24 août 2016

Cutter’s Way (1981) de Ivan Passer

Titre français parfois utilisé : « La Blessure »

Cutter's WayGigolo à ses heures, Richard Bone est témoin d’un meurtre. Il pense reconnaitre le meurtrier quelques jours plus tard en voyant un riche notable local. Son ami Alex Cutter, que la Guerre du Vietnam a laissé infirme, décide de tout faire pour confondre le meurtrier… Co-scénariste de Milos Forman, Ivan Passer a été l’un des principaux chefs de file de la Nouvelle Vague tchécoslovaque, poussé à l’exil après le Printemps de Prague. Il adapte ici un roman de l’américain Newton Thornburg où l’intrigue policière n’est qu’un prétexte pour traiter du mal-être de l’Amérique des années post-Vietnam. L’idéalisme de la fin des années soixante a laissé la place à une amertume et une défiance confuse mais puissante. L’histoire est ici centrée sur un trio de personnalités très (et même trop) typées : Richard le détaché, un peu lâche aussi, Cutter l’enragé qui en veut à la Terre entière et sa femme Mo, femme désillusionnée et triste, aux rêves brisés. Si l’intention est louable et le propos émaillé de quelques pistes de réflexions intéressantes, il n’en est pas moins un peu confus et s’éternise sur les interrogations à répétition des protagonistes. Finalement, Cutter’s Way nous laisse sur une impression mitigée.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jeff Bridges, John Heard, Lisa Eichhorn
Voir la fiche du film et la filmographie de Ivan Passer sur le site IMDB.

Remarque :
* Le film a été distribué dans les premiers mois sous le titre Cutter and Bone, le même titre que le roman. Ce titre pouvant évoquer une comédie sur les chirurgiens (!), il fut rapidement changé.

Cutter's way
Jeff Bridges dans Cutter’s Way de Ivan Passer.

Cutter's way
Lisa Eichhorn et John Heard dans Cutter’s Way de Ivan Passer.

22 août 2016

Blow Out (1981) de Brian De Palma

Blow OutJack est un ingénieur du son qui travaille pour des films de troisième zone. Lors d’une séance de prises de sons nocturnes, il assiste à un accident de voiture. Il parvient à sauver la jeune passagère mais le conducteur, un politicien en vue, a trouvé la mort. Jack sait, d’après ce qu’il entendu et enregistré, qu’il ne s’agit pas d’un simple accident… Le titre ne laisse aucune équivoque : Blow Out est une transposition de Blow-Up, il est au son ce que le film d’Antonioni était à l’image. Il n’a pas toutefois la même dimension philosophique, le propos étant plus centré sur une intrigue policière à suspense que sur le rapport d’un media à la perception d’une réalité : l’enregistrement n’est ici qu’une trace fidèle de ce que le preneur de son a entendu, il ne participe pas en lui-même à la création de cette perception comme ce pouvait être le cas pour Conversation secrète de Coppola. Prévue de taille modeste, la production a triplé son budget du fait du choix de John Travolta pour le rôle principal. Une fois de plus, De Palma marche dans les traces d’Hitchcock pour mettre en place une tension forte. Il fait preuve d’une belle virtuosité technique de tous les instants (même si elle a tendance à être parfois un peu trop visible). Le film fait preuve d’une étonnante noirceur, notamment dans son dénouement.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Travolta, Nancy Allen, John Lithgow, Dennis Franz
Voir la fiche du film et la filmographie de Brian De Palma sur le site IMDB.

Voir les autres films de Brian De Palma chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Brian De Palma

Blow Out
John Travolta et son micro-canon dans Blow Out de Brian De Palma.

Remarques :
* L’accident évoque fortement l’accident de Chappaquiddick (18 juillet 1969) où la spécialiste de campagne politique Mary Jo Kopechne, âgée de 28 ans, trouva la mort dans une voiture conduite par le sénateur démocrate Ted Kennedy. L’affaire fit scandale et l’image du sénateur en sorti très écornée. Elle a probablement influencé sa décision de ne pas se présenter aux élections présidentielles des États-Unis en 1972 et 1976.

Blow out
John Travolta dans Blow Out de Brian De Palma.

