6 juillet 2019

Bécassine! (2018) de Bruno Podalydès

Bécassine!Bécassine est née dans une ferme bretonne très pauvre, un jour où des bécasses survolaient le village. Devenue adulte, sa naïveté d’enfant reste intacte. Elle rêve de rejoindre Paris mais sa rencontre avec Loulotte, un petit bébé adopté par la marquise de Grand-Air, va bouleverser ses plans…
Bécassine est un personnage de bande dessinée, créé en 1905 par Jacqueline Rivière et le dessinateur J.P. Pinchon ; le scénariste Caumery continuera à faire vivre le personnage à partir de 1913 jusqu’à sa mort en 1941 et donnera au personnage toute sa coloration bretonnante. Avant cette adaptation, Bécassine avait été porté par deux fois au grand écran, sans grande réussite. Bruno Podalydès, qui connaissait assez peu les albums auparavant, a choisi d’extraire parmi la trentaine d’albums existants des personnages et des scènes, pour se concentrer sur l’esprit général. Sa Bécassine n’est pas stupide, loin de là, elle est inventive et très enthousiaste. Les personnages secondaires sont assez réussis et tous les acteurs sont parfaitement dans le ton. Hélas, l’ensemble ressemble trop à un patchwork, il manque le liant qu’un scénario plus étoffé aurait pu apporter. L’humour est bien là mais seulement par petites touches soudaines et le film n’a pas non plus la dimension poétique que pourrait engendrer son personnage.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Emeline Bayart, Karin Viard, Denis Podalydès, Bruno Podalydès, Michel Vuillermoz, Josiane Balasko, Isabelle Candelier, Jean-Noël Brouté, Philippe Uchan
Voir la fiche du film et la filmographie de Bruno Podalydès sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

 

Bécassine!Emeline Bayart dans Bécassine! de Bruno Podalydès.
Photo de plateau © Anne-Françoise Brillot

Bécassine!Emeline Bayart, Karin Viard et Denis Podalydès dans Bécassine! de Bruno Podalydès.
Photo de plateau © Anne-Françoise Brillot

Précédente adaptations :
Bécassine de Pierre Caron (1940) avec Paulette Dubost
Bécassine, le trésor viking dessin animé de Philippe Vidal (2001) avec la voix de Muriel Robin.

24 mai 2019

Ludwig – Le Crépuscule des Dieux (1973) de Luchino Visconti

Titre original : « Ludwig »

Ludwig - Le crépuscule des DieuxCe film franco-germano-italien de Luchino Visconti évoque la vie de Louis II de Bavière, depuis son couronnement à l’âge de dix-huit ans, jusqu’à sa mort dramatique à quarante. L’homme fut, on le sait, une personnalité totalement atypique mais Visconti, loin d’insister sur ses extravagances et sa « folie », le présente comme un homme franc et sensible aux arts et à la beauté, perturbé certes mais sincère. Son Louis II veut aller jusqu’au bout de ses rêves artistiques sans prêter attention aux conséquences ; il dédaigne la politique, refuse autant que possible de régner. Il est empêché de vivre la vie qu’il souhaite, y compris et surtout en matière de sexualité : son homosexualité refoulée n’a d’égal que l’impossible amour envers sa cousine Sissi, son seul amour féminin, le rayon de soleil de sa vie. C’était le sujet parfait pour Visconti qui filme ce récit de façon grandiose et calme, avec de longs plans majestueux, prenant tout son temps pour nous faire ressentir l’atmosphère de cette quête d’absolu et aussi ce profond sentiment de désillusion, à force d’être déçu ou trompé, puis de désespoir. Helmut Berger fait une grande interprétation, habité par son personnage. Romy Schneider, qui s’était pourtant juré de ne jamais réincarner Sissi, est lumineuse. Visconti nous offre une vision différente de ce roi dont la « folie » était de rêver de beauté dans un monde de tensions et de guerres.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Helmut Berger, Romy Schneider, Trevor Howard, Silvana Mangano, Gert Fröbe
Voir la fiche du film et la filmographie de Luchino Visconti sur le site IMDB.

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Ludwig - Le Crépuscule des Dieux
Helmut Berger dans Ludwig – Le crépuscule des Dieux de Luchino Visconti.

Ludwig Le Crépuscule des dieux
Helmut Berger et Romy Schneider dans Ludwig – Le crépuscule des Dieux de Luchino Visconti.

Ludwig - Le Crépuscule des Dieux
Helmut Berger, Romy Schneider et Nora Ricci dans Ludwig – Le crépuscule des Dieux de Luchino Visconti.

