31 août 2015

Sommaire d’août 2015

Apocalypse NowForrest GumpL'AvventuraPrête à toutDrôle de frimousseBruce tout-puissantLes Contes d'HoffmannLes évadés de la nuit

Apocalypse Now

(1979) de Francis Ford Coppola

Forrest Gump

(1994) de Robert Zemeckis

L’Avventura

(1960) de Michelangelo Antonioni

Prête à tout

(1995) de Gus Van Sant

Drôle de frimousse

(1957) de Stanley Donen

Bruce tout-puissant

(2003) de Tom Shadyac

Les Contes d’Hoffmann

(1951) de Michael Powell et Emeric Pressburger

Les évadés de la nuit

(1960) de Roberto Rossellini

Le Quai des brumesHelp!Quatre garçons dans le ventL'homme qui murmurait à l'oreille des chevauxEt au milieu coule une rivièreConversation secrèteLégendes d'automne

Le Quai des brumes

(1938) de Marcel Carné

Help!

(1965) de Richard Lester

Quatre garçons dans le vent

(1964) de Richard Lester

L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux

(1998) de Robert Redford

Et au milieu coule une rivière

(1992) de Robert Redford

Conversation secrète

(1974) de Francis Ford Coppola

Légendes d’automne

(1994) de Edward Zwick

Nombre de billets : 15

30 août 2015

Apocalypse Now (1979) de Francis Ford Coppola

Apocalypse NowPendant la guerre du Vietnam, le capitaine Willard (Martin Sheen), spécialiste des missions secrètes, a reçu l’ordre d’aller tuer un colonel de sa propre armée (Marlon Brando) devenu incontrôlable et accusé d’assassinat. Pour ce faire, Willard doit remonter un fleuve jusqu’au Cambodge où le colonel s’est retranché entouré d’une centaine de personnes qui le vénèrent comme un dieu… Librement adapté du roman de Joseph Conrad Au coeur des ténèbres, Apocalypse Now est incontestablement le film le plus ambitieux de Francis Ford Coppola et son chef d’oeuvre. Son projet était démesuré sans aucun doute et le tournage au plus profond de la jungle philippine fut interminable et ponctué de catastrophes : typhon, crise cardiaque de Martin Sheen, etc. Mais la vraie démesure est dans ce que Coppola nous fait toucher du doigt, la folie engendrée par la guerre, la folie des hommes. L’avancement de Willard est ponctué de scènes emblématiques où la raison semble absente : l’attaque du village au son de La Chevauchée des Walkyries de Wagner, la séquence hallucinée du striptease de bunnies en pleine jungle, le pont illuminé attaqué dans la nuit noire et le monologue final de Brando dont on ne voit que le visage dans une demi-pénombre. Malgré l’ampleur du projet, le déroulement du scénario reste simple : « It’s a trip » a dit Coppola pour présenter son film à Cannes, jouant sur le double sens de trip (voyage et/ou hallucination sous l’emprise de la drogue). Apocalypse Now fait partie de ces films qui restent à jamais gravés dans nos mémoires.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Marlon Brando, Martin Sheen, Robert Duvall, Frederic Forrest, Laurence Fishburne, Harrison Ford, Dennis Hopper
Voir la fiche du film et la filmographie de Francis Ford Coppola sur le site IMDB.

Voir les autres films de Francis Ford Coppola chroniqués sur ce blog…

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Apocalypse Now
Robert Duvall dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola (« Tu la vois, la vague ? »).

Apocalypse Now
Dennis Hopper et Martin Sheen dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola.

Apocalypse Now
Marlon Brando dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola.

Remarques :
* La version commerciale de 1979 dure 2h33. En 2001 est sortie une version plus longue sous le nom Apocalypse Now Redux ; elle dure 3h12. L’ajout le plus important est une longue séquence se déroulant dans une ancienne plantation française (avec Christian Marquand et Aurore Clément).

* Cameo : on ne peut manquer de remarquer Francis Ford Coppola dans la scène où les soldats atterrissent sur la plage. Il joue le rôle d’un cinéaste des armées criant aux soldats de faire comme si la caméra n’était pas là.

