7 avril 2018

Macbeth (2015) de Justin Kurzel

MacbethEcosse, XIe siècle. De retour d’une dure bataille où ils se sont battus pour leur roi Duncan, Macbeth et son fidèle ami Banquo rencontrent les trois sorcières : elles prédisent à Macbeth qu’il sera roi, et à Banquo qu’il ne sera pas roi mais que ses enfants le seront…
Ce Macbeth version 2015 est un film britannico-franco-américain réalisé par l’australien Justin Kurzel, avec dans les deux rôles principaux un allemand et une française. Il repose sur la louable intention de moderniser la pièce de Shakespeare tout en respectant le texte original. Pour mieux l’insérer dans notre époque actuelle, le producteur Iain Canning dit avoir cherché à mettre en avant « l’importance du collectif et l’existence d’un vaste monde dans lequel évoluent nos personnages », intention qui peut surprendre car Macbeth est avant tout un personnage plein de fureur, ce que Michael Fassbender restitue fort bien. De son côté, Marion Cotillard fait une prestation honorable bien qu’un peu monolithique. L’adaptation ménage des « temps morts » importants, un étirement de scènes sans texte, en premier lieu des batailles et des combats qui finissent par « diluer » la puissance des personnages et du texte. Après une première partie convaincante, la seconde moitié du film s’étire en longueur et finit par paraître interminable. Graphiquement parlant, il y a une indéniable recherche esthétique dans les couleurs et les espaces écossais sont bien exploités : une belle photographie mais quelques effets, tels les ralentis, sont vraiment de trop.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Michael Fassbender, Marion Cotillard, Paddy Considine, David Thewlis, Jack Reynor, Sean Harris
Voir la fiche du film et la filmographie de Justin Kurzel sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Macbeth
Michael Fassbender dans Macbeth de Justin Kurzel.

Remarques :
* Le tournage en extérieurs a eu lieu essentiellement sur l’île de Skye (Ecosse) et le château si remarquablement situé en bord de plage est celui de Bamburgh, au nord-est de l’Angleterre (proche de l’Ecosse).

* Il est difficile de lister les autres adaptations de Macbeth au cinéma (et plus encore à la télévision) tant elles sont nombreuses.
La plus remarquable est sans aucun doute  le Macbeth d’Orson Welles (1948), difficile à égaler (à noter que Laurence Olivier n’a pas tourné « son » Macbeth).
Viennent ensuite le très beau Kumonosu jô (Le Château de l’Araignée) d’Akira Kurosawa (1957) et le remarqué  Macbeth de Roman Polanski (1971) qui a ses adeptes.

Macbeth
Michael Fassbender et Marion Cotillard dans Macbeth de Justin Kurzel.

11 février 2018

Monseigneur (1949) de Roger Richebé

MonseigneurL’historien-archiviste Piétrefond découvre que le serrurier à deux pas de chez lui, Louis Mennechain, porte le nom de l’homme qui aurait participé à l’évasion de Louis XVII en 1795 : certains affirment qu’il aurait fait passer l’enfant royal pour son propre fils. Après recherches, Piétrefond est persuadé que Louis Mennechain est donc le descendant de Louis XIV. Il alerte un groupe de nobles, nostalgiques de la royauté ; cette découverte dépasse leurs plus folles espérances…
Basé sur un roman de Jean Martet, Monseigneur est comédie basée sur « l’énigme du Temple », ces rumeurs qui prétendaient que l’enfant retrouvé mort dans sa geôle en 1795 n’était pas le Dauphin qui avait survécu grâce à une substitution. Roger Richebé en fait un amusant divertissement en jouant sur le décalage entre la nature très simple et modeste du serrurier et le monde de nobles dans lequel il se retrouve propulsé. Il le fait sans exagération, avec une élégante parcimonie et un humour distillé à petites touches. Les royalistes sont ridiculisés mais sans trop de méchanceté. Les dialogues sont de Carlo Rim. Le film doit aussi sa réussite à la belle prestation de Bernard Blier qui montre ici l’étendue de sa palette, toujours très juste dans son interprétation. Depuis une analyse ADN en 2004, on sait aujourd’hui que c’est bien le Dauphin qui est mort dans sa geôle en 1795.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Fernand Ledoux, Bernard Blier, Yves Deniaud, Marion Tourès, Paul Frankeur
Voir la fiche du film et la filmographie de Roger Richebé sur le site IMDB.

