3 septembre 2022

A la recherche de Garbo (1984) de Sidney Lumet

Titre original : « Garbo Talks »

À la recherche de Garbo (Garbo Talks)Estelle est une femme énergique toujours prête à se battre avec vigueur contre les injustices et les abus. Son fils Gilbert est tout à l’opposé : dans la société où il est employé, il est l’objet de brimades et il ne contrarie jamais ses supérieurs. Apprenant qu’elle a une tumeur au cerveau, Estelle demande à son fils de rencontrer son idole de toujours, Greta Garbo…
À la recherche de Garbo est un film américain écrit par Larry Grusin et réalisé par Sidney Lumet. Le réalisateur se lance dans un genre qu’il a peu ou pas exploré au cours des quelque 25 années de carrière qu’il a derrière lui : la comédie. Le récit a le mérite de l’originalité. Tout n’est pas réussi mais Anne Bancroft montre des talents surprenants pour la comédie. Certains moments sont savoureux comme la scène où elle grimpe sur un immeuble en construction pour aller réprimander un groupe d’ouvriers qui avaient lancé des paroles obscènes envers une passante. L’actrice se montre tout aussi parfaite dans les scènes émouvantes, son récit de ses émois cinématographies sur son lit d’hôpital en est le meilleur exemple. Le film est aussi, et surtout, un hommage au cinéma et à l’un de ses plus grands mythes, Greta Garbo. C’est toutefois un film en demi-teinte, mais inattendu de la part de Sidney Lumet.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Anne Bancroft, Ron Silver, Carrie Fisher, Catherine Hicks, Steven Hill, Howard Da Silva
Voir la fiche du film et la filmographie de Sidney Lumet sur le site IMDB.

Voir les autres films de Sidney Lumet chroniqués sur ce blog…
Voir les livres sur Sidney Lumet

Remarques :
* Les producteurs n’ont pas réussi à trouver Greta Garbo pour lui demander d’apparaître dans le film (ce qu’elle aurait, bien entendu, très certainement refusé). A noter que Greta Garbo avait alors 79 ans. L’actrice est décédée en 1990. Son dernier film date de 1941.
* Le titre original fait référence au premier film parlant tourné par Greta Garbo, Anna Christie (1930). La MGM avait utilisé comme accroche publicitaire « Garbo Talks ».

À la recherche de Garbo (Garbo Talks)Ron Silver et Carrie Fisher dans À la recherche de Garbo (Garbo Talks) de Sidney Lumet.

À la recherche de Garbo (Garbo Talks)Anne Bancroft dans À la recherche de Garbo (Garbo Talks) de Sidney Lumet.

17 janvier 2017

Anna Karenine (1927) de Edmund Goulding

Titre original : « Love »

Anna KarenineUn soir de tempête de neige, dans une auberge isolée, le comte russe Vronsky fait la connaissance d’une femme à la fois mystérieuse et très belle qu’il tente de séduire de force. Elle le repousse. Quelque temps plus tard, lors d’une réception organisée par le député Karénine, Vronsky est présenté à l’épouse de celui-ci, Anna… Au cours de sa trop courte carrière, Greta Garbo a interprété par deux fois Anna Karenine. Ce film muet d’Edmund Goulding est la première. Il s’agit d’une version très simplifiée du roman de Tolstoï, avec même une fin en happy-end (une version avec une fin dramatique sera toutefois distribuée à l’international). Le film est bien entendu surtout remarquable par la présence du couple Greta Garbo / John Gilbert. Ce dernier fait un Vronsky très séduisant, très prévenant. Greta Garbo, qui sortait d’un bras de fer de plusieurs mois avec la MGM pour obtenir un meilleur contrat, est magnifique, remarquablement filmée par la caméra de William Daniels. Lorsqu’elle soulève sa voilette pour la première fois, nous sommes, à l’instar de Vronsky, nous aussi suffoqués par sa beauté. Garbo est unique. Il lui suffit d’esquisser un demi-sourire pour exprimer une quinzaine de sentiments. En revanche, elle moins convaincante quand elle joue beaucoup : sa crise de nerfs lorsque Vronsky chute de cheval est à la limite du grotesque. Malgré la simplification de l’histoire qui perd beaucoup de son caractère dramatique, cet Anna Karenine montre une certaine intensité grâce à ses deux interprètes. (Film muet)
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Gilbert, Greta Garbo, George Fawcett, Brandon Hurst
Voir la fiche du film et la filmographie de Edmund Goulding sur le site IMDB.

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Love
Greta Garbo et John Gilbert dans Anna Karenine de Edmund Goulding.

Remarques :
* Le titre américain fut choisi pour donner « John Gilbert et Greta Garbo in love » sur les affiches, une trouvaille du service des relations publiques de la M.G.M.

* La version avec la fin Tolstoïenne (dramatique donc) fut distribuée à l’étranger. Aux Etats-Unis, les exploitants avaient le choix et il semble que les exploitants de la Côte Est et californiens choisirent souvent la fin dramatique, alors que les exploitants de l’Amérique profonde choisirent la fin heureuse.