Remarques :
* Le film est d’abord sorti dans une version réduite à 180 minutes mais nous pouvons voir aujourd’hui la version complète de 238 minutes.
* Intitulé Le Crépuscule des dieux à sa sortie en France en référence à l’opéra de Wagner, le film fut renommé par la suite Ludwig : Le Crépuscule des dieux pour éviter la confusion avec son film précédent Les Damnés, dont le titre original La caduta degli dei et le titre anglais The Damned (Götterdämmerung) sont respectivement les titres italien et allemand de l’opéra.
* Luchino Visconti fut victime d’un accident vasculaire cérébral pendant le tournage de Ludwig qui le laissa à moitié paralysé.
* Le film a été tourné en anglais. Les versions en italien sont doublées.
* Les Damnés (1969), Mort à Venise (1971), Ludwig (1973) devaient être complétés avec l’adaptation de La Montagne Magique de Thomas Mann pour former une tétralogie inspirés par Wagner et Mann. Pour des raisons de santé, Luchino Visconti ne put hélas mener ce dernier projet avant sa mort en 1976.

Ludwig - Le Crépuscule des Dieux
Trevor Howard est Wagner dans Ludwig – Le crépuscule des Dieux de Luchino Visconti.


Romy Schneider dans la Grotte de Vénus du Château de Linderhof, une grotte entièrement artificielle aménagée par Louis II de Bavière pour recréer l’ambiance de l’épisode du Venusberg de l’opéra wagnérien Tannhäuser. Un orchestre peut y jouer dissimulé par des rochers.

Ludwig - Le Crépuscule des Dieux
Romy Schneider et Nora Ricci montent le superbe escalier des Ambassadeurs du Château de Herrenchiemsee dans Ludwig – Le crépuscule des Dieux de Luchino Visconti.

Ludwig - Le Crépuscule des Dieux
Gert Fröbe et Helmut Berger dans Ludwig – Le crépuscule des Dieux de Luchino Visconti.

Louis II de Bavière au cinéma :
Das Schweigen am Starnbergersee, film muet de Rolf Raffé, 1920.
Ludwig II, film muet du cinéaste autrichien Otto Kreisler, 1922.
Ludwig II, König von Bayern de Wilhelm Dieterle, 1930.
Louis II de Bavière (Ludwig II: Glanz und Ende eines Königs), film allemand réalisé par Helmut Käutner en 1955.
Ludwig ou le Crépuscule des dieux (Ludwig), film franco-germano-italien réalisé par Luchino Visconti en 1972.
Ludwig, requiem pour un roi vierge (Ludwig, Requiem für einen jungfraulichen König) d’Hans-Jürgen Syberberg, 1972.
Ludwig 1881 de Fosco et Donatello Dubini, avec Helmut Berger, 1993.
Ludwig II, film allemand de Peter Sehr et Marie Noelle, avec Sabin Tambrea, 2012.

27 mai 2018

Un château en enfer (1969) de Sydney Pollack

Titre original : « Castle Keep »

Un château en enferA l’hiver 1944, dans les Ardennes belges, une petite unité américaine de 8 militaires arrive dans un château proche de Bastogne pour éviter que les allemands ne le reprennent. Dans cette vaste demeure millénaire, un comte et sa jeune épouse vivent entourés d’innombrables œuvres d’art. Le major est prêt à tenir jusqu’au bout alors que son capitaine, grand amateur d’art, voudrait protéger la bâtisse et son contenu…
Adapté d’un roman de William Eastlake par Daniel Taradash (scénariste de Tant qu’il y aura des hommes), Castle Keep est un film très original qui montre un propos ambitieux mais n’est que partiellement convaincant. Il s’agit d’une réflexion philosophique sur la guerre, l’art, la vanité, la destinée, et même d’autres thèmes encore. Cela fait beaucoup. L’atmosphère est très particulière, assez onirique où semblent se mêler plusieurs époques, ce qui donne un caractère assez atemporel à l’ensemble. La bataille finale est presque irréelle et fascinante. Dans l’ensemble, le film fut assez mal perçu et compris. La musique est signée Michel Legrand.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Patrick O’Neal, Jean-Pierre Aumont, Peter Falk, Astrid Heeren, Bruce Dern
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Remarque :
* Le château de Maldorais n’a jamais existé. Le château utilisé pour le tournage a été construit de toutes pièces en ex-Yougoslavie.

Castle Keep
Burt Lancaster et Patrick O’Neal dans Un château en enfer de Sydney Pollack.

