31 décembre 2015

Human (2015) de Yann Arthus-Bertrand

HumanAvec Human, Yann Arthus-Bertrand nous propose une approche de la notion d’humanité. Il fait parler une impressionnante série de personnes de toutes les nations, de toutes les langues pour provoquer en nous une réflexion sur quelques sujets fondamentaux, les composantes essentielles de l’humain: l’amour pour les autres, la guerre, l’identité sexuelle, la répartition des richesses, … C’est assez court pour chacun, parfois c’est un récit, parfois ce ne sont que des réflexions mais c’est toujours suffisamment intense pour que notre intérêt reste contant tout au long du film. Yann Arthus-Bertrand a opté pour un cadrage serré, toujours le même, un gros plan sur le visage, superbement éclairé qui met encore plus en valeur la diversité de l’humain, isolé de son environnement, un visage qui nous regarde. Ces mini-interviews sont entrecoupées d’images aériennes assez époustouflantes, des paysages étonnants que l’homme arpente ou travaille (dans l’esprit de son film précédent Home), mais aussi sur des rassemblements humains, des images dont on se demande à chaque fois où il a bien pu trouver cela ! La musique, signée Armand Amar, est elle aussi très belle. Doté d’une indéniable portée philosophique, Human est un de ces films qui poussent à la réflexion. Et en plus, c’est très beau visuellement.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Yann Arthus-Bertrand sur le site IMDB.

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Remarques :
* 2020 portraits à travers le monde dans 63 langues différentes, près de 2500 heures de rushes (dont plus de 500 heures d’images aériennes) ont servi de base à la réalisation du projet.
* Version cinéma = 3h 10 – Version TV = 2h 11
Plusieurs autres téléfilms sont liés au film : Sur les traces de Human (composé de trois films de 52 minutes), Les histoires de Human (80 minutes), L’aventure Human (making-of de 52 minutes) et La musique de Human (plongée dans les coulisses de la bande originale de 52 minutes). Désireux de conquérir tous les supports, le film s’est vu décomposé en trois volets d’une heure trente chacun pour sa diffusion sur YouTube et Google Play, disponible dans six langues différentes.

Human
L’une des images stupéfiantes de Human de Yann Arthus-Bertrand (il s’agit d’une gigantesque piscine à vagues en Chine, certainement lors d’une canicule…)
Human
L’un des visages des portraits/interviews de Human de Yann Arthus-Bertrand.

21 novembre 2015

Le Temps de l’aventure (2013) de Jérôme Bonnell

Le Temps de l'aventureDans le train qui l’emmène de Calais à Paris pour une audition, Alix croise le regard d’un inconnu visiblement triste. A l’arrivée, ils échangent quelques mots : c’est un anglais, il lui demande le meilleur chemin pour aller à la Basilique Sainte Clotilde. Après son audition, elle sent une irrésistible envie de le revoir… Cinquième long métrage de Jérôme Bonnell, Le temps de l’aventure est un film assez délicat qui nous fait partager les incertitudes sentimentales d’une jeune quarantenaire qui a par ailleurs une relation informelle depuis huit ans. Emmanuelle Devos donne une interprétation très sensible de cette femme : à la fois gauche, vulnérable et émouvante, elle sait donner une belle profondeur à son personnage. Face à elle, David Byrne montre une retenue très britannique qui laisse toutefois transparaître une belle sensibilité. Le déroulement du scénario n’est pas aussi parfait : on peut lui reprocher un certain étirement et, surtout, de ne dévoiler un point important, qui apporte une belle profondeur, qu’au deux-tiers du film. Mais cela n’empêche pas Le temps de l’aventure d’être un film réussi.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Emmanuelle Devos, Gabriel Byrne
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Le temps de l'aventure
Gabriel Byrne et Emmanuelle Devos dans Le Temps de l’aventure de Jérôme Bonnell.

