20 mai 2021

Une mère incroyable (2019) de Franco Lolli

Titre original : « Litigante »

Une mère incroyable (Litigante)À Bogota, Silvia, mère célibataire et avocate travaillant pour une administration municipale, est mise en accusation dans un scandale de corruption. À ses difficultés professionnelles s’ajoute une angoisse plus profonde. Leticia, sa mère, avec laquelle elle entretient des relations conflictuelles, est gravement malade. Tandis qu’elle doit se confronter à son inéluctable disparition, Silvia se lance dans une histoire d’amour, la première depuis des années…
Litigante (traduction littérale = plaideur) (1) est un film colombiano-français réalisé par le trentenaire colombien Franco Lolli. Il s’agit de son deuxième long métrage. Il en a écrit le scénario avec les françaises Marie Amachoukeli-Barsacq et Virginie Legeay. Le sujet s’est imposé à lui lorsqu’il a appris que sa propre mère était atteinte d’un cancer. Elle interprète le rôle de la mère de Silvia dans le film (2). Le sujet peut nous laisser craindre un mélodrame pesant mais il n’en est rien. Le récit est en réalité tout simplement très humain et sonne très juste grâce à une interprétation sobre et naturelle. Il y a une certaine rage contenue chez Silvia, une tristesse aussi, car elle a le sentiment que sa vie lui échappe. Le rôle principal est tenu par Carolina Sanin, une écrivaine et féministe connue en Colombie.
Elle: 4 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Carolina Sanin, Leticia Gómez, Vladimir Durán
Voir la fiche du film et la filmographie de Franco Lolli sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

(1) Le titre français est un peu simplet et, surtout, il a le défaut de prêter à confusion puisque l’on pense à priori que la « mère incroyable » est Leticia, atteinte d’un cancer. En réalité, il s’agit de Silvia : elle est qualifiée de « mère incroyable » par Abel (lors de la scène de course de karting de son fils, photo ci-dessous).
(2) Sachant cela (que la mère malade est interprétée par la propre mère du cinéaste), il est tout de même assez étonnant que ce personnage soit si antipathique.

Une mère incroyable (Litigante)Carolina Sanin et Vladimir Durán dans Une mère incroyable (Litigante) de Franco Lolli.

21 août 2019

Les étoiles restantes (2018) de Loïc Paillard

Les étoiles restantesAlors qu’il vient de se faire larguer par sa petite amie, Alexandre, trentenaire un peu paumé, décide de se lancer dans la vie active et de mettre de l’ordre dans sa vie. Mais tout semble aller mal. Son père, cancéreux en phase terminale, vient de décider d’arrêter sa chimiothérapie. Et ce n’est pas son colocataire cloîtré chez lui pour chercher « une méthode universelle pour réussir sa vie » qui lui sera d’une aide quelconque. Heureusement Alexandre rencontre Manon…
Après quelques courts métrages, Loïc Paillard réalise son premier long métrage qu’il produit lui-même. Il dit s’être inspiré de sa propre vie pour écrire cette comédie dramatique. Il réussit à aborder le thème de la mort sans faire un film sombre pour autant, il parvient même à donner une indéniable légèreté à son récit. Sur ce plan, le film est bien équilibré. Le personnage principal, interprété par Benoît Chauvin, est assez réussi ; il a quelque chose d’attachant dans sa façon d’être désarçonné par sa propre vie. En revanche, le scénario gagnerait à être étoffé et un peu de profondeur aurait réellement profité à l’ensemble. néanmoins, Les étoiles restantes méritait bien d’être remarqué.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Benoît Chauvin, Camille Claris, Jean Fornerod, Sylvain Mossot
Voir la fiche du film et la filmographie de Loïc Paillard sur le site IMDB.
Voir la fiche du film sur AlloCiné.

Les étoiles restantesBenoît Chauvin et Camille Claris dans Les étoiles restantes de Loïc Paillard.

9 août 2017

Journal intime (1993) de Nanni Moretti

Titre original : « Caro diario »

Journal intime1. En plein mois d’août, Nanni Moretti se plait à sillonner les rues de Rome vidé de ses habitants sur sa Vespa. 2. Nanni Moretti parcourt les îles Eoliennes à la recherche d’un coin tranquille pour écrire un scénario. 3. Nanni Moretti va de médecin en médecin pour trouver un remède à des démangeaisons… Nanni Moretti se met en scène dans trois sketches où il parle à son Journal intime. Dans ce film assez personnel, le réalisateur a trouvé un ton très original, proche l’improvisation avec une bonne dose d’humour. C’est le premier sketch qui est le plus réussi, celui où la caméra le suit sur son scooter avec son casque blanc, une image devenue presque iconique. C’est un collage de différentes scènes sans suite narrative où il place commentaires sarcastiques et observations pertinentes mais aussi quelques futilités amusantes. Cinéma, sociologie et urbanisation, et même la danse sont les sujets abordés.  Le deuxième paraît plus long mais nous réserve  des réflexions amusantes sur les enfants-rois, la télévision ou encore la mégalomanie des élus locaux. Dans le troisième sketch, Nanni Moretti fustige les nombreux médecins qui ont été incapables de diagnostiquer le début de cancer dont il a été atteint en 1991. Journal intime est un film que nous avions plus apprécié à sa sortie. Il nous a paru très sombre cette fois-ci. Revoir les films après de longues années réserve ce genre de surprises.
Elle: 2 étoiles
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Nanni Moretti
Voir la fiche du film et la filmographie de Nanni Moretti sur le site IMDB.

