14 février 2021

Jabberwocky (1977) de Terry Gilliam

JabberwockyÀ la mort de son père, le jeune Dennis décide de tenter sa chance en ville dans l’espoir de conquérir le cœur de sa dulcinée, Griselda, restée au village. Pendant ce temps, un horrible monstre surnommé Jabberwocky fait régner la terreur, tuant et anéantissant tout sur son passage. Voyant son royaume menacé, le roi Bruno le Contestable promet la main de sa fille à celui qui terrassera la bête…
Jabberwocky est le premier long métrage que Terry Gilliam réalise seul. Après le grand succès de Monty Python Sacré Graal (1975), Terry Gilliam ressent le besoin de s’évader du format du sketch court et de mettre en scène une histoire complète. John Cleese étant opposé à l’idée que ce soit un film des Monty Python, seul un autre membre de la bande de joyeux drilles est présent de façon importante : Michael Palin. Le reste de la distribution est composé d’humoristes très connus sur la scène anglaise de l’époque comme Max Wall ou John Le Mesurier. L’histoire est inspirée d’un poème de Lewis Carroll qui permet à Terry Gilliam de créer un univers médiéval grouillant de personnages exagérés à outrance, grotesques et souvent difformes. Gilliam dit avoir été inspiré par les peintures de Brueghel et de Bosch, ce qui est effectivement assez net dans certaines scènes. La société décrite est assez oppressante, le peuple étant maintenu dans une très grande pauvreté par quelques notables. Certains commentateurs le présentent ainsi comme une préfiguration du futur Brazil (1985) mais il s’agit ici principalement d’une farce et l’humour fonctionne d’ailleurs à merveille. Le budget fut assez réduit mais Terry Gilliam s’est montré particulièrement inventif et le résultat ne détonne pas dans sa filmographie, loin de là. Le film se revoit avec grand plaisir.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Michael Palin, Harry H. Corbett, John Le Mesurier, Warren Mitchell, Max Wall, Annette Badland
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Remarques :
* Jabberwocky vient d’être restauré en 4K, il est disponible chez Carlotta. L’interview en supplément de Terry Gilliam et Michael Palin est en outre très intéressante.

* Caméo : Terry Gilliam apparaît brièvement, il interprète l’homme qui prend de vulgaires cailloux pour des pierres précieuses.
Terry Jones (autre membre des Monty Python et co-réalisateur de Sacré Graal) interprète le braconnier dans la scène d’ouverture.

* Le Jabberwocky est un des poèmes les plus connus de Lewis Carroll. Le poème figure dans De l’autre côté du miroir (Through the Looking-Glass, and What Alice Found There, 1871). C’est un poème très particulier où Lewis Carroll triture et fusionne les mots. On entend les premiers vers en ouverture du film.
En triturant la langue et les mots, en inventant le mot-valise (qu’il appelle « portmanteau » en référence au mot français « porte-manteau »), Lewis Carroll ouvre une voie nouvelle pour les poètes et la poésie, qu’empruntent ensuite, en France, aussi bien Roussel et Artaud que Leiris, puis Queneau et les oulipiens comme Roubaud, Salon, Fournel ou encore Le Tellier. (Extrait Wikipédia)

JabberwockyMichael Palin dans Jabberwocky de Terry Gilliam.

17 juillet 2017

Las Vegas parano (1998) de Terry Gilliam

Titre original : « Fear and Loathing in Las Vegas »