8 septembre 2015

Gertrud (1964) de Carl Theodor Dreyer

GertrudCopenhague, début du XXe siècle. L’ancienne chanteuse d’opéra Gertrud sent que l’amour a quitté son mariage : son mari Gustav, sur le point d’être nommé ministre, fait passer son travail en premier. Elle lui annonce qu’elle va le quitter. Gertrud entretient une liaison avec Erland, un jeune compositeur. C’est à ce moment que Gabriel, son ancien amour, revient d’un long séjour à l’étranger… Le dernier film de Dreyer surprend par sa forme. Cette pièce du suédois Hjalmar Söderberg, écrite quelque cinquante ans auparavant, est portée à l’écran avec un très haut niveau d’abstraction : décors épurés, longs plans fixes, personnages qui ne se regardent pas, très forte retenue dans l’expression des acteurs. Cette forme a tendance à rebuter au premier abord et pourtant on se laisse happer par les échanges entre Gertrud et les hommes qu’elle a aimés. Cette femme est en recherche d’un certain absolu dans l’amour et Dreyer semble faire de même avec son cinéma. Cette rigidité des postures rend l’intensité d’autant plus palpable, c’est même assez étonnant. A sa sortie, le film fut accueilli très froidement (il est vrai que nous sommes ici très loin du souffle de la Nouvelle Vague !) mais il peut s’apprécier différemment avec le recul. Son caractère atemporel paraît plus évident.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nina Pens Rode, Bendt Rothe, Ebbe Rode, Baard Owe
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Gertrud
Nina Pens Rode dans Gertrud de Carl Theodor Dreyer

11 juillet 2015

Peggy Sue s’est mariée (1986) de Francis Ford Coppola

Titre original : « Peggy Sue Got Married »

Peggy Sue s'est mariéePeggy Sue, 43 ans et deux grands enfants, est sur le point de se séparer de son mari Charlie. Elle vit très mal cette séparation. A une réunion des anciens élèves de la classe 1960, Peggy est nommée reine de la soirée. Elle s’évanouit et se retrouve vingt-cinq ans en arrière en 1960. Charlie et elle avaient alors l’intention de se marier… Comment orienterions-nous notre vie si nous avions la possibilité de revenir en arrière avec ce que savons ? Cette question, que l’on peut tous se poser à un moment ou à un autre, n’est pas vraiment nouvelle dans le cinéma hollywoodien, on peut la rapprocher du fameux mythe américain de « la seconde chance ». Coppola la traite de façon assez élégante, sans pathos inutile et sans trop s’égarer. Le propos reste toutefois dans la droite ligne de l’idéologie américaine pour laquelle le mariage est indissoluble… L’atmosphère 1960 est joliment recréée, avec belles voitures aux couleurs profondes et jupes évasées. Si Nicolas Cage, neveu de Coppola, a un jeu un peu mal assuré, Kathleen Turner s’en donne à coeur joie et le film repose en grand partie sur elle. A noter que l’actrice avait alors 32 ans. Peggy Sue s’est mariée n’est pas un grand Coppola, c’est un film de commande qui lui permet de se renflouer après le désastre de Coup de Coeur, mais il est de belle facture.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kathleen Turner, Nicolas Cage, Barry Miller, Joan Allen, Jim Carrey, Maureen O’Sullivan, Leon Ames
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Peggy Sue s'est mariée
Nicolas Cage et Kathleen Turner dans Peggy Sue s’est mariée de Francis Ford Coppola.

 

Remarque :
Peggy Sue s'est mariée
Dans la scène d’ouverture de Peggy Sue s’est mariée, Francis Ford Coppola s’est amusé à placer une astuce de miroir : nous sommes censé être derrière Kathleen Turner qui se prépare face à un miroir… En réalité, il n’y a pas de miroir (sinon la caméra serait visible) et c’est une autre actrice habillée comme elle qui est de dos. On s’en aperçoit hélas car Coppola a voulu trop en faire : il lui fait faire un mouvement pour prendre un mouchoir en papier à droite et les mouvements ne sont pas parfaitement synchrones. Ceci dit, Coppola a peut-être volontairement laissé cette imperfection car c’est à ce moment-là que l’on réalise vraiment que c’était un plan impossible, d’autant plus qu’il l’a démarré par un traveling arrière. (Voir cette scène sur Youtube…)

8 juillet 2015

La Fille à la valise (1961) de Valerio Zurlini

Titre original : « La ragazza con la valigia »