Blow out
Bel exemple de « split-focus » dans Blow Out de Brian De Palma : ce n’est pas un montage mais une technique qui permet d’avoir une mise au point différente sur deux parties de la même image. Le résultat est assez bizarre : les distances sont abolies laissant plutôt une impression d’un homme lilliputien face à un animal géant.

20 août 2016

Franc jeu (1934) de Archie Mayo

Titre original : « Gambling Lady »

Franc jeu« Lady » Lee a la passion du jeu. Comme son père, un joueur qui a préféré se suicider plutôt que de devoir tricher, elle joue toujours honnêtement, même si c’est pour le compte d’un syndicat du jeu peu recommandable. Garry Madison, un jeune homme de la haute société, tombe amoureux d’elle… Sans être vraiment remarquable, Gambling Lady est assez représentatif d’un certain type de productions de la Warner en ce milieu des années trente. Le scénario met en scène une jeune femme moderne, dotée de caractère, qui prend son destin en main. Le scénario n’offre pas de grandes surprises, le récit étant surtout pimenté par le fait qu’il se déroule dans le milieu des jeux illégaux, avec cette toujours surprenante mixité entre le monde des truands et la haute société. L’élément le plus remarquable du film est probablement son tandem d’acteurs : Gambling Lady est le premier film qui réunit Barbara Stanwyck et Joel McCrea qui feront sept films ensemble. Les seconds rôles sont très bien tenus, C. Aubrey Smith et Pat O’Brien en tête. Bien réalisé, Gambling Lady se regarde sans déplaisir mais n’est pas vraiment mémorable.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Barbara Stanwyck, Joel McCrea, Pat O’Brien, Claire Dodd, C. Aubrey Smith
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Remarque :
* Barbara Stanwyck aurait décrit Archie Mayo comme étant « un homme gras et grossier, enclin à pincer les fesses des actrices » (elle l’a attrapé par le bras la première, et probablement la dernière, fois où il a tenté cela sur elle) (lu sur le site TCM).

 

Gambling Lady
Joel McCrea et Barbara Stanwyck dans Gambling Lady de Archie Mayo (image recadrée).

18 août 2016

Absolutely Anything (2015) de Terry Jones

Absolutely AnythingLancée en 1972 pour explorer les confins du système solaire et porter un message pacifique, la sonde Pioneer 10 est capturée par des créatures extraterrestres, représentants d’un groupement de civilisations très avancées. Pour savoir s’il faut détruire la Terre ou pas, ils décident de donner des super pouvoirs à un humain-test et observer s’il les utilise pour faire le bien ou pour faire le mal. Le tirage au sort désigne un professeur célibataire qui vit avec son chien… Ecrit et réalisé par l’ex-Monty Python Terry Jones, Absolutely Anything est une amusante comédie à l’humour très british. Le début a un petit air de Guide du Routard Galactique (de Douglas Adams) pour évoluer ensuite vers un humour nonsense qui joue beaucoup avec le sens des mots : la formulation approximative des vœux entraine souvent des effets inattendus. Simon Pegg est très bien mais le personnage le plus réussi est celui-ci du chien, habilement utilisé et merveilleusement doublé par Robin Williams (qui n’a hélas pu voir la sortie du film, c’est son dernier film). Les seconds rôles manquent sans doute de consistance. Le personnage de l’américain est par exemple loin d’être aussi pittoresque que celui d’Un poisson nommé Wanda même s’il permet le même type d’humour sur le décalage anglais / américain. L’ensemble est tout de même assez réussi même s’il laisse l’impression qu’il aurait pu l’être encore plus. Cela fait du bien de retrouver l’humour Monty Python.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Simon Pegg, Kate Beckinsale, Rob Riggle, Robin Williams
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Absolutely anything
Simon Pegg et Kate Beckinsale dans Absolutely Anything de Terry Jones.

Absolutely anything
Le chien Mojo (prénommé Dennis dans le film) et Simon Pegg dans Absolutely Anything de Terry Jones.

Remarques :
* Le film réunit cinq ex-Monty Python qui font les voix des aliens : John Cleese (le chef), Terry Gilliam (l’alien méchant), Eric Idle (Salubrious Gat), Terry Jones (l’alien scientifique), Michael Palin (le gentil alien) (le sixième Monty Python, Graham Chapman, est décédé en 1989). Terry Jones a déclaré que ce serait certainement la dernière fois qu’ils apparaissent ensemble. Terry Jones fait également une courte apparition (le conducteur de la camionnette qui renverse le vélo de Neil).

