8 septembre 2021

La Servante écarlate (1990) de Volker Schlöndorff

Titre original : « The Handmaid’s Tale »

La Servante écarlate (The Handmaid's Tale)États-Unis, fin du XXe siècle. Un mouvement totalitaire dirige le pays et la pollution et les accidents nucléaires ont rendu la plupart des femmes stériles. Les femmes encore fécondes sont placées comme reproductrices auprès des chefs de la nation, les « Commandants ». Kate, qui voulait s’enfuir, est enlevée à sa famille pour servir de reproductrice au Commandant Fred…
Avant d’être décliné en série TV en 2017, le roman dystopique écrit par l’écrivaine canadienne Margaret Atwood avait été porté à l’écran en 1990 par Volker Schlöndorff. Le premier scénario d’adaptation a été écrit par Harold Pinter qui a ensuite déclaré forfait et, peu satisfait du résultat final, a (vainement) tenté de faire retirer son nom du générique. Il faut bien avouer que cette adaptation est bien décevante et ne laisse guère entrevoir les qualités du roman initial. L’ensemble évoque une mauvaise copie de 1984 et la représentation du régime totalitaire ressemble à un pesant catalogue de poncifs. Le budget a visiblement été limité, les véhicules peints à la hâte en noir mat font pitié. La finalité du récit n’est pas évidente, la sensualité paraît avoir été privilégiée.  Il ne semble pas que Volker Schlöndorff se soit vraiment emparé du sujet. Hormis Faye Dunaway et Robert Duvall cantonnés aux seconds rôles, l’interprétation est bien fade : Natasha Richardson (fille de Vanessa Redgrave) manque de présence et ne génère aucune émotion. Le meilleur serait à chercher du côté de la musique, signée Ryūichi Sakamoto.
Elle:
Lui : 1 étoiles

Acteurs: Natasha Richardson, Faye Dunaway, Aidan Quinn, Elizabeth McGovern, Victoria Tennant, Robert Duvall
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La Servante écarlate (The Handmaid's Tale)Faye Dunaway et Natasha Richardson dans La Servante écarlate (The Handmaid’s Tale) de Volker Schlöndorff.

27 janvier 2021

Feu de paille (1972) de Volker Schlöndorff

Titre original : « Strohfeuer »

Feu de paille (Strohfeuer)Elisabeth, 30 ans, vient de divorcer. Pressée de retrouver sa liberté, elle a pris les torts sur elle. Elle cherche à retrouver un poste d’assistante bilingue et se lance dans des activités qu’elle n’a pu faire jusque là et qui l’attirent, comme le chant et la danse…
Margarethe von Trotta a écrit le scénario de Feu de paille avec son mari Volker Schlöndorff en s’inspirant de sa propre vie. Comme son héroïne, elle s’est retrouvée mariée très tôt, trop tôt, et a divorcé avant de rencontrer Volker Schlöndorff. Ses aspirations sont celles d’une génération de femmes de la fin des années soixante et du début des années soixante-dix. Margarethe von Trotta est lucide, elle admet le côté désordonné de ses ambitions d’indépendance que son avocate qualifie de « feu de paille » mais montre bien qu’elles se heurtent aux fondements d’une société profondément patriarcale. La photographie est signée Sven Nykvist (le directeur de la photographie attitré d’Ingmar Bergman). Le film est intéressant de visionner un demi-siècle plus tard pour mieux visualiser ce qui a évolué depuis… et aussi ce qui n’a guère évolué.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Margarethe von Trotta, Friedhelm Ptok, Martin Lüttge
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Feu de paille (Strohfeuer)Margarethe von Trotta et Martin Lüttge dans Feu de paille (Strohfeuer) de Volker Schlöndorff.

18 mai 2016

Mort d’un commis-voyageur (1985) de Volker Schlöndorff

Titre original : « Death of a Salesman »

Mort d'un commis-voyageurReprésentant de commerce, Willy Loman rentre chez lui. A soixante ans, il est fatigué de toutes ces années sur les routes et sa femme lui suggère de demander à son patron un poste plus sédentaire. Willy avait de grands espoirs pour la carrière de son fils Biff mais celui-ci n’a pas encore trouvé sa voie. Il est revenu vivre temporairement chez ses parents. Willy en est mortifié…

Célèbre en son temps et toujours jouée et tenue en haute estime aujourd’hui, la pièce Mort d’un commis-voyageur a été écrite par Arthur Miller en 1949. Elle fut portée une première fois à l’écran en 1951 et Volker Schlöndorff en fit cette nouvelle adaptation pour la télévision américaine CBS quelque trente cinq ans plus tard. Le personnage central en est un homme victime de ses idéaux de réussite sociale, un homme qui se berce d’illusions de réussite facile et d’être devenu « quelqu’un ». Il a transmis son haut niveau d’exigence et son interprétation particulière du rêve américain à ses deux fils mais l’aîné remet en cause le modèle du père à la suite d’un évènement particulier qui lui a ouvert les yeux.

