12 septembre 2023

Sans filtre (2022) de Ruben Östlund

Titre original : « Triangle of Sadness »

Sans filtre (Triangle of Sadness)Respectivement mannequin et influenceuse, Carl et Yaya dînent au restaurant. Carl fait remarquer à Yaya qu’elle était censée payer la note. Le ton monte et Carl souligne qu’elle reproduit les stéréotypes de genre en trouvant normal qu’un homme paye le restaurant à une femme. La dispute dure… Nous retrouverons ensuite le couple embarqué sur croisière de luxe puis en rescapés sur une île déserte…
Sans filtre (Triangle of Sadness) est une comédie satirique suédo-franco-germano-britannico-américaine écrite et réalisée par le suédois Ruben Östlund. Le réalisateur montre les mêmes défauts que dans son film précédent : quel que soit la pertinence de son propos, il est beaucoup trop long, les dialogues tournent interminablement en rond et surtout il ne cherche qu’à frapper les esprits par des images, à nous attirer, à nous choquer ou à nous mettre mal à l’aise. Certaines situations n’ont aucun intérêt (presque toutes les scènes sur le bateau, le pire étant les dialogues entre un russe capitaliste et un capitaine américain marxiste, là on est au plus bas), d’autres auraient gagné à être enrichies (tel l’inversion de hiérarchie sur l’île déserte) ; mais non, rien n’est développé, les situations aboutissent sur rien. Certes, il sait créer des images frappantes mais tout cela paraît bien superficiel et vide. L’accueil critique fut mitigé mais plutôt favorable, les plus enthousiastes le décrivent comme une attaque contre le politiquement correct. Palme d’Or à Cannes 2022.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Harris Dickinson, Charlbi Dean, Vicki Berlin, Dolly De Leon, Woody Harrelson, Zlatko Buric
Voir la fiche du film et la filmographie de Ruben Östlund sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Voir les autres films de Ruben Östlund chroniqués sur ce blog…

Sans filtre (Triangle of Sadness)
Charlbi Dean et Harris Dickinson dans Sans filtre (Triangle of Sadness) de Ruben Östlund.

13 septembre 2018

La Tortue rouge (2016) de Michael Dudok de Wit

La Tortue rougeUn naufragé est rejeté par la fureur d’une tempête sur la plage d’une petite île déserte. Son exploration lui montre rapidement qu’il y est seul. Il est bien décidé à tenter de la quitter…
La Tortue rouge est un film d’animation franco-belge, cosigné par le studio japonais d’animation Ghibli. Ce n’est donc pas fortuit s’il évoque les productions de Hayao Miyazaki, tant par le style que par son contenu. Il s’agit d’un conte sur la relation de l’homme à la nature et sur le cycle de la vie. Malgré ses fureurs passagères, la nature y est montrée comme bienveillante, nous appelant à vivre en harmonie avec elle dans un bonheur primitif. Malgré une petite faiblesse de scénario dans la seconde partie, nous sommes littéralement happés par cet univers semi-paradisiaque dans lequel notre esprit vagabonde. Le dessin est très beau, épuré, particulièrement enchanteur. Il n’y a aucune parole prononcée et pourtant les sentiments sont parfaitement exprimés par l’animation, ce qui est remarquable. La musique de Laurent Perez del Mar ajoute de l’ampleur à certaines scènes. Tout cela est vraiment très beau.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
Voir la fiche du film et la filmographie de Michael Dudok de Wit sur le site IMDB.

 

La Tortue rouge

La Tortue rouge

La Tortue rouge
La Tortue rouge de Michael Dudok de Wit.

