14 mai 2020

Objectif Lune (1967) de Robert Altman

Titre original : « Countdown »

Objectif Lune (Countdown)Alors que le programme Apollo de la NASA a besoin encore d’une année pour envoyer des hommes sur la Lune, les américains apprennent que les russes sont sur le point d’aboutir. Pour ne pas se faire doubler, Washington décide d’envoyer dès maintenant un homme seul qui devra attendre un an dans un abri spécial la mission Apollo capable de le ramener sur la Terre…
Countdown est adapté du roman The Pilgrim Project de Hank Searls paru en 1965. Le film marque le retour de Robert Altman au cinéma après dix années de télévision. Il l’a tourné… mais pas monté, puisqu’il fut renvoyé par la Warner (1). Le récit tend à opposer l’humain au scientifique : d’abord par les réticences de tous les proches de l’astronaute choisi, par celles du médecin et aussi par les réactions incontrôlées de l’homme lors de la mission. Tout cela aurait pu donner un film intéressant mais, hélas, donne trop souvent l’impression d’un soap-opera sans grande profondeur. En outre, les scènes dans la capsule ou sur la Lune trahissent un manque de budget (la démarche de James Caan sur la Lune consiste à trainer des pieds dans un scaphandre d’opérette). On peut penser que le résultat final aurait certainement été différent si Robert Altman avait contrôlé son projet jusqu’au bout.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: James Caan, Joanna Moore, Robert Duvall, Barbara Baxley
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Remarques :
* Le film est sorti aux Etats-Unis dix-huit mois avant la mission Apollo 11 qui a permis à un homme de marcher sur la lune.
* Countdown est sorti aux Etats-Unis en double-programme avec le film de John Wayne Les Bérets verts. Ce dernier engendra une telle polémique que personne ne parla de Countdown qui fut rapidement retiré des circuits.

(1) Robert Altman fut renvoyé le soir du dernier jour de tournage par Jack L. Warner parce qu’il avait filmé des scènes où plusieurs acteurs parlaient en même temps, ce qu’il considérait comme une faute professionnelle. Quelques scènes additionnelles furent tournées par le producteur William Conrad.

Objectif Lune (Countdown)James Caan dans Objectif Lune (Countdown) de Robert Altman.

7 août 2018

Nashville (1975) de Robert Altman

NashvilleLa capitale de la country music accueille la chanteuse vedette Barbara Jean de retour de convalescence, tandis que la journaliste Opal tente de faire un reportage et que John Triplette cherche à engager des chanteurs pour un meeting politique, etc…
Sur un scénario de Joan Tewkesbury, Robert Altman a réalisé une grande fresque où il poursuit son analyse de la civilisation américaine. Il en étudie les mythologies modernes avec un regard neutre, sans forcer le trait, sans tomber dans la caricature. La construction chorale est remarquable : ce ne sont pas moins de 24 personnages que nous suivons  durant cinq jours, des personnages dont les parcours se croisent et s’entrecroisent. La structure peut dérouter quelque peu en début de film mais, rapidement, on apprécie de sauter d’un personnage à l’autre. Cela donne une extraordinaire richesse à l’ensemble. L’interprétation est brillante dans ce film parfaitement maitrisé de bout en bout.
Elle: 3 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Keith Carradine, Geraldine Chaplin, Shelley Duvall, Scott Glenn, Jeff Goldblum, Barbara Harris, Lily Tomlin, Michael Murphy, Ned Beatty, Karen Black
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Remarque :
* La chanson I’m easy écrite et chantée par Keith Carradine a connu un très grand succès et a été couverte de prix.

Nashville
Keith Carradine dans Nashville de Robert Altman.

Nashville
Dave Peel et Géraldine Chaplin dans Nashville de Robert Altman.

Nashville
Ronee Blakley dans Nashville de Robert Altman.

