10 septembre 2015

Messaline (1960) de Vittorio Cottafavi

Titre original : « Messalina Venere imperatrice »

MessalineA Rome, en l’an 38 après J.-C., la jeune et ambitieuse vestale romaine (1) Valeria Messalina rencontre le centurion Lucius Maximus la veille de ses noces avec l’empereur Claude. Le jeune Lucius Maximus n’en sait rien puisqu’il est aussitôt envoyé livrer bataille dans une lointaine contrée. Parvenue au pouvoir, Messaline ne cesse de comploter pour assouvir ses désirs… Le personnage de Messaline, impératrice cruelle et débauchée, a toujours excité les imaginations par son mélange explosif de pouvoir, violence et sexualité. Réalisé en pleine période de surproduction de péplum italiens, le film de Cottafavi ne cherche pas, on s’en doute, la vérité historique mais plutôt à créer un spectacle à la sensualité épanchée. L’histoire se déroule, nous prévient-on en exergue, « à une période où la vie humaine n’avait aucune valeur » (diantre, on en frémit d’avance)… C’est l’anglaise Belinda Lee qui est chargée de minauder et de rouler des yeux devant la caméra mais elle ne parvient pas à donner une réelle dimension à son personnage. La réalisation est toutefois soignée ce qui écarte tout ennui à la vision du film. Messaline n’est pas le péplum de Cottafavi le plus remarquable : on pourra probablement lui préférer Les Légions de Cléopâtre tourné l’année précédente.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Belinda Lee, Spiros Focás
Voir la fiche du film et la filmographie de Vittorio Cottafavi sur le site IMDB.

Voir les autres films de Vittorio Cottafavi chroniqués sur ce blog…

Messaline
Belinda Lee dans Messaline de Vittorio Cottafavi

(1) Les vestales étaient des prêtresses de la déesse Vesta, des jeunes filles vouées à la chasteté et éduquées de façon très stricte.

Autres films centrés sur le personnage de Messaline :
Woman de Maurice Tourneur (1918) avec Flora Revalles
Messaline (Messalina) de Carmine Gallone (1951) avec María Félix et Georges Marchal
Messaline , impératrice et putain (Messalina, Messalina!) de Sergio Corbucci (1977) avec Anneka Di Lorenzo
Caligula et Messaline de Bruno Mattei (1981) avec Betty Roland

9 septembre 2015

Nouveautés livres – août 2015

Livres sur le cinéma – Les sorties de la semaine dernière (et du mois d’août) :


Jean-Louis Trintignant : L'inconformismeTITRE : Jean-Louis Trintignant
… L’inconformisme
AUTEUR : Vincent Quivy
EDITEUR : Seuil
SORTIE : 03 septembre 2015
SUJET : Réalisateur > Jean-Louis Trintignant
Et dieu créa la femme, Un homme et une femme, Z, La Controverse de Valladolid, Ceux qui m’aiment prendront le train, Amour… la liste est longue des chefs d’oeuvres et des succès de l’acteur. Mais elle ne dit rien de sa vocation première de réalisateur, rien de sa passion pour le théâtre ou la poésie contemporaine, et si peu de choses de l’homme Trintignant…


Sam PeckinpahTITRE : Sam Peckinpah
AUTEUR : Fernando Ganzo
EDITEUR : Capricci
SORTIE : 03 septembre 2015
SUJET : Réalisateur > Sam Peckinpah
A l’occasion d’une rétrospective du cinéaste à la Cinémathèque française, cet ouvrage consacré à son oeuvre réunit trois textes critique abordant chronologiquement sa filmographie, une étude de son travail pour la télévision, des récits de tournage et des entretiens…


James Dean: PhotographsTITRE : James Dean
… Photographs
AUTEUR : Axel Arens
EDITEUR : Schirmer Mosel
SORTIE : 03 septembre 2015
SUJET : Acteur > James Dean
This book reproduces the most impressive still photos from the three films, East of Eden, Rebel Without a cause and Giant, James Dean starred in as well as the striking pictures of the three master photographers he often sat for…


La Direction de spectateurs:Création et réception au cinémaTITRE : La Direction de spectateurs
… Création et réception au cinéma
AUTEUR : Collectif dir. Dominique Chateau
EDITEUR : Les Impressions nouvelles
SORTIE : 03 septembre 2015
SUJET : Sociologie
Hitchcock dit à propos de Psychose : « Je faisais de la direction de spectateur. » Cette boutade qu’on peut rapprocher du « calcul du spectateur » cher à Eisenstein, est une invitation à repenser les rapports entre création et réception au cinéma…