* Pour l’idée de départ, Terry Jones dit s’être inspiré de la nouvelle de H.G. Wells L’homme qui pouvait accomplir des miracles. Cette nouvelle a été portée à l’écran par le producteur anglais Alexander Korda en 1936 sous le titre The Man Who Could Work Miracles avec Roland Young.

* Le dernier contact avec Pioneer 10 date de 2003. Une tentative de contact a été faite en 2006. La sonde n’a pas répondu. Elle continue néanmoins sa course qui devrait lui permettre d’atteindre Aldébaran dans deux millions d’années (à noter dans son agenda…)

16 août 2016

If…. (1968) de Lindsay Anderson

If....Dans un collège privé britannique de la fin des années soixante, la discipline est très dure, assise sur un ensemble de pratiques et de traditions. Quatre élèves sont promus au rang de préfets d’éducation et ont toute autorité pour faire respecter la discipline. Mick Travis (Malcolm McDowell), un garçon non conformiste, est jugé par eux comme non conforme à l’esprit de l’institution…
Cofondateur du free cinema anglais avec Karel Reisz et Tony Richardson au début des années 60, Lindsay Anderson signe avec If…. un film-torpille sur le système scolaire anglais. Le film est adapté d’un roman de David Sherwin qui s’est inspiré de son expérience personnelle à la Tonbridge School (Kent). Lindsay Anderson dit avoir également été inspiré par Zéro de conduite de Jean Vigo, notamment dans la construction. Le plus remarquable dans ce film est le glissement progressif de la réalité à une réalité fantasmée où la rébellion du jeune garçon s’exprime de façon de plus en plus démonstrative, pour devenir extrême. Le film a été tourné la même année que Mai 68 et il témoigne de cette époque où le poids des traditions commençait à peser bien lourd sur toute une génération. Le film fut bien entendu très controversé à sa sortie mais reçut la Palme d’Or au festival de Cannes 1969.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Malcolm McDowell, Robert Swann, Arthur Lowe
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If....
David Wood, Richard Warwick et Malcolm McDowell dans If…. de Lindsay Anderson.

Remarques :
* Le titre If…. fait référence à un poème de Kipling (lire dans les commentaires l’explication donnée par un lecteur de ce blog que je remercie). Le livre de Sherwin et Howlett avait pour titre Crusaders (Les Croisés).

* La présence de scènes en noir et blanc n’est pas due à un problème de budget. D’après Malcolm McDowell, les scènes à l’intérieur de l’église, dont la production ne pouvait disposer que pour un temps limité, auraient été tournées en monochrome pour profiter de la lumière naturelle (les pellicules monochromes sont toujours plus sensibles que celles en couleur). Les tests en couleur dans l’église avaient trop de grain et des couleurs changeaient suivant l’angle d’orientation de la caméra. Lindsey Anderson fut intéressé par la façon dont l’irruption d’images en noir et blanc cassait la continuité et il décida d’insérer d’autres scènes en noir et blanc, un peu au hasard, sans logique, afin de désorienter le spectateur afin d’accompagner le glissement progressif de la réalité au rêve.

* L’un des assistants au réalisateur est le jeune Stephen Frears.

* If…. est le premier long métrage pour Malcolm McDowell qui n’avait auparavant fait que de la télévision (on peut omettre une apparition dans le premier long métrage de Ken Loach Pas de larmes pour Joy, 1967, puisque ses scènes furent supprimées). C’est dans If…. que Stanley Kubrick a remarqué l’acteur et le fera connaitre au monde entier avec Orange mécanique (1971).

* La musique si particulière est constituée d’extrait de la Missa Luba, « une version des textes en latin de l’ordinaire de la messe du rite romain utilisant des chants traditionnels congolais » (dixit Wikipedia).

* Lindsay Anderson a repris le personnage de Mick Travis dans deux films ultérieurs :
O Lucky Man ! (Le Meilleur des mondes possible) en 1973
Britannia Hospital en 1982

If....
Le terrible quartet des élèves-préfets de If…. de Lindsay Anderson (au centre : Robert Swann).