7 novembre 2017

John McCabe (1971) de Robert Altman

Titre original : « McCabe & Mrs. Miller »

John McCabeArrivé dans une petite bourgade minière du nord de l’Ouest américain, un joueur professionnel itinérant décide d’ouvrir un bordel. Il s’associe avec une prostituée pour la gérer… Librement adapté d’un roman d’Edmund Naughton, John McCabe est souvent cité comme l’un des meilleurs représentants du genre que l’on nomme (un peu pompeusement) « le western crépusculaire » des années soixante-dix (les anglo-saxons emploient plus justement le terme « western révisionniste ») : point de soleil brûlant encore moins de désert… la végétation est abondante, il pleut sans arrêt, il fait froid et même la neige (non prévue au scénario) s’installe. Point de héros, ni de noble cause à défendre… rien ni personne n’est reluisant. L’individualisme règne en maître et cette difficile période de transition où la Loi n’existait pas encore est décrite crûment et sans fard (1). John McCabe est un film qui a beaucoup de style avec la musique plaintive de Leonard Cohen dont les paroles collent si bien au propos du film qu’elles sembleraient presque composées spécialement pour lui et la photographie de Vilmos Zsigmond, expert de l’exploitation de la lumière naturelle, qui utilise des filtres jaune-bruns pour créer une atmosphère très prégnante. A mes yeux, la forme très stylée de John McCabe enchante plus que le fond que je dois avouer avoir trouvé un peu ennuyeux.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Warren Beatty, Julie Christie, Shelley Duvall, Keith Carradine
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Remarques :
* Robert Altman a décrit son film comme un « anti-western ».
* Warren Beatty et Julie Christie vivaient ensemble à cette époque et avaient un fort désir de jouer ensemble.
* John McCabe utilise trois chansons de Leonard Cohen : « The Stranger Song », « Sisters of Mercy » et « Winter Lady ».

(1) Beaucoup ont vu aussi dans John McCabe une critique de la concentration économique en sociétés mais, s’il peut sembler probable que ce fut dans les intentions du réalisateur, la démonstration n’est pas (du moins à mes yeux) vraiment probante.

John McCabe
Warren Beatty et Julie Christie dans John McCabe de Robert Altman.

Tournage de John McCabe
Warren Beatty, Vilmos Zsigmond et Robert Altman sur le tournage de John McCabe de Robert Altman.

11 janvier 2014

Buffalo Bill et les indiens (1976) de Robert Altman

Titre original : « Buffalo Bill and the Indians, or Sitting Bull’s History Lesson »

Buffalo Bill et les IndiensEn 1885, Buffalo Bill dirige un grand spectacle sur l’Ouest dont il est la vedette. Pour pimenter le show, il achète à l’armée l’un de ses prisonniers les plus célèbres, le chef indien Sitting Bull… Après l’armée (MASH), le western (John McCabe), la music-business (Nashville), Robert Altman s’attaque à l’une des plus grandes figures mythiques de l’Amérique : Buffalo Bill. Alors qu’Hollywood a exploité jusqu’à la corde la légende du héros intrépide, Altman nous le montre comme un cabotin plutôt grotesque entouré de béni-oui-oui, maladroit au tir et piètre cavalier. Même s’il grossit un peu le trait, il est tout de même assez proche de la vérité historique et sait agrémenter l’ensemble d’une bonne dose d’humour. Au-delà de cette figure légendaire, Altman s’attaque à cette société du spectacle capable de créer l’Histoire (« J’ai le sens de l’Histoire » braille Buffalo Bill dans un moment d’énervement, « et c’est moi qui commande ! ») et ainsi s’interroge sur la façon dont se forge un imaginaire collectif, fondement d’une civilisation moderne. Altman maitrise parfaitement cette mise en scène d’une mise en scène, utilisant comme à son habitude de très nombreux personnages.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Paul Newman, Joel Grey, Kevin McCarthy, Harvey Keitel, Geraldine Chaplin, Burt Lancaster
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Remarques :
* Loin du mythe largement accepté comme vérité historique, le chasseur de bisons William Frederick Cody (alias Buffalo Bill) a été un showman qui s’est forgé un personnage de légende en créant un spectacle mettant en scène des scènes de la vie dans l’Ouest et des batailles contre les indiens. Buffalo Bill faisait jouer à de vrais indiens leurs propres rôles ce qui contribua à l’immense popularité de son spectacle. Le cinéma, juste naissant, lui a permis d’accentuer davantage son image. Il a ainsi créé et répandu dans l’imaginaire collectif le mythe du Far-West et ses codes vestimentaires (on lui doit les chapeaux, les chemises, les foulards, les coiffes de plumes pour les indiens, etc.) Son spectacle a même tourné en Europe : ses représentations à Paris en 1905 ont attiré plus de 3 millions de spectateurs ! Le mythe de Buffalo Bill a été ensuite largement entretenu par le cinéma. C’est un superbe exemple de « légende qui dépasse la réalité »…