Voir les autres films de Nanni Moretti chroniqués sur ce blog…

Voir les livres sur Nanni Moretti

Journal intime
Nanni Moretti sillone les rues de Rome dans le premier sketch de Journal intime de Nanni Moretti.

Journal intime
Nanni Moretti et Renato Carpentieri sur l’île de Stromboli dans le second ketch de  Journal intime de Nanni Moretti.

Remarques :
* La séquence, dans le second sketch, où l’on voit Silvana Mangano danser à la télévision est un extrait du film Anna d’Alberto Lattuada (1951).
* Le critique de cinéma poursuivi par le remords jusque dans son lit est interprété par le réalisateur italien Carlo Mazzacurati.

Monument Pasolini
Monument dédié à Pier Paolo Pasolini sur la plage d’Ostie, à l’endroit où il a été sauvagement assassiné en 1975.  C’est ce monument que l’on voit (délabré) à la fin du premier sketch de Journal intime de Nanni Moretti. Il a depuis été restauré comme on peut le voir sur cette photo plus récente.

Homonyme :
Journal intime (Cronaca familiare) de Valerio Zurlini (1962) avec Marcello Mastroianni et Jacques Perrin

19 juillet 2017

Alabama Monroe (2012) de Felix van Groeningen

Titre original : « The Broken Circle Breakdown »

Alabama MonroeDidier joue du banjo dans un groupe de Bluegrass et vénère l’Amérique. Avec Elise, qui tient un salon de tatouages, ils vivent une relation fusionnelle. On découvre que leur fille Maybelle, âgée de sept ans, est atteinte d’un grave cancer… Alabama Monroe est l’adaptation d’une pièce de théâtre écrite par Johan Heldenbergh et Mieke Dobbels, The Broken Circle Breakdown featuring the Cover-Ups of Alabama, qui a connu un énorme succès en Belgique flamande et aux Pays-Bas. Johan Heldenbergh reprend son rôle à l’écran. C’est à la fois une histoire assez dure sur la maladie et qui fustige les réticences d’origine religieuse sur la recherche médicale (1), et une mise en avant de la musique Bluegrass où les morceaux sont intégrés aux évènements et en  sont partie prenante. L’alliance du Bluegrass avec le drame n’est pas totalement incongru (même si les frères Coen avaient plutôt fait l’inverse dans O’Brother). Le réalisateur belge Felix van Groeningen a choisi de déstructurer son récit ; il va hélas beaucoup trop loin dans cette voie, entremêlant passé et même futur au présent, passant allègrement et sans prévenir d’une période à l’autre, ce qui finit par être inutilement perturbant. Belles interprétations de Johan Heldenbergh et de Veerle Baetens, tatouée des pieds à la tête…
Elle: 3 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Johan Heldenbergh, Veerle Baetens
Voir la fiche du film et la filmographie de Felix van Groeningen sur le site IMDB.

Remarques :
* Le titre original du film fait référence à un morceau emblématique du bluegrass, Will the Circle Be Unbroken, qui est à la base un hymne religieux et qui est chanté par le groupe au début du film. C’est en quelque sorte un retournement du titre (et par ailleurs, en plus de sa signification de « chute », beaucoup de titres d’instrumentaux finissent par breakdown.
* Formé à l’occasion, le groupe de bluegrass The Broken Circle Breakdown Bluegrass Band connaît depuis la sortie du film un énorme succès en Belgique. Les ventes de la musique originale du film ont battu tous les records en ce pays.

(1) En 2006, sur des motivations religieuses, George Bush a mis son veto sur les crédits à la recherche médicale sur les cellules souches embryonnaires votés par le Sénat américain. Ce veto a été levé par Obama en 2009.

Alabama Monroe
Veerle Baetens et Johan Heldenbergh dans Alabama Monroe de Felix van Groeningen.

Alabama Monroe
Veerle Baetens et Nell Cattrysse dans Alabama Monroe de Felix van Groeningen.

Alabama Monroe
Johan Heldenbergh et Veerle Baetens dans Alabama Monroe de Felix van Groeningen.

