17 février 2016

Le Chant du Missouri (1944) de Vincente Minnelli

Titre original : « Meet me in St. Louis »

Le Chant du MissouriEté 1903. Dans la famille Smith, qui réside dans une maison cossue de Saint Louis, l’évènement principal n’est pas la préparation de la grande Exposition universelle mais plutôt le fait que Rose, l’aînée de la famille, attend un coup de fil de son amoureux qui ne s’est pas encore déclaré et que l’arrivée d’un nouveau voisin met la cadette Esther en émoi… La comédie musicale Le Chant du Missouri est le troisième long métrage de Vincente Minnelli, une réalisation qui va le propulser au premier plan. L’histoire est, il faut bien l’avouer, épouvantablement niaise et dotée d’aucun développement. C’est une gentille bluette à la gloire de la famille américaine et prônant le repli sur soi. Mais le talent de Minnelli est plus dans la merveilleuse utilisation des décors et la création (ou la reconstitution) d’une atmosphère ou se mêlent nostalgie et insouciance. On peut même dire que, dans nombre de ses premiers films, Minnelli assume pleinement la mièvrerie pour lui donner un caractère sophistiqué. Même s’il surcharge parfois, il montre là une maitrise et une recherche de la perfection qui rendent ses films visuellement assez beaux et la réussite de scènes chantées emblématiques comme The Trolley Song en témoigne. Le film connut un grand succès, il est toujours très estimé aujourd’hui. L’indigence du scénario pourra toutefois bloquer beaucoup de spectateurs, comme ce fut cette fois (j’avais beaucoup aimé ce film auparavant) mon cas.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Judy Garland, Margaret O’Brien, Mary Astor, Lucille Bremer, Leon Ames, Tom Drake
Voir la fiche du film et la filmographie de Vincente Minnelli sur le site IMDB.

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Meet me in St. Louis
La famille Smith au grand complet : (de g. à d.) Lucille Bremer, Mary Astor, Joan Carroll, Judy Garland, Harry Davenport, Margaret O’Brien et Henry H. Daniels Jr. (ne manque que le père interprété par Leon Ames) dans Le Chant du Missouri de Vincente Minnelli.

3 réflexions sur « Le Chant du Missouri (1944) de Vincente Minnelli »

  1. Une fois de plus, je ne suis pas du tout d’accord avec vous sur ce film qui est la 3e meilleure comedie musicale de la MGM avec « Chantons sous la Pluie » et « Tous en Scene ». Si avec justesse, vous avez note la scene de la chanson « The Trolley Song », qui est une des clefs de voute du film, vous oubliez celle du duo ou Judy Garland chante avec sa soeur dans le film, Lucille Bremer, la chanson titre du film et ou Minelli a tout simplement mis en image le tableau de Renoir, « Jeunes Filles au Piano ».
    Vous avez raison sur l’indigence du scenario mais j’ignore si vous avez grandi dans une famille nombreuse car il depeint tres bien les synergies que l’on peut y trouver. Ce film degage un charme fou et est un veritable delice pour les sens du fait de la mise en scene de Minnelli qui est le premier a avoir mis autant en valeur son interprete principale dans un film. C’est effectivement le premier film qui nous montre une Judy Garland seduisante et seductrice loin de la petite fille mal fagotee mais sachant chanter de ses premiers films. La mise en scene est tellement brillante que Minneli arrive a nous faire croire que Lucille Bremer est une actrice talentueuse et a nous faire oublier que Mary Astor qui joue la mere etait la garce du « Faucon Maltais ». La seule interprete que je n’aime pas et que je trouve insupportable est Margaret O’Brien, elle a meme l’air d’une demeuree mentale dans la chanson finale « Have Yourself a Merry Little Christmas ».
    Malgre l’intrigue qui est tres faible, est-ce que la famille Smith va quitter St Louis pour aller s’installer a New York, Minnelli et ses interpretes ont reussi a transformer cette tranche de vie en une authentique et maginfique tranche de gateau. Je bois ce film comme un merveilleux champagne qui vous enivre legerement a chaque vision.

