24 octobre 2023

Vaincre ou mourir (2022) de Paul Mignot et Vincent Mottez

Vaincre ou mourirDans la France révolutionnaire, en 1793, François Athanase Charette de La Contrie se voit rappeler par des paysans en colère pour prendre le commandement de l’insurrection vendéenne. Sous le nom de Charrette, il devient alors un chef de guerre charismatique, défiant la République avec son armée de paysans…
Vaincre ou mourir est un film historique français produit par le parc Le Puy du Fou de Philippe de Villiers. Inévitablement, il est donc fortement teinté de propagande, ce qui lui enlève une bonne partie de sa pertinence historique. Mais ce n’est pas son idéologie sous-jacente qui dérange le plus, ce qui frappe dès les premières minutes est plutôt du côté de la forme : tout sonne faux dans cette copie maladroite de films hollywoodiens. Le jeu des acteurs est épouvantable, la musique prête à sourire, les dialogues sont très pauvres avec une voix-off explicative insistante, le montage sert surtout à masquer les faiblesses des scènes d’action. J’avoue avoir sauté de nombreux passages.
Elle:
Lui : 1 étoile

Acteurs : Hugo Becker, Francis Renaud, Grégory Fitoussi, Jean-Hugues Anglade
Voir la fiche du film et la filmographie de Paul Mignot & Vincent Mottez sur le site imdb.com.

Remarque :
Sur le site Allociné, la note des spectateurs est très suspecte : beaucoup trop de notes maximales par des comptes qui n’ont publié aucune autre critique. Wikipédia rapporte que « le jour de la sortie du film, dès sept heures du matin, la page du film sur Allociné était déjà inondée de plusieurs centaines d’avis favorables. » Visiblement, le site Allociné n’a pas mis en place de garde-fous contre ce type de manipulation.

Vaincre ou mourir de Paul Mignot & Vincent Mottez.

28 novembre 2019

Un peuple et son roi (2018) de Pierre Schoeller

Un peuple et son roiDe la prise de la Bastille en 1789 à l’exécution de Louis XVI en 1793, les trois premières années de la Révolution française vécues par un petit groupe d’hommes et de femmes du peuple de Paris…
Ecrit et réalisé par Pierre Schoeller, Un peuple et son roi nous laisse sur des impressions mitigées. On ne peut que saluer l’approche très originale de cette phase de notre Histoire : point de grand souffle épique, ni de grandes figures historiques au premier plan, le cinéaste a choisi de montrer l’implication du peuple dans les changements, le développement d’une conscience politique portée par l’enthousiasme de pouvoir tout réinventer. Inévitablement, il n’évite pas le travers d’idéaliser son petit groupe de personnages et c’est certainement le premier reproche que l’on puisse faire au film, le second étant la forme en elle-même, trop présente, trop proche d’un spectacle, architecturé comme une suite de tableaux. Historiquement parlant, le cinéaste s’appuie sur de solides recherches. Il met en avant certains aspects moins connus, comme l’importance du rôle des femmes. Le plus intéressant, à mes yeux, se situe dans les débats au sein de la toute nouvelle Assemblée nationale, des scènes hélas trop courtes mais où l’on entrevoit l’intensité des batailles d’idées(1). Un peuple et son roi est un film audacieux, qui bénéficie d’une solide interprétation ; il semble hélas avoir été mal reçu par le public.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Gaspard Ulliel, Adèle Haenel, Olivier Gourmet, Louis Garrel, Izïa Higelin, Noémie Lvovsky, Céline Sallette, Denis Lavant
Voir la fiche du film et la filmographie de Pierre Schoeller sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

(1) Le cinéaste affirme n’avoir aucunement réécrit les discours prononcés dans les scènes de l’Assemblée nationale ; en revanche, on peut lui reprocher un montage trop évident, ce sont des bribes de discours, ce qui gêne la perception de la formation des idées.

Un peuple et son roiAdèle Haenel et Gaspard Ulliel dans Un peuple et son roi de Pierre Schoeller.

Un peuple et son roiDenis Lavant (Marat) et Niels Schneider (Saint-Just) dans Un peuple et son roi de Pierre Schoeller.