Monseigneur
Bernard Blier dans Monseigneur de Roger Richebé.

1 septembre 2017

La Rose et la flèche (1976) de Richard Lester

Titre original : « Robin and Marian »

La Rose et la flècheAprès la mort du roi Richard Cœur de Lion au siège du château de Châlus-Chabrol (près de Limoges), Robin des Bois et son fidèle Petit-Jean rejoignent l’Angleterre. Ils sont heureux de retrouver leur forêt de Sherwood après vingt années de croisade et de batailles. Ils découvrent que Marianne est devenue religieuse. Elle est sur le point d’être expatriée à la suite des démêlés entre le roi et le pape. Robin s’oppose à son arrestation par le shérif de Nottingham… La Rose et la flèche est un très beau film sur la fin d’un personnage légendaire. Il ne faut surtout pas s’attendre à voir un film classique de cape et d’épée. Le film est en réalité assez difficile à décrire. Le ton général est très mélancolique, élégiaque, avec une touche d’humour. On peut y voir en filigrane une réflexion sur les idéaux, l’âge, la constance. Mais le plus remarquable, à mes yeux, est la sensibilité dont fait preuve Richard Lester et aussi la profondeur des deux personnages joués par Sean Connery et Audrey Hepburn. Les deux acteurs font une très belle interprétation, délicate, empreinte d’une grande humanité. Le final est étonnant par la façon dont Lester y place une scène d’amour qu’il semble avoir constamment repoussée. La Rose et la flèche est un film qui mériterait d’être plus connu.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Sean Connery, Audrey Hepburn, Robert Shaw, Richard Harris, Nicol Williamson
Voir la fiche du film et la filmographie de Richard Lester sur le site IMDB.

Voir les autres films de Richard Lester chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Richard Lester a 44 ans au moment du tournage, c’est-à-dire l’âge de ses personnages.
* Audrey Hepburn fait ici son retour sur les écrans après neuf ans d’interruption pour élever ses enfants.

La Rose et la Flèche
Audrey Hepburn et Sean Connery dans La Rose et la flèche de Richard Lester.

29 janvier 2017

Le Petit Roi (1933) de Julien Duvivier

Le Petit roiAu début du XXe siècle, le Royaume de Pannonie, durement gouverné, est au bord de la révolte. Un attentat se prépare contre le jeune roi de 12 ans, un garçon bien trop jeune pour la charge dont il vient d’hériter de son terrible père, mort assassiné. Sans parent, n’ayant pour amie qu’une bienveillante gouvernante, le jeune garçon dépérit sans que les intrigants de la Cour ne s’en inquiètent… Librement adapté d’un roman de l’écrivain-historien d’origine alsacienne André Lichtenberger, Le Petit Roi est resté longtemps introuvable, pour des raisons juridiques semble t-il. Le film se déroule en deux parties, une première partie sombre avec une atmosphère assez lourde, marquée par la claustration du jeune garçon (même son lit ressemble à une cage). C’est cette partie qui est la plus réussie ; elle est heureusement la plus longue. La seconde partie, plus lumineuse et même joyeuse, est bien moins remarquable. Elle utilise des procédés assez conventionnels pour devenir un redoutable tire-larmes. Julien Duvivier retrouve Robert Lynen, le jeune acteur avec lequel il avait tourné sa seconde version de Poil de Carotte l’année précédente. Il fait une belle prestation, exprimant bien le mélange d’innocence et de fatalisme qui caractérise son personnage (on peut mesurer la différence quand il rencontre une fillette qui a un jeu vraiment épouvantable). Le Petit Roi est un film qui mérite d’être découvert.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Robert Lynen, Arlette Marchal, Béatrice Bretty
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Voir les autres films de Julien Duvivier chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Julien Duvivier

Remarques :
* Le roman a été écrit en 1910, donc juste avant la Première Guerre mondiale.
* Le Royaume de Pannonie est bien entendu fictif mais la Pannonie existe bel et bien : c’est une ancienne région de l’Europe centrale qui correspond à l’ouest de la Hongrie actuelle et une partie de l’ex-Yougoslavie. Après avoir été de nombreux siècles sous domination romaine, cette région fut intégrée au nouvellement formé Royaume de Hongrie à la fin du IXe siècle (voir l’article sur Wikipedia). Il n’y a donc jamais eu de « Royaume de Pannonie » à proprement parler, à fortiori au XXe siècle.