Signoret ou la traversée des apparencesTITRE : Signoret ou la traversée des apparences
AUTEUR : Chantal Pelletier
EDITEUR : Editions des Busclats
SORTIE : 03 septembre 2015
SUJET : Acteur > Simone Signoret
Trente ans déjà que Simone Signoret a disparu. Elle n’en avait alors que soixante-quatre, en paraissait bien davantage…


Le Moyen Âge au cinéma:Panorama historique et artistiqueTITRE : Le Moyen Âge au cinéma
… Panorama historique et artistique
AUTEUR : François Amy de La Bretèque
EDITEUR : Armand Colin
SORTIE : 02 septembre 2015
SUJET : Genre > Historique
Le Moyen Âge nous a légué un réservoir de récits, un trésor d’anecdotes et de situations, une galerie de personnages et un répertoire de motifs et de situations visuelles propices à la création cinématographique…


L'Espace cinématographique:Esthétique et dramaturgieTITRE : L’Espace cinématographique
… Esthétique et dramaturgie
AUTEUR : Antoine Gaudin
EDITEUR : Armand Colin
SORTIE : 02 septembre 2015
SUJET : Théorie
L’espace constitue un enjeu majeur des réflexions esthétiques et philosophiques sur le cinéma, autour duquel s’articule toute l’histoire des formes filmiques…


Les communistes et le cinéma : France, de la Libération aux années 60TITRE : Les communistes et le cinéma
… France, de la Libération aux années 60
AUTEUR : Pauline Gallinari
EDITEUR : Presses Universitaires de Rennes
SORTIE : 27 août 2015
SUJET : Histoire du cinéma
Le projet cinématographique communiste français est ambitieux. Dès la Libération, les communistes cherchent d’une part à agir sur le champ cinématographique dans le but d’influer sur le devenir économique du cinéma français…


L'Amérique des frères CoenTITRE : L’Amérique des frères Coen
AUTEUR : Julie Assouly
EDITEUR : CNRS
SORTIE : 27 août 2015
SUJET : Réalisateur > Frères Coen
Les frères Coen, « réalisateur à deux têtes », tandem farouchement inclassable, paire prodigieuse révélée au grand public par Arizona junior (1987), dressent un tableau désopilant de l’Amérique profonde…


L'Horizon de Michael MannTITRE : L’Horizon de Michael Mann
AUTEUR : Axel Cadieux
EDITEUR : Playlist Society
SORTIE : 26 août 2015
SUJET : Réalisateur > Michael Mann
Michael Mann est incontournable à Hollywood. Auteur de succès planétaires (Heat, Le Dernier des Mohicans), ses partis pris formels et thématiques, d’une singularité extrême, tranchent avec l’uniformité des productions actuelles…


Perles de cinémaTITRE : Perles de cinéma
AUTEUR : Françoise Baroni et Florence Roman
EDITEUR : Editions Générales First
SORTIE : 26 août 2015
SUJET : Les Films > Humour
« Cinquante nuances de Grey, c’est écrit avec les pieds et joué avec les fesses. »
« J’ai bien aimé mais y a trois quarts d’heure de trop.  »
« The Artist, c’est un joli film mais s’ils avaient mis deux ou trois répliques, ça n’aurait pas été plus mal. »…


Scénario et scénariste:De la reconnaissance institutionnelle de l'objet scénaristiqueTITRE : Scénario et scénariste
… De la reconnaissance institutionnelle de l’objet scénaristique
AUTEUR : Gabrielle Tremblay
EDITEUR : LettMotif
SORTIE : 25 août 2015
SUJET : Technique > Ecriture
Sous-titre complet : De la reconnaissance institutionnelle de l’objet scénaristique dans le monde de l’art cinématographique français.
Le scénario et le scénariste composent ici l’objet scénaristique. En France, dans le monde du cinéma, leur valorisation pose problème, semble-t-il…