La Fille à la valiseFils de bonne famille, le jeune Lorenzo, âgé de 16ans, s’efforce de d’atténuer les effets de la mauvaise conduite de son frère aîné envers une jeune femme, Aida. De simple gentillesse à son égard, ses sentiments vont évoluer peu à peu vers une attirance plus profonde… La Fille à la valise est le récit de la rencontre de deux jeunes êtres issu de mondes différents : il est timide, éduqué de façon stricte, ne connait rien de la vie et découvre l’amour ; elle a déjà trop vécu à 22 ans, victime des hommes, mais garde une grande part de pureté et ne sait que faire de cet amour naissant. Le film de Valerio Zurlini peut paraître quelque peu laborieux dans sa mise en place mais il évolue avec une certaine grâce à l’image des sentiments de ses deux personnages principaux. Claudia Cardinale et Jacques Perrin sont tous deux d’une beauté juvénile absolument hors du commun et Zurlini a pris le parti de les filmer en très gros plans, souvent sans prendre la peine de faire de contre-champs. Ils irradient littéralement l’image. Il a également pris le parti d’une certaine lenteur qui peut soit envouter soit finir par lasser. Mais La Fille à la valise ne peut que nous toucher.
Elle: 4 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Claudia Cardinale, Jacques Perrin, Luciana Angiolillo, Gian Maria Volonté
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La Fille à la valise
Claudia Cardinale et Jacques Perrin dans La Fille à la valise de Valerio Zurlini

Remarques :
* Dans un entretien, Valerio Zurlini a déclaré s’être inspiré du récit d’une jeune actrice assez étrange (qui, dit-il, est devenue assez célèbre par la suite) rencontrée sur le tournage d’un petit film publicitaire  et qui lui avait en partie racontée sa vie.

* Au moment du tournage, Jacques Perrin a 19 ans et Claudia Cardinale 22. C’est le premier grand rôle de Jacques Perrin et le film va vraiment lancer sa carrière. Claudia Cardinale est alors plus connue mais elle n’est pas encore vraiment reconnue pour ses talents d’actrice.
Dans un second rôle, Gian Maria Volonte est ici dans l’un de ses tous premiers longs métrages (le deuxième).

28 mai 2015

Cendres et diamant (1958) de Andrzej Wajda

Titre original : « Popiól i diament »

Cendres et diamantPologne, mai 1945. C’est la fin de la guerre mais la lutte contre les Allemands a laissé la place à un dur affrontement entre communistes et partisans nationalistes fidèles à l’ancien régime. Maciek, un jeune combattant d’un maquis nationaliste, est chargé d’abattre un responsable communiste local. Après s’être une première fois trompé de victime, il est en proie au doute… Cendres et diamant est le troisième film d’Andrzej Wajda. Adapté d’un roman de Jerzy Andrzejewski, il s’inscrit dans la lignée de Kanal qui l’avait révélé l’année précédente à Cannes. Il témoigne du désarroi d’une jeunesse qui cherche au milieu des cendres le diamant d’une renaissance. Comment intégrer ces années de lutte, comment vivre lorsque l’on a si souvent oté la vie à ses semblables ? Ecartelé, son héros, magnifiquement interprété par Zbigniew Cybulski, est à la fois un militant-combattant dont la conviction n’est plus soutenue par l’action permanente et un grand romantique : sa rencontre avec une jolie serveuse ranime son aspiration à la vie. Wajda réussit même à glisser une dose d’humour, le plus souvent au détriment de l’attrait du pouvoir. C’est un film à la fois riche dans son propos et superbe dans sa forme : la photographie, marquée par l’expressionnisme mais aussi par le film noir, est assez enthousiasmante…
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Zbigniew Cybulski, Ewa Krzyzewska, Waclaw Zastrzezynski, Adam Pawlikowski
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Remarque :
Zbigniew Cybulski, acteur qui a une présence folle à l’écran, a ensuite beaucoup tourné avec Wajda avant de mourir accidentellement en 1967.

Cendres et Diamant
Zbigniew Cybulski et Ewa Krzyzewska dans Cendres et diamant de Andrzej Wajda

20 mars 2015

Félicie Nanteuil (1942) de Marc Allégret

Félicie NanteuilParis, fin du XIXe siècle. Un acteur de seconde zone découvre une jeune chanteuse sur une scène de music-hall où il se produit. Il la prend sous son aile, lui fait travailler intensément le métier d’acteur et parvient à la faire entrer à l’Odéon. L’élève dépasse le maître… Félicie Nanteuil est l’adaptation du livre d’Anatole France Histoire comique qui, malgré son titre, n’a rien de drôle (1). On pourra tout au plus trouver le début assez léger mais la suite est un portrait psychologique assez puissant qui évolue de façon assez inattendue. En outre, l’histoire se trouve enrichie par une certaine mise en abyme du théâtre. La candide jeune fille naïve se transforme rapidement en femme égotiste, consciente de son pouvoir. La reconstitution de l’atmosphère « fin de siècle » par Marc Allégret est soignée, les éclairages sont très travaillés. Marc Allégret s’attache à mettre en valeur la jeune mais déjà très talentueuse Micheline Presle, l’une des plus grandes (et, comme ce film le montre, plus belles) actrices du cinéma français. Elle n’a beau avoir ici que 20 ans, Micheline Presle montre une maturité étonnante dans son jeu, très riche avec toujours cette justesse de ton qui la caractérise. Claude Dauphin est, lui aussi, admirable. Oeuvre assez méconnue, Félicie Nanteuil est un très beau film, plus profond qu’il ne paraît et admirablement interprété.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Claude Dauphin, Micheline Presle, Louis Jourdan, Jacques Louvigny
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(1) Le terme « comique » est à prendre ici dans le sens « relatif à la comédie, au théâtre, aux comédiens ».