17 mai 2017

Pleins feux sur l’assassin (1961) de Georges Franju

Pleins feux sur l'assassinPersonne ne sait où le comte de Kerauden, vieil original solitaire, s’est caché dans son immense château pour mourir. Ses héritiers ne peuvent espérer toucher l’héritage avant cinq ans. Pour couvrir les frais d’entretiens du domaine, ils décident d’organiser un spectacle son et lumière. Mais, dès les répétitions, commence une série de morts mystérieuses… Ce Pleins feux sur l’assassin est hélas un film plutôt mineur dans la trop courte filmographie de George Franju. Le roman de Boileau et Narcejac, dont il est l’adaptation, ne présente déjà guère d’originalité et c’est donc plutôt du côté de l’atmosphère qu’il faut chercher les quelques atouts de ce film. Franju exploite bien les lieux, le château devenant un protagoniste à part entière. Deux personnages tranchent par rapport à la froideur des autres : celui, assez ambigu, joué par le jeune Jean-Louis Trintignant et celui, plus impertinent et volage, joué par Dany Saval qui apporte une légèreté bienvenue. Pierre Brasseur n’a ici qu’un tout petit rôle.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Pierre Brasseur, Pascale Audret, Marianne Koch, Jean-Louis Trintignant, Dany Saval
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Remarque :
* Si le Château de Goulaine (Loire-Atlantique, 44) sert de cadre pour la plupart des plans, les vues plus éloignées (avec l’eau qui entoure le château) ont été tournées au Château de la Bretesche à Missillac (Loire-Atlantique, 44).


Jean-Louis Trintignant et Dany Saval dans Pleins feux sur l’assassin de Georges Franju.

20 janvier 2017

Le diable par la queue (1969) de Philippe de Broca

Le Diable par la queuePour garder leur château délabré, une famille de nobles désargentés l’a transformé en hôtel. Mais comme les clients se font rares, ils s’arrangent avec le petit garagiste local pour que les voyageurs y fassent une halte forcée. Cela va amener au château des personnes très différentes  dont un cambrioleur de banques… Ecrit par Daniel Boulanger et découpé par Claude Sautet, Le diable par la queue est souvent décrit comme « marqué par l’esprit de Mai 68 » (en réalité, ce qualificatif s’appliquerait beaucoup plus justement au film précédent de Philippe de Broca, Le Roi de cœur tourné en… 1966). Il est certainement plus exact de dire qu’il s’agit d’une comédie légère et loufoque, gentiment amorale. Rien n’est sérieux ici, on séduit, on joue avec l’amour, sous toutes ses formes. Le film est empreint d’un plaisir communicatif. Yves Montand s’est visiblement bien amusé à composer ce méridional exubérant et charmeur et Marthe Keller en jeune nymphe aux longues jambes apporte une belle touche de fraîcheur mutine. Il y a de bonnes trouvailles de scénario, l’ensemble est fluide ; on s’amuse beaucoup.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Yves Montand, Madeleine Renaud, Maria Schell, Marthe Keller, Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, Claude Piéplu, Xavier Gélin
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Caméo :
Philippe de Broca interprète l’un des campeurs suédois.

Le diable par la queue
Madeleine Renaud et Yves Montand dans Le Diable par la queue de Philippe de Broca.

Le Diable par la queue
Clotilde Joano, Madeleine Renaud, Maria Schell et Marthe Keller dans Le Diable par la queue de Philippe de Broca (photo publicitaire).

Le Diable par la queue
Marthe Keller dans Le Diable par la queue de Philippe de Broca (photo publicitaire).

14 janvier 2016

Le Bateau sur l’herbe (1971) de Gérard Brach

Le Bateau sur l'herbeOliver, aidé par son ami David, construit un bateau dans le parc de la grande demeure de sa mère, toujours absente et entourée de gigolos lors de ses rares apparitions. Ils rêvent de partir tous les deux pour l’Île de Pâques. Mais, alors que le bateau est presque terminé, David rencontre Eléonore dont il s’éprend… Si on le connait surtout en tant que scénariste (de Polanski notamment), Gérard Brach a réalisé deux longs métrages, La Maison (1970) avec Michel Simon et Patti d’Arbanville (oui, celle de Cat Stevens) et Le bateau sur l’herbe. Rien n’est conventionnel dans cette histoire, les personnages sont à la limite de l’improbable, hors du temps. L’excentricité du lunaire Oliver est tout en contraste avec le pragmatisme de son ami David et cette opposition nous vaut quelques situations assez finement écrites. L’interprétation est plus inégale, allant du meilleur (Claude Jade en jeune ingénue) au pire (Valentina Cortese en mère frivole). L’atmosphère globale n’est pas sans rappeler celle de certains films de Polanski, sans en avoir le flamboiement toutefois. Si le film ne manque pas de charme, il laisse tout de même sur une petite impression d’insatisfaction.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Claude Jade, Jean-Pierre Cassel, John McEnery, Valentina Cortese, Paul Préboist
Voir la fiche du film et la filmographie de Gérard Brach sur le site IMDB.

