22 avril 2016

New York 1997 (1981) de John Carpenter

Titre original : « Escape from New York »

New York 1997Dans un monde situé juste après une troisième guerre mondiale, la ville de New York a été transformée en une gigantesque prison à ciel ouvert où les prisonniers sont livrés à eux-mêmes. Le légendaire fugitif et ancien soldat Snake Plissken a 24 heures pour y retrouver le président des États-Unis qui a été capturé par les détenus après le détournement de son avion… Ecrit dès 1976, dans la foulée du Watergate, par John Carpenter qui eut bien du mal à trouver un financement, New York 1997 est un film de science-fiction, de type post-apocalyptique. Il a toutefois toutes les apparences d’un film d’action. Avec un budget limité, John Carpenter est parvenu à créer un univers très crédible et à donner beaucoup de force et de présence à son anti-héro au bandeau sur l’oeil au point que se développa un culte autour de son personnage. L’ensemble est fort bien ficelé et plaisant, malgré l’absence de profondeur du scénario. Le film a été maintes fois copié, rarement avec bonheur…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kurt Russell, Lee Van Cleef, Ernest Borgnine, Donald Pleasence, Isaac Hayes, Harry Dean Stanton
Voir la fiche du film et la filmographie de John Carpenter sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le film a été tourné à East St. Louis (Illinois), ville qui est sur la rive opposée du Mississippi à St. Louis (Missouri) et qui avait été en partie détruite par un gigantesque incendie en 1976, laissant des quartiers délabrés. La production a obtenu d’y faire couper le courant par périodes. Rappelons qu’en 1980, les images créées par ordinateurs n’étaient pas encore vraiment accessibles, du moins à une production moyenne. Même la vue de New York en wire-frame (fil de fer) dans le cockpit du planeur n’est pas issue d’un ordinateur : c’est une maquette avec du ruban adhésif phosphorescent…
* James Cameron est au générique, crédité pour les effets visuels à base de matte paintings.
* Suite : Los Angeles 2013 (Escape from L.A.) de John Carpenter (1996) avec Kurt Russell, Steve Buscemi et Peter Fonda, film d’un intérêt plus limité.
* Un remake est en préparation à la Fox…

New York 1997
Kurt Russell dans New York 1997 de John Carpenter.

21 avril 2016

Le Prince de New York (1981) de Sidney Lumet

Titre original : « Prince of the City »

Le Prince de New YorkUn policier new-yorkais de la brigade des stups accepte de témoigner dans le cadre d’une enquête sur la corruption à l’intérieur de la police… Huit ans après Serpico, Sidney Lumet replonge à nouveau dans le monde complexe de la police new-yorkaise. Il s’est une fois encore basé sur une histoire vraie, racontée dans un livre de Robert Daley. Le policier de Prince of the City est écartelé entre le remords, la fidélité envers ses partenaires et le sens moral dans un monde où les rapports entre la police et la pègre sont complexes, faits de manoeuvres et de sordides tractations. Il est pris dans un engrenage qui peut lui être fatal. Lumet a tenu à tourner cette histoire sans acteurs connus (c’est le premier grand rôle de Treat Williams) ce qui augmente l’impression d’authenticité. Tous les rôles sont remarquablement bien tenus. Le déroulement du scénario peut paraître un peu chaotique, une succession de scènes qui forment finalement un ensemble très cohérent. Malgré les quelque 2h45, il n’y a aucune longueur. La photographie, volontairement un peu sale et peu éclairée, évoque les films de la nouvelle génération, plus particulièrement Taxi Driver de Scorsese. Finalement, Prince of the City est un film bien plus intense et complexe que ne l’était Serpico.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Treat Williams, Jerry Orbach, Bob Balaban
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Le Prince de New York
Treat Williams dans Le Prince de New York de Sidney Lumet.

Ne pas confondre avec :
Un prince à New York (Coming to America) qui est une comédie de John Landis (1988) avec Eddie Murphy.