29 avril 2019

Danton (1983) de Andrzej Wajda

DantonParis, printemps de l’An II (1794). De retour à Paris après quelques mois d’absence, Danton cherche à mettre un terme à la Terreur en défiant Robespierre et le Comité de Salut Public. Ce dernier ordonne son arrestation et organise un simulacre de procès avant le conduire, avec une dizaine de ses soutiens, à l’échafaud.
C’est le gouvernement français, alors sous la présidence de François Mitterrand, qui a passé commande à Wajda d’un film pour célébrer la Révolution française. Le résultat a mis ses commanditaires mal à l’aise et a suscité la polémique. Le réalisateur polonais a en effet choisi une période particulièrement sombre de l’Histoire de France qui lui permettait de faire allusion au présent de son pays : la lutte de Danton contre Robespierre devient ainsi une allégorie de celle du syndicaliste Wałęsa contre le général Jaruzelski (1). Dans les deux cas, passé et présent, chacune des parties en présence s’est réclamé du « peuple ». Et c’est toujours au nom du « peuple » qu’est installé un régime autoritaire et despotique. Dans son film, Wajda montre Danton et Robespierre dépassés par l’Histoire, qu’ils ont pourtant contribué à créer ; ils ont perdu prise sur les évènements et seront emportés par eux (2). Ainsi, au lieu de fournir une apologie benoîte de la Révolution, le cinéaste polonais a un propos d’une portée plus générale et (hélas) plus actuelle, un propos qui mérite mieux qu’une simple lecture sous l’angle idéologique. Depardieu semble l’acteur idéal pour interpréter un Danton bon vivant et particulièrement habile dans l’éloquence. Robespierre est interprété par le polonais Wojciech Pszoniak dont le jeu plus classique est rendu encore plus rigide par le doublage, ce qui accentue encore l’opposition entre les deux hommes.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Gérard Depardieu, Wojciech Pszoniak, Patrice Chéreau, Boguslaw Linda
Voir la fiche du film et la filmographie de Andrzej Wajda sur le site IMDB.

Voir les autres films de Andrzej Wajda chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Andrzej Wajda

Danton
Gérard Depardieu est Danton dans Danton de Andrzej Wajda.

Remarques :
* Le scénario est adapté d’une pièce de la dramaturge polonaise Stanisława Przybyszewska, rédigée entre 1925 et 1929. Cette pièce était assez flatteuse pour Robespierre. Wajda et Jean-Claude Carrière l’ont réécrite pour donner à Danton l’image d’un idéaliste tout en conservant une certaine indulgence pour Robespierre qui est présenté comme un être tourmenté. En revanche, le Comité de Salut de Public n’est pas épargné, ses membres sont prompts à faire tomber les têtes pour des motivations vagues ou même douteuses.

(1) Sous la pression des soviétiques, le général Jaruzelski décide dans la nuit du 12 au 13 décembre 1981 d’arrêter les principaux dirigeants de Solidarnösc, dont Lech Wałęsa, et d’interdire le syndicat ; les militaires prennent également possession de la télévision.
(2) La phrase de Danton passant devant la maison de Robespierre « Robespierre, tu me suis ! Ta maison sera rasée ! On y sèmera du sel ! » est historique (et rappelons que Robespierre sera guillotiné trois mois plus tard).

Danton
Wojciech Pszoniak est Robespierre dans Danton de Andrzej Wajda.

Homonyme :
Danton (1921) de l’allemand Dimitri Buchowetzki avec Emil Jannings, Werner Krauss

8 juin 2017

Les Mariés de l’an deux (1971) de Jean-Paul Rappeneau

Les mariés de l'an deuxFin du XVIIIe siècle. Nicolas Philibert a fui la France et a fait fortune aux États-Unis, en Caroline du Sud. Le jour de son mariage avec une riche héritière, il est dénoncé pour bigamie. Il doit retourner en France pour divorcer et tombe en pleine Révolution Française… Ecrit par Jean-Paul Rappeneau, Claude Sautet et Maurice Clavel, Les mariés de l’an deux est un film d’aventures particulièrement enlevé où les péripéties s’enchaînent sans aucun temps mort. Le tournage, fait en Roumanie pour des raisons de budget, fut très difficile du fait notamment de mauvaises conditions techniques et la mauvaise entente entre Marlène Jobert et Jean-Paul Belmondo n’arrangea pas l’atmosphère. Le résultat est néanmoins fort réjouissant avec une belle pléiade d’acteurs, beaucoup d’humour et de mouvement, et une musique de Michel Legrand qui souligne joliment les scènes. Un excellent divertissement.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean-Paul Belmondo, Marlène Jobert, Laura Antonelli, Michel Auclair, Julien Guiomar, Sami Frey, Charles Denner, Pierre Brasseur, Patrick Dewaere
Voir la fiche du film et la filmographie de Jean-Paul Rappeneau sur le site IMDB.

