19 juillet 2017

Alabama Monroe (2012) de Felix van Groeningen

Titre original : « The Broken Circle Breakdown »

Alabama MonroeDidier joue du banjo dans un groupe de Bluegrass et vénère l’Amérique. Avec Elise, qui tient un salon de tatouages, ils vivent une relation fusionnelle. On découvre que leur fille Maybelle, âgée de sept ans, est atteinte d’un grave cancer… Alabama Monroe est l’adaptation d’une pièce de théâtre écrite par Johan Heldenbergh et Mieke Dobbels, The Broken Circle Breakdown featuring the Cover-Ups of Alabama, qui a connu un énorme succès en Belgique flamande et aux Pays-Bas. Johan Heldenbergh reprend son rôle à l’écran. C’est à la fois une histoire assez dure sur la maladie et qui fustige les réticences d’origine religieuse sur la recherche médicale (1), et une mise en avant de la musique Bluegrass où les morceaux sont intégrés aux évènements et en  sont partie prenante. L’alliance du Bluegrass avec le drame n’est pas totalement incongru (même si les frères Coen avaient plutôt fait l’inverse dans O’Brother). Le réalisateur belge Felix van Groeningen a choisi de déstructurer son récit ; il va hélas beaucoup trop loin dans cette voie, entremêlant passé et même futur au présent, passant allègrement et sans prévenir d’une période à l’autre, ce qui finit par être inutilement perturbant. Belles interprétations de Johan Heldenbergh et de Veerle Baetens, tatouée des pieds à la tête…
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Johan Heldenbergh, Veerle Baetens
Voir la fiche du film et la filmographie de Felix van Groeningen sur le site IMDB.

Remarques :
* Le titre original du film fait référence à un morceau emblématique du bluegrass, Will the Circle Be Unbroken, qui est à la base un hymne religieux et qui est chanté par le groupe au début du film. C’est en quelque sorte un retournement du titre (et par ailleurs, en plus de sa signification de « chute », beaucoup de titres d’instrumentaux finissent par breakdown.
* Formé à l’occasion, le groupe de bluegrass The Broken Circle Breakdown Bluegrass Band connaît depuis la sortie du film un énorme succès en Belgique. Les ventes de la musique originale du film ont battu tous les records en ce pays.

(1) En 2006, sur des motivations religieuses, George Bush a mis son veto sur les crédits à la recherche médicale sur les cellules souches embryonnaires votés par le Sénat américain. Ce veto a été levé par Obama en 2009.

Alabama Monroe
Veerle Baetens et Johan Heldenbergh dans Alabama Monroe de Felix van Groeningen.

Alabama Monroe
Veerle Baetens et Nell Cattrysse dans Alabama Monroe de Felix van Groeningen.

Alabama Monroe
Johan Heldenbergh et Veerle Baetens dans Alabama Monroe de Felix van Groeningen.

13 juin 2017

Dangereuse sous tous rapports (1986) de Jonathan Demme

Titre original : « Something Wild »

Dangereuse sous tous rapportsA New York, un jeune cadre de banque suit une jeune brune un peu extravagante qui l’emmène en voiture pour une équipée assez échevelée… Dangereuse sous tous rapports est le film qui a fait connaitre Jonathan Demme récemment décédé. Le futur réalisateur du Silence des agneaux (1990) n’avait alors guère gagné de notoriété avec les films faits sous l’égide de Roger Corman. Ecrite par E. Max Frye, Dangereuse sous tous rapports commence brillamment comme une comédie piquante et déjantée avant de basculer dans un thriller plus conventionnel. C’est donc la première partie qui est la plus réussie, enchaînant avec rythme les situations cocasses les plus inattendues. Melanie Griffith (qui, rappelons-le, est la fille de Tippi Hedren) donne beaucoup de vitalité à l’ensemble avec ses allures de Louise Brooks. Le contraste avec la retenue de Jeff Daniels est amusant. Le film fut un tremplin pour la carrière de ces deux acteurs ainsi que pour celle de Ray Liotta. La musique est remarquable, ce qui n’est guère étonnant puisqu’elle a été assemblée par John Cale et Laurie Anderson. De plus, David Byrne ouvre le film (Jonathan Demme avait réalisé peu auparavant le documentaire Stop Making Sense, concert filmé des Talking Heads).
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Jeff Daniels, Melanie Griffith, Ray Liotta
Voir la fiche du film et la filmographie de Jonathan Demme sur le site IMDB.