Le Petit Roi
Béatrice Bretty et Robert Lynen dans Le Petit roi de Julien Duvivier.

15 décembre 2016

Looking for Richard (1996) de Al Pacino

Looking for RichardSous une forme proche d’un documentaire, Looking for Richard nous plonge dans le processus créatif d’une adaptation moderne de la pièce de Shakespeare Richard III. Avec chewing-gum et casquette à l’envers, le très américain Al Pacino cherche comment rendre la pièce plus accessible à un public large, comment trouver une approche nouvelle de l’œuvre, comment transmettre sa signification. La forme est originale puisqu’elle juxtapose des scènes de répétition ou de réflexion sur les directions à donner avec des scènes de la pièce jouée en costumes dans divers décors, sautant de l’un à l’autre avec vivacité. Globalement, le film suit le déroulement de la pièce. Le travail de montage paraît donc remarquable, surtout lorsque l’on sait que Pacino avait accumulé près de 80 heures de rushes sur quelque trois années (le projet fut fréquemment interrompu du fait des engagements de l’acteur). Accompagné de son metteur en scène Frederic Kimball, Pacino s’est même rendu en Angleterre, interviewé des acteurs anglais et des grands spécialistes de William Shakespeare. L’ensemble est assez intéressant mais on peut se demander si les desseins pédagogiques sont atteints car l’intensité de la pièce n’est pas totalement perceptible du fait de l’inévitable fragmentation. L’interprétation de la pièce est assez appuyée, beaucoup semblant surjouer quelque peu (c’est particulièrement net pour Penelope Allen, la reine). Al Pacino en revanche est souvent splendide en Richard III. Entre autres, la scène où il se déclare à Lady Anne (Winona Ryder) est assez forte. Il ne peut toutefois faire oublier Laurence Olivier…
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Al Pacino, Alec Baldwin, Kevin Spacey, Estelle Parsons, Winona Ryder
Voir la fiche du film et la filmographie de Al Pacino sur le site IMDB.

Voir les livres sur Al Pacino

Remarques :
* Grand acteur de théâtre, Al Pacino tient en très haute estime l’oeuvre de Shakespeare. Il avait déjà interprété Richard III sur les planches dans les années soixante-dix et animé des séminaires sur le sujet. Ce film est un projet très personnel.
* Parmi les acteurs anglais shakespeariens interviewés, on remarque : Vanessa Redgrave, John Gielgud, Kenneth Branagh, Rosemary Harris, Derek Jacobi et le metteur en scène Peter Brook.

Looking for Richard
Al Pacino met en scène et joue Richard III dans  Looking for Richard.

Les adaptations de Richard III au cinéma :
Richard III (1912) de André Calmette et James Keane avec Frederick Warde. En 1996, une copie en bon état de ce film précédemment inconnu a été découverte. Sa durée de 55 mn en fait l’un des tous premiers longs métrages.
Richard III (1955) de et avec Laurence Olivier, la version la plus remarquable.
Richard III (1995) de Richard Loncraine avec Ian McKellen, où la pièce est transposée au XXe siècle, dans une Angleterre fictive sous régime fasciste dans les années 1930.
Richard III (2008) de Scott Anderson avec Scott Anderson

23 novembre 2016

Monty Python – Sacré Graal! (1975) de Terry Gilliam et Terry Jones

Titre original : « Monty Python and the Holy Grail »