28 août 2015

Forrest Gump (1994) de Robert Zemeckis

Forrest GumpForrest Gump est un homme simple d’esprit qui a inopinément participé à plusieurs épisodes importants de l’histoire des Etats-Unis. Assis sur un banc, il raconte sa vie aux personnes assises à côté de lui… Forrest Gump est ce que l’on appelle aujourd’hui un « feel good movie », c’est-à-dire un de ces films qui remontent le moral à un dépressif en deux temps trois mouvements. Cette histoire d’un homme très simple accomplissant des choses extraordinaires est effectivement amusante, jubilatoire, touchante. Elle porte également en elle toute une collection de valeurs idéologiques américaines (héros ordinaire, seconde chance, succès accessible à tous, etc.) et réinterprète l’Histoire de l’Amérique au travers d’un filtre simplificateur : tout devient ainsi anecdotique. Le film fait également montre d’un certain anti-intellectualisme pour installer une philosophie simpliste : « La vie c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber », ou encore « il faut laisser le passé derrière soi si on veut avancer ». Bien entendu, le prétexte à ces banalités est de dire que tout cela est vu par les yeux d’un simple d’esprit… (1) Du côté de la forme, la réalisation est parfaite, avec en prime de belles prouesses techniques d’intégrations informatiques : la plume de la scène d’ouverture, intégrations de Forrest Gump dans des images d’archives (il serre notamment la main à plusieurs présidents), la balle de ping-pong (2), les jambes de Gary Sinise (3). L’interprétation de Tom Hanks est assez fantastique, l’acteur donne une dimension à son personnage qui rend le film assez plaisant malgré l’idéologie simpliste, que l’on peut certainement qualifier assez réactionnaire, qu’il colporte…
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tom Hanks, Sally Field, Gary Sinise, Robin Wright
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forrest-gump-large
Tom Hanks dans Forrest Gump de Robert Zemeckis

Forrest Gump
Tom Hanks / Forrest Gump avec le (véritable) président John F. Kennedy.

(1) On pourra aussi noter la présence d’une sorte de justice divine qui récompense les simples et qui punit ceux qui ont « fauté »  : l’ex-hippie Jenny aura ainsi une maladie mortelle… ou encore le « maoiste » John Lennon sera assassiné (le passage avec John Lennon est assez bizarre : le gag des paroles d’Imagine est-il une plaisanterie iconoclaste ou les auteurs ont-ils une dent contre lui ? )

(2) Les plans ont été filmés sans la balle qui a été ajoutée ensuite numériquement. A noter que l’opposant de Forrest Gump lors du match est un authentique champion chinois qui a eu toutes les peines du monde à mimer le jeu sans balle.

(3) Les réalisateurs aiment bien glisser des plans en apparence infaisables : si les mollets de Gary Sinise ont été effacés par ordinateur alors comment fait-il (dans la scène avec les prostituées) pour faire demi-tour assis par terre alors qu’il est juste à côté d’une table ? (Réponse : le plan a été tourné sans table qui a été ajoutée ensuite numériquement).

26 août 2015

L’Avventura (1960) de Michelangelo Antonioni

L'AvventuraSur un petit yacht à moteur, un groupe de riches italiens se rendent sur l’île volcanique et déserte de Basiluzzo au nord de la Sicile. Parmi eux, Anna et son fiancé Sandro et son amie Claudia. Anna traverse une phase d’incertitude, elle n’est pas sûre de ses sentiments pour Sandro. Au moment de quitter l’île, le groupe découvre qu’Anna a disparu. Tout le monde se met à sa recherche. Elle demeure introuvable… Après cinq premiers longs métrages plus conventionnels, Antonioni signe son premier film marqué par un ton nouveau et l’empreinte d’un auteur : L’Avventura. Avec La Nuit et L’Eclisse qui suivront les années suivantes, le film marque un tournant dans la filmographie du cinéaste mais aussi dans le cinéma italien, voire dans le cinéma tout court. A l’époque, le film a perturbé car il bouscule certaines conventions sur le déroulement du récit : peu importe ce qui arrivé à Anna, le sujet de L’Avventura est plus ces petits errements qui font notre quotidien (1). Claudia va peu à peu, et non sans culpabilité, prendre la place d’Anna auprès de Sandro : un couple qui se forme, se perd, se reforme, se reperd… Antonioni déplace l’objet du cinéma depuis le récit vers une certaine esthétique de la sensation. Cette approche peut encore dérouter aujourd’hui : beaucoup lui reprochent une certaine lenteur. Personnellement, je ne lui en trouve aucune.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gabriele Ferzetti, Monica Vitti, Lea Massari
Voir la fiche du film et la filmographie de Michelangelo Antonioni sur le site IMDB.