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Remarques :
* Les deux dames âgées qui tiennent le magasin de vêtements d’occasion sont les mères de David Byrne et de Jonathan Demme.
* Le nom de Lulu que s’est choisie le personnage interprété par Melanie Griffith fait référence au surnom de Louise Brooks.

Something Wild
Melanie Griffith et Jeff Daniels dans Dangereuse sous tous rapports de Jonathan Demme.

24 avril 2016

Blow-Up (1966) de Michelangelo Antonioni

Titre original : « Blowup »

Blow Up24 heures de la vie d’un photographe en vogue, dans le Swinging London du milieu des années soixante. Il va faire une découverte étonnante dans ses clichés… Blow Up marque un tournant dans la carrière d’Antonioni : c’est son premier film non-italien, le personnage principal n’en est pas une femme et la psychologie des personnages n’est pas l’objet du film. Antonioni se penche sur le rapport entre un individu et la réalité, sur son rapport avec le monde. La réalité perçue par l’appareil photographique est différente de celle qu’a perçue le photographe, changeant totalement la nature d’une scène à laquelle il a assisté. Grâce à la possibilité d’agrandissement (Blow-Up en anglais), la photo dévoile de plus en plus de choses, jusqu’à un certain point toutefois : trop agrandie, la photo devient semblable à la peinture abstraite du voisin du photographe, elle nécessite une interprétation (1). Le grain photographique devient alors générateur d’énigme. Les frontières sujet/objet et fiction/réalité sont donc mouvantes ou même s’effacent. C’est aussi une mise en abyme de la machine cinématographique et c’est pour cette raison que le film d’Antonioni eut une influence sur de nombreux réalisateurs (2). Accessoirement ou presque, le film est un témoignage de l’atmosphère du Swinging London sur lequel Antonioni porte un regard assez fasciné.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vanessa Redgrave, David Hemmings, Sarah Miles, Jane Birkin
Voir la fiche du film et la filmographie de Michelangelo Antonioni sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le groupe pop qui joue dans le club est The Yardbirds avec Jimmy Page et Jeff Beck. Jeff Beck est particulièrement déchainé, cassant sa guitare à la demande d’Antonioni qui était fasciné par ce que faisait Pete Townshend (des Who) sur scène.
* La musique est composée par Herbie Hancock.
* Le personnage du photographe est librement inspiré des photographes de mode David Bailey et Terence Donovan.
* L’appareil que David Hemmings utilise la plupart du temps est un Nikon F (reflex 35mm) qui bénéficia ainsi d’une belle publicité gratuite. Dans le studio, on le voit aussi utiliser un Hasselblad 500.

(1) A noter que cette particularité n’a pas disparu avec la photo numérique, bien au contraire : on ne peut agrandir une photo au-delà de la résolution du capteur (sauf dans les films hollywoodiens…)
(2) La filiation la plus évidente est celle de Conversation secrète de Coppola (1974) qui est au son ce que Blow-up est à l’image, et également Blow Out de Brian De Palma (1981) qui développe le thème en intrigue policière.

Blow-Up
David Hemmings dans Blow Up de Michelangelo Antonioni.

Blow up
David Hemmings agrandit et osculte ses clichés dans Blow Up de Michelangelo Antonioni.

24 mars 2016

Humoresque (1946) de Jean Negulesco

HumoresqueA New York, un concert du violoniste Paul Boray est annulé au dernier moment. Le violoniste est dévasté par une triste nouvelle qu’il vient d’apprendre. Il se remémore son parcours… Tiré d’une nouvelle de Fannie Hurst adaptée par Clifford Odets (membre majeur du Group Theatre), Humoresque est un superbe mélodrame où la musique tient une place de premier plan. Il s’agit d’une variation sur le thème de l’amour qui doit céder la place à une passion plus forte. En outre, comme beaucoup de films de cette époque, notamment de la Warner, il joue ostensiblement sur la fascination/répulsion pour Humoresque les milieux huppés de la haute société et sur le pouvoir (prétendument) potentiellement néfaste des arts. Le déroulement du scénario est parfait, avec plusieurs retournements de situation, et Negulesco a apporté beaucoup de soin dans la mise en scène avec des effets élaborés (comme, par exemple, la fameuse scène du miroir où, derrière Joan Crawford, on peut voir la pièce inversée) et des enchaînements très recherchés. Joan Crawford, ici dans l’un des ses meilleurs rôles, fait montre d’une extraordinaire présence à l’écran et son jeu intériorisé fait merveille. Humoresque fut un beau succès à sa sortie.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Joan Crawford, John Garfield, Oscar Levant
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Remarques :
* John Garfield donne vraiment l’impression de jouer. L’illusion est parfaite. L’astuce a été de faire un grand trou dans son costume au niveau du coude par lequel un vrai violoniste passait son bras. Il y avait un violoniste de chaque côté, un pour le bras droit et un pour le bras gauche.
* Au niveau du son, c’est Isaac Stern qui joue et, lors des gros plans sur le violon sans le visage de John Garfield dans le champ, ce sont les mains d’Isaac Stern que l’on voit à l’écran.
* Oscar Levant est pianiste avant d’être acteur, ce qui explique que son jeu de mains soit si crédible. C’est même lui qui joue réellement certaines parties dont le Tristan de Wagner, le Concerto pour piano n°1 de Tchaïkovski et La Danse du sabre d’Aram Khatchatourian.
* Humoresques est un cycle de huit pièces pour piano d’Antonín Dvořák, la plus connue étant la 7e.