Monty Python sacré graal!Angleterre, an 932. Le roi Arthur parcourt la campagne pour recruter ses Chevaliers de la Table Ronde et entreprendre la sainte quête du Graal… Les Monty Python ont eut bien du mal à trouver le financement pour faire leur premier long métrage, les producteurs considérant que Terry Gilliam et Terry Jones n’avaient pas l’expérience suffisante. Ce n’est que grâce aux groupes de rock Pink Floyd, Genesis et Led Zeppelin, tous de grands fans, qu’ils parviendront à réunir un budget minimal. Ce manque de moyens va tourner à leur avantage : ne pouvant s’offrir de vrais chevaux, ils contournent le problème en créant le gag des noix de coco, devenu leur gag le plus célèbre (1). Le tournage fut difficile, non seulement à cause du temps écossais humide mais aussi du fait de tensions au sein de l’équipe et de l’alcoolisme de Graham Chapman. Si le film manque un peu de cohésion globale, les saynètes qui le composent reposent sur des idées de gags brillantes, un humour qui fonctionne sur le fameux nonsense britannique (2). Il y eut un travail important de montage (Eric Idle parle de treize projections-tests) pour arriver à un résultat assez unique en son genre et qui reste dans nos esprits. Le succès fut important, notamment aux Etats-Unis où la popularité des Monty Python explosa.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Graham Chapman, John Cleese, Eric Idle, Terry Gilliam, Terry Jones, Michael Palin
Voir la fiche du film et la filmographie de Terry Gilliam et Terry Jones sur le site IMDB.

Voir les autres films de Terry Gilliam chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur les Monty Python

Monty Python Sacré Graal
John Cleese, Graham Chapman et Terry Jones chevauchant leur destrier dans Monty Python sacré graal! de Terry Gilliam et Terry Jones.

Monty Python Sacré Graal
Terry Gilliam et les fameuses noix de coco de Monty Python sacré graal! de Terry Gilliam et Terry Jones (c’est vrai qu’on peut se demander où ils ont trouvé ces noix de coco).

Monty Python Sacré Graal
John Cleese en français grand pourvoyeur d’injures très imagées du haut de ses remparts dans Monty Python sacré graal! de Terry Gilliam et Terry Jones.

(1) En Allemagne, le film est sorti sous le titre Die Ritter der Kokosnuß (= Le Chevalier à la noix de coco).
(2) Le nonsense n’est toutefois pas toujours là où on le pense : par exemple, le lancer de vaches repose sur un épisode historique (ou, plus exactement, une légende) : lors du siège de Carcassonne au VIIIe siècle par Charlemagne, alors qu’ils étaient sur le point de mourir de faim, les assiégés engraissèrent un porcelet avec leurs dernières réserves de blé et le jetèrent sur leurs attaquants pour laisser croire qu’ils avaient de la nourriture en abondance. La ruse fonctionna : Charlemagne leva le siège.

28 avril 2016

Richard III (1955) de Laurence Olivier

Richard IIIA la fin du XVe siècle en Angleterre, Richard duc de Gloucester a oeuvré pour mettre sur le trône son frère aîné Edward IV non sans en ressentir une forte jalousie : difforme et bossu, il n’a pas tous les atouts pour prétendre lui-même au trône mais il sait qu’il peut y parvenir par la ruse. Il va d’abord s’attacher à écarter définitivement son second frère George… Oeuvre de jeunesse de William Shakespeare, Richard III dresse un portrait très sombre du souverain : un homme fourbe qui ne cesse de comploter et fait tuer ceux qui se mettent en travers de son chemin. Ce portrait ne correspond pas vraiment à la vérité historique mais donne de la matière à l’une des plus grandes pièces de Shakespeare. Après avoir brillamment adapté Henry V et Hamlet, Richard III était un choix assez logique pour Laurence Olivier. Le résultat est tout aussi intéressant même s’il est généralement moins bien considéré du fait d’une mise en scène jugée trop simple. Il y a certes moins de nouveautés, si ce n’est qu’il n’hésite pas à s’adresser directement à la caméra, procédé très rare au cinéma mais un peu plus courant au théâtre. L’ensemble a été tourné en studios à l’exception du dernier acte, la bataille de Bosworth, qui a été tournée… en Espagne. Laurence Olivier reste très fidèle à l’esprit et au texte ; son interprétation est à la fois intense et juste. Son Richard III est vraiment mémorable.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Laurence Olivier, Cedric Hardwicke, Ralph Richardson, John Gielgud, Pamela Brown, Claire Bloom
Voir la fiche du film et la filmographie de Laurence Olivier sur le site IMDB.