5 avril 2016

Les Fantômes du chapelier (1982) de Claude Chabrol

Les fantômes du chapelierDans la ville de Concarneau, aux alentours de 1960, Léon Labbé tient une boutique de chapeaux en face d’un tailleur d’origine arménienne. Intrigué par le comportement de Labbé, le tailleur a fini par comprendre qu’il est certainement l’étrangleur qui sévit depuis quelques semaines en s’attaquant à des femmes… Les Fantômes du chapelier est l’adaptation d’un roman de Georges Simenon qu’il suit de façon très fidèle. Ce n’est pas l’intrigue policière qui forme l’intérêt du film (on sait dès le début qui est le coupable) mais le jeu qui s’installe entre le chapelier sûr de lui malgré sa folie et le timide et effacé tailleur qui ne sait quoi faire de sa découverte. Ce n’est pas le jeu du chat et de la souris mais plutôt la recherche d’une valorisation, qu’obtient le criminel par le regard porté sur lui, un regard qui évolue en complicité. Il joue avec le feu et s’en amuse, mais ne se rend pas compte à quel point il existe par le regard de l’autre. La mise en scène de Chabrol est assez remarquable par sa précision et aussi par l’extraordinaire composition de Michel Serrault qui déploie une impressionnante palette de sentiments, passant de l’un à l’autre avec une rapidité prodigieuse. Et bien entendu, nous retrouvons dans Les Fantômes du chapelier la peinture sociale de la bourgeoisie de province, l’un des thèmes favoris de Chabrol.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Michel Serrault, Charles Aznavour, Monique Chaumette, François Cluzet, Isabelle Sadoyan, Aurore Clément
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Remarques :
* Très visibles en cours de film, deux affiches de cinéma sont un peu contradictoires sur le plan des dates : celle de Carrefour de Curtis Benhardt date de 1938 alors que celle de Ben-Hur de William Wyler date de 1959.

* Simenon a écrit trois versions successives de la même histoire : Le Petit Tailleur et le chapelier (1947), Bénis soient les humbles (1948) et Les Fantômes du chapelier (1949). C’est surtout le dénouement qui change entre les versions. Le film de Chabrol suit la troisième version.

Les fantômes du chapelier
Michel Serrault et Charles Aznavour dans Les fantômes du chapelier de Claude Chabrol.

25 mars 2016

Le Bal (1983) de Ettore Scola

Titre original : Ballando ballando

Le BalUne salle de bal française de 1936 à 1980… Il faut reconnaître une certaine originalité à cette adaptation d’un spectacle du Théâtre du Campagnol : un lieu unique, aucune parole prononcée, un même groupe d’acteurs/danseurs (23) à différentes époques. Hélas, le résultat est loin d’être convaincant. Le premier problème est inhérent au fait de filmer un spectacle de danse : la caméra isole les personnages et casse la vision d’ensemble pour laquelle il est conçu. De plus, le jeu outrancier de certains acteurs (tics, mimiques) se justifie sur une scène mais pas face à une caméra où il devient excessif et oblitère toute capacité à émouvoir et même à peindre des sentiments. Le second problème est l’accumulation de stéréotypes sur les époques montrées et sur les comportements sociaux. Ettore Scola nous a habitués à autre chose qu’une observation sociologique si sommaire. Là encore, ce qui peut faire un spectacle de divertissement sur une scène, peut se révéler très pauvre une fois transposé à l’écran. Finalement, l’humour est encore ce qui fonctionne le mieux même si Scola a parfois la main lourde. On peut comprendre que le film ait surpris et même séduit à sa sortie (3 Césars!) mais, trente ans plus tard, il est plus difficile (à mes yeux du moins) de lui trouver de l’intérêt. Le Bal est en tous cas un film unique dans la filmographie du regretté Ettore Scola.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs:
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Le Bal

22 février 2016

Frantic (1988) de Roman Polanski

FranticUn médecin californien arrive avec sa femme à Paris pour un congrès. Après s’être rendu compte qu’elle s’était trompée de valise à l’aéroport, sa femme disparaît soudainement. Il est rapidement persuadé qu’elle a été enlevée mais peine à se faire prendre au sérieux par la police ou par son ambassade… La base du scénario et sa mise en place sont assez remarquables : un homme en situation périlleuse dans une ville où il ne connaît personne, dans un environnement plutôt hostile. Dès le départ, nous ressentons l’influence d’Hitchcock et, comme pour appuyer cette impression, Polanski place une scène-clé dans une douche. Comme dans les films du maître du suspense, le développement est marqué par une tension croissante que la musique lancinante d’Ennio Morricone vient souligner. Le Paris que Polanski nous montre rappelle celui du Locataire, en plus hostile ; nous somme loin de l’image touristique de la Ville des lumières. Harrison Ford est parfait, le film repose en grande partie sur ses épaules. Polanski a choisi de lui associer une jeune actrice de 19 ans, Emmanuelle Seigner, qui deviendra sa femme l’année suivante.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Harrison Ford, Betty Buckley, Emmanuelle Seigner
Voir la fiche du film et la filmographie de Roman Polanski sur le site IMDB.

