6 janvier 2015

Love (1969) de Ken Russell

Titre original : « Women in Love »

LoveDans une petite ville minière anglaise de 1920, deux soeurs nouent une relation avec deux amis, l’un est un inspecteur d’école à l’esprit libertaire, l’autre est le propriétaire d’une mine à l’esprit conservateur… Women in Love est le troisième film de Ken Russell. Le cinéaste anglais réalise une belle adaptation du roman de D.H. Lawrence en nous offrant ce subtil entrelacs d’esthétisme, de sexualité et de philosophie. C’est principalement une réflexion sur l’amour ; les quatre personnages principaux en ont une conception très différente : coté hommes, l’un ne désire aimer que par convention sociale, constatant l’absence d’alternative, l’autre ne veut se conformer à un modèle et se limiter à une simple relation (l’homosexualité, plus que latente, culmine dans une célèbre scène de combat des deux hommes nus, superbement éclairée et photographiée) ; côté femmes, si l’une n’aspire qu’à une relation amoureuse très traditionnelle et exclusive, l’autre recherche une relation plus riche et intellectuellement stimulante. Cette palette de caractères permet d’explorer les différentes formes de l’amour, ses limitations, son caractère souvent exclusif, avec en toile de fond le monde en pleine évolution des années folles, évolution présente autant sur le plan social que sur le plan des idées. Le propos est finalement très riche et Ken Russell le met en scène avec verve et flamboyance, avec un parti-pris esthétique bien inspiré, même si certaines scènes peuvent paraître un peu étirées.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Alan Bates, Oliver Reed, Glenda Jackson, Jennie Linden, Eleanor Bron
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Remarques :
* D.H. Lawrence a écrit Women in Love en 1920.
* Glenda Jackson a reçu un Oscar en 1971 pour son interprétation.

Women in Love (1969) de Ken Russell
Glenda Jackson et Oliver Reed dans Women in Love (1969) de Ken Russell

4 juin 2014

Les Bonnes Femmes (1960) de Claude Chabrol

Les bonnes femmesQuatre jeunes femmes, vendeuses dans un magasin d’appareils électriques, cherchent l’amour et occupent leurs soirées en espérant que quelque chose se passe… Quatrième film de Claude Chabrol, Les bonnes femmes a été très mal accueilli à sa sortie, aussi bien par la critique que par le public. Aujourd’hui, quelque cinquante ans plus tard, le recul nous en donne une image très différente. Etant donné que Chabrol observe et décrit sans porter de jugement, son film a maintenant des vertus documentaires sur l’état d’esprit de cette époque ; une vision certes partielle mais intéressante. Paradoxalement, alors que nous avons aujourd’hui une idée plutôt joyeuse, presqu’idyllique des années soixante, il nous présente une vision très désenchantée : ces jeunes femmes recherchent essentiellement l’Amour mais leurs aspirations ne pourront être que déçues, elles ne trouveront que la mesquinerie ou même pire. La noirceur du propos culmine dans la scène finale qui semble montrer que tout cela sera sans fin. Même si la vitalité de Bernadette Lafont et de ses consoeurs apporte une certaine joyeuseté et écarte toute austérité, le fond n’en est pas moins très sombre. Le style, bien entendu très Nouvelle vague, donne l’impression d’images prises sur le vif.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bernadette Lafont, Clotilde Joano, Stéphane Audran, Lucile Saint-Simon, Pierre Bertin, Claude Berri, Mario David
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25 mai 2014

