20 janvier 2019

La Valse dans l’ombre (1940) de Mervyn LeRoy

Titre original : « Waterloo Bridge »

La Valse dans l'ombre
Un officier britannique se remémore sa rencontre avec une jeune ballerine lors de la Première Guerre mondiale, sur le pont de Waterloo. Ce fut un véritable coup de foudre…
Waterloo Bridge est l’adaptation de la pièce du même nom de Robert E. Sherwood, écrite en 1930. Elle avait déjà été adaptée dix ans plus tôt et le sera de nouveau en 1956. Cette version est la seule en couleurs. Archétype du mélodrame parfait, le film de Mervyn LeRoy est équilibré et soutenu par une très belle interprétation, retenue et délicate. L’histoire reste simple ce qui ne la rend que plus forte. La plus belle scène est incontestablement celle de la danse sur l’air de Auld Lang Syne (Ce n’est qu’un au revoir) éclairée seulement par des bougies qui sont éteintes une à une. Le titre français vient de cette scène. Le film fut un énorme succès pour la MGM.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vivien Leigh, Robert Taylor, Lucile Watson, Virginia Field, C. Aubrey Smith
Voir la fiche du film et la filmographie de Mervyn LeRoy sur le site IMDB.

Voir les autres films de Mervyn LeRoy chroniqués sur ce blog…

Waterloo Bridge
Vivien Leigh et Robert Taylor dans La Valse dans l’ombre de Mervyn LeRoy.

Remarques :
* C’est le premier film de Vivien Leigh après l’énorme succès de Autant en emporte le vent.
* Le fait de placer tout le film en flashback a été ajouté au dernier moment du fait de l’imminence de la guerre.
* Bizarrement, les costumes et coiffures sont celles de 1935 et non de 1915, ce qui perturbe un peu les idées pour situer l’histoire dans le temps. On peut supposer que cet anachronisme est volontaire, pour mieux toucher les spectateurs. Autre bizarrerie (moins gênante), Robert Taylor a un accent bien américain pour un fils de la bonne société anglaise victorienne !
* Waterloo Bridge est le film préféré à la fois de Vivien Leigh et de Robert Taylor.

Waterloo Bridge
Vivien Leigh, Robert Taylor et C. Aubrey Smith dans La Valse dans l’ombre de Mervyn LeRoy.

Autres versions :
1) Waterloo Bridge de James Whale (1931) avec Mae Clarke et Douglass Montgomery (et Bette Davis dans l’un de ses tout premiers rôles, celui de la jeune sœur du héros)
2) Gaby de Curtis Bernhardt (1956) avec Leslie Caron et John Kerr.

10 février 2016

Le Trésor du pendu (1958) de John Sturges

Titre original : « The Law and Jake Wade »

Le Trésor du penduJake Wade fait évader le hors-la-loi Clint Hollister pour s’acquitter d’une vieille dette. Les deux hommes étaient complices autrefois mais, depuis, Jade est passé du bon côté de la Loi, il est même devenu Marshal. Ils se séparent mais Clint retrouve Jade rapidement pour le faire avouer où il a caché le magot d’un ancien forfait… L’histoire de The Law and Jake Wade (le titre français est passablement inapproprié puisqu’il n’y a aucun pendu à l’horizon) peut paraître assez classique, puisqu’il s’agit d’un homme rattrapé par son passé, mais John Sturges en fait un très beau western doté d’une tension quasi-permanente. Beau, il l’est au premier sens du terme par ses décors grandioses (ce sont ceux de la Vallée de l’Owens en Californie) très présents puisque toute l’histoire se déroule lors de la longue chevauchée d’un petit groupe de cavaliers. Robert Taylor est assez monolithique dans son jeu, rendant son personnage impavide certes mais assez distant, ne favorisant guère l’empathie. Face à lui, Richard Widmark est absolument superbe : son personnage est tout à la fois, inquiétant et séduisant, cynique et fascinant, et tout cela sans jamais forcer le trait. Après la beauté des images, la performance de Widmark est le second attrait du film. The Law and Jake Wade fut plutôt maltraité par la critique, assez injustement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert Taylor, Richard Widmark, Patricia Owens, Robert Middleton, Henry Silva
Voir la fiche du film et la filmographie de John Sturges sur le site IMDB.