14 août 2016

La Planète des tempêtes (1962) de Pavel Klushantsev

Titre original : « Planeta bur »

La Planète des tempêtesSur les trois vaisseaux spatiaux soviétiques partis pour Vénus, seuls deux arrivent à destination. Un premier groupe de deux cosmonautes et un robot tente de se poser mais l’atterrissage se passe mal. Un second groupe de trois cosmonautes se pose pour aller les recueillir. Ces hommes vont devoir affronter divers dangers que cache cette planète inhospitalière… La science-fiction n’est pas vraiment le point fort du cinéma soviétique et c’est ainsi que La Planète des tempêtes est considéré comme étant parmi les meilleurs films de science-fiction soviétique entre Aelita (1924) et Solaris (1972). La seconde originalité du film est de se dérouler sur Vénus, planète rarement explorée, que ce soit dans la littérature ou au cinéma. Bien entendu, regarder La Planète des tempêtes aujourd’hui demande un peu d’indulgence et de se replacer en 1962 pour juger les décors. Les acteurs ont un jeu très raide et l’intrigue est finalement assez limitée mais le film n’en développe pas moins un certain charme. Pavel Klushantsev a habilement utilisé des filtres colorés pour créer une atmosphère extra-terrestre et les décors sont sommes toutes assez soignés. Le robot ressemble étrangement à celui de Planète interdite et le véhicule d’exploration en sustentation paraît un peu poussif (mais finalement étonnamment robuste). La façon dont les personnages se mettent à soliloquer sur des questions scientifiques est une particularité amusante. La Planète des tempêtes est donc une intéressante curiosité.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Vladimir Yemelyanov, Georgi Zhzhyonov, Gennadi Vernov
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Remarques :
* Le film a connu deux réutilisations assez douteuses :
1. En 1965, Roger Corman a acheté le film pour en faire Voyage to the Prehistoric Planet qui reprend la quasi-totalité des scènes avec un doublage approximatif et en y ajoutant quelques scènes avec Basil Rathbone. Le réalisateur est Curtis Harrington sous le pseudonyme John Sebastian.
2. En 1968, Peter Bogdanovich (sous le pseudonyme Derek Thomas) a repris la version de Corman pour faire Voyage to the Planet of Prehistoric Women en ajoutant cette fois des vénusiennes, en l’occurrence Mamie Van Doren et autres jeunes blondes partiellement dévêtues. Là, on touche le fond…

* Pavel Klushantsev n’a réalisé qu’un seul long métrage de fiction. Il a en outre réalisé des documentaires scientifiques dont un sur l’énergie nucléaire en 1956, un sur la conquête de l’espace en 1958, un sur la Lune en 1965, un sur Mars en 1968 et, enfin, un sur l’utilisation des images prises depuis l’espace dans une optique écologique en 1970. On ne pourra donc pas dire que ce fut un homme en retard sur son temps !

La Planète des Tempêtes
Le premier pas de l’homme sur Vénus dans La Planète des tempêtes de Pavel Klushantsev.

la Planète des Tempêtes

12 août 2016

Mon voisin Totoro (1988) de Hayao Miyazaki

Titre original : « Tonari no Totoro »

Mon voisin TotoroDeux fillettes viennent s’installer avec leur père dans une petite maison à la campagne afin de se rapprocher de leur mère soignée dans un hôpital. Proche de la maison, une forêt avec de grands arbres très anciens va être une source de découvertes vraiment étonnantes pour les fillettes… Ecrit et réalisé par Hayao Miyazaki, au début de sa carrière, Mon voisin Totoro est un joli conte qui pourra être autant apprécié par un enfant de cinq ans que par un adulte. Le thème général est l’amour de la famille et l’harmonie avec la nature. Miyazaki réussit à mêler habilement la vie quotidienne avec un monde magique et féérique. La première analogie qui vient à l’esprit est bien entendu avec Alice au pays des merveilles. L’animation est parfaite. Le comportement des fillettes est vraiment très réaliste et les êtres magiques sont très originaux… et particulièrement attachants. De l’ensemble se dégagent une douceur et une harmonie que l’on ne peut trouver dans les productions américaines ; notons qu’il n’y a pas de « méchants ». Autre différence, il n’y a pas ces multiples références et clins d’œil à la culture populaire. A la place, il y a une histoire pleine de vie et de féérie qui nous illumine et nous charme.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
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Remarques :
* Totoro est devenue la mascotte des studios Ghibli et même leur logo.
* Le nom Totoro, donnée par la fillette à son gros ami à poils, est une mauvaise prononciation de sa part du mot « troll » (qui se prononce to-ro-ru en japonais).
* Mon voisin Totoro n’a eu qu’un succès limité à sa sortie au Japon. Il lui a fallu deux années pour vraiment se faire connaitre. Il a connu depuis un succès planétaire.
* L’histoire est en partie autobiographique puisque la mère de Hayao Miyazaki, qui souffrait de la tuberculose, a été longuement hospitalisée quand il était jeune. Le nom de la maladie n’est jamais prononcé dans le film.