Humoresque
John Garfield, Oscar Levant et Joan Crawford  dans Humoresque de Jean Negulesco.

Ne pas confondre avec :
Humoresque de Frank Borzage (1920) avec Gaston Glass sur un scénario de Frances Marion, film qui n’a pas lien avec celui-ci même s’il s’agit également de l’histoire d’un violoniste.

3 octobre 2015

Phantom of the Paradise (1974) de Brian De Palma

Phantom of the ParadiseLe compositeur Winslow Leach se fait voler sa musique par un grand magnat du disque, Swan, qui cherche une musique pour l’ouverture de son club « Le Paradise ». Swan parvient même à le faire envoyer en prison sous une fausse accusation mais il parvient à s’en évader et revient, bien décidé à détruire son oeuvre… Phantom of the Paradise (quelquefois nommé Le Fantôme du Paradis en français) est une version moderne du Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux, mâtiné d’une bonne dose de Faust. Brian De Palma l’a voulue sous la forme d’un opéra-rock et a eu toutes les peines du monde à monter son projet. C’est finalement Paul Williams qui en a écrit la musique et en interprète le rôle principal. De Palma de son côté puise dans de nombreuses sources ce qui peut donner une impression de fourre-tout à l’ensemble. Sur le fond, le film dénonce le mercantilisme du monde de la musique où signer un contrat équivaut à signer un pacte avec le diable. Le public n’est pas épargné, montré comme une foule décérébrée prête à aduler n’importe quoi dans de véritables hystéries collectives. On trouve déjà certains des thèmes qui deviendront récurrents chez le réalisateur, notamment le voyeurisme, puisque Swan utilise de nombreuses caméras vidéo pour asseoir son pouvoir, mais aussi celui du double, de la victime, du monstre. Même s’il fut remarqué et apprécié pour sa musique, Phantom of the Paradise fut un échec commercial à sa sortie. Ce n’est qu’avec le temps qu’il a bâti sa renommée. Il la mérite car c’est un film à nul autre pareil.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: William Finley, Paul Williams, Jessica Harper, Gerrit Graham
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Remarques :
* La séquence de la bombe dans le coffre est un hommage à Orson Welles (Touch of Evil, La Soif du mal), celle de la douche est bien évidemment un hommage à Hitchcock (avec une chute très amusante) et le tireur dans la salle de concert également (L’homme qui en savait trop), l’éternelle jeunesse évoque Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde (adapté par Albert Lewin au cinéma), la présentation du nouveau chanteur dans un cercueil fait inévitablement penser au Cabinet du docteur Caligari, le show d’ouverture du Paradise à Frankenstein.

* La maison de disque devait s’appeler Swan Song Records. Pour éviter tout conflit avec la maison de disque de Led Zeppelin (Swan Song), elle fut rebaptisée en Death Records et le logo fut recouvert après tournage (parfois pas très bien).
* On peut penser que le personnage de Swan est vaguement inspiré de Phil Spector.
* Phantom of the Paradise aurait influencé le groupe Daft Punk dans leur décision de se cacher derrière des masques.