Au bout du conte (2013) de Agnès Jaoui

Au bout du conteLaura est une jeune fille qui veut croire au Prince Charmant. Quand elle voit apparaître Sandro dans une soirée de façon similaire à l’un de ses rêves, elle ne doute pas un instant avoir trouvé le grand Amour… Ecrit par Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, Au bout du conte est une amusante comédie. Toutefois, on peut se demander s’ils n’auraient pas tenté de mettre trop de choses dans un même film : il y est question d’amour donc, mais aussi et surtout de croyances (sous toutes ses formes : contes, idéalisation, voyance, religion), de l’acceptation de l’infidélité, des enfants, de l’amitié, de la recherche du bonheur… Certes, on pourra rétorquer que tout cela compose la vie, tout simplement, mais cette profusion de thèmes donne aussi une légère impression de fatras. C’est d’autant plus dommage que la qualité de l’écriture du couple Bacri/Jaoui est toujours là, avec une indéniable justesse de trait et des traits d’humour du meilleur effet. Le son des dialogues n’est pas toujours optimal, défaut aggravé par le niveau élevé de mixage de la musique, au demeurant excellente : elle est signée par Fernando Fiszbein.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Agathe Bonitzer, Agnès Jaoui, Arthur Dupont, Jean-Pierre Bacri, Benjamin Biolay
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20 mai 2014

La femme que j’ai le plus aimée (1942) de Robert Vernay

La femme que j'ai le plus aiméeUn jeune homme vient de voir la femme qu’il aime le quitter. Il rentre chez lui avec l’intention de se suicider. Mais c’est le jour où son oncle organise un repas avec ses cinq meilleurs amis, tous célibataires. Comprenant sa détresse, ils lui racontent tour à tour qu’eux aussi ont envisagé d’en finir avec la vie le jour où ils ont perdu la femme qu’ils ont le plus aimée… Réalisé sous l’Occupation (pour Regina Films), cette comédie légère tout à la glorification du célibat est composée de cinq sketches sur le thème de l’amour déçu. Ecrites par Yves Mirande, les histoires sont un peu trop prévisibles. A aucun moment, le film ne s’envole ; il comporte bien quelques bons dialogues mais ils sont un peu trop rares. Le film à sketches est l’occasion de réunir de nombreux acteurs connus sur un même plateau et c’est ici le cas, avec les limites des disponibilités sous l’Occupation.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Arletty, Mireille Balin, Lucien Baroux, René Lefèvre, André Luguet, Noël-Noël, Raymond Rouleau, Jean Tissier, Michèle Alfa, Simone Berriau, Renée Devillers
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Détail des 5 histoires :
1. La première histoire (le chirurgien et la chanteuse) met Arletty et Noël-Noël face à face sans qu’il y ait de réelle alchimie entre les deux acteurs (notons qu’à l’instar de son personnage, Arletty n’a jamais voulu, dans la vie réelle, se laisser emprisonner par le mariage).
2. La seconde (l’industriel et la dactylo) voit une belle prestation de Raymond Lefèvre face à Renée Devillers et Charles Granval ; ce sketch est finalement terriblement noir dans son propos.
3. La troisième (la sculptrice et l’avocat) voit Michèle Alfa et André Luguet dans une histoire plutôt fade.
4. La quatrième est un triangle amoureux : Raymond Rouleau et Jean Tissier sont tous deux amoureux de Mireille Balin. L’idée de base est la plus originale du lot, bien développée mais trop terne dans son aboutissement.
5. Le cinquième sketch (le mort) est le plus amusant, avec Lucien Baroux et Simone Berriau (et Bernard Blier dans un petit rôle). Ce mort qui entend ce qu’on dit de lui est d’un humour assez jouissif. Il serait parfait avec une fin plus relevée.