Anna Karenine* Actuellement, la version la plus courante de ce film est l’enregistrement d’une projection publique à l’Université de Los Angeles dans les années 2000 avec un grand orchestre accompagnant en direct. Le seul problème est que l’on entend parfois les réactions du (vaste) public, des ricanements ou gloussements qui surviennent, et c’est là le plus étonnant, à des moments vraiment inattendus, parfois dramatiques même. Le public était sans doute très jeune. C’est assez gênant parce que cela déconcentre mais la solution est facile à trouver : il suffit de baisser la musique… A noter que cette version est celle qui se termine bien (les enfants ont dû être contents).

* Certaines affiches du film Love utilisent une photo du film précédent du couple Garbo/Gilbert : La Chair et le Diable ! (voir exemple ci-contre) Il est vrai que John Gilbert porte le même costume dans les deux films.

* John Gilbert peut être considéré comme co-réalisateur car Greta Garbo refusait de passer à la scène suivante tant que la précédente n’avait pas été validée par John Gilbert.

* En 1935, Garbo jouera de nouveau Anna Karenine, sous la direction de Clarence Brown, avec Fredric March dans le rôle de Vronsky.

Love
Photo de tournage : Edmund Goulding, Greta Garbo et John Gilbert dans Anna Karenine de Edmund Goulding.

Love
Photo de tournage plus étonnante : l’acteur aux côtés de Greta Garbo est n’est pas John Gilbert, c’est Ricardo Cortez, le caméraman est Merritt B. Gerstad, le réalisateur au centre est Dimitri Buchowetzki. La MGM débuta en effet le tournage de Anna Karenine avec Ricardo Cortez dans le rôle de Vronsky. Mécontent du résultat, Irving Thalberg changea toute l’équipe.

Adaptations du roman de Tolstoï :
Love de Edmund Goulding (1927) avec Greta Garbo et John Gilbert
Anna Karénine de Clarence Brown (1927) avec Greta Garbo et Fredric March
Anna Karénine de Julien Duvivier  (1948) avec Vivien Leigh
Anna Karénine de Aleksandr Zarkhi (1967) avec Tatyana Samojlova
Anna Karénine de Bernard Rose (1997) avec Sophie Marceau
Anna Karénine de Joe Wright (2012) avec Keira Knightley

18 juin 2016

Le Droit d’aimer (1929) de John S. Robertson

Titre original : The Single Standard

The Single Standard(Film muet) Arden Stuart est la fille d’une famille en vue de la haute société de San Francisco. Elle s’ennuie et déplore que les femmes ne puissent se permettre de faire les mêmes choses que les hommes. Elle refuse les avances de Tommy Hewlett qui est éperdument amoureux d’elle. Elle rêve d’un amour sincère et va le trouver en la personne d’un séduisant peintre… Adapté d’un roman d’Adela Rogers St. Johns, The Single Standard est un mélodrame qui semble se placer dans une optique féministe. Un texte en exergue nous rappelle que « depuis des générations, les hommes font ce qu’ils veulent alors que les femmes font ce que les hommes veulent ». C’est justement le sens du Single Standard, expression de l’époque signifiant qu’un même code de conduite, un même standard, devrait s’appliquer aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Ceci étant dit, il semble bien que le propos soit ici de démontrer que c’est impossible car la suite de cette histoire est assez conventionnelle et marquée d’un certain conservatisme. On peut y voir l’effet de l’influence grandissante des codes moraux imposés au cinéma. Greta Garbo est une fois de plus assez merveilleuse, même si son jeu peut sembler un peu moins enthousiasmant. Décrite par la publicité comme étant pour la première fois dans un personnage « 100% américain », elle porte des tenues très contemporaines, toujours conçues par le couturier Adrian. Son partenaire est de nouveau Nils Asther qui montre une très belle présence à l’écran : il a une grande puissance dans le regard. Les scènes entre Garbo et lui sont empreintes de passion. Le chef-opérateur n’est pas cette fois William Daniels, le chef-op attitré de Garbo étant probablement pris sur un autre tournage, mais Oliver T. Marsh. Cela se sent, la photographie est moins remarquable. Comme les autres films de Greta Garbo, The Single Standard fut un grand succès à sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, Nils Asther, Johnny Mack Brown
Voir la fiche du film et la filmographie de John S. Robertson sur le site IMDB.

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Remarques :
* Craignant que l’accent suédois de Greta Garbo soit un problème, la M.G.M. continuait à lui faire tourner des films muets. Son premier film parlant sera Anna Christie en 1930.
* Un intertitre est resté célèbre. A un importun dans la rue qui tente de l’aborder, elle lance « I walking alone because I want to walk alone » (= je marche seule parce je veux marcher seule), phrase qui préfigure son célèbre (« I want to be alone ») de Grand Hotel (1932) et de son désir dans la vraie vie.
* Deux figurants, futurs acteurs de premier plan : Joel McCrea (l’un des trois maris coureurs au début du film) et Robert Montgomery (l’un des danseurs à la réception ?)