Jerry LewisTITRE : Jerry Lewis
AUTEUR : Chris Fujiwara
EDITEUR : Les Prairies Ordinaires
SORTIE : 20 août 2015
SUJET : Acteur > Jerry Lewis
Jerry Lewis aura 90 ans en 2016. Bien que la France – on nous l’a assez reproché – soit sans doute le pays à l’avoir le plus défendu, cela fait plus de trente ans que n’a paru aucun ouvrage en français consacré à son travail…


L'analyse des filmsTITRE : L’analyse des films
AUTEUR : Jacques Aumont et Michel Marie
EDITEUR : Armand Colin
SORTIE : 19 août 2015
SUJET : L’analyse de films
Depuis sa première édition il y a 25 ans, l’Analyse des films est devenu un classique des études cinématographiques…


André Bourvil, inoubliableTITRE : André Bourvil, inoubliable
AUTEUR : Solène Haddad
EDITEUR : City
SORTIE : 19 août 2015
SUJET : Acteur > Bourvil
André Bourvil, acteur, chanteur, comique et homme de théâtre, a marqué la France d’après-guerre par sa carrière exceptionnelle…


James Bond:Une esthétique du plaisirTITRE : James Bond
… Une esthétique du plaisir
AUTEUR : Claude Monnier
EDITEUR : L’Harmattan
SORTIE : 15 août 2015
SUJET : Un Film > James Bond
Comment expliquer l’immense plaisir que procurent les films de James Bond ? Pourquoi peut-on recevoir ces oeuvres d’innombrables fois, sans se lasser ? Beaucoup de livres ont recensé, à la manière d’un catalogue, les gadgets, les « girls », les méchants ou les multiples voitures de l’agent secret…


Bertolt Brecht et Fritz Lang :Le nazisme n'a jamais été éradiquéTITRE : Bertolt Brecht et Fritz Lang
… Le nazisme n’a jamais été éradiqué
AUTEUR : Danielle Bleitrach et Richard Gehrke
EDITEUR : LettMotif
SORTIE : 14 août 2015
SUJET : Un Film > Les bourreaux meurent aussi
Danielle Bleitrach, sociologue, universitaire spécialiste de la mondialisation et du développement, auteur de nombreux ouvrages sur le mouvement ouvrier, l’Amérique latine et plus récemment sur l’espace postsoviétique a voulu interroger deux antinazis…


la Bretagne au cinémaTITRE : la Bretagne au cinéma
AUTEUR : Nolwenn Banchard et Maria Banchard
EDITEUR : Riveneuve éditions
SORTIE : 13 août 2015
SUJET : Pays > France
Depuis les débuts du cinéma, la Bretagne est un lieu privilégié pour les tournages de films…


The Charlie Chaplin ArchivesTITRE : The Charlie Chaplin Archives
AUTEUR : Paul Duncan
EDITEUR : Taschen
SORTIE : 13 août 2015
SUJET : Réalisateur > Charlie Chaplin
De l’Alaska au Zimbabwe, le chapeau melon, la canne, le pantalon trop grand et les chaussures de clown de son « vagabond » composent la silhouette la plus identifiable au monde, 100 ans après sa création…


Le cinéma:retenir l'essentielTITRE : Le cinéma
… retenir l’essentiel
AUTEUR : Francis Frey, Anne Goliot-Lété et Francis Vanoye
EDITEUR : Nathan
SORTIE : 13 août 2015
SUJET : Généralités
Rédigé de façon claire et richement illustré, cet ouvrage conduit le lecteur des origines du cinéma aux plus récentes mutations technologiques tout en apportant des éléments d’analyse sur les oeuvres marquantes du 7e art…

 

8 septembre 2015

Gertrud (1964) de Carl Theodor Dreyer

GertrudCopenhague, début du XXe siècle. L’ancienne chanteuse d’opéra Gertrud sent que l’amour a quitté son mariage : son mari Gustav, sur le point d’être nommé ministre, fait passer son travail en premier. Elle lui annonce qu’elle va le quitter. Gertrud entretient une liaison avec Erland, un jeune compositeur. C’est à ce moment que Gabriel, son ancien amour, revient d’un long séjour à l’étranger… Le dernier film de Dreyer surprend par sa forme. Cette pièce du suédois Hjalmar Söderberg, écrite quelque cinquante ans auparavant, est portée à l’écran avec un très haut niveau d’abstraction : décors épurés, longs plans fixes, personnages qui ne se regardent pas, très forte retenue dans l’expression des acteurs. Cette forme a tendance à rebuter au premier abord et pourtant on se laisse happer par les échanges entre Gertrud et les hommes qu’elle a aimés. Cette femme est en recherche d’un certain absolu dans l’amour et Dreyer semble faire de même avec son cinéma. Cette rigidité des postures rend l’intensité d’autant plus palpable, c’est même assez étonnant. A sa sortie, le film fut accueilli très froidement (il est vrai que nous sommes ici très loin du souffle de la Nouvelle Vague !) mais il peut s’apprécier différemment avec le recul. Son caractère atemporel paraît plus évident.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nina Pens Rode, Bendt Rothe, Ebbe Rode, Baard Owe
Voir la fiche du film et la filmographie de Carl Theodor Dreyer sur le site IMDB.