18 janvier 2013

Restless (2011) de Gus Van Sant

RestlessLe jeune Enoch et Annabel assistent régulièrement et compulsivement à des enterrements. Ils font connaissance. Annabel confie à Enoch qu’elle n’a plus que quelques mois à vivre… Gus Van Sandt aborde dans Restless deux de ses sujets de prédilection : la jeunesse et la mort. Il traite cette histoire avec beaucoup de délicatesse et de fraîcheur. Il lui donne un caractère intemporel et soigne ses images pour traduire la beauté intérieure de ces deux êtres fragiles. Il est bien entendu difficile de ne pas être touché par l’histoire d’une jeune fille condamnée à une mort proche et certaine mais on peut néanmoins trouver ce drame romantique un peu trop naïf et artificiel, regretter que tout semble être fait pour nous émouvoir. Gus Van Sant et le scénariste Jason Lew disent se placer dans le prolongement d’Harold et Maude (1) et de Garden State (2). Beaucoup de critiques ont également fait le rapprochement avec Love Story (3)
Elle: 3 étoiles
Lui : 1 étoile

Acteurs: Henry Hopper, Mia Wasikowska, Ryo Kase
Voir la fiche du film et la filmographie de Gus Van Sant sur le site IMDB.

Voir les autres films de Gus Van Sant chroniqués sur ce blog…

(1) Harold and Maude d’Hal Ashby (1971) avec Ruth Gordon et Bud Cort.
(2) Garden State de Zach Braff (2005) avec Zach Braff et Natalie Portman
(3) Love Story d’Arthur Hiller (1971) avec Ali MacGraw et Ryan O’Neal.

7 juillet 2012

Biutiful (2010) de Alejandro González Iñárritu

BiutifulPour permettre à ses enfants de survivre, Uxbal se livre à tout un tas de trafics dans les quartiers polyethniques de Barcelone, aidant des immigrés clandestins à travailler au noir, monnayant de prétendus talents de medium pour communiquer les dernières paroles de défunts. Il découvre qu’il est atteint d’une maladie grave… Contrairement aux précédents films d’Alejandro González Iñárritu, Biutiful est centré sur un seul personnage. Il l’a écrit pour Javier Bardem qui signe ici une belle performance qui ne parvient que partiellement à contrebalancer les excès de style du réalisateur. Très (trop) long, Biutiful est un film très noir dont le personnage semble devoir porter toutes dérives du monde. A vouloir trop en faire, Iñárritu nous détache et nous éloigne.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Javier Bardem, Maricel Álvarez, Hanaa Bouchaib, Eduard Fernández
Voir la fiche du film et la filmographie de Alejandro González Iñárritu sur le site IMDB.

Voir les autres films de Alejandro González Iñárritu chroniqués sur ce blog…

5 juin 2012

Beginners (2010) de Mike Mills

BeginnersA 38 ans, Oliver vient de perdre son père, ce qui laisse un grand trou dans sa vie. Il se remémore les cinq dernières années passées avec lui, depuis que son père avait déclaré, à l’âge de 75 ans, qu’il était homosexuel. Oliver rencontre une jeune actrice mais il a bien du mal à se départir d’une certaine tristesse… L’histoire de Beginners peut paraître improbable ou exagérée, c’est néanmoins celle de Mike Mills qui signe ici son second long métrage. On se laisse gagner peu à peu par la richesse de cette histoire autobiographique d’un fils qui redécouvre son père et qui s’en trouve d’autant plus déstabilisé. C’est deux (voire trois) histoires que nous suivons en parallèle bien que séparées par plusieurs années. Mike Mills parvient à donner beaucoup de profondeur à son film. Il est interprété avec beaucoup de délicatesse par Ewan McGregor, Christopher Plummer (oscarisé pour ce rôle) et Mélanie Laurent, remarquable trio.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Ewan McGregor, Christopher Plummer, Mélanie Laurent, Goran Visnjic
Voir la fiche du film et la filmographie de Mike Mills sur le site IMDB.

1 mars 2012

Le bruit des glaçons (2010) de Bertrand Blier

Le bruit des glaçonsPar une journée ensoleillée d’hiver, un inconnu sonne chez un écrivain célèbre qui vit reclus dans un mas provençal isolé un seau à glace bien rempli dans les bras à longueur de journée : « Bonjour, je suis votre cancer. Je me disais que ce serait pas mal qu’on fasse connaissance. » … Parvenir à faire une comédie sur un homme qui va mourir d’un cancer dans les trois mois est une entreprise plutôt périlleuse. Avec Le bruit des glaçons, Bertrand Blier revisite avec brio le thème de l’ange de la mort qui vient tourmenter sa victime. La maladie prend ainsi un visage : il est teigneux, sûr de lui, envahisseur, faussement désinvolte. Albert Dupontel exprime parfaitement toutes ces facettes. Ecrit avec intelligence par Bertrand Blier lui-même, Le bruit des glaçons doit aussi beaucoup à ses acteurs : Jean Dujardin montre une maturité inhabituelle et il faut saluer la performance sensible d’Anne Alvaro. L’humour noir, la verve et la truculence de Bertrand Blier font le reste. Son cinéma ne fera sans doute jamais l’unanimité, mais il est unique et tranche avec l’envahissante normalité. Pour notre plus grand plaisir.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Jean Dujardin, Albert Dupontel, Anne Alvaro, Myriam Boyer, Emile Berling
Voir la fiche du film et la filmographie de Bertrand Blier sur le site IMDB.

Voir les autres films de Bertrand Blier chroniqués sur ce blog…