10 novembre 2013

Antoine et Antoinette (1947) de Jacques Becker

Antoine et AntoinetteNous sommes à Paris au lendemain de la guerre. Antoine travaille dans une imprimerie et Antoinette est vendeuse dans un grand magasin. Mariés, ils vivent dans un petit appartement. Un jour, la chance leur sourit par le moyen d’un billet gagnant à la loterie… Ecrit par Jacques Becker avec l’aide de Maurice Griffe et de Françoise Giroud, Antoine et Antoinette dresse un portrait très réaliste de ce jeune couple avec des ressources limitées mais plutôt heureux de vivre. Avec une précision et aussi une certaine tendresse, Jacques Becker nous les montre dans leur vie de tous les jours. C’est une histoire simple que l’on pourrait rattacher au néoréalisme si le genre avait vraiment fait école dans le cinéma français de l’Après-guerre. L’ensemble est illuminé par le charme de Claire Mafféi qui apporte une fraîcheur mêlé d’une bienfaitrice insouciance. L’histoire du billet de loterie est là pour donner un peu de corps à l’histoire mais le film aurait certainement gardé tout son attrait et son charme sans cela. Antoine et Antoinette est avant tout une ode à la jeunesse et à l’amour.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Roger Pigaut, Claire Mafféi, Noël Roquevert
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Remarques :
* Louis de Funès fait ici l’une des ses premières apparitions à l’écran, dans un double rôle : c’est l’un des garçons-épiciers qui déchargent le camion. Plus tard, c’est l’un des invités à la noce : il est alors plus difficilement reconnaissable, avec une moustache (voir un montage vidéo de ces scènes). On remarque aussi la présence de Gérard Oury en client entreprenant.
– Claire Mafféi n’a que peu tourné ensuite. Antoine et Antoinette est, de loin, son film le plus important.

26 octobre 2013

L’impératrice Yang Kwei-Fei (1955) de Kenji Mizoguchi

Titre original : « Yôkihi »

L'impératrice Yang Kwei-FeiDans la Chine du VIIIe siècle, l’empereur Hiuan-Tsong est inconsolable depuis la mort de l’impératrice, seule la musique lui donne quelque joie. On lui présente une jeune fille d’origines simples qui lui ressemble. D’abord réticent, l’empereur est rapidement charmé par sa fraîcheur et sa sincérité… Basé sur une légende très connue en Chine et même au Japon, L’impératrice Yang Kwei-Fei est le premier film de Mizoguchi en couleurs. Les décors et les somptueux costumes, richement reconstitués, profitent pleinement de ce passage à la couleur. Le film est esthétiquement très beau et le fait d’avoir choisi une histoire se déroulant en Chine permet de jouer avec les tons pastel. Il ne faut pas vraiment chercher à faire une lecture politique ou historique du film, L’impératrice Yang Kwei-Fei est plus l’histoire d’un amour très pur de deux êtres entourés par des personnages dévorés d’ambition ou mûs par des intérêts égoïstes (1). Le personnage de Yang Kwei-Fei est presque virginal, totalement désintéressé, un modèle de vertu qui ira jusqu’au sacrifice suprême (2). Mizoguchi reforme ici le couple de Rashômon, Machiko Kyô et Masayuki Mori, qui ont tous deux une belle présence à l’écran. Si le déroulement de l’histoire n’est pas le point fort du film, L’impératrice Yang Kwei-Fei est très beau et comporte de superbes scènes (la fête populaire, les vergers en fleurs, l’exécution finale).
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Machiko Kyô, Masayuki Mori, Sô Yamamura, Eitarô Shindô, Eitarô Ozawa
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Remarques :
* Le titre peut se traduire par « La première concubine ». En effet, contrairement à ce que laisse croire la traduction hâtive du titre en français (et également en anglais), Yang Kwei-Fei ne fut jamais impératrice mais seulement première concubine.
* L’impératrice Yang Kwei-Fei est une coproduction entre la japonaise Daiei et la chinoise Shaw Brothers basée à Hong Kong.

(1) Sur ce point, on peut rapprocher L’impératrice Yang Kwei-Fei du film précédent de Mizoguchi Les Amants crucifiés.

(2) Le sacrifice de la femme par suicide (ou, comme ici, par mort acceptée) est un thème que l’on retrouve dans de nombreux films de Mizoguchi.

11 août 2013

Dimanche d’août (1950) de Luciano Emmer

Titre original : « Domenica d’agosto »