Las Vegas parano1971. Le journaliste Raoul Duke, accompagné de son avocat, maître Gonzo, se rend à Las Vegas pour couvrir une course de motos, les 400 miles de Las Vegas. Ils ont emmené avec eux toute une panoplie de drogues les plus diverses et le séjour n’est qu’un long trip halluciné dont ils ne sortent jamais… Las Vegas parano est adapté du roman de Hunter S. Thompson, Fear and Loathing in Las Vegas: A Savage Journey to the Heart of the American Dream (Angoisse et dégoût à Las Vegas – une plongée incontrollée au coeur du rêve américain). Terry Gilliam en fait un film aux apparences de chaos permanent, apparences seulement car il est en réalité totalement maitrisé. Le film est aussi doté de beaucoup d’humour. Sa trouvaille de génie pour faire tenir tout cela est d’avoir placé une narration du héros en voix intérieure. Bien évidemment, cela paraît tout de même un peu long et répétitif et on se prend à en chercher le sens. Les deux héros veulent échapper à la réalité de ce début des années soixante-dix, marquée par la Guerre du Vietnam qui est encore loin d’être terminée ; ils veulent retrouver l’essence du « rêve américain » qui les a fait vibrer. Et Las Vegas représente le rêve américain pour beaucoup alors que c’est en réalité le royaume du faux, tout le contraire de ce qu’ils cherchent si confusément. Les prestations de Johnny Depp et de Benicio del Toro sont remarquables. Le film fut un échec commercial à sa sortie mais a gagné du prestige avec les ans. C’est en tous cas un film unique en son genre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Johnny Depp, Benicio Del Toro, Tobey Maguire, Cameron Diaz, Christina Ricci, Ellen Barkin
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Remarques :
* Le véritable Hunter S. Thompson fait une brève apparition dans la scène de flashback du concert de Jefferson Airplane quand Johnny Deep dit se voir plus jeune.
* Avant Terry Gilliam, Martin Scorsese et Oliver Stone avaient tous deux développé un projet d’adaptation du livre de Thompson mais avaient finalement renoncé.

Las vegas Parano
Benicio Del Toro et Johnny Depp dans Las Vegas parano de Terry Gilliam.

Las Vegas parano
Benicio Del Toro, Benjamin A. van der Veen, Cameron Diaz, Craig Bierko et Johnny Depp dans Las Vegas parano de Terry Gilliam.

Las Vegas parano
Christina Ricci et Benicio Del Toro dans Las Vegas parano de Terry Gilliam.

1 avril 2017

Les Aventures du baron de Munchausen (1988) de Terry Gilliam

Titre original : « The Adventures of Baron Munchausen »

Les aventures du baron de MunchausenDans une ville assiégée par les Turcs, une pièce de théâtre conte les aventures du fameux baron de Münchhausen sous l’œil du dirigeant très bureaucrate de la ville. Surgit alors un vieillard affirmant être le vrai baron de Münchhausen. Tous le prennent pour un fou. Seule Sally, fille du directeur de la troupe de théâtre, le prend au sérieux. Il lui raconte… Les Aventures du baron de Munchausen est un sujet qui semble fait pour Terry Gilliam. Ces récits invraisemblables, imaginées en premier par Rudolf Erich Raspe à la fin du XVIIIe siècle, permettent à l’ex-Monty Python de créer un délire narratif et visuel permanent comme il les affectionne. Le fond du propos est une fois de plus de mettre l’accent sur les aspects absurdes de notre société réputée policée et sur l’importance du rêve comme unique moyen d’évasion. Le tournage fut, lui aussi, délirant : éprouvant pour les acteurs, il va finir par coûter deux fois plus cher que prévu. Les décors sont multiples, la figuration importante et les effets nombreux et variés, rien ne semble arrêter Terry Gilliam. Le résultat est une belle fantasmagorie, avec de belles envolées lyriques, même si on peut trouver certaines scènes moins réussies (à mes yeux, l’épisode sur la Lune est le plus faible… malgré toutes ses références littéraires). A la suite d’un changement de direction à la tête du studio, Columbia sabota la sortie américaine et le film fut un échec commercial aux Etats-Unis. Terry Gilliam eut bien des difficultés à obtenir de gros budgets par la suite.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: John Neville, Eric Idle, Sarah Polley, Oliver Reed, Jonathan Pryce, Uma Thurman, Robin Williams
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Les Aventures du baron de Munchausen

Les Aventures du baron de Munchausen
John Neville dans Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam.

Les Aventures du baron de Munchausen
Botticelli n’est pas loin : Uma Thurman en Vénus dans Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam.