Mon voisin Totoro
L’une des scènes de Mon voisin Totoro de Hayao Miyazaki qui évoquent le plus Alice au pays des merveilles.

10 août 2016

La Toile de l’araignée (1955) de Vincente Minnelli

Titre original : « The Cobweb »

La Toile de l'araignéeLe docteur McIver (Richard Widmark) dirige avec passion une clinique psychiatrique sans se rendre compte qu’il délaisse sa femme et ses enfants. Il encourage ses patients à s’autogérer mais une banale histoire de changement de rideaux va créer de multiples foyers de tensions… La Toile de l’araignée est adapté d’un roman très remarqué de William Gibson. C’est un mélodrame très adulte qui entremêle subtilement plusieurs petites histoires où docteurs et patients sont mis sur le même plan, apportant autant de problèmes psychologiques et de situations critiques. Minnelli n’a pas son pareil pour laisser transparaître le mal-être de ses personnages, sans grand éclat ni excès, laissant une grande place à la psychologie. Il a réuni un beau plateau d’acteurs où l’on remarque Richard Widmark dont la richesse de jeu étonne dans un type de rôle assez inhabituel pour lui. Il faut aussi citer la belle prestation du jeune John Kerr. Le seul choix discutable est celui de Charles Boyer qui ne semble guère à l’aise avec son personnage. Minnelli utilise merveilleusement les plans larges du Cinémascope et le Technicolor. Avec La Toile de l’araignée, il signe là un film profond et séduisant par sa maturité. Le film fut un échec à sa sortie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Richard Widmark, Lauren Bacall, Charles Boyer, Gloria Grahame, Lillian Gish, John Kerr
Voir la fiche du film et la filmographie de Vincente Minnelli sur le site IMDB.

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La Toile de l'araignée
Laureen Bacall et Richard Widmark dans La Toile de l’araignée de Vincente Minnelli.

Remarques :
* Le film est souvent rapproché, voire qualifié de prélude à La Vie passionnée de Vincent Van Gogh que Minnelli tournera l’année suivante (avec Kirk Douglas dans le rôle principal).
* Le titre français est souvent déformé en La Toile d’araignée.
* La fin du film diffère de celle du roman, ce dénouement très hollywoodien ayant été jugé plus conforme aux codes de censure. Dans le roman, le docteur reste avec l’autre femme (si vous avez vu le film, vous comprenez certainement de qui il s’agit).
* William Gibson, l’auteur du roman, n’est pas le même William Gibson auteur du Neuromancien.

La Toile de l'araignée
Charles Boyer et Gloria Grahame dans La Toile de l’araignée de Vincente Minnelli.

La Toile de l'araignée
Laureen Bacall et Lillian Gish dans La Toile de l’araignée de Vincente Minnelli.

(Presque) homonymes (mais sans autre rapport que le titre) :
La Toile d’araignée (The Drowning Pool) de Stuart Rosenberg (1975) avec Paul Newman
La Toile d’araignée (Das Spinnennetz), film allemand de Bernhard Wicki (1989) avec Ulrich Mühe

8 août 2016

L’intruse (1935) de Alfred E. Green

Titre original : « Dangerous »