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L'Avventura
Gabriele Ferzetti et Monica Vitti dans L’Avventura de Michelangelo Antonioni

Remarques :
*Après un début de carrière au théâtre, Monica Vitti fait ici vraiment ses débuts au cinéma. L’actrice et son metteur en scène auront une relation qui durera 5 à 6 ans.
* Le tournage des séquences sur l’île a été quelque peu mouvementé : abandonnée par le producteur et par les techniciens en grève, la petite équipe réduite à sept personnes s’est retrouvée isolée sur l’île, se nourrissant de caroubes et de gâteaux moisis sous une pluie battante.

(1) Sur ce point, je ne peux que citer Mathias Sabourdin dans son excellent Dictionnaire du cinéma italien : « Personne mieux qu’Antonioni n’a su témoigner de notre rapport sensible au temps et à l’espace, à cette trame infinie d’objets, de paysages, d’évènements insignifiants, de gestes et de regards qui fait notre quotidien. » (Dictionnaire du cinéma italien, ed. Nouveau Monde 2014, p. 105).

24 août 2015

Prête à tout (1995) de Gus Van Sant

Titre original : « To Die For »

Prête à toutSuzanne Stone est une jeune femme qui sait exactement ce qu’elle veut : être présentatrice de télévision. Elle montre une grande détermination pour atteindre son but, bien décidée à balayer tout ce qui se trouvera en travers de sa route… Adapté d’un roman de Joyce Maynard (lui-même basé sur une histoire vraie), Prête à tout a beau être une oeuvre de commande pour Gus Van Sant, elle ne manque pas d’attraits. Cette comédie noire sur l’arrivisme et le rêve américain est assez surprenante par sa construction : elle a le mérite d’être originale mais le défaut de nous indiquer d’emblée le dénouement. Presque tout le film est un flashback, raconté à la façon d’un reportage-enquête ; certains plans ne feront sens qu’à la fin toutefois. Prête à tout sera un révélateur pour Nicole Kidman qui est particulièrement mise en valeur : l’actrice, qui était auparavant surtout vue comme la femme de Tom Cruise, va à partir de ce film devenir une actrice de premier plan. Extrêmement photogénique, elle a ici une présence à l’écran rare et Gus Van Sant ne se prive pas de la filmer en très gros plan. On remarquera aussi le petit rôle tenu par le réalisateur David Cronenberg (l’homme avec lequel elle a rendez-vous au lac à la fin du film).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Nicole Kidman, Matt Dillon, Joaquin Phoenix, Casey Affleck, Illeana Douglas, Alison Folland
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Prête à tout
Nicole Kidman dans Prête à tout de Gus Van Sant.

 

22 août 2015

Drôle de frimousse (1957) de Stanley Donen

Titre original : « Funny Face »

Drôle de frimousseUn magazine de mode à la recherche de nouvelles tendances à lancer se rend dans une petite librairie poussiéreuse de Greenwich Village pour une séance photo. Le photographe est tout de suite attiré par la jeune vendeuse au point de vouloir en faire le top-modèle vedette du magazine. Ils vont à Paris pour des photos… Cette comédie musicale de Stanley Donen réunit un couple qui peut paraître inattendu. Le quinquagénaire Fred Astaire n’a plus toute sa souplesse mais a de beaux restes tandis que la jeune Audrey Hepburn est loin d’être une danseuse mais sautille joliment et fait montre de beaucoup de charme. Avec ce couple mal assorti, Stanley Donen parvient tout de même à faire une comédie pleine de fraîcheur. Il manie les couleurs avec une certaine élégance et montre une indéniable créativité comme en témoignent ces arrêts sur images pour symboliser les photos prises, procédé largement copié depuis. Sur le fond, le propos est léger et fait une satire aussi bien des milieux superficiels de la mode que des intellectuels présentés comme des membres d’une secte. Une bonne partie du film se déroule à Paris et la palette d’images d’Epinal sur la France est amusante.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Audrey Hepburn, Fred Astaire, Kay Thompson, Michel Auclair
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Funny Face
Audrey Hepburn dans Drôle de frimousse de Stanley Donen