Remarques :
* Le tournage eut lieu aux studios Cinecittà de Rome et aux studios Pinewood en Angleterre, les extérieurs étant tournés en Espagne.
* John Neville était alors surtout un acteur de théâtre.
* Les Aventures du baron de Munchausen est le premier rôle joué pour le cinéma par Uma Thurman. En revanche, ce n’est pas le premier pour Sarah Polley (8 ans), future réalisatrice.
* Sting fait une brève apparition en soldat ayant fait preuve de bravoure (Sting était alors voisin de Terry Gilliam et c’est ainsi que serait née l’idée).
* Terry Gilliam fait une brève apparition (le chanteur dans le poisson).
* La présence d’une annonce à la fin sur l’absence de lien avec le film de 1943 est juste une protection juridique : les ayant-droits de ce film prétendaient en effet que le film de Gilliam était un remake.

Autres adaptations :
Les Aventures du baron de Münchausen de Georges Méliès (1911)
Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen de l’allemand de Josef Von Baky (1943) réalisé pour les 25 ans de la UFA à la demande de Goebbels.
Le Baron de Crac de Karel Zeman (1962)
Les fabuleuses aventures du légendaire Baron de Munchausen de Jean Image (1979), dessin animé
Le Secret des Sélénites de Jean Image (1984), dessin animé.
Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam (1988)

23 novembre 2016

Monty Python – Sacré Graal! (1975) de Terry Gilliam et Terry Jones

Titre original : « Monty Python and the Holy Grail »

Monty Python sacré graal!Angleterre, an 932. Le roi Arthur parcourt la campagne pour recruter ses Chevaliers de la Table Ronde et entreprendre la sainte quête du Graal… Les Monty Python ont eut bien du mal à trouver le financement pour faire leur premier long métrage, les producteurs considérant que Terry Gilliam et Terry Jones n’avaient pas l’expérience suffisante. Ce n’est que grâce aux groupes de rock Pink Floyd, Genesis et Led Zeppelin, tous de grands fans, qu’ils parviendront à réunir un budget minimal. Ce manque de moyens va tourner à leur avantage : ne pouvant s’offrir de vrais chevaux, ils contournent le problème en créant le gag des noix de coco, devenu leur gag le plus célèbre (1). Le tournage fut difficile, non seulement à cause du temps écossais humide mais aussi du fait de tensions au sein de l’équipe et de l’alcoolisme de Graham Chapman. Si le film manque un peu de cohésion globale, les saynètes qui le composent reposent sur des idées de gags brillantes, un humour qui fonctionne sur le fameux nonsense britannique (2). Il y eut un travail important de montage (Eric Idle parle de treize projections-tests) pour arriver à un résultat assez unique en son genre et qui reste dans nos esprits. Le succès fut important, notamment aux Etats-Unis où la popularité des Monty Python explosa.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Graham Chapman, John Cleese, Eric Idle, Terry Gilliam, Terry Jones, Michael Palin
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Monty Python Sacré Graal
John Cleese, Graham Chapman et Terry Jones chevauchant leur destrier dans Monty Python sacré graal! de Terry Gilliam et Terry Jones.

Monty Python Sacré Graal
Terry Gilliam et les fameuses noix de coco de Monty Python sacré graal! de Terry Gilliam et Terry Jones (c’est vrai qu’on peut se demander où ils ont trouvé ces noix de coco).

Monty Python Sacré Graal
John Cleese en français grand pourvoyeur d’injures très imagées du haut de ses remparts dans Monty Python sacré graal! de Terry Gilliam et Terry Jones.

(1) En Allemagne, le film est sorti sous le titre Die Ritter der Kokosnuß (= Le Chevalier à la noix de coco).
(2) Le nonsense n’est toutefois pas toujours là où on le pense : par exemple, le lancer de vaches repose sur un épisode historique (ou, plus exactement, une légende) : lors du siège de Carcassonne au VIIIe siècle par Charlemagne, alors qu’ils étaient sur le point de mourir de faim, les assiégés engraissèrent un porcelet avec leurs dernières réserves de blé et le jetèrent sur leurs attaquants pour laisser croire qu’ils avaient de la nourriture en abondance. La ruse fonctionna : Charlemagne leva le siège.