L'intruseDon Bellows est un brillant jeune architecte plein d’avenir. Il rencontre fortuitement une ancienne grande actrice de théâtre, Joyce Heath, dont la performance avait influé sur le cours de sa vie. L’actrice est devenue une paria, on dit d’elle qu’elle porte la poisse, elle traine dans des bars. Ne pouvant supporter de la voir dans une telle déchéance, il l’héberge dans sa maison de campagne… Le scénario de Dangerous n’est sans doute pas franchement remarquable mais le film est rendu assez prenant par l’interprétation très authentique de Bette Davis. L’actrice de 27 ans, alors en pleine ascension, se plaignait déjà auprès de la Warner de ne pas se voir offrir de grands rôles. Pour ce « petit » rôle, elle est néanmoins parvenue à imposer ses vues, par exemple de n’utiliser, dans la première moitié du film, que des vêtements simples et usagés qui la font paraître très ordinaire. Cela va dans le sens d’une plus grande authenticité, au détriment du glamour que le public de l’époque attendait. Bette Davis donne de l’intensité à toutes les scènes où elle apparait, c’est-à-dire presque toutes, sans surjouer. La réalisation d’Alfred Green n’a rien de remarquable. La fin a semble t-il été imposée par le Code Hays.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Bette Davis, Franchot Tone, Margaret Lindsay, Alison Skipworth
Voir la fiche du film et la filmographie de Alfred E. Green sur le site IMDB.

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Bette Davis et Franchot Tone dans Dangerous / L’intruse de Alfred E. Green.

Remarques :
* Dangerous permit à Bette Davis de remporter son premier Oscar. Elle a toujours eu le sentiment qu’elle le devait surtout à sa prestation dans Of Human Bondage (L’Emprise) de John Cromwell l’année précédente. Elle remportera son second Oscar trois ans plus tard avec Jezebel (L’Insoumise) de Williams Wyler. Elle sera par la suite nominée pas moins de huit fois mais sans en remporter un troisième.
* Une liaison s’est nouée entre Bette Davis et Franchot Tone sur le tournage alors que l’acteur était déjà engagé avec Joan Crawford. La haine légendaire entre les deux actrices serait ainsi née.

* Remake :
Singapore Woman de Jean Negulesco (1941) avec Brenda Marshall et David Bruce.

6 août 2016

La Guerre des Rose (1989) de Danny DeVito

Titre original : « The War of the Roses »

La Guerre des RoseBarbara et Oliver Rose forment un couple aisé et apparemment heureux. Ils décident pourtant de se séparer après presque vingt ans de mariage. Le divorce s’annonce difficile car aucun des deux ne veut quitter la luxueuse maison qu’ils ont ensemble achetée… Basé sur un roman de Warren Adler et réalisé par Danny DeVito, La Guerre des Rose est une comédie d’humour noir sur les charmes du divorce « à l’amiable ». La mise en place est interminable mais lorsque les rapports entre les deux ex-tourtereaux tournent à la bataille rangée, l’humour fonctionne bien sur la surenchère : deux êtres, jusque là sensés, vont perdre tout sens de la mesure, par orgueil et entêtement, au mépris de toute intelligence. La morale, donnée par le conteur Danny DeVito, est de réfléchir à deux fois avant de se précipiter dans un divorce, par définition toujours douloureux. Kathleen Turner fait de montre de charme et de pugnacité, Michael Douglas personnifie une fois de plus un yuppie (c’est un brillant avocat d’affaires), Danny DeVito joue au sage. L’ensemble est amusant, du moins dans la seconde moitié du film. J’avais beaucoup plus apprécié le film à sa sortie, le propos est sans doute moins nouveau aujourd’hui. Il faut noter qu’il est assez rare de voir un film à l’humour si noir produit par une major d’Hollywood.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michael Douglas, Kathleen Turner, Danny DeVito, Marianne Sägebrecht
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Remarque :
* Le titre fait référence à la guerre des Deux-Roses (War of the Roses en anglais) qui désigne la série de guerres civiles qui ont eurent lieu, entre 1455 et 1485, en Angleterre entre la maison royale de Lancaster et la maison royale d’York, deux branches de la famille des Plantagenêts. La dernière partie de cette guerre est illustrée par la pièce de Shakespeare Richard III, porté à l’écran (entre autres) par Laurence Olivier.

War of the Roses
Kathleen Turner et Michael Douglas dans La Guerre des Rose de Danny DeVito.

War of the Roses
Kathleen Turner et Michael Douglas dans La Guerre des Rose de Danny DeVito.