24 décembre 2021

Médecin de campagne (2016) de Thomas Lilti

Médecin de campagneJean-Pierre Werner, médecin de campagne qui ne vit que pour son travail, est obligé de ralentir son activité pour suivre le traitement d’une tumeur cérébrale. Sans le prévenir, son cancérologue lui envoie le médecin Nathalie Delezia pour l’aider dans sa tâche. Ayant l’habitude de toujours tout faire lui-même, Jean-Pierre n’apprécie guère sa venue…
Médecin de campagne est une comédie dramatique française réalisée par Thomas Lilti. C’est son troisième long métrage, le deuxième qui traite du monde médical. Il s’inspire de ses propres souvenirs, des remplacements qu’il a effectués à la fin de ses études de médecine. Considérant que les médecins de campagne sont en voie d’extinction, il a désiré faire un film qui rend hommage à leur travail et à leur rôle social. L’ajout d’une maladie grave touchant son personnage permet non seulement de donner de l’intensité au récit mais aussi d’aborder le thème de la relève. Bien documenté et très authentique, son récit est riche et intéressant. Il n’y a pas cette tension qui marquait son film précédent, Hippocrate, mais notre attention reste entière tout au long de ce film empreint d’un grand humanisme.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: François Cluzet, Marianne Denicourt, Christophe Odent, Patrick Descamps
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Médecin de campagneMarianne Denicourt, Félix Moati et François Cluzet dans Médecin de campagne de Thomas Lilti.

2 février 2021

Seules les bêtes (2019) de Dominik Moll

Seules les bêtesUne femme disparaît. Le lendemain d’une tempête de neige, sa voiture est retrouvée sur une route qui monte vers le plateau du Causse Méjean où subsistent quelques fermes isolées. Les gendarmes n’ont aucune piste et pourtant certaines personnes sont bel et bien liées à sa disparition…
Seules les bêtes est l’adaptation d’un roman noir de l’écrivain Colin Niel, publié en 2017 et récompensé par plusieurs prix littéraires. Le scénario adopte la structure du livre, c’est-à-dire de nous faire vivre l’histoire successivement à travers les yeux de plusieurs personnages. L’intrigue paraît d’abord très embrouillée et ne se dévoile ensuite qu’au prix de nouvelles interrogations. Le brouillard ne s’éclaircit que dans le dernier tiers après plusieurs surprises de taille. Plus que jamais, il est important de ne lire ni les critiques qui en racontent beaucoup trop, ni même les résumés. L’histoire se déroule dans le monde agricole, celui d’éleveurs dans dans fermes assez isolées. On se souvient du Harry, un ami qui vous veut du bien (2000) de Dominik Moll ; Seules les bêtes est tout aussi réussi et une petite merveille d’écriture.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Denis Ménochet, Laure Calamy, Damien Bonnard, Nadia Tereszkiewicz, Valeria Bruni Tedeschi
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Seules les bêtesDamien Bonnard dans Seules les bêtes de Dominik Moll.

13 août 2019

Gemma Bovery (2014) de Anne Fontaine

Gemma BoveryLe parisien Martin est revenu dans sa Normandie natale pour reprendre la boulangerie paternelle d’un petit village, non loin de l’endroit où a vécu son auteur préféré Gustave Flaubert. Lorsqu’il voit arriver de nouveaux voisins anglais prénommés Gemma et Charles Bovery, il les voient tout de suite comme l’incarnation des héros du roman de Flaubert…
Gemma Bovery est adapté du roman graphique (en l’occurrence une bande dessinée avec beaucoup de texte) de l’auteure anglaise Posy Simmonds (1). C’est une comédie délicieuse et intelligente dont le rôle principal semble taillé sur mesure pour Fabrice Luchini. L’acteur reste très sobre dans son jeu tout en distillant un indéniable humour. Gemma Arterton joue très juste et montre une belle présence. A noter également Elsa Zylberstein qui est assez savoureuse dans un second rôle de nouveau riche. L’ensemble pourra paraître un peu superficiel à certains mais il constitue un divertissement bien plaisant.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Fabrice Luchini, Gemma Arterton, Jason Flemyng, Isabelle Candelier, Niels Schneider, Elsa Zylberstein
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(1) Posy Simmonds est également l’auteure de Tamara Drewe, brillamment adapté sur grand écran en 2010 par Stephen Frears avec… Gemma Arterton dans le rôle principal.

Gemma BoveryGemma Arterton et Fabrice Luchini dans Gemma Bovery de Anne Fontaine.