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Gertrud
Nina Pens Rode dans Gertrud de Carl Theodor Dreyer

5 septembre 2015

Ordet (1955) de Carl Theodor Dreyer

Autre titre français : « La Parole »

La ParoleDans le Danemark aux alentours de 1930, le luthérien Morten Borgen exploite une vaste ferme avec ses trois fils ; l’aîné est marié, le second traverse une grave crise mystique qui le pousse à se prendre pour le Christ et le troisième désire épouser la fille du tailleur. Les pères s’opposent à cette union du fait de leurs divergences religieuses… Dès qu’il voit la pièce Ordet de Kaj Munk en 1932, Dreyer souhaite la porter à l’écran. Il n’y parvient pas et se fait « doubler » par le suédois Gustaf Molander en 1943 (1). La version qu’il en donne finalement en 1955 est à la fois plus profonde et plus stylisée avec cette belle austérité qui le caractérise. Sur le fond, le film pose la question de la foi et du rapport des hommes à Dieu (sans toutefois que la réflexion ne soit poussée très avant, la foi étant placée comme un idéal absolu) et, en s’élevant au dessus des querelles théologiques triviales,  s’oppose aux sectarismes. La forme est, une fois de plus, superbe : la mise en scène de Dreyer est rigoureuse, majoritairement en plans moyens, déroulant lentement le récit. Le climat ainsi créé est fort et prégnant. Les rares plans extérieurs sont très beaux avec tous ces joncs qui ondulent au gré des vents, comme une expression du trouble intérieur du fils illuminé.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Henrik Malberg, Birgitte Federspiel, Emil Hass Christensen, Cay Kristiansen, Preben Lerdorff Rye
Voir la fiche du film et la filmographie de Carl Theodor Dreyer sur le site IMDB.

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Ordet
Emil Hass Christensen, Henrik Malberg et Cay Kristiansen dans Ordet de Carl Theodor Dreyer

(1) La Parole (Ordet) de Gustaf Molander (1943) avec Victor Sjöström dans le rôle principal du patriarche.

4 septembre 2015

Jour de colère (1943) de Carl Theodor Dreyer

Titre original : « Vredens dag »
Autre titre : « Dies Irae »

Dies iraeDans le Danemark de 1623, le pasteur d’un village a recueilli et épousé une très jeune femme, du même âge que son fils issu d’un premier mariage. Celui-ci rentre vivre avec son père au moment où le pasteur fait brûler vive une femme accusée de sorcellerie… Après l’échec commercial de Vampyr, Dreyer reste dix ans sans tourner. Ce n’est qu’en 1943, alors que son pays est occupé, qu’il parvient à réaliser ce Jour de colère, une histoire de sorcellerie et d’amour impossible dans l’austère Danemark du XVIIe siècle. Il s’agit de l’adaptation d’une pièce de Wiers-Jenssen que Dreyer avait vue presque vingt ans auparavant. Le film est remarquable par sa très grande beauté formelle. Les décors sont épurés (mais sans avoir l’abstraction de ceux de Jeanne d’Arc) et les éclairages particulièrement travaillés, avec une superbe répartition  des noirs et des blancs. Le film a souvent été rapproché des peintures de Rembrandt, certains le qualifiant même de « Rembrandt vivant ». L’image évoque la peinture non seulement par l’éclairage mais aussi par le placement des personnages : c’est particulièrement net dans les plans sur les jurés par exemple. Il faut aussi mentionner les panoramiques tournants savamment synchronisés (1). Toute cette beauté plastique peut toutefois nous détacher du récit : la scène de torture de la vieille femme accusée devient ainsi objet d’émerveillement visuel alors qu’elle est bien entendu atroce sur le fond. Cette scène évoque bien entendu les pratiques des occupants nazis. Et pour rester sur le fond, André Bazin a souligné avec justesse que le désespoir final de la jeune femme peut exprimer aussi bien l’aveu que le mensonge. De son côté, Georges Sadoul affirme que Dreyer croit à la sorcellerie, ce qui semble effectivement probable mais pas certain, toutefois. Jour de colère est un très beau film : rarement l’austérité et la beauté formelle n’ont été si harmonieusement accordées.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Lisbeth Movin, Thorkild Roose, Preben Lerdorff Rye, Sigrid Neiiendam, Anna Svierkier
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Jour de colère
Lisbeth Movin dans Jour de colère de Carl Theodor Dreyer.