5 janvier 2018

Titanic (1943) de Herbert Selpin

TitanicLa White Star Line, compagnie maritime britannique, connaît de graves soucis financiers à cause de la construction de son dernier navire, le Titanic. Pour faire remonter le cours de l’action, son président Bruce Ismay décide de lancer le navire à pleine vitesse pour battre le record de la traversée… Supervisé par Goebbels, Titanic est l’une des plus grosses superproductions de l’Allemagne nazie. C’est un film de propagande puisque l’Histoire est arrangée afin de présenter les anglais comme de vils spéculateurs sans morale. Seul un officier allemand, dont la présence au beau milieu de l’équipage anglais n’est que très vaguement expliquée, va tenter d’alerter sur les risques ; il est aussi le seul à montrer de l’humanisme lors du naufrage. Si l’on fait abstraction de cette propagande grossière, le film n’est pas sans qualité, loin de là. Il y a là de très belles scènes, une excellente utilisation des décors (le film fut en partie tourné sur le paquebot allemand de grand luxe Cap Arcona) et, hormis l’utilisation visible de maquettes, les scènes d’évacuation sont impressionnantes. Une fois le film achevé, Goebbels refusa qu’il soit montré au public allemand car les scènes de panique n’allaient pas remonter le moral de la population alors que le pays était bombardé presque quotidiennement par la Royal Air Force. Le film sortira cependant en France occupée et dans plusieurs pays européens. Longtemps difficile à voir, il a été restauré récemment.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Sybille Schmitz, Hans Nielsen, Kirsten Heiberg, Ernst Fritz Fürbringer
Voir la fiche du film et la filmographie de Herbert Selpin sur le site IMDB.

Titanic

Remarques :
* Pendant le tournage, de fortes tensions entre le réalisateur Herbert Selpin et le scénariste Walter Zerlett-Olfenius se développèrent. Lors d’une dispute, Selpin eut des propos désobligeants envers l’armée allemande et le scénariste le dénonça à la Gestapo qui l’arrêta. Après avoir été questionné par Goebbels, Herbert Selpin fut retrouvé « suicidé » dans sa cellule. Le tournage fut terminé par Werner Klingler.

* Tout l’argument développé dans le film est faux puisque le Titanic ne pouvait pas techniquement atteindre la vitesse de 27 nœuds nécessaire pour battre le record alors détenu par le Mauretania. Le président Bruce Ismay n’a par ailleurs aucunement cherché à influer sur la vitesse du navire. Et, bien entendu, aucun officier allemand n’appartenait à l’état-major.

* Le film sortit brièvement fin 1949 en Allemagne mais fut rapidement retiré des salles de  RFA à la demande des britanniques. En revanche, il eut beaucoup de succès en RDA. Doublé en russe par les soviétiques, il fit également carrière en URSS, beaucoup de spectateurs pensant qu’il s’agissait d’un film soviétique.

* Considéré comme prise de guerre par les Alliés, certaines scènes du film furent réutilisées dans Atlantique, latitude 41° (A Night to Remember) du britannique Roy Ward Baker, sorti en 1958.

* Le paquebot Cap Arcona, qui a servi pour le tournage, connaitra un destin tragique à la fin de la guerre. Il sera le théâtre d’une tragédie absolument épouvantable : lire sur Wikipedia

Titanic
Kirsten Heiberg et Ernst Fritz Fürbringer dans Titanic de Herbert Selpin.

Titanic
La ballroom du Titanic dans Titanic de Herbert Selpin.

Titanic
La même ballroom pendant le naufrage dans Titanic de Herbert Selpin.