Voir les autres films de Jean-Paul Rappeneau chroniqués sur ce blog…

Lire aussi la critique sur DVDClassik pour plus de renseignements sur les nombreuses difficultés de production…

Remarques :
* Le directeur de la photographie est Claude Renoir. Les décors ont été dessinés par Alexandre Trauner, les costumes sont de Marcel Escoffier.
* L’an II du calendrier républicain, correspond aux années 1793 et 1794 (6 octobre 1793 – 21 septembre 1794). C’est l’année de la Terreur.

Les Mariés de l'an 2
Jean-Paul Belmondo et Marlène Jobert dans Les mariés de l’an deux de Jean-Paul Rappeneau.

Les Mariés de l'an 2
Marlène Jobert dans Les mariés de l’an deux de Jean-Paul Rappeneau.

Les Mariés de l'an 2
Jean-Paul Belmondo et Laura Antonelli dans Les mariés de l’an deux de Jean-Paul Rappeneau.

Les Mariés de l'an 2
Sami Frey et Marlène Jobert dans Les mariés de l’an deux de Jean-Paul Rappeneau.

Les Mariés de l'an 2
Le jeune Patrick Dewaere et Jean-Paul Belmondo dans Les mariés de l’an deux de Jean-Paul Rappeneau.

24 mai 2017

Napoléon (1927) d’Abel Gance

Napoléon vu par Abel GanceAlléluia ! Après des années d’attente, le chef d’œuvre muet d’Abel Gance, Napoléon, est enfin disponible dans une version digne de ce nom. L’historien Kevin Brownlow s’est attaché sa vie durant à ressusciter ce film mythique, visible ici dans une version de 5h30. Le résultat est à la hauteur des attentes : le spectacle est grandiose !

Ce qui frappe en premier, c’est la modernité et le dynamisme de l’ensemble. Aucun cinéaste, y compris dans l’Avant-garde des années vingt, n’a été aussi loin dans l’inventivité qu’Abel Gance. Cela passe en premier par les mouvements de caméra. Abel Gance veut libérer la caméra de son trépied : il invente une cuirasse pour accrocher la caméra (ancêtre de la steadycam), il fabrique une caméra sous-marine, attache la caméra sur tout ce qui bouge, la suspend à des câbles, l’accroche à un pendulier géant, lui attache des têtes gyroscopiques pour accomplir des mouvements complexes. C’est stupéfiant. Mais le dynamisme vient aussi de l’importante figuration, particulièrement crédible et toujours en mouvement. Tous les récits rapportent qu’Abel Gance avait un charisme et un talent pour mener une foule de figurants, y compris lorsque les conditions étaient difficiles (la prise de Toulon a nécessité quarante jours de tournage sous une pluie battante). Tous semblent pris d’une grande ferveur dans un large mouvement collectif. Et cette ferveur est contagieuse.

Mais le plus spectaculaire est bien entendu le fameux triptyque : trente minutes avant la fin, l’image s’élargit et couvre trois écrans juxtaposés pour un final d’un lyrisme inégalé. L’image finale en bleu, blanc et rouge est d’une puissance indescriptible. Sur le fond, Abel Gance insiste sur la grandeur de Napoléon, ses capacités presque surnaturelles de meneur d’hommes. Il arrange la réalité historique pour renforcer la légende. Gance paraît moins à son aise lorsqu’il s’agit d’évoquer des sentiments personnels : les scènes où Napoléon fait la cour à Joséphine sont les plus faibles. L’interprétation est puissante, d’une grande présence. La musique symphonique de Carl Davis est absolument superbe, une merveille : elle colle à l’image avec une justesse étonnante et vient appuyer avec panache les envolées lyriques.

