28 août 2015

Forrest Gump (1994) de Robert Zemeckis

Forrest GumpForrest Gump est un homme simple d’esprit qui a inopinément participé à plusieurs épisodes importants de l’histoire des Etats-Unis. Assis sur un banc, il raconte sa vie aux personnes assises à côté de lui… Forrest Gump est ce que l’on appelle aujourd’hui un « feel good movie », c’est-à-dire un de ces films qui remontent le moral à un dépressif en deux temps trois mouvements. Cette histoire d’un homme très simple accomplissant des choses extraordinaires est effectivement amusante, jubilatoire, touchante. Elle porte également en elle toute une collection de valeurs idéologiques américaines (héros ordinaire, seconde chance, succès accessible à tous, etc.) et réinterprète l’Histoire de l’Amérique au travers d’un filtre simplificateur : tout devient ainsi anecdotique. Le film fait également montre d’un certain anti-intellectualisme pour installer une philosophie simpliste : « La vie c’est comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber », ou encore « il faut laisser le passé derrière soi si on veut avancer ». Bien entendu, le prétexte à ces banalités est de dire que tout cela est vu par les yeux d’un simple d’esprit… (1) Du côté de la forme, la réalisation est parfaite, avec en prime de belles prouesses techniques d’intégrations informatiques : la plume de la scène d’ouverture, intégrations de Forrest Gump dans des images d’archives (il serre notamment la main à plusieurs présidents), la balle de ping-pong (2), les jambes de Gary Sinise (3). L’interprétation de Tom Hanks est assez fantastique, l’acteur donne une dimension à son personnage qui rend le film assez plaisant malgré l’idéologie simpliste, que l’on peut certainement qualifier assez réactionnaire, qu’il colporte…
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Tom Hanks, Sally Field, Gary Sinise, Robin Wright
Voir la fiche du film et la filmographie de Robert Zemeckis sur le site IMDB.

Voir les autres films de Robert Zemeckis chroniqués sur ce blog…

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Tom Hanks dans Forrest Gump de Robert Zemeckis

Forrest Gump
Tom Hanks / Forrest Gump avec le (véritable) président John F. Kennedy.

(1) On pourra aussi noter la présence d’une sorte de justice divine qui récompense les simples et qui punit ceux qui ont « fauté »  : l’ex-hippie Jenny aura ainsi une maladie mortelle… ou encore le « maoiste » John Lennon sera assassiné (le passage avec John Lennon est assez bizarre : le gag des paroles d’Imagine est-il une plaisanterie iconoclaste ou les auteurs ont-ils une dent contre lui ? )

(2) Les plans ont été filmés sans la balle qui a été ajoutée ensuite numériquement. A noter que l’opposant de Forrest Gump lors du match est un authentique champion chinois qui a eu toutes les peines du monde à mimer le jeu sans balle.

(3) Les réalisateurs aiment bien glisser des plans en apparence infaisables : si les mollets de Gary Sinise ont été effacés par ordinateur alors comment fait-il (dans la scène avec les prostituées) pour faire demi-tour assis par terre alors qu’il est juste à côté d’une table ? (Réponse : le plan a été tourné sans table qui a été ajoutée ensuite numériquement).

3 réflexions sur « Forrest Gump (1994) de Robert Zemeckis »

  1. J’ai trouvé pour ma part ce film assez nauséabond.

    Vous soulignez tout ce qu’il a de réactionnaire et de surfait, tout en l’aimant : j’avoue être un peu étonné.

    Dès l’ouverture, Zemeckis donne le ton avec la scène qui « suit » le vol d’une plume (sans doute numérique, d’ailleurs). C’est pour moi l’un des plus grossiers archétype du cinéma frimeur. Ce type de scène (incroyablement convenue) est digne d’une mauvaise copie d’un étudiant en cinéma : tape-à-l’œil gratuit, cherchant à donner l’impression d’une virtuosité… alors que c’est la technique qui a tout fait, à partir d’une idée théorique ne demandant aucune qualité de mise en scène (contrairement aux scènes virtuoses imaginées par Welles, Hitchcock, Allen et autres, qui ont utilisé et transcendé les limites physiques de la caméra ; rien de tel ici, ce qui en fait quasiment une insulte à l’invention en matière de mise en scène).

    Et finalement, tout est à l’avenant.

    La publicité (étouffante à l’époque) autour des incrustations était presque ridicule. En quoi le fait d’utiliser (et de le faire savoir !) une technique nouvelle relève-t-il du cinéma ? Le premier film en couleur doit-il être considéré comme un chef-d’œuvre uniquement parce qu’il était en couleur ?

    Bon, y’a des incrustations. Et encore d’autres. Et encore d’autres pour le cas où l’on aurait raté les précédentes. Et encore d’autres histoire d’être bien sûr que tout le monde aura remarqué la technique. Et alors ? Est-ce que ça sert l’histoire ? Absolument pas : c’est l’histoire qui sert le tape-à-l’œil de Zemeckis. C’est l’histoire qui devient délirante d’invraisemblances juste pour « justifier » l’emploi d’incrustations. Beurk.

    Quant au jeu de Tom Hanks, il confirme que jouer un handicapé est la meilleure manière d’obtenir un Oscar : c’est l’un des rôles les plus faciles à jouer, mais ça impressionne, et hop, c’est dans la poche. Pathétique.

    Et encore, je ne parle ici que de cinéma. Je laisse de côté l’idéologie réactionnaire (voire ultra-réactionnaire), dont vous avez un peu parlé — mais qui a achevé de me donner la nausée. Oui, je me souviens être sorti de cette horreur avec un profond malaise : comment un navet aussi grossier sur la forme et sur le fond a-t-il pu obtenir une telle audience, et comment ne pas être barbouillé par les « valeurs » plus que douteuses qu’il nous assène avec insistance ?

  2. Je suis d’accord avec vous sur plusieurs points même si je vous trouve très sévère. A la dernière question (« Comment le film a pu avoir un tel succès ? »), je dirais parce que c’est le type-même du « feel good movie ». Sur l’interprétation de Tom Hanks, je trouve que vous avez la dent dure car ce type de personnage impose de trouver le ton juste, le dosage parfait, et d’exprimer une palette de sentiments large… et, à mon avis, il y parvient.
    Oui, la technique est un concept discutable quand il devient un but principal. Les différentes intégrations sont toutefois ici ponctuées de beaucoup d’humour car, comme vous le dites, l’histoire prend parfois des tours invraisemblables pour les justifier.

  3. J’adore ce film. Je vous le conseil fortement. J’ai eu un devoir à rendre sur ce film quelques questions qui nous permet d’y voir plus clair dans le film.

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