3 avril 2023

Festen (1998) de Thomas Vinterberg

FestenPour les soixante ans du père, famille et amis sont réunis dans le manoir familial. Christian, le fils aîné, est invité à porter un toast au début du dîner. Il a préparé deux enveloppes contenant deux discours. Personne ne se doute alors que l’un des deux lèvera le voile sur des années de mensonge et un terrible secret…
Festen (Fête de famille) est un film danois co-écrit et réalisé par Thomas Vinterberg qui signe à 29 ans son deuxième long métrage. Le film fut un grand choc à sa sortie, d’une part du fait de sa puissance et parce c’était le premier film réalisé selon les principes du Dogme95, mouvement lancé par Vinterberg (26 ans) et Lars von Trier (39 ans) prônant une grande austérité dans la réalisation (1). Le film fit, et fait toujours, l’effet d’un coup de poing : la tension y est très forte et les personnages lancent leurs sentiments comme des uppercuts. Sur le fond, Festen illustre la question de la libération de la parole dans les cas d’abus sexuels : celui qui veut parler doit affronter l’hostilité de tous et le chemin vers la vérité est difficile, même dangereux. D’autres mini-intrigues sont lancées mais elles ne sont là que pour donner de l’épaisseur aux personnages. Le film a donné lieu à d’autres interprétations plus symboliques (pourquoi pas mais, personnellement, je ne suis pas convaincu par ces analyses). La forme dérange dans les premières minutes (caméra à l’épaule, image très granuleuse, manque d’éclairage) mais le contenu est suffisamment fort pour faire oublier ces « défauts » volontaires qui contribuent d’ailleurs à nous faire « vivre » la situation avec les personnages. Il est tentant de s’interroger sur le rôle de la forme, donc des principes du Dogme, dans la puissance du résultat. Il serait séduisant de lui donner un grand rôle mais force est de constater avec le recul que Festen est la plus grande réussite du Dogme.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ulrich Thomsen, Henning Moritzen, Thomas Bo Larsen, Paprika Steen
Voir la fiche du film et la filmographie de Thomas Vinterberg sur le site IMDB.

Voir les autres films de Thomas Vinterberg chroniqués sur ce blog…

Remarque :
• Thomas Vinterberg fait une apparition : c’est le jeune chauffeur de taxi qui apporte le fiancé de la soeur de Christian.

FestenHenning Moritzen (le père) dans Festen de Thomas Vinterberg.

FestenUlrich Thomsen (le fils) dans Festen de Thomas Vinterberg.

Dogme95 :
En 1995, Thomas Vinterberg forme le mouvement intitulé Dogme95 en compagnie de Lars von Trier, Kristian Levring, et Søren Kragh-Jacobsen. Festen est le premier à sortir en 1998 suivi rapidement de Les Idiots de Lars von Trier. Les films sont numérotés : il y en a 50. Festen est de loin le plus célèbre. Tous ne sont pas danois. En France, Jean-Marc Barr en a réalisé un (Lovers en 1999). En 2005, Lars von Trier et Thomas Vinterberg ont déclaré la fin du mouvement.

La déclaration fondatrice de Dogme95 :
Voeu de chasteté :
Je jure de me soumettre aux règles qui suivent telles qu’édictées et approuvées par Dogme 95.
1. Le tournage doit être fait sur place. Les accessoires et décors ne doivent pas être apportés (si l’on a besoin d’un accessoire particulier pour l’histoire, choisir un endroit où cet accessoire est présent).
2. Le son ne doit jamais être réalisé à part des images, et inversement (aucune musique ne doit être utilisée à moins qu’elle ne soit jouée pendant que la scène est filmée).
3. La caméra doit être portée à la main. Tout mouvement, ou non-mouvement possible avec la main est autorisé. (Le film ne doit pas se dérouler là où la caméra se trouve ; le tournage doit se faire là où le film se déroule).
4. Le film doit être en couleurs. Un éclairage spécial n’est pas acceptable. (S’il n’y a pas assez de lumière, la scène doit être coupée, ou une simple lampe attachée à la caméra).
5. Tout traitement optique ou filtre est interdit.
6. Le film ne doit pas contenir d’action de façon superficielle. (Les meurtres, les armes, etc. ne doivent pas apparaître).
7. Les détournements temporels et géographiques sont interdits. (C’est-à-dire que le film se déroule ici et maintenant).
8. Les films de genre ne sont pas acceptables.
9. Le format de la pellicule doit être le format académique 35mm.
10. Le réalisateur ne doit pas être crédité.