12 août 2016

Mon voisin Totoro (1988) de Hayao Miyazaki

Titre original : « Tonari no Totoro »

Mon voisin TotoroDeux fillettes viennent s’installer avec leur père dans une petite maison à la campagne afin de se rapprocher de leur mère soignée dans un hôpital. Proche de la maison, une forêt avec de grands arbres très anciens va être une source de découvertes vraiment étonnantes pour les fillettes… Ecrit et réalisé par Hayao Miyazaki, au début de sa carrière, Mon voisin Totoro est un joli conte qui pourra être autant apprécié par un enfant de cinq ans que par un adulte. Le thème général est l’amour de la famille et l’harmonie avec la nature. Miyazaki réussit à mêler habilement la vie quotidienne avec un monde magique et féérique. La première analogie qui vient à l’esprit est bien entendu avec Alice au pays des merveilles. L’animation est parfaite. Le comportement des fillettes est vraiment très réaliste et les êtres magiques sont très originaux… et particulièrement attachants. De l’ensemble se dégagent une douceur et une harmonie que l’on ne peut trouver dans les productions américaines ; notons qu’il n’y a pas de « méchants ». Autre différence, il n’y a pas ces multiples références et clins d’œil à la culture populaire. A la place, il y a une histoire pleine de vie et de féérie qui nous illumine et nous charme.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
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Remarques :
* Totoro est devenue la mascotte des studios Ghibli et même leur logo.
* Le nom Totoro, donnée par la fillette à son gros ami à poils, est une mauvaise prononciation de sa part du mot « troll » (qui se prononce to-ro-ru en japonais).
* Mon voisin Totoro n’a eu qu’un succès limité à sa sortie au Japon. Il lui a fallu deux années pour vraiment se faire connaitre. Il a connu depuis un succès planétaire.
* L’histoire est en partie autobiographique puisque la mère de Hayao Miyazaki, qui souffrait de la tuberculose, a été longuement hospitalisée quand il était jeune. Le nom de la maladie n’est jamais prononcé dans le film.

Mon voisin Totoro
L’une des scènes de Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki qui évoquent le plus Alice au pays des merveilles.

27 décembre 2015

Mais qui a tué Harry? (1955) de Alfred Hitchcock

Titre original : The Trouble with Harry.

Mais qui a tué Harry?Dans les belles collines du Vermont aux couleurs de l’automne, un petit garçon entend trois coups de feu et découvre peu après le cadavre d’un homme. Il court prévenir sa mère. Survient alors un capitaine à la retraite qui chassait le lapin avec son fusil. Voyant une blessure sur le front de l’homme mort, il croit l’avoir tué accidentellement et entreprend de cacher le corps. Mais c’est alors que survient un autre personnage… Dès le générique, fait de dessins naïfs à la Paul Klee (oeuvres du dessinateur Saul Steinberg), nous comprenons que Mais qui a tué Harry? ne va pas être un Hitchcock comme les autres et que rien n’est vraiment sérieux dans ce qui va suivre. En effet, le film joue sur l’humour, tirant franchement vers la comédie (1), un humour basé sur un nonsense très britannique ou, plus exactement, sur ce fameux understatement (2) qu’Hitchcock affectionne tout particulièrement. Les personnages réagissent de façon inattendue et l’enchaînement des évènements nous surprend sans cesse. Une petite merveille d’humour. C’est en fait un film assez personnel du réalisateur : il en a choisi le sujet et l’a tourné sans contraintes. Il raconte qu’une fois le film terminé, personne ne savait comment exploiter le film qui fut d’ailleurs un échec outre-Atlantique. En revanche, il connut un franc succès en Europe, notamment en France.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Edmund Gwenn, John Forsythe, Mildred Natwick, Mildred Dunnock, Shirley MacLaine
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Remarques :
* L’histoire est adaptée d’un roman du britannique Jack Trevor, transposant l’histoire d’Angleterre aux Etats-Unis pour qu’il soit mieux accepté dans ce pays. C’est d’ailleurs un peu dommage que l’histoire ait été transposée, car la même chose en Angleterre avec l’accent d’Oxford et un flegme plus britannique aurait été surement superbe. A noter qu’Hitchcock connaissait Jack Trevor depuis sa période muette puisque ce dernier interprétait un petit rôle d’officier dans Champagne (1928).
* Premier rôle au cinéma de Shirley MacLaine.
* Hitchcock cameo : Lorsque l’amateur d’art fortuné regarde les peintures (vu depuis le magasin), Hitchcock passe à pied derrière la limousine.

(1) Le précédent essai d’Hitchcock de jouer le registre de la comédie pure remonte à 1941 avec le moyennement réussi M. et Mme Smith.
(2) L’understatement consiste à considérer une chose comme ayant moins d’importance qu’elle en a réellement : ici, le cadavre est traité comme s’il s’agissait d’un vulgaire objet que l’on aurait abimé. Ce n’est pas prendre les choses à la légère, c’est plutôt un déplacement dans l’échelle des valeurs.

The trouble with Harry
Mais qui a tué Harry ?John Forsythe, Shirley MacLaine, Mildred Natwick et Edmund Gwenn dans Mais qui a tué Harry? d’Alfred Hitchcock.