Six mois après la sortie de Napoléon, l’arrivée du parlant balaya tout sur son passage et toute l’inventivité et la créativité d’Abel Gance tombèrent aux oubliettes. Et bizarrement, après avoir créé trois immenses films muets (J’accuse, La Roue et Napoléon), Abel Gance ne tournera plus que des films plus communs. Ce Napoléon est en tous cas vraiment enthousiasmant, d’un lyrisme époustouflant. Assurément, c’est l’un des plus grands films de tous les temps. (film muet)
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Albert Dieudonné, Edmond Van Daële, Alexandre Koubitzky, Antonin Artaud, Abel Gance, Gina Manès, Annabella
Voir la fiche du film et la filmographie de Abel Gance sur le site IMDB.

Voir les autres films de Abel Gance chroniqués sur ce blog…

Lire aussi le billet sur le blog de la traductrice des livres de Kevin Brownlow

Voir les livres sur le film Napoleon d’Abel Gance
Voir les livres sur Abel Gance

NapoleonAlbert Dieudonné dans Napoléon de Abel Gance.

Remarques :
Napoléon vu par Abel Gance* Le coffret DVD  est édité par BFI (British Film Institute). Les droits sur le film et sur sa musique sont assez disputés entre BFI (musique Carl Davis), Francis Ford Coppola (musique de Carmine Coppola, son père) et la Cinémathèque Française (musique de Marius Constant). On ne le trouve guère en France. Il faut donc le commander directement sur le site internet de BFI ou sur un site de vente anglais comme Amazon UK. A noter que les intertitres sont bien entendu en anglais et n’ont pas de sous-titres. Les suppléments non plus.
* Ce coffret DVD est sorti fin décembre 2016. Les DVD disponibles avant cette date étaient au mieux la version américaine de Coppola de 220 minutes ou autres versions incomplètes, au pire un assemblage de différentes versions.

* La Cinémathèque Française promet sa propre version pour 2018. Lire un article à ce sujet sur le site de la Cinémathèque, article qui liste bien les différentes versions et promet une version avec de nouveaux éléments. A noter que la musique de Marius Constant n’a pas reçu de très bons échos (voir un exemple avec dans les commentaires la réaction du chef d’orchestre) ; cette partition est basée en partie sur l’originale d’Arthur Honegger. Faire mieux que Carl Davis paraît en tous cas bien difficile mais comme le dit Napoléon, « impossible n’est pas français! » (1)

Napoleon d'Abel GanceLe triptyque est utilisé par Abel Gance soit pour créer une image très large offrant ici une vue sur ses 3000 figurants…
Napoleon d'Abel Gance… soit pour placer trois images différentes.

* Ce Napoléon d’Abel Gance était prévu pour être le premier d’une série de six films sur Napoléon. Il couvre la période de sa jeunesse et de la Révolution française jusqu’au début de la Campagne d’Italie en 1796.

* Napoléon apparaît dans près d’un millier de films (cinéma et télévision). C’est le personnage le plus traité, deux fois plus que Jésus Christ. L’historien Hervé Dumont analyse ce phénomène dans un livre : Napoléon, l’épopée en 1000 films.

Napoleon d'Abel GanceLe ténor russe Alexandre Koubitzky fait un Danton très imposant dans Napoléon de Abel Gance.

Napoleon d'Abel GanceEdmond Van Daële est un inquiétant Robespierre dont la seule vision fait froid dans le dos dans Napoléon de Abel Gance.

Napoleon d'Abel GanceOn ne pourra accuser Abel Gance de s’être réservé le meilleur rôle puisqu’il interprète le sinistre Saint-Just dans son Napoléon.

* Abel Gance fera une version sonore en 1935 sous le titre Napoléon Bonaparte. Ce n’est pas toutefois une sonorisation du film de 1927 : la structure narrative est totalement différente, de nombreuses nouvelles scènes sont tournées. Cette version de 1935 servira de base au Bonaparte et la Révolution produit par Claude Lelouch en 1971.

Napoleon d'Abel GanceLa caméra Debrie sur cette photo est motorisée. Elle est placée sur une luge qui va dévaler une pente (scène de la bataille de boules de neige). (De g. à d.) Simon Feldman (directeur technique qui veille sur les batteries de la caméra), Jules Kruger (directeur de la photo), Alexander Volkoff (assistant-réalisateur), Abel Gance (lunettes de soleil) et un assistant. Photo de tournage de Napoléon de Abel Gance.

Napoleon Abel GanceCette photo montre le harnais/cuirasse porté par Jules Kruger. Un cable relie la caméra Debrie motorisée aux lourdes batteries situées plus ou moins loin en arrière, ce cable pouvant être très long. Photo de tournage de Napoléon de Abel Gance.