Volker Schlöndorff n’a pas cherché à cacher les origines théâtrales de son film. Il n’a pas non plus cherché à en donner une interprétation personnelle. En grand pratiquant de la Méthode (Actor’s Studio), Dustin Hoffman se régale avec ce genre de rôle qui ouvre la porte à une performance d’acteur. Il a un jeu très riche, il vit son personnage dont les chimères nourrissent d’incessantes explosions verbales, passant de l’exaltation à l’abattement en quelques secondes, paraissant souvent proche de la démence. Face à lui, John Malkovich, ici dans l’un de ses premiers grands rôles, fait une belle prestation, beaucoup plus retenue. Si l’ensemble paraît tout d’abord très séduisant et même fascinant par la profondeur des personnages et la richesse du propos, une certaine lourdeur se fait ensuite quelque peu sentir, notamment du fait du jeu très chargé de Dustin Hoffman. Certes, il s’agit d’un téléfilm et non d’un film mais, venant de Volker Schlöndorff, Mort d’un commis-voyageur ne paraît être qu’une demi-réussite.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Dustin Hoffman, Kate Reid, John Malkovich, Stephen Lang, Charles Durning
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Précédente adaptation :
Mort d’un commis-voyageur (Death of a Salesman )de Laslo Benedek (1951) avec Fredric March.

Mort d'un commis-voyageur
Dustin Hoffman et John Malkovich dans Mort d’un commis-voyageur de Volker Schlöndorff.

13 mai 2016

Diplomatie (2014) de Volker Schlöndorff

DiplomatieLa nuit du 24 au 25 août 1944. Alors que les alliés avancent à grands pas, le sort de Paris est entre les mains du Général Von Choltitz, Gouverneur du Grand Paris, qui se prépare, sur ordre d’Hitler, à faire sauter la capitale. Le consul suédois Nordling parvient à s’introduire auprès de lui pour tenter de le convaincre de ne pas accomplir l’irréparable… Diplomatie est l’adaptation d’une pièce de Cyril Gély qu’André Dussollier et Niels Arestrup ont jouée plus de 200 fois sur les planches. Ils sont donc pleinement dans leurs personnages et savent donner une belle intensité à cette confrontation. La réalisation de Volker Schlöndorff, dont c’est ici le vingt-huitième long métrage, est sobre et juste, elle sait mettre en relief la qualité du texte. L’histoire est une extrapolation de faits réels puisque les deux hommes se sont effectivement rencontrés plusieurs fois mais il s’agissait de négocier un cessez-le-feu et la libération de prisonniers politiques. La réddition de Von Choltitz lors de la Libération de Paris avait déjà été l’objet du roman Paris brûle-t-il ? publié en 1964, adapté au cinéma deux ans plus tard par René Clément.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: André Dussollier, Niels Arestrup
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Remarque :
César de la meilleure adaptation en 2015.

Diplomatie
Niels Arestrup et André Dussollier dans Diplomatie de Volker Schlöndorff.

10 avril 2016

Le Tambour (1979) de Volker Schlöndorff

Titre original : « Die Blechtrommel »

Le TambourDès sa naissance dans la ville de Dantzig dans les années vingt, Oskar est lucide. Il est capable de prendre des décisions. A l’âge de trois ans, il reçoit en cadeau un tambour dont il ne va plus se séparer et, par dégoût envers le monde des adultes, décide de ne plus grandir… Le roman de Günter Grass (prix Nobel de littérature en 1999) avait beau avoir la réputation d’être inadaptable, cela n’a pas arrêté Volker Schlöndorff. L’une des difficultés majeures résidait dans le choix de l’acteur principal et le réalisateur eut beaucoup de chance de trouver David Bennent, fils de l’acteur Heinz Bennent, alors âgé de douze ans et qui souffrait de troubles de croissance. L’histoire est particulièrement riche. La toile de fond est une fresque historique allant de 1924 à 1945, l’histoire de Dantzig, ville écartelée entre l’Allemagne et la Pologne. Cette période est marquée par la montée du nazisme et par l’invasion allemande de 1939 qui fait entrer le monde dans la Seconde Guerre mondiale. Mais l’histoire principale est celle d’un petit garçon qui se refuse au monde des adultes. Il faut dire que sa vie, son existence-même, résulte d’un mensonge, d’un amour rendu impossible par les hommes. Son tambour devient son unique moyen d’expression, il ne communique pas autrement. Pire, il proteste si fort que son cri perçant peut briser le verre. En ce personnage, totalement hors du commun (et totalement fictif bien entendu), coexistent une bouffonnerie proche de la folie et une grande clairvoyance puisqu’il porte un regard sur le monde des adultes bien plus acéré que celui des adultes eux-mêmes. Volker Schlöndorff met tout cela en scène avec brio, une certaine splendeur même. Le Tambour fait partie des films qui marquent, ceux que l’on n’oublie pas.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Mario Adorf, Angela Winkler, David Bennent, Katharina Thalbach, Daniel Olbrychski
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Remarques :
* Palme d’Or à Cannes 1979 (ex-aequo avec Apocalypse Now).
* L’adaptation a été écrite par Volker Schlöndorff, Jean-Claude Carrière et Franz Seitz avec l’accord de l’auteur.
* D’une durée de 2h22 à sa sortie, Le Tambour est visible depuis peu dans une version Director’s Cut comportant environ 20 mn supplémentaires de scènes coupées au montage à la demande du distributeur de l’époque.
* Volker Schlöndorff a renoncé à adapter la partie du livre après 1945 car cela l’aurait obligé de changer d’acteur pour interpréter Oskar.

Le Tambour
David Bennent dans Le Tambour de Volker Schlöndorff.