Voir les autres films de Laurence Olivier chroniqués sur ce blog…

Remarque :
* Les mauvais résultats commerciaux du film aux Etats-Unis (en partie dus au fait que le film était sorti simultanément à la télévision) et la mort du producteur anglais Alexander Korda ont mis fin prématurément aux adaptations shakespeariennes de Laurence Olivier. Il n’a pas pu trouver le financement pour monter Macbeth, nous privant de ce qui aurait certainement été une très grande interprétation.

Autres adaptations de la pièce :
Richard III (1912) de André Calmette et James Keane avec Frederick Warde. En 1996, une copie en bon état de ce film précédemment inconnu a été découverte. Sa durée de 55 mn en fait l’un des tous premiers longs métrages.
Richard III (1995) de Richard Loncraine avec Ian McKellen, où la pièce est transposée au XXe siècle, dans une Angleterre fictive sous régime fasciste dans les années 1930.
Richard III (2008) de Scott Anderson avec Scott Anderson

À noter aussi :
Looking for Richard (1996) de Al Pacino qui est un documentaire autour de la pièce et de son impact sur le monde actuel.

Richard III
Laurence Olivier dans Richard III de Laurence Olivier.

25 avril 2016

La Dame de Monsoreau (1913) de Emile Chautard

La Dame de MonsoreauEn 1578, au début du règne d’Henri III, alors que le duc d’Anjou ne cesse de comploter contre son frère le roi, la belle Diane de Méridor accepte d’épouser le Comte de Monsoreau qu’elle n’aime pas pour se protéger des avances du duc d’Anjou. Un jour, elle sauve le Comte de Bussy blessé dans un duel… Réalisé en 1913, année faste pour le cinéma français qui dominait alors le cinéma mondial, La Dame de Monsoreau est adapté du roman homonyme d’Alexandre Dumas. Il s’agit d’une production des Studios Eclair, alors le troisième plus grand studio (après Pathé et Gaumont) mais dont on connait très mal la production car peu de films ont survécu. Le réalisateur de La dame de Monsoreau n’est même pas connu avec certitude : est-ce Maurice Tourneur, Victorin Jasset, Charles Krauss ou plus vraisemblablement Emile Chautard ? Ce qui frappe en premier, c’est la rapidité d’enchainements des scènes, surtout dans la mise en place de l’intrigue dont la compréhension peut être délicate pour une personne qui ne connait pas l’histoire. Le montage est en tous cas très dynamique. On remarquera un certain nombre de plans américains, ce qui était encore très rare alors. Les costumes sont nombreux et assez riches et les décors somptueux et très bien éclairés. Certaines scènes ont été tournées à Chenonceau. Le jeu des acteurs est assez théâtral, ce qui correspond aux normes de l’époque, mais sans excès. La copie qui a été restaurée reste assez abimée par endroits mais permet d’apprécier la grande qualité de cette production.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Marie-Louise Derval, Henri Bosc
Voir la fiche du film et la filmographie de Emile Chautard sur le site IMDB.

Lire aussi la présentation sur le blog de Christine Leteux, Ann Harding’s Treasures

Remarque :
Le film est visible librement sur le site des Archives Françaises du Film.

La Dame de Monsoreau
Henri Bosc et Marie-Louise Derval dans La Dame de Monsoreau de Emile Chautard.

12 mars 2016

La Couronne de fer (1941) de Alessandro Blasetti

Titre original : « La corona di ferro »

La Couronne de ferSedemondo n’hésite pas à tuer son propre frère à l’issue d’une bataille pour régner seul sur le Royaume de Kindaor. Survient alors un messager qui transporte une couronne pour aller l’offrir au Pape. Cette sainte relique a un pouvoir magique : elle ne peut quitter un endroit où prévaut l’injustice… Basé sur une histoire écrite par le futur réalisateur Renato Castellani, La Couronne de fer est réalisé par Alessandro Blasetti en 1941, soit en pleine période fasciste. Si cette légende fait une bonne place à une histoire d’amour, il est indéniable qu’elle met aussi en avant le besoin d’un leader charismatique fort pour obtenir paix et prospérité. Le film s’inscrit donc pleinement dans la propagande mussolinienne. La production bénéficia d’un budget très important et le tournage eut lieu entièrement dans les studios flambants neufs de Cinecittà avec un nombre impressionnant de figurants. Les décors sont souvent assez chargés et un peu grandiloquents. Située dans un Moyen-Âge de pacotille, l’histoire est particulièrement riche et pleine de rebondissements qui maintiennent l’intérêt constant. L’ensemble est de qualité. La Couronne de fer a indéniablement sa place dans la lignée des films mythologiques italiens qui, depuis le Cabiria de Pastrone (1914), préfigurent l’explosion du péplum des années cinquante.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Elisa Cegani, Luisa Ferida, Gino Cervi, Massimo Girotti, Rina Morelli
Voir la fiche du film et la filmographie de Alessandro Blasetti sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alessandro Blasetti chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Lors du Festival de Venise 1941, La Couronne de fer a remporté la Coupe Mussolini (c’est le nom du grand prix entre 1934 et 1942, il ne prendre le nom de Lion d’Or qu’en 1949).