Napoleon Abel GanceLe directeur technique Simon Feldman (à droite) contrôle l’installation périlleuse d’une caméra sur un cheval pour la séquence corse, des mécanismes complexes servant à la stabiliser (un peu). Photo de tournage de Napoléon de Abel Gance.

Napoléon Abel GancePour le triptyque de la Campagne d’Italie, trois caméras Debrie motorisées (motorisation synchronisée) étaient montées sur le même trépied. Parallèlement, les images étaient également tournées en couleurs pour un effet 3D (visible avec des lunettes spéciales). Abel Gance a trouvé l’effet saisissant mais a préféré ne pas retenir les images de ces essais de peur que cela distraie les spectateurs du contenu. Photo de tournage de Napoléon de Abel Gance.

Napoleon d'Abel GancePour cette difficile image de la maison natale de Napoléon (en réalité cette ruelle d’Ajaccio fait à peine 3 mètres de large, le recul est très limité), Abel Gance et son directeur de la photographie Jules Kruger ont inventé un objectif grand angle 14mm, le Brachyscope. « C’est comme un télescope que l’on prendrait par le mauvais bout » expliquait Gance. On remarque la déformation des lignes sur les bords (« effet de barillet ») caractéristique des grands angles. Marcel L’Herbier utilisera cette invention pour certaines scènes de L’Argent.

(1) A ce sujet, dans les suppléments du DVD, Carl Davis raconte dans son long interview une anecdote amusante : lors des projections-concerts à Londres, lorsque Napoléon dit « Impossible n’est pas français! », le public ricanait et riait… En revanche, lors d’une projection-concert à Paris, quelle ne fut pas sa surprise de voir que la réplique était accueillie par une ovation du public !

6 octobre 2014

Les adieux à la reine (2012) de Benoît Jacquot

Les adieux à la reineArrivée depuis peu à la cour, une jeune liseuse est au service de la reine Marie-Antoinette qu’elle approche de très près et qu’elle admire profondément. Au lendemain de la prise de la Bastille, toute la cour est en émoi et s’interroge sur les intentions du roi et de la reine… Adapté d’un roman de Chantal Thomas, Les adieux à la reine nous fait vivre les trois jours qui suivirent le 14 juillet 1789 à travers les yeux d’une jeune servante pleine de dévotion envers sa reine. Ces trois jours ne sont remplies que d’attentes, d’interrogations, d’hésitations, il n’y a donc pas de grands évènements dans cette histoire dont l’objet est avant tout de dresser le portrait de cette jeune fille, mélange de naïveté et de détermination. Benoit Jacquot filme avec délicatesse et surtout sait trouver le ton juste. Nous sommes ici loin des reconstitutions démonstratives, aux décors flamboyants : l’univers des adieux à la reine est plus celui des antichambres, des couloirs, des chambres minuscules, des communs encombrés, des éclairages à la bougie (et des mauvaises dentitions …) Léa Seydoux donne une interprétation parfaite de son personnage. Les seconds rôles sont très bien définis ce qui donne une certaine ampleur à ce film empreint d’une grande sensibilité.
Elle: 4 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Léa Seydoux, Diane Kruger, Virginie Ledoyen, Noémie Lvovsky, Michel Robin
Voir la fiche du film et la filmographie de Benoît Jacquot sur le site IMDB.

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Les adieux à la reine (2012) de Benoît JacquotDiane Kruger et Léa Seydoux dans Les adieux à la reine de Benoît Jacquot.

