des peuples colonisés. La Route impériale est fort bien mis en scène par Marcel L’Herbier, que ce soit en studio ou en extérieurs (tournés en Algérie), avec de beaux mouvements de caméra. Le succès à l’époque fut important mais, le film ayant été détruit par les allemands pendant l’Occupation, il était devenu extrêmement rare et difficile à voir jusqu’à ce qu’il ressorte restauré en DVD (en mai 2014) avec une intéressante présentation de Mireille Beaulieu qui couvre bien tous les aspects du film.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Käthe von Nagy, Pierre Richard-Willm, Jaque Catelain, Pierre Renoir
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Précédente adaptation :
La Maison cernée (Det omringade huset) de Victor Sjöström (1922)

23 juin 2013

Les Quatre Plumes blanches (1939) de Zoltan Korda

Titre original : « The Four Feathers »

Les quatre plumes blanchesA la veille du départ de son unité pour le Soudan, le jeune officier Harry Feversham démissionne de l’armée. Ses trois compagnons lui envoient chacun une plume blanche, symbole de la lâcheté. Sa fiancée se détourne de lui et lui donne une quatrième plume blanche. Blessé dans son honneur, le jeune homme est bien décidé à prouver sa valeur et s’embarque incognito pour l’Afrique… The Four Feathers est un classique du roman d’aventures de l’anglais A.E.W. Mason. Il a été porté de nombreuses fois à l’écran et cette version des frères Korda est considérée comme étant la meilleure. Le film fait partie des premiers grands films en Technicolor, procédé qui permet de donner aux scènes une belle ampleur. Il fut tourné sur place, au Soudan, non sans difficultés du fait de la chaleur. Le nombre de figurants lors des batailles est impressionnant et le film ne faillit pas dans sa recherche du spectaculaire. Sur le fond, le film exalte l’héroïsme individuel et la tradition britannique de bravoure ; on est toutefois  en droit de s’interroger sur la santé mentale d’une personne qui aurait accompli un tel parcours uniquement par fierté (!) Le film exalte également la grandeur de l’Empire britannique et on peut y déceler de petites pointes de racisme.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Clements, Ralph Richardson, C. Aubrey Smith, June Duprez
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Remarques :
* Les frères Korda : Zoltan Korda réalise, Alexandre Korda produit et Vincent Korda crée les décors.
* Le contexte historique du roman est conforme à la réalité : l’expédition anglaise au Soudan menée par Lord Kitchener (1896-1898) s’acheva par la victoire des anglais à Omdurman. Cette bataille fut un massacre ; côté soudanais : 10 000 tués, 13 000 blessés, 5 000 prisonniers ; côté anglais : 47 tués et 380 blessés. Les anglais purent reprendre le contrôle du Soudan et sécuriser leurs positions en Egypte.
* Zoltan Korda tournera une seconde version de The Four Feathers en 1955 dans laquelle il réutilisera le scénario et certaines des scènes de bataille, dont la bataille finale.

Les différentes adaptations du roman de A.E.W. Mason :
1. Four Feathers de J. Searle Dawley (1915, USA, muet)
2. The Four Feathers de René Plaissetty (1921, UK, muet) avec Harry Ham
3. The Four Feathers de Merian C. Cooper, Lothar Mendes et Ernest B. Schoedsack (1929, USA, muet) avec Richard Arlen et Fay Wray
4. Les Quatre Plumes blanches (The Four Feathers) de Zoltan Korda (1939, UK)
5. Les 4 Plumes blanches (Storm over the Nile) de Zoltan Korda et Terence Young (1955, UK) avec Anthony Steel
6. Les Quatre Plumes blanches (The Four Feathers) de Don Sharp (TV 1978, UK) avec Beau Bridges
7. Frères du désert (The Four Feathers) de Shekhar Kapur (2002, USA) avec Heath Ledger et Kate Hudson.