(1) Le panoramique sur les enfants de choeur lors des funérailles est d’une perfection absolue : les enfants tournent autour de la pièce et la camera tourne dans le même sens mais un peu plus lentement, créant ainsi un mouvement apparent inverse dont le décalage rythmé par leurs chants. Du grand art.

2 septembre 2015

Oblivion (2013) de Joseph Kosinski

Oblivion2077 : La terre a été évacuée vers Titan après avoir subi une attaque d’extra-terrestres. Les terriens ont gagné mais les radiations résiduelles des armes atomiques ont rendu la terre inhabitable. Jack Harper et une assistante sont restés en charge de la réparation des drones qui assurent la sécurité d’une gigantesque opération d’extraction des dernières ressources. Quelques aliens survivants continuent en effet d’attaquer sporadiquement les installations…
Joseph Kosinski est un réalisateur d’à peine quarante ans qui vient du monde de l’infographie et des jeux vidéo. Il a écrit un scénario assez solide dans la veine post-apocalyptique et a su le mettre en scène en dosant parfaitement ses éléments : action et effets spéciaux sont bien entendu présents mais une bonne place a été laissée à la création, aussi bien d’objets que d’environnement, ce qui donne une atmosphère assez magique au récit. Joseph Kosinski n’hésite pas à montrer ses influences (2001, Star Wars, etc.) L’image est superbe (le tournage s’est effectué en grande partie en Islande). Côté acteurs, le problème des films avec Tom Cruise est qu’il prend toute la place et c’est une nouvelle fois le cas, ses deux partenaires féminines sont charmantes mais un peu fades. Cette omniprésence convient toutefois assez bien au scénario qui n’a que très peu de personnages. Oblivion se révèle être finalement un beau, et plutôt créatif, film de science-fiction.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Tom Cruise, Morgan Freeman, Olga Kurylenko, Andrea Riseborough
Voir la fiche du film et la filmographie de Joseph Kosinski sur le site IMDB.

Oblivion
La maison de Jack Harper dans Oblivion de Joseph Kosinski (la piscine transparente est, comment dire, assez unique!)

Oblivion
La même vue de l’autre côté avec, au premier plan, le Techopter (qui a été dessiné par Joseph Kosinski lui-même).

Oblivion
Tom Cruise est Jack Harper dans Oblivion de Joseph Kosinski

Homonyme :
Oblivion de Sam Irvin (1994), film qui n’a aucun lien avec celui-ci : c’est apparemment un mélange bizarre de film de cow-boys et de film d’aliens.

31 août 2015

Sommaire d’août 2015

Apocalypse NowForrest GumpL'AvventuraPrête à toutDrôle de frimousseBruce tout-puissantLes Contes d'HoffmannLes évadés de la nuit

Apocalypse Now

(1979) de Francis Ford Coppola

Forrest Gump

(1994) de Robert Zemeckis

L’Avventura

(1960) de Michelangelo Antonioni

Prête à tout

(1995) de Gus Van Sant

Drôle de frimousse

(1957) de Stanley Donen

Bruce tout-puissant

(2003) de Tom Shadyac

Les Contes d’Hoffmann

(1951) de Michael Powell et Emeric Pressburger

Les évadés de la nuit

(1960) de Roberto Rossellini

Le Quai des brumesHelp!Quatre garçons dans le ventL'homme qui murmurait à l'oreille des chevauxEt au milieu coule une rivièreConversation secrèteLégendes d'automne

Le Quai des brumes

(1938) de Marcel Carné

Help!