7 novembre 2013

La Nuit de Varennes (1982) d’Ettore Scola

La nuit de VarennesEn juin 1791, l’écrivain libertin et chroniqueur de la Révolution Restif de La Bretonne est le témoin involontaire du départ du Palais Royal en pleine nuit d’un carrosse dans lequel a pris place l’une des dames de compagnie de la reine. Intrigué, il décide de le rattraper et découvre que leurs occupants tentent de rejoindre la famille royale en fuite… En s’inspirant d’un roman de Catherine Rihoit, Ettore Scola et son scénariste ont inventé ce trajet de Restif de La Bretonne (Jean-Louis Barrault) de Paris à Varennes en compagnie de l’intellectuel américain Thomas Paine (Harvey Keitel), d’une dame de la cour (Hanna Schygulla), et quelques autres personnages auxquels vient s’adjoindre Casanova (Marcello Mastroianni). C’est un petit microcosme de la société et le temps du trajet est l’occasion de discussions et d’échanges d’idées assez intéressants sur ce monde en pleine transformation. Hélas, le film est gâché par une bande son épouvantable que doublages et bruitages de studio bien trop présents rendent assez agressive. Ettore Scola ne porte pas de jugement tranché même s’il donne l’impression de s’être identifié à ce Casanova vieillissant qui regrette l’insouciance et une certaine douceur de vivre. Très belle fin.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean-Louis Barrault, Marcello Mastroianni, Hanna Schygulla, Harvey Keitel, Jean-Claude Brialy, Andréa Ferréol, Michel Vitold, Laura Betti, Daniel Gélin, Jean-Louis Trintignant
Voir la fiche du film et la filmographie de Ettore Scola sur le site IMDB.

Voir les autres films de Ettore Scola chroniqués sur ce blog…

Remarque :
La version initiale de La Nuit de Varennes dure 150 minutes. Il existe également une version réduite à 135 minutes et une autre à 122 minutes (c’est cette dernière qui était visionnée ici).

16 février 2013

Si Versailles m’était conté (1954) de Sacha Guitry

Si Versailles m'était contéCe film de 2h45 relate l’histoire du Château de Versailles depuis sa construction sous Louis XIII jusqu’à la Révolution. Il faut préciser d’emblée que Si Versailles m’était conté est plus un divertissement qu’une fresque historique, Sacha Guitry s’intéressant plutôt aux petites histoires et aux secrets d’alcôve qu’à la grande Histoire. On peut donc reprocher au film de ne pas être parfaitement juste historiquement parlant mais il n’est pas non plus totalement faux… disons que Sacha Guitry n’hésite pas à arranger les choses quand il s’agit de placer un bon mot et il escamote ce qui ne l’intéresse pas. Des mots d’esprit, nous en avons beaucoup, Sacha Guitry s’amuse à les mettre dans la bouche de ses personnages, jouant souvent avec le recul du spectateur pour mieux l’amuser. C’est le plus souvent assez réussi, le ton est léger et badin mais Guitry ne va jamais trop loin et sait rester dans le bon goût. Il sait en tous cas ne pas être ennuyeux. Tourné en Eastmancolor (c’est le premier film en couleurs du réalisateur), le film est fastueux par ses décors, ses costumes et sa distribution où l’on retrouve une bonne partie des acteurs majeurs français de l’époque et même deux acteurs américains de premier plan (Claudette Colbert et Orson Welles). La mise en scène est bien maitrisée malgré la rapidité du tournage (1). Le film a été tourné dans le Château de Versailles lui-même et ses jardins ce qui permet de faire revivre les lieux. Si Versailles m’était conté a participé activement à la recherche de fonds pour restaurer le château (2). Son énorme succès populaire a permis également de restaurer le prestige de Sacha Guitry après les accusations qu’il avait subies à la Libération.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jean Marais, Claudette Colbert, Micheline Presle, Sacha Guitry, Lana Marconi, Gilbert Bokanowski, Michel Auclair, Jean-Pierre Aumont, Jean-Louis Barrault, Jeanne Boitel, Bourvil, Pauline Carton, Gino Cervi, Jean Chevrier, Aimé Clariond, Nicole Courcel, Danièle Delorme, Yves Deniaud, Jean Desailly, Daniel Gélin, Fernand Gravey, Pierre Larquey, Mary Marquet, Gaby Morlay, Jean Murat, Giselle Pascal, Jean-Claude Pascal, Édith Piaf, Gérard Philipe, Jean Richard, Louis Seigner, Raymond Souplex, Jean Tissier, Charles Vanel, Orson Welles
Voir la fiche du film et la filmographie de Sacha Guitry sur le site IMDB.
Voir les autres films de Sacha Guitry chroniqués sur ce blog…

On notera également la présence de :
Brigitte Bardot, Annie Cordy, Jacques François, Jeanne Fusier-Gir, Robert Hirsch, Jacqueline Huet, Jacqueline Maillan, Jean Ozenne, Frédéric Rossif, Guy Tréjan, Jacques Varennes.