12 décembre 2016

La Demi-Lune rouge (1919) de Alexander Korda

Titre original : Az aranyember

Az aranyemberUn riche pacha turc, sur le point d’être arbitrairement arrêté, s’enfuit avec sa fille à l’étranger et s’embarque pour remonter le Danube sur un navire marchand commandé par Michael Timar. Sur le point de mourir, le pacha lui confie sa fille que le capitaine va épouser après avoir mis la main sur la fortune du défunt. Mais c’est un mariage de convenance, sans amour… Hongrois avant d’être naturalisé anglais en 1931 et d’écrire certaines des plus belles pages du cinéma anglais, le producteur Alexander Korda a réalisé dans son pays natal de nombreux films dont extrêmement peu sont parvenus jusqu’à nous. En 1919, le jeune réalisateur de 26 ans, qui s’appelait encore Korda Sándor, s’inspire d’un grand classique de la littérature hongroise, L’homme en or de Mór Jókai (1872). Le film durait quatre heures. Seules 80 minutes ont survécu dans une version allemande, Der Rote Halbmond. Il y a donc inévitablement des sautes dans le récit, certains épisodes manquent mais l’ensemble reste très compréhensible même si l’histoire est assez complexe. Les intertitres sont assez nombreux. La réalisation est assez classique pour l’époque, le jeu des acteurs est plutôt théâtral, assez appuyé. De nombreuses scènes sont tournées en extérieurs et le Danube tient une grande place dans cette histoire. Une nouvelle bande-son originale, signée par le compositeur et clarinettiste allemand Michael Riessler, accompagne cette version restaurée. (Film muet).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Oscar Beregi Sr., Margit Makay
Voir la fiche du film et la filmographie de Alexander Korda sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alexander Korda chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Alexander Korda

La Demi-lune rouge
Oscar Beregi Sr. dans La Demi-Lune rouge (Az aranyember) de Korda Sándor.

La Demi-lune rouge
Navigation sur le Danube dans La Demi-Lune rouge (Az aranyember) de Korda Sándor.

La Demi-lune rouge
Oscar Beregi Sr. et Ica von Lenkeffy dans La Demi-Lune rouge (Az aranyember) de Korda Sándor.

Autres adaptations du roman en long métrage :
Az aranyember (1936) du hongrois Béla Gaál
Az aranyember (1962) du hongrois Viktor Gertler

23 juillet 2016

Apollo 13 (1995) de Ron Howard

Apollo 13Avril 1970. Un an après avoir été l’un des premiers hommes à faire le tour la lune (Apollo 8 en décembre 1968), Jim Lovell se prépare à nouvelle mission à la NASA : il sera le commandant de la treizième mission Apollo que beaucoup voient comme une mission de routine après le fantastique succès d’Apollo 11 qui a permit à l’homme de marcher sur la lune. Mais rien ne va se passer comme prévu et le pire va arriver… Loin de toute (science-)fiction, le film de Ron Howard relate de façon assez exacte le périlleux déroulement de la mission Apollo 13 qui a tenu en haleine le monde entier pendant plusieurs jours de 1970. Le récit est en grande partie basé sur le livre de Jim Lovell, paru peu avant la sortie du film. Les évènements réels sont si rocambolesques que les scénaristes n’ont eu que peu à rajouter, restant même très discrets sur l’angoisse des familles au sol. Il n’y a aucun excès de dramatisation. Le suspense est intense et l’épilogue (pourtant connu) est une  délivrance…
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tom Hanks, Bill Paxton, Kevin Bacon, Gary Sinise, Ed Harris, Kathleen Quinlan
Voir la fiche du film et la filmographie de Ron Howard sur le site IMDB.

Voir les autres films de Ron Howard chroniqués sur ce blog…

Apollo 13
L’équipage : Bill Paxton, Kevin Bacon et Tom Hanks dans Apollo 13 de Ron Howard.

Remarques :
* Les scènes en apesanteur ont été filmées à bord d’un avion en vol parabolique. 600 paraboles ont été nécessaires, chacune permettant d’obtenir 20 à 25 secondes d’apesanteur (dont la moitié en apesanteur presque totale à 0,01 g). L’avion utilisé est celui de la NASA, un KC-135 qui sert à lentrainement des astronautes. L’avion fait couramment 30 à 40 paraboles par vol. Il est surnommé le « Vomit Comet ». Lire …

* Dans la scène finale, le vrai Jim Lovell apparaît en tant que capitaine de navire qui serre la main à Tom Hanks. La vraie Marilyn Lovell apparait dans les gradins au lancement. Le vrai Gene Kranz (le directeur de vol interprété par Ed Harris) apparaît en arrière plan dans la salle de contrôle juste avant la rentrée dans l’atmosphère.