Phantom of the Paradise
William Finley et Paul Williams Phantom of the Paradise de Brian De Palma

12 août 2015

Help! (1965) de Richard Lester

Au secours!Une mystérieuse secte orientale découvre qu’une bague sacrée portée par une jeune femme destinée à être sacrifié a disparu. Or cette bague est au doigt de Ringo (1). Le grand prêtre et ses acolytes vont tout faire pour la récupérer… Après le succès de A Hard Day’s Night, Richard Lester et les Beatles bénéficient d’un budget plus important pour tourner Help!, en couleurs et doté d’un scénario plus élaboré. L’histoire est totalement farfelue, tout à fait dans l’esprit de l’humour british nonsense. Il prend la forme d’une satire des films de James Bond et les Beatles ont cité Duck Soup des Marx Brothers en influence. Il y a de belles et nombreuses trouvailles assez enthousiasmantes dans les pièges qui sont dressés pour capturer Ringo (le plus beau est à mes yeux le dirigeable et les pas… il fallait oser) : beaucoup d’inventivité. Comme souvent dans ce style d’humour, les transitions entre les scènes ne sont pas travaillées mais cela importe peu : cela permet d’avoir des lieux très différents, et d’avoir par exemple la célèbre séquence dans la neige. Les morceaux sont bien intégrés, montrant à chaque fois les Beatles jouant avec leurs instruments. Ce sont les sept morceaux de la face A de l’album Help! qui sortira quelques jours après le film, album qui est assez fondamental dans leur évolution. Ce deuxième film des Beatles est incontestablement plus travaillé que le premier. Certains le trouvent moins spontané. D’autres, comme moi, prennent autant (sinon plus) de plaisir à le revoir.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: George Harrison, John Lennon, Paul McCartney, Ringo Starr, Leo McKern, Eleanor Bron, Roy Kinnear
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Help!
John Lennon et Paul McCartney (jouant You’ve Got to Hide Your Love Away) dans Help! de Richard Lester

Remarques :
* Certains critiques ont mentionné l’influence du Goon Show, une émission radiophonique de la BBC des années cinquante où a notamment officié Peter Sellers.
* L’humour fait souvent penser à celui des Monty Python (dont le Circus est rappelons-le postérieur). Il y a quelques gags qui sont vraiment très proches.
* Beaucoup plus tard, les Beatles ont avoué avoir « beaucoup fumé » pendant le tournage (« A hell of a lot of pot was being smoked while we were making the film ») notamment lors du tournage dans les Alpes (autrichiennes).
* A l’occasion du cinquantième anniversaire de la sortie du film, un livre de photos de tournage du film Help! va sortir prochainement (15 septembre 2015) chez Rizzoli.

Help!

(1) Rappelons que Ringo aimait porter de grosses bagues ce qui lui a valu le surnom de Ringo (ring = bague en anglais).

10 août 2015

Quatre garçons dans le vent (1964) de Richard Lester

Titre original : « A Hard Day’s Night »

Quatre garçons dans le ventLes Beatles et leur manager prennent le train pour Londres pour donner un concert télévisé. Paul est accompagné de son grand-père, un vieil homme pittoresque dont il a la charge. Arrivés à Londres, ils sont confinés dans un hôtel… Tourné par l’américain de naissance mais anglais d’adoption Richard Lester, A Hard Day’s Night est le premier film des Beatles, un film au budget réduit et grandement improvisé. Il nous montre les quatre compères faisant les fous, impertinents (selon les critères de l’époque), ne prenant rien au sérieux, assez fidèles à leur image et sans masquer leurs origines populaires. S’ils semblent assez incontrôlables, ils obéissent toutefois aveuglément à un manager un peu ridicule qui les traite comme des enfants (ce manager n’est pas interprété par Brian Epstein mais c’est inévitablement de lui qu’il s’agit). En filigrane, on pourra mesurer à quel point la célébrité avait déjà transformé leur vie en un enfermement continuel (1). La scène « Can’t buy me Love » où ils s’évadent du studio de télévision pour aller faire les fous sur une pelouse prend ainsi une certaine signification. Le personnage du grand-père permet d’introduire de nombreuses notes d’humour, pas toujours parfaitement réussies mais parfois vraiment amusantes. On notera l’hommage au cinéma muet, notamment dans les scènes de poursuite (on peut penser à Buster Keaton ou aux Keystone Cops). Pour notre plus grand plaisir, plusieurs morceaux sont intercalés plus ou moins habilement et le film se termine par un concert télévisé de trois ou quatre morceaux devant un public de jeunes fans en transe. L’album est sorti peu de temps après le film qui a connu un grand succès. Même si son côté impertinent s’est un peu émoussé aujourd’hui, c’est toujours un plaisir de revoir A Hard Day’s Night.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: John Lennon, Paul McCartney, George Harrison, Ringo Starr, Wilfrid Brambell, Norman Rossington
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A Hard Day's Night
Paul McCartney, George Harrison, Ringo Starr et John Lennon dans A Hard Day’s Night de Richard Lester.