15 octobre 2016

La Vie de Brian (1979) de Terry Jones

Titre original : « Life of Brian »

La Vie de BrianBrian nait un 25 décembre en terre de Galilée. Sa mère est très étonnée de voir arriver trois rois mages. Elle veut les mettre dehors mais se ravise à la vue des cadeaux qu’ils apportent. Ils viendront les lui reprendre sans ménagement quand ils réaliseront qu’ils se sont trompés d’étable… Après l’arrêt de leur série TV Monty Python’s Flying Circus en 1974, les Monty Python se sont lancés dans les longs métrages. La Vie de Brian est le deuxième d’entre eux et le plus homogène, celui où les sketches s’enchainent parfaitement grâce à la présence d’un fil narratif directeur. L’humour est bien celui des Monty Python, pas de déconvenue de ce côté, un humour débridé où le nonsense et le saugrenu tiennent la plus grande part. Tout est de très bon niveau, il n’y a ni faiblesse, ni temps mort. Les six membres de l’équipe tiennent tous les rôles principaux, soit une demi-douzaine chacun. La cible de l’humour n’est pas tant la religion mais plutôt le fanatisme sous toutes ses formes, y compris politique (les groupuscules ne sont pas à la fête), et la bêtise qu’il engendre. Bien que le personnage de Jésus n’apparaisse que quelques secondes (et sans aucune moquerie), le film scandalisa certains spectateurs et fut même parfois interdit.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Graham Chapman, John Cleese, Terry Gilliam, Eric Idle, Terry Jones, Michael Palin
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La Vie de Brian
(De g. à d.) Michael Palin, John Cleese, Graham Chapman, Eric Idle, Terry Gilliam et Terry Jones sur le tournage de La Vie de Brian de Terry Jones.

Remarques :
* L’idée de départ vient d’une boutade : lassé de se voir poser la question par les journalistes « quel sera le titre de votre prochain film ? », Eric Idle a répondu pour les faire taire « Jésus-Christ, Lust of Glory » (« Jésus Christ ou la soif de gloire »). Cela eut l’effet escompté de les calmer mais aussi permit à l’idée de germer. Mais plutôt que de se centrer sur le personnage de Jésus, ils choisirent de se moquer du fanatisme en prenant un personnage né à la même époque.

* La chanson « Always Look on the Bright Side of Life » a été composée par Eric Idle.

* L’un des producteurs n’est autre que l’ex-Beatles George Harrison. Grand fan des Monty Python, il a mis sa maison londonienne en gage pour venir à la rescousse lorsqu’EMI s’est brutalement retiré une semaine avant le début du tournage. La phrase « Bernie, I said, they’ll never make their money back » à la toute fin est une pique destinée à Bernard Delfont qui était alors à la tête d’EMI Ltd.

* La Vie de Brian fut interdit pendant huit ans en Irlande, et pendant un an en Norvège (la publicité en Suède annonça : « un film tellement drôle que les Norvégiens ont dû l’interdire »). Le film ne fut pas distribué en Italie avant 1990, onze ans après sa sortie.

La Vie de Brian
(De g. à d.) Eric Idle, John Cleese, Michael Palin et Sue Jones-Davies complotent au sein du People’s Front of Judea dans La Vie de Brian de Terry Jones. (Anecdote : lorsque Sue Jones-Davies est devenue maire de la ville universitaire de Aberystwyth au Pays de Galles en 2008, l’une de ses premières actions a été de lever l’interdiction de projection de ce film qui durait depuis 30 ans !)

La Vie de Brian
(De g. à d.) John Cleese, Michael Palin et Graham Chapman dans La Vie de Brian de Terry Jones. A noter que Graham Chapman est celui qui a le moins de rôles différents puisqu’il interprète Brian qui est de presque toutes les scènes. A part Brian, il interprète un roi mage et le zozotant Biggus Dickus (ci-dessus).