* Le livre de Jim Lovell, co-écrit avec le journaliste scientifique Jeffrey Kluger, est paru en 1994 : Lost Moon: The Perilous Voyage of Apollo 13 (Apollo 13 : Perdus dans l’espace pour l’édition française). On trouve un récit plus court (20 pages) mais très précis dans le chapitre consacré à Apollo 13 du livre Apollo expeditions to the moon, édité par la NASA en 1975 (pas d’édition française, à ma connaissance). Ce récit est visible presque intégralement (seuls quelques graphiques manquent) sur le site de la NASA (on peut y voir notamment la photo prise au moment de la séparation du module de propulsion endommagé).

* La célèbre phrase « Houston, nous avons un problème » n’est pas tout à fait exacte. Prononcée par Swigert puis répétée par Lovell, elle fut en réalité « Houston, nous avons eu un problème » (« Houston, we’ve had a problem »). Il est vrai que la suite a montré que l’emploi du passé n’était pas approprié…

Apollo 13
Tom Hanks et Gary Sinise dans Apollo 13 de Ron Howard.

Apollo 13
La salle de contrôle de la NASA fidèlement reconstituée dans Apollo 13 de Ron Howard.

19 juin 2015

La Taverne de la Jamaïque (1939) de Alfred Hitchcock

Titre original : « Jamaica Inn »

La Taverne de la JamaïqueSur la côte de Cornouailles, au XIXe siècle, une bande de malfrats provoque des naufrages en cachant les signaux lumineux les nuits de tempête. Ils tuent ensuite tout l’équipage et s’empare de la cargaison. Leur quartier général est une taverne isolée. C’est justement là que se rend Mary, récemment orpheline, pour rejoindre sa tante… Dernier film anglais d’Alfred Hitchcock, alors qu’il avait déjà un pied outre-Atlantique, La Taverne de la Jamaïque est en général plutôt mal considéré. Il n’a su convaincre ni les lecteurs du roman de Daphné du Maurier dont il est adapté (on lui reproche de n’avoir pas su recréer l’atmosphère très sombre du livre), ni les amateurs du cinéaste : il faut reconnaitre qu’il est bien peu hitchcockien et qu’il a des raisons de ne pas l’être puisqu’Alfred Hitchcock s’en est assez vite désintéressé, d’une part car il craignait que ce drame en costumes donne à Hollywood qui allait l’accueillir une image de lui qui n’était pas la sienne, et d’autre part le fait de de diriger un acteur de la stature de Charles Laughton, coproducteur du film, ne lui laissait pas toute l’autonomie souhaitée. On ne retrouve pas ici la tension et le suspense qui font le charme des films d’Hitchcock, le ton est même plutôt assez léger. Le film est dominé par Charles Laughton qui fait une belle prestation (mais ce n’est pas sans doute pas celle dont cette histoire avait besoin). La Taverne de la Jamaïque est en outre le premier grand rôle de Maureen O’Hara.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Charles Laughton, Maureen O’Hara, Robert Newton, Leslie Banks
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred Hitchcock sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alfred Hitchcock chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Alfred Hitchcock

Remarques :
* Pas de caméo (connu) d’Alfred Hitchcock dans ce film.

La Taverne de la Jamaïque
Leslie banks et Maureen O’Hara dans La Taverne de la Jamaïque d’Alfred Hitchcock

La Taverne de la Jamaïque
Maureen O’Hara et Robert Newton dans La Taverne de la Jamaïque d’Alfred Hitchcock

La Taverne de la Jamaïque
Charles Laughton et Maureen O’Hara dans La Taverne de la Jamaïque d’Alfred Hitchcock