A Hard Day's Night
Paul McCartney, John Lennon, George Harrison et Ringo Starr et dans A Hard Day’s Night de Richard Lester.

A Hard Day's Night
Wilfrid Brambell (le grand-père) et John Lennon dans A Hard Day’s Night de Richard Lester.

A Hard Day's Night
Les Beatles dans A Hard Day’s Night de Richard Lester.

Remarques :
* Le titre anglais est tirée d’une phrase dite par Ringo Starr (qui était spécialiste de phrases bizarrement tournées) : parlant à la fin d’une journée de travail qui s’était prolongée très tard, il commence par dire « it’s been a hard day… » et, voyant qu’il fait nuit, ajoute « …night ». La chanson homonyme a ensuite été écrite par Lennon en catastrophe, huit jours avant la fin du tournage.

* Le film reprend quelques uns des bons mots des membres du groupe comme le célèbre jeu de mots de Ringo :
Journaliste : Are you a mod or a rocker?
Ringo : Um, no. I’m a mocker.

* Parmi les figurants/fans du concert télévisé se trouvait un jeune garçon de 13 ans du nom de Phil Collins. La photo ci-dessous montre son emplacement probable (d’autres sites montrent un autre plan qui paraît moins probable).

A Hard Day's Night

(1) Alun Owen qui a écrit le scenario dit avoir été inspiré par une phrase dite par l’un des membres du groupe décrivant leur vie comme étant « un train et une chambre et une voiture et une chambre et une chambre et une chambre » (a train and a room and a car and a room and a room and a room).

19 juillet 2015

Coup de coeur (1981) de Francis Ford Coppola

Titre original : « One from the Heart »

Coup de coeurLas Vegas, la veille du 4 juillet. Hank et Franny se disputent et décident de se séparer. Ils font chacun une rencontre… Après le difficile et interminable tournage d’Apocalypse Now, Coppola cherche à avoir le contrôle total sur tous les aspects de la réalisation. Il acquiert un immense studio à l’abandon et y déplace le siège de sa société de production American Zoetrope. Il souhaite aussi se rapprocher du processus de création théâtrale, son Las Vegas est ainsi entièrement recréé artistiquement en studio. Son autre ambition est d’ouvrir une nouvelle voie de création, celle du « cinéma électronique » : il utilise la technologie vidéo, dirige le tournage depuis une régie, pratique de nombreuses superpositions/transitions  d’images, fait le montage sur ordinateur. Comme on le sait, Coup de coeur fut un désastre critique et commercial, laissant Coppola couvert de dettes : le réalisateur devra accepter de tourner des films de commande pendant quinze ans pour se renflouer. Coup de coeurRevu aujourd’hui, le film laisse sur des impressions mitigées : s’il fait montre d’un style assez séduisant avec une belle photographie et des décors superbes dont l’artificialité convient si bien à Las Vegas, l’histoire est déroutante par sa simplicité ; elle est même parfaitement inintéressante. Mais il y a aussi la musique, merveilleuse, très présente, composée par Tom Waits et chantée en duo par Tom Waits et Crystal Gayle (une alliance surprenante). C’est l’une des plus belles bandes originales de film… Et Coup de coeur reste un film assez unique en son genre.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Frederic Forrest, Teri Garr, Raul Julia, Nastassja Kinski, Harry Dean Stanton
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Coup de coeur
Nastassja Kinski dans Coup de coeur de Francis Ford Coppola. A noter que Gene Kelly a été consultant pour les chorégraphies.

Coup de coeur
Les maquettes utilisées pour Coup de coeur de Francis Ford Coppola.

5 juillet 2015

L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock

Titre original : « The Man Who Knew Too Much »