(1) Cette rapidité de tournage est assez coutumière chez Sacha Guitry. Le tournage ne dura ici que deux mois en juillet et août 1953.
(2) Notons que sur le site internet officiel du Château de Versailles, le film de Sacha Guitry est listé parmi les grandes dates de l’histoire du château, au même titre que, par exemple, le Traité de Versailles. Voir la page…

27 mars 2012

Scaramouche (1952) de George Sidney

ScaramoucheEn France, à la veille de la Révolution Française, André-Louis Moreau, fils illégitime d’un noble, va chercher à venger son meilleur ami tué par la Marquis de Maynes pour un pamphlet révolutionnaire qu’il a écrit et diffusé… Parmi les films de cape et d’épée, Scaramouche est l’un des plus beaux fleurons du genre. Le roman de l’italien Rafael Sabatini avait déjà été adapté par Rex Ingram en 1923, mais cette version en Technicolor est plus flamboyante. George Sidney, qui avait réalisé auparavant plusieurs comédies musicales, donne beaucoup de rythme à l’ensemble et nous gratifie de la plus belle scène de duel du cinéma, très spectaculaire et gérée comme un ballet. Plein de charme, Stewart Granger est parfait dans ce rôle de grand séducteur et d’aventurier. De l’ensemble, se dégage une certaine élégance, cette élégance que l’on ne retrouve que parmi certains grands films hollywoodiens des années cinquante. Scaramouche est un superbe divertissement.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Stewart Granger, Eleanor Parker, Janet Leigh, Mel Ferrer, Henry Wilcoxon, John Dehner
Voir la fiche du film et la filmographie de George Sidney sur le site IMDB.

Voir les autres films de George Sidney chroniqués sur ce blog…

Remarques :
Stewart Granger s’est longuement entraîné à l’escrime et a tenu à tourner lui-même les scènes de combat. Il s’est blessé lors du duel final et le tournage a du être interrompu plusieurs jours. Mel Ferrer, en revanche, a pour doublure Jean Heremans, champion d’escrime, qui fut d’ailleurs blessé par Stewart Granger. Il aurait toutefois participé au duel final.

Autres versions :
Scaramouche de Rex Ingram (1923) avec Ramon Navarro
Scaramouche de Antonio Isasi-Isasmendi (1963)

24 décembre 2011

Quatre-vingt-treize (1914/21) d’ Albert Capellani et André Antoine

Quatre-vingt-treize1793, le Marquis de Lantenac prend la tête de la révolte contre-révolutionnaire des chouans. Il trouve face à lui Gauvain, son propre neveu, passé du côté des révolutionnaires et Cimourdain, ancien abbé de son domaine… Quatre-vingt-treize est adapté du dernier roman de Victor Hugo. Albert Capellani l’a commencé en 1914 mais le tournage fut interrompu près de la fin par la guerre et le film ne sera achevé qu’en 1919 par André Antoine. Entre ces deux dates, le cinéma avait avancé à pas de géants, notamment aux Etats-Unis, les français ayant perdu leur leadership. Assez rigide, sans gros plan, le film final fait beaucoup plus penser à un film de 1914 qu’à un film de 1919. André Antoine a revu le montage, tourné quelques scènes d’extérieurs et l’épisode final de La Tourgue. Quatre-vingt-treize On est une fois de plus frappé par la minutie de la reconstitution et le talent de Capellani pour faire entrer toute l’action dans son cadre fixe. On peut regretter la longueur un peu excessive. Le film était prévu pour être diffusé en deux parties. Par rapport au roman, un prologue très développé a été ajouté montrant l’éveil de la pensée de Gauvain après que l’abbé Cimourdain lui ait fait lire Rousseau. Ce très long prologue témoigne de l’ambition du projet : grosse production,  Quatre-vingt-treize devait être la plus grande adaptation littéraire, genre dans lequel Capellani était le maître.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Philippe Garnier, Paul Capellani, Henry Krauss
Voir la fiche du film et la filmographie de Albert Capellani sur le site IMDB.
Voir les autres films de Albert Capellani chroniqués sur ce blog…

Remarques :
* Quatre-vingt-treize ne sortira qu’en 1921. En 1915, Pathé avait tenté de faire une sortie d’une partie du film mais la Censure l’interdit car, à ses yeux, il montrait une situation de guerre civile ce qui était malvenu en pleine guerre. L’interdiction ne fut levée qu’en 1920.
* Le film a été reconstitué en 2010.