10 juin 2014

Veille d’armes (1935) de Marcel L’Herbier

Veille d'armesA Toulon, les officiers du navire de guerre « Alma » ont organisé une petite fête. Pendant la soirée, l’ordre d’appareiller pour une mission dangereuse tombe et les invités doivent quitter le navire. Mais tout le monde ignore que la jeune épouse du commandant est enfermée dans une cabine à la suite d’un enchaînement de circonstances… Veille d’armes est adapté d’une pièce de Claude Farrère et Lucien Nepoty qui avait déjà été portée par deux fois à l’écran. Pour Marcel L’Herbier, il s’agit plus d’une commande que d’un projet personnel et il en arrange le scénario avec Charles Spaak. Une bonne place est donnée à l’univers de la Marine de guerre et le film a ainsi quelques vertus documentaires, la production ayant même obtenu le concours actif de la Marine Nationale. Il exalte une certaine droiture d’esprit qui était bienvenue en cette période où le risque de guerre se faisait de plus en plus menaçant. Mais le coeur de l’histoire est un mélodrame de la fidélité et de la confiance dont le centre est la belle Annabella. Marcel L’Herbier a soigné la réalisation, l’éclairage est travaillé, certains plans d’intérieur sont vraiment superbes. Le film connut un très grand succès à sa sortie. Il mérite vraiment d’être redécouvert aujourd’hui.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Annabella, Victor Francen, Gabriel Signoret, Pierre Renoir, Roland Toutain
Voir la fiche du film et la filmographie de Marcel L’Herbier sur le site IMDB.

Voir les autres films de Marcel L’Herbier chroniqués sur ce blog…
Veille d'armes
Voir les livres sur Marcel L’Herbier

Remarque :
Veille d’armes vient de ressortir restauré en DVD dans une belle édition avec notamment une présentation très complète du film et de son contexte par Mireille Beaulieu (et une superbe pochette! Bel exemple soit dit en passant du travail sur les éclairages).

Précédentes adaptations :
Veille d’armes de Jacques de Baroncelli (1925) avec Maurice Schutz et Annette Benson (film apparemment perdu)
La Femme de Monte Carlo (The Woman from Monte Carlo) de Michael Curtiz avec Lil Dagover et Walter Huston (film plutôt rare).

28 avril 2013

Les Chasses du comte Zaroff (1932) de Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel

Titre original : « The Most Dangerous Game »
Titre français original : « La Chasse du comte Zaroff »

La chasse du comte ZaroffDans une partie de l’océan mal cartographiée, le célèbre chasseur de fauves Bob Rainsford est le seul survivant d’un naufrage. Sur l’île soit-disant inhabitée où il a échoué, il découvre un château-forteresse. Il y est accueilli très civilement par le comte Zaroff. Ce personnage étrange, lui-même également grand chasseur, lui affirme chasser sur son île le gibier le plus dangereux qui soit… Le début des années trente fut une période assez riche en grands films fantastiques et Les Chasses du comte Zaroff fait partie des tous meilleurs d’entre eux. Adapté d’une nouvelle de Richard Connell, ce film mêle brillamment aventures et fantastique. Il est souvent classé parmi les films d’horreur, ce qu’il n’est absolument pas, c’est beaucoup plus un film d’aventures et son côté fantastique est plus à rapprocher du fantastique des contes et légendes. Les Chasses du comte Zaroff est empreint d’une atmosphère inquiétante mais aussi extrêmement fascinante. Il est assez court (1), très direct et explicite, sans développement d’intrigues annexes perturbatrices ce qui amplifie son impact et le fait paraître toujours si audacieux à nos yeux modernes. C’est une  belle (et forte) variation sur le thème du « chasseur qui devient chassé ». Un film admirable.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Joel McCrea, Fay Wray, Leslie Banks, Robert Armstrong
Voir la fiche du film et la filmographie de Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel sur le site IMDB.

Most Dangerous game

Remarques :
La chasse du comte Zaroff* Les Chasses du comte Zaroff est un film qui a été plus ou moins mis de côté pendant de nombreuses années. La robe de Fay Wray, jugée indécente par les ligues de vertu, aurait été l’une des raisons principales de sa mise à l’écart des circuits de distribution. Le film a été « redécouvert » dans les années soixante, époque où il a commencé à circuler dans les ciné-clubs, entouré (à juste titre) d’une forte aura.
* Le tournage de King Kong s’est fait simultanément dans les mêmes décors de forêt (le film n’est sorti que l’année suivante, toutefois). On retrouve aussi certains des acteurs, Fay Wray en tête.