(1965) de Richard Lester

Quatre garçons dans le vent

(1964) de Richard Lester

L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux

(1998) de Robert Redford

Et au milieu coule une rivière

(1992) de Robert Redford

Conversation secrète

(1974) de Francis Ford Coppola

Légendes d’automne

(1994) de Edward Zwick

Nombre de billets : 15

30 août 2015

Apocalypse Now (1979) de Francis Ford Coppola

Apocalypse NowPendant la guerre du Vietnam, le capitaine Willard (Martin Sheen), spécialiste des missions secrètes, a reçu l’ordre d’aller tuer un colonel de sa propre armée (Marlon Brando) devenu incontrôlable et accusé d’assassinat. Pour ce faire, Willard doit remonter un fleuve jusqu’au Cambodge où le colonel s’est retranché entouré d’une centaine de personnes qui le vénèrent comme un dieu… Librement adapté du roman de Joseph Conrad Au coeur des ténèbres, Apocalypse Now est incontestablement le film le plus ambitieux de Francis Ford Coppola et son chef d’oeuvre. Son projet était démesuré sans aucun doute et le tournage au plus profond de la jungle philippine fut interminable et ponctué de catastrophes : typhon, crise cardiaque de Martin Sheen, etc. Mais la vraie démesure est dans ce que Coppola nous fait toucher du doigt, la folie engendrée par la guerre, la folie des hommes. L’avancement de Willard est ponctué de scènes emblématiques où la raison semble absente : l’attaque du village au son de La Chevauchée des Walkyries de Wagner, la séquence hallucinée du striptease de bunnies en pleine jungle, le pont illuminé attaqué dans la nuit noire et le monologue final de Brando dont on ne voit que le visage dans une demi-pénombre. Malgré l’ampleur du projet, le déroulement du scénario reste simple : « It’s a trip » a dit Coppola pour présenter son film à Cannes, jouant sur le double sens de trip (voyage et/ou hallucination sous l’emprise de la drogue). Apocalypse Now fait partie de ces films qui restent à jamais gravés dans nos mémoires.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Martin Sheen, Robert Duvall, Frederic Forrest, Laurence Fishburne, Harrison Ford, Dennis Hopper
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Apocalypse Now
Robert Duvall dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola (« Tu la vois, la vague ? »).

Apocalypse Now
Dennis Hopper et Martin Sheen dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola.

Apocalypse Now
Marlon Brando dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola.

Remarques :
* La version commerciale de 1979 dure 2h33. En 2001 est sortie une version plus longue sous le nom Apocalypse Now Redux ; elle dure 3h12. L’ajout le plus important est une longue séquence se déroulant dans une ancienne plantation française (avec Christian Marquand et Aurore Clément).

* Cameo : on ne peut manquer de remarquer Francis Ford Coppola dans la scène où les soldats atterrissent sur la plage. Il joue le rôle d’un cinéaste des armées criant aux soldats de faire comme si la caméra n’était pas là.

28 août 2015

Forrest Gump (1994) de Robert Zemeckis

Forrest GumpForrest Gump est un homme simple d’esprit qui a inopinément participé à plusieurs épisodes importants de l’histoire des Etats-Unis. Assis sur un banc, il raconte sa vie aux personnes assises à côté de lui… Forrest Gump est ce que l’on appelle aujourd’hui un « feel good movie », c’est-à-dire un de ces films qui remontent le moral à un dépressif en deux temps trois mouvements. Cette histoire d’un homme très simple accomplissant des choses extraordinaires est effectivement amusante, jubilatoire, touchante. Elle porte également en elle toute une collection de valeurs idéologiques américaines (héros ordinaire, seconde chance, succès accessible à tous, etc.) et réinterprète l’Histoire de l’Amérique au travers d’un filtre simplificateur : tout devient ainsi anecdotique. Le film fait également montre d’un certain anti-intellectualisme pour installer une philosophie simpliste : « La vie c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber », ou encore « il faut laisser le passé derrière soi si on veut avancer ». Bien entendu, le prétexte à ces banalités est de dire que tout cela est vu par les yeux d’un simple d’esprit… (1) Du côté de la forme, la réalisation est parfaite, avec en prime de belles prouesses techniques d’intégrations informatiques : la plume de la scène d’ouverture, intégrations de Forrest Gump dans des images d’archives (il serre notamment la main à plusieurs présidents), la balle de ping-pong (2), les jambes de Gary Sinise (3). L’interprétation de Tom Hanks est assez fantastique, l’acteur donne une dimension à son personnage qui rend le film assez plaisant malgré l’idéologie simpliste, que l’on peut certainement qualifier assez réactionnaire, qu’il colporte…
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tom Hanks, Sally Field, Gary Sinise, Robin Wright
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forrest-gump-large
Tom Hanks dans Forrest Gump de Robert Zemeckis

Forrest Gump
Tom Hanks / Forrest Gump avec le (véritable) président John F. Kennedy.