18 août 2016

Absolutely Anything (2015) de Terry Jones

Absolutely AnythingLancée en 1972 pour explorer les confins du système solaire et porter un message pacifique, la sonde Pioneer 10 est capturée par des créatures extraterrestres, représentants d’un groupement de civilisations très avancées. Pour savoir s’il faut détruire la Terre ou pas, ils décident de donner des super pouvoirs à un humain-test et observer s’il les utilise pour faire le bien ou pour faire le mal. Le tirage au sort désigne un professeur célibataire qui vit avec son chien… Ecrit et réalisé par l’ex-Monty Python Terry Jones, Absolutely Anything est une amusante comédie à l’humour très british. Le début a un petit air de Guide du Routard Galactique (de Douglas Adams) pour évoluer ensuite vers un humour nonsense qui joue beaucoup avec le sens des mots : la formulation approximative des vœux entraine souvent des effets inattendus. Simon Pegg est très bien mais le personnage le plus réussi est celui-ci du chien, habilement utilisé et merveilleusement doublé par Robin Williams (qui n’a hélas pu voir la sortie du film, c’est son dernier film). Les seconds rôles manquent sans doute de consistance. Le personnage de l’américain est par exemple loin d’être aussi pittoresque que celui d’Un poisson nommé Wanda même s’il permet le même type d’humour sur le décalage anglais / américain. L’ensemble est tout de même assez réussi même s’il laisse l’impression qu’il aurait pu l’être encore plus. Cela fait du bien de retrouver l’humour Monty Python.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Simon Pegg, Kate Beckinsale, Rob Riggle, Robin Williams
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Absolutely anything
Simon Pegg et Kate Beckinsale dans Absolutely Anything de Terry Jones.

Absolutely anything
Le chien Mojo (prénommé Dennis dans le film) et Simon Pegg dans Absolutely Anything de Terry Jones.

Remarques :
* Le film réunit cinq ex-Monty Python qui font les voix des aliens : John Cleese (le chef), Terry Gilliam (l’alien méchant), Eric Idle (Salubrious Gat), Terry Jones (l’alien scientifique), Michael Palin (le gentil alien) (le sixième Monty Python, Graham Chapman, est décédé en 1989). Terry Jones a déclaré que ce serait certainement la dernière fois qu’ils apparaissent ensemble. Terry Jones fait également une courte apparition (le conducteur de la camionnette qui renverse le vélo de Neil).

* Pour l’idée de départ, Terry Jones dit s’être inspiré de la nouvelle de H.G. Wells L’homme qui pouvait accomplir des miracles. Cette nouvelle a été portée à l’écran par le producteur anglais Alexander Korda en 1936 sous le titre The Man Who Could Work Miracles avec Roland Young.

* Le dernier contact avec Pioneer 10 date de 2003. Une tentative de contact a été faite en 2006. La sonde n’a pas répondu. Elle continue néanmoins sa course qui devrait lui permettre d’atteindre Aldébaran dans deux millions d’années (à noter dans son agenda…)

20 avril 2015

Le Baron de Crac (1962) de Karel Zeman

Titre original : « Baron Prásil »

Le baron de cracA sa grande surprise, le cosmonaute Tonik rencontre à son arrivée sur la Lune ses illustres prédécesseurs : Impey Barbicane (le personnage de Jules Verne), Cyrano de Bergerac et surtout Le baron de crac (alias Baron de Münchhausen) qui le prend pour un authentique sélénite et décide de l’emmener sur Terre pour lui faire découvrir les merveilles de la civilisation. Ils arrivent à Constantinople où ils délivrent la princesse Bianca retenue prisonnière par le sultan… Karel Zeman est un réalisateur tchèque qui mêle acteurs réels à des décors dessinés ou peints et animés manuellement. Cette technique est parfaitement adaptée aux histoires du célèbre Baron, avec tous leurs éléments fantastiques, oniriques et poétiques. Le film reprend quelques épisodes fameux de ces récits qui, rappelons-le ont connu de multiples variations dans le temps depuis leur première publication à la fin du XVIIIe siècle sous la plume de Rudolf Erich Raspe. Cela donne au final un film totalement à part, aussi magique dans le premier sens du terme que pouvaient l’être les films de Méliès 50 ans auparavant, doté d’un bel humour et très inventif.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Milos Kopecký, Rudolf Jelínek, Jana Brejchová
Voir la fiche du film et la filmographie de Karel Zeman sur le site IMDB.

