9 février 2016

Viva Zapata! (1952) de Elia Kazan

Viva Zapata!Au Mexique, au tout début du XXe siècle, Emiliano Zapata prend la tête d’une rébellion contre les grands propriétaires terriens qui prennent de force les terres de pauvres paysans. Il s’allie avec le révolutionnaire Madero qui espère renverser le gouvernement… Sur un scénario signé John Steinbeck, Viva Zapata! évoque la figure légendaire du révolutionnaire mexicain, non sous la forme d’un récit précis des évènements mais plutôt comme une réflexion sur le pouvoir et sur la façon de l’exercer. Les scènes d’actions apparaissent ainsi de façon disparate pour mieux mettre en relief ses réflexions intérieures, ses hésitations, ses tiraillements. Steinbeck et Kazan posent ainsi beaucoup de questions sur la morale révolutionnaire, sur la difficulté de garder ses idéaux une fois au pouvoir, sur l’utilité des révolutions mais aussi et surtout sur le pouvoir lui-même : « Un homme fort affaiblit un peuple ; un peuple fort n’a pas besoin d’homme fort » font-ils dire à leur héro. Le film est un peu inégal, très puissant dans certaines scènes, presque ennuyeux dans d’autres (généralement celles avec la femme qu’il courtise et épouse). L’interprétation de Brando est assez appuyée, parfois même un peu trop mais sa forte présence à l’écran donne au personnage toute sa crédibilité. Malgré ses défauts, Viva Zapata! reste un film intéressant par son indéniable dimension philosophique.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Jean Peters, Anthony Quinn, Joseph Wiseman
Voir la fiche du film et la filmographie de Elia Kazan sur le site IMDB.

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Remarques :
* Viva Zapata! est le seul film d’Elia Kazan se déroulant entièrement en dehors des Etats-Unis.
* Le rapprochement a souvent été fait avec les tiraillements d’Elia Kazan qui trahira, peu après, ses amis communistes devant la commission McCarthy. Ce rapprochement paraît d’autant plus justifié que Kazan a décrit le film dans ses mémoires comme son film le plus autobiographique.

Viva Zapata
(de g. à d.) Anthony Quinn, Marlon Brando, Lou Gilbert et Harold Gordon dans Viva Zapata! d’Elia Kazan

24 mars 2015

Bronco Apache (1954) de Robert Aldrich

Titre original : « Apache »

Bronco ApacheA la reddition de Géronimo, de nombreux guerriers Apache sont envoyés de force dans une réserve en Floride. L’un d’entre eux, Massaï, réussit à s’échapper du train et retraverse la moitié des Etats-Unis à pied pour rejoindre les siens. Là, il entreprend de continuer à se battre, seul, contre les Blancs. Il se considère comme étant le dernier Apache vivant… Bronco Apache est le premier western de Robert Aldrich, un western original puisque son histoire nous est racontée selon le point de vue indien. L’histoire montre bien l’impasse dans laquelle les indiens se sont alors retrouvés après avoir perdu tout contrôle sur leur devenir. Le film n’est pas manichéiste pour autant, son héros n’est pas irréprochable : il est d’un individualisme ultime, obstiné et inflexible, mais c’est un personnage doté d’une très grande force de caractère. Il a l’ambition de créer à lui tout seul un nouveau mode de vie pour les Apaches. Burt Lancaster, tous muscles luisant, fait un Apache finalement assez crédible. En plus de l’être par son propos et la réflexion qu’il comporte, Bronco Apache est également remarquable par son rythme, les scènes d’action sont joliment enlevées, réglées au cordeau. La fin en happy end n’est bien entendu pas celle qui avait été écrite. Elle est si irréaliste que l’on a l’impression de basculer dans une autre dimension… mais cela n’enlève rien aux qualités du film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Burt Lancaster, Jean Peters, John McIntire, Charles Bronson, John Dehner
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Bronco Apache
Burt Lancaster (l’Apache Massaï) et Jean Peters (Nalinle, sa squaw) dans Bronco Apache de Robert Aldrich.

Remarques :
* Bronco Apache est adapté d’un roman de Paul Wellman. Le scénario a été écrit par James R. Webb qui signera également celui de Cheyenne Autumn (Les Cheyennes) de John Ford dix ans plus tard.
* Bronco Apache s’inscrit dans la ligne des films montrant le point le vue indien, une ligne ouverte par La flèche brisée (Broken Arrow) de Delmer Daves et La Porte du diable (Devil’s Doorway) d’Anthony Mann, tous deux de 1950.
* Bronco Apache voit l’un des premiers rôles de Charles Bronson (qui s’appelait encore Charles Buchinsky), un tout petit rôle.
* La fin initialement prévue voyait Massaï tué d’une balle dans le dos par Hondo (Charles Bronson), son rival auprès de Nalinle. United Artists a finalement réussi à imposer une fin plus heureuse.

18 octobre 2012

Niagara (1953) de Henry Hathaway

Titre original : « Niagara »

NiagaraUn couple de jeunes mariés arrive dans un petit motel face aux chutes du Niagara. Ils ont pour voisin, Rose, une jeune femme à la sensualité débordante, et son mari George qui semble d’un caractère instable… Niagara est un « film noir en couleurs » : tourné en Technicolor, le film reprend beaucoup des thèmes chers au film noir. Il est surtout connu aujourd’hui comme étant le premier grand rôle de Marilyn Monroe qui, bien que son temps de présence à l’écran ne soit pas très étendu, marque le film et attire tous les regards. Après de nombreux petits rôles, l’actrice développe ici vraiment son personnage de sex-symbol.Niagara Henry Hathaway sait parfaitement mettre en valeur sa sensualité sans aucune vulgarité, utilisant notamment la couleur rouge (robe rouge et  rouge à lèvres outrageusement rouge). Face à elle, Jean Peters, la véritable héroïne à laquelle le spectateur est censé s’identifier, fait un peu pâle figure malgré une excellente prestation. Le jeu de Joseph Cotten est, lui, étonnamment faible et monocorde(1). Hathaway utilise merveilleusement le décor naturel des chutes du Niagara dont la force et la puissance symbolisent les passions et les drames qui ne nouent sous nos yeux.
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marilyn Monroe, Joseph Cotten, Jean Peters, Max Showalter
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(1) Hathaway aurait préféré avoir James Mason mais ce dernier a refusé le rôle pour ne pas contrarier sa fille de six ans qui ne voulait plus le voir mourir dans un film.