Remarques :
* Le scénario est cosigné par Gérard Brach, Roman Polanski et Suzanne Schiffman.
* L’acteur anglais John McEnery joue en français avec un accent prononcé, certes, mais surtout une belle aisance.

Le bateau sur l'herbe
Jean-Pierre Cassel, Claude Jade et John McEnery dans Le Bateau sur l’herbe de Gérard Brach.

30 mars 2015

Peau d’âne (1970) de Jacques Demy

Peau d'âneMourante, une reine se fait promettre par le roi de ne prendre pour nouvelle épouse qu’une femme plus belle qu’elle. Mais la seule personne capable de rivaliser avec sa beauté n’est autre que sa propre fille, et le roi la demande en mariage. Pour échapper à cette union incestueuse et sur les conseils de sa marraine la Fée des Lilas, la princesse demande à son père des robes irréalisables, mais il parvient toujours à les lui offrir. Elle lui demande alors de sacrifier son âne qui produit des écus d’or et le roi s’exécute. La princesse s’enfuit alors dans la forêt, revêtue de la peau de l’âne et se fait passer pour une fille de ferme, une souillon… Dans sa version de Charles Perrault, le conte populaire Peau d’âne serait le premier conte de fées français jamais écrit. L’adaptation au cinéma qu’en a fait Jacques Demy est une féérie visuelle : les décors sont splendides, les costumes somptueux. Demy place quelques anachronismes savoureux dans cette histoire où tout est possible. Même pour une personne (comme moi) qui n’est pas un grand amateur des musiques de Michel Legrand, les chansons ne sont pas envahissantes et apportent de belles respirations. Peau d’âne forme un ensemble très réussi qui est loin de n’être qu’un film pour enfants. Le film a été restauré ce que permet de profiter pleinement de sa belle palette de couleurs.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Jean Marais, Jacques Perrin, Micheline Presle, Delphine Seyrig, Fernand Ledoux
Voir la fiche du film et la filmographie de Jacques Demy sur le site IMDB.
Voir les autres films de Jacques Demy chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Jacques Demy… et le (très récent) livre sur Peau d’âne

Voir le mini-site dédiée à Peau d’âne sur le site de la Cinémathèque
(nombreux documents)

Peau d'âne
Catherine Deneuve dans Peau d’âne de Jacques Demy

Remarques :
* Peau d’âne a été tourné au château de Chambord (le château rouge) et au château du Plessis-Bourré au nord d’Angers (le château bleu). Les scènes de ferme et de forêt ont été tournées au château de Neuville dans les Yvelines et la scène finale au château de Pierrefonds dans l’Oise.

1 août 2014

Pattes blanches (1949) de Jean Grémillon

Pattes blanchesDans un petit village breton, le mareyeur Jacques Le Guen revient de la ville avec Odette, une belle jeune femme qui devient rapidement le centre de toutes les attentions. Il y a là le châtelain ruiné Julien de Keriadec, surnommé Pattes blanches en raison des guêtres qu’il porte et qui vit seul dans sa grande demeure, et son jeune frère batard Maurice… Pattes blanches fut écrit par Jean Anouilh (aidé de Jean Bernard-Luc) dans le but de le réaliser lui-même. Une grave maladie le força à demander à Jean Grémillon de le porter à l’écran à sa place. Celui-ci accepta à condition de transposer l’intrigue du XIXe siècle à l’époque actuelle et en Bretagne. Cette histoire est remarquablement écrite, avec des personnages forts et denses : c’est une variation assez noire sur le thème de la séduction, de l’attraction, du ressentiment. La richesse de l’histoire vient en grande partie de la palette de caractères décrits : les cinq personnages principaux sont à la fois complexes et très différents. Tous les rôles sont brillamment tenus, avec une rare intensité. Michel Bouquet est vraiment étonnant, dans un registre « halluciné » qui lui allait si bien au tout début de sa carrière (il a ici 24 ans). Mal né, Pattes blanches n’a jamais rencontré le succès qu’il mérite. C’est pourtant un film superbe.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Fernand Ledoux, Suzy Delair, Paul Bernard, Michel Bouquet, Arlette Thomas, Sylvie
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean Grémillon sur le site IMDB.