Le Baron de Crac
Le Baron de Crac de Karel Zeman

Remarques :
* Le Baron de Münchhausen (1720-1793), capitaine de l’armée russe, a bien existé. Il fut surnommé Le Baron de Crac (« Baron du mensonge », de l’expression «raconter des craques») en raison des ses récits extraordinaires : il racontait avoir voyagé sur la Lune, chevauché un boulet de canon, dansé avec Vénus. La première publication de ses récits eut lieu de son vivant, en 1785.

* La technique utilisée par Karel Zeman évoque fortement celle qu’utilisera Terry Gilliam pour ses animations du Monty Python Flying Circus, à la fin des années soixante. Gilliam adaptera d’ailleurs, lui aussi, les aventures du Baron de Münchhausen mais en images réelles. Bien que la filiation soit soulignée par beaucoup, l’influence directe n’est pas évidente car, dans une interview, Terry Gilliam dit avoir découvert le film de Zeman dans les années 80, alors qu’il préparait sa propre adaptation de Münchhausen : « Je me rappelle avoir vu, alors que je préparais Baron Munchausen, un film de Karel Zeman dans le catalogue du British Film Institute. Je me suis dit « Wow, qu’est ce que c’est que ce truc ? » et, après avoir réussi à voir le film, « Wow, c’est génial », parce qu’il avait fait ce que j’ai toujours essayé de faire : combiner une action réelle avec des arrière-plans animés à la Gustave Doré. Le film exprimait parfaitement l’esprit du personnage ». (Terry Gilliam: Interviews, University Press of Mississippi, pp. 132–-133)

Autres adaptations :
Les Aventures du baron de Münchausen de Georges Méliès (1911)
Les Aventures fantastiques du baron Münchhausen de l’allemand de Josef Von Baky (1943) réalisé pour les 25 ans de la UFA à la demande de Goebbels.
Les fabuleuses aventures du légendaire Baron de Munchausen de Jean Image (1979), dessin animé
Le Secret des Sélénites de Jean Image (1984), dessin animé.
Les Aventures du baron de Munchausen de Terry Gilliam (1988)

25 février 2015

Fisher King – Le Roi pêcheur (1991) de Terry Gilliam

Titre original : « The Fisher King »

Fisher King - Le roi pêcheurJack est un animateur de radio populaire pour son franc parler mais très imbu de sa personne. Lorsqu’un déséquilibré prend certains de ses propos désinvoltes comme une incitation à aller tuer sept personnes dans un restaurant, il abandonne tout et se laisse aller. Il rencontre un clochard dans lequel il entrevoit un moyen de se racheter… Pour la première fois, Terry Gilliam n’a pas écrit lui-même le scénario de Fisher King, il est signé par Richard LaGravenese. Le projet était visiblement ambitieux, il est patent que Terry Gilliam désirait réussir à la fois sur le plan artistique et commercial (son film précédent Münchhausen avait été un échec) et mettant sur pied un grand film riche aux connotations fantastiques. Il semble vouloir revisiter le mythe du Graal mais surtout celui de Don Quichotte qui lui permet de nous gratifier de très belles scènes comme celle où il transforme l’immense hall de la Gare centrale de New York en une gigantesque piste de danse. Outre les superbes plans dont Gilliam a le secret (ah, cette plongée vertigineuse sur une limousine noire aux milieu de taxis jaunes), Fisher King est aussi l’occasion de puissantes prestations d’acteur : Robin Williams et Jeff Bridges sont ici dans l’un de leurs meilleurs rôles et on peut en dire autant de Mercedes Ruehl (c’est elle qui gagnera l’Oscar). Le quatrième personnage principal, Lydia (Amanda Plummer), est étonnamment traité comme un personnage de dessin animé, on peut sans doute y voir là certaines intentions commerciales. Elles sont encore plus nettes lors du dénouement, en parfait happy end. Malgré ces petites faiblesses, Fisher King reste un film assez puissant.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Robin Williams, Jeff Bridges, Mercedes Ruehl, Amanda Plummer
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Fisher King
Robin Williams et Jeff Bridges dans Fisher King de Terry Gilliam.