De plus, je jure en tant que réalisateur de m’abstenir de tout goût personnel. Je ne suis plus un artiste. Je jure de m’abstenir de créer une « œuvre », car je vois l’instant comme plus important que la totalité. Mon but suprême est de faire sortir la vérité de mes personnages et de mes scènes. Je jure de faire cela par tous les moyens disponibles et au prix de mon bon goût et de toute considération esthétique.

Et ainsi je fais mon Vœu de Chasteté.
Copenhague, Lundi 13 mars 1995
Au nom du Dogme 95
Lars Von Trier, Thomas Vinterberg

A noter que Festen ne respecte pas la règle n°9, puisqu’il a été tourné en vidéo.

2 avril 2023

Illusions perdues (2021) de Xavier Giannoli

Illusions perduesA l’époque de la Restauration, Lucien de Rubempré est un jeune poète idéaliste né sans fortune à Angoulême. Sa relation avec une femme mariée de la petite noblesse locale est l’occasion de monter à Paris avec l’espoir de se faire publier. Il va découvrir que la vie littéraire, intellectuelle et artistique parisienne n’est que la façade d’un monde voué à la loi du profit et des faux-semblants…
Illusions perdues est un film dramatique français réalisé par Xavier Giannoli. Il a écrit le scénario de cette adaptation de Balzac avec Jacques Fieschi. Ils se sont concentrés sur la deuxième partie du roman homonyme, élément de La Comédie humaine. Animé par le désir de moderniser Balzac, Xavier Giannoli simplifie le récit et le transforme en une charge tous azimuts aux multiples résonances actuelles. A défaut d’être subtil et profond, le propos de Xavier Giannoli est simple à résumer : « tous pourris ». Il n’y a plus de Rubempré tiraillé entre le vice et la vertu puisque, selon Giannoli, le vice est partout. Le cinéaste s’attaque au monde de l’art, de l’édition, au pouvoir de l’argent et aux journaux par des logorrhées verbales assenées sentencieusement en voix-off. Et il insiste, comme pour faire nous faire bien comprendre qu’il ne parle pas du XIXe siècle mais de notre époque actuelle. Le film est fastueux mais un peu long. Sur le plan de la forme, la reconstitution est en effet réussie et l’interprétation est de très bon niveau jusque dans les seconds et troisièmes rôles. Les réticences exprimées ci-dessus ne sont pas partagées par tous, loin de là : le film a reçu un très bon accueil de la critique et du public, avec sept Césars à la clef.
Elle: 3 étoiles
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Benjamin Voisin, Cécile de France, Vincent Lacoste, Xavier Dolan, Salomé Dewaels, Jeanne Balibar, André Marcon, Louis-Do de Lencquesaing, Gérard Depardieu, Jean-François Stévenin
Voir la fiche du film et la filmographie de Xavier Giannoli sur le site IMDB.
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Illusions perduesVincent Lacoste et Benjamin Voisin dans Illusions perdues de Xavier Giannoli.

1 avril 2023

Entr’acte (1924) de René Clair

Entr'acteEntr’acte est un court métrage muet d’avant-garde de 22 minutes réalisé par René Clair, qui signe là sa première oeuvre à l’âge de 26 ans. Le film se situe à une période de transition entre le dadaïsme et le surréalisme. Il était prévu pour être projeté durant l’entracte de Relâche, un ballet instantanéiste orchestré par Francis Picabia qui a également jeté les idées de base du court métrage. Il s’agit d’une suite de scènes surréalistes cherchant à créer l’humour en bousculant toutes les conventions : un canon juché sur le toit du théâtre des Champs-Elysées qui tire sur les spectateurs, une femme à barbe danseuse filmée par en dessous, un corbillard tiré par un chameau suivi par un cortège qui avance en bondissant, etc. Ce sont des scènes où l’inattendu est alimenté par des effets spéciaux de cinéma (multiples exposition, ralentis, accélérations). Bien entendu, l’effet n’est plus le même pour nos yeux blasés d’aujourd’hui mais certaines scènes sont vraiment remarquables (la procession du corbillard est vraiment hilarante). Le but est de faire rire, il n’y a pas de message sous-jacent comme ce sera le cas des futurs films de Buñuel par exemple. La musique a été composée par Éric Satie qui apparait dans le film avec Francis Picabia dans la scène du canon. Parmi les figurants, on note aussi Marcel Duchamp et Man Ray (les deux joueurs d’échec) et de nombreux artistes de la mouvance dadaïste. Entr’acte est un objet filmique plein d’inattendu. Il a été récemment restauré.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs:
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Entr'acteLe cortège qui suit le corbillard d’Entr’acte de René Clair

Entr'acteMarcel Duchamp et Man Ray dans Entr’acte de René Clair.