Lire aussi : l’analyse de Yann Gatepin sur le site DVDClassik …

Voir les autres films de Jean Grémillon chroniqués sur ce blog…
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18 juillet 2013

Cul-de-sac (1966) de Roman Polanski

Cul-de-sacAprès un mauvais coup qui a visiblement mal tourné, deux gangsters blessés arrivent dans un château anglais isolé habité par un quadragénaire qui a tout abandonné pour vivre avec sa très jeune épouse. Le plus valide des deux gangsters n’a aucun mal à prendre le dessus sur eux… Cul-de-sac, le film de Roman Polanski, est beaucoup de choses à la fois : c’est indéniablement une tragédie puisque l’irruption d’un élément étranger, rustre et brutal, va provoquer une grave et profonde crise dans ce couple mal assorti. C’est tout aussi indéniablement une comédie car, de l’humour, le film en regorge, un humour noir, un humour qui peut faire grincer des dents sans doute mais qui fonctionne parfaitement. C’est également un film de suspense et de tension, Cul de Sac est l’un des plus beaux huis clos (en plein air) qui soient. Polanski mêle tous ces éléments avec habilité mais, si le film a tant marqué les esprits, c’est surtout pour son inventivité et sa grande liberté de ton, notamment dans la description des rapports à l’intérieur du couple : si l’homme fait preuve de tant de lâcheté face au gangster, c’est aussi parce qu’il est dans une impasse face à sa femme, il sent qu’en seulement dix mois, elle se détache de lui, il est prêt à tout accepter pour la garder et il reproduit ce comportement masochiste sur le truand qui s’impose, lui non par le charme, mais par la force. Il a déjà dépassé le point de non retour et le cul-de-sac n’est pas seulement celui du château isolé sur son île, c’est aussi le cul-de-sac émotionnel de l’homme. L’irruption du gangster n’est qu’un révélateur, d’ailleurs lui aussi se fera manipuler par la femme qui est le véritable personnage fort de cette histoire. Polanski fait une description sans fard de cette relation et, comme souvent avec lui, il y a quelque chose de troublant dans son propos qui nous renvoie sur nous-mêmes.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Donald Pleasence, Françoise Dorléac, Lionel Stander, Jack MacGowran, Jacqueline Bisset
Voir la fiche du film et la filmographie de Roman Polanski sur le site IMDB.

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Cul-de-sacRemarques :
* L’affiche américaine de Cul-de-sac portait le slogan « Parfois, on ne peut plus rien faire d’autre qu’en rire », une mise en garde qui traduit probablement l’embarras des distributeurs américains du film. L’accueil fut effectivement très mauvais, la critique assassinant le film, le jugeant malsain. Le film fut retiré très rapidement des écrans. Le film fut heureusement mieux reçu en Europe.

* Cul-de-sac a été tourné entièrement sur Holy Island, une petite île située tout au nord de l’Angleterre (juste sous la frontière avec l’Ecosse), sur la côte est. L’île n’est toujours accessible que par une route submergée à marée haute. Elle porte un petit village de 160 habitants, les ruines d’un monastère du VIIe siècle et… le haut perché Lindisfarne Castle où le film a été tourné.
Voir l’emplacement sous Google Maps
Voir photos du Lindisfarne Castle
Petite note : le groupe de folk Lindisfarne a choisi son nom d’après ce même château.

22 avril 2013

Le tableau (2011) de Jean-François Laguionie

Le tableauDans un tableau, laissé inachevé par le peintre, les personnages ont pris vie et une hiérarchie s’est mise en place : le somptueux château a été investi par les « Toupins », personnages finis par le peintre et qui veulent asservir les autres personnages, les « Pafinis » (incomplètement peints) et les « Reufs » (esquisses crayonnées). Le peintre ne va pas revenir, affirment les Toupins pour asseoir leur suprématie. Refusant de baisser les bras, trois personnages vont partir à sa recherche… Le tableau est un film d’animation très original qui a le mérite de trancher assez nettement avec la production américaine actuelle. Il a été fait en 3D mais son aspect évoque le dessin et la peinture. Le réalisateur Jean-François Laguionie a soigné son quatrième film, gestation et réalisation ayant nécessité sept années. L’histoire en elle-même est une belle combinaison de naïveté et de magie. Le tableau peut donc être vu par tous les âges, même les très jeunes. Visuellement, il est très beau, très riche et varié, une source d’émerveillement constant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
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