L'homme qui en savait tropEn visite touristique au Maroc, le docteur Ben McKenna, sa femme Jo et son fils Hank font la connaissance fortuite d’un français dans un car. Le lendemain, alors qu’ils visitent les souks en compagnie d’un couple d’anglais, ils assistent à l’assassinat d’un arabe qui vient mourir dans les bras du docteur. Celui-ci reconnait alors le français de la veille qui lui glisse quelques mots à l’oreille à propos d’un attentat… Hitchcock avait déjà porté L’homme qui en savait trop à l’écran dans sa période anglaise en 1934. Beaucoup de détails changent mais le fond de l’histoire reste le même. Cette version américaine est plus policée, « plus professionnelle » dit le réalisateur, plus hollywoodienne c’est certain. Elle est peu convaincante tout d’abord : dans toute la partie marocaine, Hitchcock ne parvient pas à une bonne symbiose entre l’humour et la tension naissante, et les incrustations (transparences) grossières perturbent notre attention. De plus, le propos s’égare dans les relations de ce couple apparemment parfait (où la femme s’est, on le comprend, entièrement sacrifiée pour son mari), digressions qui n’apportent que peu. Hormis, la scène de la mort du français qui est une réussite, l’ensemble n’est pas vraiment prenant. Mais, là où le génie d’Hitchcock est ensuite manifeste, c’est dans l’utilisation de la musique, la chanson Que sera sera et surtout la tension créée lors de la séquence du concert à l’Albert Hall dont la perfection est ici encore bien plus grande que dans la version précédente : 12 minutes sans dialogue (mais avec un cri) et son célèbre coup de cymbales tant attendu. Cette séquence fait partie des plus remarquables de l’histoire du cinéma.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: James Stewart, Doris Day, Brenda de Banzie, Bernard Miles, Daniel Gélin
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Remarques :
* Hitchcock cameo : de dos, à gauche de l’écran, lorsque Doris Day et James Stewart regardent les acrobates.

* La chanson Que sera, sera (que l’on peut trouver assez horripilante…) a été écrite par Jay Livingston et Ray Evans peu avant qu’Alfred Hitchcock ne leur demande une chanson pour le film. Elle est chantée par Doris Day elle-même qui s’est laissée convaincre de l’enregistrer ensuite. La chanson est devenue le plus gros succès de l’actrice/chanteuse. Jay Livingston a reconnu avoir lu la phrase Que sera sera dans le film de Mankiewicz La Comtesse aux pieds nus : lorsque Rossano Brazzi montre à Ava Gardner sa maison, celle-ci remarque cette inscription qui est la devise de sa famille.

* Le morceau joué à l’Albert Hall a été composé pour le film est arrangé par Bernard Hermann que l’on voit diriger l’orchestre.

* Dans ses entretiens avec Hitchcock, François Truffaut remarque (à juste titre car c’est indéniable) que le joueur de cymbales ressemble à Hitchcock. Celui-ci répond que c’est involontaire…

L'homme qui en savait trop (1956)
Le joueur de cymbales de L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock.
On notera le regard-caméra (ce n’est pas une photo publicitaire, il s’agit d’une image du film) : Hitchcock peut dire ce qu’il veut, il est manifeste qu’il s’est projeté dans ce personnage… « Vous l’attendez, vous allez l’avoir votre coup de cymbales! »

L'homme qui en savait trop (1956)
Doris Day et James Stewart dans L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock.
L’une des fameuses incrustations grossières d’Hitchcock. On remarquera avec amusement que les ombres ne sont même pas cohérentes : Doris Day et James Stewart reçoivent leur « soleil » de face alors que dans la scène en arrière plan, le soleil vient de la gauche
.

L'homme qui en savait trop (1956)
(de g. à d.) Bernard Miles, Christopher Olsen, Brenda de Banzie, Doris Day et James Stewart dans L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock

L'homme qui en savait trop
Daniel Gélin (au sol) et James Stewart dans L’homme qui en savait trop (1956) de Alfred Hitchcock.

7 avril 2015

La Maison de la Radio (2013) de Nicolas Philibert

La Maison de la radioLa Maison de la radio n’est pas un documentaire classique. Il peut donc dérouter car il ne dresse pas un portrait de cette grande maison, ni n’en dévoile vraiment les coulisses, ni n’apporte d’éléments pour comprendre (par exemple) les crises qu’elle traverse comme c’est le cas au moment où ces lignes sont écrites. Nicolas Philibert, dont Etre et avoir est resté dans tous les esprits, nous propose ici un collage plus sonore que visuel, avec des fragments grappillés ici et là et dont la seule structure semble être de suivre le fil d’une journée. Dans la veine du cinéma direct, il s’est totalement immergé avec une caméra légère, ne pratique aucune intervention sur le milieu, le tout avec une totale absence de commentaires ou d’indications. Son approche du documentaire est ainsi très originale et personnelle, ce qui lui permet de relever le défi de faire des images sur un media purement sonore. Cette déambulation n’est pas dénuée d’humour et se regarde (et s’écoute) avec plaisir.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs:
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Nicolas Philibert
Nicolas Philibert et sa caméra –  La Maison de la Radio