The Single Standard
Fred Solm, Greta Garbo et Johnny Mack Brown dans The Single Standard de John S. Robertson.

The Single Standard
Greta Garbo et Nils Asther dans The Single Standard de John S. Robertson.

The Single Standard
Greta Garbo et Nils Asther dans The Single Standard de John S. Robertson.

17 juin 2016

Terre de volupté (1929) de Sidney Franklin

Titre original : Wild Orchids

Wild Orchids(Film muet) Lili Sterling est mariée à un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Ils partent ensemble pour un voyage d’affaires à Java. Sur le bateau, ils font la rencontre du troublant Prince De Gace, originaire de Java et propriétaire d’une vaste plantation de thé. L’homme tente de séduire Lili et parvient à inviter le couple à séjourner chez lui… Basé sur une histoire écrite par John Colton (l’auteur de Shanghai Gesture), Wild Orchids est un de ces films à l’atmosphère exotique où l’homme étranger se révèle être un danger pour la femme occidentale (genre prolifique initié par The Sheik). Cette fois, Greta Garbo n’est donc plus une croqueuse d’hommes mais une femme vertueuse qui va tout faire pour ne pas succomber. Le scénario est simple, assez étiré (entre autres, les danses javanaises sont un peu longuettes), sans grand rebondissement. On notera que la fin est, cette fois, un happy-end ; on peut y voir là l’influence grandissante de la censure qui exigeait des fins morales. Outre le jeu de Greta Garbo (c’est toujours stupéfiant de voir comment elle parvient à « dire » tant de choses par des mouvements presque imperceptibles de son visage) et sa formidable présence à l’écran, Wild Orchids retient l’attention par le soin porté aux éclairages. Une fois de plus, c’est le talentueux William H. Daniels qui est derrière la caméra, chef-opérateur attitré de Miss Garbo. Le film fut un succès à sa sortie mais il n’est pas à classer parmi les films les plus intéressants de la période muette de Greta Garbo.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, Lewis Stone, Nils Asther
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Remarques :
* John Colton avait titré son histoire « Heat » ce qui avait « l’avantage » de donner sur les affiches Greta Garbo in Heat (= Greta Garbo en chaleur… quelle élégance !) Au dernier moment, les producteurs ont décidé de ne pas utiliser ce procédé passablement grossier et ont changé le titre en Wild Orchids (= orchidée sauvage, la fleur portée par Greta Garbo sur le bateau). Il faut rappeler qu’un an aupararavant, la MGM avait renommé Anna Karenine en Love pour donner John Gilbert and Greta Garbo in LoveVoir…

* Greta Garbo a 23 ans au moment du tournage, Lewis Stone 49 et le danois Nils Aster 32. Ce dernier est arrivé à Hollywood en 1927 après avoir travaillé avec Victor Sjöström en Suède et avec Michael Curtiz en Allemagne. Wild Orchids est le 13e film de Greta Garbo, le 8e à Hollywood.

* Sur le tournage, Greta Garbo a appris le décès prématuré de son mentor Mauritz Stiller, le réalisateur suédois qui l’avait découverte et dont elle se sentait très proche. A la fin du tournage, en décembre 1928, Greta Garbo rentrera en Suède pour quelques mois. Après le décès de Stiller, l’actrice ne sera plus tout à fait la même et aura tendance à s’isoler de plus en plus.

Wild Orchids
Lewis Stone, Greta Garbo at Nils Asther dans Wild Orchids de Sidney Franklin.

Wild Orchids
Greta Garbo at Nils Asther dans Wild Orchids de Sidney Franklin.

Wild Orchids
Même si c’est plutôt téléphoné, pas question pour les producteurs de se priver d’une scène avec Greta Garbo en robe exotique… Greta Garbo dans Wild Orchids de Sidney Franklin.

Wild Orchids
Greta Garbo, Lewis Stone, William Daniels (caméra) et Sidney Franklin (assis) sur le tournage de Wild Orchids de Sidney Franklin.

Wild Orchids
(de g. à d.) William Daniels (caméra) et Sidney Franklin (assis à sa droite) filment Lewis Stone, Greta Garbo et Nils Asther pendant le tournage de Wild Orchids de Sidney Franklin. On notera l’orchestre à l’arrière-plan, hors champ, pour donner l’ambiance aux acteurs.

