21 janvier 2017

Phase IV (1974) de Saul Bass

Phase IVUn scientifique anglais découvre que certaines colonies de fourmis dans le désert de l’Arizona ont un comportement étrange et construisent des structures inhabituelles. Avec un spécialiste du langage, ils s’enferment dans une bulle-laboratoire à proximité pour observer leur comportement… Saul Bass est surtout connu pour ses très beaux génériques graphiques (Hitchcock, Preminger, etc.) mais il a aussi réalisé un (unique) film assez hors du commun. On pourrait décrire Phase IV comme l’improbable croisement entre Les Oiseaux d’Hitchcock et 2001 de Kubrick. Avec le premier, il partage le thème de l’animal inoffensif qui se retourne contre l’homme ; avec le second, il partage l’idée que l’homme pourrait bien ne pas être la phase ultime de l’évolution. Hormis une influence cosmique juste évoquée et donc la présence d’une intelligence supérieure, le film ne développe aucune explication fumeuse, ni ne cherche à culpabiliser l’homme. Il décrit et illustre un processus. Saul Bass utilise beaucoup les gros plans pour créer des images très graphiques et donne une bonne place aux images de fourmis filmées en macro par le photographe animalier Ken Middleham. Film étrange, parfois maladroit, Phase IV est presque un film expérimental ; la fin prévue initialement prévue par Saul Bass (voir ci-dessous) allait en ce sens. Elle aurait donné une dimension supplémentaire au film.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Nigel Davenport, Michael Murphy, Lynne Frederick
Voir la fiche du film et la filmographie de Saul Bass sur le site IMDB.

Voir les livres sur Saul Bass

Remarques :
* Ken Middleham avait déjà filmé les images d’insectes pour la fiction documentaire The Hellstrom Chronicle (Des insectes et des hommes), écrit par David Seltzer et dirigé par Walon Green en 1971. Ce film partage avec Phase IV l’idée que les insectes nous survivront du fait de leur plus grande adaptabilité.

* De façon assez paradoxale, l’artiste du générique Saul Bass n’a pas fait de générique de début à son propre film. Et même le logo Paramount n’apparaît pas.

* En 2012, une copie de la fin originalement prévue par Saul Bass (et coupée par la Paramount) a été retrouvée. Elle prolonge la scène de fin de quelque 4 minutes, montrant avec beaucoup de lyrisme et de recherches graphiques, le prolongement de l’évolution de l’homme. Assez étonnant. Elle a été projetée dans quelques salles aux Etats-Unis. Elle est visible sur YouTube.

Phase IV

Phase IV

Phase IV
Michael Murphy dans Phase IV de Saul Bass.

Homonyme (sans lien avec le présent film) :
Phase IV (2002), un thriller réalisé par le canadien Bryan Goeres.

19 août 2013

L’homme au bras d’or (1955) de Otto Preminger

Titre original : « The Man with the Golden Arm »

L'homme au bras d'orFrankie revient dans son quartier après un séjour forcé dans un centre de désintoxication. Il est bien décidé à changer de vie : au lieu de continuer à être donneur dans les parties de poker pour deux petits arnaqueurs, il veut maintenant être batteur dans un groupe de jazz. Mais ses anciennes mauvaises fréquentations vont tout faire pour le faire replonger… En adaptant ce roman de Nelson Algren, Otto Preminger dut batailler contre la censure et le film sortit sans le fameux sceau MPAA. L’homme au bras d’or n’incite pourtant pas à s’adonner à la drogue, loin de là, mais son tort selon le Code Hays était d’en parler. Il nous montre en effet, sans fard et sans crainte de choquer, l’enfer de l’addiction et l’incroyable difficulté d’en sortir. Les scènes de sevrage sont marquantes. En cela, il évoque le film de Billy Wilder Le Poison (The Lost Weekend, 1945) qui traitait de l’alcoolisme. Fort bien interprété par Frank Sinatra, L’homme au bras d’or est un film courageux, plutôt difficile et le très grand succès du film à sa sortie n’en que plus remarquable. Le film est également célèbre pour son thème musical créé par Elmer Bernstein, une telle utilisation du jazz n’était alors pas si courante, et pour son admirable générique de début créé par Saul Bass.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Frank Sinatra, Eleanor Parker, Kim Novak, Arnold Stang, Darren McGavin
Voir la fiche du film et la filmographie de Otto Preminger sur le site IMDB.

Voir les autres films de Otto Preminger chroniqués sur ce blog…

Remarque :
Otto Preminger avait déjà eu à batailler contre la censure pour son film La Lune était bleue (The Moon Is Blue, 1953), une comédie dans laquelle figuraient des mots interdits par le Code Hays : virgin, seduce et mistress (soit : vierge, séduire et maitresse). Le film avait également été diffusé sans le sceau MPAA.