Remarque :
• L’orthographe du titre, Entracte, est conforme aux règles de l’époque : Ce n’est qu’en 1932-1935 que l’Académie française opta pour la graphie entracte (merci Wikipédia).

31 mars 2023

Sommaire de mars 2023

Boulevard du RhumRushLe Secret de la cité perdueSois belle et tais-toiChronique d’une liaison passagèreKansas CityJurassic World: Le monde d’aprèsLes Deux Amis

Boulevard du Rhum

(1971) de Robert Enrico

Rush

(2013) de Ron Howard

Le Secret de la cité perdue

(2022) de Aaron Nee & Adam Nee

Sois belle et tais-toi

(1958) de Marc Allégret

Chronique d’une liaison passagère

(2022) de Emmanuel Mouret

Kansas City

(1996) de Robert Altman

Jurassic World: Le monde d’après

(2022) de Colin Trevorrow

Les Deux Amis

(2015) de Louis Garrel

Moulin RougeAmantsMouchetteMort sur le NilLa Mort aux enchèresLes PromessesLa ValléeAustin Powers

Moulin Rouge

(1952) de John Huston

Amants

(2020) de Nicole Garcia

Mouchette

(1967) de Robert Bresson

Mort sur le Nil

(2022) de Kenneth Branagh

La Mort aux enchères

(1982) de Robert Benton

Les Promesses

(2021) de Thomas Kruithof

La Vallée

(1972) de Barbet Schroeder

Austin Powers

(1997) de Jay Roach

La Nuit du 12Notre-Dame brûleArrêt d’autobusDownton Abbey 2: Une nouvelle èreLa Femme déshonoréeC’est magnifique !The King’s Man: Première mission

La Nuit du 12

(2022) de Dominik Moll

Notre-Dame brûle

(2022) de Jean-Jacques Annaud

Arrêt d’autobus

(1956) de Joshua Logan

Downton Abbey 2: Une nouvelle ère

(2022) de Simon Curtis

La Femme déshonorée

(1947) de Robert Stevenson

C’est magnifique !

(2021) de Clovis Cornillac

The King’s Man: Première mission

(2021) de Matthew Vaughn

Nombre de films présentés : 23

30 mars 2023

Boulevard du Rhum (1971) de Robert Enrico

Boulevard du RhumEn 1925, à l’époque de la Prohibition aux Etats-Unis, un capitaine aventurier et trafiquant d’alcool tombe amoureux fou d’une actrice de cinéma muet. Il la rencontre fortuitement et n’a alors plus qu’un seul désir : ne plus la quitter…
Boulevard du Rhum est un film français réalisé par Robert Enrico, basé sur le roman éponyme d’un certain Jacques Percheral paru en 1964. Le film a de toute évidence été conçu pour exploiter l’image de sex-symbol de Brigitte Bardot. En revanche, ses talents d’actrice  ne paraissent toujours pas évidents. Lino Ventura est bien entendu un niveau au-dessus mais reste dans un registre simple pour composer un personnage rustre et bagarreur. Le scénario n’est pas très évolué. Tout cela est très mauvais. Il est étonnant de lire ici et là que ce film est un hommage aux films muets : il y a effectivement des faux extraits de film muets où joue le personnage interprété par Brigitte Bardot mais ce sont ostensiblement de (très) gros navets. Donc cela rend le cinéma muet ridicule plutôt qu’autre chose… Boulevard du Rhum est un bel exemple du mauvais cinéma commercial des années 70.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs: Lino Ventura, Brigitte Bardot, Bill Travers, Clive Revill, Guy Marchand
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Remarque :
• Le Boulevard du Rhum (Rhum Row) désignait la limite des eaux territoriales américaines où croisaient des bateaux chargés d’alcool, des « rum-runners », attendant que des canots rapides viennent prendre livraison.

Boulevard du RhumBrigitte Bardot et Lino Ventura dans Boulevard du Rhum de Robert Enrico.