16 juin 2016

Intrigues (1928) de Clarence Brown

Titre original : « A Woman of Affairs »

Intrigues(Film muet) Au sein de l’aristocratie britannique, Diana et son frère Jeffrey sont les seuls membres de la famille Merrick. Jeffrey a une grande admiration pour son ami David qui est amoureux de Diana mais celle-ci reste insensible car elle est amoureuse de son ami d’enfance Neville. Hélas, le père de Neville s’oppose à toute idée de mariage car ce serait un déshonneur pour lui de marier son fils à une femme bien plus riche que lui. Il s’arrange pour envoyer Neville au loin… A Woman of Affairs (affairs est à prendre dans le sens de love affair) est le deuxième film de Garbo sous la direction de Clarence Brown, le troisième avec John Gilbert. Le film est basé sur un best-seller à scandales de Michael Arlen dont la censure refusait toute adaptation ; la scénariste Bess Meredyth en a donc modifié de nombreux éléments (1). Bien entendu, on ne peut voir dans cette histoire qu’un mélo assez classique (certains critiques ont même des mots plus durs) mais il est illuminé par Greta Garbo. Dès les premières minutes, on tombe sous le charme de l’actrice qui montre une extraordinaire présence à l’écran. A l’époque du tournage, l’actrice avait repris de la vitalité et cela se sent à l’écran, surtout au début du film où son personnage est radieux. Garbo est de presque toutes les scènes et Clarence Brown la met merveilleusement en valeur. Son jeu est tout aussi fascinant que sa prestance car elle parvient à exprimer tant de choses en faisant si peu : de petits mouvements de son visage, parfois presque imperceptibles. Clarence Brown a dit d’elle qu’il lui suffisait de penser à un sentiment pour l’exprimer. A côté d’elle, tous les autres acteurs paraissent bien fades, même John Gilbert qui était alors le plus grand séducteur d’Hollywood (il faut reconnaître que son personnage n’a pas beaucoup de caractère, on se demande comment l’acteur a pu accepter un tel rôle). Tous les rôles sont toutefois très bien tenus. A Woman of Affairs est donc un film qui mérite plus de considérations qu’il n’en a : c’est un des meilleurs films muets de Greta Garbo.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, John Gilbert, Lewis Stone, Johnny Mack Brown, Douglas Fairbanks Jr., Dorothy Sebastian
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Woman of affairs
John Gilbert et Greta Garbo dans A Woman of affairs (Intrigues) de Clarence Brown (dans le cadre : Dorothy Sebastian).

Remarques :
* La censure a imposé que le générique indique simplement « from the novel by Michael Arlen » sans préciser le titre du roman : The Green Hat.

* Pendant le tournage, l’aventure entre Greta Garbo et John Gilbert touchait à sa fin et les deux acteurs se querellaient souvent. Douglas Fairbanks, Jr. (qui avait alors 18 ans) a raconté avoir souvent servi d’intermédiaire pour porter des messages écrits de l’un à l’autre. John Gilbert s’est marié l’année suivante et Greta Garbo ne s’est jamais mariée.

* C’est le premier film où Garbo est habillée par le couturier Adrian qui deviendra le couturier attitré de la star. Finies les robes trop tapageuses des films précédents et Greta Garbo n’en est que plus belle.

* Une scène est célèbre par la palette des sentiments que montre Greta Garbo en très peu de temps : c’est celle où elle étreint un bouquet de fleurs à deux reprises dans le couloir de l’hôpital, d’abord comme un amant et ensuite comme un enfant.

(1) Dans le livre, David se suicide parce qu’il est atteint de syphilis, la nuit illicite de Diana chez Neville est plus explicitement décrite, Diana est hospitalisée parce qu’elle a donnée naissance à un fils illégitime. De plus, certains personnages consomment de l’héroïne, autant d’éléments totalement interdits par la censure de l’époque. Seul l’alcool est resté (malgré la Prohibition) à la condition qu’aucune bouteille ne soit reconnaissable.

A Woman of affairs
Sur le tournage de A Woman of affairs (Intrigues) de Clarence Brown. Le chef-opérateur William H. Daniels est à la caméra, juste derrière lui se tient Clarence Brown. Greta Garbo est au volant, John Gilbert est à ses côtés. On peut remarquer tout le travail sur les éclairages : Clarence Brown a fait placer la voiture à l’ombre d’un grand arbre, de plus la lumière venant du dessus est bloquée par un large panneau, un spot avant et un spot arrière constituent l’éclairage. Une lumière générale a été placée en retrait à hauteur d’homme. Résultat :
A Woman of Affairs
La lumière forme un écrin pour Greta Garbo et John Gilbert dans A Woman of affairs (Intrigues) de Clarence Brown. Le spot arrière crée un halo autour du visage de Greta Gabo et contribue à créer une ambiance de fin d’après-midi. C’est du grand art. (Scène à environ 3’50, « There is our tree, Neville. »)

 

A woaman of affairs
Sur le tournage de A Woman of affairs (Intrigues) de Clarence Brown. Dans le couloir de l’hôpital, la femme de John Gilbert attend son mari qui est dans la chambre de Greta Garbo. Lewis Stone la réconforte. Le chef-opérateur  William H. Daniels (sur l’escabeau) filme Lewis Stone et Dorothy Sebastian en plongée (l’homme à gauche pourrait être Charles Dorian, l’assistant-réalisateur).