* Luisa Ferida (Tundra dans le film) et son compagnon Osvaldo Valenti (Eriberto, le prince compétiteur d’apparence mongole) ont été très liés au pouvoir fasciste pendant la guerre. Ils furent tous deux exécutés par des membres de la Résistance italienne en 1945, lors de la Libération de Milan. Leur histoire est le sujet du film Une histoire italienne de Marco Tullio Giordana avec Monica Bellucci (2008).

la Couronne de fer
Elisa Cegani et Gino Cervi dans La Couronne de fer de Alessandro Blasetti.

La Couronne de fer
Massimo Girotti et Luisa Ferida dans La Couronne de fer de Alessandro Blasetti.

27 janvier 2016

Henry V (1944) de Laurence Olivier

Henry VLe 1er mai 1600 à Londres, une représentation est donnée d’Henry V de William Shakespeare qui relate le triomphe du souverain anglais sur les Français à Azincourt en 1415… Henry V est la première réalisation de Laurence Olivier au cinéma. Il a trouvé des solutions très originales pour le passage du théâtre au cinéma et le résultat est assez prodigieux. Le début du film nous montre de façon presque documentaire le fonctionnement d’un petit théâtre populaire à Londres à l’époque de Shakespeare ; la caméra est très mobile, suivant les acteurs jusque dans les coulisses. Puis le champ s’élargit, nous plaçant dans un plus large décor reprenant les codes graphiques de l’époque médiévale (architectures stylisées et absence de perspectives), pour finir en décors naturels lors de la Bataille d’Azincourt. Pour cette superbe reconstitution à grand spectacle, pièce maitresse du film, Laurence Olivier a étudié l’épisode de la bataille des glaces dans Alexandre Nevski d’Eisenstein. Tourné mi-1943 et début 1944, soit à la veille du débarquement allié en Normandie, le film Henry V était conçu pour exalter le sentiment patriotique et le courage militaire. Le texte de la pièce est respecté, Laurence Olivier ayant juste supprimé quelques intrigues secondaires.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Laurence Olivier, Leslie Banks, Robert Newton, Renée Asherson
Voir la fiche du film et la filmographie de Laurence Olivier sur le site IMDB.

Voir les autres films de Laurence Olivier chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Pour diriger le film, Laurence Olivier avait contacté William Wyler pour lequel il avait tourné dans Les Hauts du Hurlevent. Wyler lui a répondu : « Si c’est Shakespeare, ce doit être vous qui dirigez ».
* La scène de la bataille d’Azincourt a fait exploser le budget prévu de plus de 50% pour s’établir à 475 000 livres, ce qui faisait alors du film la plus importante superproduction jamais réalisée en Angleterre. Heureusement pour Laurence Olivier, le succès fut au rendez-vous.
* Pour les décors du château du roi de France (Charles VI), Olivier s’est inspiré de textes médiévaux illustrés comme « Les Très Riches Heures du Duc de Berry ».
* La maquette de Londres du début du film est une maquette de 20 mètres sur 15 dont la construction demanda 4 mois.
* Vivian Leigh (alors la femme de Laurence Olivier) n’a pu interpréter la princesse Catherine comme tous deux le souhaitaient. Elle était alors sous contrat avec Selznick qui refusa de la prêter, jugeant le rôle trop petit. L’actrice ne lui a jamais pardonné.

Henry V
Laurence Olivier dans Henry V de Laurence Olivier

Autre adaptation marquante de la pièce :
Henry V de Kenneth Branagh (1989).