9 juin 2013

Brazil (1985) de Terry Gilliam

BrazilDans une société dominée par une administration oppressante, un jeune employé tente de s’évader de la grisaille de son quotidien par ses rêves où il vole au secours d’une jeune fille. Un jour, il l’aperçoit en chair et en os et cherche à la rencontrer… Brazil est un film hors-normes comme on en voit peu. Terry Gilliam a imaginé et brillamment mis en images un monde kafkaïen où l’administration a enflé de façon démesurée. Bien que le qualificatif ait souvent été donné au film, ce n’est en aucun cas un monde futuriste, il n’y a d’ailleurs aucun objet ou élément futuriste dans le film. En revanche, on peut dire que Brazil brasse les époques ce qui renforce son côté atemporel : que ce soit dans les objets, les décors ou les costumes, il y a un savant mélange des cinquante dernières années. Mention particulière doit être faite des conduits et tuyaux qui, figure allégorique de l’administration, ont enflés pour devenir aussi envahissant que sources de dysfonctionnement. Sam Lowry est un personnage sans ambition qui tente vainement de s’échapper de ce monde : dans ses rêves, la jeune femme représente l’espoir et le samouraï le système. Terry Gilliam ne cherche pas à adoucir son propos avec un happy end, Brazil est un film plutôt sombre. C’est aussi un film extrêmement riche, qu’il faut voir plusieurs fois ; Terry Gilliam donne libre cours à toute sa créativité. L’humour est très présent mais il peut apparaître très soudainement pour s’effacer aussitôt. Brazil est à classer parmi les 5 ou 10 films les plus créatifs de toute l’histoire du cinéma.
Elle: 5 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Jonathan Pryce, Robert De Niro, Katherine Helmond, Ian Holm, Bob Hoskins, Michael Palin, Kim Greist
Voir la fiche du film et la filmographie de Terry Gilliam sur le site IMDB.
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Remarques :
Brazil* A la sortie du film aux Etats-Unis, Terry Gilliam se heurta à Sid Sheinberg, alors à la tête des Studios Universal. Pour ce dernier, le film était trop long, trop compliqué et avait le défaut de mal se terminer. Il fit refaire un montage, une version de 94 minutes (au lieu de 142) désignée sous le nom « Love Conquers all ». Terry Gilliam fut toutefois habile en médiatisant l’affaire et, finalement, Sheinberg renoncera à sortir cette version courte en salles. Elle ne sera montrée qu’à la télévision. Cette version réduite est présente en bonus de l’édition en LaserDisc (coffret) et de certains DVD. Jack Mathews raconte cette bataille dans son livre « The Battle of Brazil » (Crown, 1987)

* Terry Gilliam a choisi le titre Brazil pour son film après avoir vu un homme seul sur une plage, par mauvais temps dans un environnement industriel et poussiéreux, qui écoutait cette chanson. C’était, à ses yeux, le symbole du fort besoin d’évasion de l’homme malgré l’adversité, son désir de rendre son environnement moins gris.

Brazil* A la sortie du film Les Aventures du baron de Munchausen, Terry Gilliam a parlé d’une « trilogie du rêve » formée par Time Bandits (1981), Brazil (1985) et Munchausen (1988). Il est vrai que les trois films utilisent le rêve comme moyen d’évasion et le personnage principal avance en âge. Terry Gilliam a toutefois déclaré par la suite que parler de trilogie était peut-être un peu prétentieux de sa part…

* Lors du premier rêve de Sam, au début du film, la chanson Brazil est interprétée par Kate Bush.

* La scène où Sam découvre le visage du samouraï qu’il vient de tuer et voit son propre visage peut être interprétée de deux manières :
1. Sam est lui-même un membre de l’administration qu’il combat.
2. Gilliam a lancé lors d’une interview qu’il s’agissait d’une simple boutade car « samouraï » en anglais est proche de « Sam or I » ou encore proche en écriture de « Sam-U-R-I » (= Sam, you are I ).