15 juin 2016

La Chair et le diable (1926) de Clarence Brown

Titre original : « Flesh and the Devil »

La Chair et le diable(Film muet) Leo et Ulrich sont deux inséparables amis d’enfance. De retour d’un entrainement militaire, Leo remarque une très belle femme à la gare. Il la retrouve quelques jours plus tard à un grand bal mondain…
A peine le tournage de La Tentatrice terminé, la MGM impose à Greta Garbo un nouveau scénario qui va encore plus loin dans l’utilisation de son image : cette fois, elle n’est plus une simple vamp mais une envoyée du diable ! Le scénario de La Chair et le diable est épouvantablement mauvais, bigot et misogyne. Il pourrait avoir été écrit par une de ces ligues de vertu qui sévissaient alors. Si le troisième film américain de Greta Garbo est notable, c’est surtout parce qu’il s’agit de son premier film sous la direction de Clarence Brown, avec lequel elle tournera sept fois, et de son premier film avec John Gilbert. La MGM lui avait précédemment opposé des acteurs qui étaient plutôt des latin-lovers alors que John Gilbert (à cette époque, l’acteur le mieux payé d’Hollywood) est un américain pur jus. Il va lui ouvrir de nouveaux horizons, lui donner de l’assurance grâce à une meilleure compréhension de la mentalité américaine. Les deux acteurs vont tout de suite très bien s’entendre, une grande amitié et même plus, au grand bonheur des services de publicité des studios qui vont transformer cette aventure en grande histoire d’amour (1). Si le scénario est affligeant, le film est beaucoup plus beau dans sa forme. Clarence Brown a de belles trouvailles : une scène d’amour dans la pénombre éclairée par la flamme d’une allumette, de superbes reflets de la pluie sur une vitre sur le visage de Greta Garbo et la scène la plus célèbre, la transformation d’une communion en un acte sensuel (il fallait oser !) Toutes les scènes entre Garbo et Gilbert sont belles, y compris leur première rencontre à la gare. La Chair et le diable fut un grand succès qui finit de propulser Greta Garbo au rang de star.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: John Gilbert, Greta Garbo, Lars Hanson, Barbara Kent, William Orlamond, George Fawcett, Marc McDermott
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La Chair et le diable
Greta Garbo et John Gilbert dans La Chair et le diable de Clarence Brown. Pour simuler l’allumette, Clarence Brown a fait placer une petite lampe à arc dans la main de John Gilbert.

La Chair et le diable
Greta Garbo et John Gilbert dans La Chair et le diable de Clarence Brown.

Remarques :
* La Chair et le diable est adapté d’un roman d’Hermann Sudermann, écrivain et dramaturge allemand, dont les romans et pièces ont servi de base à de nombreux films dont notamment Le Cantique des cantiques de Mamoulian (1933) ou L’Aurore de Murnau (1927).
* Lasse de ce type de rôles, Greta Garbo rentra en Suède à la fin du tournage. Ce n’est qu’après plusieurs mois, et grâce au grand succès de La Chair et le diable sorti entre temps, que Greta Garbo put forcer la main à Louis B. Mayer et obtenir un meilleur contrat.
* On peut remarquer sur l’affiche ci-dessus la différence de taille des lettres pour « John Gilbert » et pour « Greta Garbo ». L’affiche de son film suivant portera son nom en aussi grosses lettres que John Gilbert. Voir…

(1) Ne reculant devant rien, la M.G.M. changera le titre de leur deuxième film ensemble de Anna Karenine en Love afin que sur les affiches cela donne « John Gilbert and Greta Garbo in Love » … ! (voir lien-dessus)

La Chair et le diable
Les reflets de la pluie sur une vitre forment un semblant de larme sur la joue de Greta Garbo dans La Chair et le diable de Clarence Brown.

La Chair et le diable
Clarence Brown (debout derrière Miss Garbo), Greta Garbo et Lars Hanson sur le tournage de La Chair et le diable de Clarence Brown. Le caméraman (debout avec les lunettes) est une fois encore William H. Daniels. Le plan correspondant à cette photographie est le très gros plan sur l’écrin contenant un bracelet.