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Cameo :
Roman Polanski apparaît très brièvement en chauffeur de taxi (celui qui tend à Harrison Ford ses allumettes en arrivant au Blue Parrot)

Frantic
Harrison Ford et Emmanuelle Seigner dans Frantic de Roman Polanski.

11 février 2016

Honkytonk Man (1982) de Clint Eastwood

Honkytonk ManPendant la Grande Dépression, le chanteur de country Red Stovall reçoit une lettre l’invitant à auditionner au célèbre Grand Ole Opry à Nashville. Gravement malade, atteint de tuberculose, il convainc la mère de son jeune neveu de le laisser l’accompagner dans ce périple… Honkytonk Man est adapté d’un roman de Clancy Carlile, très librement basé sur le personnage du chanteur de country Jimmie Rodgers (1897-1933). Le film a beaucoup surpris à sa sortie car Clint Eastwood, alors largement considéré comme un acteur/réalisateur plutôt réactionnaire, y montrait une sensibilité inattendue. Son intérêt pour les personnalités marginales prend ici une forme bien plus humaine que dans ses films précédents. Il s’applique en outre à faire une reconstitution précise et la photographie est assez belle. Il partage la vedette avec son fils Kyle (qui a ensuite eut une carrière plutôt de musicien de jazz que d’acteur) et a tenu à interpréter lui-même les chansons, ce qui est certes honorable mais enlève à la crédibilité de l’ensemble car sa voix manque tout de même de présence. Le propos est profondément ancré dans la civilisation américaine, la marginalité chère à Eastwood se nourrit comme toujours de profondes racines, et il parsème son récit d’éléments en ce sens (comme cette évocation nostalgique du Land Run). Bien qu’assez inégal dans son déroulement, même un peu ennuyeux par moments, le film est bien entendu beaucoup mieux considéré aujourd’hui qu’à sa sortie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Clint Eastwood, Kyle Eastwood, John McIntire
Voir la fiche du film et la filmographie de Clint Eastwood sur le site IMDB.

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Remarques :
* Lors de la courte scène dans le studio de radio à Tulsa (le meilleur passage, musicalement parlant), Bob Wills (le pape du western-swing) est interprété par Johnny Gimble et parmi les musiciens (les Texas Playboy), on reconnaît Merle Travis, Gordon Terry, Tommy Allsup et le chanteur est Ray Price.
Lors de l’audition au Grand Ole Opry, le chanteur qui précède Clint Eastwood est Porter Wagoner, ceux qui suivent sont Shelly West et David Frizzell. Enfin, le guitariste-chanteur qui prend le relais de Clint Eastwood lors de l’enregistrement du disque à la toute fin est Marty Robbins qui devait décéder quelques semaines plus tard, avant même la sortie du film.

* La course évoquée par le grand-père de Whit est le Land Run de 1889 où plus de 8 000 km2 (soit l’équivalent de 1 à 2 départements français) dans le Territoire de l’Oklahoma, ancien Territoire indien, ont été ouverts à la colonisation. Près de 100 000 colons se sont alignés sur la frontière et un clairon de l’armée à donné le signal de départ d’une course folle. Les villes d’Oklahoma City (aujourd’hui 600 00 habitants) et de Norman (100 000) se sont ainsi créées en une seule journée.
(Cet épisode majeur de la Conquête de l’Ouest a souvent été recréé au cinéma : liste sur IMDB… )

Honkytonk Man
Clint Eastwood et Kyle Eastwood dans Honkytonk Man de Clint Eastwood.