* La voiture conduite par Sam est une Messerschmitt KR 175 (automobile produite entre 1953 et 1964).

* Le scénario a été écrit par Terry Gilliam, Tom Stoppard et Charles McKeown.

* Avec son humour habituel, Terry Gilliam dit s’être inspiré du livre de George Orwell 1984 tout en précisant aussitôt qu’il n’a jamais lu le livre. Le réalisateur dit avoir pendant longtemps désigné son film sous le titre 1984 ½ (clin d’oeil au 8 ½ de Fellini) mais il peut s’agir d’une boutade car les premiers scripts se nomment The Ministry. D’ailleurs, il n’est pas si proche de l’univers de 1984 : Orwell a imaginé (en 1945) une société où une technologie évoluée était au service d’un pouvoir fasciste. Dans Brazil, la technologie n’est en rien évoluée, elle est poussive et la question du régime politique n’est pas directement abordée. C’est l’administration qui a enflé de façon démesurée et, avec elle, ses dysfonctionnements…


Versions principales :
– Version sortie en Europe de 142 mn
– Version sortie aux Etats-Unis de 132 mn
– Version TV « Love Conquers all » de 94 mn.

Regarder la version Love Conquers all  est intéressant car cela permet de mesurer comment le montage peut créer un film assez différent et également de voir le formatage du cinéma hollywoodien en pleine action. Globalement, cette version met au centre du film l’idylle entre Sam et Jill, supprime toutes les scènes de rêve sauf la première et la dernière (qui devient la fin réelle), simplifie beaucoup de choses, enlève tout ce qui est trop subtil. Sam devient un super-héros qui a vaincu l’administration et gagné le coeur de la belle… Happy end.

21 janvier 2013

L’Armée des 12 singes (1995) de Terry Gilliam

Titre original : « 12 monkeys »

L'armée des 12 singesAprès une gigantesque épidémie qui a presque éradiqué toute vie humaine sur Terre, forçant les quelques survivants à vivre en sous-sol, un petit groupe de scientifiques envoie un homme dans le passé dans l’espoir de modifier le présent… L’armée des 12 singes est inspiré du film expérimental de Chris Marker La Jetée. Contrairement à son habitude, Terry Gilliam n’en a pas écrit le scénario (1). Ce n’est pas un remake car le thème du voyage dans le temps est poussé beaucoup loin dans ses paradoxes et la confusion qu’il génère. La filiation de L’armée des 12 singes avec Brazil est manifeste : on retrouve cet environnement néo-baroque où la technologie et la bureaucratie jouent des rôles pernicieux et favorisent l’oppression, les décors inspirés en partie de l’expressionnisme allemand, le caractère déboussolé et impuissant de son personnage principal, une certaine vision cauchemardesque du modernisme. L’interprétation est parfaite, la plus étonnante avec le recul étant sans doute celle de Brad Pitt. Malgré la complexité de son scénario, L’armée des 12 singes fut un succès, le plus grand succès commercial de Terry Gilliam.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Bruce Willis, Madeleine Stowe, Brad Pitt, Christopher Plummer
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Remarques :
* Tout comme La Jetée, le film de Terry Gilliam rend hommage au film Vertigo (Sueurs froides) d’Alfred Hitchcock par l’intermédiaire de la fameuse scène du tronc multi-centenaire. Alors que Chris Marker avait refait cette scène, Terry Gilliam diffuse l’originale quand ses personnages vont dans un cinéma pour se cacher. En outre, dans cette scène, Madeleine Stowe porte le même manteau que Kim Novak.

* Le titre du film vient du roman de Lyman Frank Baum Le Magicien d’Oz où le roi est parvenu à convaincre douze singes de devenir soldats pour lui, en leur promettant de la nourriture à volonté.

* Bien que ce ne soit précisé à aucun moment, le scénario situe les scènes du « futur » en 2035, ce qui est logique vu l’âge du personnage joué par Bruce Willis.

(1) C’est Universal qui a acquis les droits de La Jetée et confié l’écriture du scénario à David Peoples (qui avait travaillé notamment sur Blade Runner).