29 septembre 2012

Comme un torrent (1958) de Vincente Minnelli

Titre original : « Some came running »

Comme un torrentMilitaire démobilisé, Dave Hirsch revient dans sa ville natale après une longue absence, accompagné par une fille rencontrée dans un bar. Ecrivain de talent mais sans succès, porté sur l’alcool, il retrouve son frère qui l’avait abandonné et qui a réussi socialement… Adaptation d’un roman fleuve semi-autobiographique de James Jones, Comme un torrent est un grand mélodrame dont le point fort est l’excellente caractérisation des personnages. Comme un torrent La palette de comportements est large, peut-être même trop large pour garder son authenticité. Dean Martin et Shirley MacLaine font de belles prestations, le choix de Frank Sinatra est bien entendu plus discutable (est-il vraiment un acteur ?) Incapable de répéter une scène ou de faire de plusieurs prises, le crooner a certainement gêné le perfectionnisme de Minnelli, qui apporte comme toujours beaucoup de soin à la reconstitution et au cadrage, utilisant beaucoup ici les plans larges. Le film montre une belle progression dans l’intensité et la célèbre scène finale, dans la fête foraine, en est le moment le plus fort.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Frank Sinatra, Dean Martin, Shirley MacLaine, Martha Hyer, Arthur Kennedy, Leora Dana
Voir la fiche du film et la filmographie de Vincente Minnelli sur le site IMDB.

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Remarques :
* Le personnage de Dean Martin, avec son chapeau qu’il ne quitte jamais, a inspiré Godard pour le personnage joué par Michel Piccoli dans Le Mépris.
* Le titre Some Came Running vient d’une phrase de l’Evangile selon Saint Marc que James Jones avait placé en épigraphe de son roman.
* Vincente Minnelli précise dans son autobiographie : « Le film a été tourné dans le ville de Madison dans l’Indiana qui avait été élue « petite ville de province type » par un comité d’efforts de guerre en 1941, qui avait utilisé les décors naturels de la ville à des fins documentaires. » A noter que le documentaire de 12 minutes en question, The Town (1944), a été réalisé par Josef von Sternberg.

15 août 2012

Les yeux de sa mère (2011) de Thierry Klifa

Les yeux de sa mère
Pour écrire un livre à sensation, un écrivain infiltre la vie d’une présentatrice de journal télévisé et celle de sa fille qu’il avait autrefois connue…
Les yeux de sa mère se perd dans un entrelacs de destins croisés. Thierry Klifa a certainement voulu mettre trop de choses, donner trop de dimensions à son histoire. Après une mise en place confuse, le film apparaît intentionnellement complexifié. Thierry Klifa joue sur le romanesque dans tous ses états et multiplie les effets dramatiques. Finalement, on se détache de l’ensemble. Le titre aidant (probablement), la critique a trouvé une proximité avec le cinéma d’Almodovar, sans que ce soit vraiment frappant.
Elle:
Lui : 2 étoiles

Acteurs: Catherine Deneuve, Géraldine Pailhas, Nicolas Duvauchelle, Marisa Paredes, Marina Foïs, Jean-Marc Barr, Jean-Baptiste Lafarge
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Les yeux de sa mèreCatherine Deneuve et Jean-Baptiste Lafarge dans Les yeux de sa mère de Thierry Klifa.

12 juillet 2012

Dans ses yeux (2009) de Juan José Campanella

Titre original : « El secreto de sus ojos »

Dans ses yeuxEn 1974, à Buenos Aires, Benjamin Esposito enquête pour le parquet dans une affaire de viol suivi de meurtre d’une jeune femme. Vingt cinq ans plus tard, alors qu’il vient de prendre sa retraite, il décide d’écrire un roman sur cette affaire qui l’a marqué durablement… En adaptant un roman d’Eduardo Sacheri, l’argentin Juan José Campanella a réalisé un film policier d’un très beau classicisme. L’histoire de Dans ses yeux est rapidement prenante avec des personnages très proches de nous. Le film est une subtile combinaison, à la fois intimiste et spectaculaire, faisant même preuve parfois de grande virtuosité comme dans cet époustouflant plan-séquence du stade (1). Mais si le film fait montre de beaucoup de perfection, c’est probablement dans le déroulement du récit qu’elle est la plus manifeste, avec des ruptures qui relancent constamment notre intérêt et maintiennent une certaine tension. Dans ses yeux impressionne vraiment par sa réalisation et par son irréprochable dosage.
Elle: 4 étoiles
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Ricardo Darín, Soledad Villamil, Guillermo Francella, Pablo Rago, Javier Godino
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(1) Le plan démarre par un vue aérienne en approche à 500 m d’un stade que l’on va survoler en rase-mottes alors que le match est en cours. La caméra continue au dessus des tribunes pour « atterrir » juste à côté du personnage principal. C’est époustouflant car aucune coupure n’est détectable. Et ce n’est pas fini car la scène continue par une course poursuite dans les couloirs, toujours sans changement de plan. En tout, ce plan, dont la réalisation est vraiment parfaite, dure 5 minutes ½.
Détails de réalisation sur le site CG Society (en anglais)…