8 octobre 2015

Partie de campagne (1936) de Jean Renoir

Partie de campagneUn dimanche de l’été 1860, M. Dufour, commerçant parisien, emmène sa belle-mère, sa femme, sa fille et son commis et futur gendre à la campagne. Ils s’arrêtent au bord d’une rivière dans une petite auberge pour y déjeuner et, espèrent-ils, y pêcher… Adaptation d’une nouvelle de Guy de Maupassant, Partie de campagne a beau être un film inachevé (1), il n’en est pas moins un très beau film de Jean Renoir, d’une grande fraîcheur spontanée et très poétique. C’est certainement le film où sa filiation avec Pierre-Auguste Renoir est la plus manifeste : il tourne sur les rives du Loing, haut-lieu de l’impressionnisme et l’atmosphère évoque très fortement certains tableaux de son père. Certaines scènes, celle de la balançoire notamment, en sont étonnamment proches. Il y a chez le père et chez le fils une même glorification de la nature qui contraste ici avec les structures sociales qui sclérosent l’humain. L’harmonie de la nature semble s’être transmise au film, où tout semble à sa place avec une justesse instinctive de jeu. Le caractère inachevé du film est surtout perceptible dans le dénouement : survenant de façon abrupte, il devient d’autant plus terrible, d’une tristesse infinie. Le film a récemment été restauré ce qui nous permet d’en profiter encore plus pleinement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sylvia Bataille, Georges D’Arnoux, Jane Marken, André Gabriello, Jacques B. Brunius
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Partie de campagne
Sylvia Bataille et Georges Darnoux dans Partie de campagne de Jean Renoir.
Partie de campagne
Sylvia Bataille dans Partie de campagne de Jean Renoir.
Auguste Renoir
La Promenade et La Balançoire, deux tableaux de Pierre-Auguste Renoir.

Remarques :
* Faisant là ses débuts, Luchino Visconti était assistant sur le tournage. Le photographe Henri Cartier-Bresson était deuxième assistant (tout comme pour La vie est à nous et La règle du jeu).

* Les séminaristes de passage sont interprétés par Pierre Lestringuez (l’abbé, le plus âgé), l’écrivain Georges Bataille (mari de Sylvia Bataille), le photographe Henri Cartier-Bresson (celui qui est bouche bée devant la jeune fille). Le quatrième est parfois donné pour être Jacques Becker.

* Le petit garçon du début sur le pont est Alain Renoir, fils de Jean Renoir, le patron du restaurant est bien entendu Jean Renoir et sa femme (ou seulement servante ?) dans le film est sa femme dans la vie, Marguerite Renoir.

(1) Pour des raisons de mésentente, de difficultés financières et de mauvaises conditions météorologiques persistantes, le tournage s’est interrompu. Il n’est sorti qu’en 1946 dans un montage effectué par Marguerite Renoir, la femme de Jean Renoir qui était alors toujours aux Etats-Unis. La version ainsi montée dure 40 minutes. Il était prévue une première partie se déroulant à Paris pour bien mettre en place les personnages.

1 novembre 2012

Un million clefs en mains (1948) de H.C. Potter

Titre original : « Mr. Blandings builds his dream house »

Un million clefs en mainsJim Blandings vit avec sa femme et ses deux enfants à Manhattan, dans un appartement trop étroit. Une publicité va lui donner envie d’aller vivre à la campagne. Il trouve une maison délabrée à acheter et à retaper dans le Connecticut, à une heure de train de son travail. Tout ne va pas être aussi simple qu’il l’aurait voulu… Adaptation d’un roman d’Eric Hodgins, Mr. Blandings Builds His Dream House ( = Mr Blandings construit la maison de ses rêves) joue avec les mésaventures rencontrées lors de l’achat et de la construction d’une maison : géologie récalcitrante, mauvaises surprises, luttes entre artisans et surtout imprévus qui font grossir la note. En ces années d’après-guerre, c’est aussi un film qui montre la face cachée du rêve américain en mettant en relief, avec beaucoup d’humour toutefois, les déconvenues diverses qui attendent les aspirants-propriétaires et le coût final : « Mais comment font ceux qui ne gagnent pas 15 000 dollars par an ? » (1) demande le personnage interprété par Cary Grant. Et aussi, la démesure des désirs du couple, ce qu’ils considèrent comme « l’indispensable » (le boudoir, les 4 salles de bains, etc.), est gentiment raillée. Le film est servi par un excellent trio d’acteurs et de bons dialogues. Mr. Blandings Builds His Dream House est une comédie plaisante qui remporta un bon succès.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Myrna Loy, Melvyn Douglas
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(1) Il est beaucoup question de coûts dans Mr. Blandings Builds His Dream House. Il est intéressant de les actualiser. Mr Blandings est créatif dans une agence de publicité (profession qui revient souvent dans les films américains, c’est à cette époque l’archétype de la profession moderne et supérieure qui fait rêver les spectateurs). Il gagne 15 000 dollars par an, c’est à dire l’équivalent de 144 000 dollars actuels (110 000 euros) ce qui est très confortable. Il achète le terrain avec la maison en ruines 15 000 dollars, soit un an de son salaire, et la construction de sa maison (avec 4 salles de bains!) lui coûte 20 000 dollars (150 000 euros actuels).