(1) On pourra aussi noter la présence d’une sorte de justice divine qui récompense les simples et qui punit ceux qui ont « fauté »  : l’ex-hippie Jenny aura ainsi une maladie mortelle… ou encore le « maoiste » John Lennon sera assassiné (le passage avec John Lennon est assez bizarre : le gag des paroles d’Imagine est-il une plaisanterie iconoclaste ou les auteurs ont-ils une dent contre lui ? )

(2) Les plans ont été filmés sans la balle qui a été ajoutée ensuite numériquement. A noter que l’opposant de Forrest Gump lors du match est un authentique champion chinois qui a eu toutes les peines du monde à mimer le jeu sans balle.

(3) Les réalisateurs aiment bien glisser des plans en apparence infaisables : si les mollets de Gary Sinise ont été effacés par ordinateur alors comment fait-il (dans la scène avec les prostituées) pour faire demi-tour assis par terre alors qu’il est juste à côté d’une table ? (Réponse : le plan a été tourné sans table qui a été ajoutée ensuite numériquement).

26 août 2015

L’Avventura (1960) de Michelangelo Antonioni

L'AvventuraSur un petit yacht à moteur, un groupe de riches italiens se rendent sur l’île volcanique et déserte de Basiluzzo au nord de la Sicile. Parmi eux, Anna et son fiancé Sandro et son amie Claudia. Anna traverse une phase d’incertitude, elle n’est pas sûre de ses sentiments pour Sandro. Au moment de quitter l’île, le groupe découvre qu’Anna a disparu. Tout le monde se met à sa recherche. Elle demeure introuvable… Après cinq premiers longs métrages plus conventionnels, Antonioni signe son premier film marqué par un ton nouveau et l’empreinte d’un auteur : L’Avventura. Avec La Nuit et L’Eclisse qui suivront les années suivantes, le film marque un tournant dans la filmographie du cinéaste mais aussi dans le cinéma italien, voire dans le cinéma tout court. A l’époque, le film a perturbé car il bouscule certaines conventions sur le déroulement du récit : peu importe ce qui arrivé à Anna, le sujet de L’Avventura est plus ces petits errements qui font notre quotidien (1). Claudia va peu à peu, et non sans culpabilité, prendre la place d’Anna auprès de Sandro : un couple qui se forme, se perd, se reforme, se reperd… Antonioni déplace l’objet du cinéma depuis le récit vers une certaine esthétique de la sensation. Cette approche peut encore dérouter aujourd’hui : beaucoup lui reprochent une certaine lenteur. Personnellement, je ne lui en trouve aucune.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gabriele Ferzetti, Monica Vitti, Lea Massari
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L'Avventura
Gabriele Ferzetti et Monica Vitti dans L’Avventura de Michelangelo Antonioni

Remarques :
*Après un début de carrière au théâtre, Monica Vitti fait ici vraiment ses débuts au cinéma. L’actrice et son metteur en scène auront une relation qui durera 5 à 6 ans.
* Le tournage des séquences sur l’île a été quelque peu mouvementé : abandonnée par le producteur et par les techniciens en grève, la petite équipe réduite à sept personnes s’est retrouvée isolée sur l’île, se nourrissant de caroubes et de gâteaux moisis sous une pluie battante.

(1) Sur ce point, je ne peux que citer Mathias Sabourdin dans son excellent Dictionnaire du cinéma italien : « Personne mieux qu’Antonioni n’a su témoigner de notre rapport sensible au temps et à l’espace, à cette trame infinie d’objets, de paysages, d’évènements insignifiants, de gestes et de regards qui fait notre quotidien. » (Dictionnaire du cinéma italien, ed. Nouveau Monde 2014, p. 105).