25 juin 2012

Stalker (1979) de Andreï Tarkovski

StalkerA la suite d’un min-cataclysme créé, pense-t-on, par la chute d’un météorite, une région est déclarée zone interdite, gardée par les autorités. Seuls quelques passeurs, les stalkers, parviennent à entrer. L’un deux accepte d’emmener un écrivain et un physicien à la recherche d’un lieu mythique, la Chambre, où chacun peut voir ses désirs exaucés… Adaptation assez libre d’un roman des frères Strougatski, écrivains russes de science-fiction assez kafkaïenne, Stalker est un film à nul autre pareil. Dans cette longue et austère quête, Tarkovski oppose constamment la Foi et la Raison. Le stalker représente la Foi, le physicien la Raison, l’écrivain se situant un peu entre les deux dans une démarche de recherche artistique. Tarkovski oppose aussi la Russie (et non l’U.R.S.S.) et l’Occident. La Zone est un endroit de recherche spirituelle, où la nature et les humbles reprennent leurs droits. Bien qu’assez dépouillée, l’image est très travaillée. Avec peu de moyens, Tarkovski parvient à créer des lieux assez uniques, comme cette vaste salle aux petits monticules de sable. Stalker est un film assez marquant, il possède une dimension métaphysique qui le rend atemporel.
Elle:
Lui : 4 étoiles

Acteurs: Alisa Freyndlikh, Aleksandr Kaydanovskiy, Anatoliy Solonitsyn, Nikolay Grinko
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Stalker

24 juin 2012

Copie conforme (2010) de Abbas Kiarostami

Copie conformeDans la ville d’Arezzo en Toscane, l’écrivain anglais James Miller présente son dernier livre sur la valeur d’une copie en art par rapport à l’original. Une femme laisse son adresse et l’écrivain passe la voir le lendemain. Ils partent ensemble visiter le village de Lucignano… Copie conforme de l’iranien Abbas Kiarostami n’est pas un film qui se livre facilement, il est un peu difficile de démêler le vrai du faux car nous avons des impressions contradictoires (1). Le thème central tourne autour de ces questions : Le faux a-t-il la même valeur que le vrai ? Peut-il faire aimer le vrai ? Ici, la femme prend l’homme à son propre piège en lui montrant le faux pour obtenir le vrai. Abbas Kiarostami filme superbement la Toscane et le village de Lucignano (et un très beau plan où nous voyons les maisons d’Arezzo dans le reflet du pare-brise). William Shimell, chanteur d’opéra baryton, est ici dans son premier rôle au cinéma. Il a un jeu sans doute un peu rigide mais une belle présence.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Juliette Binoche, William Shimell
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Remarques :
* L’homme qui donne un conseil sur la place est interprété par Jean-Claude Carrière.
* Le village de Lucignano en Toscane est effectivement un lieu de mariages du fait de la curieuse légende de l’Arbre de vie et de l’amour. C’est une sculpture datant du XIVe siècle représentant un arbre enchâssé de pierres précieuses au pied duquel on doit faire les promesses de mariage.

(1) Ne pas lire ce qui suit si vous avez l’intention de voir le film prochainement :
Il est assez difficile de démêler le vrai du faux dans Copie conforme. Le plus probable (à mes yeux) est qu’ils se sont rencontrés brièvement à Florence, 5 ans auparavant, et que la femme cherche à le séduire en l’entrainant dans un jeu où ils jouent à être un vieux couple (le vrai basculement intervenant dans le café). L’enfant n’est pas un fils commun (cf. attitude du fils à la conférence et le fait que la femme parle au père au téléphone dans la galerie d’art). Eléments troublants : 1) Comment savait-elle qu’il ne se rasait qu’un jour sur deux ? Probablement, ce détail figure dans son livre. 2) L’histoire de l’assoupissement en voiture (avec peut-être le décès d’un autre enfant) ? Probablement, une invention de James par jeu en réponse à l’histoire inventée de l’endormissement prématuré du mari le soir de leurs 15 ans de mariage. 3) Pourquoi vont-ils si loin dans leur jeu au restaurant ? Lui, sans doute parce qu’il ne sait pas quelle décision prendre, elle, c’est plus étonnant car le jeu est dangereux.