19 janvier 2016

Meurtre au soleil (1982) de Guy Hamilton

Titre original : « Evil Under the Sun »

Meurtre au soleilChargé de retrouver un diamant de grande valeur, Hercule Poirot se retrouve dans un hôtel de luxe sur une île de l’Adriatique. C’est là que séjourne l’actrice Arlena Marshall à qui un milliardaire avait donné le bijou… Librement adapté par Anthony Shaffer du roman Evil Under the Sun, Meurtre au soleil permet de se replonger dans l’atmosphère si séduisante des histoires d’Agatha Christie. Et, comme souvent dans les productions anglaises, la qualité de l’interprétation y est excellente. Hélas, l’histoire semble avoir pâti de cette réécriture totale. La mise en place est interminable, le meurtre promis n’apparaissant qu’à la moitié du film, et lorsque l’on connait le fin mot de l’histoire, celle-ci paraît totalement improbable. Peter Ustinov appuie fortement le côté débonnaire de son personnage, Diana Riggs (ici dans l’une de ses rares apparitions au cinéma) est assez éblouissante dans son rôle de star égocentriste et Maggie Smith fait également une belle prestation en sémillante hôtelière. Meurtre au soleil est loin d’être aussi convaincant que Mort sur le Nil (1978) auquel il est censé faire suite.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Peter Ustinov, Diana Rigg, Jane Birkin, Nicholas Clay, Maggie Smith, Roddy McDowall, James Mason, Colin Blakely
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Remarque :
* Guy Hamilton est surtout connu pour avoir tourné plusieurs films de la série des James Bond : Goldfinger (1964) et plusieurs autres dans les années 70.
* Le film a été tourné à Majorque.

Meurtre au soleil
Nicholas Clay et Diana Riggs dans Meurtre au soleil de Guy Hamilton

Autre adaptation du même roman :
Agatha Christie’s Poirot – Evil Under the Sun de Brian Farnham (2002) pour la télévision (dans le cadre d’une série).

13 janvier 2016

Les nuits de la pleine lune (1984) de Eric Rohmer

Les nuits de la pleine luneFraîchement sortie d’Arts déco, Louise (Pascale Ogier) vit avec Rémi (Tchéky Karyo) en banlieue. Lui est plutôt casanier et aspire à une vie calme. Elle a envie de sortir et voir du monde. Pour avoir un espace de liberté, Louise décide de retaper un studio en plein Paris où elle travaille et a des relations amicales avec un journaliste, Octave (Fabrice Luchini). Contraint, Remi l’accepte… Les nuits de la pleine lune est le quatrième volet de la série Comédies et Proverbes d’Eric Rohmer. Le cinéaste porte un regard sur une certaine jeunesse des années 80, volage et butineuse en amour. Même s’il s’en défend, il porte aussi un jugement et montre sa désapprobation. Le dicton populaire placé en exergue, « Qui a deux femmes perd son âme, qui a deux maisons perd sa raison », est sans équivoque. Mais il faut dépasser les aspects conformistes et moralisateurs du propos et jouir de la qualité du dialogue et des différents échanges, avec toujours cette connotation littéraire si plaisante. L’image est assez brute, empreinte d’une certaine austérité. Le film est illuminé par la prestation de Pascale Ogier, à la fois forte et fragile, déterminée, un personnage d’une belle complexité.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Pascale Ogier, Tchéky Karyo, Fabrice Luchini
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Remarques :
* C’est Pascale Ogier qui a décoré et meublé le studio de Louise.
* Pascale Ogier est décédée d’une crise cardiaque, deux mois après la sortie du film, quelques semaines après avoir reçu le Prix d’interprétation féminine au festival de Venise pour ce film. L’actrice était âgée de 25 ans.

Les Nuits de la pleine lune
Fabrice Luchini et Pascale Ogier dans Les nuits de la pleine lune d’Eric Rohmer

Les Nuits de la pleine lune
Pascale Ogier et Tchéky Karyo dans Les nuits de la pleine lune d’Eric Rohmer

12 janvier 2016

Furyo (1983) de Nagisa Ôshima

Titre original : « Merry Christmas Mr. Lawrence »