Remarque :
A noter de belles (et assez rares me semble t-il) vues aériennes de Paris (quand ils arrivent par avion de New York). D’ailleurs, si quelqu’un peut m’expliquer ce que sont les grandes zones de couleur face au parvis de Notre-Dame, je lui en serais reconnaissant…

20 août 2015

Bruce tout-puissant (2003) de Tom Shadyac

Titre original : « Bruce Almighty »

Bruce tout-puissantBruce travaille pour une petite chaine de télévision locale à Buffalo, NY. et rêve de présenter le journal télévisé. Hélas, son tempérament fantasque l’en empêche. Il accuse Dieu de le haïr et de ne jamais accéder à ses demandes. Dieu répond et donne à Bruce des pouvoirs illimités… A la base de Bruce tout-puissant, on trouve une question philosophique d’une profondeur assez vertigineuse : Que faire d’un pouvoir divin ? Cette question nous emmène normalement beaucoup plus loin, jusqu’à la recherche d’une définition du Divin. Le film de Tom Shadyac soulève quelques points intéressants : après avoir utilisé ses nouveaux pouvoirs à de fins personnelles limitées (rendre son chien propre, soulever les jupes des filles, ridiculiser son concurrent, etc.), Bruce se heurte ensuite à leur utilisation de façon plus large, la réponse aux prières de ses gens notamment. Hélas, après une mise en place particulièrement longue et laborieuse (on pourra d’ailleurs sauter les vingt premières minutes sans ne rien perdre), le film n’utilise son sujet que pour déboucher sur une banale comédie romantique. Le meilleur finalement est encore du côté de l’humour avec le jeu assez exubérant de Jim Carrey.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Jim Carrey, Morgan Freeman, Jennifer Aniston, Philip Baker Hall, Steve Carell
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Bruce Almighty
Rina Fernandez et le facétieux Jim Carrey dans Bruce tout-puissant de Tom Shadyac.

Remarques :
* Anecdote : le numéro de téléphone donné pour appeler Dieu a dû être changé dans la version vidéo car le numéro initialement donné était en activité dans certains états. Leurs possesseurs ont reçu un déluge d’appels de personnes qui voulaient parler à Dieu…
(Le cinéma a un pouvoir de persuasion vraiment étonnant !)
* Le film a eu une suite : Evan tout-puissant (Evan Almighty) du même Tom Shadyac (2007) avec Steve Carrell et Morgan Freeman.

18 août 2015

Les Contes d’Hoffmann (1951) de Michael Powell et Emeric Pressburger

Titre original : « The Tales of Hoffmann »

Les contes d'HoffmannDans un cabaret, Hoffman raconte à ses amis ses trois amours malheureuses passées : Olympia la poupée animée par l’artisan Coppelius qui la détruisit par cupidité, la courtisane Guilitta à Venise qui voulut lui ravir son âme et Antonia la chanteuse malade qui mourut d’avoir trop chanté, trois visages de l’Eternel Féminin… Adaptation de l’opéra-comique d’Offenbach, Les Contes d’Hoffmann de Michael Powell est bien plus qu’un opéra filmé. Il s’agit d’une belle tentative de s’affranchir de la scène avec ses limitations autant physiques (espace) et visuelles (elle n’offre au spectateur qu’un angle de vue). Après un premier essai avec une belle et longue scène dans Les Chaussons rouges trois ans plus tôt, Powell désire créer un spectacle total par des décors somptueux qui utilisent largement des trompe-l’oeil du plus bel effet et par ses angles de vue parfois audacieux. Le contenu onirique de l’oeuvre permet toutes les audaces et la mise en scène fourmille d’inventions visuelles. Les contes d’Hoffmann est la première tentative totale de métamorphose de l’opéra par le cinéma. Ayant personnellement beaucoup de mal (et c’est un doux euphémisme) à apprécier la musique d’Offenbach, je m’abstiendrai toutefois de mettre une note au film.
Elle:
Lui :

Acteurs: Moira Shearer, Ludmilla Tchérina, Ann Ayars, Pamela Brown
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Les Contes d'Hoffmann

Les Contes d'Hoffmann

Les Contes d'Hoffmann
Les contes d’Hoffmann de Michael Powell et Emeric Pressburger

 

16 août 2015

Les évadés de la nuit (1960) de Roberto Rossellini

Titre original : « Era notte a Roma »