Remakes :
A Game of Death de Robert Wise (1945) avec John Loder et Audrey Long
La Course au soleil (Run for the Sun) de Roy Boulting (1956) avec Richard Widmark, Trevor Howard et Jane Greer
En outre, le film et la nouvelle de Richard Connell ont été une source d’inspiration pour une multitude de films de qualité bien inégale…

(1) Au départ le film durait 78 minutes au lieu des 63 minutes finales. La scène de la salle des trophées est notamment beaucoup plus longue, le comte se délectant d’expliquer comment chacun était mort. Lors de séances avec un public test, certaines personnes, très mal à l’aise, voulurent quitter la salle… Ces scènes ont donc été coupées.

Les Chasses du comte Zaroff

27 janvier 2012

Les compagnons de la Nouba (1933) de William A. Seiter

Titre original : « Sons of the Desert »

Les compagnons de la NoubaPour se rendre à un rassemblement des Sons of the Desert à Chicago, Laurel et Hardy doivent user de gros stratagèmes pour mentir à leur femme… Cette histoire présente une bonne continuité dans son déroulement avec de bons gags et une peinture amusante des rapports hommes / femmes. Il y a une escalade bien dosée dans les situations périlleuses et des mensonges de plus en plus extravagants. A noter, le passage avec Charley Chase en joyeux drille, l’acteur comique jouant ici dans un style exubérant, donc très différent du sien. Malgré quelques petites longueurs dans les moments faibles, Sons of the Desert est à classer parmi les meilleurs films de Laurel et Hardy.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Stan Laurel, Oliver Hardy, Charley Chase, Mae Busch, Dorothy Christy
Voir la fiche du film et la filmographie de William A. Seiter sur le site IMDB.

Voir les autres films de William A. Seiter chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Laurel & Hardy avaient tourné une histoire très similaire en court-métrage muet, cinq ans auparavant : We faw down (1928) réalisé par Leo McCarey.
* Plus surprenant : Charley Chase avait tourné avec Mack Swain une histoire elle aussi très similaire en 1914 : Ambrose’s First Falsehood de Dell Henderson (Keystone).

19 décembre 2009

Frigo capitaine au long cours (1921) de Buster Keaton et Edward F. Cline

Titre original : « The Boat »

Frigo capitaine au long coursElle :
(pas vu)

Lui :
(Court métrage de 27 minutes) Un homme part avec sa petite famille sur le bateau qu’il a lui-même construit. Il va devoir affronter les éléments hostiles… The boat met en scène le personnage assez classique de Keaton qui surmonte toujours (ou presque) les pires difficultés avec une certaine ingéniosité, tout en restant parfaitement imperturbable bien entendu. Ici, contrairement à l’habitude, il est un bon père de famille, doté de deux enfants aussi imperturbables que lui. La mise à l’eau du bateau est assez épique, le passage des ponts est… surprenant, la suite est humide. Malgré quelques longueurs, ce court métrage doté de plusieurs effets spéciaux reste amusant.
Note : 3 étoiles

Acteurs: Buster Keaton, Sybil Seely
Voir la fiche du film et la filmographie de Buster Keaton sur le site IMDB.

Voir les autres films de Buster Keaton chroniqués sur ce blog…

Remarques :
1. Son bateau s’appelle le Damfino, contraction de « Damned if I know » (littéralement : C’est bien le diable si je sais), nom qui permet un gag au moment du naufrage. C’est aussi la dernière phrase prononcée par Keaton à la fin du film (il n’y a pas d’intertitre mais on peut le lire facilement sur ses lèvres).
2. Keaton avait fait construire deux bateaux, l’un conçu pour flotter, l’autre pour couler. Hélas, le premier prenait l’eau de toutes parts et le second refusa obstinément de s’enfoncer.