Furyo1942. Sur l’île de Java en Indonésie, un camp de prisonniers anglais est dirigé par un capitaine japonais implacable qui a un sens profond de l’honneur et de la discipline. A ses yeux, les anglais sont des lâches qui ont préféré le déshonneur d’être capturé au suicide. L’arrivée d’un nouveau prisonnier va ébranler ses croyances… Parmi les quelques films dans lesquels David Bowie a tourné en tant qu’acteur, Furyo est sans aucun doute le plus remarquable. Pour cette adaptation d’un roman de Laurens van der Post dont le sujet principal est la différence de culture entre l’Orient et l’Occident, Nagisa Ôshima a choisi deux stars de la musique pour les rôles principaux, l’occidental David Bowie et l’oriental Ryuichi Sakamoto. Les codes stricts et les rituels, la brutalité et le sadisme, créent une atmosphère de tension amplifiée par l’incompréhension entre les deux cultures. Le film n’est pas sans défaut, comme ce flash-back assez lénifiant et une focalisation sur le thème de l’honneur. Les deux rock-stars ont physiquement en commun un certain caractère androgyne. David Bowie a une forte présence à l’écran, trop peut-être, rendant son personnage presque irréel. Quand il est dans le champ, il éclipse tout le monde. Le jeu de Ryuichi Sakamoto (qui n’avait jamais tourné auparavant) est assez mauvais, il l’a lui-même reconnu ; en revanche, la musique qu’il a composée pour le film est une pure merveille, devenue rapidement un succès planétaire. Malgré ses imperfections, Furyo est un film assez unique en son genre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: David Bowie, Tom Conti, Ryuichi Sakamoto, Takeshi Kitano, Jack Thompson
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La revue l’Avant-Scène Cinéma a consacré un numéro à Furyo, il y a quelques mois.

Remarques :
* David Bowie a rapporté que, autant Nagisa Ôshima dirigeait très précisément les acteurs japonais, autant il laissait les acteurs anglais faire ce qu’ils sentaient devoir faire (pour ne pas influencer leur comportement apparent avec sa culture japonaise).
* Ryuichi Sakamoto aura à nouveau la double casquette d’acteur et de compositeur dans Le Dernier Empereur de Bertolucci (1987).

Furyo
David Bowie et Ryuichi Sakamoto sur le tournage de Furyo de Nagisa Ôshima (photo publicitaire).

28 décembre 2015

La Valse des pantins (1982) de Martin Scorsese

Titre original : « The King of Comedy »

La Valse des pantinsL’apprenti-comique Rupert Pupkin (Robert De Niro) rêve de devenir une star de la télévision, alors qu’il ne s’est encore jamais produit sur scène et vit toujours avec sa mère. Il s’allie avec une fan hystérique pour harceler le présentateur Jerry Langford (Jerry Lewis) qu’il admire au plus haut point afin d’avoir une place dans son show télévisé… La Valse des pantins est une comédie, la seule dans la filmographie de Scorsese, une comédie assez particulière toutefois, qui laisse sourdre un certain malaise en nous. Plus qu’une satire du monde la télévision, il s’agit d’une réflexion sur l’obsession de la célébrité qui se manifeste sous deux formes : pour l’apprenti-comique, la célébrité est l’unique forme de reconnaissance à laquelle il aspire et pour la jeune femme, la célébrité représente un idéal de vie qu’elle veut partager. Parallèlement, Scorsese dépeint une célébrité peu enviable : le personnage interprété par Jerry Lewis est un homme terriblement seul. La fin, un peu étrange, relève sans doute d’une vision très pessimiste (un pessimisme que l’on peut juger justifié avec le recul, hélas). De Niro est absolument parfait dans ce rôle de personnage assez inquiétant, avec ce mélange de suavité et de trouble intérieur, et il faut saluer la prestation de Sandra Bernhard en fan hystérique et incontrôlable. La Valse des pantins est un film plutôt sous-estimé. Bien entendu, le film fut un échec commercial.
Elle: 3 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robert De Niro, Jerry Lewis, Diahnne Abbott, Sandra Bernhard
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Remarques :
* Quand Robert De Niro et Sandra Bernhard se disputent en pleine rue, on peut remarquer Mick Jones, Joe Strummer et Paul Simonon (du groupe The Clash) parmi les passants qui se moquent d’eux.
* Diahnne Abbott et Robert De Niro étaient mari et femme dans la vraie vie au moment du tournage.

King of Comedy
Jerry Lewis et Robert De Niro dans La Valse des pantins de Martin Scorsese

La Valse des Pantins
Sandra Bernhard, l’inquiétante fan hystérique de La Valse des pantins de Martin Scorsese.