Les évadés de la nuit
Italie, 1943. Trois officiers alliés, un britannique, un américain et un russe, sont recueillis par une jeune femme qui les cache dans son grenier à Rome, alors occupée par les allemands… Quinze ans après Rome ville ouverte, Rossellini revient sur cette époque des derniers mois de la guerre, transition entre le fascisme et la libération de l’Italie. En dehors du sujet, tout semble séparer les deux films et on ne croit guère, du moins pas assez, à cette histoire quelque peu alourdie par des éléments mélodramatiques. Il reste toutefois de nombreuses belles scènes, parfois même assez marquantes, avec un rapprochement intéressant entre les convictions humanistes des ecclésiastiques et celles du mécanicien communiste engagé dans la Résistance.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Leo Genn, Giovanna Ralli, Sergey Bondarchuk, Peter Baldwin, Renato Salvatori
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Les évadés de la nuit
George Petrarca et Giovanna Ralli dans Les évadés de la nuit de Roberto Rossellini

Les évadés de la nuit
Leo Genn, Sergey Bondarchuk et Peter Baldwin dans Les évadés de la nuit de Roberto Rossellini

14 août 2015

Le Quai des brumes (1938) de Marcel Carné

Le Quai des brumesUn soldat déserteur de l’armée coloniale arrive au Havre dans la nuit pour tenter de s’embarquer pour un pays lointain. Dirigé par un vagabond amical vers un bar au milieu d’un terrain vague, il y fait la rencontre du patron qui lui donne à manger, d’un peintre suicidaire et d’une jeune fille triste au regard clair… Avec sa célèbre réplique, Le Quai des brumes fait aujourd’hui partie de ces quelques films qui sont comme statufiés dans l’histoire du cinéma. Il n’en a pas toujours été ainsi : il fut longtemps vilipendé aux deux extrêmes de l’échiquier politique du fait de sa noirceur. Le film est marqué par Prévert qui en a écrit le scénario en se basant sur un roman de Pierre Mac Orlan. Cela ne signifie pas que Carné se soit totalement effacé : on lui doit certainement la symbiose si réussie, ce fameux « réalisme poétique » si spécifique au cinéma français des années trente. Car le réalisme frise ici le fantastique, l’irréel et l’histoire n’est pas le point principal : Le Quai des brumes est un film d’atmosphère qui nous fait basculer dans une poésie noire sans complaisance qui reflète dans une certaine mesure le climat de son époque. Ses personnages sont ou désabusés, à l’image de ce peintre qui peint « les choses qui sont derrière les choses » et bien entendu du soldat Jean, ou des méchants odieux et caricaturaux (la scolopendre Zabel ou la petite frappe Lucien), ou encore des âmes dont la pureté tente de survivre aux souillures de l’environnement (Nelly). L’amour reste aux yeux de Prévert le plus fort, c’est la fleur qui jaillit de cette grisaille. La musique de Maurice Jaubert et la magnifique interprétation contribuent à rendre les personnages inoubliables. C’est pour toutes ces raisons qu’une phrase aussi banale que « T’as de beaux yeux, tu sais » a pu devenir ainsi la réplique la plus célèbre du cinéma français. Le film a été récemment restauré, certains plans ont été réintégrés, ce qui permet de mieux en profiter aujourd’hui. A noter enfin que les décors sont l’oeuvre du grand chef-décorateur Alexandre Trauner.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jean Gabin, Michel Simon, Michèle Morgan, Pierre Brasseur, Édouard Delmont, Raymond Aimos, Robert Le Vigan
Voir la fiche du film et la filmographie de Marcel Carné sur le site IMDB.

Voir les autres films de Marcel Carné chroniqués sur ce blog…

Lire aussi les informations sur la restauration de Quai des brumes sur le site internet de la Cinémathèque française… (avec également de très intéressantes informations sur la production du film : on y apprend par exemple que le film devait initialement être produit par l’UFA).

Voir les livres sur Marcel Carné

Quai des brumes
Jean Gabin et Michèle Morgan dans Le Quai des brumes de Marcel Carné.

Quai des brumes
Michèle Morgan (alors âgée d’à peine 18 ans) et Michel Simon dans Le Quai des brumes de Marcel Carné. En la voyant ainsi, il est difficile de ne pas penser à Greta Garbo (notamment la Garbo d’Anna Christie).