14 juin 2016

La Tentatrice (1926) de Fred Niblo et Mauritz Stiller

Titre original : « The Temptress »

La Tentatrice(film muet) A Paris, lors d’un grand bal masqué, quelques minutes après avoir éconduit un banquier de renom qui désirait l’épouser, Elena rencontre un jeune ingénieur argentin. Ils tombent amoureux l’un de l’autre mais la jeune femme reste mystérieuse et refuse de donner son nom. Lorsque l’ingénieur visite le lendemain l’un de ses amis français, il découvre que la femme de celui-ci n’est autre que celle qu’il a rencontrée…
Adapté d’un roman de Vicente Blasco-Ibanez (l’auteur des Quatre Cavaliers de l’Apocalypse), The Temptress est le deuxième film américain de Greta Garbo (1) qui avait alors 21 ans. Mauritz Stiller, le réalisateur suédois qui l’a découverte et amenée aux Etats-Unis, devait le diriger mais il fut écarté par la MGM après seulement dix jours de tournage (2) et fut remplacé par Fred Niblo. On doit à Stiller les premières minutes du film, notamment la scène de la rencontre entre Garbo et Moreno, une scène superbe où ils se découvrent l’un l’autre en retirant leur masque dans le jardin. Cette scène est empreinte d’une poésie et d’une beauté renversante, c’est l’une des plus belles scènes du cinéma muet, et on ne peut que regretter que Stiller n’ait pu achever le tournage. Le reste du film sous la direction de Fred Niblo est un peu plus classique mais comporte de belles scènes : le repas chez le banquier, le combat au fouet argentin et la scène quasi-christique qui suit, entre autres. Il est indéniable que Greta Garbo vole la vedette à Antonio Moreno, acteur alors très recherché car considéré comme étant le grand rival (ou successeur) de Valentino. Le plus étonnant dans ces premiers films de Garbo est de voir comment l’actrice avait déjà tout dès le départ : elle a déjà ce mélange subtil de profonde mélancolie et de nonchalance sensuelle qui la rend totalement unique parmi toutes les actrices de cinéma. Elle seule parvient à exprimer en même temps passion, candeur et lassitude par quelques mouvements aussi subtils que naturels, ce côté très naturel de son jeu étant amplifié par une sorte d’indicible maladresse dans sa façon de bouger son corps longiligne (3). Cette énorme présence à l’écran séduisit instantanément le public pendant que la critique était unanime à saluer l’émergence d’une grande star.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, Antonio Moreno, Marc McDermott, Lionel Barrymore, Armand Kaliz, Roy D’Arcy
Voir la fiche du film et la filmographie de Fred Niblo sur le site IMDB.

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La tentatriceGreta Garbo et Antonio Moreno dans La Tentatrice de Fred Niblo.

La tentatriceMauritz Stiller (à gauche), Greta Garbo et Antonio Moreno sur le tournage de La Tentatrice. Photo probablement prise pendant les essais : la scène ne correspond à aucune des scènes du film, la robe de Garbo ne correspond à aucune des robes du film et surtout Antonio Moreno n’a pas de moustache. La caméra tenue à la main est étonnante, d’autant plus qu’elle semble être motorisée ; le cameraman Tony Gaudio, qui semble faire un très gros plan sur Moreno, est adossé à un poteau tandis qu’un assistant tient un autre poteau qui sert d’appui à son bras gauche.

Remarques :
* Après Torrent, The Temptress montre bien que la MGM voulait installer Greta Garbo dans cette image de femme fatale, image qui ne plaisait guère à l’actrice. Dès la fin du tournage, Greta Garbo s’est plainte de sa fatigue et des nombreuses robes compliquées à enfiler et à porter.
* Louis B. Mayer trouvait la fin si déprimante qu’il en fit tourner une autre, plus heureuse, et les propriétaires de salles pouvaient choisir la version qu’ils désiraient.

(1) Le premier film américain de Greta Garbo est Torrent de Monta Bell (1926) avec Ricardo Cortez.
(2) Plusieurs raisons à cette éviction brutale : (a) la MGM jugeait Stiller incapable de se plier à la discipline des grands studios et refusait d’accepter les directives (et, après La Veuve joyeuse, la MGM ne tenait pas à avoir un 2e Erich von Stroheim à gérer…), (b)  sa mauvaise connaissance de la langue anglaise rendait difficile ses rapports avec l’équipe qui ne comprenait pas bien ses instructions, (c) Stiller avait rué dans les brancards sur des questions de contrat. A noter que certaines sources parlent de 4 semaines de tournage pour Stiller, d’autres affirment que tout ce que Stiller a tourné a été perdu.
Il est donc un peu délicat de savoir avec précision où s’arrête la partie filmée par Stiller et où commence celle filmée par Niblo. A mon (humble) avis, la scène où ils ôtent leur masque n’est pas dans le style Niblo alors que la suite (et notamment le moment où ils se séparent au petit matin) peut avoir été tourné par Niblo. A noter qu’une scène tournée par Stiller où Garbo monte un cheval blanc destinée à être placée au tout début du film est aujourd’hui perdue mais il reste une photographie.

(3) Greta Garbo était persuadée qu’elle ne savait pas jouer. Dans une lettre qu’elle écrit aux siens à cette époque, elle analyse : « Si je n’apprends pas à jouer, ils vont se lasser de moi. »

La TentatriceGreta Garbo dans La Tentatrice de Fred Niblo (scène probablement tournée par Stiller).

La TentatriceGreta Garbo dans La Tentatrice de Fred Niblo.