Voir les autres films de John Sturges chroniqués sur ce blog…

The Law and Jake Wade
Robert Taylor, Patricia Owens et Richard Widmark dans The Law and Jake Wade de John Sturges (tourné dans les Alabama Hills, Californie,  avec en arrière plan les montagnes de la Sierra Nevada)

21 février 2013

Convoi de femmes (1951) de William A. Wellman

Titre original : « Westward the Women »

Convoi de femmesA l’époque des pionniers, en 1851, le propriétaire d’un vaste domaine qui occupe toute une vallée californienne décide d’aller chercher des femmes pour ses cent employés, tous célibataires. Avec un des ses hommes, il va les recruter à Chicago et entreprend de les conduire jusqu’à sa vallée… Westward the Women est un film assez étonnant et à plus d’un titre. D’abord, c’est Frank Capra qui en a écrit le scénario et qui l’aurait lui-même réalisé si la Columbia n’avait mis son veto au projet. Ensuite, l’histoire en elle-même paraît assez incroyable ; elle est pourtant basée sur une histoire vraie. Enfin, le film est étonnant par sa qualité, William Wellman réussissant à faire un film puissant, tout en n’ayant pas de personnage principal vraiment mis en avant et sans aucune recherche du spectaculaire. C’est le groupe de femmes de Westward the Women qui en est le héros, un groupe certes mais dont les individualités qui le forment restent assez marquées. Les scènes fortes qui émaillent le périlleux périple sont nombreuses. Le film est très complet, tour à tour vibrant, enthousiasmant, émouvant, tragique. Comme toujours, le jeu de Robert Taylor est assez sobre et contribue ainsi à l’homogénéité de l’ensemble. Western sans équivalent, Westward the Women est un film admirable.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Robert Taylor, Denise Darcel, Hope Emerson, John McIntire, Julie Bishop
Voir la fiche du film et la filmographie de William A. Wellman sur le site IMDB.

Voir les autres films de William A. Wellman chroniqués sur ce blog…

Remarque :
L’actrice Denise Darcel qui interprète une française émigrée est réellement française. Venue aux Etats-Unis à la Libération après avoir épousé un capitaine de l’armée américaine, elle eut une carrière assez courte à Hollywood, principalement entre 1948 et 1954.

3 septembre 2012

Le Roman de Marguerite Gautier (1936) de George Cukor

Titre original : « Camille »

Le roman de Marguerite GautierDans le Paris de 1847, Marguerite est une courtisane parisienne qui profite de la vie et de ses amants. Une amie lui fait rencontrer le riche et austère baron de Varville qui devient son protecteur mais elle est plus attirée par le jeune Armand Duval qui est éperdument amoureux… George Cukor a fait un beau travail de réécriture en adaptant le roman d’Alexandre Dumas Fils La dame aux camélias. Il sait éviter tout travers trop littéraire et convention mélodramatique pour magnifier davantage l’amour-passion. Et aussi, certainement sous l’influence de Garbo, le personnage de Marguerite Gautier devient bien plus qu’une courtisane frivole : elle analyse sa situation avec clairvoyance, maturité et intelligence. C’est l’une des plus belles interprétations de Greta Garbo qui est tout à la fois : forte et fragile, joyeuse et grave, rayonnante et sombre. Le roman de Marguerite Gautier Et comme l’a souligné George Cukor, chacun de ses mouvements, ses gestes, la façon dont elle déplace, sont empreint d’une grâce infinie(1). Sa voix est elle aussi envoutante, douce, mélodieuse avec toujours cette façon si particulière de traîner légèrement sur certaines syllabes. La mise en scène de Cukor est remarquable que ce soit par les cadrages, le découpage, le rythme global. Autour de Garbo, Robert Taylor est un très bel Armand Duval et tous les seconds rôles montrent beaucoup de nuances. Le roman de Marguerite Gautier est un film qui approche une certaine perfection.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Greta Garbo, Robert Taylor, Lionel Barrymore, Henry Daniell, Rex O’Malley
Voir la fiche du film et la filmographie de George Cukor sur le site IMDB.
Voir les autres films de George Cukor chroniqués sur ce blog…

(1) Cukor a parlé d’une véritable « plastique » des mouvements de Greta Garbo : « Lorsque le personnage de Varville, son protecteur, lui demande de ramasser son éventail, elle le fait dans un mouvement absolument remarquable qui est presque le mouvement chorégraphique d’une Isadora Duncan : en effet, au lieu de s’agenouiller pour récupérer l’objet, elle se penche sur le côté avec une élégance naturelle extraordinaire. »