29 mars 2023

Rush (2013) de Ron Howard

RushLe Britannique James Hunt et l’Autrichien Niki Lauda, deux talentueux pilotes, se rencontrent au début des années 1970 alors que tous deux courent en Formule 3. Hunt est un personnage fêtard qui multiplie les conquêtes féminines. Lauda au contraire est un pilote sérieux et très professionnel…
Rush est un film dramatique américain coproduit et réalisé par Ron Howard. Le scénario, écrit par le britannique Peter Morgan, évoque la rivalité opposant les deux pilotes, rivalité qui a atteint son paroxysme lors de la saison de Formule 1 de 1976. Sans abuser des scènes de course,  le récit se montre très prenant avec de nombreux évènements pittoresques mais aussi tragiques. Pour ce faire, le scénariste n’hésite pas à faire de grandes ellipses pour se concentrer sur des moments forts qui frappent les esprits. Il a bien utilisé l’opposition des caractères pour nourrir son récit. Les dialogues sonnent justes, il n’y a pas d’effets inutiles de dramatisation. La réalisation de Ron Howard est parfaite. Tout cela est étonnamment excellent. L’un des meilleurs films sur la course automobile.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Chris Hemsworth, Daniel Brühl, Olivia Wilde, Alexandra Maria Lara, Pierfrancesco Favino
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RushChris Hemsworth et Daniel Brühl dans Rush de Ron Howard.

RushDaniel Brühl et Chris Hemsworth dans Rush de Ron Howard.

28 mars 2023

Le Secret de la cité perdue (2022) de Aaron Nee & Adam Nee

Titre original : « The Lost City »

Le Secret de la cité perdue (The Lost City)Une romancière solitaire (Sandra Bullock) doit partir en tournée promotionnelle pour la sortie de son nouveau roman. Elle se retrouve embarquée dans une aventure dans la jungle en compagnie de l’homme engagé comme mannequin pour la photographie de la couverture de son livre…
Le Secret de la cité perdue est un film américain réalisé par Aaron et Adam Nee (ils sont frères). Sandra Bullock est à la base du projet et a décidé de produire le film. Il s’agit d’une comédie qui parodie les films d’aventures tels que Les Aventuriers de l’Arche perdu,  A la poursuite du diamant vert et leurs nombreux ersatz. L’humour paraît souvent bien lourd, on ressent même une certaine gêne à voir les acteurs déployer tant d’effort pour alimenter les gags. C’est Brad Pitt qui s’en sort le mieux mais il ne fait qu’une courte apparition (renvoi d’ascenseur après l’apparition de Sandra Bullock dans Bullet Train produit par Brad Pitt).
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs : Sandra Bullock, Channing Tatum, Daniel Radcliffe, Da’Vine Joy Randolph, Brad Pitt, Oscar Nuñez
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Le Secret de la cité perdue (The Lost City)Channing Tatum et Sandra Bullock dans Le Secret de la cité perdue (The Lost City) de Aaron Nee & Adam Nee.

27 mars 2023

Sois belle et tais-toi (1958) de Marc Allégret

Sois belle et tais-toiVirginie Dumaillet s’échappe pour la troisième fois de la maison de redressement, elle est poursuivie par la police. La même nuit, une bijouterie de la place Vendôme est cambriolée. Jean, jeune inspecteur de police, recherche les cambrioleurs et rencontre Virginie qu’il prend pour une complice de la bande, elle-même le prenant pour un caïd du milieu…
Sois belle et tais-toi est un film français coécrit et réalisé par Marc Allégret. Les plus beaux films de ce réalisateur sont plutôt ceux qu’il a fait dans les années 30 et 40. Ses films des deux décennies suivantes sont souvent bien anodins. C’est le cas de cette comédie policière qui n’offre rien de vraiment intéressant si ce n’est son interprétation. Darry Cowl est étonnant, Mylène Demongeot est très naturelle et la cerise sur le gâteau est la présence dans les seconds rôles d’Alain Delon (son deuxième long métrage) et de Jean-Paul Belmondo (son premier long métrage avec un rôle un tant soit peu important). Béatrice Altariba, la petite amie de Darry Cowl, montre une belle présence à l’écran. Henri Vidal est un peu fade mais s’en sort honorablement. En revanche, Roger Hanin est très mauvais ! Il y a du bon monde au générique technique : Alexandre Trauner pour les décors, Jean Wiener pour la musique, Armand Thirard à la photographie et le chef-opérateur est Louis Née. Impressionnant! Dommage que le résultat ne soit pas plus remarquable.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Henri Vidal, Mylène Demongeot, Darry Cowl, Roger Hanin, Béatrice Altariba, Alain Delon, Jean-Paul Belmondo
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Remarque :
* Le titre Sois belle et tais-toi a été utilisé pour la première fois par la Série noire qui l’avait utilisé en 1954 pour la traduction de Walk the Dark Bridge, de William O’Farrell.