Dimanche d'aoûtPar un dimanche ensoleillé d’août 1949, les habitants de Rome se rendent en masse vers la plage d’Ostie. Nous suivons certains d’entre eux : une famille nombreuse, un veuf accompagné de sa petite fille et de sa nouvelle compagne, un groupe d’adolescents à vélo, une jeune fille qui se laisse emmener dans une luxueuse voiture, un jeune policier amoureux d’une bonne, etc. … Dimanche d’août est le premier long métrage de Luciano Emmer qui n’avait auparavant réalisé que des courts métrages documentaires d’art. L’idée de base a été écrite par Sergio Amidei, scénariste (entre autres) de Rome, ville ouverte de Rossellini. Dimanche d’août s’inscrit pleinement dans le courant du néoréalisme italien, il nous immerge dans cet univers populaire romain de l’Après-guerre, un monde plein de vie où l’amour reprend ses droits alors que les restes de la guerre sont toujours bien présents, une redécouverte de l’insouciance en quelque sorte. Plutôt que de nous les faire suivre l’une après l’autre, Luciano Emmer a préféré entremêler plusieurs petites histoires, nous faisant sauter de l’une à l’autre. Ce procédé narratif, aujourd’hui bien connu, était à l’époque extrêmement original. Il donne en tous cas encore plus de vie et de rythme à l’ensemble. Sous jacent, le contexte social est bien là car la hiérarchie des classes est reproduite au bord de l’eau : il y a la plage privée et la plage publique. Dimanche d'août S’il n’y a pas d’acteurs de premier plan, on remarque que la jeune Anna Baldini a beaucoup de présence (on pourrait la décrire physiquement comme une Ingrid Bergman très jeune). Assez étonnamment, ce sera son seul film. Et le film marque la première apparition à l’écran dans un rôle un tant soit peu important du jeune Marcello Mastroianni (25 ans). Dimanche d’août est un film humaniste, plein de vie et haut en couleur, qui se double d’un témoignage sur l’Italie de l’Après-guerre, un monde où chacun, à sa façon, oeuvre pour atteindre une vie meilleure.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Anna Baldini, Vera Carmi, Emilio Cigoli, Marcello Mastroianni, Massimo Serato
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Remarques :
*  Dimanche d’août a été post-synchronisé en studio. C’est ainsi que Marcello Mastroianni est doublé par Alberto Sordi.
* L’assistant-réalisateur Giulio Macchi a démissionné après une semaine de tournage, accusant le réalisateur Luciano Emmer de n’avoir aucune compétence technique. Il fut remplacé par le jeune Francesco Rosi (Dimanche d’août est son troisième film comme assistant).
* A sa sortie, le film a été malmené par la Critique italienne. De son côté, le Centre Catholique du Cinéma (Centro Cattolico Cinematografico) a dénoncé son « exhibitionnisme dégoûtant ».

27 juin 2013

Hôtel des Amériques (1981) de André Téchiné

Hôtel des AmériquesUn soir, dans une rue de Biarritz, Hélène manque de renverser Gilles avec sa voiture. Ils font connaissance. Hélène est toujours désemparée après avoir perdu peu auparavant l’homme qu’elle aimait. Gilles, lui, aspire à une vraie relation mais ne sait s’il peut avoir une place dans la vie d’Hélène… Hôtel des Amériques est le premier film vraiment personnel de Téchiné. S’écartant des films de genre, il signe un film qui nous place très près de ses personnages. Certes, on peut juger excessif le romanesque de cette histoire mais, une fois cette apparente banalité dépassée, la richesse des relations entre les personnages apparaît pleinement. L’amitié côtoie l’amour, la fragilité des personnages ne cesse de poindre. La mise en scène reste simple tout en montrant une belle photographie malgré les tons un peu poussés. Le cinéma de Téchiné fait déjà preuve d’une belle maturité.
Elle: 4 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Patrick Dewaere, Etienne Chicot, Sabine Haudepin, Josiane Balasko
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23 mai 2013

Promenade avec l’amour et la mort (1969) de John Huston

Titre original : « A Walk with Love and Death »