Homonyme :
Copie conforme de Jean Dréville (1947) avec Louis Jouvet et Suzy Delair.

19 juin 2012

Tamara Drewe (2010) de Stephen Frears

Tamara DreweDans un petit village du Devon, un auteur célèbre de romans policiers et sa femme accueillent en chambres d’hôtes des écrivains qui ont besoin de calme pour écrire. Le retour au village de la belle Tamara Drewe va perturber quelque peu la quiétude de ce havre de paix… L’anglais Stephen Frears adapte ici un roman graphique de Posy Simmonds. Le film a de forts accents de comédie mais il est bien plus que cela. Tamara Drewe n’est pas le personnage principal, c’est même le moins intéressant et le moins approfondi. Le film repose plutôt sur une bonne demi-douzaine de personnages très variés qui se révèlent peu à peu par un jeu subtil d’attractions croisées. Il y a beaucoup d’humour, subtilement entremêlé à des réflexions plus existentielles. La forme est assez enthousiasmante avec une élégance de construction très britannique (cette élégance que le cinéma américain ne parvient presque jamais à atteindre). L’image est, elle aussi, très travaillée, avec des filtres appliqués suivant les quatre saisons qui structurent le récit. Tamara Drewe est un film parfaitement équilibré que l’on déguste avec une certaine volupté.
Elle:
Lui : 5 étoiles

Acteurs: Gemma Arterton, Roger Allam, Bill Camp, Dominic Cooper, Luke Evans, Tamsin Greig, Jessica Barden
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Remarque :
Le roman de Posy Simmonds est librement inspiré du roman de Thomas Hardy « Loin de la foule déchaînée » qui a déjà été adapté au cinéma par John Schlesinger en 1967.

Tamara Drewe (2010) de Stephen FrearsLuke Evans et Gemma Arterton dans Tamara Drewe de Stephen Frears.

Tamara Drewe (2010) de Stephen FrearsRoger Allam dans Tamara Drewe de Stephen Frears.

16 juin 2012

Minuit à Paris (2011) de Woody Allen

Titre original : « Midnight in Paris »

Minuit à ParisDe passage à Paris avec ses futurs beaux-parents, un scénariste de séries télé américain rêve de revivre le foisonnement artistique des années folles. Il va en avoir l’occasion d’une étrange façon… Avec Minuit à Paris, Woody Allen fait un bel hommage à cette ville qu’il aime tout particulièrement. En remontant le temps, son personnage va rencontrer Hemingway, Picasso, Scott Fitzgerald, Dali, Buñuel, Man-Ray et beaucoup d’autres. Woody Allen n’est pas tendre avec ses compatriotes (contemporains) qui sont particulièrement détestables. En revanche, les français sont tous charmants ! Le mimétisme de la diction d’Owen Wilson sur celle de Woody Allen est amusant. En revanche, le parti-pris photographique est surprenant : des couleurs hyper-saturées qui rendent l’image artificielle et assez laide. Le film est plaisant. Certes, on peut reprocher les nombreux clichés et une certaine vacuité mais il faut prendre Minuit à Paris comme un divertissement avant tout.
Elle: 2 étoiles
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Owen Wilson, Marion Cotillard, Rachel McAdams, Corey Stoll, Léa Seydoux, Michael Sheen, Kathy Bates, Carla Bruni, Adrien Brody
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8 novembre 2011

La merditude des choses (2009) de Felix Van Groeningen

Titre original : « De helaasheid der dingen »

La merditude des chosesDans les années quatre vingt, le jeune Gunther vit chez sa grand-mère avec son père et ses trois oncles, braillards, hirsutes, parfois violents et passant le plus clair de leur temps au café à boire des bières… La merditude des choses fait penser à une version flamande du film Affreux, sales et méchants dans le sens où il décrit un milieu certes plutôt glauque mais le regard porté est exempt de condamnation ou de misérabilisme. Il est même porteur d’une certaine tendresse car le récit est celui de l’enfant de 13 ans qui a grandi dans ce milieu. Le film est adapté d’un best-seller de Dimitri Verhulst, livre autobiographique paru en 2006 qui a eu beaucoup de succès. Malgré la répétition des scènes de beuveries, il y a un très bon équilibre d’ensemble entre drame et humour, entre fatalité et optimisme, avec même une certaine réflexion au travers de l’enfant devenu adulte. La merditude des choses est un film assez étonnant, assez à part de la production actuelle, plein d’énergie.
Elle:
Lui : 3 étoiles

Acteurs: Kenneth Vanbaeden, Valentijn Dhaenens, Koen De Graeve, Wouter Hendrickx
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