Principales autres adaptations :
Camille de J. Gordon Edwards (1917) avec Theda Bara
Camille de Ray C. Smallwood (1921) avec Alla Nazimova et Rudolph Valentino
Arme Violetta de Paul L. Stein (1921) avec Pola Negri
Camille de Fred Niblo (1926) avec Norma Talmadge
La dame aux camélias de Fernand Rivers (1934) avec Yvonne Printemps et Pierre Fresnay
La dame aux camélias de Mauro Bolognini (1981) avec Isabelle Huppert

11 août 2011

Sur la trace du crime (1954) de Roy Rowland

Titre original : « Rogue cop »

Sur la trace du crimeUn policier corrompu tente de convaincre son frère policier d’accepter un pot de vin. Il agit ainsi sur ordre d’un truand qui n’hésite pas à tuer. Il espère ainsi pouvoir sauver son frère… Ce film noir a beau avoir été tourné très rapidement, il n’en est pas moins très bien fait et d’un bon classicisme. Sur la trace du crime est assez direct et efficace, les rapports entre les personnages sont dénués de toute dimension romanesque. Il est aussi un peu désillusionné quant à la capacité de la police à contrer la pègre. L’histoire est particulièrement solide, elle est aussi très prenante bien qu’il soit difficile de s’identifier au héros du film. Les seconds rôles ne manquent pas d’attraits, ils sont bien définis et même parfois originaux. Même s’il se situe quelque peu en deçà,  Sur la trace du crime est dans la veine des meilleurs films noirs des années cinquante.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Taylor, Janet Leigh, George Raft, Steve Forrest, Anne Francis
Voir la fiche du film et la filmographie de Roy Rowland sur le site IMDB.

Remarques :
Sur la trace du crime est adapté d’un roman de William P. McGivern dont plusieurs histoires ont été portées au grand écran. L’année précédente, c’était ainsi le cas pour Big Heat de Fritz Lang. Les deux histoires comportent d’ailleurs quelques points communs tout en étant bien différentes. A noter que dans les deux cas, c’est le même scénariste qui a écrit l’adaptation : Sydney Boehm.

28 mai 2010

Lame de fond (1946) de Vincente Minnelli

Titre original : « Undercurrent »

Lame de fondLui :
Alors qu’il n’a encore tourné pratiquement que des comédies musicales, Vincente Minnelli reçoit de son producteur un scénario de drame psychologique assez puissant, basé sur une nouvelle de Thelma Strabel : La fille d’un chercheur universitaire épouse un jeune et élégant industriel célèbre. D’abord mal à l’aise dans le milieu mondain que fréquente son mari, elle se transforme pour être une épouse parfaite. Elle découvre assez rapidement des zones d’ombre dans le passé de son mari qui semblent le hanter… Si Katharine Hepburn est tout à fait dans le style de rôle qui lui va comme un gant, Robert Taylor, plus habitué aux rôles de séducteur, ne semble pas toujours parfaitement à l’aise avec les aspects noirs et inquiétants de son personnage biface. De son côté, le jeune Robert Mitchum fait une belle prestation avec une délicatesse qui ne lui est pas coutumière (très belle scène dans l’écurie). Si le film a certainement plus souffert que profité de ces décalages, on se laisse facilement captiver par cette histoire sombre et intrigante, grâce à un scénario fort et à une atmosphère prenante. Lame de fond est un film qui paraît plutôt sous-estimé. Il ne manque qu’une étincelle supplémentaire pour en faire un grand film.
Note : 4 étoiles

Acteurs: Katharine Hepburn, Robert Taylor, Robert Mitchum
Voir la fiche du film et la filmographie de Vincente Minnelli sur le site IMDB.
Voir les autres films de Vincente Minnelli chroniqués sur ce blog…

Remarques :
1) Une meilleure alchimie entre les acteurs aurait certainement provoqué l’étincelle manquante. Vincente Minnelli raconte dans son autobiographie comment il était lui-même impressionné par Katharine Hepburn qui, de plus, exerçait son humour cinglant et ravageur sur tout le monde. Elle ne s’est pas du tout entendu avec Robert Mitchum (ce n’est guère gênant dans le sens où ils ont peu de scènes en commun, si ce n’est la scène finale : cette rencontre, qui devrait être poignante, est assez plate, il ne se passe rien !)
2) Robert Mitchum, qui venait d’être nominé pour l’oscar du meilleur second rôle, était à ce moment surexploité par David Selznick qui le payait une misère. Vincente Minnelli raconte dans son autobiographie qu’il tournait trois films en même temps : Undercurrent le matin, Desire Me l’après-midi et The Locket le soir…et Minnelli d’ajouter : « pas étonnant que ses yeux cernés soient devenus si célèbres! »