La TentatriceAntonio Moreno, Greta Garbo et Armand Kaliz. Photo publicitaire pour la La Tentatrice de Fred Niblo, une photo qui illustre bien l’image de « femme croqueuse d’hommes » que la MGM voulait attacher à Greta Garbo.

The TemptressTournage d’un plan en plongée de La Tentatrice. Fred Niblo est en haut, debout, le plus à droite. L’homme à lunettes à côté de la caméra est William H. Daniels qui va devenir le chef-opérateur attitré de Greta Garbo. Dans le film, la scène alterne des plans en plongée sur le visage de Garbo (simili caméra subjective avec une image floue pour montrer que Moreno n’est pas maître de lui) avec des plans en contre-plongée sur le visage de Moreno. On notera que les acteurs ont été surélevés pour les placer à la bonne distance de la caméra.

11 juin 2016

La Courtisane (1931) de Robert Z. Leonard

Titre original : « Susan Lenox <Her Fall and Rise> »

La CourtisaneHelga, une jeune fille orpheline s’échappe du domicile de ses beaux-parents pauvres pour éviter d’être mariée de force à un rustre. Elle se réfugie chez un jeune ingénieur et ils tombent amoureux l’un de l’autre. Alors qu’il est en déplacement, le beau-père la retrouve et elle doit s’enfuir de nouveau… Susan Lenox (Her Fall and Rise) est adapté d’un volumineux roman à scandale et il a fallu une quinzaine de scénaristes pour en venir à bout. Pour le film, la MGM a décidé de mettre leur plus grande star, Greta Garbo, face à un acteur qu’ils sentent promis à un grand avenir, Clark Gable. Sans surprise (quand on connait leurs tempéraments respectifs), les deux acteurs ne s’entendirent pas très bien : Greta Garbo trouva Clark Gable vulgaire, et Clark Gable trouva Garbo distante. Ce sera leur seul film ensemble. Malgré toute l’expérience de Robert Z. Leonard (1), Susan Lenox montre un flagrant manque d’unité, il y a y un peu de tout : drame social, comédie (toute la scène où ils se rencontrent préfigure étonnamment les comédies screwball), drame mondain, un petit zeste de licence et même un soupçon d’exotisme. Sur le fond, le thème est celui d’une femme victime de ses origines et du jugement des autres La Courtisanealors qu’elle n’aspire qu’à l’amour et au bonheur. Greta Garbo montre comme toujours la formidable expressivité de son visage qu’elle semble manier à sa guise pour exprimer toute une palette de sentiments. La différence avec Clark Gable, qui n’a jamais pratiqué le cinéma muet, est sur ce plan assez flagrante. Le film connut un certain succès à sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, Clark Gable, Jean Hersholt, Alan Hale
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Z. Leonard sur le site IMDB.

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Remarques :
* L’auteur David Graham Phillips fut assassiné à New York en 1911 par un détraqué qui était persuadé qu’il avait basé un de ses romans sur l’histoire de sa soeur. Le roman Susan Lenox (Her Fall and Rise), qu’il n’avait pu publier du fait de son sujet réputé scandaleux, ne sortit en librairies qu’en 1917, soit 6 ans après sa mort. Outre ses romans de fiction, David Graham Phillips a écrit une série d’articles sur la corruption du Sénat qui ont eu de grandes répercussions.

* La réputation du roman était telle que la censure anglaise a interdit le film avant même de le visionner. La MGM parvint à le sortir dans une version écourtée sous le titre The Rise of Helga.

* Amusant : Bien que ce soit très court, il semble bien que l’air que siffle Clark Gable quand il sèche les vêtements d’Helga soit Singin’ in the Rain (rappelons que la chanson est bien antérieure au film homonyme). C’est d’autant plus probable que Robert Z. Leonard avait déjà utilisé le morceau dans son film La Divorcée (1930).

(1) A noter que Robert Z. Leonard est plutôt un spécialiste des mélodrames mondains.

Susan Lenox
Greta Garbo et Clark Gable dans La Courtisane de Robert Z. Leonard (photo publicitaire proche d’une scène du film).

Susan Lenox
Clark Gable et Greta Garbo pour La Courtisane de Robert Z. Leonard (photo publicitaire qui n’est pas une scène du film).

10 juin 2016

Marie Walewska (1937) de Clarence Brown

Titre original : « Conquest »