Félicie Nanteuil de Marc Allégret
Micheline Presle et Claude Dauphin dans Félicie Nanteuil de Marc Allégret

Remarques :
* Achevé en 1942, Félicie Nanteuil dut attendre la fin de la guerre pour sortir sur les écrans. Claude Dauphin ayant rejoint les Forces Françaises Libres (FFI) après le tournage, le film fut interdit de sortie par les autorités allemandes. A sa sortie en 1945, le film n’eut pas le succès qu’il mérite, noyé dans la pléthore de films (notamment américains) qui étaient enfin visibles.
* L’adaptation a été écrite par Curt Alexander, scénariste allemand d’origine juive, réfugié en France puis déporté, mort en 1943 dans un camp de concentration. Curt Alexander avait notamment travaillé pour Max Ophüls dans les années trente.
* Les dialogues sont de Marcel Achard.
* Pierre Prévert a été assistant-réalisateur sur le tournage.

Félicie Nanteuil de Marc Allégret
Louis Jourdan et Micheline Presle dans Félicie Nanteuil de Marc Allégret.

9 mars 2015

Les Enchaînés (1946) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Notorious »

Les enchaînésLa fille d’un américain condamné pour espionnage au profit des nazis fait la rencontre d’un homme séduisant. Celui se révèle être un membre du contre-espionnage qui, sachant ses idées opposées à celles de son père, lui propose d’aller infiltrer au Brésil un groupe composé des anciens amis de son père… Ecrit par le talentueux Ben Hecht (avec le concours de David O. Selznick, Clifford Odets et Alfred Hitchcock), Notorious (Les enchaînés) mêle très habilement amour et espionnage. La construction et le déroulement sont d’une simplicité qui force l’admiration car la tension et le suspense y sont intenses. Comme le souligne très justement Patrick Brion (1), on pourra noter que le personnage du méchant (merveilleusement interprété par Claude Rains) est assez subtilement défini car il apparaît sous bien des aspects plutôt une victime qui reste sincère dans ses sentiments envers celle qu’il aime alors que le gentil Cary Grant apparaît assez cynique. Ingrid Bergman interprète une femme qui se sent indigne de l’amour de celui qu’elle aime et prend de très grands risques pour se racheter à ses yeux. La mise en scène limpide d’Hitchcock contribue à faire de Notorious un film quasiment parfait.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Cary Grant, Ingrid Bergman, Claude Rains, Louis Calhern, Leopoldine Konstantin
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Les Enchaînés de Alfred Hitchcock
Claude Rains, Cary Grant et Ingrid Bergman dans Les Enchaînés (Notorious) d’Alfred Hitchcock.

Remarques :
* Cameo : Alfred Hitchcock apparait lors de la réception, buvant une coupe de champagne face à la table des serveurs.
* Alfred Hitchcock raconte avoir été rendre visite avec Ben Hecht en 1944 (soit un an avant l’explosion d’Hiroshima) au Dr. Millikan pour lui demander quelle taille pouvait avoir une bombe atomique. Le scientifique a répondu par une démonstration de près d’une heure que tout cela était impossible. Après cette entrevue, Hitchcock a été surveillé par le FBI pendant trois mois ! (il ne l’a appris que bien plus tard.)
* Sous le Code Hays, un baiser ne devait en aucun cas excéder trois secondes. Alfred Hitchcock y parvient manifestement tout en respectant le code à la lettre… (en plusieurs fois).
* Le plan assez remarquable avec la tasse de café nette au premier plan et Ingrid Bergman assise dans le fauteuil également nette à l’arrière plan a été obtenu grâce à une très grande tasse de café.
* David O. Selznick a cédé juste avant la sortie la moitié de ses droits à la R.K.O. parce qu’il ne croyait guère à l’uranium (qui a finalement peu d’importance dans le film) et aussi parce qu’il devait financer Duel au soleil avec Jennifer Jones qu’il avait récemment épousée. Il a dû sûrement le regretter puisque le film a rapporté près de cinq fois son coût.