Sois belle et tais-toiHenri Vidal, Darry Cowl et Mylène Demongeot dans Sois belle et tais-toi de Marc Allégret.

Sois belle et tais-toiMylène Demongeot, Béatrice Altariba et Alain Delon dans Sois belle et tais-toi de Marc Allégret.

26 mars 2023

Chronique d’une liaison passagère (2022) de Emmanuel Mouret

Chronique d'une liaison passagèreUne quinquagénaire divorcée et un quarantenaire marié deviennent amants. Engagés à ne se voir que pour le plaisir et à n’éprouver aucun sentiment amoureux, ils sont de plus en plus surpris par leur complicité…
Chronique d’une liaison passagère est un film français coécrit et réalisé par Emmanuel Mouret. Nous y retrouvons le ton si spécifique à Emmanuel Mouret, qui évoque Rohmer et Woody Allen mais sans les copier. C’est un cinéaste qui a su développer une vraie personnalité, ce qui est en soi admirable. Son film repose sur deux personnages et sur des dialogues soigneusement écrits tout en restant très naturels. Sur la question de fond « Peut-on jouir sans entraves ? », il n’apporte bien entendu pas de réponse absolue mais une illustration assez éclairante. L’ensemble montre beaucoup de fraîcheur. Emmanuel Mouret a bien choisi ses deux acteurs principaux pour des personnages aux tempéraments très différents : elle est rapide et enthousiaste, il est lent et hésitant. Même si on peut trouver cette Chronique légèrement en deçà de son film précédent, Emmanuel Mouret signe de nouveau un film doté d’une belle personnalité.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sandrine Kiberlain, Vincent Macaigne, Georgia Scalliet
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Chronique d'une liaison passagèreSandrine Kiberlain et Vincent Macaigne dans Chronique d’une liaison passagère de Emmanuel Mouret.

Chronique d'une liaison passagèreGeorgia Scalliet dans Chronique d’une liaison passagère de Emmanuel Mouret.

24 mars 2023

Kansas City (1996) de Robert Altman

Kansas CityKansas City (Missouri), 1934. Une jeune femme surnommée Blondie kidnappe la femme de Stilton, un conseiller du président Roosevelt. Son but ? Le forcer à faire pression sur la mafia locale qui détient son mari après un mauvais coup…
Kansas City est un film américain coécrit et réalisé par Robert Altman. L’intrigue est secondaire, il ne se passe d’ailleurs pas grand-chose, même si la cohabitation forcée de ces deux femmes très différentes nous réserve quelques moments savoureux. Robert Altman s’est surtout attaché à recréer une atmosphère, celle de sa ville natale (Robert Altman est né en 1925, il avait donc neuf ans en 1934) et, en premier lieu, sa scène musicale. Cette ville a en effet été le berceau du Kansas City Jazz, style parfois appelé Middle Jazz que l’on peut décrire comme une transition entre le dixieland et le futur bebop. Nous avons ainsi de longues scènes montrant ces jam sessions marathonesques ; Altman a réuni des musiciens actuels hors-pairs pour tenir le rôle (et l’instrument) de, entre autres, Lester Young, Ben Webster, Coleman Hawkins et Mary Lou Williams (le tout jeune Charlie Parker âgé de 14 ans est là aussi, parmi le public, à les écouter religieusement). Le film vaut la peine d’être vu rien que pour ces scènes (à condition d’être attiré par le jazz, bien entendu). L’autre point que Robert Altman s’est attaché à recréer est la scène politique de l’époque,  avec ses sombres magouilles et ses fraudes électorales assez terrifiantes… Un portrait vraiment haut en couleur avec Steve Buscemi en manieur de gourdin. Jennifer Jason Leigh a un jeu amusant : son personnage adore Jean Harlow et reproduit ses attitudes et ses mimiques en les exagérant. Robert Altman s’est fait plaisir et nous offre une belle reconstitution.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jennifer Jason Leigh, Miranda Richardson, Harry Belafonte, Michael Murphy, Dermot Mulroney, Steve Buscemi
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Kansas CityMiranda Richardson et Jennifer Jason Leigh dans Kansas City de Robert Altman.

Kansas CityJames Carter (debout au centre) joue Ben Wester,
Joshua Redman (assis devant le contrebassiste) joue Lester Young
dans Kansas City de Robert Altman.

Kansas City Craig Handy joue le rôle de Coleman Hawkins dans Kansas City de Robert Altman.