  2. Ah, merci pour ce commentaire qui permet d’avoir une vision différente sur ce film. Ce qui est amusant, c’est que le personnage de la petite fille (jouée par Margaret O’Brien) m’a semblé le plus intéressant, le plus sensé… même si le fait de mettre des paroles d’adultes dans la bouche d’une fillette est un procédé scénaristique un peu facile…
    Avec nos deux commentaires, on a le pile et le face…

  3. « Toute la mémoire du monde » est le titre bien trouvé du festival de films restaurés présenté chaque année à la cinémathèque où j’ai découvert dans cette édition 2018 un bijou que je ne connaissais absolument pas, ce CHANT du MISSOURI situé à Saint Louis du Missouri, une pépite brillant de tous ses feux retrouvés, un récit, ou plutôt une chronique où il ne se passe rien ou si peu dit-on, qu’importe, le bonheur que procure cette vision est assez merveilleux. C’est un film tourné intégralement en studio, intérieurs comme extérieurs, sorti en 1943 (première à Saint Louis en novembre) dans cette période de drame de fin de guerre où beaucoup de familles sont séparées, et qui se situe dans l’Amérique insouciante de 1903, quarante ans auparavant, et qu’on reçoit avec notre regard de 2018, soit trois niveaux de poupées russes qui s’emboitent.
    On y parle, chante, danse, vit, espère dans le refuge douillet et chaleureux du cocon familial américain de cette petite bourgeoisie. Il y a les grands parents, les parents, les enfants – l’enfance occupe une grande place dans le film – la domestique, le chien, les voisins, une certaine douceur de vivre chez ces gens simples. C’est un film magique car dans ces touts petits riens il y a tout, et bien sur le rêve et l’émoi. Cette chronique saisonnière s’achève au printemps 1904 lorsque toute la famille sur son 31 se rend à l’expo universelle de Saint Louis, évènement qui marque toutes les générations de l’époque.
    Le film fut dit-on un phénoménal succès à sa sortie, ce que l’on peut comprendre aisément, le premier qui permit à Vincente Minnelli (seulement son troisième film, et le premier en couleurs) d’accéder à une montée en puissance au sein de la MGM. Par ses choix esthétiques de mise en scène et la façon qu’il a de filmer l’interprétation des acteurs, il s’impose comme un auteur, une signature comme celle d’un peintre de l’image – mais pas que – ce qui n’est pas aisé lorsqu’on est comme un pion dans les rouages contraignants du système d’un grand studio hollywoodiens comme la Metro Goldwyn Mayer qui n’autorise pas facilement une grande liberté. Ici Minnelli filme de sa caméra chorégraphe et amoureuse une Judy Garland de 18 ans déjà célèbre – elle fut enfant star – et l’un comme l’autre y tombent en amour, cela se ressent immédiatement. Minnelli s’attache aux émotions des personnages en jouant sur la lumière, la couleur, les ombres, le mouvement, les contrastes, et les morceaux musicaux s’incorporent sans problème au fil du récit, tous ces éléments allant plutôt à l’encontre des habitudes hollywoodiennes de l’époque pour des films dits « de genres ». La façon dont il filme un moment comme celui du « Trolley song » (un standard) tout en plans serrés rapprochés où toute une foule s’ébroue et chante dans le tramway est époustouflant (Welles s’en souviendra lorsqu’il emploiera la même méthode pour filmer une bataille uniquement avec des gros plans dans Falstaff). Je ne savais pas que certains standards comme « The boy next door » que Garland chantera longtemps dans son répertoire sortaient de ce film.
    Un enchantement que la mise en scène épargne de la mièvrerie, niaiserie, raillerie qui guettent au coin du bois

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