Promenade avec l'amour et la mortDans la France du XIVe siècle, pendant la guerre de Cent Ans, un jeune étudiant épris de liberté et de poésie quitte Paris pour aller voir la mer. En chemin, il rencontre la mort, omniprésente, mais aussi une jeune fille noble dont il s’éprend… Dans ses mémoires, John Huston affirme n’avoir tourné Promenade avec l’amour et la mort que pour donner à sa fille de 16 ans, Anjelica, un premier rôle et en faire une actrice. C’est un autre jeune débutant qui lui fait face, Assi Dayan, qui n’est autre que le fils de Moshe Dayan (1). Loin du modèle hollywoodien des films historiques, le film de Huston est une réflexion sur l’amour et la liberté. Il est finalement assez marqué par l’époque de son tournage, c’est-à-dire le mouvement hippie et Mai 68 : ces deux êtres purs cherchent à combattre la désolation de la guerre par l’amour, ils aspirent à une vie où ils pourront choisir leur destin sans entrave ni règle de caste. C’est une vision assez originale de cette partie de l’Histoire, plus souvent utilisée pour son côté épique. Assez dépouillé, le film utilise largement les décors naturels. Promenade avec l’amour et la mort n’eut que peu de succès. Pourtant, il ne manque pas d’attrait.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Anjelica Huston, Assi Dayan, Anthony Higgins
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Remarques :
* Ecrit par Dale Wasserman, le scénario de Promenade avec l’amour et la mort est l’adaptation d’un roman de Hans Koningsberger.
Burg Lichtenstein * Le tournage ne put se dérouler en France comme prévu du fait de Mai 68 et de ses revendications salariales, incompatibles avec le budget du film. Le choix se porta alors sur la Tchécoslovaquie mais l’invasion soviétique (fin du Printemps de Prague) empêcha le projet d’aboutir. Le tournage se déroulera finalement en Autriche. Le château à la superbe silhouette élancée est le Burg Lichtenstein (qui, malgré son nom, n’est pas au Liechtenstein, mais dans la ville Maria Enzersdorf, non loin de Vienne).
* Certains costumes, notamment la robe d’Angelica Huston, ont été dessinés par Leonor Fini, la célèbre artiste peintre surréaliste. La musique médiévale a été composée par Georges Delerue.

(1) Moshe Dayan est alors le Ministre de la Défense israélien, bien connu du monde entier pour son rôle prépondérant pendant la guerre des Six Jours. Assi Dayan était alors en rupture avec sa famille et son milieu. Il reviendra ensuite en Israël pour y faire une carrière d’acteur, réalisateur et producteur.

23 avril 2013

Les Trois Lumières (1921) de Fritz Lang

Titre original : « Der müde Tod »

Les trois lumières(Film muet) Au Moyen-âge, un homme tout vêtu de noir, à la silhouette longiligne et au visage émacié, s’installe à la table d’un couple d’amoureux. A l’insu de la jeune fille, le jeune homme et l’homme tout en noir disparaissent peu après. Elle se lance à sa recherche… Der müde Tod (traduction littérale : La Mort lasse) est le premier film important de Fritz Lang, tourné juste avant Docteur Mabuse. Son scénario est signé par sa future femme, Théa von Harbou, qui a puisé son inspiration dans des contes et ballades germaniques. Original et riche, le film montre toute la créativité du couple. Il se compose en trois histoires très différentes encadrées par un prologue et un épilogue. La Mort met en effet la jeune femme à l’épreuve dans trois environnements, Bagdad, Venise et la Chine, où la mort est à chaque fois administrée par un symbole de pouvoir. « L’amour est aussi fort que la mort » lit-elle dans le Cantiques des cantiques mais c’est surtout contre le pouvoir qu’elle doit se battre à chaque fois et si la Mort est lasse, c’est face à la cruauté des hommes. S’inscrivant dans le courant expressionniste, le film est également original dans sa forme, riche de ses références picturales et agrémenté d’effets spéciaux. Malgré la pluralité de ses composantes, Les Trois Lumières forme un ensemble très cohérent, une véritable oeuvre de création d’un grand cinéaste.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Lil Dagover, Walter Janssen, Bernhard Goetzke
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Remarque :
Douglas Faibanks a acheté les droits d’exploitation aux Etats Unis de Der müde Tod et en a retardé la sortie. Il s’est inspiré des effets spéciaux de la partie chinoise pour son film Le Voleur de Bagdad. Der müde Tod n’est ainsi sorti aux Etats Unis qu’en 1924 plusieurs mois après le film de Faibanks.