(1) Patrick Brion Hitchcock (Editions de la Martinière, 2000)

25 février 2015

Fisher King – Le Roi pêcheur (1991) de Terry Gilliam

Titre original : « The Fisher King »

Fisher King - Le roi pêcheurJack est un animateur de radio populaire pour son franc parler mais très imbu de sa personne. Lorsqu’un déséquilibré prend certains de ses propos désinvoltes comme une incitation à aller tuer sept personnes dans un restaurant, il abandonne tout et se laisse aller. Il rencontre un clochard dans lequel il entrevoit un moyen de se racheter… Pour la première fois, Terry Gilliam n’a pas écrit lui-même le scénario de Fisher King, il est signé par Richard LaGravenese. Le projet était visiblement ambitieux, il est patent que Terry Gilliam désirait réussir à la fois sur le plan artistique et commercial (son film précédent Münchhausen avait été un échec) et mettant sur pied un grand film riche aux connotations fantastiques. Il semble vouloir revisiter le mythe du Graal mais surtout celui de Don Quichotte qui lui permet de nous gratifier de très belles scènes comme celle où il transforme l’immense hall de la Gare centrale de New York en une gigantesque piste de danse. Outre les superbes plans dont Gilliam a le secret (ah, cette plongée vertigineuse sur une limousine noire aux milieu de taxis jaunes), Fisher King est aussi l’occasion de puissantes prestations d’acteur : Robin Williams et Jeff Bridges sont ici dans l’un de leurs meilleurs rôles et on peut en dire autant de Mercedes Ruehl (c’est elle qui gagnera l’Oscar). Le quatrième personnage principal, Lydia (Amanda Plummer), est étonnamment traité comme un personnage de dessin animé, on peut sans doute y voir là certaines intentions commerciales. Elles sont encore plus nettes lors du dénouement, en parfait happy end. Malgré ces petites faiblesses, Fisher King reste un film assez puissant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robin Williams, Jeff Bridges, Mercedes Ruehl, Amanda Plummer
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Fisher King
Robin Williams et Jeff Bridges dans Fisher King de Terry Gilliam.

12 février 2015

César (1936) de Marcel Pagnol

CésarVingt ans ont passé. Panisse est sur le point de mourir. César est parti chercher le curé pour le confesser. Fanny et son fils Césariot, qui suit de brillantes études, arrivent de la gare. Panisse refuse de dire la vérité à son fils, c’est Fanny qui devra le faire… Troisième volet de la trilogie débutée avec Marius et Fanny, César est le seul à avoir été écrit directement pour le cinéma. Et, cette fois, Marcel Pagnol le dirige lui-même mais, hélas, sans montrer toutes les qualités que l’on pouvait attendre de lui. Certaines scènes, qui devraient être fortes (comme par exemple celle ou Fanny révèle à son fils la vérité), se révèlent finalement bien plates et la grande explication finale de la famille reconstituée apparaît bien maladroite. Le jeu des acteurs est plus retenu et André Fouché a bien du mal à donner une dimension à Césariot qui constitue le point faible du film au lieu d’en être le pivot. Mais le film a l’avantage de clore toute l’histoire, de refermer les plaies laissées ouvertes, de satisfaire l’envie des spectateurs de voir une fin heureuse.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Raimu, Pierre Fresnay, Fernand Charpin, Orane Demazis, André Fouché
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César de Marcel Pagnol
André Fouché, Orane Demazis et Charpin dans César de Marcel Pagnol (1936).

Remarques :
* Il existe deux versions de César : une version de 165 minutes exploitée à sa sortie et une de 135 minutes exploitée à partir de 1946. C’est cette dernière que l’on connait aujourd’hui (une copie de la première existe à la Cinémathèque de Toulouse). La seconde version est non seulement écourtée mais contient en outre 20 minutes de séquences qui ne figuraient pas dans la première (essentiellement des scènes se situant avant la mort de Panisse). Les quelque 50 minutes non reprises concernent des scènes qui approfondissent le personnage de Césariot.

* La trilogie de Pagnol :
Marius d’Alexander Korda (1931)
Fanny de Marc Allégret (1932)
César de Marcel Pagnol (1936)

* Remakes :
Fanny de Joshua Logan (1961) avec Leslie Caron, Maurice Chevalier et Charles Boyer, remake des trois films de la trilogie en un seul.
César de Daniel Auteuil (2016 ?), film annoncé.