* Dès 1894, William Frederick Cody apparaît dans de petits films où il joue son propre rôle, le plus souvent des extraits de son show. IMDB liste ainsi 20 films où il apparait entre 1894 et 1917, l’année de sa mort.

15 janvier 2013

Un mariage (1978) de Robert Altman

Titre original : « A Wedding »

Un mariageLa fille d’une famille de nouveaux riches épouse le fils d’une grande famille bien établie. Cette grande cérémonie très planifiée va être émaillée d’une multitude de petits évènements de tous ordres… Après Nashville (1975), Robert Altman reprend le principe de nous faire suivre une petite cinquantaine de personnages dans un même milieu. Sa démarche pour Un mariage n’est pas de raconter une histoire mais d’observer le comportement d’un certain nombre de personnes dans un environnement qui n’est pas le leur (1). Le début du film peut paraître un peu alourdi par le cérémonial à l’église mais rapidement l’humour relance l’intérêt et la richesse des mini-tragédies qui se déroulent ensuite devant nos yeux est remarquable. Les personnages sont parfois hauts en couleur mais, à aucun moment, Altman ne force le trait, tout semble plausible. Tout ce qui paraît idyllique à première vue se révèle être tout autre ; en ce sens, Altman s’attaque à ce qui forge un modèle social. Le caractère contestataire de ses films dans les années soixante-dix est toujours vivace aujourd’hui. Un mariage peut dérouter car il ne repose pas sur scénario traditionnel mais le film est un petit plaisir à regarder, un joli patchwork rehaussé par un humour finalement assez corrosif.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Vittorio Gassman, Lillian Gish, Carol Burnett, Mia Farrow, Geraldine Chaplin, Howard Duff
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Remarque :
John Malkovich et Gary Sinise font ici leur première apparition au cinéma comme figurants.

(1) Robert Altman raconte : « Nous nous sommes plus intéressés au comportement qu’à la psychologie. A la façon dont les gens se comportant quand ils sont conscients de leur propre présence. Ils ne portent pas leurs habits habituels, ne sont pas à l’aise. On leur dit où se mettre, de faire telle et telle chose. Chacun, mis dans une position sociale inconfortable de ce type, agit différemment, un peu n’importe comment. Chacun essaie de présenter une image dont il n’a pas l’habitude, qu’il ne contrôle pas. » (Entretien avec Jean-Pierre Le Pavec et Dominique Rabourdin, Cinéma 78, n°239, nov 1978)

24 février 2008

Cookie’s fortune (1999) de Robert Altman

Cookie's fortuneElle :
(En bref) Film lent et déprimant… (Abandon)
Note : 1 étoiles

Lui :
Avec Cookie’s fortune, Altman donne à nouveau dans la description minutieuse de l’Amérique moyenne. La première moitié se déroule sans but précis. L’ambiance générale n’est pas sans rappeler Short Cuts et Altman se plaît à dépeindre les personnages les plus décérébrés et crétins possible. On pourrait y voir une critique de la société américaine mais ce n’est pas ainsi que le film a été perçu. Il y a quelques moments amusants cependant et le fond de l’histoire, librement adapté d’une pièce de Tennessee Williams, est original voire plaisant. La pauvre Glenn Close est une fois de plus cantonnée à jouer un rôle d’une personne particulièrement méprisable (et idiote). L’ensemble est terrifiant.
Note : 1 étoiles

Acteurs: Glenn Close, Julianne Moore, Liv Tyler, Chris O’Donnell
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