Marie WalewskaPologne, 1807. Comme beaucoup de polonais, la comtesse Walewska voient en Napoléon un libérateur des jougs russe et prussien. C’est donc avec un mélange d’admiration et de ferveur patriotique qu’elle rencontre l’empereur. Napoléon tombe instantanément sous son charme… Marie Walewska est un des ces films où Hollywood romance l’Histoire pour servir au plus grand nombre une belle histoire d’amour, de quoi hérisser le poil de tout historien fervent. C’est ici l’histoire de celle qui fut la maitresse de Napoléon de 1807 à 1815, parfois désignée comme « la femme polonaise » de Napoléon. C’est le septième (et ultime) film de Garbo sous la direction de Clarence Brown qui sait donc bien manier la ténébreuse actrice, intimidante pour ses partenaires. Il n’est pas facile de trouver un acteur de sa stature à lui opposer mais force est de constater que Charles Boyer, à défaut d’être parfaitement crédible en Napoléon, est entièrement à la hauteur. L’acteur originaire de Figeac est alors au sommet de sa gloire ; il fait preuve ici d’une palette assez riche de jeu. Certes, il n’y a pas de chimie particulière entre les deux acteurs mais cela sied bien aux personnages. Garbo montre toute la force de son jeu, autant dans la mélancolie, ce qui est habituel, que dans la gaité, ce qui l’est moins. Le film bénéficia de tous les soins, le tournage fut particulièrement long (cinq mois). Malgré cela, le film n’eut qu’un succès relatif et se révéla être un grand gouffre financier pour la MGM. Il n’est pas mineur pour autant mais sans doute manque t-il d’une ou deux scènes de grande envergure qui lui auraient certainement donné de l’ampleur.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, Charles Boyer, Reginald Owen
Voir la fiche du film et la filmographie de Clarence Brown sur le site IMDB.

Voir les autres films de Clarence Brown chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Conquest est souvent présenté comme le film qui a initié la chute de Greta Garbo. De fait, alors qu’elle a touché 500 000 dollars pour faire ce film (soit l’équivalent de 8 millions de dollars de 2016), elle ne touchera que 125 000 dollars pour son film suivant (le délicieux Ninotchka de Lubitsch) soit quatre fois moins.
* Certaines scènes auraient été tournées par Gustav Machatý (le réalisateur austro-hongrois découvreur d’Hedy Lamarr) durant une brève abscence de Clarence Brown pour cause de maladie.
* Le budget du film fut de 2,7 millions de dollars (soit le double de celui de Camille) et n’en rapporta que la moitié. La perte de 1,4 millions fut la plus lourde perte enregistrée pour un seul film par la MGM pour les années 20, 30 et 40.
Nota : à titre de comparaison, le budget de de Gone with the Wind l’année suivante sera de 3,9 millions, nous sommes donc là dans les plus gros budgets.

Marie Walewska
Greta Garbo et Charles Boyer dans Marie Walewska de Clarence Brown.

4 juin 2016

Le Voile des illusions (1934) de Richard Boleslawski

Titre original : « The Painted Veil »

Le Voile des illusions Une jeune femme autrichienne épouse un médecin-chercheur, collaborateur de son père, et le suit à Hong Kong où il va soigner le choléra. Là, son mari étant accaparé par son travail, elle se laisse séduire par un diplomate anglais… Le Voile des illusions est adapté du roman de Somerset Maugham. Ce mélodrame fortement teinté d’exotisme repose sur un triangle amoureux. Si le film n’est aussi puissant qu’espéré, ce n’est pas tant du fait de Greta Garbo qui fait une belle prestation, d’une grande expressivité, notamment de son visage, dans le dernier tiers du film, mais plutôt de ses deux partenaires masculins. George Brent est particulièrement fade et sans saveur et Herbert Marshall, tout en ayant un jeu bien supérieur, n’est pas ici à son meilleur. De ce fait, Le Voile des illusions est souvent décrit, assez injustement, comme un film assez mou. Le film rencontra un franc succès en Europe mais, tout comme le précédent film de Garbo, le très beau La Reine Christine, ne toucha pas le public américain et fut donc considéré par ses producteurs comme un échec.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, Herbert Marshall, George Brent, Warner Oland
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Boleslawski sur le site IMDB.

Voir les autres films de Richard Boleslawski chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Greta Garbo

Remarques :
* Certaines scènes ont été tournées par George Hill en Chine. Elles seront réutilisées par The Good Earth (Visages d’Orient) de Sidney Franklin (1937).
* Durant le tournage, Garbo s’est prise d’amitié pour George Brent qui était, comme elle, assez solitaire. Ils passaient tant de temps ensemble que des rumeurs de liaison ont commencé à circuler. George Brent a raconté à des amis qu’il allait épouser Greta Garbo mais ce n’était visiblement pas dans les projets de l’actrice puisqu’ils se virent de moins en moins une fois le tournage terminé.

Remakes :
La passe dangereuse (The seventh sin) de Ronald Neame (1957) avec Eleanor Parker et Jean-Pierre Aumont
le Voile des illusions (The Painted Veil) (2006), beau film de John Curran avec Naomi Watts, Edward Norton

Le Voile des illusions
Greta Garbo dans Le Voile des illusions de Richard Boleslawski.

Le Voile des illusions
Greta Garbo et George Brent : 5 ans avant Ninotchka, Garbo rit dans Le Voile des illusions de Richard Boleslawski.

Le Voile des illusions
Greta Garbo et Herbert Marshall dans Le Voile des illusions de Richard Boleslawski (photo publicitaire, le film n’est pas en couleurs).